vendredi, juin 03, 2011

Les Rêves et l'Au-Delà




De nos jours, et au sein de notre civilisation, s'il est justifié de considérer le rêve comme un outil pour la connaissance de soi, il n'en a pas toujours été ainsi dans l'histoire. Certes, le rêve constitue l'une des expériences fondamentales communes à l'espèce humaine puisque, de tous les états modifiés de conscience, l'état onirique est le plus universel. Mais de nombreuses études anthropologiques ont montré que la place et la fonction du rêve dans les diverses cultures pouvaient se présenter de manière différente.

D'une façon générale, dans les sociétés dites « traditionnelles », le rêve est rattaché au domaine surnaturel et religieux. Dans de nombreuses tribus, par exemple chez les Mélanésiens, on croit que l'âme quitte le corps pendant le sommeil, voyage dans le monde des esprits et y fait des expériences qui constituent la matière première du contenu des rêves. On considère également que le rêve permet d'entrer en contact avec les esprits des parents décédés et de recevoir de leur part une information importante. Ces contacts et ces informations ne sont pas recherchés pour eux-mêmes, pour vérifier une croyance ou pour « voir » si la vie après la mort existe, mais ils aident à résoudre les problèmes quotidiens et à prendre les décisions qui s'imposent. En Haïti, par exemple, le rêve est considéré comme un véhicule privilégié par lequel les défunts adressent des messages aux vivants. Les rêveurs transmettent des consignes concernant des obligations rituelles. Il en est de même, selon l'ouvrage de Roger Caillois, pour les Indiens Hopi (pour qui le rêve est un langage sacré) et les Indiens Ojibwai d'Amérique du Nord. Ces derniers, tout particulièrement, profitent du rêve pour entrer en relation avec les Êtres de leur répertoire mythologique (le Soleil, les Vents, les entités vivantes animales et végétales, etc.). Le rêve est alors une technique de contact avec l'ordre surnaturel et invisible de l'univers.

On pourrait, dans cette optique, développer longuement la conception des aborigènes australiens. Selon l'écrivain James Cowan qui a milité pour révéler la vie spirituelle méconnue de ces tribus, le fait de rêver, avec les techniques rituelles qui accompagnent le rêve, replace le rêveur dans «le Temps du rêve ». Pour l'aborigène australien, le « voyage en rêve » est une expression métaphysique de vérités primordiales qui retracent la naissance du monde et la place que l'homme y tient. Pour eux, l'état de rêve se superpose avec le paysage primitif de leur pays. Ils n'ont donc éprouvé aucun besoin de construire des enceintes sacrées ou des temples, puisque l'environnement naturel tout entier leur était un paysage métaphysique capable d'exprimer leurs désirs spirituels les plus profonds. La terre, les rochers, les arbres, les montagnes, les plantes et les animaux, et finalement l'homme lui-même, sont des espaces sacrés. « L'événement primordial » est confondu avec le cycle du rêve. Quand les aborigènes « voyagent en rêve », ils revivent l'origine du monde et de l'homme. Ils ne se contentent pas de considérer ce voyage comme un moyen de forcer la nature à se renouveler ; ils sont hautement conscients que le fait d'accomplir ce voyage implique un renouvellement personnel pour expérimenter la compréhension plus profonde de leur propre nature sacrée, et régénérer la symbiose profonde entre l'homme et la nature. Le paysage extérieur et le paysage intérieur sont en osmose parfaite. Le voyage en rêve se répartit sur la durée de l'année et suit le cycle des saisons. Dans le continent australien, à certains endroits, il n'y a pas quatre mais six saisons qui ne commencent pas de façon formelle, mais sont changeantes selon que les événements naturels sont arrivés ou non (par exemple l'arrivée des pluies, l'apparition du soleil...).

Quand l'aborigène se déplace, il n'effectue pas un voyage de transhumance, mais un voyage d'harmonie métaphysique et de recréation du monde. Le paysage où il vit quand il effectue son « voyage » est saturé de significations puisqu'il raconte l'origine du peuple. Ce « voyage », il faut le préciser, ne s'effectue pas au cours d'un rêve en sommeil endormi, mais dans un état modifié de conscience tout particulier qui fait penser aux états de transe créatifs, poétiques, etc. Au cours de celui-ci, le « rêveur » n'est plus sensible aux stimuli extérieurs.

