vendredi, novembre 14, 2014

Israël-Palestine, 10 médiamensonges



Médiamensonge n° 1 :

« Israël a été créé pour offrir aux juifs un abri après le génocide de 40-45 »

Faux. Ce projet a démarré bien plus tôt : en 1897, au Congrès sioniste de Bâle. Ce mouvement nationaliste de juifs européens décide alors de créer un nouvel Etat où pourront se réfugier les juifs. Lesquels subissent alors la misère et les violences du pouvoir en Russie ou en Pologne, ainsi que la montée du racisme anti-juifs en France (affaire Dreyfus en 1894). Mais les sionistes sont relativement faibles, et peu de juifs soutiennent ce projet, il faut donc l'appui d'une grande puissance impériale. Justement, la Grande-Bretagne s'empare de la Palestine en 1920 et elle soutient l'envoi de colons juifs. La « Déclaration Balfour » annonce au dirigeant sioniste Lord Rotschild que : «Le gouvernement de Sa Majesté considère favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif».

Quels sont les intérêts britanniques ?

1. Contrôler le canal de Suez, route stratégique vers les colonies indiennes.


2. Affaiblir l'Egypte.

3. Diviser le monde arabe en deux.

Plus tard, intéressés par le pétrole, les Etats-Unis prendront le relais de la Grande-Bretagne comme « parrain » d'Israël. Le projet sioniste de conquérir la Palestine n'est pas une conséquence de 40-45, c'est un pur produit de l'époque coloniale.


Médiamensonge n° 2 :

« Les juifs retournent sur leur terre dont ils ont été exilés il y a deux mille ans »

Faux. Cet exil n'a jamais eu lieu. De 1.000 avant J-C à aujourd'hui, les populations de la Palestine sont en gros restées sur place, bien qu'il y ait eu des migrations et des invasions, et donc des mélanges, comme partout. L'invention d'un « peuple juif» resté pur et qui aurait des privilèges divins et exclusifs sur cette terre promise est donc :

1. Absurde au point de vue génétique (quel peuple est resté «pur» après deux mille ans ?).

2. Antidémocratique au point de vue politique (il n'y a pas de « peuple élu »).

3. Et raciste puisqu'il exclut les populations non juives présentes sur cette terre depuis des siècles.

En réalité, les véritables descendants des juifs d'alors seraient plutôt les ... Palestiniens ! Mais alors d'où sont originaires les juifs qui se sont installés récemment en Palestine ? Surtout de Russie, d'Ukraine et de Pologne. Mais aussi du Maghreb et d'Europe de l'Ouest. Et qui étaient-ils ? Tout simplement des populations locales qui s'étaient converties à la religion juive au cours des siècles. Scientifiquement, il n'existe donc pas de « peuple juif». N'ayant ni la même histoire, ni la même langue, ni la même culture, et provenant d'Etats très divers, ces juifs qui se sont installés en Israël n'avaient en commun que la religion.

Tout ceci, les historiens et archéologues israéliens le savent, mais c'est caché à l'opinion. Car l'existence même d'Israël est justifiée par ce mythe du « retour ».


Médiamensonge n° 3 :

« Avant 1948, la Palestine était un désert, une terre sans peuple »

Faux. La Palestine était très peuplée. En 1850, deux voyageurs européens racontent : « Les greniers de la vallée du Jourdain sont inépuisables. Un océan de blé, un véritable océan de blé ».

Coton, froment, orge et sésame sont aussi cultivés. Avec l'huile d'olive, on fabrique du savon ... Les oranges de Jaffa sont déjà très réputées. La population comporte 85% de musulmans, 11% de chrétiens et 4% de juifs. Naplouse est un grand centre économique et culturel. En 1914, la Palestine compte 1.236 usines et ateliers, 600 kilomètres de chemin de fer ... En cinquante ans, les exportations se sont multipliées par dix. Pas vraiment un désert !

Mais l'Empire britannique prend le contrôle de cette économie en y implantant de nombreux colons, notamment juifs. Ceux-ci s'installent sur les terres achetées à de gros propriétaires étrangers par lord Rotschild et d'autres riches juifs d'Europe, puis par l'Association Juive de Colonisation. Dépossédés et ruinés, les paysans palestiniens se révoltent. Emeutes en 1921, grève à Jérusalem en 1929, grève générale de six mois en 1936. La Grande-Bretagne réprime et déporte les dirigeants palestiniens. Elle permet aux colons juifs de créer leur industrie, un enseignement et des hôpitaux strictement réservés aux juifs, de même qu'un marché du travail uniquement juif. Elle refuse tout cela aux Palestiniens. Après les émeutes de 1929, le commissaire britannique Sir John Simpson critique la politique de son propre gouvernement : « Il est erroné que le juif venant de Pologne, de Lituanie ou du Yémen soit admis pour remplir un vide, alors qu'en Palestine, il y a déjà des travailleurs capables de remplir ce vide, et qu'ils sont dans l'impossibilité de trouver un emploi. »

La Palestine n'était nullement une « terre sans peuple» qu'on aurait pu occuper sans léser personne. Pour la soumettre, il a fallu une colonisation britannique, puis sioniste très violente dès 1920.

