jeudi, avril 28, 2011

La réalisation du grand transfert





La réalisation du grand transfert ou du corps de lumière est l'étape ultime du Dzogchen. Le corps de lumière constitue le fruit particulier de la pratique du Franchissement du Pic (thod-rgal).

Shardza Tashi Gyaltsen (1859-1935) enseignait le Dzogchen de la tradition du Zhang Zhung. Dans l'année du chien de bois, alors qu'il était âgé de soixante-seize ans, Kelzang Yungdrung, l'un de ses disciples, priait pour bénir des médicaments quand Shardza lui dit qu'il devait terminer avant le quatrième mois, car, après, ils ne se rencontrerait plus. Au deuxième jour du quatrième mois, Shardza reçut les médicaments bénis, et une fois la prière terminée, dit : « Je dois maintenant me rendre dans des endroits retirés ». Il alla alors s'installer dans un lieu appelé Rabzhi Teng, et y construisit une petite tente.[...]

Le treizième jour du quatrième mois, il fit une offrande de ganapûja selon le Tsewang Bö Yulma (tshe dbang bad yul ma), et chanta de nombreux enseignements. Puis il donna l'ordre à ses disciples de coudre la tente de sorte qu'elle soit complètement fermée, et de ne pas 1'ouvrir avant plusieurs jours. Il entra dans la tente, dit quelques prières, souhaita « bonne chance! » à ceux qui étaient là, et s'assit, à l'intérieur, dans la posture en cinq points.

Le lendemain, ses disciples virent de nombreux arcs-en-ciel au-dessus de sa tente : des grands, des très petits, des ronds, des droits, des horizontaux, des verticaux, tous très colorés. La nuit, en particulier, tout le monde pouvait voir briller des lumières blanches, étirées comme de longues écharpes. Le quatrième jour, il y eut un tremblement de terre, des sons étranges et très bruyants et des pluies de fleurs. De nombreuses lumières de différentes couleurs - monochromes ou quinticolores - sortirent, comme de la vapeur, à travers les orifices de la tente. Tsultrim Wangchug, un de ses étudiants, dit: « Si nous laissons le corps plus longtemps il n'en restera rien et nous n'aurons pas les reliques pour notre culte. » Il ouvrit donc la tente et se prosterna. Le corps de Shardza réduit à la taille d'un enfant d'un an, tout auréolé de lumière, lévitait d'une coudée au-dessus du matelas. Entrant dans la tente, le disciple vit que les ongles, détachés des doigts, s'étaient répandus sur le matelas. Lorsqu'il toucha le corps, le cœur était encore chaud. Il recouvrit le corps d'un tissu, le garda pendant quarante-neuf jours, puis fit une pûja des mille noms des Bouddhas, de nombreuses ganapûjas et toutes sortes d'offrandes. Lorsqu'ensuite les visiteurs virent le corps et le touchèrent, ils éprouvèrent tous des sensations très particulières. Tout le monde vit, chaque jour, des lumières, des arcs-en-ciel, et des pluies de fleurs. Les gens de la région vinrent voir le corps et il naquit chez eux une dévotion et ils eurent foi en Shardza. […]

Un des principaux disciples de Shardza Tashi Gyaltsen s'appelait Tsewang Gyurme (tse dbang 'gyur med). Il mourut entre 1969 et 1970 dans une geôle chinoise. Cela se passa au Nyarong, dans le Kham ; on ne sait pas ce qu'il advint de lui. Quatre jeunes moines vinrent du Khyungpo pour le voir avant son arrestation, et ils en reçurent tous les enseignements Dzogchen, y compris toutes les œuvres de Shardza et toutes les initiations. Ils y demeurèrent très longtemps. Ces moines se nommaient Tsultrim Tarchen (tshul khrims thar phyin), Tsewang Dechen N yingpo (tshe dbang de chen snying po), Tsupu Özer (gtsud phud 'od zer) et Sonam Kelsang (bso nams skal sangs).

Ils restèrent avec lui pendant neuf ans, mais, en 1958-1959, quand les Chinois commencèrent à gouverner le Tibet directement, ils repartirent au Khyungpo. Le premier moine, Tsultrim, fut porté disparu dans le chaos de 1969. Le second, Tsewang, fut caché par des villageois durant la Révolution Culturelle de 1969-1970, mais n'étant pas en bonne santé il mourut à cette époque. Pendant dix jours son corps rétrécit, ensuite on le cacha dans une cuvette ; il était réduit à la taille d'une assiette de dix pouces.

Cette dissimulation avait représenté un danger considérable pour les villageois, mais, plus tard en 1984, ils purent le montrer, car, à cette période, les Chinois avaient levé les restrictions concernant la pratique religieuse. Le troisième disciple, Tsupu Özer, mourut en 1983. Au bout de sept jours, son corps avait également rétréci à une petite taille puis il cessa de diminuer, et son corps fut conservé pendant deux mois aux côtés de celui de Tsewang.

Puis ces deux corps furent incinérés ensemble, lors d'une grande cérémonie. Deux moines, Yeshe Ozer (ye shes 'od zer) et Sangye Monlam (sangs rgyas smon lam), qui vivent à Kathmandu avec Lopön Tenzin Namdak, assistèrent à ces crémations.

Au moins dix mille personnes vinrent participer à la cérémonie; Yeshe vit les deux corps de très près ; ils étaient presque nus, assis en posture du lotus. Les corps étaient très légers, parfaits mais de petite taille, toutes les parties de chaque corps ayant rétréci proportionnellement. Ces deux moines étaient dans le village où et quand Tsupu Özer mourut, et ils furent témoins de beaucoup d'autres manifestations inhabituelles, telles que des arcs-en-ciel s'étalant à ras de terre, malgré un ciel dégagé. Ce fut d'autant plus surprenant que Tsupu Ozer n'était pas considéré comme un grand pratiquant, parce qu'il était porté sur le chang (boisson alcoolisée) !

Un autre disciple de Shardza appelé Tsondru Rinpoche (brtson 'grus rin po che) en 1985 dans le centre Bönpo de Dolanji. Tous ceux qui y habitaient ont vu des arcs-en-ciel, droits ou courbes, certains blancs, d'autres quinticolores. À sa mort, ils sont apparus dans un ciel sans nuage. Même quand la nuit tombait, des arcs-en-ciel blancs luisaient dans le ciel. Beaucoup de gens ont vu cela à. Dolanji. Après son incinération, ils furent nombreux à rechercher des reliques dans les cendres. Les moines en charge de la crémation ont trouvé beaucoup de grosses « pilules-reliques » ; d'autres, aperçues tandis qu'on cherchait à les prélever, disparaissaient au moment où on les saisissait. Les « pilules » sont conservées par l'Abbé de Dolanji. »

Les Sphères du Cœur.


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Illustration :
Franchissement du Pic, fresque du Lukhang.

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