Quand
de Gaulle était au pouvoir, des curés en soutane animaient le
ciné-club de la paroisse de mon quartier le dimanche. Ils savaient aussi être
sympas le jeudi, jour de patronage paroissial. Les prêtres mettaient
habilement autour du cou des enfants une laisse pour les conduire aux
cours de catéchisme.
Le
catéchisme fut particulièrement instructif surtout quand un jeune
curé, pour m'inculquer le respect de la religion, m'asséna une
gifle inoubliable. L'homme de Dieu m'avait donné une formidable
leçon en matière de fanatisme religieux. Grâce à lui, j'ai appris par la suite que les religions sont capables du pire pour soumette le peuple et
éradiquer les « hérésies ».
Aujourd'hui,
l'étrange démission de Benoît XVI et l'intronisation d'un pape
jésuite, pourraient donner raison à Edmond Paris qui, après avoir
réuni une importante documentation, dévoila le projet totalitaire
des jésuites.
"C’est
en effet une véritable sclérose, écrit Edmond Paris, pour ne pas
dire une nécrose, qui gagne le corps de l’Eglise sous cette
emprise loyolesque. Gardiens vigilants du dogme, dont ils accentuent
encore le caractère suranné par leur « mariologie » et leur «
cordicolisme » aberrants, les Jésuites, maîtres de l’Université
Pontificale Grégorienne, fondée d’ailleurs par Ignace de Loyola,
contrôlent l’enseignement des séminaires, supervisent les
Missions, règnent au Saint-Office, animent l’Action Catholique,
dirigent la presse pieuse en tous pays, patronnent avec dilection les
grands centres de pèlerinages : Lourdes, Lisieux, Fatima, etc. En
bref, ils sont partout, et l’on peut regarder comme significatif
que le Pape, pour servir sa messe, soit nécessairement assisté d’un
Jésuite, de même qu’il a toujours un Jésuite pour confesseur.
En
assurant une concentration toujours plus parfaite du pouvoir entre
les mains du Souverain Pontife, la Compagnie travaille donc en fait
pour elle-même, et le pape, bénéficiaire apparent de la chose,
pourrait reprendre à son compte le mot fameux : « Je suis leur
chef, donc je les suis. » [...]
Vouloir
distinguer, si peu que ce soit, l’action du Saint-Siège de celle
de la Compagnie. Mais celle-ci, charpente osseuse de l’Eglise, tend
à l’ossifier tout entière. Les évêques, depuis longtemps, ne
sont plus que des fonctionnaires, les dociles exécuteurs des
consignes venues de Rome, ou, pour mieux dire, du « Gésù ».
Sans
doute, les disciples de Loyola s’efforcent-ils de masquer aux yeux
des fidèles la rigueur d’un système de plus en plus totalitaire.
La presse catholique, entièrement sous leur contrôle, affecte une
certaine diversité d’inspiration, propre à donner à ses lecteurs
l’illusion de quelque indépendance, d’une ouverture à des idées
« nouvelles » : les Pères Tout-à-Tous pratiquent volontiers ces
tours de gobelets qui ne trompent que les badauds. Mais, derrière
ces amusettes, veille le Jésuite sempiternel, celui — dont un
auteur précité a écrit : « Il a l’intransigeance innée.
Capable de biaiser « par finesse, il n’excelle qu’à s’entêter.
»
De
cet entêtement, et aussi de ces biais insidieux, on trouve
d’excellents exemples dans le patient travail des membres de la
Compagnie pour concilier, vaille que vaille, l’esprit « moderne »
et scientifique, auquel ils se piquent d’être attentifs, avec les
exigences de la « doctrine » en général et, plus
particulièrement, avec ces formes de dévotion passablement
idolâtriques — comme la « mariologie » et la thaumaturgie —
dont ils demeurent les plus zélés propagateurs. […]
Par
vocation spéciale — et nonobstant quelques exceptions honorables,
voire fameuses — ils sont les ennemis jurés de la liberté de
l’esprit : décervelés décerveleurs.
C’est
à la fois leur force, leur faiblesse et leur nocivité. M. André
Mater a fort bien marqué le totalitarisme absolu de leur Ordre, en
écrivant :
«
Par la discipline qui le soude en esprit à tous ses confrères,
chacun deux agit et pense avec la force de trente mille autres. C’est
le fanatisme jésuitique. »
Plus
redoutable de nos jours qu’il ne le fut jamais, ce fanatisme
jésuitique, régnant en maître sur l’Eglise Romaine l’a engagée
profondément dans les compétitions de la politique mondiale, où se
complaît l’esprit militant et militaire qui distingue la
Compagnie. C’est par les soins de celle-ci que la Croix Papale,
alliée à la croix gammée, a livré un assaut mortel au libéralisme
exécré, et tenté de réaliser ce « nouveau moyen âge »
qu’Hitler promettait à l’Europe.
