dimanche, décembre 21, 2014

Alain Daniélou : Shudra hérétique ou Imposteur indianiste ?


Alain Daniélou s'est toujours targué d'être un des seuls représentants de l'hindouisme orthodoxe en Occident : il justifiait cette position par le fait qu'il avait été initié par Swami Karpatri (initiation qui consistait juste à hériter d'une prière ou mantra sacré par le biais du Swami), l'unique Européen à avoir compris une tradition plurimillénaire encore vivante et le seul capable (selon ses dires) à en parler correctement.

Il est vrai qu'Alain Daniélou paraît de prime abord valable en tant qu'indianiste : musicien accompli, y compris dans la technique de la sitar, voyageur infatigable des Indes et traducteur du sanskrit ; tout porte à lui faire confiance.

Pourtant, Alain Daniélou, grand inconnu dans les milieux brahmaniques en Inde (encore aujourd'hui !), n'est pas plus représentatif de l'hindouisme authentique que le pape de la Cité du Vatican n'est représentatif du Coran...

De même que, dans le Coran, on peut trouver le nom de Jésus, de même, dans les écrits d'Alain Daniélou, on peut trouver des références brahmaniques réelles : mais la ressemblance s'arrête là. L'islam n'est pas le catholicisme et Alain Daniélou n'est ni Hindou, ni un Pandit (brahmane savant) !

Il est vrai qu'Alain Daniélou ne s'est jamais présenté comme un brâhmane, mais juste comme un shudra, "serviteur" des brâhmanes ; c'était sans doute là sa façon de justifier son niveau de vie très luxueux (il possédait de nombreuses villas et roulait en Porsche !), contrairement aux brahmanes orthodoxes qui doivent apprendre à vivre au jour le jour de dons, et offrir le surplus en charité...

Alain Daniélou, serviteur ! certes, mais un serviteur qui trahit la parole brahmanique sans commune mesure...

Car seul un Occidental, ignorant des textes sacrés et traités brahmaniques, peut tomber dans l'adoration d'un personnage qui se révèle en fait profondément raciste, méprisant... et manipulateur.

Soyons clair : Alain Daniélou était hostile à tout métissage physique, hostile au Mahatma Gandhi et au philosophe du vedanta Ramana Maharshi, hostile au monothéisme et hostile... en fin de compte aux valeurs brahmaniques fondamentales !

Or, quel Hindou peut mépriser les valeurs de ceux qui sont les gardiens de la tradition hindoue authentique, les brâhmanes ?

Alain Daniélou se prétendait shivaïte. En fait, il n'était ni shivaïte ni garant d'un quelconque courant hindou, mais seulement "daniélouïste"...

Son shivaïsme était bien curieux, pour qui connait les textes shivaïtes, comme le Shiva-Purana.


Alain Daniélou critiquait sans complexe et incessamment la valeur de "Non-violence" (Ahimsâ) : pour lui, la Non-violence n'était que l'apanage de "religions morales", "mensongères", comme le jaïnisme ou le bouddhisme, parfaitement étrangère à l'hindouisme immémorial, vertu non-violente qui s'est "mélangée" avec l'hindouisme à cause de l'ignorance qui prévaut à l'Âge de Fer, le Kali-Yuga...

Pour Alain Daniélou, seul le shivaïsme était vrai, une "religion cosmique" sans "sentimentalisme" et donc en prise avec la "réalité" du monde : d'où les louanges et l'approbation d'Alain Daniélou concernant l'infanticide des filles (permettant, selon lui, de réguler les populations !), des rituels sanglants (comprenant non seulement les animaux, mais aussi les hommes...) et des bûchers de veuves ; d'où son mépris du végétarisme, de la doctrine (hindoue !) des réincarnations et du vishnouïsme ; et d'où sa justification de comportements pédérastes à la limite de la pédophilie, etc., etc., etc.

Ces exemples de fascinations qu'avait Alain Daniélou pour des comportements violents, des pratiques cruelles et des désirs outranciers, qui ne sont défendus nulle part dans les textes sacrés hindous (qui insistent en revanche sur la compassion/karuna, le contrôle de soi et l'ascétisme !), invitent à mettre un doute sur l'honnêteté du personnage, non pas seulement en tant qu'homme, mais bien en tant qu'indianiste !

Alain Daniélou considérait que les races humaines n'avaient pas à se mélanger physiquement : il justifiait ce principe selon le système des castes hindous. Pour qui connaît les Lois de Manu, il est clair que se marier avec une autre personne consiste, non pas à se marier avec sa cousine germaine, mais à trouver l'âme sœur, une correspondante à son intellect et à son devoir propre, hors de toute considération physique ; par conséquent, il ne s'agit pas de cultiver une consanguinité à l'infini, comme le voudrait Alain Daniélou... (ce dernier craignant la disparition des caractères corporels et intellectuels de chaque peuple, par un métissage génétique généralisé !)

