Selon
les critères de l'UNADFI, Union Nationale des Associations de
Défense des Familles et des Individus Victimes de Sectes, ma
pratique du végétarisme et du jeûne thérapeutique me classe parmi
les sectateurs soumis à un gourou ou à un mouvement néo-spiritualiste. Or rien n'est plus faux, je défends une libre
pensée spirituelle qui permet de s'affranchir du sectarisme et du
dogmatisme religieux.
Lui
aussi végétarien et adepte des médecines douces, Jean-Marc
Governatori dérange d'autant plus que son projet politique est fondé
sur une approche totalement libérée des vieilles idéologies de
gauche et de droite.
« Le
principal est de s'organiser collectivement, dit Governatori, pour
faire naître une sobriété heureuse. Mais cette dynamique globale
doit aussi s'inscrire dans les vies de chacun. Et j'admets que cela
n'est pas si facile car il faut accepter de perdre ou de s'éloigner
d'un certain nombre d'habitudes. Cette transformation personnelle,
qui est nécessaire, donne, au début, l'impression de se jeter par
la fenêtre sans parachute. C'est pourquoi le système diffuse dans
la société un sentiment de peur. La peur, je le pense profondément,
est le principal obstacle au changement ; et le système ne veut pas
du changement. Il est vrai que face à la crise du pouvoir d'achat,
face à la crise sociale et écologique, le changement de cap
provoquera de vraies mutations dans nos vies quotidiennes, nos façons
de travailler, de consommer et de dépenser, dans nos relations
sociales... Il y aura un prix à payer, par exemple, en termes de
salaire, ou d'objets accumulés. Mais ceux qui se prennent en main,
et qui décident de donner à leur quotidien d'autres perspectives
que la consommation, le gaspillage ou la vitesse, retrouvent la vie
et le temps, notamment celui du partage familial et amical. Ces gens
se retrouvent aussi eux-mêmes, dans leur subjectivité. En réalité,
ils gagnent plus en qualité de vie. Les crises dont je parle et les
prises de conscience qu'elles devraient entraîner vont, j'en suis
persuadé, multiplier les initiatives nous permettant de sortir du
monde capitaliste. L'essentiel dans tout cela est qu'il faut se
contenter de peu et du nécessaire, et là, nous avons des chances
d'être heureux. Cette sobriété, cette simplicité de vie sont
également au cœur des grands enseignements spirituels et
philosophiques des sages de tous temps...
Je suis
convaincu, et mon expérience au sein de l'Alliance pour la planète
me le dit, que nous possédons tous la capacité à changer
positivement la situation. Cette alliance, comme le dit son nom, est
un réseau, un pacte qui réunit des dizaines d'associations
écologistes de la société civile. Notre idée est qu'il est
possible de créer un rapport de force en faveur de l'écologie et de
la justice sociale. Il faut prendre conscience de cela. Coluche
disait : « Quand je pense qu'il suffirait qu'on n'achète pas pour
que ça ne se vende pas ! » Il avait tout dit ! C'est exactement ce
qu'il faut faire ! Nous sommes détenteurs d'un pouvoir colossal et
ce pouvoir est collectif. Nous sommes souvent très intelligents
individuellement, mais, la plupart du temps, très bêtes
collectivement. Pourquoi cela ? Parce que nous sommes incapables de
nous comporter de manière sociale, juste et organisée, afin de
résoudre les problèmes que le système marchand cause à la
planète. Parce que ce système essaie de priver les citoyens de leur
liberté, et même de leur santé (on le voit à propos du débat sur
les OGM), c'est à la société civile, c'est-à-dire au pouvoir
collectif dont je parle, de réinventer la démocratie. Sans une
démocratie écologique et sociale, la question du pouvoir d'achat
reste vaine. C'est tout le sens que je donne à la notion d'«
intelligence verte ».
Jean-Marc
Governatori
Photo :
La sobriété heureuse, l'étang des Landes au nord-est de la Creuse (23).