mercredi, avril 24, 2013

Un guérisseur français en Russie




Anthelme, Nizier, Philippe Vachod (1849-1905), plus connu à l'époque sous le nom de "Monsieur Philippe", repose au cimetière de Loyasse (Lyon). « J’ai fait un petit tour au cimetière de Loyasse pour me recueillir sur sa tombe et quelle ne fût pas ma surprise et ma joie de voir qu’encore de nos jours des gens viennent lui demander des miracles (des petits papiers étant accrochés sur la grille qui entoure sa tombe), et le nombre de plaques de remerciement pour ces guérisons en témoignage... », écrit Cendrine dans son blog

Philippe, le thaumaturge de Lyon, ressuscite un enfant

« En 1870, alors âgé de 21 ans, « Monsieur Philippe » se rend au chevet d’un enfant de sept ans, Jean Chapas, dont deux médecins viennent de constater la mort. Jean-Baptiste Ravier, l’ébéniste qui a confectionné le petit cercueil, est témoin de la scène : au pied du jeune Chapas, et devant toute l’assistance, Monsieur Philippe dit : « Jean, je te rends ton âme ! ». Immédiatement, l’enfant reprend ses couleurs et lui sourit. Jean Chapas deviendra par la suite « le disciple préféré » de Monsieur Philippe qui l’appellera « le Caporal ». Jean Chapas héritera des dons de son Maître et continuera son œuvre jusqu’en 1926 environ, avec autant d’éclat. » (Nexus n° 48)

Les exploits de « Monsieur Philippe » ont-ils été exagérés par les membres des sociétés secrètes qui entouraient le guérisseur, comme Papus, alias Gérard Encausse (franc-maçon et martiniste) ? Ce dernier disait, à qui voulait l'entendre, que « Monsieur Philippe » commandait à la foudre.

Vladimir Fédorovski rappelle les circonstances de l'arrivée du mage français à la cour impériale de Russie :

« Les tsars furent souvent de grands mystiques. Nicolas II et la tsarine s'étaient ainsi pris d'amitié pour un certain Philippe, mage et guérisseur français. Le journaliste Alexis Souvorine, témoin privilégié de cette époque, évoqua cet engouement avec une certaine ironie :

La grande-duchesse Anastasia de Monténégro s'était passionnée, à Nice, pour les tables tournantes. Elle recommanda Philippe à la souveraine. On le manda, on fit tourner les tables, on entreprit de faire venir le spectre d'Alexandre III qui se mit à conseiller Nicolas II...

La rencontre de Philippe avec Nicolas et Alexandra eut lieu en septembre 1901, à Compiègne, durant le séjour du couple impérial en France. La cour de Russie avait déjà entendu vanter les extraordinaires pouvoirs de ce mage par le fameux Papus, auteur d'innombrables traités ésotériques, qui venait régulièrement à Saint-Pétersbourg.

Cette réunion avec Philippe produisit une profonde impression sur les souverains russes. Mais le guérisseur n'était pas bien vu par la justice française, car il pratiquait illégalement la médecine. Le tsar demanda alors au ministre des Affaires étrangères, Delcassé, qu'un diplôme fût délivré au « faiseur de miracles ». Désireux d'entretenir de bons rapports avec la Russie, le ministre s'adressa lui-même au président de la République, Loubet. Mais rien n'y fit : en France, même avec la bénédiction du président de la République, on ne pouvait pas devenir médecin sans passer les concours requis. L'empereur convia donc Philippe en Russie, où il se vit octroyer un titre de médecin militaire, avec le grade de colonel.

Pourtant, le représentant de l'Okhrana — les services secrets russes — à Paris le dépeignait, dans ses rapports, comme un « charlatan » et un « brigand ». La presse révolutionnaire allait dans le même sens, dénonçant :

Tandis que le pays traverse une crise profonde et pénible, dans les labyrinthes de son palais, le tsar russe attend la révélation d'un occultiste international qu'on lui a fourré entre les pattes. Quant à la Cour, elle est également opposée au « charlatan français » !

L'indignation fut telle que Philippe ne put effectuer de nouveaux séjours à Saint-Pétersbourg.

