lundi, janvier 03, 2011

L’occultisme est la métaphysique des imbéciles





L’occultisme est la métaphysique des imbéciles. La médiocrité des médiums est aussi peu le fruit du hasard que le caractère apocryphe, inepte de ce qu'ils révèlent. Depuis les premiers jours du spiritisme, l'au-delà n'a rien communiqué de plus significatif que les saluts de la grand-mère défunte ou l'annonce d'un voyage imminent. La justification que l'on donne en prétendant que le monde des esprits ne pouvait pas communiquer plus à la pauvre raison des hommes que celle-ci n'est capable d'en recevoir, est tout aussi absurde, une hypothèse auxiliaire du système paranoïaque : le lumen naturelle est tout de même allé plus loin qu'un voyage chez la grand-mère et si les esprits ne veulent pas en prendre note, ils ne sont que des lutins mal élevés qu'il vaut mieux cesser de fréquenter. Le contenu platement naturel du message surnaturel trahit sa fausseté. Tandis que, dans l'au-delà, ils cherchent ce qu'ils ont perdu, ils n'y rencontrent que leur propre nullité. Pour ne pas perdre le contact avec la grise quotidienneté où ils se trouvent parfaitement à leur aise comme réalistes impénitents, le sens auquel ils se délectent est assimilé par eux à tout ce qui n'a pas de sens et qu'ils fuient. La magie douteuse n'est pas différente de l'existence douteuse qu'elle illumine. C'est pourquoi elle rend les choses si faciles aux esprits prosaïques. Des faits qui ne se distinguent d'autres faits que parce qu'ils n'en sont pas, sont appelés à assumer leur rôle dans la quatrième dimension. Leur seule qualité occulte est leur non existence. Ils fournissent une vision du monde aux esprits faibles. Les astrologues et les spirites ont une réponse rapide et brutale pour chaque question, elle ne résout rien en fait, mais par une série d'affirmations crues, elle soustrait chacune à toute solution. Leur domaine ineffable présenté comme le modèle de l'espace a aussi peu besoin d'être pensé que des chaises ou des vases. Voilà qui renforce le conformisme. Rien ne plaît davantage à ce qui existe que le fait qu'exister doit avoir un sens. 


Theodore W. Adorno, « Minima Moralia ». 




Minima Moralia


Minima Moralia est, selon Habermas, un chef-d’œuvre. Entre les moralistes français, Marx et les romantiques allemands, Adorno entreprend, à travers de courts chapitres, vignettes, instantanés, une vaste critique de la société moderne, pourchassant, au plus intime de l’existence individuelle, les puissances objectives qui déterminent et oppriment celle-ci. 
Ce livre, qu’il convient d’étudier comme une somme, est à accueillir comme un art d’écrire, à méditer comme un art de penser et à pratiquer comme un art de vivre. Mieux : un art de résister.


Theodore W. Adorno (allemand, 1903-1969) Musicien de formation, sociologue et musicologue, philosophe juif chassé par le nazisme et réfugié aux États-Unis, membre de l'École de Francfort. Penseur antifasciste soucieux de réfléchir aux conditions d'une révolution sociale qui fasse l'économie de la violence.

Photo : "Les paroles des oracles en transe jouent depuis longtemps un rôle crucial dans la politique tibétaine et cela continue aujourd'hui encore à Dharamsala. De fait, ces oracles jouissent d'une telle vénération que Néchung, l'oracle d'état, occupe aujourd'hui le rang de ministre adjoint du gouvernement tibétain en exil."  
Une Grande Imposture, p. 103.

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