jeudi, février 25, 2010

Témoignage de Victor


Une expérience chez les Bouddhistes

Voici les faits :

"J'avais fait la connaissance d'un fidèle dans une pagode vietnamienne à l'occasion de la tournée des reliques en France. Il avait l'air calme et équilibré au début. Je l'ai revu après qu'il ait fait une semaine de séminaire dans un monastère tibétain près de Grenoble. Il avait un visage crispé et un regard dur. Il marmonnait sans cesse des mantras et faisait des chants gutturaux dans le temple pendant que les autres fidèles chantaient des chants dévotionnels. Il était si "doué" pour ce genre d'exercice qu'une fois la personne qui était assise derrière lui avait vomi dans son cou...! Il m'en fit une frémissante démonstration et je dû m'accrocher pour ne pas partir en dédoublement. Ces chants semblent être très efficaces pour casser le système nerveux des disciples dans le but de rendre plus facile la possession et le pompage des énergies. Il me confia avoir vu pendant son séminaire en pleine nuit l'apparition d'un démon tibétain. Le grand Lama Rimpoché lui avait dit que c'était un privilège d'avoir fait cette expérience. Selon sa vision, le démon avait les yeux de feu, un visage grimaçant et un corps avec les muscles rouges apparents. Une fois suivante, j'étais à la pagode, il commença à insulter le moine qui lui reprochait de perturber l'ambiance du monastère. Il s'en prit aussi aux nonnes qui étaient présentes les traitant d'hypocrites et de vouloir dresser un complot contre lui. Il continua de déverser également sur moi sa haine par téléphone.

Cette histoire me rappela la perte d'un ami qui s'appelait Frank et qui ne cessait de dessiner des démons tibétains d'une manière obsessionnelle. Il finit par se jeter par la fenêtre d'un train qui le ramenait chez lui à Paris. J'ai maintenant la certitude de la réalité de ces phénomènes car j'en ai vécu bien d'autres encore. Je crois que dans le Bouddhisme Mahayana et surtout le Tantrisme il y a un gros problème de vampirisation des fidèles. Lorsqu'il y a un excès de prières, de chants, il y a forcément une libération d'énergie qui profite à des entités qui vivent dans les mondes intermédiaires. Je crois que les dieux sont toujours assoiffés de sang (d'énergie) et qu'ils n'ont pas disparu pour autant. Dans les temps anciens ils demandaient ouvertement des sacrifices d'humains et d'animaux mais maintenant ils sont devenus plus discrets parce que la loi l'interdit... Pour ne pas attirer notre attention "on" voudrait nous faire croire que ces démons ne sont que des symboles.
Malgré ces déceptions je n'ai pas perdu la foi dans l'enseignement du Bouddha et je vais parfois chez les Bouddhistes qui pratiquent celui des anciens documents car il y a plus de silence, de méditation et de réflexion ce qui n'engendre pas du tout le phénomène décrit plus haut."

La dévitalisation des corps, constatée par Marc Bosche lors de son séjour dans un monastère lamaïste d’Auvergne, est-elle provoquée par un vampirisme psychique ?

« Quelle déception lorsque je contemple les moines et les moniales qui sont passés par le filtre des trois années de retraite, voire de deux retraites successives de trois années. C’est comme si la vitalité de leur corps s’était, pour la plupart, enfuie. Certains semblent avoir même ralenti leurs pas, avec un ralentissement de leur expression rythmique. D’autres paraissent sans grande force vitale au point que la plupart des travaux manuels leurs sont étrangers désormais. Bien sûr ce n’est pas vrai pour tous. Cependant cette impression semble traduire un style de transformation intérieure opéré au cours des retraites sur place, puis sans doute poursuivi au monastère lorsque ces moines et moniales s’y établissent. Leur alimentation est pourtant abondante, et en général assez saine. Certains sont végétariens, la plupart acceptent les repas collectifs avec peu de viande chaque semaine. Ainsi probablement donnent-ils leur force vitale au cours de leur formation au tantrisme. Ainsi il semble bien que le moi humain, le sentiment du «je » soit vécu différemment selon les institutions (même si, bien sûr, les âges expliquent aussi certaines différences). Il se pourrait que ce que les yogis du monastère recherchent avec «l’abandon de l’ego» s’exprime par un affaiblissement de leur individualité. Celui-ci devient perceptible dans un corps dépourvu progressivement du tonus de ses ressources vitales. »
Marc Bosche

Victor écrit aussi :

"Le Bouddha était-il un anarchiste ou un libre-penseur ?
Il est bon de se remettre en mémoire ce texte connu de tous mais appliqué par personne...!

LES VRAIES PAROLES DU BOUDDHA

A ceux qui recherchent la vérité le Bouddha dit :

- "Ne vous fiez point à des ouï-dire" (en pensant : nous avons entendu dire ainsi depuis longtemps).
- " Ne vous fiez point à la tradition " (en pensant : ceci nous a été légué depuis des générations).
- " Ne vous fiez point aux bruits et rapports " (en croyant que ce que les autres disent est vrai).
- " Ne vous fiez pas à l'autorité des textes religieux ".
- " Ne vous fiez point aux suppositions ".
-" Ne vous fiez point aux déductions ".
- " Ne vous fiez point à la simple logique ".
- " Ne vous fiez point aux idées préconçues ".
- " Ne vous fiez point aux vraisemblances" (en pensant: l'interlocuteur semble noble, donc nous devons le croire).
- "Ne vous fiez point à ce que le maître dit " (en pensant : nous le respectons, donc il est sage d'accepter ses paroles).
- " Mais quand vous avez vu par vous-mêmes : ces choses sont immorales, ces choses sont mauvaises ces choses sont blâmées par les sages, ces choses, quand elles sont exécutées et entreprises, conduisent à la ruine et à la souffrance, c'est alors que vous les repoussez ". " Quand vous avez vu par vous-mêmes : ces choses sont morales ces choses ne sont pas blâmables, ces choses sont louées par les sages, ces choses, quand elles sont exécutées et entreprises, conduisent au bien-être et au bonheur, c'est alors que vous les pratiquez ".
Il n'y a donc pas de foi aveugle dans le vrai Bouddhisme, il n'existe pas non plus d'adoration d'images, de culte des saints ou de vénération à des divinités.

Le Bouddha est venu pour nous libérer de tout intermédiaire. Il nous montre tout simplement le chemin en utilisant les outils de nous avons à notre disposition: la raison, le bon sens et le discernement.
Il nous a demandé d'avoir de la compassion pour tout ce qui vit sur la terre.
Il n'y a donc ni dieux, ni saints, ni démons, ni maîtres qui puissent remplacer le travail sur nous-même dans le vrai Bouddhisme.

