Se tenir dans l'ici et
maintenant est une praxis qui s'acquiert et qui grandit par une mise
en application continue et déterminée de l'instant présent,
permettant à l'être, ce lieu le plus intime de soi-même, que les
anciens Chinois nommèrent la fleur d'or, de se manifester.
Seule une conscience
verticale, une conscience totale de l'ici et maintenant nous
permettrait de nous affranchir de ces deux grandes illusions que sont
le passé et le futur.
Charles Antoni
Crise... Mutation. Fin d'un cycle. Fin
d'une époque.
C'est sans doute d'une grande mutation
qu'il s'agit, d'une fin d'époque comme cela a pu déjà se produire
dans l'histoire de notre planète Terre. Incontestablement nous
sommes arrivés à saturation.
Un autre monde est-il possible ? Ou
bien sommes-nous proches d'une catastrophe sans précédent ? D'une
explosion qui nous conduirait au néant, à notre extermination pure
et simple comme ce fut le cas pour les dinosaures ?
Nous sommes à présent voués à la
survie. Chacun pour soi. Affrontement sans restriction des ego qui ne
pourra que déboucher sur une guerre de tous contre tous telle
qu'annoncée dans l'Apocalypse de Jean. Déjà en son temps, dans La
Doctrine du But de la Vie, Nietzsche nous parlait des humains en
ces termes : « Que je considère les hommes avec bonté ou
malveillance, je les trouve toujours, tous tant qu'ils sont et chacun
en particulier occupés d'une même tâche : se rendre utile à la
conservation de l'espèce. Et ce, non point par amour de cette
espèce, mais simplement parce qu'il n'est rien en eux de plus
ancien, de plus puissant, de plus impitoyable et de plus invincible
que cet instinct..., parce que cet instinct est proprement l'essence
de notre espèce, de notre troupeau. »
Les humains, en général, ne sont
qu'agrégats artificiels mus par la survie matérielle et la volonté
de perpétuation au travers de la procréation, projetant sans aucune
culpabilité les futurs enfants dans un monde où ne règne que
souffrance. Il n'en demeure pas moins que le moyen fondamental pour
la survie d'un organisme vivant en est la conscience, comme pour
l'homme : la raison.
Les humains offrent le plus souvent
l'apparence d'êtres vivants, alors qu'en réalité ils ne sont que
des morts-vivants, poursuivant leur vie dans une totale absence
d'eux-mêmes.
C'est ici que le combat devra être
engagé pour la quête de l'instant présent. Il nous faudra
faire preuve d'une grande vigilance pour tenter d'échapper à la
tyrannie de nos pensées et de nos émotions.
Le véritable traqueur devra se tenir
sans vaciller dans l'instant présent. Pour ceux que cette
perspective n'enchante guère il y a de fortes chances pour que, dans
la vie courante, se maintenir hors des eaux soit des plus
difficiles.
Dans son traité De la Guerre le
grand théoricien Clausevitz écrit : « Lorsqu'on a vu la guerre
tout devient clair. Et pourtant, il est extrêmement difficile de
décrire ce qui suscite ce changement, de nommer ce facteur invisible
qui agit partout. Tout est très simple dans la guerre mais les
choses les plus simples sont difficiles. Ces difficultés
s'accumulent et produisent une friction dont celui qui n'a pas
vu la guerre ne peut se faire une idée juste. »
Se tenir dans l'ici et maintenant
est une praxis qui s'acquiert et qui grandit par une mise en
application continue et déterminée de l'instant présent,
permettant à l'être, ce lieu le plus intime de soi-même, que les
anciens Chinois nommèrent la fleur d'or, de se manifester.
Seule une conscience verticale, une
conscience totale de l'ici et maintenant nous permettrait de
nous affranchir de ces deux grandes illusions que sont le passé et
le futur.
Sachant qu'il ne peut y avoir
séparation dans le continuum espace-temps, il semble tout à fait
opportun d'écouter ce que nous dit au sujet de l'espace Sri
Nisargadatta Maharaj : « L'espace est à l'extérieur et il est
également ici. Il n'y a aucune différence entre l'espace extérieur
et l'espace intérieur, il n'y a qu'un seul espace. »
Charles Antoni, Ici et
maintenant.