Tout «faire», toute activité
nécessite un but. Cela commence par un concept venant du passé, qui
ensuite est projeté dans un fantasme du futur. «Faire» ne peut
jamais vous amener ailleurs que dans le connu ou dans ce qui a déjà
été conceptualisé. Remontez à la racine de la pensée qui
déclenche le «faire». Là, vous découvrirez la fin du voyage qui,
en fait, n'a jamais commencé. «Faire» ne peut jamais vous amener à
ce que vous êtes déjà. «Faire» vous en éloigne et ne vous en
rapproche jamais.
Y a-t-il encore des désirs après
l'Éveil ?
Avant l'Éveil, le désir doit être
celui de l'Éveil. Cependant, ce n'est pas un vrai désir, c'est
l'attraction du Soi. Et pour qu'un tel désir apparaisse, d'autres
désirs doivent disparaître. Les désirs ordinaires doivent
s'effacer afin de créer l'espace pour le vrai désir, le désir de
l'Éveil.
Après l'Éveil, le Soi Réalisé est
au-delà de la forme, au-delà des sens, et par conséquent il n'est
pas affecté par des désirs ordinaires. Ceux-ci peuvent continuer
d'apparaître, mais ils n'affectent en rien le Soi.
Un jour, Krishna se tenait au bord de
la rivière lors d'une célébration religieuse. Toutes les laitières
portaient leurs offrandes et désiraient traverser la rivière pour
se rendre au temple situé sur l'autre rive. Mais il n'y avait aucun
bateau ni aucun pont pour le faire.
Alors Krishna leur déclara : « Dites
à la rivière que si Krishna n'a jamais embrassé de jeunes filles,
elle s'ouvre pour leur laisser le passage. »
Les femmes ne pouvaient croire en ses
paroles. On disait qu'il avait eu seize mille amantes. La rivière ne
s'ouvrirait jamais ! Krishna ayant déjà embrassé chacune de ces
femmes, elles ne pouvaient le croire. Pourtant, elles s'adressèrent
à la rivière : » Si Krishna n'a jamais embrassé une femme,
ouvre-toi pour nous. » Et la rivière s'ouvrit pour les laisser
passer.
C'est parce que le Soi (Krishna
représente le Soi véritable) est immaculé et hors du temps. Il n'a
jamais embrassé ou été embrassé.
Je viens de voir le Dalaï-lama. Il a
parlé des problèmes de ce monde et du besoin que chacun soit dans
l'action juste. Qu'est-ce que l'action juste ?
Un être Éveillé ne tient pas compte
du passé et de l'avenir. Aucune considération n'est donnée aux
fruits de l'action. Plus précisément, l'action naît dans l'instant
et vient du Vide. Les fruits se prendront en charge d'eux-mêmes.
Le Dalaï-lama s'adressait à l'homme
ordinaire qui a besoin d'une morale pour guider ses actions. L'être
Éveillé, lui, reconnaît que la morale est elle-même vide, comme
l'est toute chose. Ainsi, l'action juste, la parole juste et le
chemin des huit étapes de Bouddha peuvent être une conséquence du
Vide, mais ne conduisent pas au Vide. Par conséquent, un chercheur
de Vérité cherchera uniquement le Vide et tout le reste suivra.
Quelle pratique recommandez-vous
alors ?
Aucune pratique. Laissez-moi vous
donner un exemple. Un jour, une lavandière travaillait au bord de la
rivière, quand une lionne apparut pour se désaltérer. Un chasseur,
caché dans les buissons la
tua... Il ne voulait que sa peau.
Tandis qu'il dépeçait le corps de l'animal, il en retira un
lionceau et le laissa sur la berge.
La lavandière prit le nouveau-né, le
nourrit et l'éleva. Le lionceau la suivait partout où elle allait.
Lorsqu'il fut assez fort, la lavandière le chargea de linge, comme
elle le faisait avec ses ânes. Ainsi, le lion grandit, ponant le
linge sur son dos et fin traité comme s'il était un âne.
Un jour, un lion qui chassait dans les
environs découvrit des ânes en train de brouter l'herbe dans un
champ. Il ne pouvait en croire ses yeux... Parmi les ânes, un lion
broutait de l'herbe !
« Comment est-ce possible ? pensa le
lion. Les ânes sont normalement de la bonne nourriture pour un lion
et en voilà un qui mange de l'herbe ! » Le lion sortit du
buisson et se dirigea vers le troupeau. Tous les ânes s'enfuirent,
ainsi que le lion apprivoisé. Ce dernier avait aussi peur que les
ânes ! Le lion sauvage poursuivit le lion apprivoisé et l'attrapa.
Il lui sauta dessus et le mit à terre.
Le lion apprivoisé était terrifié.