Les Bouddhistes n'adorent pas une image parce qu'ils espèrent en retirer des faveurs terrestres et spirituelles, mais ils rendent hommage à ce qu'elle représente.

Ces conseils du Bouddha conservent encore de nos jours leur force et leur fraîcheur premières."

Victor conclut :

"Je me rends compte que la plupart des "Bouddhologues" qui parlent des différents courants bouddhistes n'ont aucune idée de ce qui se trame derrière les coulisses. Ce sont pourtant des faits terriblement dramatiques pour ceux qui les vivent et pour ceux qui ne sont malheureusement plus là pour en parler. Ils écrivent des livres très savants sur le sujet. C'est très flatteur pour eux de pouvoir passer à la télévision, de faire des séances de signatures dans les salons du livre et surtout de toucher des droits d'auteur. Nous en connaissons tous quelques-uns qui se sont fait un nom dans ce domaine. Mais au fait, ont-ils encore un peu de compassion, qu'ils prêchent pourtant, pour les malheureuses victimes qui se sont fourvoyées dans cette voie ? Ce qui est le plus détestable, c'est qu'ils ne parlent pas des expériences négatives. Ils passent toujours la main "dans le sens du poil" pour ne "vexer" personne mais c'est dans le but de profiter de la vague d'intérêt pour le bouddhisme à la mode... Comme dans d'autres domaines, ils sont devenu des "vendus" au système de l'argent, de la gloire et de la réussite sociale. En fait, ils sont les instruments dociles des prédateurs invisibles. Ils n'en sont peut-être pas conscients, mais en général cela ne les intéressent pas d'en parler car ils en tirent trop d'avantages pour eux-mêmes. "



Illustration : « Bad Buddha ». Bad Buddha est un groupe de Rock de Pittsburgh.

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Non-pensée, wu-nien

mercredi, février 24, 2010

Néo-bouddhisme


Témoignage

Je me permets de vous écrire car je viens d'apprendre, en vous lisant, la mort de Marc Bosche et je suis sous le choc...

N'ayant pas de réponse de sa part, j'ai fait une recherche et je suis tombée sur votre blog.
Je ne l'avais jamais rencontré physiquement mais si vous saviez quelle aide il a été pour moi en seulement quelques e-mails échangés !

En effet, été 2007, j'avais laissé un message sur le livre d'or (mur des DAZIBAO) de son site bouddhisme.info pour le remercier de ses "fictions" et crier ma colère contre ce que je nommais à l'époque : le néo-bouddhisme ravageur.
(Vous trouverez le commentaire que j'avais laissé ci-dessous)

Mon frère, "ex-retraitant de Dhagpo Kundreul Ling", venait de se suicider après 10 ans d'errance psychique et Marc Bosche a pris le temps de me lire et de me donner quelques infos qui m'ont définitivement convaincue que mon frère disait la vérité.

Alors quand je lis ce que M. NO dit de Marc, je n'en crois pas mes yeux ! !

Et je serre les dents car ce M. NO a forcément aussi connu mon frère !!!!!!! Il est entré en retraite en Juillet 1994 pour en ressortir à l'hiver 1997, Marc lui, y était en 1995....
Comprenez ma colère, tout ce que NO dit de Marc, il pourrait le dire de mon frère...
Et je ne comprends pas, car durant cet été 2007, Marc me disait vouloir orienter ses recherches différemment car le bouddhisme était un sujet qui devenait oppressant pour lui.. et ce M. NO qui laisse penser que Marc n'est jamais parti du Bost et qu'il a fini sa vie comme mon frère ???!!!!

Je suis désolée ce message n'est sûrement pas très clair, mais je suis émue et tremblante comme toujours quand je me replonge dans "tout ça".
Mon frère ne s'est jamais remis de son passage au Bost, et j'ai l'impression que Marc non plus...

Voilà, je souhaite simplement vous remercier de ce que vous dîtes de Marc et de vos écrits car même si je ne peux pas les lire en détail (je ne supporte toujours pas..), je suis sûre qu'ils permettent à certains d'ouvrir leur esprit critique et c'est déjà énorme !

Bien cordialement,


Témoignage de la sœur d’un jeune homme converti au bouddhisme :

Mon grand frère est devenu bouddhiste à plein temps au début des années 90.
Il était beau, il était grand, il était si gentil...
Le bouddhisme c'était tout nouveau tout beau, pour des petits commerçants provinciaux comme nous...
Mes parents se sont dits "quand même... tout le monde dit que ce n'est pas une secte, que c'est une philosophie..., on trouve ça étrange mais on va laisser faire. il est grand..". il avait 24 ans.
Il a donc tout quitté, et puis ses nouveaux "frères" du monastère bouddhiste machin-chouette lui ont donné un nouveau nom et une nouvelle famille.
La prière a remplacé les attentions.
Fin 90, je n'ai pas pu le voir pendant 3 ans, 6 mois et quelques jours (et oui, la lune a fait durer le plaisir cette année là).
et puis, un beau jour, il est enfin ressorti de cette retraite en Auvergne. Il était méconnaissable.
Physiquement, les structures de son visage avaient changées.
Mentalement... il ne pouvait plus dormir sans boire un grand verre de whisky... il n'était pas alcoolique non, on ne voyait rien... mais sans il ne dormait pas. Ça faisait des mois qu'il n'arrivait plus à dormir dans sa caisse en bois....
Il ne voulait plus qu'on lui parle bouddhisme, il m'a fait jeter à la poubelle tous les bouddhas, tankas et autres cadeaux qu'il avait pu m'offrir en 10 ans de "bouddhisme intensif" comme j'avais l'habitude de dire...
Il pensait que les autres retraitants lui en voulaient... et passait son temps à agiter un briquet allumé devant lui pour se protéger des pratiques "très puissantes mais malveillantes" que les autres faisaient contre lui.
Il n'a jamais vraiment retravaillé, car il n'a jamais vraiment réussi à se reconnecter à notre réalité. l'autre et les autres n'existaient plus.
Puis pendant 1 an, on l'a cherché. Lui-même ne sait pas ce qu'il lui est arrivé.
Et en 2004 les urgences psychiatriques nous on appelé pour qu'on le fasse interner d'office. Il y est donc resté pendant 3 mois pour délires maniaques. En 2006, il y est retourné, cette fois, diagnostiqué schizophrène... depuis presque 1 an, il avait une piqûre tous les mois, mais il s'est "quand même" suicidé il y a 2 semaines.

