jeudi, février 03, 2011

Santo Daime




Les nouvelles sectes hallucinogènes


Dans ce dossier, Undercover restitue les points de vue opposés sur le mouvement brésilien Santo Daime qui s’implante en Europe et qui utilise une drogue comme base de son rite « religieux ». Les drogues favorisent un contact avec le monde inférieur, et les états et les visions qu’on en retire sont de l’ordre de l’illusion des « spiritualités astrales ». 


1 – La propagande 


Originaire de l’Amazonie occidentale, ce culte est un syncrétisme associant christianisme et chamanisme. Lors des rituels, les participants ingèrent un breuvage connu sous les noms d'Ayahuasca, Santo Daime ou Yagé. Il s'agit d'une décoction de deux végétaux, Banestiriopsis Caapi et Psychotria Viridis, utilisées à des fins magico-spirituelles dans le bassin amazonien depuis au moins trois mille ans. Cette religion du Santo Daime est officiellement reconnue au Brésil depuis 1992, après une étude diligentée par le Bureau Fédéral des Narcotiques et le Ministère de la Santé Publique. Le rapport de ces deux organismes, a conclu à l’innocuité des principes psycho-actifs contenus dans le breuvage et à l’impact positif de ce culte sur l’intégration sociale de ses membres. ( ? ? ?)


Au cours de la dernière décennie ce culte a connu une forte expansion et a quitté la forêt amazonienne pour gagner les États-Unis, le Japon et l’Europe, dont la France.


En Europe une dizaine de personnes font l’objet de poursuites judiciaires pour avoir consommé de l’ayahuasca à l’occasion de cérémonies célébrées dans le cadre du culte du Santo Daime CEFLURIS.


Aujourd’hui en France, six personnes sont inculpées de trafic de drogue, d’association de malfaiteurs et d’escroquerie pour avoir organisé des cérémonies où la boisson sacrée est consommée dans un contexte religieux. Elles encourent de lourdes peines pouvant aller jusqu’à plusieurs années d’incarcération.


Note officielle de l'Eglise du Santo Daime


Face au récents événements survenus dans certains pays d'Europe et aux État-Unis, entraînant des mesures de restriction à l'usage rituel de notre boisson sacramentelle appelée SANTO DAIME et/ou AYAHUASCA, notre "Igreja do Culto Ecléctico da Fluente Luz Universal (CEFLURIS)" - Église du Culte Eclectique du Flux de Lumière Universelle exprime publiquement par cette note officielle sa certitude qu'une solution équitable sera trouvée pour le cas en question, et profite également de l'occasion pour rappeler certains points qui sont à la base de notre position.


L'usage rituel de notre boisson sacramentelle appelée AYAHUASCA est une pratique légale dans notre pays. L'usage de cette boisson psychoactive, élaborée à partir de deux plantes originaires de l'Amazonie à des fins rituelles, trouve son origine dans les traditions ancestrales des peuples d'Amériques du Sud. Elle est utilisée lors de cérémonies religieuses, de pratiques chamaniques et thérapeutiques depuis des milliers d'années. Cela démontre que l'utilisation religieuse des entéogènes a été une pratique naturelle très répandue depuis l'aube de l'humanité, et qu'elle a contribué à générer des sociétés hautement développées et stables. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut comprendre les temples mégalithiques dédiés aux champignons sacrés en Anatolie, la célébration ininterrompue des mystères d'Eleusis pendant 1400 ans, ou le culte du Soma, boisson sacrée des anciens voyants rishis, dont les visions extatiques ont été à l'origine des trésors de sagesse védiques.


Dans le nouveau monde, un grand nombre de ces cultures entéogènes sont tombées, il n'y a pas très longtemps, sous le joug de la conquête coloniale européenne et de la christianisation forcée des populations autochtones, ce qui a constitué un véritable ethnocide. Mais certaines traditions ont su se préserver et se renouveler. L'une d'elles est la Doctrine du Santo Daime, dont le fondateur est Raimundo Irineu Serra, un humble "seringueiro" qui au début de ce siècle vivait en contact avec des indiens au cœur de la forêt amazonienne, où il reçut une révélation de la Vierge Marie, sous la forme de la Rainha da Floresta (Reine de la forêt). Elle lui révéla le si beau rituel de chants et de danses au moyen desquels nous continuons à louer encore de nos jours Dieu, les êtres divins, le soleil, la lune, les étoiles et les forces de la Nature dans nos travaux.


