vendredi, février 04, 2022

Spiritualité, des milliardaires se dépouillent de tout


(7:21)

Milliardaires aux pieds nus

France TV New Delhi :

"Régulièrement, ils ponctuent l’actualité. Tel businessman richissime a décidé d’abandonner son empire et de devenir moine jaïn. Du jour au lendemain, ils passent d’une vie d’opulence avec de nombreux serviteurs et entourés de belles choses à une vie d’ascèse, de vagabond, à traverser tout le pays. Ils quittent leur ancienne vie et même parfois leurs vêtements. Car les principes du jaïnisme sont très stricts. Ces moines ont un régime qui exclue la viande, les laitages, les œufs et même les légumes racinaires pour ne pas blesser les animaux qui vivent sous terre."

 
Le jaïnisme, une religion athée


« Le jaïnisme est athée et cet athéisme n’est ni une excuse, ni une polémique mais est plutôt acceptée comme constituant une attitude religieuse naturelle »

Charles Norton Edgecumbe Eliot


Les jaïns ne croient pas en Dieu. Leur religion enseigne l'existence d'un principe spirituel inhérent à l'âme.

« La doctrine jaina est fondée sur trois axiomes dont l'observance doit conduire à la délivrance de l'âme : le Vue droite, la Connaissance droite et la Conduite droite.

La Vue droite résulte soit d'un élan spontané, soit de l'étude des enseignements des maîtres : elle peut être visuelle, perceptive, relative à la perception suprasensible ou à la perception transcendantale : c'est une vision du monde extérieur particulière.

La Connaissance droite dérive soit des perceptions de la Vue droite, soit des enseignements, soit encore de la pensée ou du processus de la reconnaissance apportée par les sens ou l'intuition.

La Conduite droite doit donc découler logiquement des deux précédentes.

La logique jaïna procède de plusieurs concepts importants tels que ceux du Naya-vâda, science de la connaissance du réel sous tous ses aspects divers, lesquels varient en fonction des implications concrètes, de la synthèse des points communs, du moment vécu, de la pratique, de sa description correcte par le langage, de sa signification conventionnelle, etc.

La théorie du Syâd-vâda, qui est un corollaire du précédent, consiste en une vue relativiste destinée à ajuster l'affirmation et la négation des choses à leur mouvante réalité. La nature est ainsi divisée en « catégories » qui sont classées dans des ordres différents selon les points de vue d'où on les considère. C'est ainsi que, dans l'une de ces « catégories » (padârtha), il existe des « principes » (tattva) et des « masses d'êtres » (ashtîkâya) dont les plus importants sont l'âme (jîva), la matière (pudgala), la cause du mouvement (dharma), la cause de l'arrêt du mouvement (adharma) et enfin l'espace (âkâsha). Selon cette philosophie, l'âme seule possède la vie spirituelle et rend possible tous les aspects de la vie : elle est semblable l'âtman brahmanique. Cependant, il n'y a pas d'âme universelle et souveraine, mais une infinité de monades « métaphysiquement semblables et égales ». Seul les effets du karma peuvent modifier leur statut.

La matière est de structure atomique dans laquelle chaque atome (anu, paramânu) de nature corporelle est incréé, indivisible, indestructible, tout en possédant des saveurs, odeurs, et couleurs propres. C'est leur association qui constitue la matière, les « éléments » n'apparaissant qu'au niveau moléculaire, qui constitue le « support matériel » des âmes.

L'espace (âkâsha) est considéré comme une substance incorporelle immobile et inerte, dépourvue de qualités « sensibles » : c'est le « contenant » des âmes et de la matière. Le temps (kâla) est lui aussi considéré comme une substance sans espace. Il est constitué d'une infinité d'« atomes temporels » (kâlânu).

La cause du mouvement et de l'arrêt du mouvement (dharma et adharma) se trouve naturellement dans la pratique des trois « joyaux » du jaïnisme pour le premier et dans l'erreur pour le second.

