mardi, juin 21, 2022

Le yoga traditionnel





Jean Louis Bernard, auteur spiritualiste, ésotériste réputé et fin connaisseur du yoga des derviches et du tantrisme, propose une définition traditionnelle du yoga et n'hésite pas à déclarer : « Le maître qui se laisse déifier est toujours un faux maître ». Très éloigné du spiritualisme mercantile et racoleur d'aujourd'hui, le texte signale les principaux dangers inhérents à la pratique yogique.

Le yoga, du sanscrit « yuj », joindre – même origine que « joug » – est une ascèse qui vise à créer une union consciente entre le yogi et Dieu, à soumettre ses divers états d'existence (dont le mot) à son esprit. Il se placera en somme sous le joug divin ! Dans l'Inde très antique, le yoga réalisait de hauts états de conscience que l'évolution régressive, valable aussi pour l'Inde, n'autorise plus qu'exceptionnellement. La « matérialisation » de l'humanité a endormi les chakras et stoppé certaines glandes endocrines qui sont des clefs psychosomatiques. En Occident, le yoga ne dépasse pas le niveau d'une éducation physique (la meilleure)

Le yoga s'accompagne d'une introspection : le sujet doit découvrir sa nature profonde, en grande partie inconsciente ; il ne pourra saisir le divin qu'à travers elle, c'est-à-dire d'abord à travers son double. La stagnation du yoga en Occident est à imputer à l'oubli de cette évidence ; on y commet une erreur typiquement occidentale en faisant reposer sur le moi seul toute l'équation psychosomatique et spirituelle. La notion de double, les maîtres hindous l'expriment indirectement par leur notion de « dharma », c'est-à-dire la nature cachée de l'individu, son destin, sa mission éventuelle. Pour dégager en soi le double, porteur du dharma, l'hermétisme oblige le moi à s'effacer – par la pratique de l'a-penser et du mentalisme.

Le maître hindou Shri Aurobindo codifia le yoga millénaire à l'usage des Occidentaux, au sein de son « ashram » (communauté) de Pondichéry. En Occident, maître signifie professeur, celui qui transmet une technique. En Orient, le personnage doit de surcroît posséder des qualifications psychiques : il doit être à même d'aimanter vers lui le transfert des résidus psychiques de son élève ; car toute effervescence de l'âme les multiplie. En cas de non-projection de cette « vase vibratoire », de dangereuses névroses germeront spontanément, sclérosant le psychisme de l'élève – la moins nocive étant la mythomanie. Un maître qualifié « brûlera » ces résidus sur son propre organisme par le jeu de certaines énergies que le yoga aura éveillées et canalisées en lui. Il disposera aussi des vrais diplômes du yoga qui ne sont pas un vain parchemin, mais les pouvoirs paranormaux, au moins l'intuition et la voyance qui l'autoriseront à « voir » l'état réel de son élève. Le maître aidera l'élève à se prendre en main par le mental et à pratiquer les exercices (postures, respiration contrôlée) ; il le poussera vers une autonomie croissante, sachant bien — s'il est honnête ! — que seules comptent sa faculté de transfert et son expérience pratique ; pour le reste, il ne sera que professeur et surveillant. Le vrai maître personnel est le double. Dans l'initiation égyptienne, il n'y avait du reste pas de maître extérieur, corporel, l'initié était formé par son double, en certains cas spéciaux de sommeil, ceux-ci favorisés par l'ambiance d'un temple. Le maître qui se laisse déifier est toujours un faux maître !

Le yoga « implique une réunion, écrit le lama Kazi Dawa Samdup, un couplage de la nature humaine inférieure avec la nature plus élevée ou divine, afin que la supérieure puisse diriger l'inférieure, et cette condition doit être obtenue par le contrôle du processus mental. Tant que le champ de l'esprit est occupé par des formes, pensées ou raisonnements, nés de ce concept faux (qui domine l'humanité) que les phénomènes et les apparences sont réels, il existe un état d'obscurité mentale, appelé ignorance. » Et précisons que le véritable « mental » relève de l'inconscient, non du conscient. En cours de yoga, il y aura lutte de la nature inférieure (composée de plusieurs entités) avec la nature supérieure. Et cette lutte s'intensifiera, dès qu'aura été stimulé le chakra suprême (sommet du crâne) = lien télépathique possible avec le centre-Dieu suprême (que les Égyptiens appelaient Amon). Son activation prématurée risque de perturber le cerveau.

