samedi, août 13, 2022

L’Esprit est révolutionnaire, toute conscience supérieure brise les "vieilles outres"


Marie-Madeleine Davy (1903-1998)


Est mystique celui en qui « l’Esprit a fait sa brèche ». Or l’Esprit est révolutionnaire, toute conscience supérieure brise les « vieilles outres ». L’homme intérieur éclairé par l’Esprit et devenu vivant possède une fonction démiurgique qui fait éclater les cadres et les limites dans lesquels la majorité des hommes trouvent un refuge et une sécurité. [...]


Le mot « mystique
 », souvent utilisé d’une façon arbitraire, peut sembler chargé d’ambiguïté et prêter à confusion. Dans son sens authentique il s’apparente au mystère. La mystique est un « au-delà » comme le mystère lui-même. En parler exigerait d’en avoir l’expérience.

Dans ses différentes manifestations reliées à des religions particulières, la dimension mystique tient compte du processus historico-religieux, mais elle intériorise l’histoire sans pour autant la nier, car elle appartient à la métahistoire ; elle comporte l’insertion dans un présent qui s’apparente à l’éternité : la grâce se présente comme une « irruption de l’éternel dans le temps ».

Toute religion subie du dehors et non réalisée intérieurement, lorsqu’elle n’inclut aucun engagement personnel, aucune modification de l’existence, peut devenir source de bonne conscience, de torpeur et d’aliénation. Seule une religion authentique vécue dans la foi et l’amour est source de libération : elle enseigne à l’homme la liberté. Kierkegaard a montré comment l’éthique vise le général tandis que la foi concerne la vocation personnelle. En assumant le temps historique sans être prisonnier de lui, la liberté mystique se place au-delà de toute décision éthique. Possédant en elle-même ses propres fondements, la mystique confère aux religions leur forme la plus élevée. Indépendante des phénomènes collectifs et de tout fait social, elle se présente comme « un voyage secret » accompli dans l’intériorité à la recherche du Deus absconditus. […]

L’histoire nous apprend combien les mystiques ont été parfois considérés comme des dangers pour les Etats et les Eglises. Il est difficile aux collectivités d’accepter des recherches solitaires et des itinéraires situés en marge de la conscience commune. Les mystiques n’apparaissent jamais des personnages rassurants. Durant leur existence ils sont parfois bafoués, humiliés, réduits au silence. Après leur mort, on les offre volontiers en exemple à la dévotion des fidèles.



« Marie-Madeleine Davy a été l'une des figures les plus marquantes de la pensée française au XXe siècle. Spécialiste de la philosophie monastique et cistercienne, elle a fait découvrir cette spiritualité vivante à toute une génération. Fascinée par l'Orient, elle a su marier dans sa foi intime les enseignements les plus profonds des différentes traditions. Véritable maître spirituel, elle a fait le choix de se retirer dans la solitude, nous laissant des livres aussi importants que "l'Encyclopédie des mystiques", "Initiation médiévale", "Écrits d'Henri le Saux", "Tout est noces", "L'Homme intérieur et ses métamorphoses", "Le Désert intérieur". »


Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...