lundi, juin 27, 2011

Drukpa künleg


« Un cul puissant raccourcit la corde du Samsara ! » 
 Drukpa künleg 


Drukpa künleg, littéralement « Dragon parfaitement bon », est un des « fous saints » les plus connus du Tibet (1455-1570). Il reçut une formation religieuse selon la tradition de la branche Drugpa de l'école Kagyüpa, mais ne tarda pas à embrasser le destin peu orthodoxe d'ascète errant.


Drukpa künleg est considéré comme la réincarnation de deux Mahâsiddha indiens : Saraha et Shavaripa ; à leur exemple, il composa des chants d'inspiration spirituelle. Il joua un rôle important dans la conversion du Bhutan à la doctrine bouddhique. Il doit sa popularité auprès du peuple tibétain à son grand amour des jeunes filles et de la bière *.

Les gens disent...
Les gens disent que Drukpa Künley est complètement fou ;
Dans la folie, toutes les voies sensorielles sont la Voie !
Les gens disent que le sexe de Drukpa Künley est immense ;
Son membre apporte la joie au cœur des jeunes filles !
Les gens disent que Drukpa Künley aime trop le sexe ;
Le résultat de ses congrès est une armée de beaux enfants !
Les gens disent que Drukpa Künley a un cul étonnant et fort;
Un cul puissant raccourcit la corde du Samsara !
Les gens disent que Drukpa Künley a une veine rouge vif ;
Une veine rouge rassemble un nuage de Dakinis ;
Les gens disent que Drukpa Künley ne fait rien que bavarder ;
Ce bavard a quitté son pays natal !
Les gens disent que Drukpa Künley est extraordinairement beau ;
Sa beauté le rend cher au cœur des filles de Mon !
Les gens disent que 
Drukpa Künley est un véritable Bouddha ;
Quand on soumet les ennemis de la sagesse, la conscience grandit !

Un jour qu'il était en visite au monastère de Dressing, il eut l'idée de jouer un tour au Gardien de la Morale.
- Je voudrais devenir novice, lui dit-il.
- D'où viens-tu ?
- Je suis un Drukpa.
- Est-ce que les Drukpas savent chanter ?
- Personnellement, je n'ai pas une très belle voix, répondit-il innocemment, mais j'ai un ami qui est un très bon chanteur.
- Eh bien, amène-le demain.
 
Le lendemain, alors que les moines étaient assemblés, le Lama arriva traînant par l'oreille un âne couvert d'une robe rouge qu'il fit asseoir à l'alignement des moines.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? hurla le Gardien de la Morale, en fureur.
- C'est l'ami dont je t'ai parlé, celui qui a une belle voix, dit Kunley en donnant un coup de pied à l'âne pour le faire braire.

Le Gardien les chassa à coups de trique. Alors, Künley tourna la tête par-dessus son épaule et cria :

- Voilà bien des gens qui s'intéressent plus au chant qu'à la méditation !

Comme il s'en allait, deux moines le rejoignirent et lui demandèrent à quel endroit il était rattaché.
- Drunkpa Künley n'a ni maison ni destination, répliqua-t-il ; je n'ai plus ma place à Drepung que je ne l'ai en enfer.
- Quel crime as-tu commis pour que l'enfer ne soit pas assez profond pour toi ? demandèrent-ils en riant.
- Ici-bas, je fais ce qui me passe par la tête mais, ce faisant, j'entre en conflit avec le désir des autres hommes. J'ai bien pensé aller passer quelques jours en enfer, mais des moines du monastère de Sera m'en ont interdit l'accès. Alors, j'ai voulu être moine à Drepung mais je n'y ai trouvé que jalousie, envie et colère ; aussi, n'ai-je pas pu y trouver ma place.

Ce disant, il repris la route de Lhassa.

La Béatitude et la Vacuité indivisibles, la Conscience Ultime, renouvellent le lien qui unit le Lama au Divin.
Le souffle vital de ceux qui violent les vœux dans les Dix Sphères, renouvelle l'engagement des Protecteurs et des Gardiens.
La morve, les crachats et les crottes de nez, satisfont le fabricant de crachoirs.

Après son retour à Sakya, le Lama séjourna quelque temps dans le voisinage d'une femme extrêmement belle que l'on appelait Loleg Buti. Künley voulait la posséder, mais n'essuyait que des rebuffades. Il était perplexe :

- Comment une telle femme peut-elle exister ? hurla-t-il en fureur ; et il tapa violemment du pied sur une pierre plate, y laissant une empreinte comme dans de la boue. Le bruit de cet exploit se répandit dans la contrée, et Loleg Buti, se repentant de sa vivacité première, apporta de la bière délicieuse en offrande au Lama.

- Ô, Grand Adepte, dit-elle, la première fois que je t'ai rencontré, je n'ai pas su voir que tu es un Bouddha. Pardonne-moi, je t'en prie, et prends mon corps maintenant.

- Retrousse ta jupe et ouvre les jambes. Ô, remarqua Künley regardant entre les cuisses et sortant son sexe, il semble que nous ne soyons pas faits l'un pour l'autre ; tu as besoin d'une verge triangulaire, et moi d'un trou rond. A l'évidence, cela ne colle pas.

Alors, tout à coup, le monde donna la nausée à la superbe fille :

- Précieux Maître de la Vérité, si tu me considères comme une femme supérieure, s'il te plaît, prends moi avec toi ; si tu penses que je suis médiocre, envoie-moi dans un ermitage ; si tu me considères comme inférieure, rase-moi le crâne et donne-moi un nom religieux.

- Tu n'es pas une femme que je peux prendre avec moi, et tu n'es pas faite pour être ermite ; aussi ne te reste-t-il que la troisième solution. Quel nom veux-tu porter ?

- Donne-moi un nom commun.

- Sauveur de l'eau, du feu, de l'air et de la terre, proposa-t-il.
- Non, non, pas un nom comme cela, un nom musical.
- Rédemptrice de la vina, de la flûte et du luth.
- Cela me portera tort, donne-moi un nom effrayant.
- Je pourrais t'appeler Sauveur du léopard, de l'ours et du serpent.
- Non! Je préfère un nom tendre.
- Sauveur de brocard et de soie!
- Cesse de me taquiner, donne-moi un nom qui me convienne.
- Sauveur du sucre et du miel ?
- Non, pas un nom comme cela! Je suis lasse du monde et j'ai décidé de me consacrer à la vie religieuse. S'il te plaît, donne-moi un nom qui montre que j'ai cherché refuge en Bouddha.
- Sauveur du refuge de la dévote dégoûtée.
- Je ne suis toujours pas satisfaite.
- Alors, je te nomme Sauveur licencieux et sans honte de l'enseignement divin.
- Enlève les qualificatifs et laisse-moi le reste, supplia-t-elle : Sauveur de l'enseignement divin ( Lhacho Drölma).

Le Lama accepta. Il l'envoya méditer pendant trois ans sur le Jomo Lhari. Pendant ces trois années, elle ne mangea rien, se nourrissant de sa propre concentration, et garda les yeux toujours ouverts. Enfin, par la grâce du Lama, Lhacho Drölma atteignit la bouddhéité dans un corps de lumière. Des cinq mille femmes que connut Künley, treize furent ses favorites, et parmi elles, Lhacho Drölma fut la plus chère à son cœur.


*) Dictionnaire de la sagesse orientale.


Illustration :
https://picasaweb.google.com/herferra/LamasDelBudismoTibetano

Un choc des cultures au cœur de l'Amérique

En 1987, le professeur de journalisme Stephen Bloom, un libéral typique, a voulu explorer ses racines juives en rejoignant la communauté Hab...