La Non-violence (Ahimsâ) n'est pas le propre du jaïnisme ou du bouddhisme, comme veut le faire croire Alain Daniélou : cette valeur hautement morale et éthique se trouve dans les Védas, Upanishad, les Lois de Manu, le Yoga-Sûtra de Patanjali, etc. (ouvrages brahmaniques d'autorité absolue pour les Hindous) : il est donc illusoire de penser que si la société indienne présente des traces de violences et d'évidentes cruautés, c'est parce que l'hindouisme les favorise et que cela n'est pas en soi un problème réel (comme le prétend Alain Daniélou) ; si la société indienne a des dérives violentes, c'est bien parce que les valeurs brahmaniques ne sont pas respectés par 100% des Indiens... et non parce que l'hindouisme pousse à cela.

Ce n'est pas donc avec Alain Daniélou que les valeurs brahmaniques/hindoues trouvaient un défenseur ou un représentant : bien au contraire !

Le seul fait que la Non-violence (Ahimsâ) soit rejetée par Alain Daniélou, jamais avare de critique calomnieuse (inventée de toute pièce !) sur le Mahatma Gandhi, prouve en quoi il était non seulement en train de trahir l'hindouisme authentique, mais de donner une vision totalement fausse de la culture brahmanique, pour on ne sait quel bénéfice personnel : il est clair qu'il est plus facile de vendre des livres prônant un "sadisme" hédoniste très teinté (mais superficiellement) d'exotisme hindou, en Occident, que de faire saisir aux Occidentaux en quoi les Hindous sont si attachés à leur civilisation réelle face à l'impérialisme prédateur (islamiste ou occidental, consumériste, etc.)

Alain Daniélou a dit de nombreuses vérités sur l'Inde, comme le fait que les Indiens étaient dirigés par des "Anglais à la peau brune" incapables de comprendre leur population et de participer au redressement culturel de l'Inde. Mais Alain Daniélou MENT absolument lorsqu'il prétend qu'il est un défenseur de l'hindouisme orthodoxe, et spécialement shivaïte : il ne le respecte pas à sa source (ses traductions et interprétations sont biaisées dans un sens qui n'appartient qu'à lui seul) et, en fait, le dénature à un tel point qu'il fait de Shiva un Dieu comparable au dieu grec Dionysos !

Cette mise en similitude avec le dieu Dionysos, dieu grec de l'ivresse créatrice, avec Shiva déva, "Bon dieu" représentant du Brahman (Âme universelle) pour les shivaïtes, montre à quel point Alain Daniélou veut à tout prix "ressusciter" un paganisme (qui n'existe que dans sa tête) en le travestissant dans un habit "hindou", "shivaïte", qui est vide de toute substance réelle, et sans lien aucun avec la tradition brahmanique vécue et comprise par les Hindous.

Alain Daniélou a fait perdre beaucoup à l'hindouisme et à son rayonnement mondial : au lieu d'en montrer sa beauté spécifique (son panthéisme permettant l'alliance et la fusion d'un monothéisme, d'un agnosticisme et d'un polythéisme), d'en décrire sa richesse éthique et ses valeurs philosophiques, écologiques et artistiques, Alain Daniélou a passé son temps à fabriquer un sectarisme phallocratique, sous couvert d'exigences d'orthodoxie "shivaïte"... (le Linga est en effet la représentation classique de Shiva, en forme de Phallus stylisé : mais ce symbole n'a rien d'érotique ; il représente l'Infinité, la colonne de Feu sans début ni fin par laquelle s'est incarné Shiva, Dieu ascète, pour départager Vishnou, Dieu-roi, et Brahmâ, Dieu-prêtre, qui se prétendaient Dieu des dieux...).

On doit néanmoins à Alain Daniélou d'avoir remis l'érotisme hindou au goût du jour, sans tabou, et tel qu'il existait chez les disciples des brâhmanes dans l'antiquité indienne, avant l'occupation islamique et chrétienne du sous-continent asiatique ; cela est inestimable, surtout dans un monde saturé d'une pruderie sexuelle malsaine et hypocrite, missionnaire et intolérante (et condamnant sans vergogne les homosexuels, qu'était aussi Alain Daniélou...).

Mais cela est nettement insuffisant pour lui excuser des erreurs et énormités qu'il écrivait sciemment, dans un but pas plus élevé que celui de vulgariser son mépris pour l'éthique et la morale, aussi universelles ou brahmaniques soient-elles.




Ceux qui ne reconnaissent aucun suzerain

Les simples contrôles routiers sans aucun motif de suspicion sont-ils une atteinte à la vie privée et au droit de circuler librement, voire ...