Le
lama tibétain Kelsang Gyatso
est ostracisé par les riches et puissants hiérarques du Vajrayana,
le bouddhisme tantrique, et plus particulièrement par le Dalaï-lama
lui-même. Kelsang
Gyatso n'a jamais approuvé la politique atlantiste du Dalaï-lama,
ami de Bush et des autres tristes sires qui plongent le monde dans le
chaos. Il dénonce aussi le culte secret qui est à l'origine de
l'ascension sociale et de la richesse de certaines personnalités et
des « business-lamas »
ou des « golden
card lamas »
sulfureux. En effet, d'après Kelsang Gyatso, ceux qui honorent
l'entité la plus puissante de ce monde, Ishvara noir le chef des
démons Dévapoutras, voient leur condition matérielle s'améliorer.
Cette déviance du bouddhisme rappelle la déviance de la kabbale de
Jacob Frank et de son étrange culte du péché et du chaos
satanique.
«
Je suis venu abolir toutes les lois et les religions et apporter la
vie au monde », dit Jacob
Frank.
« Selon
Frank, écrit Charles Novak, pour abolir toutes les Lois, on doit
arriver à la fin des Temps, lorsque la société sera totalement
dépravée. Or, Jacob Frank se propose d’accélérer ce processus.
En d’autres termes, il veut appliquer le fameux adage talmudique et
kabbalistique :
«
Pour monter bien haut, il faut d’abord descendre bien bas. »
Pour
Frank, le « bien bas » veut dire extrêmement bas. C’est-à-dire
vers la dépravation, dans une société où ne régnera que le vice.
«
Je ne suis pas venu pour élever, je suis venu pour tout détruire et
rabaisser toutes choses jusqu’à ce que tout soit englouti si
profond, qu’il ne puisse descendre plus. La route de l’abîme est
terrifiante et effrayante. Même notre frère Jacob en fut effrayé
et n’osa pas mettre le pied sur l’échelle céleste. Elle
consiste en deux parties convergentes qui se rencontrent au fond, une
partie conduisant vers le bas, l’autre vers le haut, et il n y a
pas d’ascension sans descente préalable. Aussi, le monde
devrait-il attendre un autre Jacob. »
Bien
sûr, cet autre Jacob, c’est lui. Il se présente comme le Messie
tant attendu des Juifs et la réincarnation d’un autre
pseudo-messie né cent ans avant lui, le fameux Sabbataï Tsvi de
Smyrne. De tout temps, les hérésies et les pseudo-messies, sauveurs
du peuple juif, ont jalonné l’histoire juive, Bar Kochbach, David
Reubeni, Salomon Molkho, puis Sabbataï Tsvi. Ces hérésies ont en
commun la vulgarisation de la Kabbale, une Kabbale à l’origine
exclusivement destinée à une élite. L’influence de la Kabbale
trouve son paroxysme avec Sabbataï Tsvi. Ce dernier innove en
décrétant qu’il est le Messie, un Messie qui vient briser le
Talmud et la Loi juive – une Loi selon lui oppressante – et que
la Rédemption se trouve dans le contraire des Lois de la Torah, en
affirmant que, pour que le vrai « Bon Dieu » apparaisse, il faut
précipiter le chaos. Frank, en se proclamant sa réincarnation, va
appliquer cet adage.
La
précipitation du chaos, nous la devons à la Kabbale d’Isaac
Louria Askhenazi d’origine allemande, né en Eretz (terre)
Israël, puis installé enfant en Égypte, pour s’installer à
Safed en Eretz, ville où il enseigna oralement la Kabbale. Le
concept principal est la notion de Tikkun. À savoir, que la
Rédemption passe par le péché, par le chaos. Tikkun signifie
littéralement « réparation ». Cette réparation doit survenir
après la coupure, Schevirah, du Tsimtsoum, qui est la contraction de
l’univers et du monde. Le Talmud, traité Sanhédrin chapitre 11,
détaille les temps futurs messianiques où ne régneront que chaos,
perversion et destruction d’Edom, soit Rome. Par rapport à la
Kabbale lourianique, le sabbataïsme innove car, pour lui, l’homme,
pour faire venir le Messie plus rapidement, peut provoquer lui-même
le chaos et la désolation : « Ce n’est plus une attente mais
une provocation des événements futurs qui va à l’encontre du
dessein divin ».