Franchement, depuis, je cherche des sites ou des infos sur les "dérives du bouddhisme" et je ne trouve rien. À part ce site !!!
Je ne fais que lire de jolies histoires, plein de blabla philosophico-mystique, mais nulle part je ne vois écrit : "Attention !!! on ne vit pas au Tibet !!! pratiques et enseignements à manier avec précautions !"

C'est hyper dangereux d'aller si loin dans certaines pratiques sans être extrêmement bien entouré mais surtout suivi pendant ET APRES !!!
J'adorerais savoir ce que deviennent les anciens retraitants qui ne confirment pas leur vœux... car ceux qui choisissent de devenir moines, ne m'inquiètent pas.
Ce sont ceux qui retournent à la réalité qui m'inquiètent. Ceux qui, comme mon frère, ont vécu des "décorporations", ont appris à dormir assis en tailleur dans une caisse en bois, ceux qui ont médité plus de 10 heures par jour pendant plusieurs années... Comment font-ils ceux-là pour revenir ???? pour réintégrer une vie "normale" ???



Prédation occulte :

« Nirvana », le thriller de Marc Bosche, s’inspire de faits réels. La mort frappe des personnes jeunes qui sont en relation avec des ermitages tantriques.

Le livre est téléchargeable gratuitement :


***
Anacharyakajnana, la connaissance sans maître, selon Chen-houei du Ho-tsö (668-760) :


Le livre « Entretiens du maître de dhyâna Chen-houei du Ho-tsö (668-760) », traduit et annoté par Jacques Gernet, est épuisé.

Publié en 1977 par l’Ecole Française d’Extrême-Orient, ce livre extraordinaire sera-t-il réédité ? Rien n’est moins sûr. La gouvernance mondiale utilise le néo-bouddhisme des compères rinpochés ainsi que la mouvance New Age (Shamballa) pour contrôler les spiritualistes orientalisants. N’oublions pas qu’Alain Minc, l’homme de l’ombre de Nicolas Sarkozy, a reconnu l’existence d'un gouvernement mondial informel. "On croit qu’il n’y a pas de gouvernance mondiale, c’est faux. Il y a une forme de gouvernance mondiale sauf qu’elle n’est pas codifiée, elle est empirique, elle est implicite, mais elle est décisive." a déclaré Alain Minc au micro de Colombe Schneck, animatrice de l'émission "Les liaisons heureuses". C'était le samedi 26 septembre 2009 (France Inter).

L’ancien Chan véhicule un message libertaire puissant capable de révéler la véritable nature de l’homme. Or, l’homme libre du Chan fait peur aux fascistes du nouvel ordre mondial.

Gilles Deleuze nous avait prévenu :

« Le vieux fascisme, si actuel et si puissant qu'il soit dans beaucoup de pays, n'est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d'autres fascismes. tout un néofascisme s'installe par rapport auquel l'ancien fascisme fait figure de folklore. Au lieu d'être une politique et une économie de guerre, le néofascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d'une "paix" non moins terrible. »
Gilles Deleuze (1925-1995), « Deux régimes de fous », éditions de minuit, Paris.

Histoire du « Nouvel ordre mondial » par Pierre Hillard.

La curiosité des spiritualistes sera plus particulièrement attisée par la partie de l’article intitulée : « Bilderberg, New age et Trilatérale » qui précède une analyse sur l’Eglise catholique au service du nouvel ordre mondial. LIRE L’ARTICLE :

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Une bouffonnerie étasunienne de plus

Washington le 19 février 2010, le dalaï-lama reçoit la médaille de la Fondation nationale pour la démocratie au grand dam des victimes de sa persécution religieuse. Après avoir fait d’Obama le prix Nobel de la paix 2009, malgré son rôle dans deux guerres (il est commandant en chef des armées), les maîtres du monde ne sont plus à une bouffonnerie près.


dimanche, février 21, 2010

Exorcisme & possession


Le Lalitavistara est le texte biographique du Bouddha décrivant ses deux dernières existences jusqu’au premier sermon.

Ce livre sacré décrit l'assaut de Mara contre le Bodhisattva rédempteur Shâkyamuni :

Le démon Papiyan (Mara), n'ayant pas fait ce qu'avait fait Sârthavana, fit préparer sa grande armée de quatre corps de troupe, très forte et très vaillante dans le combat, formidable, faisant dresser les cheveux, comme les dieux et les hommes n'en avaient pas vu auparavant ni entendu parler; douée de la faculté de changer diversement de visage et de se transformer de cent millions de manières ; ayant les mains et les pieds et le corps enveloppés dans les replis de cent mille serpents; tenant des épées, des arcs, des flèches, des piques, des masses, des haches, des fusées, des pilons, des bâtons, des chaînes, des massues, des disques, des foudres; ayant le corps protégé par d'excellentes cuirasses; ayant des têtes, des mains et des pieds contournés; des yeux et des visages flamboyants; des ventres, des pieds et des mains difformes; des visages étincelants d'une splendeur terrible; des visages et des dents difformes; des dents canines énormes et effroyables; des langues rugueuses comme des nattes, des yeux rouges et étincelants comme ceux du serpent noir rempli de venin. Quelques-uns vomissaient du venin de serpent, et quelques-uns, après avoir pris avec leurs mains du venin de serpent, le mangeaient. Quelques-uns comme des garoudas, ayant retiré de la mer de la chair humaine, du sang, des mains, des pieds, des têtes, des foies, des entrailles, des ossements, etc. les mangeaient. Quelques-uns avaient des corps flamboyants, livides, noirs, bleuâtres, rouges et jaunes; quelques-uns avaient les yeux déformés, creux comme des puits enflammés, arrachés, ou regardant de travers; quelques-uns avaient des yeux contournés, étincelants et difformes; quelques-uns portant des montagnes enflammées, s'approchaient fièrement, montés sur d'autres montagnes enflammées. Quelques-uns, après avoir arraché un arbre avec ses racines, accouraient vers le Bodhisattva. Quelques-uns avaient des oreilles de bouc, des oreilles de porc, des oreilles d'éléphant, des oreilles pendantes de sanglier. Quelques-uns n'avaient pas d'oreilles. Quelques-uns ayant le ventre comme des montagnes, avec des corps débiles, formés d'un amas d'ossements, avaient le nez cassé; d'autres avaient le ventre comme une cruche, les pieds pareils à des crânes, la peau, la chair et le sang desséchés, les oreilles, le nez, les mains et les pieds, les yeux et la tête coupés. […] Quelques-uns ayant des poils de bœuf, d'âne, de sanglier, d'ichneumon, de bouc, de bélier, de carabha, de chat, de singe, de loup, de chacal, vomissaient du venin de serpent, avalant des boules de feu, exhalant des flammes, répandant une pluie de cuivre et de fer brûlant, faisant naître des nuages noirs, produisant une nuit noire, faisant du bruit, couraient vers le Bodhisattva...

