dimanche, avril 11, 2010

Ascèse et renonciation dans le Chan/Zen


Le Wu Wei, absence d’effort, de souci, d’intention, de contrôle est un concept fondamental dans le Chan/Zen. Il s’agit d’une spontanéité qui s’adapte sans la moindre idée préconçue ni la moindre intention à chaque situation nouvelle. Dans la vie quotidienne, la réflexion et les calculs égotistes imposent une directivité artificielle faisant obstacle à cette spontanéité. Le Wu Wei du taoïsme et du Chan/Zen n’est pas compatible avec les efforts et le contrôle imposés par la renonciation ascétique de la religion.

« L’ascèse est, dans le zen, parfaitement inutile comme « des jambes pour un serpent ». En outre, son projet enveloppe une contradiction : on ne saurait vouloir intentionnellement être dépourvu d’intention, on ne peut s’efforcer à la vie spontanée qui exclut l’effort. Celui qui laborieusement cherche à abolir en lui toute trace de réflexion est comparable à quelqu’un « qui voudrait laver du sang avec du sang ». En fait, nous n’avons pas à faire des efforts pour retrouver la nature (1) car nous ne l’avons jamais quittée. Comme on l’a vu (2), le nirvana nous a déjà été concédé et nous sommes déjà des bouddhas. La vie spirituelle ne consiste pas dans un effort pour devenir autre, mais dans la prise de conscience de ce que nous sommes déjà, de ce que nous n’avons jamais cessé d’être. Et c’est pourquoi Hakuin, quand il atteignit son satori, a pu s’écrier : « Comme c’est merveilleux ! Il n’y a pas de cycle de la naissance et de la mort auquel il faut échapper ni de connaissance suprême à atteindre. »

Tout au plus, la pratique correcte d’un art peut nous aider à retrouver la nature, enfouie au plus profond de nous-mêmes, cachée sous les acquis de l’intelligence objective et du langage social. […] Dans la peinture Sumiye : si la logique ou la réflexion s’interposent entre le pinceau et le papier, tout l’effet est gâché ; « la main qui guide le pinceau au moment précis où l’esprit commence à élaborer des formes a déjà trouvé et réalisé ce qui le hante, et en fin de compte l’élève ignore si c’est la main ou l’esprit qui a combiné l’œuvre. » Ainsi la pratique authentique d’un art nous permet de retrouver la spontanéité perdue de l’animal ou de l’enfant. Elle libère l’action du frein de l’intellect, et restaure le contact avec nos racines naturelles. »

Michel Larroque « Approches occidentales du bouddhisme zen, la spontanéité efficace ».



(1) Note de Bouddhanar : nature de l’esprit ou esprit originel.
(2) Dans « Approches occidentales du bouddhisme zen, la spontanéité efficace », Michel Larroque.

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