lundi, novembre 09, 2015

Les animaux souffrent-ils ?

Un des agresseurs du président de la Ligue de protection des oiseaux.  
Voulait-il faire manger les pissenlits par la racine à Allain Bougrain-Dubourg qui n'aime pas le pinson rôti  ?

Dans les Landes, des dizaines de milliers de pinsons sont tués illégalement chaque année.

Lundi 9 Novembre 2015, "des membres de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), dont son emblématique président Allain Bougrain-Dubourg, ont été violemment pris à partie par des riverains à Audon (Landes) alors qu'ils menaient ce lundi matin une opération contre le braconnage des pinsons, une espèce protégée."

Allain Bougrain-Dubourg "a annoncé son intention de porter plainte pour cette agression et la dégradation de véhicules, ainsi que pour usage de pièges prohibés et destruction d'espèce protégée". Source

Les animaux souffrent-ils ?



Cette question provocatrice a suscité de nombreux débats au XVIIe siècle. Descartes considérait en effet l’animal comme une machine. À la différence près, observait-il, que l’animal est doté d’oreilles et d’une langue. Comme tout humain, d’ailleurs, mais cette ressemblance-là ne lui parut pas assez flagrante pour l’inciter à opérer un rapprochement. L’un de ses héritiers, le père Malebranche, alla plus loin en affirmant que les animaux « mangent sans plaisir, […] crient sans douleur », niant de la sorte toute affectivité et sensibilité aux intéressés. Un pas conceptuel fort préjudiciable à la gent animale. « À partir du moment où les animaux sont des machines, ils peuvent être traités comme tels sans mauvaise conscience excessive. Qui se soucie du bien-être des machines ? » remarque le philosophe Dominique Lestel, qui parle d’un « rapport tordu à l’animal » comportant une « dimension sadique ». Heureusement, grâce a l’apport de l’éthologie comportementale et de la biologie, notre rapport à l’animal a bien changé !

« La science moderne associe à l’animal une faculté d’alerte appelée nociception : sensibilité aux stimulations excessives de l’environnement qui nuisent à l’intégrité du corps et qui, chez les animaux les plus évolués, prend le nom de douleur ou de souffrance. L’animal est donc, scientifiquement parlant, un “être sensible” », écrit Georges Chapouthier dans son bref essai "Qu’est-ce que l’animal ?" (Le Pommier, 2004). [...]

Principalement utilisé par les physiologistes, le terme « nociception » (du verbe latin "nocere", « nuire ») désigne une réaction d’évitement à la suite de la détection d’un facteur extérieur nocif pour l’organisme (le chaud, le froid…). Tous les animaux (l’homme compris) disposent de tels systèmes d’alerte. La douleur constitue un degré supérieur de nociception. Selon l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP), il s’agit d’une « expérience sensorielle aversive causée par une atteinte réelle ou potentielle qui provoque des réactions motrices et végétatives protectrices […] et conduit à l’apprentissage d’un comportement d’évitement ». Intuitivement, chacun pressent la faculté qu’a son chien ou son chat à ressentir la douleur. Mais qu’en est-il du canari ou de la seiche ? Le cri silencieux de l’huître est-il une réalité ?

À ces questions les découvertes scientifiques et les observations comportementalistes apportent aujourd’hui quelques éléments de réponse. Tous les animaux vertébrés sont désormais considérés comme capables de ressentir la douleur entendue comme un vécu sensoriel. Cette aptitude a d’abord été scientifiquement reconnue aux mammifères (au cours du XXe siècle), puis aux oiseaux, enfin accordée aux reptiles à la fin des années 1990. Les amphibiens et les poissons devront attendre encore un peu avant de pouvoir rejoindre le club des « êtres sensibles ». Et l’on sait depuis peu que les mollusques céphalopodes, comme la pieuvre ou le calamar, ou encore les crustacés décapodes marcheurs (crabes, crevettes, langoustes…) manifestent également une certaine sensibilité à la douleur. Au point que la nouvelle directive européenne sur l’expérimentation animale, votée par le Parlement européen le 8 septembre 2010, étend aux mollusques céphalopodes les mesures de protection déjà mises en œuvre en faveur des rongeurs, des chiens et des primates utilisés dans les laboratoires, et ce en raison de leur « aptitude à éprouver de la douleur, de la souffrance et de l’angoisse ».

