vendredi, juillet 23, 2010

Nana Power



La "the nana"
C'est dans la voix et dans le geste
La "the nana"
C'est "the nana" avec un zeste
La "the nana"
Quant à la jupe à ras le bonbon
La "the nana"
C'est pas compliqué mais c'est bon…
(Léo Ferré)



« Nana » est un terme archaïque, sans doute étrusco-lydien, auquel Maurice Guignard a restitué son contenu, c’est-à-dire la sociologie matriarcale des hautes époques. En français, « nonne » = sœur, religieuse, est de même origine. A vrai dire, le règne de la nana ou nonne représentait, par rapport au matriarcat strict, une réaction salutaire puisqu’il substituait au règne de la femme sénile celui de la femme dynamique. Décadent, il retombait dans le matriarcat strict (comme en Asie Mineure, quand Cybèle succéda à Artémis en tant qu’arcane) ou aboutissait au patriarcat (comme à Rome, quand la révolution rejeta le matriarcat étrusque et ses rois soumis aux nana(s), devenues abusives). Les sibylles et pythies représentèrent une floraison de cette institution, à moins qu’elles ne soient reliées à une forme typiquement berbère du matriarcat – celui des Grandes Reines.

La nana, personnage tabou, se retrouve en filigrane dans la haute époque des peuples scandinaves, océaniques et méditerranéens. Elle s’éteignit peut-être en Occident avec la druidesse. Sainte Anne de Bretagne rappelle le souvenir à peine christianisé, soit d’une « grande nana » régnant sur un collège de nana(s), soit celui de la déesse Ana symbolisant l’âme du globe. Ecrit avec deux « n », sainte Anne se rapporte à la première théorie. C’est par le déchiffrement de l’étrusque et du lydien, langues cousines, que Maurice Guignard rétablit cette insolite sociologie. Il explique que, dans la famille étrusque ou lydienne, il arrivait que l’une des filles, plutôt l’aînée, se consacrât à une prêtrise domestique : elle devenait nana. Célibataire et vierge, elle serait la gardienne de la tradition, la célébrante de certains rites et la prêtresse mariant ses sœurs (ce qui lui donnait par ricochet le contrôle des maris). La nana existait à chaque niveau du corps social : famille, clan, cité, Etat. En fait, le pouvoir politique était indirectement entre les mains des nana(s) parce que, prophétesses, elles détenaient l’oracle. Leur chasteté, combinée à une ascèse et à un régime alimentaire, leur donnait des antennes ; elles étaient médiums. Elles transmettaient la voix des morts, celle de l’âme ethnique et, pour les plus douées, la voix des dieux. Leurs états de transe impressionnait les hommes qui craignaient de surcroît leur malédiction. Gardiennes de la tradition, elles préservaient aussi la connaissance des runes et de leur vocalisation. C’est en effet par la magie du son que leur malédiction pouvaient être rendue efficace !

A la longue, après avoir assuré une stabilité plusieurs fois millénaire aux civilisations archaïques, l’institution entra en décadence. Faux médiums, ne captant plus l’oracle divin, ou médiums tricheurs car lui substituant un oracle infernal, les nana(s) se défigurèrent de surcroît en tyrans domestiques, mariant les femmes à leur gré et envoyant les hommes au travail et à la guerre. En Crète, la « Grande Mère », c’est-à-dire la « papesse » des nana(s), exerça sur les masses une magie fascinatrice en tirant du culte du serpent une puissance qui se substituait à la puissance divine.

Un texte étrusque, éloquent, traduit par Maurice Guignard, dit que l’homme n’avait alors que deux façons d’échapper à la nana : « le vin et la colonisation »… Mais une nana accompagnait l’amiral ; les figures féminines de proue perpétueraient le souvenir de ces contre-amiraux en jupon ! Et le prophétisme criminel des dernières druidesses aurait causé la fuite épique de Ram. En son temps, de louches oracles féminins prescrivaient le sacrifice humain du guerrier d’élite, par haine inavoué du mâle… Comme prétexte : ces hommes étaient choisis « par les dieux » pour être les messagers du peuple auprès des ancêtres… Escroquerie spirituelle !