« S'il vous plaît, Monsieur, ne me mangez pas ! Laissez-moi
repartir et retrouver les miens. - Mais tu es un lion ! lui répondit
l'autre. - Non, Monsieur, je suis un âne. » Alors, le lion chasseur
le souleva et l'emmena à la rivière. « Regarde ton reflet, nous
sommes identiques » dit-il. Le lion se regarda dans l'eau et
vit deux lions qui le regardaient. « Rugis maintenant ! » dit
le lion chasseur. Et le lion rugit !
C'est aussi simple que ça. Ne vous
exercez pas à être un lion. Rugissez !
Mais Monsieur, combien de temps cela
pend-il pour se réaliser ? Combien de temps dure l'enseignement
?
Aucun temps ! Combien de temps
cela prend-il pour rugir ? Vous ouvrez la bouche et c'est fini !
Eli Jaxon-Bear, Satsang avec H.L.W.
Poonja, « LE SECRET DE L'EVEIL ».
LE SECRET DE L'EVEIL
La transmission de Poonjaji
Ce livre présente au monde une avancée
extraordinaire. Le plein éveil est possible ici et maintenant pour
chacun, peu importent les circonstances personnelles, le passé ou la
pratique à laquelle on s'adonne. C'est cette possibilité qu'offrent
l'enseignement et la transmission de Sri H.W.L Poonja.
Beaucoup de chercheurs ont entrevu la
Vérité à travers des pratiques psychédéliques, en méditant ou
pendant des moments de grâce inattendus. Pourtant, par une
compréhension erronée, ces moments sont assimilés par l'ego comme
une expérience parmi tant d'autres. Une croyance ancrée nous fait
croire qu'il n'est pas possible d'être pleinement Éveillé dans
cette vie. Le secret de l'éveil, la transmission de Poonjaji révèle
la possibilité de découvrir la véritable Liberté maintenant.
Aucune pratique, aucun délai ne sont
nécessaires ! Voici l'offrande de Poonjaji à ce monde.
Swami H.W.L. Poonja fut un des êtres
les plus remarquables qu'il m'ait été donné de rencontrer dans ma
vie.
Charles Antoni
Extrait de l'avant-propos
Le 1er janvier 1990, j'ai quitté ma vie active et suis parti en quête de l'Illumination. Mon épouse et mes amis pensaient que j'étais fou, et puisque j'approchais de mes quarante-trois ans, ils mirent ce départ sur le compte de la crise de la quarantaine. Une irrésistible force me poussait, et bien que je ne connusse pas ma destination, ni ce que je découvrirais, je n'avais pas le choix. N'étant pas novice sur le chemin, j'avais certains critères en tête : couper définitivement le mental égotique et m'éveiller dans la réalité non-duelle.
Je suis de la génération qui découvrit les psychédéliques : les années soixante furent l'époque où, dans ma quête de liberté, j'expérimentai différents hallucinogènes. Grâce à cela, je découvris que «ma» réalité n'était qu'un rêve et fis l'expérience du Soi, Conscience immortelle. Pourtant, cela ne me suffisait pas, car la souffrance égotique subsistait. Et cette expérience, cette réalisation, fut rapidement absorbée par l'ego qui se l'appropria.
J'offris ma vie au service de la terre et de l'humanité et mis à l'épreuve mes convictions dans les mouvements pour la paix et la défense des droits civils. Je pensais que «je» devais faire quelque chose pour arrêter la souffrance du monde, mais constatai que ce quelque chose conduisait inéluctablement à la souffrance, et rien ne s'arrêtait.
A la suite d'une réelle ouverture de conscience, que beaucoup de personnes de ma génération expérimentèrent grâce aux psychédéliques, la première vague des gurus arriva en Amérique. Je suivis les aventures de Râm Dass avec Neem Karoli Baba et autres maîtres. J'aimais lire Rajneesh et Da Free John. Je découvris la Shakti et la Bhakti en présence de Muktananda.
Je n'aurais jamais cru possible qu'un état non-psychédélique pût être aussi puissant, et pourtant j'en faisais l'expérience. Cependant, je ne me sentis pas particulièrement attiré par la vie en ashram. De tous les gurus que je connaissais, de Sai Baba à Maharaji, je constatais, en voyant les disciples de leurs ashrams, qu'ils ne s'éveillaient pas, mais devenaient seulement des dévots.
Je ne cherchais rien d'autre que l'Illumination et quelqu'un qui pourrait directement me la transmettre. Aussi riches et réjouissants que puissent être les états de shakti, ils ne conduisaient pas à la pleine Réalisation du Soi, du moins pour moi-même ou quiconque que je connaissais.
Puis, la lecture de Carlos Castaneda, des travaux de Gurdjieff, d'Evans-Wentz et du Livre des morts tibétain m'attira vers le bouddhisme tibétain. En 1976, je partageais la lecture des livres d'Evans-Wentz sur le bouddhisme tibétain avec ma future épouse et je voulus rencontrer les véritables héritiers de cette lignée. C'est en 1978, dans notre petite ville de Californie, que je fis la connaissance de Kalu Rinpoche, maître de méditation de la lignée Kagyu. Il me confia plus tard la direction du centre Dharma. Nous faisions des pujas, méditations, chantions en tibétain... Mais là encore je restai insatisfait.