Médiamensonge n° 4 :

« En 1948, les Palestiniens sont partis d'eux-mêmes ou à l'appel des dirigeants arabes »

Faux. En 1948, Israël reçoit, par décision des Nations Unies, 54 % du territoire de la Palestine. Partage injuste, car les Palestiniens, jamais consultés, sont deux fois plus nombreux ; les colons juifs ne possèdent à ce moment que 6% des terres. Mais durant la guerre israélo-arabe, les forces israéliennes plus puissantes et bien préparées, chassent de leurs terres sept cent mille Palestiniens. Après les combats, elles empêchent leur retour. De cette manière, Israël accapare 78 % du territoire de la Palestine.

Les historiens israéliens « officiels » ont nié cette Nakhba («catastrophe» en arabe). Mais dans les années 90, les « Nouveaux historiens » israéliens (Morris, Pappe ... ) ont prouvé par de nombreux documents que les Palestiniens avaient bel et bien été chassés de façon violente et systématique. Ce qu'annonçait d'ailleurs, dès 1920, le dirigeant sioniste Jabotinski : « Si on tente de chercher un seul cas de pays colonisé avec le consentement de ceux qui y sont nés, on n'y arrivera pas. » Selon lui, il fallait donc choisir : renoncer au projet sioniste ou l'imposer par la force.

En 1948, Ben Gourion, premier Premier ministre d'Israël, persuade ses partisans d'accepter le plan de partage : « Dès que nous serons devenus puissants, une fois notre Etat établi, nous l'annulerons et nous nous étendrons sur tout le territoire d'Israël » (c'est-à-dire de la Palestine). En 1967, Israël envahira et annexera de nouveaux territoires. Aujourd'hui encore, il poursuit son expansion pas à pas. Son but : le plus possible de la Palestine et le moins possible de Palestiniens.

Israël est bien un Etat colonialiste, fondé sur le vol de la terre.

Médiamensonge n° 5 :

 
« Israël est un Etat de droit, la seule démocratie du Moyen-Orient »

Faux. Avoir chassé les Palestiniens de leur pays en 1948 et refuser leur retour est illégal, affirme l'ONU. Conquérir de nouveaux territoires par la force est illégal. Empêcher les Palestiniens de vivre sur leurs terres, de travailler, d'étudier ou de circuler librement est illégal. Détruire leurs maisons et leurs oliviers est illégal. Emprisonner des enfants de douze ans est illégal. Construire un mur de séparation, voler l'eau et les terres des territoires occupés est illégal. Utiliser des armes au phosphore et au laser est illégal. Bombarder des maisons, des écoles, des hôpitaux, des ambulances, des missions de l'ONU est illégal. Torturer est illégal. Assassiner les dirigeants palestiniens est illégal.

Israël n'est pas non plus une démocratie. C'est un Etat colonialiste basé sur le vol de la terre. Même si les voleurs discutent démocratiquement entre eux sur la manière de voler, jamais ils ne seront une démocratie. Le colonialisme est, en soi, une dictature. Et une dictature raciste puisque sa propre Constitution affirme : « l'Etat d'Israél est l'Etat du peuple juif». Ceci rabaisse les Palestiniens au rang de sous-citoyens. Prétendre bâtir un « Etat juif » en Palestine, c'est nier les droits des autres populations.

Médiamensonge n° 6 :

 
« Les Etats-Unis soutiennent Israël pour défendre la liberté et la démocratie »

Faux. Les Etats-Unis soutiennent les pires dictatures arabes (et autres) qui servent leurs intérêts. S'ils soutiennent Israël, c'est que celui-ci leur sert de base militaire au Moyen-Orient.

Missions :

1. Protéger les dictatures pétrolières pro-US.

2. Briser tout Etat ou mouvement trop indépendant. Pour cela, Israël reçoit un soutien énorme des firmes US d'armement, des compagnies high-tech et de la CIA. Washington a accordé son soutien inconditionnel à partir de 1967, lorsqu'Israël écrasa l'armée égyptienne. Vu leur défaite au Vietnam, les Etats-Unis cherchaient des « flics de quartier » se battant à leur place, mais avec les armes et le financement US. Aucun autre Etat de la région ne pouvait être aussi sûr, car Israël dépend entièrement des USA qui le subventionnent, bloquent les condamnations à l'ONU et empêchent une véritable négociation.