La biographie du Bouddha fut conçue durant la période de transition entre le Hînayâna et le Mahâyâna, entre le 2ème siècle avant et le 2ème siècle après J.-C. ; elle fut remaniée ultérieurement dans l’optique mahayaniste.

Le Lalitavistara est le texte sacré des différentes écoles du bouddhisme (Hînayâna, Mahâyâna, Vajrayâna). Tous les moines bouddhistes lisent ce texte et savent que le démon, « Mara » en sanscrit, représente ce qui fait obstruction à l’accomplissement de la libération ou de l’illumination.

Le psychiatre Jacques Vigne, adepte de la méditation depuis des décennies, a étudié les obstructions provoquées par la déviation pathologique de l’énergie (Kundalini) qui peut s’éveiller durant la méditation, il écrit :

« Il y a des similarités intéressantes entre les variations d’humeur d’un aspirant dont la Kundalini est en train de s’éveiller et la cyclothymie. Certains patients en état hypomaniaque ou maniaque présentent des signes de Kundalini éveillée ; c’est ce que j’ai pu observer en retournant, après cinq ans en Inde, faire une visite dans un hôpital psychiatrique à un patient maniaque avec des idées mystiques, qu’un ami psychiatre m’avait dit d’aller voir. Les signes communs étaient une joie irrépressible, une sympathie avec l’univers entier, un sens de l’humour aiguisé, la générosité, le don des associations rapides, une volonté d’entreprendre de grandes actions pour le bien du monde. Mais contrairement au sadhaka, le patient maniaque ne réussissait pas à maîtriser les aspects négatifs de cette excitation. »

Un bouddhisme hybride, mélange de scientisme et de New Age, cherche à promouvoir la méditation en faisant l’impasse sur les obstructions et les problèmes pathologiques liés à la pratique méditative. Un lama, en accord avec les enseignements traditionnels du bouddhisme, rappelle les principaux obstacles (démons) que rencontrent les méditants :

« Il existe quatre principaux types de démons : le démon des perturbations mentales, le démon des agrégats contaminés, le démon de la mort incontrôlée, et les démons Dévapoutra. Seuls les derniers sont des êtres sensibles », précise le lama Kelsang Gyatso en accord avec le passage du Lalitavistara cité plus haut. Ce lama, maître de méditation reconnu, ajoute : « De même que les guerriers utilisent des armures pour se protéger pendant les batailles, ainsi les méditants ont besoin d’une armure pour se défendre contres les obstacles et les entraves ». « Revêtir l’armure » est un moyen de protection psychique utilisé avant la pratique méditative. Il est connu des moines Bönpo.

Par ailleurs, les véritables maîtres de méditation ont toujours dénoncé le risque de se polariser sur le Délice (bde ba), la Clarté (gsal ba) et la Non-discursivité (mi rtog pa) émergeant au cours du recueillement méditatif et pouvant générer ainsi un attachement à des sensations physiques et spirituelles qui ne sont en réalités que des fabrications de l’esprit.

Contrairement aux idées que répandent les lamas de laboratoire, qui font la promotion du néo-bouddhisme et de la méditation-panacée, la démonologie est bien au cœur du bouddhisme tibétain. Les exorcismes sont souvent pratiqués par les lamas. En outre, des médiums se laissent posséder par des entités afin de pouvoir délivrer des prophéties. Le Dalaï-lama et les hiérarques de Dharamsala sont particulièrement attentifs aux présages du médium de Néchung et d’autres oracles. « En ce moment il y a surabondance d’oracles à Dharamsala. Outre les deux oracles d’état, on trouve la divinité Dorjee Yudonna, l’une des douze déesses Tenma, dont le médium est une amala (femme âgée) à l’air doux. Il y a également l’oracle Lamo Tsangba, une divinité locale protectrice de Lhasa. Son médium, un monsieur un peu corpulent, était joueur de trombone dans l’orchestre militaire chinois à Lhasa. » (1)

Il est utile de préciser que les « divinités » protectrices sont souvent des démons subjugués par la magie des maîtres tantriques d’autrefois.

Les Tibétains sont hantés par l’idée de la présence continuelle des démons. « Les écarter, les empêcher de nuire est l’objet d’une lutte constante. On cherche à les attirer dans des pièges puérils : des cages faites de bâtonnets et de fils de laine entrelacés. La puissance des formules magiques récitées par un officiant dûment initié à la célébration de ce rite, force le démon à entrer dans la cage. Ensuite avec force vociférations la cage et son prisonnier sont jetés dans un brasier. D’autres fois, au lieu de cette cage, c’est dans une torma, un gâteau de forme pyramidale fait de farine pétrie avec du beurre, que le démon est capturé. Certaines de ces tormas sont de très grande taille, surtout celle qui figure, chaque année, dans les cérémonies du Nouvel An à Lhasa où je l’y ai vu jeter au feu, débarrassant ainsi le pays de ses ennemis démoniaques. » Alexandra David-Néel.


(1) Jamyang Norbu, « Shadow Tibet : Selected Writting », cité dans « Une Grande Imposture ».

Livres consultés :







Photo : l'oracle de Néchung

Déclaration d’un prêtre exorciste




Moins drôle, les exorcistes officiels de l’Eglise sont débordés. Au 21ème siècle, beaucoup de personnes se disent victimes du démon. C’est ce qu’a révélé le reportage Chasseurs de démons de l’émission Enquête inédite diffusé sur Direct 8 au début du mois de février 2010.







vendredi, février 19, 2010

La méditation au collège


Des collégiens de 14 et 15 ans d'une école publique anglaise de premier plan, Tonbridge School dans le Kent, ont droit chaque semaine à des cours de méditation.

"Ce projet – le premier à introduire la méditation à titre régulier dans le programme scolaire – a été conçu spécialement pour les adolescents après le succès rencontré par une étude pilote menée l’an dernier dans l’établissement. Ce cours de “pleine conscience” [mindfulness] destiné aux classes de secondes vise à accroître la concentration et à combattre l’anxiété ; il montre aux ados les bénéfices du silence, les aide à prendre conscience et à s’affranchir des attitudes mentales négatives qui peuvent provoquer dépression, troubles de l’alimentation et addiction..."

Source : Courrier International, « La méditation s’invite au collège ».



Attention !

