dimanche, janvier 13, 2013

Mariage gay & retour de l'Eglise





« De toutes les choses sérieuses, le mariage étant la plus bouffonne... »
Beaumarchais, « Le Mariage de Figaro ».



Le 13 janvier 2013, les opposants au mariage homosexuel (800 000 selon les organisateurs) manifestent dans trois cortèges, un quatrième est emmené par les intégristes de Civitas. Avec cette importante mobilisation, l'Eglise fait son grand retour dans le débat politique. Retour qui ne plaira pas à l'auteur de cette lettre : 

« Mon cher petit frère,

Tu ne peux savoir combien je regrette que tu aies ainsi embrassé la carrière ecclésiastique ! Combien je souffre de t'y voir persévérer, malgré mes conseils, exhortations, malgré mes insultes ! Combien je rougis de honte à la lecture de chacune de tes lettres : tu appelles sur moi la bénédiction de la Vierge, et j'enrage de te voir te vautrer dans la boue catholique, toi qui montrais tant de talents... Un jour peut-être te demandera-t-on des comptes, si j'en crois ces paraboles que tu ne comprends plus à force de les lire.

Voilà ce que je voudrais te montrer aujourd'hui : tu as des yeux et tu ne vois plus. Tu as épousé la cécité, l'impuissance et l'inutilité. Dieu se moque de toi, ne le comprends-tu donc pas ? Avec tes archevêques, tes processions, ton encens, tes paroles rituelles, tes étoles et tes burettes, ton saint-chrême et tes sermons, tu emboîtes le pas d'une cohorte de misérables, d'indécrottables imbéciles dont Dieu se rit.

Oui, j'ai bien échoué avec toi. Je te parle et tu ne m'entends plus. Quelle pitié ! Tu m'échappes et tu te perds.

Je vais te les montrer, toutes ces saintes que tu vénères, ces "bienheureuses" : la Madeleine du Caravage, l'épaule nue, la bouche entrouverte, les yeux révulsés ; celle de Simon Vouet, le sein lumineux, les lèvres en sourire ; la sainte Thérèse du Bernin, lovée dans ses plis de marbre qu'un amour ailé froisse d'une main spirituelle, les paupières mi-closes, la bouche semblant exhaler un souffle de plaisir ; la bienheureuse Ludovica Albertone, du Bernin également, étendue sur son sofa, une main sur le ventre, une autre se pétrissant le sein, et toujours cette tête rétroversée, cette bouche ouverte ; ces multiples extases de sainte Thérèse, celle de Francesco del Cairo, celle de Sébastien Ricci, qu'on dirait une apothéose... Mais tu ne les connais donc pas ? À quoi passes-tu ton temps, dans ton séminaire romain ?

Tu pourrais aussi lire. Tu ne savais pas, j'en suis sûr, que le Christ disait à sainte Marguerite : "Mon cœur est si passionné d'amour pour tous les hommes et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande en toi." Il lui disait aussi, mais tu l'as oublié : "Voilà le lit de mes chastes amours où je te ferai consommer les délices de mon amour." Comme disait Stendhal, pour qui certaine femme pieuse n'avait point de secret, "rien de plus beau qu'une femme qui prie". Mais cela fait belle lurette que tu ne regardes plus les femmes, en prières ou en extase. Tu ne vois plus leurs jambes arpenter la terre. Tu ne sais pas comme c'est beau. Et de l'orgasme, tu ne sais que les visages pâmés des mystiques. [...]

De même qu'il est absurde d'établir une différence entre l'acte sexuel à deux et l'acte sexuel solitaire, il est impossible d'établir une différence de nature entre la jouissance de la mystique et celle de la femme dans le lit de son amant. Ainsi écrit Angèle de Foligno : "En cette connaissance de la croix, il me fut donné un tel feu que, debout près de la croix, je me dépouillai de tous mes vêtements et m'offris toute à lui." Inutile de t'en dire plus...

L'extatique, comme son double noir, la possédée, est habitée par Dieu (la possédée, par le Démon). Là est le point que tu ne dois pas perdre de vue : quelqu'un est en elles. Elles ont été pénétrées. Le but est celui-ci : être prise, jamais prendre. C'est ainsi qu'il y a tant de mystiques femmes. Elles appellent la mort avec impatience, elles appellent Dieu avec le même désir furieux, comme d'autres appellent le membre de l'homme. Et tandis que lui désire pénétrer, percer, autrement dit tuer, elles veulent être pénétrées, percées, tuées. On retrouve ainsi ce mot que je te citais : perdre la tête. On perd la raison, à défaut de la vie. Les extatiques tendent les bras vers le néant, qu'elles appellent de toutes leurs forces. C'est ainsi que se réalise l'union d'amour. »

JACQUES DRILLON, Le Livre des regrets.


Des saints amoureux jusqu'à l'extase :
http://bouddhanar.blogspot.fr/2012/04/des-saints-amoureux-jusqua-lextase.html







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