samedi, mai 05, 2012

Vers un monde nouveau





Un village français

En France, de plus en plus souvent, le travailleur étranger est considéré comme un sous-prolétaire méprisable ; réduit au chômage, il est désigné comme l'ennemi intérieur.

Scène vécue ce week-end :

Monsieur est un bourgeois dédaigneux, un français de souche, qui habite à Nouhant en Creuse. Peu habitué à se salir les mains, il est incapable d'ouvrir un vieux portail rouillé. Heureusement, des voisins compatissants, dont un ouvrier péruvien qui intervient avec sa disqueuse et n'hésite pas à sacrifier 2 ou 3 disques pour tronçonner une grosse pièce métallique oxydée, solutionnent le problème. Et bien, au terme de l'opération, le bourgeois ne propose même pas un café. Il considère sans doute qu'un travailleur pauvre et de surcroît étranger se doit de lui offrir temps et outillage.

Dominique Manotti, spécialiste de l'histoire économique, a déclaré sur France Inter : « Marx va revenir à la mode ».

« Il est vrai, écrit Karl Marx, le vieux monde appartient au philistin. Mais nous ne devons pas le traiter en épouvantail dont on se détourne craintivement. Nous devons, au contraire, le regarder bien en face. Ce maître du monde, il vaut la peine de l'étudier.

Maître du monde, il l'est, certes, mais seulement en ce qu'il emplit le monde de sa société, tels les vers emplissant un cadavre. La société de ces messieurs n'a donc besoin que d'un certain nombre d'esclaves, et les propriétaires des esclaves peuvent ne pas être libres. Si, possédant terres et gens, ils sont appelés maîtres au sens éminent du terme, ce n'en sont pas moins des philistins tout comme leurs gens. […]

Le monde des philistins est le monde d'animaux politiques, et si nous sommes obligés d'en reconnaître l'existence, il ne nous reste qu'à donner simplement raison au statu quo. Des siècles barbares l'ont produit et façonné, et il se dresse maintenant devant nous, tel un système cohérent, dont le principe est le monde déshumanisé. »

Vers un monde nouveau

« Les ennemis du philistin, c'est-à-dire tous les hommes qui pensent et tous ceux qui souffrent, sont arrivés à une entente pour laquelle autrefois tous les moyens leur manquaient ; même le système passif de procréation des vieux sujets enrôle chaque jour des recrues pour le service de l'humanité nouvelle. Toutefois, le système de l'industrie et du commerce, de la possession et de l'exploitation des hommes conduit plus rapidement encore que l'accroissement de la population à une rupture au sein de la société actuelle, rupture que l'ancien système est incapable de guérir, ne pouvant rien guérir et rien créer, car il ne fait qu'exister et jouir. L'existence de l'humanité souffrante qui pense, et de l'humanité pensante qui est opprimée, deviendra nécessairement impossible à absorber et à digérer pour le monde animal des philistins qui jouissent passivement et stupidement. C'est notre rôle de mettre complètement à nu l'ancien monde et de donner une forme positive au monde nouveau. Plus les événements laisseront à l'humanité pensante le temps de se recueillir et à l'humanité souffrante le temps de s'unir, et plus parfait naîtra le produit que le présent porte dans son sein.

Ce qui constitue justement l'avantage de la tendance nouvelle, c'est que nous ne voulons pas anticiper le monde dogmatiquement, mais trouver seulement le monde nouveau par la critique du monde ancien [...] Si la construction de l'avenir et l'achèvement pour tous les temps n'est pas notre affaire, nous savons d'autant plus certainement ce que nous avons à réaliser dans le présent : la critique impitoyable de tout l'ordre existant, impitoyable également dans le sens d'une critique qui ne craint ni ses résultats ni les conflits avec les puissances existantes.

Je ne voudrais donc pas que nous arborions un drapeau dogmatique, bien au contraire. Nous devons tâcher d'aider les dogmatiques pour qu'ils comprennent leurs propres thèses. C'est ainsi notamment que le communisme est une abstraction dogmatique. Ce disant, je ne vise pas un communisme quelconque imaginaire et virtuel, mais le communisme réellement existant, tel que le préconisent Cabet, Dezamy, Weitling, etc. Ce communisme n'est lui-même qu'une manifestation particulière du principe humaniste, infectée de son antipode, la propriété privée. Abolition de la propriété privée et communisme ne sont donc nullement identiques, et le communisme a vu naître en face de lui, non pas par hasard, mais par nécessité, d'autres doctrines socialistes telles que celles de Fourier, Proudhon, etc., parce qu'il n'est lui-même qu'une réalisation particulière, unilatérale, du principe socialiste.

Et comme tel le principe socialiste n'est encore qu'un seul aspect, celui qui concerne la réalité du véritable être humain. Nous devons nous occuper tout autant de l'autre aspect, de l'existence théorique de l'homme, donc faire de la religion, de la science, etc., l'objet de notre critique [...].

Rien ne nous empêche de rattacher notre critique à la critique de la politique, et de prendre parti pour une politique, donc de participer à des luttes réelles et de nous identifier à elles. Nous ne nous présentons pas alors au monde en doctrinaires avec un nouveau principe : voici la vérité, agenouillez-vous ! Nous développons pour le monde des principes nouveaux que nous tirons des principes du monde. Nous ne lui disons pas : renonce à tes luttes, ce sont des bêtises, et nous te ferons entendre la vraie devise du combat. Nous ne faisons que montrer au monde pourquoi il lutte en réalité, et la conscience est une chose qu'il doit acquérir, quand même il s'y refuserait.

La réforme de la conscience consiste uniquement à rendre le monde conscient de lui-même, à le sortir de l'état de rêve qui le trompe sur lui-même, à lui expliquer ses propres actions. Tout notre but ne peut consister, comme c'est d'ailleurs le cas dans la critique de la religion de Feuerbach, qu'à donner une forme humaine consciente aux questions religieuses et politiques.

Notre devise sera donc : la réforme de la conscience non par des dogmes, mais par l'analyse de la conscience mystique, obscure à elle-même, qu'elle se manifeste dans la religion ou dans la politique. On verra alors que, depuis longtemps, le monde possède le rêve d'une chose dont il lui manque la conscience pour la posséder réellement. On verra qu'il ne s'agit pas de faire un grand trait entre le passé et l'avenir, mais d'accomplir les idées du passé. On verra enfin que l'humanité ne commence pas une nouvelle œuvre, mais réalise son ancien travail en connaissance de cause.

Nous pouvons, par conséquent, formuler la tendance de notre revue (Les Annales franco-allemandes) en un seul mot : prise de conscience (philosophie critique) de notre époque sur ses luttes et ses aspirations. C'est là une tâche pour le monde et pour nous. Ce ne peut être que l’œuvre de forces réunies. Il s'agit d'une confession, de rien d'autre. Pour se faire absoudre de ses péchés, l'humanité n'a qu'a les reconnaître comme tels. »

Karl Marx

Illustration :
All human beings are born free and equal in dignity and rights.

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