La méditation n’est pas une anodine relaxation. Hakuin, l’un des plus grands maîtres Zen, était tombé malade à cause de ses méditations excessives. « Son corps avait tous les symptômes de faiblesse reconnus par la médecine chinoise. Ses jambes étaient froides, ses oreilles bourdonnaient, ses yeux remplis de larmes, son foie affaibli, et son esprit habité d’imaginations déréglées, de rêveries. » (1)

La psychopathologie des pratiques méditatives est bien connue. Dans la Chine du 5ème siècle, pour remédier aux troubles physiques et psychologiques provoqués par la méditation (Dhyana), les moines bouddhistes avaient recours aux conseils thérapeutiques d’un ouvrage : « Les Fondements secrets du traitement des troubles Dhyana » (Tche tch’an-ping pi-yao fa). Beaucoup de maîtres encourageaient les adeptes à étudier pendant de nombreuses année avant de commencer une pratique méditative. Le maître Zen japonais Kosen recommandait une préparation de trois ans avant d’autoriser ses disciples à participer à la méditation. Le maître Chan-Taoïste Liu I-ming conseillait d’étudier durant dix années avant de débuter les exercices méditatifs. En outre, l’esprit est particulièrement vulnérable au conditionnement lorsqu’il se livre à la méditation sans bases solides.

Le conditionnement des esprits est-il la véritable raison de l’enseignement de la méditation dans les écoles ?

Même au niveau spirituel, on peut douter de la valeur des pratiques méditatives traditionnelles, celles qui n’occasionnent pas de troubles physiques et psychologiques grâce à de bonnes bases :

« Tout attachement est asservissement. Lorsque nous nous attachons à la pureté, nous lui donnons par la même une forme, et nous sommes esclaves de la pureté. Pour la même raison, quand nous nous attachons à la vacuité ou demeurons en elle, nous sommes ses esclaves ; quand nous demeurons en Dhyana ou tranquillisation, nous sommes esclaves de Dhyana (2). Si excellents que soient les mérites de ces exercices spirituels, ils nous mènent inévitablement, d’une manière ou d’une autre, à un état d’asservissement. » D.T. Suzuki, « Le Non-mental selon la pensée Zen ».


(2) Dhyana = méditation.

***
Vidéo :

Résultats scientifiques de la méditation

jeudi, février 18, 2010

Anarchisme chrétien, christianisme libertaire


Le grand romancier russe Tolstoï, dans la seconde partie de son activité intellectuelle, a essayé de concilier le christianisme ou plus exactement les enseignements donnés par Jésus de Nazareth (ou à lui attribués) avec l'anarchisme ou absence d'autorité gouvernementale, considérée sous sa forme la plus évidente et la plus brutale : la violence.

Il n'est pas difficile de trouver dans les livres sacrés des chrétiens, particulièrement dans ceux appelés Evangiles, des paroles qui semblent faire de Jésus une sorte de révolutionnaire mystique, de révolté religieux mis au ban de la société de son temps. Il prêche parmi les déshérités, les en marge du milieu social d'alors, il se plaît en la compagnie des péagers et des gens de mauvaise vie, il s'entoure de personnes appartenant à la classe la plus basse, voire de prostituées, etc., il soulève tout ce monde contre la façon d'enseigner et de se comporter du clergé juif, hypocrite, machiavélique, avide de pouvoir spirituel et temporel comme le sont tous les clergés dans tous les temps. On peut voir en Jésus une sorte d'anarchiste qui finit par succomber au cours d'une lutte trop inégale, mais sans un geste de soumission ou de rétractation, ni devant le grand prêtre Caïphe, symbole du pouvoir ecclésiastique, le dogme - ni devant le roi Hérode, symbole du pouvoir civil, la loi - ni devant Pilate, symbole du pouvoir militaire, le sabre.

Tolstoï considérait comme base de la doctrine chrétienne : la non résistance au mal par la violence. Jésus n'a pas seulement commandé à ceux qui le suivaient d'aimer leur prochain comme eux-mêmes (Ev. selon Matthieu, XXII, 39), il leur a prescrit de ne point résister au méchant ou au mal (id., V, 43), en opposition à l'antique précepte judaïque œil pour œil, dent pour dent. C'est sur cette « non résistance au mal par la violence » que s'étaye tout le tolstoïsme. Les conséquences qui en découlent sont incalculables, car, pratiquement, la non résistance se traduit par la résistance passive, c'est-à-dire le refus d'obéissance aux ordres de l'Etat impliquant emploi de la force ou de la violence, la non coopération aux services publics dans lesquels il entre sous une forme ou sous une autre de la coaction ou de l'obligation. La grève générale pacifique rentre dans le cadre de l'activité tolstoïenne, etc.

Bien que publiquement et en privé (il me l'écrivit personnellement) Tolstoï se déclarât « anarchiste chrétien » il se montrait volontiers opposé à la création d'un mouvement tolstoïen organisé. Le tolstoïsme était surtout pratique individuelle. C'est individuellement que les tolstoïens refusaient le service militaire, de prêter serment devant les tribunaux, d'envoyer leurs enfants aux écoles de l'Etat, de payer l'impôt, etc. Les noms suivants nous viennent sous la plume : le refuseur de service militaire tchèque Skarvan ; l'ex-juge anglo-indien Ernest Grosby ; Vladimir Tchertkoff le confident de Tolstoï, et Paul Birukoff, son traducteur, Boulgakoff, son secrétaire ; les Anglais Aylmer Maulde, Arthur St John, John C. Kennworthy ; les Américains Clarence S. Darrow et Bolton Hall ; l'ex-pope Ivan Trégouboff, combien d'autres Russes, dont Pierre Vériguine, le « conducteur » des Doukhobors, tous se sont efforcés, par la plume, la parole ou le geste, de répandre et de propager le tolstoïsme.

Il convient ici de faire remarquer que les « Doukhobors » russes et les « Nazaréens yougo-slaves » sont antérieurs à Tolstoï. Les Doukhobors ont eu une influence sur Tolstoï, Tolstoï les a influencés, mais le « doukhoborisme » est en marge du tolstoïsme.

C'est en Hollande qu'on s'est préoccupé de donner à l'anarchisme chrétien un programme condensant les idées tolstoïennes, éparses ça et là. Vers 1900, Félix Ortt et le groupe rassemblé autour de lui publièrent un journal hebdomadaire Vrede (La Paix) et des brochures comme Christeljk Anarchism (Anarchisme chrétien), Denkbeelden van een Christenanarchist (Pensées d'un anarchiste chrétien), De weg te geluk (la voie du bonheur), Liefde en Huuielijk (Amour et mariage). Dans le même temps, de mon côté, je publiais l'Ere Nouvelle, paraissant moins régulièrement mais où je me tenais en contact avec les différents représentants de l'activité tolstoïenne, les colonies anarcho-chrétiennes, les Doukhobors, etc.

