samedi, février 07, 2009

Echec et mat mais désillusionnée

Cela fait déjà plus d'un an que j'ai retrouvé un petit travail d'écriture qui me permet de vivre et d'avoir un logement décent. Auparavant, je vivais retirée dans la forêt, en vaincue, dans une caravane. Ni eau, ni électricité, à peine de quoi manger, et surtout rejetée de tous car lama Joker après s'être acharné sur moi pendant sept ans avait enfin réussi, par ses complots, à ruiner ma vie.

Tout a commencé un peu avant la mort d'un yogi tibétain, lorsque je vins le rencontrer pour la première fois. Tandis que je me m'approchais lentement de lui, en suivant mon tour dans la file, il me fixait des yeux tout en bénissant les autres personnes, j'en fut très intimidée. Arrivée devant lui il m'a saisit les mains, m'a fait agenouiller tout contre ses jambes et s'est mis à me tapoter la tête ; il ne cessait de parler tout en riant. Au bout d'un moment, j'ai réalisé que les autres personnes s'agitaient autour de moi, alors j'ai décidé de me lever, de toute façon je ne comprenais pas ce que le vieil homme me disait dans sa langue et je ne le saurai jamais. Il est mort peu après.

Je ne sais aussi quel destin ce petit évènement a éveillé, mais dès lors ma vie a basculé sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. En bref, alors que j'étais ingénieur et que j'avais une famille, je me suis retrouvée seule, résidant dans un centre bouddhiste et mortifiée que le vieux yogi soit mort. J'ai donc mis à la disposition du centre mon argent, mon bureau d'étude, mes relations professionnelles ; ceci en particulier pour un projet de construction d'un temple. Naturellement, je m'en suis remis au lama tibétain Joker responsable du centre, ne sachant pas à ce moment là que cette décision m'amènerait à ma perte. Tout s'est mal passé dans le centre, inutile de raconter comment quelqu'un qui n'a pas fait trois ans de retraites y est considéré. J'étais au bas de l'échelle et ce sont des lamas qui ne connaissaient rien à ma profession qui étaient mes supérieurs. Ils ne cessaient de me brimer et de m'humilier avec l'aide, bien sûr, des disciples sur lesquels ils avaient de l'ascendant. Quand j'ai obtenu toutes les autorisations administratives nous permettant de déposer un permis de construire, on m'a expulsé ; je n'ai pas fait de scandale alors c'est passé presque inaperçu. Je n'avais pratiquement plus d'argent et j'ai mis dans ma voiture les quelques effets personnels qui me restaient. Je donnais mon ordinateur, l'équipement de bureau et tous mes dossiers au centre. J'avais averti les lamas, Joker compris, que le projet ne tenait pas la route et qu'ils allaient engouffrer l'argent des donateurs [le mien inclus] dans une entreprise utopique sans issue. Peine perdu, je me suis fait jeter et lors des assemblées générales, entre autre, ils disaient, pour justifier ma disparition, que j'étais névrosée, prenant pour preuve que je pleurais souvent. Sans dire, bien sûr, ce qu'ils me faisaient subir. L'avenir prouvera que j'avais raison, le projet fut un échec cuisant.


Mais je dois revenir en arrière. Il faut que je dise, qu'entre temps, j'avais rencontré un jeune homme d'Inde que l'on disait être le tulku [la réincarnation] du chef de la lignée. Un jour il me fit une déclaration étonnante, qu'il maintiendra au cours des six années qui suivront : "J'étais sa disciple depuis de nombreuses vies et il voulait que je le suive, il me donnerait les enseignements dont j'avais besoin", rien de moins. J'ai pris les vœux monastique de base et porté la robe comme il le souhaitait car j'ai eu le grand malheur et la stupidité d'être crédule. Mais quand Joker a su ce que le chef de lignée m'avait dit, il est entré dans une haine glacée [il n'est ainsi qu'en privé]. Dès lors il m'a considérée comme son ennemie. Le harcèlement a commencé par des mots: je n'étais rien, je n'avais aucune qualité et si je décidais de suivre mon nouveau maître j'aurai de très gros ennuis. Je pense qu'il m'a gardée quelques temps encore au centre juste parce qu'il avait besoin de moi pour construire le temple, les experts ne courent pas les rues.

