mardi, janvier 25, 2011

La destruction de la méditation





« Détruis encore et encore le calme, la félicité, la clarté et les projections… ». Cette instruction était donnée par , Djigmé Tcheukyi Wangpo, alias Patrul rinpoché ( Dza Peltrül 1808-1887), un maître incontesté de l’Ati-Yoga  ou Grande Perfection, c’est-à-dire du Dzogchen.


Loin de faire carrière comme hiérarque dans un riche monastère possédant des milliers de serfs, Patrul errait dans les montagnes et vivait dans les grottes, les forêts et les ermitages perdus et solitaires. Il était parvenu à une réelle compréhension du Dzogchen, l’enseignement ultime des traditions Nyingma et Bön. Cet enseignement présente de nombreuses affinités avec le Chan répandu ouvertement au Tibet jusqu’au Concile de Lhassa (792 à 794), controverse qui opposa les bouddhistes chinois et les bouddhistes tibétains à propos de l'accès à la conscience primordiale. 


Dans son texte « Le Docte et Glorieux Roi », Patrul recommande aux adeptes du Dzogchen de se débarrasser des expériences plus où moins extatiques qui surviennent avec la reconnaissance du « Discernement indicible ».


« S’ils cultivent longuement cet état, les débutants verront leur nature innée obscurcie par les expériences de Délice, de Clarté et de Non-discursivité mais en se débarrassant de la gangue des expériences, la Sagesse rayonnera de l’intérieur lorsque le Discernement paraîtra dans sa nudité. Un proverbe dit ainsi : « Plus elle sera détruite, meilleure sera la méditation du yogi ; plus elle sera haute, plus puissant sera le martèlement de la cascade » ; par conséquent :


Détruit encore et encore le calme, la félicité, la clarté et les projections.


Comment opérer cette destruction ? Lorsque les expériences de calme, de délice et de clarté s’élèvent, ou encore, lorsqu’émerveillent des semblances de joies, d’exultation et de bonheur, l’on doit se débarrasser de la gangue des attachements aux expériences à l’aide d’un PHAT ! furieux comme un roulement de tonnerre… »


« Le Docte et Glorieux Roi », texte traduit et commenté par Jean-Luc Achard.






Le Docte et Glorieux Roi 


Le Docte et Glorieux Roi est un texte récent de la tradition de la Grande Perfection qui puise aux sources les plus anciennes de l'école Nyingmapa du Bouddhisme Tibétain. Les principes qu'il décrit ont pour dessein d'ouvrir le calice de l'esprit et de lui révéler sa nature primordiale, à l'aide de méthodes yogiques et introspectives rarement décrites dans les livres en langues occidentales. Dans ce texte, qui est probablement l'ouvrage Dzogchen le plus enseigné à l'heure actuelle dans la tradition Nyingmapa, Peltrül Rinpoche a recueilli la quintessence de la transmission orale et l'a essentialisée en un « conseil du cœur » qui va droit au coeur du principe : l'expérience directe de l'état naturel et le recueillement dans la Liberté vierge de toute limite.



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