Le
frankisme s’inscrit donc dans un contexte plus large, à savoir
celui du sabbataïsme, hérésie juive officialisée par Sabbataï
Tsvi, dans l’Empire ottoman, née un siècle plus tôt, qui trouve
sa concrétisation en 1666, lorsque Sabbataï Tsvi se convertit à
l’islam (soit quatre-vingt-treize ans avant la conversion de
Frank).
[...]
Les
frankistes, par leur « conversion », ont connu une
évolution
sociale fulgurante puisqu’ils se sont intronisés dans toute la
noblesse européenne : allemande, polonaise, autrichienne et que
certains sont
même
entrés par mariage dans la famille royale d’Angleterre, dans
l’entourage
familial de la reine Victoria, comme la famille
Battenberg-Mountbatten, famille non frankiste mais qui descend du
frankiste comte Maurice Hauke. De là même, nous pouvons nous
interroger – sans l’affirmer – sur la famille d’Orléans,
puisque l’actuelle duchesse d’Orléans descendrait de la famille
frankiste Dobrzenski- Dobrzinski. Leur point commun sera une
vénération de Jacob Frank, le nouveau Messie et ces familles, bien
que l’entrée dans la noblesse de titre et princière soit un fait
« appréciable », essaieront d’entretenir la « flamme » en ne
se mariant qu’entre elles. Insister sur ce point, c’est remarquer
cette fulgurante ascension sociale qui pousse le Juif converti à
passer du statut de pauvre juif, à noble, voire prince. »
Il
ne faut pas oublier « la famille Rothschild, rappelle Charles
Novak, dont tous les indices
prouvent une forte complicité avec le mouvement frankiste (de par la
proximité de Francfort et d’Offenbach et des déclarations de
Moses von Portheim sur le rôle de Meyer Amschel Rothschild comme
trésorier frankiste et maçonnique) […]
On
peut s’interroger sur l’origine puis sur le
rôle de la franc-maçonnerie. Si certains y voient une origine
égyptienne ou celtique, elle ne serait, selon nous, que la
continuation du sabbataïsme, de la Kabbale et des déviances de
cette même Kabbale dans le monde chrétien, à la recherche de la
lutte contre le chaos et la rédemption du genre humain. Dans ce sens
mystique, l’origine « juive, sabbataïste, frankiste et zoharique
» de la franc-maçonnerie, ou le philosémitisme qui s’en
dégagerait, serait vrai. Les rôles du Baal Schem Falk, à Londres,
de Saint-Germain, de Sabbataï Tsvi, puis de Frank, seraient donc
indéniables dans la formation de la franc-maçonnerie dite
kabbalistique et la pénétration de rites « égyptiens » de
Cagliostro, si l’on reconnaît que le sabbataïsme glorifiait
l’Égypte, pays d’origine, selon eux, de la Torah. » […]
Charles
Novak rappelle aussi que les adeptes du chaos se sont répandus dans
le monde musulman : « Le faux-Messie Sabbataï Tsvi se
convertit à l’islam en 1666 pour la restauration du
royaume d’Ismaël, véritable successeur d’Abraham. Ses adeptes
se convertirent également tout en gardant une identité juive cachée
(et sépharade pour leur grande majorité), allant à leur propre
synagogue pour le Shabbat transgressif et à la mosquée le vendredi.
Fonctionnant par intermariages, les descendants – qui se sont
divisés au cours des siècles en quatre sous-groupes - existent
encore dans les Balkans (Albanie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine
?) et en Turquie (principalement Istanbul, Ankara et Izmir) et
peuvent se targuer d’être juifs et musulmans à la fois. Le plus
célèbre d’entre eux fut peut-être Kemal Atatürk ou, tout au
moins, Djavid Bey, un de ses ministres ».
Charles
Novak, « Jakob Frank, le faux messie ».
En
1759, en Pologne, Jakob Frank se présenta comme la réincarnation de
Sabbataï Tsvi, le faux messie : il assura être le nouveau Messie et
se convertit au catholicisme. Dix mille à vingt mille juifs le
suivirent : clandestinité, transgression de la Loi juive, rejet du
Talmud et de la Torah tout en restant fidèle, en secret, à la
Kabbale et au Zohar. Ses successeurs connurent une ascension
fulgurante, le mouvement se transforma en secte hérétique qui dévia
vers le nationalisme et l'antisémitisme.