Pourquoi les multinationales US veulent-elles contrôler tout le pétrole de la planète? Pour deux raisons :

1. L'économie capitaliste a besoin de faire croître sans cesse la consommation, même quand elle est inutile. Le gaspillage du pétrole est donc actuellement un moteur économique.

2. Monopoliser le robinet du pétrole permet d'exercer des pressions sur les rivaux : Europe, Japon, Chine ...

Dans ce cadre, Israël sert donc de « flic du pétrole ». Cette stratégie lèse les Palestiniens, les Arabes, mais aussi les citoyens israéliens aux prises avec la violence.

Qu'elles soient directes ou indirectes, les guerres du pétrole ne servent pas la démocratie, mais seulement les intérêts des multinationales.

Médiamensonge n° 7

 
« l'Europe est neutre et équidistante dans le conflit israélo-palestinien »

Faux. D'abord, il y a la responsabilité historique. En 1948, la Grande-Bretagne coloniale a« offert » aux juifs d'Europe une terre qui ne lui appartenait pas. En 40-45, l'Europe a massacré ou laissé massacrer ses juifs. Après la guerre, elle a réglé le problème sur le dos des Palestiniens, expulsés de leur terre.

En 2009, le représentant de l'UE pour la politique étrangère a déclaré à Jérusalem : « Israël, permettez-moi de le dire, est un membre de l'Union européenne sans être membre de ses institutions. »

L'UE a d'ailleurs lancé un plan d'action « ayant pour but d'intégrer progressivement Israël dans les politiques et programmes européens afin de refléter les intérêts et les priorités d'Israël. » L'UE est le principal partenaire économique d'Israël. Loin de boycotter les produits illégalement fabriqués dans les territoires occupés, elle subventionne et favorise leur importation à travers ses nombreux programmes de coopération. Elle subventionne aussi les firmes israéliennes qui fabriquent les bombes lancées sur Gaza, les avions de combat, les drônes, les systèmes radars.

Par contre, l'UE diabolise la résistance des Palestiniens. Qu'il s'agisse du Hamas, du FPLP ou du Fatah, tous sont , ou ont été qualifiés de « terroristes » par l'UE et les USA. Mais les envahisseurs ont toujours qualifié les résistants de «terroristes », y compris Nelson Mandela que les USA n'ont retiré de cette liste que quatorze ans après son élection comme président d'Afrique du Sud. De 1492 à 1960,l'Europe a colonisé brutalement le reste du monde et exploité les ressources naturelles. A présent, plus personne n'ose défendre cela, mais il reste une colonie : Israël. Et l'Europe garde son attitude coloniale et dominatrice : elle enjoint aux Palestiniens de voter, mais quand le résultat ne lui plaît pas, elle étrangle financièrement Gaza, ouvrant la voie à l'agression israélienne.

L'Europe doit admettre que le temps des colonies est terminé. Il faut traiter le reste du monde d'égal à égal.

Médiamensonge n° 8 :

« Ceux qui critiquent Israël, sont antisémites »

Faux. Le racisme anti-juif doit être combattu, comme tous les racismes. Mais critiquer le gouvernement israélien n'est pas du racisme anti-juif, c'est simplement refuser le colonialisme, refuser qu'un Etat raciste viole l'égalité entre les hommes. Beaucoup de juifs critiquent Israël pour ces raisons et ne sont pas « antisémites », Le gouvernement israélien utilise ce chantage à l'antisémitisme, car son dossier est indéfendable. Bush aussi a traité d' «anti-américains » ceux qui dénonçaient sa guerre en Irak. Le truc consiste à camoufler un conflit économique et politique en un conflit de religions ou un « choc des civilisations ».

On invoque le génocide et le « devoir de mémoire ». Pas question d'oublier ces victimes, qu'elles soient juives, tziganes ou slaves. Ni les dizaines de millions de victimes du colonialisme européen (traite des esclaves, génocide des Indiens, massacres de populations ... ). Mais pas question non plus d'utiliser les crimes nazis d'hier pour excuser les crimes israéliens d'aujourd'hui .

Critiquer Israël, ce n'est pas haïr les juifs, c'est au contraire vouloir la paix entre juifs et Arabes, et donc la justice.

