jeudi, juillet 28, 2011

La civilisation





Au nom de la civilisation et d'une idéologie identitaire, des personnes font l'apologie de la tuerie de masse perpétrée par Breivik. Le frontiste Jacques Coutela a dit tout haut ce que certains « civilisés » pensent tout bas. Pour Coutela et les gens de son espèce, le tueur norvégien est « le premier défenseur de l'Occident », un « Charles Martel 2 », un « résistant ». « La raison de l'action terroriste du nationaliste norvégien : combattre l'invasion musulmane, voilà ce que l'on vous cache ». (source : le blog de Coutela)

L'épuration ethnique a resurgi en Europe durant les guerres de Yougoslavie (1991-2001). A l'époque, dans l'Hérault où je vivais, il n'était pas rare d'entendre des opinions en faveur des « Serbes nationalistes confrontés à la présence de l'islam ». Des barbares étaient devenus des « défenseurs de la civilisation ».

Quand on parle de « civilisation », on attache généralement à cette notion une intention qualitative ; or la civilisation ne représente une valeur qu’à condition d’être d’origine supra-humaine et d’impliquer, pour le « civilisé », le sens du sacré : n’est réellement civilisé qu’un peuple qui possède ce sens et qui en vit. Si l’on nous objecte que cette réserve ne tient pas compte de toute la signification du mot et qu’un monde « civilisé » sans religion est concevable, nous répondrons que dans ce cas la « civilisation » devient indifférente, ou plutôt - puisqu’il n’y a pas de choix légitime entre le sacré et autre chose - qu’elle est la plus fallacieuse des aberrations. Le sens du sacré est fondamental pour toute civilisation parce qu’il est fondamental pour l’homme ; le sacré – L’immuable et l’inviolable, donc l’infiniment majestueux - est dans la substance même de notre esprit et de notre existence. Le monde est malheureux parce que les hommes vivent au-dessous d’eux-mêmes ; l’erreur des modernes, c’est de vouloir réformer le monde sans vouloir ni pouvoir réformer l’homme ; et cette contradiction flagrante, cette tentative de faire un monde meilleur sur la base d’une humanité pire, ne peut aboutir qu’à l’abolition même de l’humanité et par conséquent aussi du bonheur. Réformer l’homme, c’est le relier au Ciel, rétablir le lien rompu ; c’est l’arracher au règne de la passion, au culte de la matière, de la quantité et de la ruse, et le réintégrer dans le monde de l’esprit et de la sérénité, nous dirions même : dans le monde de la raison suffisante.

Dans cet ordre d’idées, - et puisqu’il se trouve des soi-disant musulmans qui n’hésitent pas à qualifier l’Islam de « pré-civilisation », - il faut distinguer entre la « déchéance », la « décadence », la « dégénérescence » et la « déviation » : toute l’humanité est « déchue » par suite de la perte d’Éden et aussi, plus particulièrement, du fait qu’elle est engagée dans l’ « âge de fer » ; certaines civilisations sont « décadentes », tels la plupart des mondes traditionnels de l’Orient à l’époque de l'expansion occidentale (1) ; un grand nombre de tribus barbares sont « dégénérées », suivant le degré même de leur barbarie ; la civilisation moderne, elle, est « déviée », et cette déviation elle-même se combine de plus en plus avec une réelle décadence, tangible notamment dans la littérature et dans l’art. Nous parlerions volontiers de « post-civilisation », pour répondre au qualitatif que nous avons mentionné quelques lignes plus haut.

Frithjof Schuon, « Comprendre l'Islam »


1) Ce n‘est toutefois pas cette décadence qui les rendait « colonisables », mais au contraire leur caractère normal, qui excluait le « progrès technique » ; le Japon, qui n’était guère décadent, ne résista pas mieux que d'autres pays au premier assaut des armes occidentales. Hâtons-nous d’ajouter que de nos jours, l'ancienne opposition Occident-Orient ne s’accuse presque plus nulle part sur le plan politique, ou qu’elle s’accuse à l'intérieur même des nations ; au-dehors, ce ne sont plus que des variantes de l'esprit moderne qui s’opposent les unes aux autres. (Schuon)


Comprendre l'Islam

Avant-propos

Comme l’indique le titre même du présent livre, notre intention est moins de décrire l‘Islam que d’expliquer pourquoi les musulmans y croient, s’il est permis de s’exprimer ainsi ; les pages qui vont suivre présupposent par conséquent chez le lecteur certaines notions élémentaires de la religion islamique, qu’il trouvera sans peine dans d’autres ouvrages.

Ce que nous avons en vue, dans ce livre comme dans les précédents, c’est en fin de compte la scientia sacra ou la philosophia perennisla gnose universelle qui a toujours été et qui sera toujours. Peu de discours sont aussi ingrats que les complaintes conventionnelles sur les « recherches » jamais satisfaites de l’« esprit humain » ; en réalité, tout a déjà été dit, mais il s’en faut de beaucoup que tout ait toujours été compris par tout le monde. Il ne saurait donc être question de présenter des « vérités nouvelles » ; en revanche, ce qui s’impose à notre époque et même à toute époque s’éloignant des origines, c'est de fournir à quelques-uns des clefs renouvelées - plus différenciées et plus réflexives que les anciennes mais non meilleures - pour les aider à redécouvrir des vérités qui sont inscrites, d’une écriture éternelle, dans la substance même de l ’esprit.

Pas plus que dans nos précédents ouvrages, nous ne nous sommes astreint dans ce livre à un programme exclusif ; on trouvera donc dans les pages qui vont suivre un certain nombre de digressions qui semblent sortir de notre cadre, mais que nous n’en avons pas moins jugées indispensables dans leur contexte. La raison d’être des expressions ou des formes est la vérité, et non inversement. La vérité est à la fois une et infinie, d’où la diversité parfaitement homogène de son langage. [...]



Dessin :

Un choc des cultures au cœur de l'Amérique

En 1987, le professeur de journalisme Stephen Bloom, un libéral typique, a voulu explorer ses racines juives en rejoignant la communauté Hab...