Les abus du « nannarchat » expliquent la révolution romaine et la chute des rois étrusques – évidemment. Les Romains instaurèrent le patriarcat le plus stricte, retirant soigneusement à la femme le pouvoir prophétique. Les antiques nana(s) se prolongèrent néanmoins par les vestales, vierges aussi et gardiennes de la tradition, mais sans médiumnité et sans autorité. Il semble que l’âme inconsciente des peuples méditerranéens et océaniques soit restée traumatisée par la tyrannie des nana(s) de décadence : l’esclavagisme féminin, corse et sicilien (prostitution), en serait la rançon sous la forme d’une inconsciente vengeance. Aujourd’hui, dans l’argot de la truandaille, la nana = l’esclave préférée du proxénète, la reine du harem, en somme, le reflet inversé de l’ancienne nana. Tyran domestique, elle exploite au profit du proxénète ses sœurs en esclavage. Quant à la mama méditerranéenne, autre tyran domestique, elle dérive aussi de la misogynie corse et sicilienne. Ailleurs, le spectre de la nana écroulée qui pèse sur l’inconscient collectif de manière très abstraite, a des conséquences moins dramatiques : le culte du joueur de football ou de rugby, culte enfantin (des adultes en culotte courte jouant au ballon, jeu d’enfants) sévit en des régions où l’abus du féminisme, jadis, empêcha les hommes de devenir vraiment adulte !

En Suède, la nana nordique, plus pernicieuse, reparaît sous l’alibi de l’égalité des sexes (en fait, il s’agit de féminisme) et de la liberté des mœurs. Tout en réduisant l’homme en bête de plaisir et de travail et de guerrier castré, les femmes vengent la chasteté forcée de leurs lointaines devancières sacralisées. Mais un « nannarchat » latent, sans visage précis, domine toute l’Europe occidentale et les USA, pays où les idéologies poussent à la virilisation des femmes et à la dévirilisation des hommes. Il s’y ajoute maintenant le sacrifice humain étatisé – par les lois sur l’avortement ! Tout cela entre dans un même contexte de résurgence de matriarcat décadent et d’Apocalypse.

Jean Louis Bernard

Le linguiste Maurice Guignard, mort en 2001, affirma avoir déchiffré la langue étrusque : Maurice Erwin Guignard : « Comment j'ai déchiffré la langue étrusque ». Impr. Avisseau, Burg Puttlingen 1962, Bonneval 1965.

Le Pays des Filles

La société Moso n'est pas matriarcale mais matrilinéaire : les femmes n'ont pas le pouvoir politique mais ce sont elles qui transmettent les noms et les terres.


« Adieu au Lac Mère » de Yang Erche Namu

"Adieu au Lac Mère" est le récit d’une enfance extraordinaire dans une société hors du commun.
Cette enfance est celle de Yang Erche Namu, célèbre chanteuse et mannequin chinoise qui vit aujourd’hui entre Pékin, Rome et San Francisco. Namu est née en 1966 chez les Moso, une société matrilinéaire des montagnes du Yunnan, à la frontière sino-tibétaine, à 2700 mètres d’altitude. Les Chinois appellent le pays Moso « le Pays des Filles », car chez les Moso, les femmes sont chefs de familles. Les Moso ont rejeté le mariage. Les unions sexuelles sont temporaires et les enfants appartiennent d’office à la famille maternelle. La société Moso exige la tolérance, le respect d’autrui et l’aide collective.

« Adieu au Lac Mère » narre les seize premières années de la vie de Namu, sa relation douloureuse avec sa mère, ses désirs de voyage et d’évasion, son ambition de voir le monde et l’aboutissement de ses rêves lorsqu’elle réussit un concours de chant et intègre l’Académie de musique de Shanghaï. Le récit de l’apprentissage de Namu est à la fois plein de drame, d’étrangeté et de beauté.

À travers les yeux d’une enfant puis d’une adolescente fougueuse, on pénètre dans les alcôves où luisent au coin du feu les visages tannés, on goûte au thé au beurre de yack, et on s’enivre de l’air des montagnes. On découvre comment s’y déclinent les thèmes universels, tel l’amour entre mère et fille, le conflit entre l’individu et la société. On éprouve les bouleversements sans précédent que sont aussi bien l’intrusion de la révolution chinoise dans cette société millénaire aussi bien que l’éveil à la liberté d’une jeune fille au destin exceptionnel.



Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...