Le n°1 de la septième année de Vrede (1903) contient sous la signature de Félix Ortt un manifeste anarchiste chrétien, que voici :

« Anarchiste chrétien veut dire : 1° disciple du Christ ; 2° négateur de toute autorité (extérieure).

Est disciple du Christ quiconque cherche en toute droiture à vivre selon l'esprit du Christ, n'importe la secte à laquelle il appartient ou le dogme auquel il se rattache. Vivre selon l'esprit du Christ, c'est :
Aimer Dieu de toute son âme, autrement dit : rechercher l'amour parfait et la sainteté parfaite, y tendre.
Aimer son prochain comme soi-même, et la mise en pratique de cette règle de vie est incompatible avec toute convoitise, toute domination ou, si l'on veut, tout égoïsme. Dans la réalité, « chrétien » et « anarchiste » sont synonymes.
Pierre, les apôtres, étant chrétiens, étaient anarchistes, c'est ce qu'indique leur réponse aux injonctions des autorités : « il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes ». Et, de même, l'anarchie, la délivrance de toute autorité, ne sera possible que lorsque l'amour règnera dans la conscience humaine, c'est-à-dire lors que les hommes vivront selon l'esprit du Christ.
Il va sans dire qu'une foi basée sur la Bible n'est pas nécessaire pour atteindre ce but. Un disciple de Bouddha ou de Lao-Tsé (Confucius), un hindou, un israëlite, un musulman, un athée qui recherche la perfection pour lui-même et l'amour pour le prochain, celui-là vit dans l'esprit du Christ.

Les paroles de Bouddha : « Subjuguez la méchanceté par la bienveillance, le mal par le bien », procèdent du même esprit que celles de Jésus : « Mais je vous dis, moi, de ne pas résister au méchant ».

Lao-Tsé disant : « Celui qui vainc les autres est fort, mais celui qui se vainc lui-même est tout-puissant », fait montre d'une recherche de la sainteté semblable à celle que Jésus indiquait par les mots : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait ». Les deux esprits sont les mêmes.

Deux disciples de cet esprit-là ont exprimé en deux phrases les aspirations de ceux qui ne se satisfont pas de la théorie ni des bavardages, mais qui veulent mettre leurs théories à l'épreuve et traduire les paroles en actes, les voici :

« L'amour n'est l'amour que lorsqu'il se donne lui-même en sacrifice ». (Tolstoï).

« N'aimons pas par nos paroles et avec notre langue, aimons par nos actes et en vérité ». (Saint Jean).

Dans le langage courant, cela veut dire : « Ne pactisons pas plus longtemps avec l'oppression capitaliste ou de la propriété - le meurtre de nos semblables ou le militarisme - les jugements iniques ou les tribunaux - l'alcoolisme ou la dégradation physique - la prostitution ou l'amour vénal - le meurtre des animaux (carnivorisme, chasse, vivisection, etc.). En un mot, rompons avec tout ce qui fait souffrir n'importe quelle créature dans le simple but de nous assurer à nous même une jouissance passagère quelconque. »

Ces déclarations résument (à quelques nuances près) le christianisme libertaire ou anarchisme chrétien, tel qu'on l'entend ordinairement.

Dans un numéro ultérieur de Vrede (9 janvier 1904), F. Ortt est revenu sur certaines questions controversées parmi les tolstoïens. Ainsi, il déclare monstrueuse l'idée de devoir demeurer toute sa vie avec une femme à cause de rapports sexuels accidentels. L'union durable ne peut résulter que de l'amour vrai, autrement dit l'aspiration à l'unité. Vivre avec un être à l'égard duquel on ne ressentirait aucune affection véritable, ce serait attenter à la signification de cette phrase qui résumait pour Jésus toutes les relations sociales : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » - Ne résistez pas au malin, admis comme un dogme, présenterait un caractère très dangereux. D'ailleurs, on voit dans l'épître de Jacques (IV, 7) les premiers chrétiens conseiller de « résister au Malin (l'esprit du mal) », condition pour s'en débarrasser. Peu importe qu'on interprète par Malin l'homme méchant ou le mal lui-même, ce que ces paroles et d'autres nous enseignent, c'est de résister, mais sans haine au cœur, sans rendre le mal pour le mal, c'est-à-dire ne jamais agir par vengeance, ne jamais oublier que quiconque fait du mal est sous l'empire de l'ignorance et le traiter comme tel.

Il existe encore actuellement aux Pays-Bas une Union anarcho-communiste religieuse, basée sur des directives analogues, qui possède un organe à elle et dont l'activité est spécialement orientée vers le refus de service militaire.


E. ARMAND
Source :


Anarchie évangélique



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Le 18 février 2010, le président américain Barack Obama rencontre le dalaï-lama.

Lire l’article de Jean-Paul Desimpelaere :

Le Dalaï Lama et Obama : rencontre entre deux Prix Nobel du mensonge

« Maintenant, écrit Domenico Losurdo en concluant son article, le Dalaï Lama et Obama se rencontrent. C’était dans la logique des choses. Cette rencontre entre les deux Prix Nobel du mensonge sera plutôt affectueuse comme seule peut l’être une rencontre entre deux personnalités liées entre elles par des affinités électives. Mais elle ne promet rien de bon pour la cause de la paix. »



mercredi, février 17, 2010

L’espérance de vie


A la fin du Kali Yugä, d’après un texte sacré hindou (le Lingä Purânä), « la maladie, la faim, la peur se répandent.[…] Beaucoup d’enfants naîtront dont l’espérance de vie ne dépassera pas seize ans. […] Les maladies, les rats et les substances nocives tourmenteront les hommes. […] Rares seront les gens qui vivront cent ans. […] Par la faute des pouvoirs publics beaucoup d’enfants mourront. Certains auront des cheveux blancs à douze ans. » (1)

L’espérance de vie en bonne santé a baissé en Allemagne. Elle était de 60 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes en 1995. En 2007, elle n’est plus que de 58 ans pour les deux sexes.

