mardi, janvier 21, 2014

La réincarnation dans la tradition occidentale



La forme de croyance en la réincarnation aujourd'hui la plus répandue voudrait qu'à la mort un certain Moi profond survécût, qui entrerait dans un autre corps pour mener une nouvelle vie, et ainsi s'enrichir de vie en vie ou se purifier de vie en vie, l'oubli des vies antérieures à chaque nouvelle naissance n'ayant pas trop d'importance, car, dans l'au-delà, notre conscience récupérerait chaque fois les vies antérieures et en ferait la synthèse.

On nous répète un peu partout, comme faits bien établis, que d'ailleurs les anciens Égyptiens y croyaient, les Juifs aussi dans l'Ancien Testament, le Christ et les premiers chrétiens de même, et que l'Église l'enseigna jusque vers le IIIe ou VIe siècle (là, les auteurs consultés diffèrent un peu et je vois bien pourquoi).

Or, je ne voudrais faire de peine à personne, je n'ai aucune envie d'empêcher qui que ce soit de croire qu'il a déjà « eu » douze vies et qu'il reviendra encore trois fois... Mais les faits sont les faits, et presque tout cela est faux ! La doctrine de la réincarnation est complètement inconnue de l'Égypte ancienne. Les seuls cas que l'on pourrait invoquer sont les mythes du renouveau de la nature, avec Osiris. Cependant l'historien grec Hérodote, qui avait visité l'Egypte, raconte que ses habitants croyaient à la métempsycose. Après la mort, l'âme humaine se réincarnait dans les animaux de la terre, des eaux et des airs, puis revenait dans un corps d'homme. Le cycle se faisait en trois mille ans.

Hérodote vivait au Ve siècle avant Jésus-Christ et, dès le VIe siècle, le pays était passé sous domination perse. Il s'agit là de croyances tardives et probablement populaires. On n'en retrouve pas trace, semble-t-il, dans les grands textes religieux de l'Égypte classique, pas plus dans le célèbre Livre des morts que dans les autres textes qui nous sont parvenus.

Mais Clément d'Alexandrie, au IIe siècle après Jésus-Christ, mentionne à son tour cette curieuse croyance des Égyptiens, sans la reprendre à son compte.

La réincarnation semble ignorée aussi bien de Sumer que de l'Assyro-Babylonie. Mais peut-être existait-elle, là aussi, comme croyance populaire, en dehors des grands textes littéraires.

Pour la Grèce, Diogène Laërce, au début du IIIe siècle après Jésus-Christ, nous affirme que Pythagore, au VIe siècle avant Jésus-Christ, fut le premier à croire à la transmigration des âmes. Il pensait avoir vécu lui-même plusieurs fois et donnait même les noms qu'il avait portés dans ses vies antérieures. On sait que Platon n'y voyait lui-même qu'une croyance populaire, encore qu'il l'ait envisagée avec intérêt dans le célèbre « mythe » d'Er le Pamphylien dans la « République ». Le mythe de « l'Éternel Retour » comporte d'ailleurs, lui aussi, une certaine forme de réincarnation.

Les anciens Hébreux ne mentionnent jamais la possibilité de la réincarnation. Mais, du temps du Christ, la doctrine commençait à se faire jour. D'après Flavius Josèphe, les pharisiens croyaient à des supplices éternels pour les méchants et à la réincarnation pour les bons. Plus tard, dans la Kabbale, la réincarnation tiendra une place importante.

La réincarnation semble donc avoir lentement pénétré en Occident, mais tardivement, sous des formes très populaires et très marginales pendant plusieurs siècles.

Pour le Nouveau Testament, les deux textes toujours invoqués sont l'histoire de l'aveugle de naissance et l'attente du retour d'Élie. Examinons-les rapidement.

Dans le premier cas, les disciples du Christ lui demandent : « Rabbi, qui a péché pour qu'il soit né aveugle, lui ou ses parents? » L'idée que le mal physique est lié au péché est fréquente dans l'Ancien Testament : « Dans le cas des infirmes de naissance, certains rabbins attribuaient la faute aux parents, d'autres à l'enfant lui-même, au cours de la gestation. » Que l'on trouve l'idée intéressante ou stupide, là n'est pas la question. Il s'agit de savoir si les juifs, du temps du Christ, croyaient à la réincarnation. La connaissance de la littérature de ce temps nous oblige à dire : non. Ils préféraient recourir à cette hypothèse étrange.

Quant au Christ, il ne saisit pas du tout l'occasion de leur révéler la réincarnation. Il leur répond simplement que le problème est mal posé : « Ni lui, ni ses parents. » Pas de vie antérieure ! L'autre cas, toujours cité, ce sont les différents textes faisant allusion à l'annonce prophétique du retour d'Élie. Mais c'est oublier que, pour les juifs, Élie n'était jamais mort. Il avait été emporté au ciel sur un char de feu et on s'attendait à ce qu'il revienne un jour, mais comme d'un long voyage, sans avoir à renaître ; ou encore comme ces personnages qui, en de nombreuses légendes, se réveillent au bout d'un siècle. Le Christ essaie de leur faire comprendre qu'Élie ne reviendra pas. Il a été remplacé par Jean-Baptiste, mais comme Mozart a remplacé Bach...

