samedi, août 07, 2010

Le retour d’Isis


Jean-Louis Bernard

Dès que nous abordons l'Egypte dans son aspect psychologique, nous nous trouvons automatiquement gênés par nos complexes héréditaires.

Ainsi, quand nous répétons après Hérodote que les Egyptiens étaient le plus religieux des peuples, nous cherchons aussitôt dans leur foi un dogme, élément qui leur était pour tant étranger. Ils ont eu des légendes sacrales, des allégories, une métaphysique exprimée sous la forme d'une geste des dieux et des héros, une symbolique très précise et très étendue, mais pas de dogmes. Ils étaient mythologues et psychologues et, à vrai dire, n'ont jamais été des théologiens et des philosophes dans notre sens occidental. De là venait peut-être leur proverbiale tolérance à l'égard des cultes étrangers...

Pour ce qui est du mysticisme sentimental, il s'en sont toujours méfiés. Quand un tel mystique sera occasionnellement élevé au trône (nous parlons d'Akhenaton), il mettra en péril de mort la civilisation pharaonique et déclenchera une levée de boucliers, par réaction d'autodéfense de l'âme collective. A l'effusion sentimentale, l'Egyptien substituait la concentration des énergies affectives. Et ce qu'il recherchait d'abord, c'était l'initiation qui procède, elle, d'une attitude mentale.

L'initiation, c'est la recherche expérimentale des causes.

Du point de vue religieux, l'Egypte nous apparaît comme foncièrement étrangère à notre moderne mentalité, un peu comme s'il s'agissait d'une humanité d'une autre planète. L'âme collective de l'Egypte se souvenait du passé fabuleux de l'humanité ; elle était riche d'expérience et par conséquent plus exigeante dans le domaine spirituel que nous ne sommes. Notre âme occidentale s'est rajeunie artificiellement par l'amnésie... Elle a rompu avec ses racines druidiques, ne se souvient plus de son passé et se contente des acquisitions récentes : hellénisme et christianisme.

N'est-ce pas là, en somme, ce que les prêtres de Neith déclarèrent à Solon, lors de son compagnonnage d'Egypte ? Cette mise au point est plus valable encore, qu'elle n'était en ce temps-là.

Par ailleurs, il semble que les Egyptiens aient été le dernier maillon d'une race d'un autre cycle, jadis répandue largement et dont l'Egypte fut l'oasis de repli. Psychiquement, voire biologiquement, ils différaient de nous.

Pour les Egyptiens, un idéal spirituel n'est authentique que dans la mesure où il s'accompagne d'une refonte de l'organisme psycho-biologique. S'il ne donne pas lieu à l'éveil de forces, au long du système cérébro-spinal, si les chakram ne participent pas à l'affaire, l'idéal mystique sera considéré comme une illusion et une imposture.

L'initiation à la vie spirituelle n'a rien à voir, en Egypte, avec la dialectique de la philosophie grecque ou avec le totémisme moderne des textes... Il s'agit de pénétrer réellement dans le temple, de se laisser détruire et reconstruire pat un courant de vie, d'affronter le dynamisme de Bastît, de Sekhmet et de quelques autres symboles divins. Le système cérébro-spinal et les chakras entrent intégralement dans le cadre de la spiritualité égyptienne.

Mais quelles sont les énergies qui sont susceptibles de s'intégrer à notre système cérébro-spinal en activant les chakram ? C'est la question que pose le moderne psychiatre. Nous verrons à y répondre en suite d'ouvrage, à propos des initiés égyptiens et, d'abord, à propos de l'initié royal, le pharaon Tout-ankh-Amon.

L'Egypte est la terre d'élection de la psychiatrie sacrale. Pour une minorité, elle sera par conséquent le livre de pierre du tantrisme.

Au contact des monuments égyptiens et de leurs textes gravés en hiéroglyphes et en allégories, l'homme éveillé au tantrisme se sentira immédiatement chez lui. Dans les symboles frappés dans la pierre, il verra ce que le profane ne voit pas : le tableau complet, unique dans les annales humaines, de toutes les énergies en sommeil dans l'âme, avec leur éveil, leur canalisation et leur résolution.

Une énergie psychique inculte, dit le tantrisme, est multiple et centrifuge comme un nœud de vipères. Elle mène son infortunée victime vers les bas-fonds visqueux de l'inconscient où règnent les obsessions qui dévorent, déchirent, tour mentent, vers les monstres qui jaillissent de la névrose, vers les crocodiles surréels qui entraînent le moi conscient au fond des eaux troubles pour se repaître de son dynamisme.

Mais que ces mêmes énergies soient canalisées par la connaissance et la volonté (ou par la magie), et les voici qui s'élèvent comme le cobra, magnifiques et redoutables... Elles montent dans l'organisme, tantôt brûlantes et tantôt glaciales ; et tant pis pour le « patient », s'il ne sait pas inverser leur tendance au mouvement centrifuge ! Il doit les conduire patiemment à travers le système cérébro-spinal jusqu'au chakra du crâne.

Ainsi, à travers les affres d'une maladie sacrale, l'homme égyptien construisait-il sa pyramide intérieure.

(Extrait envoyé par les éditions Aquarius)

Jean-Louis Bernard

Jean-Louis Bernard est né à Belford en 1918. Etudes à l’Ecole Normale d’Obernai (Alsace), Lyonnais d’adoption, puis fixé à Paris. Il a enseigné en France, Algérie, Maroc, Egypte et Paris. Il s’est passionné tôt pour les sciences de l’homme, celles surtout qui sont devenues marginales depuis l’ère chrétienne et qui renaissent sous la rubrique de l’insolite.

Initié à Alexandrie au yoga des derviches, dérivé du pythagorisme, Jean-Louis Bernard voyage en Inde, Mexique et île Canaries, Crète pour y confronter les civilisations mères et y enquêter sur les continents disparus. Il a étudié à Lyon les hiéroglyphes (faculté, sous la direction de l’égyptologue Daumas). Il a publié :

Tout-Ankh-Amon ou l’Egypte sans Bandelettes, le Dauphin, 1967 .
Le Démonologue, le Dauphin, 1968.
Le Tantrisme, yoga sexuel, Belfond, 1973.
Aux origines de l’Egypte, Laffont, 1976.
Apollonius de Tyane et Jésus, Laffont, 1977.
Histoire secrète de Lyon et du Lyonnais, Albin Michel, 1977.
Les archives de l’insolite, éditions du Dauphin.
Le retour d’Isis, éditions Harriet.

Communiqué des éditions Aquarius :

Nous cherchons à contacter les ayants droit de l’œuvre de Jean-Louis Bernard.
aquari75@aol.com

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