Dans la philosophie jaïna, l'existence est composée de six « substances » qui sont :

1 — Dharmâshtikâya, un « corps » qui est le moyen du mouvement ;

2 — Adharmashtikaya, un « corps » qui permet à l'animé de devenir inanimé ou « en repos » ;

3 — Akshati-kâya, qui crée l'espace dans lequel les êtres animés et inanimés (en repos) peuvent vivre ;

4 — Pudgalâshtikâya, ce qui permet l'existence de la matière (pudgala) ;

5 — Jîvâshti-kaya, esprit qui existe par inférences ;

6 — Kâla, le Temps.

Ces six « substances » ou « corps » sont appelées Dravya.

Ces théories s'accompagnent, dans les doctrines jaïna, d'une vue cosmologique extrêmement élaborée, dans laquelle l'univers (loka) est schématiquement représenté comme un homme debout, composé de trois mondes : le monde inférieur (jambes), le monde médian (le corps) et le monde supérieur (la tête). Ces trois mondes sont entourés d'une triple enveloppe atmosphérique (air, vapeur, éther) au-delà de laquelle ne se trouve que de l'espace vide. Cet Univers est organisé autour d'un axe vertical creux à l'intérieur duquel se trouvent tous les êtres vivants « mobiles ». Chaque monde est divisé en de nombreux étages : le monde inférieur, le monde médian, qui comprend notre terre, avec des îles-continents, et enfin le monde supérieur, situé au-dessus du mont Meru et où se trouvent les divinités : les âmes libérées y occupent le sommet (chignon de l'homme cosmique). En ce qui concerne les âges du monde, le jaïnisme admet la classification brâhmanique, le cinquième âge (qui est le nôtre) aurait commencé en 523 et serait caractérisé par la douleur. Il sera suivi d'un sixième et dernier « âge » long lui aussi de 21 000 ans à la fin duquel la race humaine subira de terribles transformations, sans toutefois que le monde disparaisse (comme dans la théorie du Pralaya hindou), l'univers étant indestructible.

Les âmes individuelles sont sujettes à la transmigration, sauf évidemment les « âmes libres » ou délivrées (Mukta) et les âmes « parfaites » (Siddha), ces dernières pouvant parvenir à l'état de Tirthakara afin d'enseigner le monde. Cependant, selon les jaïna, tous les composés naturels sont doués de psychisme, les minéraux comme les végétaux, mais à des degrés différents que celui des animaux et des hommes. « Une goutte d'eau, par exemple, est formée d'une quantité innombrable d'individus aqueux dont chacun est doué d'âme ». [« Manuel des études indiennes », § 2475]

L'organisme corporel est, selon les jaïna, composé de deux à cinq corps : le corps physique, le corps de transformation (transformable selon le désir de celui qui le porte, et qui est le privilège des seuls êtres célestes ou infernaux), le corps de transfert qui permet à l'esprit de se transporter en n'importe quel point de l'espace, le corps ardent (Tejas) constitué d'énergie, enfin le corps karmique composé de la masse de karma accumulée par l'être, en vertu de ses actions et pensées. La qualité karmique de l'âme est symbolisée par une « couleur » ; ces couleurs peuvent comporter six teintes, du noir au blanc, représentant toutes les valeurs karmiques allant des êtres infernaux aux saints les plus purs. Les activités de notre existence (laquelle est métaphysiquement impure) comportent à la fois un aspect matériel et un aspect immatériel.

Cette philosophie complexe dans laquelle la notion de karma s'éloigne un peu de celle qu'en ont le brahmanisme et le bouddhisme, oblige le fidèle à obéir à toute une série de « vœux » qui constituent une sorte de morale exigeante conduisant à cinq abstentions majeures :
  • nuisance aux êtres vivants,
  • fausseté,
  • vol,
  • indiscipline charnelle,
  • attachement aux biens de ce monde.