Malgré
les plans mirobolants de von Ledochowski, malgré Himmler, « notre
Ignace de Loyola », malgré les camps de la mort lente, malgré
le pourrissement des esprits par l’Action catholique, et la
propagande effrénée — des Jésuites aux Etats-Unis, l’ « homme
providentiel » échoua dans son entreprise, et l’ « héritage
de Saint-Pierre », bien loin de s’arrondir vers l’Est, n’en
fut que plus largement amputé.
Du
moins il demeure un fait indéniable : c’est que le gouvernement
national-socialiste, « le plus catholique que l’Allemagne ait
connu », en fut aussi, et de beaucoup, le plus abjectement cruel —
sans excepter de la comparaison les époques de barbarie.
Constatation pénible, certes, pour bien des croyants, mais qu’ils
seraient sages de méditer. Dans les « burgs » de l’Ordre,
où le dressage était calqué sur la méthode jésuitique, le maître
— au moins apparent — du IIIe Reich — éleva cette « élite
SS » devant laquelle, selon son vœu, le monde a « tremblé »
— mais a aussi vomi de dégoût. Les mêmes causes produisent les
mêmes effets. « Il y a des disciplines trop dures pour l’âme
humaine et qui brisent définitivement une conscience ... Crime
d’aliénation de soi-même masqué d’héroïsme ... Aucun
commandement ne peut être bon, si, d’abord, il vicie la nature
d’une âme. Quand on a engagé son être sans limite dans une
société, comment attacherait-on une grande importance à d’autres
êtres. »
Les
« autres êtres » ne comptaient guère, en effet, pour les chefs
nazis, dont on peut dire, autant que des Jésuites :
«
Ils ont fait de l’obéissance une idole. »
Au
reste, c’était cette obéissance absolue qu’invoquaient les
accusés de Nuremberg, comme excuse à leurs horribles crimes.
Enfin,
empruntons encore au même auteur, qui a si bien analysé le
fanatisme jésuitique, ce jugement définitif :
«
On reproche à la Compagnie son habileté, on lui reproche sa
politique, sa ruse, on lui prête tous les calculs, toutes les
arrières-pensées, tous les coups fourrés, on lui reproche jusqu’à
l’intelligence de ses membres. Et pourtant, il n’est pas un pays
peut-être où la Société n’ait eu les pires mécomptes, où elle
n’ait fait scandale, et attiré sur elle la foudre.
«
Si leur machiavélisme avait la profondeur qu’on lui prête
généralement, ces hommes graves et réfléchis se jetteraient-ils,
à chaque instant, dans des abîmes que la sagesse humaine peut tout
de même prévoir, dans des catastrophes auxquelles ils devaient bien
s’attendre, puisque l’Ordre en a connu de pareilles, dans tous
les Etats policés ?
«
L’explication est simple : un génie puissant gouverne la Société,
un génie si puissant qu’il la pousse, parfois, contre des écueils,
comme si elle pouvait les briser quand même, « ad majorem Dei gloriam ».
«
Ce génie, ce n’est pas celui du général, ni de ses conseils, ce
n’est pas celui des provinciaux ni
des bonnes têtes de chaque maison... »
«
C’est le génie vivant de ce grand corps, c’est la « force
fatale, qui résulte de ce rassemblement de consciences immolées, d’intelligences liées, c’est la force explosive, c’est la fureur dominatrice de l’Ordre,
résultant de sa nature même.
«
Dans une grande accumulation de nuages, la foudre est en puissance,
et il faut bien que l’orage éclate. »
De
1939 à 1945, l’orage a fait 57 millions de morts, ravageant et
ruinant l’Europe.
Prenons
garde qu’une autre catastrophe, pire encore, ne couve au sein de
ces mêmes nuées, que la foudre ne tombe une nouvelle fois, jetant
le monde à ces « abîmes que la sagesse humaine peut tout de même
prévoir », mais dont nulle puissance ne pourrait désormais le
tirer, s’il avait le malheur de s’y laisser précipiter.
Malgré
ce qu’affectent de dire les porte-parole de Rome, ce n’est pas un
« anticléricalisme désuet » qui nous a incité à étudier
soigneusement la politique vaticane, c’est-à-dire jésuite, et à
en dénoncer les mobiles et les moyens, mais bien la nécessité qui
s’impose d’éclairer le public sur la sournoise activité de
fanatiques qui ne reculent devant rien — le passé l’a trop
souvent prouvé — pour atteindre leurs buts.
On
a vu au XVIIIe siècle les monarchies européennes s’unir pour
exiger la suppression de cet Ordre néfaste. De nos jours, il peut
nouer à loisir, ses intrigues sans que les gouvernements
démocratiques paraissent s’en soucier.
Le
danger que la Compagnie fait courir au monde est cependant infiniment
plus grand aujourd’hui qu’au temps du « pacte de famille »,
plus grand encore que lors des deux guerres mondiales."
Edmond
Paris, Histoire secrète des jésuites.
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