mercredi, mars 21, 2012

La pulsion de mort monothéiste





« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »

Le tueur de Toulouse préfèrerait le Coran à "Mein Kampf". Mais Hitler, prophète de la haine raciale, diffère-t-il des prophètes fous de Dieu ?

La possibilité de prélever au choix dans les trois livres du monothéisme aurait pu produire les meilleurs effets : il suffisait de tabler sur l'interdit deutéronomique de tuer transformé en absolu universel sans jamais tolérer une seule exception, de mettre en exergue la théorie évangélique de l'amour du prochain en interdisant tout ce qui contredit cet impératif catégorique, de s'appuyer en tout et pour tout sur la sourate coranique selon laquelle tuer un homme, c'est supprimer l'humanité tout entière, pour que soudainement les religions du Livre soient recommandables, aimables et désirables.

Si les rabbins interdisaient qu'on puisse être juif et massacrer, coloniser, déporter des populations au nom de leur religion ; si les prêtres condamnaient quiconque supprime la vie de son prochain, si le pape, le premier des chrétiens, prenait toujours le parti des victimes, des faibles, des miséreux, des sans-grade, des exclus, des descendants du petit peuple des premiers fidèles du Christ ; si les califes, les imams, les ayatollahs, les mollahs et autres dignitaires musulmans vouaient aux gémonies les furieux du glaive, les tueurs de juifs, les assassins de chrétiens, les empailleurs d'infidèles ; si tous ces représentants de leur Dieu unique sur terre optaient pour la paix, l'amour, la tolérance : d'abord on l'aurait su et vu, ensuite, et alors, on aurait pu soutenir les religions dans leur principe, puis se contenter de condamner l'usage qu'en font les mauvais, les méchants. Au lieu de tout cela, ils pratiquent à l'inverse, choisissent le pire et, sauf rarissimes exceptions ponctuelles, singulières et personnelles, ils appuient toujours dans l'histoire les chefs de guerre, les sabreurs, les militaires, les guerriers, les violeurs, les pillards, les criminels de guerre, les tortionnaires, les génocidaires, les dictateurs — sauf les communistes... —, la lie de l'humanité.

Car le monothéisme tient pour la pulsion de mort, il aime la mort, il chérit la mort, il jouit de la mort, il est fasciné par elle. Il la donne, la distribue massivement, il en menace, il passe à l'acte : de l'épée sanguinolente des juifs exterminant les Cananéens à l'usage d'avions de ligne comme de bombes volantes à New York, en passant par le largage de charges atomiques à Hiroshima et Nagasaki, tout se fait au nom de Dieu, béni par lui, mais surtout béni par ceux qui s'en réclament.

Aujourd'hui, le grand rabbinat de Jérusalem fustige le terroriste palestinien bardé d'explosifs dans la rue de Jaffa, mais fait silence sur l'assassinat des habitants d'un quartier de Cisjordanie détruit par les missiles de Tsahal ; le pape conspue la pilule rendue responsable du plus grand des génocides de tous les temps, mais défend activement le massacre de centaines de milliers de Tutsis par les Hutus catholiques du Rwanda ; les plus hautes instances de l'islam mondial dénoncent les crimes du colonialisme, de l'humiliation et de l'exploitation que le monde occidental leur (a) fait subir, mais se réjouissent d'un djihad planétaire mené sous les auspices d'Al-Qaïda. Fascinations pour la mort des goys, des mécréants et des infidèles — les trois considérant d'ailleurs l'athée comme leur seul ennemi commun !

Les indignations monothéistes sont sélectives : l'esprit de corps fonctionne à plein. Les juifs disposent de leur Alliance, les chrétiens de leur Église, les musulmans de leur Oumma. Ces trois temps échappent à la Loi et bénéficient d'une extraterritorialité ontologique et métaphysique. Entre membres de la même communauté, tout se défend et justifie. Un juif — Ariel Sharon — peut (faire) exterminer un Palestinien — le peu défendable Cheikh Hiacine... —, il n'offense pas Yahvé, car le meurtre s'effectue en son nom ; un chrétien — Pie XII — a le droit de justifier un génocidaire qui massacre des juifs — Eichmann exfiltré d'Europe grâce au Vatican —, il ne fâche pas son Seigneur, car le génocide venge le déicide attribué au peuple juif ; un musulman — le mollah Omar — peut (faire) pendre des femmes accusées d'adultère, il plaît à Allah, car le gibet se dresse en son Nom... Derrière toutes ces abominations, des versets de la Torah, des passages des Évangiles, des sourates du Coran qui légitiment, justifient et bénissent...

Dès que la religion produit des effets publics et politiques, elle augmente considérablement son pouvoir de nuisance. Quand on s'appuie sur un prélèvement dans tel ou tel des trois livres pour expliquer le bien-fondé et la légitimité du crime perpétré, le forfait devient inattaquable : peut-on aller contre la parole révélée, le dit de Dieu, l'invite divine ? Car Dieu ne parle pas — sauf au peuple juif et quelques illuminés auxquels il envoie parfois un messager, une vierge par exemple —, mais le clergé le fait parler d'abondance. Quand un homme d’Église s'exprime, qu'il cite les morceaux de son livre, s'y opposer revient à dire non à Dieu en personne. Qui dispose d'assez de force morale et de conviction pour refuser la parole (d'un homme) de Dieu ? Toute théocratie rend impossible la démocratie. Mieux : un soupçon de théocratie empêche l'être même de la démocratie.

Michel Onfray


Vidéo : "A l'extrême droite du Père" :


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