Il s'ensuit que le fidèle jaïna, afin de devenir pur, devra s'abstenir de toute nuisance envers les êtres vivants et sensibles, ceci parfois poussé jusqu'à l'extrême, en respirant, marchant, mangeant, travaillant, buvant, etc. Cette attitude d'absolu respect de la vie sous toutes ses formes devra obligatoirement être accompagnée de vertus positives bienveillance, charité, compassion, tolérance, etc.

Dans cette optique, les fidèles jaïna, comme les fidèles bouddhistes sont classés en deux ordres, les laïcs et les religieux, chacun d'eux devant observer une morale particulière et comportant des degrés de pureté de vie : à la limite (douzième degré) le jaïna peut même se suicider par inanition pour atteindre la véritable paix spirituelle. Laïcs comme religieux devront donc s'astreindre, à des degrés divers cependant, à la méditation, aux jeûnes purificatoires, à certaines pratiques du yoga (concentration, immobilité de l'esprit, etc.). C'est ainsi que le fidèle peut, s'il le désire, arriver par quatorze stades d'évolution, depuis l'ignorance totale (source de fausseté et d'erreur) jusqu'à la libération finale, c'est-à-dire le stade où l'âme de l'être devenu parfait (Siddha, Arhat, Kevalin) n'agit plus avec le corps et l'abandonne.

Le jaïnisme reconnaît au cours des âges l'existence d'un grand nombre de Kevalin ou Arhat (appelés Tîrthakara), théoriquement au nombre de 720, mais dont l'histoire ecclésiastique jaïna n'a retenu que les 24 derniers. Les disciples du Mahâvîrâ (le 24ème des Tîthakara ou « prophètes) furent, selon la tradition, extrêmement nombreux, non seulement dans le Bihâr (où ils s'opposaient aux disciples du Bouddha), mais plus particulièrement dans le Mysore (Karnâtaka) et dans l'ouest de l'Inde. Le jaïnisme eut plusieurs « Thera » (Anciens) ou maîtres dont l'un des plus célèbres fut (sixième à partir du Mahâvîra) Bhadra-bâhu, qui serait mort 162 ou 170 ans après le Mahâvîra. Il aurait réuni les premiers textes de foi jaïna, les anga et les pûrva et aurait provoqué la réunion d'un grand concile jaïna dans la ville de Pâtaliputra, à l'époque du roi Maurya Chandragupta. Cependant, vers 79 se produisit un schisme au sein de la communauté jaïna, schisme qui aboutit à la création de deux grandes sectes, celle des Shvetâmbara « Ceux qui sont vêtus de blanc » et celle des Dîgambara « Ceux qui sont vêtus de ciel » (c'est-à-dire nus), opposant les jaïna « traditionalistes » qui avaient émigré dans le sud de l'Inde et ceux, moins rigoristes, qui étaient demeurés dans le nord. Les deux courants se répandirent dans toute l'Inde et, comme les bouddhistes, eurent à souffrir des persécutions de certains souverains attachés au brahmanisme comme de celles des Huns hephtalites.

Un grand, concile se réunit sous la présidence des Shvetâmbara vers 980 (ou 983) après la mort du Mahâvîra (fin 5ème siècle) à Valabhî, qui permit à ceux-ci de fixer la rédaction définitive de leur canon. Mais, comme pour le bouddhisme, le jaïnisme vit, au cours des siècles, la création de sectes très nombreuses, différant seulement sur des points de détail de la doctrine ou sur des pratiques. Il y aurait ainsi environ 84 sectes se réclamant des Shvetâmbara, alors qu'il n'y en aurait eu que quatre parmi les Digambara. Cependant, au 18ème siècle, naquit à Surat une nouvelle secte, différente des deux autres, nommée Sthânakavâsî qui refusait le culte des images et qui préconisait le retour à la pureté des origines du jaïnisme. Car, au cours des âges, cette religion subit, bien entendu, de nombreuses transformations, dues pour la plupart à l'influence de l'hindouisme, laquelle se traduisit principalement par l'adoption de rites et de coutumes hindoues. Mais, en règle générale, la tradition jaïna se remarque par une admirable continuité, dans l'espace comme dans le temps. Le fidèle jaïna est astreint (comme les fidèles de l'hindouisme d'ailleurs) à de multiples observances quotidiennes, notamment la récitation des six Âvashyaka : vœu d'avoir à éviter tout acte blâmable ; louange des 24 Tîrthakara ; prière aux êtres supérieurs ; confession ; méditation silencieuse, et enfin refus de tout ce qui n'est pas absolument indispensable...