« L'espérance de vie « en bonne santé » c'est à dire sans limitation d'activité (ou sans incapacité majeure liée à des maladies chroniques, aux séquelles d'affections aiguës ou de traumatismes) répond à un enjeu de bien être. En France, en 2007, l'espérance de vie « en bonne santé » à la naissance est estimée à 64,2 ans pour les femmes. Elle est plus faible pour les hommes (63,1 ans). »

Source :


Dans son livre: "Espérance de vie, la fin des illusions", Claude Aubert déclare :

« Nous vivrons moins longtemps que nos parents, contrairement à ce qu'annoncent les démographes. »

«Telle est la thèse iconoclaste défendue par Claude Aubert dans ce livre. Malbouffe, sédentarité, pollution, tabagisme sont autant de bombes à retardement qui vont exploser dans les décennies à venir. Seul un changement radical - mais peu probable - de notre mode de vie pourrait les désamorcer. Un pronostic solidement étayé par l'auteur et crédibilisé par l'inquiétante augmentation de l'incidence de l'obésité, du diabète et du cancer. Une augmentation qui, en plus de provoquer une très probable baisse de l'espérance de vie, nous achemine vers un monde de malades chroniques. »

(1) Alain Daniélou, « Le Destin du Monde d’après la tradition shivaïte », Albin Michel. Le tirage est épuisé. La première édition de ce livre s’intitulait : « La Fantaisie des dieux et l'aventure humaine - Nature et Destin du Monde dans la tradition shivaïte ». Quelques exemplaires sont disponibles sur le site PriceMinister :

Une autre édition est disponible sur le site Alapage :


Espérance de vie, la fin des Illusions, ou Pourquoi nos enfants vivront (sans doute) moins longtemps que nous :


mardi, février 16, 2010

La mystique libertaire des Siddha


Les lamas tibétains n’ignorent pas la tradition des Siddha, littéralement les « Parfaits », hommes ayant atteints l’éveil.

Taranatha ou Kunga Nyingpo (1575-1634), grand érudit de l'école Jonang du bouddhisme tibétain, relate dans un livre la vie de 59 Siddha (1). Selon Taranatha, le Siddha Goraksa, qui vécut pendant le règne du roi Pañcamasimha, était un contemporain de Dharmakirti (vers 650 A.D.). « Le nom spirituel de Goraksa dans les milieux bouddhistes Mahâyâna était Anangavajra. L’un des disciples d’Anangavajra fut Padmavajra Saroruha, qui sans doute n’est autre que Padmasambhava le célèbre fondateur de l’enseignement Dzogchen (2), perpétuation de la doctrine des Siddha, au Tibet. » ( Tara Michaël)

Un texte, l’Amanaska-yoga, revendiqué par la tradition Nâtha, la voie des Siddha, évoque une mystique opposée aux pratiques religieuses. « Ce texte, écrit Tara Michaël, porte divers titres selon les différents manuscrits. Parfois intitulé Amanaska, « l’Inconcevable », « le Non-mental », il est le plus souvent présenté comme Amanaska-yoga, « Le Yoga non mental », ou « Voie vers l’Inconcevable », titre parfois développé en Amanaska-yoga-shâstra, « Traité de Yoga non mental », ou spécifié comme Amanaska-khanda : « portion [d’un enseignement de Yoga] traitant du Non-mental ».

Religion imprégnée d’occultisme, le lamaïsme a dénaturé l’enseignement des Siddha. La sublime « méthode », devenue le Dzogchen, a été enfouie sous de nombreuses pratiques tantriques et une répugnante sorcellerie, comme dans le texte Dzogchen du "Cycle Profondissime " du Chiti yoga (sPyi-ti) qui débute par une immonde recette :

« Tu mélangeras de ma semence, du sang des règles de Yéshé Tsogyel, de la semence de huit Vidhyadharas et de huit Mahâsiddhas, des cheveux, du sang écoulé du nez et de l’amrita.
La base de la préparation sera de la chair d’un brahmane aux oreilles en forme de conque. » Traduction de Jean-Luc Achard.

Beaucoup de lamas ont préféré la magie à la mystique libertaire des Siddhas. Au cours des siècles, les lamas Nyingmapa ont ajouté au Dzogchen de Padmasambhava des pratiques magiques, transformant cette voie en arcane noir. Le peu avenant lama Nyingmapa, Shenphen Dawa, fils de Düdjom rinpoché (1903 – 1987) a carrément dit : " Ne serait-ce que de parler du Dzogchen, c’est en quelque sorte précipiter sa propre mort ". Bulletin n° 7 – Urgyen Samyé Chöling – Dordogne.


Extraits de l’Amanaska-yoga :

Certains se passionnent pour le mantra-yoga, d’autres sont séduits par la méditation (dhyâna), d’autres encore s’évertuent à la répétition de formules sacrées (japa). […]

Les uns s’empêtrent dans le filet des Agama, les autres se perdent dans la masse des Veda, d’autres encore sont égarés par la science de la logique. […]

Se vêtir de la robe ocre, porter un crâne en guise de bol à aumônes, s’épiler les cheveux, adopter des vœux non védiques, s’enduire de cendres, se vêtir d’oripeaux ascétiques, et relever ses cheveux en un chignon tressé, se conduire comme un fou, observer le vœu de nudité, réciter les Veda et les Agama dans les cercles poétiques et au milieu des assemblées, tout cela n’a pour but que de se remplir le ventre et n’amène aucun bienfait.

Les actes de magie noire tels que susciter la haine, chasser (une personne de son domicile), tuer, etc., au moyen de charlataneries ou en produisant une pléthore de formules incantatoires (mantra), toutes les pratiques telles que les ligatures (bandha) et procédés divers, constituent le suprême yoga de l’ignorance. La méditation sur les différents lieux du corps, sur les canaux du corps subtil (nâdî), sur les six supports (âdhâra) fait également vagabonder l’esprit. C’est pourquoi, abandonnant toutes ces créations de l’esprit, adonne-toi au Non-mental (amanaska).

On ne doit pas, avec ses fonctions mentales méditer sur quoi que ce soit. Lorsqu’il devient libre de toute préoccupation, le yogi, de l’intérieur comme de l’extérieur, ne fait face qu’au Principe.


(1) « The Seven Instruction Lineages » Jonang Taranatha, Library of Tibetan Work & Archives.

(2) Padmasambhava fut probablement à l’origine d’un syncrétisme puisant dans le dzogchen Bön, la tradition Nâtha, le Chan chinois…


L’Amanaska-yoga est traduit et commenté par tara Michaël dans son livre « Le yoga de l’éveil », éditions Fayard.


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Qu’attend le dalaï-lama de la Chine ? par Jean-Paul Desimpelaere


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Vidéo :
Les agressifs E.T. du cinéma sont-ils les puissances de l’air de Saint-Paul, qui disait : « …ce n'est pas contre la chair et le sang que vous avez à lutter, mais contre les puissances de l'air » (Eph. 6,11-12) ?


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Des livres disparaissent :

dimanche, février 14, 2010

Mahachinachara, la Grande Voie Chinoise.


Un sage nommé Vashista alla chercher les enseignements les plus profonds en remontant les rives du Brahmapoutre jusqu’aux portes du Yunnan, en Chine.

