dimanche, octobre 21, 2012

SIAL, mon cancer !




Le Salon international de l'agroalimentaire (SIAL) s'ouvre aujourd'hui à Paris (du 21 au 25 octobre). Il est boycotté par l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) qui ne digère pas une nouvelle taxe sur la bière.

Des scientifiques ont démontré le rôle de l'alimentation dans la genèse de nombreux cancers et de beaucoup de maladies. Ce n'est pas une simple taxe sur la bière qu'il faut imposer aux industriels de l'agroalimentaire, un gouvernement légitime (du peuple par le peuple) leur aurait présenté la facture de toutes les maladies occasionnées par la malbouffe.

Il y a quelques mois, sans doute sous la pression du lobby agroalimentaire, la Commission européenne a proposé de lever partiellement (pour commencer) l'interdiction des farines animales.

Souvenez-vous, les farines animales étaient responsables de la maladie de la vache folle. « Spielberg ou Stephen King n'auraient pas fait mieux, écrit le docteur Frédéric Saldmann. Exercice pratique pour une science-fiction qui tourne au reality show : imaginez un minuscule détail capable de créer une menace qui toucherait tout le monde. Par exemple, tout le monde mange du bœuf. Imaginez une contamination, mortelle pour l'homme, de la viande de bœuf par un agent infectieux virulent. Par exemple, un prion. Faites le lien avec une maladie connue sous un nom savant, Creutzfeld-Jakob. Une maladie horrible, qui transforme notre cerveau en éponge. Une maladie sans traitement ni vaccin. Une maladie que les médecins ne savent même pas détecter avant son apparition. C'est-à-dire avant qu'il ne soit trop tard. Une maladie qui vous condamne à mort sans autre forme de procès.

Évoquez la menace d'un lien probable entre cette maladie et la consommation de viande de bœuf. Entre l'horreur et le quotidien. Racontez alors comment l'homme a rendu les vaches cannibales en les nourrissant de farines animales. Mais, direz-vous, pourquoi rendre ces gentils herbivores complètement carnivores ? Pour une très bonne raison : les protéines des farines animales accroissent la production de lait de la vache. Notre brouteuse d'herbe donnait en moyenne 2 500 kg de lait par an. Elle atteint 5 000 à 7 000 kg de lait par an avec une alimentation complémentée en protéines. Expliquez enfin comment les farines animales sont faites à partir de ce qui reste des carcasses de mouton et de bœuf une fois que le boucher s'est servi. La part de l'équarrisseur qui a trouvé là un moyen judicieux de se rembourser du service qu'il rend gratuitement à la communauté en la débarrassant de ses déchets de boucherie et des animaux morts de vieillesse ou — c'est là où le bât blesse — de maladie. Faites une parenthèse technique pour expliquer que, dans l'idéal, ces farines devraient être chauffées pendant vingt minutes à une température d'au moins 133° C et sous une pression de trois bars, le triple de la pression atmosphérique normale, pour être sûr de les stériliser à fond. Évoquez alors les problèmes de chauffage de nos voisins anglais. Ils ont distribué aux vaches européennes des farines mal chauffées, infectées par les prions de l'ESB, l'encéphalopathie spongiforme bovine, imitation bovine de la tremblante du mouton. Une maladie qui se caractérise par une dégénérescence du système nerveux et que les vétérinaires connaissent depuis deux siècles et demi. Concluez en disant : « C'est ainsi que les vaches sont devenues folles. »

Un trait de génie, ce nom de « vaches folles ». Car, si c'est le bœuf qui nous rendra tous fous, c'est la vache folle qui nous a tous affolés. La brave vache de nos prairies, figure débonnaire et rassurante de notre imaginaire agricole. Celle que nous avons tous gardée ensemble. La vache nourricière qui nous prodigue son lait, nous donne ses veaux, et, un peu plus loin, la viande de bœuf. Car la vache n'est pas un animal d'abattoir. C'est une brave bête que nous n'avons pas besoin de tuer pour obtenir de quoi manger. L'animal écologique par excellence. Et voilà que l'homme l'a rendue malade et folle au risque de devenir malade et fou lui-même. »


Dr Frédéric Saldmann, Les nouveaux risques alimentaires. 









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