Les jaïna développèrent également, surtout dans l'ouest de l'Inde, et peut-être déjà à partir des 4ème et 5ème siècle, une sorte de tantrisme mêlé de traditions hindoues.

La communauté religieuse jaïna accepte les femmes, qui furent, dès le début, en assez grand nombre, bien que les Dîgambara estiment qu'elles ne peuvent parvenir à la délivrance qu'après être renées dans un.corps d'homme. Les laïcs doivent aussi observer des vœux quotidiens, mais moins sévères que ceux des moines.

Le jaïnisme ne se différencie guère des autres religions indiennes, en ce sens que sa métaphysique est tout entière fondée sur la croyance en la transmigration des âmes, et son éthique sur la croyance en la délivrance finale. Mais, contrairement au bouddhisme il croit en la réalité de la substance. L'être est formé d'une âme (jîva) et d'une substance inerte et atomique (pudgala). Leurs interactions mutuelles créent le Karman (ou Karma).

Ce Karman est fait de matière et détermine la personnalité. On dit même parfois qu'il donne une teinte à l'individu. C'est de lui que l'âme doit s'affranchir si elle veut mettre fin au cycle des renaissances. Ce Karman ne peut être détruit que par un genre de vie et une discipline appropriés. Lorsque cela est fait, le jîva entre au Nirvana et redevient une pure lumière.

La discipline morale est beaucoup plus dure que la « voie moyenne » enseignée par le bouddhisme. L'adepte jaïna doit s'abstenir de commettre les cinq fautes principales : le meurtre et la violence envers les vivants, le mensonge, le vol, l'incontinence sexuelle, la convoitise, l'attachement aux biens matériels. C'est la religion indienne où le principe de non-violence (ahimsâ) est respecté le plus strictement, puisque l'on peut voir certains jaïna porter devant leur bouche un écran qui les empêche d'avaler les insectes, ou balayer la route devant eux pour ne pas écraser un animal. Cela les détourne également de certaines professions. La vie monastique est encore plus stricte, et les moines ont le droit de se suicider par inanition, droit qui s'est d'ailleurs étendu aux laïcs.

Les laïcs et les religieux jaïna ont toujours été étroitement solidaires, et c'est le travail des premiers qui apporte de nombreuses ressources aux seconds. Cela explique la richesse des temples, les manuscrits innombrables (les plus anciens de toute l'Inde), les écoles, les hôpitaux (certains sont réservés aux animaux) fondés par les jaïna. Ils sont peu nombreux niais ont une importance économique et culturelle considérable.

C'est la fermeté de sa tradition qui a permis au jaïnisme de se maintenir, mais cela n'empêcha pas le développement de sa littérature religieuse et philosophique, ni l'existence de sectes différentes. Les rapports avec l'hindouisme ne posent plus de problèmes, d'autant plus que les jaïna, qui n'ont pas de clergé, ont dû faire appel, pour leur rituel, à des prêtres hindous rétribués : les Pûjâri, qui prennent soin des sanctuaires et célèbrent les offices. Pendant ce temps les moines jaïna peuvent se consacrer à la recherche de la sainteté et à l'enseignement. »


Louis Frédéric



Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...