Mestre Irineu à réuni autour de lui des personnes de croyances et de conditions sociales extrêmement différentes pour réussir, sans la moindre trace de revanchisme, une prouesse significative qui permettait de préserver le sacrement des peuples asservis tout en le réconciliant avec la foi chrétienne, au nom de laquelle furent commis les excès et les crimes de la colonisation. Cela montre le contenu d'amour et de paix de notre message spirituel. C'est pour cette raison qu'il s'agit d'un message universel, valable pour tous les peuples de la terre. Il faut analyser, sans préjugés et en se servant d'une approche multidisciplinaire, si le sacrement eucharistique de notre messe est une boisson psychoactive. D'après notre expérience, l'emploi de notre boisson sacramentelle dans le contexte spirituel approprié qui est le sien, loin d'être une expérience dissociative pour le mental et nocive pour la santé de l'individu ou de la société, représente au contraire une expansion de conscience bénéfique, de même nature que l'expérience mystique la plus authentique. Depuis plus de trois générations, des milliers de personnes peuvent témoigner de ce fait dans notre pays. 


C'est en tenant compte de ces faits qu'après de nombreuses études, les autorités brésiliennes ont autorisé l'emploi rituel de notre boisson. C'est une grave injustice de le confondre avec l'usage et le trafic de drogues. Nul doute, l'industrie du Vice et de la Drogue constitue l'une des grandes plaies de notre civilisation contemporaine. Il s'agit là d'un mal qui provient des profondeurs de notre civilisation et qui révèle que quelque chose à mal tourné. Cela fait partie de la crise spirituelle que traverse l'humanité à l'aube du  Troisième Millénaire. L'emploi rituel des plantes entéogènes n'est nullement responsable de cela :  au contraire, il peut encore de nos jours nous aider à retrouver le sens cosmique et transcendantal de notre existence. (note : les fumeurs de haschisch disent la même chose)


Notre sacrement, le SANTO DAIME ou AYAHUASCA, n'est pas une drogue et les raisons pour lesquelles nous le prenons ne constituent pas une forme de dépendance. Ce qui nous amène à communier rituellement par son intermédiaire est une aspiration noble et juste d'élévation spirituelle. Il s'agit donc d'un droit de liberté de culte, d'un droit inaliénable pour tout être humain : choisir une pratique religieuse lui permettant d'avoir une compréhension spirituelle de la saga humaine sur cette planète. Nous ne saurions nullement avoir honte de notre Chemin, que nous considérons être un trésor spirituel et culturel pour l'humanité, digne d'être préservé pour le bénéfice des générations à venir.


Par l'intermédiaire de nos avocats, nous laissons à la justice la lourde responsabilité de décider dans quels cas un état de conscience - même lorsqu'il est induit par certaines "techniques archaïques d'extase" - peut être considéré  comme une expérience spirituelle légitime et dans quels cas il sera considéré comme un stigmate social ou même un crime. La meilleure manière d'en décider ne réside pas uniquement dans une interprétation bureaucratique de la Loi, mais également dans la sensibilité et la chaleur humaine capable d'élargir l’Esprit des lois, chaque fois que la froideur des mots figés ne permet pas de tenir compte de la multiplicité des aspirations humaines et des phénomènes sociaux.


 Cela étant dit, nous serons toujours disposés à dialoguer avec les autorités, confiants dans le fait que lorsque notre droit de croyance, et donc celui de communier avec notre sacrement, seront assurés, nous saurons être à la hauteur du défi pour réglementer son usage, avec les réserves et les principes éthiques requis pour le bon fonctionnement de notre Église.


2 – LA CONTROVERSE


Le SANTO DAIME est un phénomène typiquement brésilien qui, comme d'autres produits de même origine - samba, bossa nova, cachaza - s'exporte vers d'autres pays et, à la différence de ces derniers, constitue un danger pour l'intégrité physique, psychologique et sociale des personnes qui, dans la plupart des cas, sont sérieusement éprouvées en raison de leur manque de connaissance du sujet et se trouvent séduites par le puissant appel que ces groupes exercent. 


Informations préliminaires


Il s'agit de sectes qui, outre tous les mécanismes habituels dans ces cas (réinterprétation de textes sacrés, comme la Bible, la doctrine spirite, théosophie, etc.), utilisent une boisson originaire de la flore amazonienne, l'ayahuasca, au puissant effet altérateur de la conscience. Sous cette forme, l'emprise est double: les personnes s'aveuglent avec la possibilité, d'une part, d'avoir trouvé une vieille pratique chamanique qui les protégerait de la souffrance et de la maladie en faisant usage d'une substance hallucinogène à la pratique légale, et, d'autre part, de faire partie d'une fraternité où le mal serait éradiqué. 