Au début des années quatre-vingts,je rencontrai le plus vieux maître zen de cette époque au Japon. Je l'appelais O'ji isan et l'aimais profondément. Je fis l'expérience d'un Éveil profond lors d'un séjour au monastère Saikoj en présence du maître des lieux. Je fus honoré par tous, et une grande fête qui dura toute la nuit fut organisée pour l'événement. Malheureusement, le même mental réapparut le lendemain et mon insatisfaction persistait.
Biographie de l'auteur
Eli Jaxon-Bear est un enseignant spirituel et auteur américain. Il vit à Ashland, Oregon avec sa femme, Gangaji. Avant de rencontrer son Maître, Sri HWL Poonja, en 1990, il était surtout connu pour son travail sur la dimension spirituelle de l'Ennéagramme.
Le 1er janvier 1990, j'ai quitté ma vie active et suis parti en quête de l'Illumination. Mon épouse et mes amis pensaient que j'étais fou, et puisque j'approchais de mes quarante-trois ans, ils mirent ce départ sur le compte de la crise de la quarantaine. Une irrésistible force me poussait, et bien que je ne connusse pas ma destination, ni ce que je découvrirais, je n'avais pas le choix. N'étant pas novice sur le chemin, j'avais certains critères en tête : couper définitivement le mental égotique et m'éveiller dans la réalité non-duelle.
Je suis de la génération qui découvrit les psychédéliques : les années soixante furent l'époque où, dans ma quête de liberté, j'expérimentai différents hallucinogènes. Grâce à cela, je découvris que «ma» réalité n'était qu'un rêve et fis l'expérience du Soi, Conscience immortelle. Pourtant, cela ne me suffisait pas, car la souffrance égotique subsistait. Et cette expérience, cette réalisation, fut rapidement absorbée par l'ego qui se l'appropria.
J'offris ma vie au service de la terre et de l'humanité et mis à l'épreuve mes convictions dans les mouvements pour la paix et la défense des droits civils. Je pensais que «je» devais faire quelque chose pour arrêter la souffrance du monde, mais constatai que ce quelque chose conduisait inéluctablement à la souffrance, et rien ne s'arrêtait.
A la suite d'une réelle ouverture de conscience, que beaucoup de personnes de ma génération expérimentèrent grâce aux psychédéliques, la première vague des gurus arriva en Amérique. Je suivis les aventures de Râm Dass avec Neem Karoli Baba et autres maîtres. J'aimais lire Rajneesh et Da Free John. Je découvris la Shakti et la Bhakti en présence de Muktananda.
Je n'aurais jamais cru possible qu'un état non-psychédélique pût être aussi puissant, et pourtant j'en faisais l'expérience. Cependant, je ne me sentis pas particulièrement attiré par la vie en ashram. De tous les gurus que je connaissais, de Sai Baba à Maharaji, je constatais, en voyant les disciples de leurs ashrams, qu'ils ne s'éveillaient pas, mais devenaient seulement des dévots.
Je ne cherchais rien d'autre que l'Illumination et quelqu'un qui pourrait directement me la transmettre. Aussi riches et réjouissants que puissent être les états de shakti, ils ne conduisaient pas à la pleine Réalisation du Soi, du moins pour moi-même ou quiconque que je connaissais.
Puis, la lecture de Carlos Castaneda, des travaux de Gurdjieff, d'Evans-Wentz et du Livre des morts tibétain m'attira vers le bouddhisme tibétain. En 1976, je partageais la lecture des livres d'Evans-Wentz sur le bouddhisme tibétain avec ma future épouse et je voulus rencontrer les véritables héritiers de cette lignée. C'est en 1978, dans notre petite ville de Californie, que je fis la connaissance de Kalu Rinpoche, maître de méditation de la lignée Kagyu. Il me confia plus tard la direction du centre Dharma. Nous faisions des pujas, méditations, chantions en tibétain... Mais là encore je restai insatisfait.
Au début des années quatre-vingts,je rencontrai le plus vieux maître zen de cette époque au Japon. Je l'appelais O'ji isan et l'aimais profondément. Je fis l'expérience d'un Éveil profond lors d'un séjour au monastère Saikoj en présence du maître des lieux. Je fus honoré par tous, et une grande fête qui dura toute la nuit fut organisée pour l'événement. Malheureusement, le même mental réapparut le lendemain et mon insatisfaction persistait.
Biographie de l'auteur
Eli Jaxon-Bear est un enseignant spirituel et auteur américain. Il vit à Ashland, Oregon avec sa femme, Gangaji. Avant de rencontrer son Maître, Sri HWL Poonja, en 1990, il était surtout connu pour son travail sur la dimension spirituelle de l'Ennéagramme.