De la douleur à la souffrance il y a un pas que certains scientifiques répugnent toujours à franchir. La souffrance désigne en effet un ressenti d’émotions négatives non nécessairement liées à l’existence d’une douleur, qui s’expriment dans des situations de frustration, de contrainte et d’angoisse. Elle s’inscrit dans un registre émotionnel et suppose en outre une certaine conscience de soi. Si les meuglements de la vache laitière séparée de son veau ne constituent pas l’expression d’une douleur physique, ils n’en témoignent pas moins d’une profonde détresse. De fait, l’existence de la souffrance est bien établie chez certains mammifères et oiseaux, et elle commence à être identifiée chez d’autres vertébrés, voire chez les invertébrés céphalopodes évoqués plus haut. La notion de souffrance – une fois qu’on l’a dépouillée de ses oripeaux chrétiens – permet d’appréhender le problème dans son ensemble et de chausser pour l’aborder des lunettes non seulement scientifiques, mais aussi juridiques.

En effet, « alors que certains scientifiques s’en remettent au concept mécaniste de nociception, que d’autres admettent l’existence de douleurs “seulement” physiques, le législateur européen, quant à lui, reconnaît aux animaux cette évidence, à savoir la capacité à souffrir, à être le sujet de leur douleur et à ressentir la souffrance psychique qu’est la détresse. En vérité, tout le monde sait cela », affirme Florence Burgat (« Les animaux ont-ils des droits ? », Le Monde, 15 juillet 2010). Le Conseil de l’Europe a ouvert la première brèche en signant, le 10 mars 1976, la Convention européenne sur la protection des animaux dans les élevages. Quatre mois plus tard, le 10 juillet 1976, la loi relative à la protection de la nature, retranscrite dans notre Code rural, reconnaissait pour la première fois la sensibilité des animaux vertébrés.

« Tout le monde sait cela », mais chacun s’en moque. Les violences individuelles ou collectives « ordinaires » dont les animaux sont les victimes mobilisent peu l’opinion publique. Qui s’émeut vraiment des conditions de vie des lapins de chair ou des poules pondeuses, pourtant à des années-lumière des « conditions compatibles avec les impératifs biologiques de [leur] espèce », comme l’exige la Convention du 10 juillet 1976 (art. 9) ? Dans une France post-cartésienne et post-révolution industrielle, les animaux – notamment les porcs élevés hors-sol – « sont très exactement traités comme des matières premières dont les règles de transformation sont soigneusement décrites », souligne encore Florence Burgat. Certes, l’animal de la zootechnie moderne n’est plus l’automate cartésien, mais il est devenu, à son corps défendant, « une sorte d’engin cybernétique doté de mécanismes d’autorégulation qui synthétise des protéines animales à partir d’éléments végétaux », déplorent Catherine et Raphaël Larrère, respectivement philosophe et ingénieur agronome. Veaux, porcs, poules et lapins et même chevaux sont désormais élevés « hors-sol ». L’éleveur a été hissé au rang de producteur et l’animal transformé en « outil de production ». Entre eux, le lien affectif et social s’est rompu. Ce n’est pas encore "Le Meilleur des mondes", mais c’est déjà le monde d’aujourd’hui. Quant à la génétique contemporaine, elle a fait de l’animal un « programme d’ordinateur, que l’on peut à loisir enrichird’informations nouvelles », comme ces rats rendus immunodéficients ou ces souris condamnées à développer tel cancer. Finalement, mieux vaudrait que nos animaux de rente mangent réellement sans plaisir ou que nos cobayes crient sans douleur véritable. Tout le monde y trouverait son compte.


Alexandrine Civard-Racinais


Hebergeur d'image

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...