L'écrivain James Cowan explique que les aborigènes, s'ils ne peuvent accéder à cet état de conscience, sont voués à la mort (ou à l'alcoolisme ou à l'aliénation, ce qui revient au même) puisqu'ils ne peuvent plus vivre en harmonie ni avec le pays ni avec eux-mêmes.

Dans certaines autres tribus, le rêve est un moyen thérapeutique : il soigne, il guérit. Chez les Iroquois, les jésuites avaient déjà noté que le rêve servait à exprimer les désirs naturels cachés (vision proche de celle de la psychanalyse). Les Iroquois interprétaient individuellement les rêves en faisant appel à des medecine-men pour en dégager la signification.

L'étude de K. Stewart sur les Senoi de Malaisie montre une croyance et des pratiques semblables : l'interprétation des rêves fait partie de l'éducation des enfants qui doivent raconter leurs rêves afin que les pères et frères les analysent, les discutent et choisissent les décisions à adopter. Les techniques des Senoi se fonderaient sur l'idée que le rêve permet de faire face aux dangers, qu'il augmente la sensation de plaisir et qu'il aide à devenir créatif dans la vie.

Dans toute l'Antiquité, de l'Égypte à la Grèce, des problèmes de santé étaient traités par le moyen du rêve. Le rêveur, après rituels de purification et mise en condition par diverses techniques dites « d'incubation », dans des temples réservés à cet effet, obtenait des songes qui lui indiquaient les remèdes nécessaires à sa guérison.

De nos jours, et dans cette même ligne de pensée, la psychologue Patricia Garfield, au lieu d'envisager la fonction onirique uniquement comme un moyen de réduire l'anxiété, la considère au contraire comme un mécanisme permettant de développer l'autonomie et l'indépendance, en amenant les rêveurs, et notamment les enfants, à résoudre par les rêves les problèmes auxquels ils sont confrontés.

Le développement de telles techniques rejoint les « rêves lucides » dans lesquels le rêveur a parfaitement conscience d'être dans l'état de rêve et se sent capable, par un contrôle volontaire du contenu de ses rêves, de les orienter et de s'en servir pour son bien. Des techniques yogiques hindouistes, bouddhistes et tibétaines favorisent le développement d'une telle faculté.

Le rêve possède parfois une autre utilité, une autre fonction importante : transmettre des instructions considérées comme divines. C'est la position des juifs, par exemple, héritière en ce point d'autres traditions antiques méditerranéennes (Hittites, Babyloniens, Égyptiens, etc.) : le songe est porteur de messages divins, et celui qui le reçoit peut être chargé de modifier le cours de l'histoire.

C'est ainsi que de nombreux fondateurs de religions et plusieurs saints auront des songes célèbres.

Ce bref aperçu historique, s'il montre que le rêve n'a pas toujours été considéré, dans sa fonction et son utilité, de manière identique, prouve cependant qu'il a toujours été relié à une haute dimension spirituelle.

Et s'il est une image qui oblige le rêveur à chercher plus haut, plus loin, plus grand que lui, c'est bien celle de la mort, interrogation fondamentale de l'être humain et de sa destinée.


Hélène Renard



Les Rêves et l'Au-Delà
Étude et interprétations des rêves de mort


Dès l'Antiquité, les hommes ont vu dans les rêves un moyen de connaissance qui n'était pas réduit à une simple expression de l'inconscient. Les rêves pouvaient révéler, non seulement la part secrète de nous-mêmes, mais des informations sur la vie présente ou future, sur l'invisible, sur l'au-delà.

Ainsi la communication avec une autre réalité, les messages venus du divin ou des défunts, étaient-ils parfaitement concevables. Et cette croyance a été renforcée, au cours de l'histoire et de nos jours, par des faits, des récits, des témoignages impressionnants.

Journaliste, auteur de plusieurs ouvrages dont L'Après-Vie, devenu best-seller, Hélène Renard est spécialiste des rêves. Depuis vingt ans, elle les étudie, accumulant des milliers de récits adressés au « Bureau des Rêves », à RTL ou à France 2 où elle anime une rubrique sur le sujet. Elle est également l'auteur d'un Dictionnaire des rêves qui fait référence.

Confrontant l'expérience ainsi acquise aux interprétations traditionnelles, Hélène Renard nous livre, dans cette nouvelle édition revue et augmentée, une étude passionnante et utile pour comprendre la symbolique des rêves qui délivrent souvent un message positif au rêveur pour le guider dans son évolution personnelle.




Illustration :

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