Je disais donc que j'ai été expulsée du centre. Je suis allée dans un autre centre bouddhiste de la lignée, d'abord pour rester en retraite solitaire de plusieurs mois, puis pour travailler comme bénévole. Tout allait bien. Un an après mon arrivée Joker est venu nous rendre visite. Quelques jours ont suffi pour que je sois injustement calomniée et j'ai du partir. Je me suis retrouvée alors dans la misère vivant seule dans une caravane prêtée. Plus tard, grâce à l'appui d'un lama européen, j'ai pu rencontrer le jeune chef de lignée lors d'une de ses visites en France. Il m'a demandé alors d'aller étudier dans son institut en Inde. Un sponsor s'est présenté et se fut possible. Ce que je ne savais pas au début, c'est que le khenpo de l'institut est de la même famille que Joker, je fut donc leur tête de turc ainsi que celle de leurs disciples qui croient aveuglément ce que disent leurs gourous. J'ai toutefois étudié tant que je pouvais, la tête baissée, en essuyant les menaces sans broncher. De plus, je faisais encore quelque chose qui ne leur plaisait pas : le chef de lignée m'avait demandé de m'arranger pour obtenir les autorisations afin que ses parents puissent vivre dans un de ses centres, dans un pays du sud de l'Europe. Mais Joker et ses proches, bien sûr, voulaient que ce soit en France pour garder le contrôle total de la lignée, il n'allaient pas s'opposer directement au projet mais plutôt s'acharner secrètement sur moi pour me faire craquer. Mais je tins bon. C'est ainsi que ma prochaine destination fut le sud de l'Europe avec les parents de mon maître. Difficile à croire, mais de nouveau, après une visite de Joker, je fut déclarée persona non grata sans raison précise. Alors, je tentai le tout pour le tout car mon sponsor, un homme stoïque, me restait fidèle, et j'obtins un visa d'un an pour l'Inde. Je restais donc près de la maison du chef de lignée tout en étudiant auprès de lui et de son propre professeur. A cette époque là le harcellement s'intensifia, un moine fut désigné pour m'insulter, faire courir des rumeurs sur moi, me menacer et me bousculer. Tout est fait pour me discréditer auprès de mon maître, jusqu'à ce que lui-même finalement me déclare personne indésirable. Vous me direz :" Comment un être éveillé peut faire ce genre de choses ? " Et bien : " pour la bonne raison qu'il n'est pas éveillé ". Voici des bribes de nos conversations de la dernière année que j'ai passée près de lui :

Le chef de lignée dit : "Je ne suis qu'un pantin ", ceci en tenant les épaules de sa chemise comme si elles étaient attachées à un fil, " je n'ai aucune liberté. Si je ne leur obéit pas j'aurai des ennuis".
"Je ne peux pas te défendre, c'est trop risqué, je perdrais tout....je ne veux pas devenir pauvre".
"J'ai désobéi à mes Maîtres, j'ai brisé mes samayas, je devrais renaître en enfer".
A ma question : " Avez-vous réalisé la nature de l'esprit ? ", il répond : "J'en ai eu un petit clin d'œil, je crois".
A ma question : " Qui êtes vous ? ", il hésite et dit : "Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas si je suis - son nom de tulku -"

Arriva que lors d'une de nos dernières conversations, il me sermonna vertement car des lamas lui avaient raconté que j'avais fait un scandale dans la maison d'un mort. Un pur mensonge ! j'étais en train de veiller silencieusement la dépouille d'un ami cher à la demande de sa famille, quand les lamas sont venus et m'ont jetée dehors sans aucune autre forme de procès. Alors, après avoir écouté parler sans l'interrompre celui qui ne sera plus mon maître, j'ai dit : "Je veux bien accepter vos insultes comme un exercice de patience mais vos accusations sont sans fondement". Il a bégayé: "Mais c'est ce qu'ils m'ont dit, je ne peux pas croire qu'ils m'auraient menti de la sorte". Désabusée, j'ai clôturé notre conversation, le vin était bu jusqu'à la lie : "Pour un être éveillé, qui est sensé savoir ce qui se passe dans les trois temps, ne pas savoir ce qui se passe trois maisons plus loin, c'est assez risible".

J'ai quitté l'Inde peu de temps après et j'ai finalement échoué dans une caravane pas loin du domicile du père de ma fille, près du premier centre où j'avais vécu. J'étais pauvre, froidement désespérée et toujours poursuivie par la haine de Joker qui faisait courir de vilains bruits sur moi. Un jour j'ai raconté mon histoire à un lama femme, elle ne m'a pas vraiment cru et m'a demandé : " J'aimerais savoir quelque chose, car je pense que c'est pour ça que l'on t'en veut. Il paraît que tu a couché avec le chef de la lignée, c'est vrai ?" J'ai répondu la vérité : "Non, je n'y avais pas pensé d'ailleurs". Maintenant je regrette ma réponse, j'aurais du dire : "A vous de deviner" ; une petite vengeance pas trop coûteuse.

J'essaie de continuer à vivre normalement, c'est difficile. Toutefois j'ai compris que l'institution bouddhiste tibétaine est un reflet de l'état féodal qui existait au Tibet. Les tulkus et les rinpochés ne sont, sauf à de rares exceptions, que des prélats, plus ou moins gentils. Le bouddhisme tibétain transmis est une pâle transmission des paroles pures du Bouddha qui sont noyées dans une montagne de superstitions et de rites destinés à dominer plus qu'à libérer. Et, pire que tout, le bouddhisme tibétain est devenu un business lucratif où les scrupules n'ont pas grande place.

Clervie

Le blog de Clervie :
Bouddha-Héritage http://bouddhaheritage.blogspot.com/


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Pour des raisons évidentes, le véritable nom du lama Joker, celui du tulku et la lignée ne sont pas révélés.
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Les coulisses du Vajrayana, deux e.mails de Marc Bosche :
http://bouddhanar-1.blogspot.com/2009/02/les-coulisses-du-vajrayana.html

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