Origines


L'existence des guérisseurs, sorciers ou chamans parmi les peuples amazoniens est une tradition qui se perd dans le temps. Pour ces peuples, il y aurait des plantes de pouvoir et des plantes de savoir, qui utilisées de façon sacrée par les chamans, permettent de comprendre la cause des maux et ainsi de les mettre en déroute. 


Parmi les plantes de  pouvoir, l’une des plus puissantes est l'ayahuasca, mélange de décoction d'une liane, (banisteropis caapi) et d'une feuille (psycotria viridis). Les alcaloïdes produits par cette union sont connus comme DMT (N-dimétiltriptamine). Ainsi, il y a pour le moins trois mille ans, les peuples de l'Amazonie développèrent des rituels avec l'objectif de résoudre leurs problèmes et de maintenir leurs traditions actives. 


Dans la décennie des années quarante, un mouvement commandé par le Maréchal Rondon, au Brésil, demanda des volontaires de tous les états pour prendre position dans les régions amazoniennes inexplorées.


Parmi tant d'autres, arrivèrent à ce qui aujourd'hui se dénomme " Etat d'Acre ", à la frontière de l'Amazonie péruvienne, provenant de Saint Louis de Maranhao, Irénée Serra, fils d'une " mae de santo ", et Gabriel da Siva, originaire de Bahia.


Sans se connaître, tous deux firent connaissance avec la tradition " végétaliste " auprès des guérisseurs locaux et, sous les effets de la plante, reçurent la mission divine de transmettre la doctrine chrétienne, intégrée aux croyances locales, avec l'aide de l’Ayahuasca.


Irénée Serra reçoit l'instruction de dénommer la boisson Santo Daime qui est l'impératif du verbe "dar " (donner) : « donne moi la lumière, donne-moi l'amour, donne-moi la justice, donne-moi le pardon ».
Il fonde un groupe religieux qu'il appelle CEFLU - Culte Eclectique du Flux de Lumière Universelle - où il développe des rites avec des éléments du candombe, du spiritisme, de l'umbanda et du catholicisme. Dans certains de ces rituels les personnes dansent et chantent au son d'hymnes religieux durant toute la nuit. 


Dans des conditions semblables, Gabriel Da Silva fonde l'Union Végétale, où se mêlent aux éléments catholiques, des gestes et symboles de la franc-maçonnerie. 


Dans les années soixante-dix, de nombreux hippies, désenchantés - " le rêve est fini " - sac au dos et emplis du rêve de trouver un monde meilleur, se dirigent vers Acre et Rondonie à la recherche de la mystérieuse boisson qui fournirait un trip légal. Naît ainsi l'inévitable choc des cultures. Ce qui était déjà une acculturation de la tradition végétaliste tend à devenir une course effrénée pour s'approprier la substance et la disséminer dans les  villes. 


Au début des années quatre-vingt, commencent à apparaître à Rio de Janeiro, San Paolo, Brasilia, Bello Horizonte, entre autres, de petits noyaux, propageant la nouvelle pratique et séduisant des personnalités du monde du spectacle et de la politique, des thérapeutes, les professions libérales et la faune la plus variée de désaxés sociaux. 
La même vague crée un enthousiasme tout puissant, et une course entre les divers groupes commence pour exporter la boisson et la pratique par delà les frontières brésiliennes. 


Actuellement


Selon les chiffres fournis par les organisations elles-mêmes, il y aurait au Brésil sept mille adeptes de l'Union Végétale et cinq mille de Santo Daime. Ainsi, l'ayahuasca, sous le nom de Santo Daime ou Union végétale, est exportée vers les Etats-Unis, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, la Suède, l'Argentine, le Japon, l'Italie, etc.


Les conséquences ne tardent pas à apparaître : les effets de dissolution des structures de la conscience produits par la boisson en plus de la coercition psychologique, donnèrent lieu à des suicides, à des débuts psychotiques et/ou schizophréniques, des tragédies familiales, des disparitions, etc.
Une caractéristique de ce phénomène est que autour du Daime se rassemblent les plus libéraux, des personnes des mouvements alternatifs et du new age, tandis que vers le Végétal  convergent des membres du pouvoir : juges, politiciens, autorités et cadres, lesquels se réunissent une fois par semaine pour halluciner ensemble. Ce doit être un cas unique au monde ! Et, en même temps, se forme une sorte de peloton de choc, qui fait en sorte que toute plainte ou procès judiciaire contre les sectes de l'ayahuasca se perde dans les instances des tribunaux.




Alicia Diana Castilla, ex-adepte, a écrit :
 Santo Daime, fanatisme et lavage de cerveau. Editoria Imago


Undercover n° 10

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