C'est d'ailleurs bien ainsi que les Juifs eux-mêmes essayaient de percer le mystère de la personne du Christ. Quand Jésus demande à ses disciples ce que les gens pensent de lui, ils lui répondent que certains le prennent pour Jean-Baptiste, d'autres pour Élie, d'autres pour un des anciens prophètes ressuscité. Mais lorsque Jean-Baptiste est mort, le Christ avait déjà trente ans. C'est donc seulement après sa mort que l'esprit de Jean-Baptiste aurait pu envahir le Christ. Cela n'a rien à voir avec la réincarnation dont certains voudraient trouver la preuve dans le Nouveau Testament. Or, rien n'indique dans le texte que pour Élie ou « quelqu'un des anciens prophètes ressuscité » il s'agisse cette fois d'une véritable réincarnation. Le texte dit bien, au contraire, « ressuscité », ce qui est encore tout autre chose. Ressusciter, c'est revenir à la vie sans avoir à renaître. Il me semble abusif à cet égard de citer comme preuves d'une certaine croyance en la réincarnation des textes où il est bien plutôt question de « résurrection », de « réveil » ou d'« apparition ». On peut de tout cela déduire, tout au plus, que les Juifs contemporains du Christ étaient prêts à admettre une certaine forme de réapparition de personnages célèbres du passé à différentes époques. Mais des personnages dont ni le rôle ni la personnalité n'auraient profondément changé, et qui ne reviendraient, très exceptionnellement, que pour des missions très précises et selon des modalités très variées. On est très loin dans cette perspective d'une quelconque loi systématique et générale de réincarnation.

L'Église n'a jamais enseigné la réincarnation, comme beaucoup le prétendent. Certains théologiens y ont cru, ce qui est fort différent. Au IIe siècle, saint Justin admettait plusieurs vies sur terre avant le ciel, les plus charnels pouvant se réincarner en bêtes. Mais, comme le note Geddes MacGregor, les premiers chrétiens ne pouvaient croire qu'à des vies antérieures sur terre, non à des vies futures, car pour eux ce monde était appelé à disparaître bientôt.

Les courants gnostiques croyaient à la réincarnation. Mais ils ne sont pas l'Église. Tout leur enseignement est profondément différent.

Origène semble avoir admis une succession d'éons, c'est-à-dire une succession de mondes, chaque âme ne vivant qu'une seule fois dans chaque monde. Ce n'est pas nécessairement très différent de la montée de chaque âme de sphère en sphère. Les deux grands saints Grégoire, de Nysse et de Nazianze, au IVe siècle, connaissaient cette théorie de vies antérieures et s'y opposaient nettement'.

Cependant, on reconnaît généralement qu'aucun texte de l'Église n'a jamais condamné formellement cette doctrine, et que, par conséquent, chacun peut y adhérer si bon lui semble.

Père François Brune, Les morts nous parlent.

(Le père François Brune, diplômé de latin et de grec en Sorbonne, a suivi des études de philosophie et de théologie à Paris et à Tübingen, ainsi que des études d'Écriture sainte à l'Institut biblique de Rome. Il a enseigné ces matières dans des grands séminaires. Le père Brune s'intéresse également depuis plus de trente ans aux mystiques des grandes religions.)


Les morts nous parlent

Cet ouvrage traduit en sept langues peut être considéré aujourd'hui comme un ouvrage de référence essentiel dans ce domaine de l'après-vie et de la communication avec les morts. Aujourd'hui si vous êtes dans le deuil, inconsolable de la perte d'un être cher, qu'attendre des psychologues, des philosophes, des scientifiques et enfin qu'attendre des églises, elles-mêmes de plus en plus trahies par leurs serviteurs ? En substance, n'attendez rien nous dit le Père François Brune. Depuis des décennies, François Brune, enquêteur exceptionnel, a voyagé de par le monde, non seulement appelé en Europe et aux Amériques à faire des conférences, mais surtout à voir, rencontrer, recueillir des témoignages d'expériences vécues, non des expériences menées par des scientifiques, des acousticiens, des spécialistes de physique nucléaire, d'études de phénomènes dits paranormaux par des scientifiques rigoureux tels que Rémy Chauvin ou Olivier Costa de Beauregard, physicien quantique. Dans cette nouvelle synthèse de l'ouvrage " Les morts nous parlent ", enrichie en deux volumes, le Père François Brune tente d'aider ses contemporains à s'arracher au désespoir d'une vie bien éphémère et sans grand sens si elle n'est pas éternelle. Les grandes vérités des traditions, religions et textes mystiques s'en trouvent renforcées. Oui, la vie continue après la mort, oui...


Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...