Médiamensonge n° 9 :

« Le problème, c'est la violence des Palestiniens, surtout du Hamas »

Ne posons pas le problème à l'envers. La violence première, c'est la colonisation. Le vol de la terre, la brutalité de l'armée israélienne, l'impossibilité pour les Palestiniens de mener une vie normale depuis plus de soixante ans …

Ceux qui donnent des leçons aux Palestiniens devraient indiquer par quel moyen ceux-ci peuvent obtenir satisfaction : ils ont tout essayé, y compris les méthodes les plus pacifiques, et Israël n'a jamais rien cédé. En réalité, les colonisés n'ont pas le choix, il y va de leur survie. D'ailleurs, les Nations Unies ont solennellement affirmé « le droit inhérent des peuples coloniaux et lutter par tous les moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l'indépendance. » (résolution 2621, 1970)

N'empêche que beaucoup d'Européens ont une mauvaise image de la résistance palestinienne ; ils la jugent dominée par le terrorisme ou le fanatisme. Mais la résistance a comporté dès les années 50 trois courants : nationaliste (Fatah), marxiste (FPLP) et islamiste (Hamas). C'est aux Palestiniens de décider quelles organisations les défendent le mieux. De toute façon, Israël a toujours diabolisé ces trois courants, emprisonnant ou assassinant des dirigeants de chacun. Il a aussi réprimé très brutalement les manifestations populaires spontanées: Journée de la Terre en 1976, Intifada en 1987 et en 2000.

Résister est un droit. La violence vient de l'occupant.

Médiamensonge n° 10 :

« Ce conflit durera toujours, il est sans solution »

Faux. Israël prétend que les Palestiniens veulent « jeter les juifs à la mer », mais ceux-ci ont proposé en 1968 de former un seul « Etat démocratique, progressiste, non confessionnel dans lequel juifs, chrétiens et musulmans vivront ensemble en paix et en jouissant des mêmes droits. » Ajoutant : « Si nous combattons un Etat juif de type raciste, ce n'est pas pour le remplacer par un Etat arabe qui en retour expulserait les juifs. » Mais Israël a toujours refusé de négocier réellement. Pourquoi ? La paix impliquerait de renoncer aux territoires envahis et d'arrêter son expansion.

Pour arriver à la paix, faut-il un seul Etat, non confessionnel, laïque et égalitaire ou bien faut-il passer d'abord par deux Etats vivant côte-à-côte un certain temps ? Les deux solutions ont leurs partisans et c'est aux peuples de trancher. Mais en grignotant toujours davantage la Palestine, en la transformant en une série de confettis non viables, Israël a lui-même bloqué la solution à deux Etats.

Les haines accumulées empêcheront-elles la paix ? On le disait aussi en Afrique du Sud où sévissait un apartheid extrêmement cruel. Mais la réconciliation est arrivée même si elle nécessitera une ou deux générations pour aboutir pleinement. Comme en Palestine.

Peut-on accélérer l'avènement de cette solution ? Oui, en combattant la désinformation, en exigeant de nos autorités qu'elles respectent le droit international et en boycottant les produits basés sur le vol de la terre.

Voilà donc les dix grands médiamensonges résumant comment on nous informe dans les médias officiels ... On cache l'Histoire, on cache le colonialisme, on cache les intérêts économiques et stratégiques, on inverse l'agresseur et l'agressé, on diabolise la victime et on discrédite les contestataires en les taxant d'antisémites.



Michel Collon, « Israël, parlons-en ».



Cette deuxième édition du livre de Michel Collon, "Israël, parlons-en", a été actualisée à la suite des révoltes arabes de 2011. Voilà qui peut paraître étrange tant les médias nous parlent d’Israël. Mais les raisons du conflit sont-elles claires ? Israël : terre sans peuple pour un peuple sans terre. Démocratie en légitime défense ou Etat d’apartheid ? Choc des civilisations, conflit religieux ou enjeu pétrolier ? Pourquoi une solution paraît-elle impossible ? Michel Collon a interrogé 20 témoins et spécialistes. Israéliens et Arabes, juifs et musulmans, Européens et Américains. Chacun éclaire une question spécifique dans un langage simple et direct. Pourquoi parler d’Israël ? Pour tenter de mener un débat raisonné. Entre ceux qui crient à l’antisémitisme dès qu’on critique le gouvernement israélien et ceux qui imaginent un grand complot juif. Comment parler d’Israël ? En laissant de côté les préjugés et en découvrant tous les faits, les pages d’Histoire occultées. Lever tous les tabous c’est permettre à chacun de se faire son opinion librement. Et de débattre autour de soi. Car ce conflit se joue aussi bien au Moyen-Orient qu’en Europe. C’est de la discussion entre citoyens de tous horizons que surgiront les solutions pour la paix.

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...