De son vrai nom, l'homme s'appelait Nizier Anthelme. Originaire de Lyon, il se revendiquait voyant et guérisseur. Il prétendait communiquer avec les morts et vivre à la frontière des deux mondes. Le grand-duc Constantin Constantinovitch le décrivit ainsi dans son Journal :

Un homme d'une cinquantaine d'années, petit, aux cheveux et à la moustache noirs, avec un effroyable accent du sud de la France. Il parlait de l'effondrement de la religion en France et plus généralement en Occident... Quand nous nous sommes séparés, il a voulu nie baiser la main, et j'ai eu bien du mal à la lui arracher.

Philippe perçut immédiatement la peur qui habitait l'âme de la tsarine Alexandra. En observateur avisé, l'éminent poète de l'époque, Volochine, expliquait ainsi le « grand et compliqué mystère de la tsarine » :

Elle appartenait à une famille luthérienne passionnément religieuse et honnête. En se convertissant à l'orthodoxie, Alexandra avait assimilé d'un coup toutes les traditions de la Russie éternelle, des fols en Christ aux prophètes, des vieux sages aux premiers martyrs de l'Église orthodoxe. Cette conversion fut d'abord un véritable choc, mais sa foi en sortit renforcée.

Ayant jaugé sa ferveur religieuse, Philippe s'arrangea pour marier habilement magie et Saintes Écritures. Pour Alexandra, il apparut d'emblée comme un homme de Dieu envoyé pour venir en aide à la dynastie. Il sut aussi satisfaire sa soif de surnaturel, n'hésitant pas à recourir aux recettes des grands voyageurs partis à la découverte de la Russie insolite au XVIIIe siècle, comme Casanova ou Cagliostro.

Le tsar, gagné par la foi passionnée de son épouse, finit par partager son exaltation. La Cour observait, moqueuse, le mage parisien, consciente qu'il n'était qu'un jouet entre les mains des groupes rivaux de l'entourage du tsar. Et tandis qu'un autre témoin, Polovtsev, membre honoraire du Conseil d'État, consignait dans son Journal : « Philippe a promis à la tsarine qu'elle aurait un garçon et non une fille », le ventre d'Alexandra prenait des rondeurs prometteuses... Hélas, il s'agissait d'une grossesse nerveuse ». Mais cela n'ébranla pas pour autant la confiance du couple.

La société grondait et les rumeurs les plus folles circulaient. Ainsi, le prince Ioussoupov (le père du futur assassin de Raspoutine) racontait que, se promenant au bord de la mer lors d'un séjour en Crimée, il avait rencontré la grande-duchesse Militsa de Monténégro, qui n'avait pas répondu à son salut. Elle se trouvait en compagnie d'un homme. La croisant de nouveau le lendemain, seule cette fois-ci, il demanda à la jeune femme pourquoi elle l'avait ignoré ainsi la veille. « Mais vous ne pouviez pas me voir, lui aurait-elle répondu, puisque j'étais avec le Dr Philippe ! Lorsqu'il porte son chapeau, il est invisible ainsi que les gens qui se trouvent avec lui. »

Tel était le genre d'histoires colportées par la Cour, quand il ne s'agissait pas de grasses plaisanteries : Philippe dormait dans la chambre du couple impérial, où « il faisait de la sorcellerie, afin que la tsarine donne naissance à un héritier »... Jusqu'à sa mort en 1905, le mage français entretint une correspondance assidue avec celle qui, dans ses lettres, l'appelait « cher ami ». Alexandra évoquait d'ailleurs le Dr Philippe en des termes analogues à ceux qu'elle emploierait plus tard pour Raspoutine : « Comme la vie est riche depuis que nous le connaissons, et tout semble plus facile... »

Perturbé, le grand-duc Constantin remarqua qu'après leurs rencontres avec le Dr Philippe, le tsar et Alexandra se trouvaient « dans un état d'exaltation, comme en extase, le visage rayonnant et les yeux brillants »...


Fils de Papus et filleul de Philippe de Lyon, le docteur Philippe Encausse, grand maître de l'ordre martiniste, est l'auteur du livre Le maître Philippe de Lyon. Thaumaturge et homme de Dieu.

 

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...