Les vrais problèmes du yoga ne sont ni les difficiles postures, ni la respiration différemment rythmée — double éducation physique qui doit soumettre le corps à l'esprit. Ces vrais problèmes s'étagent comme suit :

Il faut une mentalité mystique, même sans religion précise ! Le mieux, pour l'élève est de construire ou reconstruire lui-même la religion qui correspond à sa nature profonde, mais en fonction de l'expérience du yoga. « Quand un être me cherche dans la sincérité de son cœur, dit le dieu Shiva, je fais que sa religion soit juste ! » Sans une nature mystique, l'être humain n'est que machine. Le yoga n'aboutirait qu'à le mécaniser davantage. Il ne supporterait pas le dynamisme de ses chakras, de celui du cœur notamment. On cite le cas de ce professeur d'éducation physique, recyclé en maître de yoga, qui mourut de crise cardiaque, dès que fut stimulé son chakra du cœur. Il faut apprendre à interpréter ses rêves, non en fonction d'une école à idéologie, mais en découvrant son propre symbolisme. Partir de la méthode de Jung. Il n'y a pas d'autre moyen de se contacter soi-même, c'est-à-dire de pénétrer son inconscient, donc de toucher ses autres états d'existence. Dès que l'élève s'intéresse à ses rêves, la nature de ceux-ci change : son double tendra aussitôt à communiquer avec lui par des « messages » courts, que l'ombre cherchera à intercepter et compliquer. Or, trouver le double c'est trouver le maître !

Il faut pratiquer l'a-penser et le mentalisme en plus des exercices directs. La pensée, devenue outil, sera l'agent de métamorphoses psycho-biologiques touchant jusqu'aux glandes endocrines. Les écoles hindouistes préconisent la fixation mentale sur un symbole ou la concentration sur un chakra (pratique risquée, celui-ci peut « entrer en éruption » à contretemps). Les Tibétains conseillent l'a-penser (le vide mental), valable surtout pour l'homme. Ces exercices mentaux doivent se pratiquer dans la relaxation totale ou avec les postures.

Le rythme de la respiration ne s'improvise pas (danger). Les instructions du maître seront respectées à la lettre. A défaut, on consultera un médecin. De tous nos circuits d'énergie, la respiration est le seul qu'il soit possible de contrôler et conduire ; un autre circuit peut, à la rigueur, être soumis à la volonté, celui de l'énergie érotique. Pour cette raison existent deux types fondamentaux de yoga — le second étant le tantrisme. Yoga signifiant aussi métamorphose, celle-ci ne se fera qu'en prenant appui sur une énergie précise : prâna dans le premier cas, le fluide érotique dans le second. Prâna (en sanscrit = souffle de vie) est une vitalité diffuse, de source solaire, que nous absorbons avec l'air. Miraculeux, prâna peut reconstruire un organe déficient et accélérer la croissance des chakras. Certains maîtres conseillent de retenir l'air inspiré, si les battements du cœur n'en sont pas modifiés. Quelques-uns préconisent le régime « équilatéral », c'est-à-dire un temps pour les trois actes (aspiration, rétention, expiration), ces actes devant être lents. On pourra, par la simple volonté imaginative, concentrer prâna sur l'un ou l'autre point déficient du corps.

Il faut trouver sa posture idéale, celle qui fait oublier le corps sans le déformer et ramène l'être à son seul dynamisme mental et respiratoire. Le mieux est de fréquenter un cours de yoga et d'y profiter des techniques de l'Inde.