« Après un voyage éprouvant, écrit Daniel Odier, Vashista arriva enfin au Yunnan et c’est là qu’il découvrit un royaume caché dans lequel ne vivaient que des êtres éveillés parmi lesquels il rencontra le Bouddha. Dès son arrivée, il fut surpris de voir que les éveillés vivaient dans la plus grande spontanéité et que cela semblait constituer la seule pratique de ces êtres accomplis. Nul autre temple que le corps. Les éveillés passaient le temps dans la présence, l’union des corps, la délectation dans les plaisirs les plus variés. Nul interdit, nulle limite. Vashista, qui avait surmonté tant d’épreuves sans atteindre l’éveil, demanda au Bouddha de lui transmettre cette doctrine secrète.

« Vashista, écoute, je vais te transmettre la plus haute doctrine du Kula, qui transforme immédiatement celui qui l’entend en divinité. Toute cette voie se situe en dehors de l’action extérieure qui consiste en purification, en rituels, en ablutions, en offrandes, en méditation, en mantra, en adoration d’une divinité extérieure, en préceptes, en règles de conduite, en étapes à franchir. C’est l’exposition de la Grande Voie Chinoise dans laquelle ne subsiste aucune forme, aucune séparation, aucune voie à parcourir, aucun fruit à atteindre qui ne soit situé en soi-même. Cette voie consiste en la reconnaissance immédiate de ta propre essence absolue. Il n’y a aucune restriction rituelle, aucune pratique extérieure, mais cette simple reconnaissance portée d’instant en instant dans la non-différenciation. Nuit et jour, lunaisons, jours auspicieux et jours néfastes, tout cela est à oublier. »
[…]

Huang-po demanda à Pai Chang :
« Quel est l’enseignement des anciens ? »
Pai Chang demeura silencieux.
« Dans ce cas, que transmettez-vous aux générations futures ?
- Je croyais que vous étiez l’un de ces maîtres de large calibre », rétorqua Pai Chang avec une ironie mordante.

Daniel Odier commente : « Voilà du dialogue. Voilà un corps qui parle. Pas de niaiserie bienveillante. Voilà l’essence d’une transmission de cœur à cœur. Pai Chang appartenait à la clique de Ma-t’sou, il était l’un des cent trente neuf qui connurent l’éveil ; Huang-po était le maître sublime de Lin-t’si. De sérieux gaillards. Pai Chang a la dent dure pour ceux qui colportent la notion d’impureté :

« Les enseignements partiels parlent d’impureté, les enseignements absolus parlent de pureté. Les enseignements partiels traitent de la souillure et des choses impures pour éliminer le profane. Les enseignements absolus parlent de la souillure des choses pures pour éliminer le sacré. Chercher la bouddhéité, chercher l’éveil, chercher quoi que ce soit, que cela existe ou non, c’est abandonner la racine pour les branches. En dehors de cela, si tu ne nourris aucune pensée particulière pour quoi que ce soit, alors, en temps voulu, tu trouveras ta part de naturel et de clarté. »
« Le cœur qui n’a pas compris, c’est précisément Cela, et rien d’autre. Ce qui m’interroge à l’instant présent constitue ton trésor. Toutes choses sont parfaites en soi, rien ne manque. Utilise-les spontanément. A quoi bon chercher vers l’extérieur ? » dit Ma-t’sou.

« Mais ceux qui cherchent ont besoin de réponses.
- Vous voulez des réponses, en voilà :

Goûtez de cette voie les délices et la joie tout en vagabondant dans la réalité.

L’état de connaissance est une inconnaissance par laquelle est connue l’essence de toute chose.

Nul besoin de prouesses ni d’ingéniosité, conservez simplement l’état du nouveau-né.

Il n’y a vraiment rien dont il faille s’enquérir, comme il n’y a nul endroit où apaiser l’esprit. Lorsqu’il n’est nul endroit où apaiser l’esprit, le vide lumineux se met à resplendir.

La Grande Voie est un espace vide et illimité où n’existent ni les réflexions ni l’anxiété. Cela, vous l’avez réalisé, rien ne vous manque. Il n’y a pas d’autre méthode, il vous suffit de vous conformer à l’esprit tel qu’il est. Ne pratiquez pas la contemplation, ne purifiez pas l’esprit, ne laissez pas s’élever la haine ou l’avidité, ne soyez pas mélancolique ou anxieux : soyez le naturel illimité, sans obstacle, libre d’aller dans n’importe quelle direction. Toutes les passions et tous les obstacles sont dès l’origine la grande extinction. Toute quête est vouée à l’échec puisqu’elle suppose un objet. Suivez le fil de vos émotions, ayez confiance, suivez votre propre nature.

La compréhension ne permet pas d’atteindre la source profonde, l’incompréhension encore moins. Transcende les conventions et les écoles, sois complètement limpide, libre. Aussitôt qu’ils pénètrent le point ultime de la vérité, ceux qui depuis des temps immémoriaux ont réalisé le grand éveil deviennent aussi rapides que des faucons, aussi vifs que l’éclair ; ils chevauchent les vents, étincelants dans le soleil, leur dos frôlant le bleu du ciel.
[…]

« Si les choses sont si simples, pourquoi l’homme a-t-il inventé toutes ces pratiques, tous ces rituels, toute cette activité qui se déploie autour de l’essentiel ?
- Pour le masquer.
- Dans quel but ?
- Pour garder le pouvoir. Lorsque le grand maître tibétain rencontra au Cachemire le siddha Tilopa, celui-ci lui transmit, après quelques épreuves, les enseignements absolus de Mahâmudrâ. Marpa rentra au Tibet et se mit à enseigner cette simplicité immédiate qui renvoie à la trappe toutes les pratiques, tous les intermédiaires, toute la classe des prêtres. Les autres maîtres s’inquiétèrent de voir révélé directement un enseignement aussi anarchique. Ils demandèrent à Marpa de se calmer et de réserver ces enseignements à ceux qui avaient franchi toutes les étapes de la voie formelle. C’est ainsi que ce que les siddha révélaient d’emblée devint l’enseignement le plus secret. C’est la même chose pour Mahachinachara. »

Daniel Odier


Photo : paysage du Yunnan

Non loin des magnifiques gorges du Saut du Tigre, dans le Yunnan du nord, la cité de Zongdian prétend être la mythique Shangri-la décrite dans le roman de James Hilton, "Lost Horizon". Pour écrire son roman, Hilton s’est inspiré des articles de Joseph Rock, un explorateur et botaniste américain fasciné par la culture Naxi, dont les prêtres, les Dongba, sont les héritiers des Bönpo.

Révélations d'un lama dissident

Le lama tibétain Kelsang Gyatso (1931-2022) était un enseignant important parmi les guélougpa restés fidèles à des pratiques proscrites ...