mardi, mars 20, 2012

Faut-il dénazifier la France ?






Dans l'école juive de Toulouse, le tueur a attrapé la fillette par les cheveux pour lui tirer une balle dans la tête. Cette évocation d'une scène de la terrible tragédie du 19 mars rappelle la froide détermination de tous les génocidaires et épurateurs ethniques qui sont animés par la haine d'un peuple ou d'une civilisation.


L'idéologie de la haine de l'autre est exaltée par le populisme nationaliste. En France, la xénophobie est au centre du discours politique de droite. Depuis que le président de la République a repris les délires xénophobes du Front National, les racistes éructent partout, des réseaux sociaux aux bistrots, leur détestation des Roms, des musulmans, des juifs, des noirs, des jaunes, des métèques... Les déclarations de Sarkozy choquent les Américains qui ont affublé notre président du sobriquet méprisant de "Nicolas Le Pen". La xénophobie de Nicolas Le Pen n'est-elle pas aussi mortifère que celle de Breivik ?


L'image de la France est ternie par le populisme de Sarkozy, la famille Le Pen, le Front National. « Le FN est nationaliste et socialiste », dit en souriant Claude Guéant, l'ambigu ministre de l'Intérieur qui avait déclaré « toutes les civilisations ne se valent pas ».


Dominique Reynié, qui étudie la montée du populisme en Europe, redoutait un « passage à l'acte » en France comme il y en a déjà eu en Italie, en Allemagne et en Norvège, dans un climat général qu'il juge « malsain ».

En juillet, un militant islamophobe norvégien de 33 ans, Anders Behring Breivik, a tué 77 personnes. Il se présente comme un "templier" en croisade contre le multiculturalisme.

En décembre, un Italien de 50 ans proche de l'extrême-droite a tué deux vendeurs de rue sénégalais et en a blessé trois autres en plein cœur de Florence. En Allemagne, des néo-nazis sont soupçonnés d'avoir tué huit immigrés turcs et un Grec.
« Quand tout le discours s'enflamme, il y a toujours des risques de favoriser le passage à l'acte », explique Dominique Reynié, même s'il estime que la fusillade de Toulouse relève sans doute plus d'une « forme de folie » que du militantisme. On est dans une pathologie meurtrière liée à des fantasmes sur l'immigration et sur l'antisémitisme, qui sont alimentés un peu par tout le monde », fait-il valoir.

« Entre les grandes controverses sur le multiculturalisme, les sorties délirantes sur le pouvoir de la finance ou l'ennemi sans visage ou « je suis le bruit, la fureur et le fracas », je renvoie tout le monde dos-à-dos », ajoute Dominique Reynié.


Yves Clarisse 





Populismes : la pente fatale

Les partis populistes et xénophobes renaissent ou fleurissent partout en Europe, rencontrant des succès électoraux surprenants et de plus en plus souvent spectaculaires.

En France et en Belgique, les lois sur la burqa sont votées. En Suisse, un référendum contre les minarets est adopté. En Italie, des émeutes anti-immigrés ont lieu... Sur le terreau d'un mécontentement généré par l'épuisement financier du système social, les Européens développent une méfiance à l'égard des réalités multiculturelles auxquelles l'immigration les confronte. L'Europe s'inquiète ! Le discours politique s'empare de ce sinistre climat : le chef du parti travailliste britannique lance le mot d'ordre : " British jobs for British workers ! "

Tour à tour, en Europe, les chefs de gouvernement annoncent l'échec du multiculturalisme. Au fur et à mesure que se déploie la globalisation, les peuples deviennent de plus en plus sensibles aux folles sirènes de la xénophobie. Il faut une réponse politique adéquate à ce puissant phénomène de portée historique et potentiellement dévastateur. Il y a urgence : en 2015, il y aura moins de naissances que de décès.

Et si l'immigration était une chance pour le Vieux Continent ?




Dominique Reynié est professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'opinion publique, la vie politique française et européenne.





Au début des années 1980, Tahar Ben Jelloun écrit :

« La couleur de la peau, le son de la langue, l'odeur d'une cuisine, le bruit d'une fête peuvent déclencher la haine raciale. En tout cas, en France, le racisme militant a tué beaucoup d'Arabes, entre janvier 1970 et janvier 1980 : 68 Arabes tués, une centaine de blessés (chiffres officiels). Beaucoup de cafés et foyers arabes ont été mitraillés ou incendiés, surtout dans le sud de la France. La plupart des meurtres sont restés impunis. Il y eut même des acquittements pour des meurtres avec préméditation (le cas de Gérard Gosset, acquitté par la cour d'assises de Guéret en janvier 1978 ; il avait tué un travailleur algérien). »




***


Au plus profond de la haine : les groupuscules d'extrême-droite


Ceux qui ne reconnaissent aucun suzerain

Les simples contrôles routiers sans aucun motif de suspicion sont-ils une atteinte à la vie privée et au droit de circuler librement, voire ...