Quant au régime alimentaire et sexuel, il donne lieu à controverse. Les excès sont également nocifs. La sagesse recommande de ne pas rompre inconsidérément avec le régime alimentaire de nos ancêtres. L'abstinence totale de viande peut aboutir à une auto-castration quant à l'agressivité, celle-ci étant nécessaire dans la lutte pour la vie. Les vapeurs d'alcool « paralysent » le psychisme (mais un petit verre d'alcool après un bon repas est tout de même recommandé par les Japonais parce qu'il dégage l'esprit que « paralyse » la digestion — comme par homéopathie). Le vin détend le psychisme (les buveurs de vin ne sont jamais fanatiques) ; la bière agissant favorablement sur le teint, agit de même sur le psychisme (à cause d'un rapport existant entre l'un et l'autre). La viande de chasse paraît toxique pour le psychisme — comme si elle contenait la haine et l'effroi de l'animal traqué ! Les pratiquants stricts du yoga abandonnent en général toute viande, sauf le poisson et la volaille ; ils prétendent que la viande « animalise » l'âme... Mais l'ascétisme engendre l'orgueil et l'intolérance. Le mieux est de pratiquer l'alternance en « brisant » de temps en temps son rythme alimentaire. Ne jamais se singulariser à ce propos, au milieu d'amis non pratiquants ! Quant à la chasteté systématique, elle produit des « castrats » ou des hypocrites, sauf exceptions rares ! L'acte sexuel brûle à sa façon les résidus psychiques, dégageant le psychisme ; sur ce point, Freud avait raison. Mais l'abus de la sexualité engendre l'obsession...

Jean Louis Bernard


Jean Louis Bernard
(Livre réédité le 28 avril 2022)

L'occulte, l'insolite et le fantastique sont, depuis le déclin de la philosophie et de la religion, l'unique échappée qui puisse offrir des horizons plus vastes et plus exaltants à l'homme de la rue, anxieux d'échapper au rouage infernal et impitoyable d'une civilisation broyeuse d'âmes.

Depuis dix ans, toute une littérature d'essais fait éclore un nouveau romantisme qui dépasse le plan des sentiments pour atteindre le spirituel. A cette littérature, il manquait un code, c'est-à-dire un dictionnaire. Celui-ci n'a pas la prétention d'être complet. Il n'en représente pas moins un quart de siècle de recherches, d'expérience vécue, de voyages et de contacts avec des chercheurs « en marge ». L'auteur s'est attaché à écarter tout ce qui relève du banal, de la mythomanie ou de l'imposture. Et pourtant, ordonner cet univers mi-surréel était une gageure. Pour venir à bout de cette entreprise énorme, il fallait un esprit véritablement passionné.

Comment se servir de ce dictionnaire ? Le plus simple est encore de l'ouvrir au hasard, d'accrocher un mot et de l'étudier en fonction des associations de mots qu'il suggère et qui sont indiquées. Nous conseillons aussi la lecture par ordre alphabétique. Celui-ci n'est pas vraiment arbitraire : il existe une kabbale des lettres (voir ce mot) qui les agence selon une mathématique pythagoricienne. 

Au lecteur qui désire entreprendre une étude méthodique, nous proposons la démarche suivante : 

- pour l'archéologie fantastique, commencer par le mot Géants ; 

- pour la philosophie occulte, prendre au départ les mots et expressions : Tarot, Sept Lois de Thôt-Hermès ou Symbolique des chiffres.

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Jean-Louis Bernard (1918-1998) est né à Belfort. Etudes à l'Ecole Normale d'Obernai (Alsace). Lyonnais d'adoption, puis fixé à Paris.

- A enseigné en France, Algérie, Maroc, Egypte. S'est passionné tôt pour les sciences de l'homme, celles surtout qui sont devenues marginales depuis l'ère chrétienne et qui renaissent sous la rubrique de l'insolite.

- L'occultisme étant un prolongement pâli de la parapsychologie égyptienne, a étudié à Lyon les hiéroglyphes (faculté, sous la direction de l'égyptologue Daumas).

- Publie "Aux origines de l'Egypte", "Apollonius de Tyane et Jésus", "Histoire secrète de Lyon, etc.

- Initié à Alexandrie au yoga des derviches, dérivé du pythagorisme.

- Voyage en Inde, Mexique, îles Canaries, Crète pour y confronter les civilisations mères et y enquêter sur les continents disparus.

- Vingt-cinq ans de pratique du yoga des derviches et du tantrisme.




Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...