samedi, janvier 03, 2015

Jésus et les premiers chrétiens étaient-ils végétariens ?

Question :

« Je suis végétarienne, mais lorsque j’aborde ce sujet avec mes amis, ils me rétorquent souvent que la Bible ne mentionne nulle part que Jésus n’aurait pas mangé de viande. Comment cela se fait-il ? Par ailleurs, vous affirmez que Dieu n’a jamais voulu que les hommes pratiquent les holocaustes décrits dans l’Ancien Testament et aussi que Jésus était contre le fait de tuer les animaux. Y-a-t-il des références écrites à ce sujet ? »

Réponse de
Gabrielle Wittek :

On ne peut pas vraiment répondre à cette question si on fait l’impasse sur un aspect fondamental, méconnu de la plupart des gens, à savoir que les textes et documents auxquels nous nous référons aujourd’hui – en l’occurrence, il s’agit de la Bible – ont une histoire, un vécu pourrait-on dire. Ils ont été façonnés au cours des siècles en fonction des impératifs recherchés par ceux qui en étaient dépositaires. C’est l’un des objectifs de cette série de rappeler cette histoire et de révéler les buts ayant présidé aux choix rédactionnels. Ainsi, la Bible, telle que nous la connaissons aujourd’hui, a connu une élaboration très longue qui s’est faite d’ajouts successifs mais aussi de rejets.

Un moment essentiel de cette histoire s’est déroulé au IVe siècle de notre ère. Il s’agit du travail de traduction de la Bible effectué par Jérôme, un clerc de l’Église, à la demande du pape Damase. En effet, il circulait alors plusieurs versions de la Bible assez éloignées les unes des autres et le pape en question souhaitait assainir cette situation. Jérôme qui était connu pour ses talents de traducteur effectua donc ce travail colossal qui lui prit plusieurs années. Il traduisit tout d’abord les Évangiles à partir de la version latine existante qu’il estimait la moins dénaturée et se référa, là où il eut des doutes sur le sens, à une version grecque sensée être moins altérée.

Pour traduire l’Ancien Testament, Jérôme s’appuya sur la version en hébreu afin de retrouver ce qu’il appelait « la vérité hébraïque » de l’Ancien Testament. Son travail de traduction ayant donné satisfaction aux autorités de l’Église, il reçut leur imprimatur, et c’est cette version qui fit référence jusqu’au XVe siècle sous le nom de Vulgate. Jérôme qui disposait d’un grand savoir, n’était néanmoins pas à l’abri de contradictions, la plus importante étant celle qui mettait aux prises sa fidélité envers l’Église dont il était membre et sa probité intellectuelle. En effet, dans le cadre de son étude des plus anciennes versions de la Bible, il fut amené à découvrir des aspects qui avaient été rejetés et ne figuraient plus dans les versions suivantes.

Il n’est pas question de discuter ici de la façon dont Jérôme résolut ces contradictions avec plus ou moins de succès et d’honnêteté intellectuelle, mais cela apporte un éclairage très instructif sur ce que nous considérons aujourd’hui comme des vérités immuables mais qui en fait ne l’ont jamais été. Parmi ces dernières, celle qui se rapporte aux relations de Jésus avec les animaux est une des plus importantes et déterminantes car elle pose la question du statut de l’homme dans la création.

Ainsi, pour répondre à la question du végétarisme, voilà ce que l’on peut lire sous la plume de Jérôme lui-même, dans une lettre polémique connue en français sous le titre de « Contre Jovinien » (Adversus Jovinianum) :

« Jusqu’au déluge la consommation de chair animale était inconnue, mais depuis le déluge on nous a gavé la bouche des fibres et du jus puant de la chair animale. Jésus-Christ qui est apparu quand les temps furent accomplis, a relié la fin avec le commencement, de sorte qu’il ne nous est plus permis de manger de la viande. »

A la lecture de cette phrase, il ressort très clairement que, selon Jérôme, l’un des meilleurs, sinon le meilleur, spécialiste de la Bible de son temps, Jésus aurait enseigné de ne pas manger de viande.

On pourrait encore éclairer ce thème sous un autre aspect historique. Pour ceux de nos lecteurs qui ne le savent pas, la Bible « officielle » résulte d’un choix humain et arbitraire puisque certains textes ont été jugés dignes d’y figurer et d’autres non. Pourquoi ? En fonction de quels critères ? Sans vouloir attribuer une volonté machiavélique à tous ceux qui ont effectué ces choix, on est en droit de considérer qu’ils ont souvent relevé d’un parti pris idéologique, à savoir qu’on a conservé les documents qui légitimaient une certaine vision du christianisme en voie d’institutionnalisation et rejeté tous ceux qui pouvaient s’y opposer.

Or, il semble bien qu’une ligne de fracture importante réside précisément dans la question des animaux. La plupart des documents, évangiles et autres, qui ont été mis à l’index accordent une grande importance à cet aspect. De nombreux écrits apocryphes confirment non seulement que Jésus aimait les animaux mais aussi et surtout que la venue du Christ sur la Terre, la Bonne nouvelle qu’il a apportée au monde ne concerne pas que les hommes mais la Terre entière, y compris le monde animal. Le fait que Jésus et ses apôtres étaient végétariens découle en toute logique de cette vision unifiée du monde.

Gabrielle Wittek


Gabriele Wittek se présente comme une « porte-parole de Jésus » dans un mouvement nommé la « Vie Universelle ». La « Vie Universelle » attire beaucoup de sympathisants opposés à la chasse qualifiée de « guerre sanglante ». Il y a quelques années, des manifestations pour la suppression de la chasse étaient dirigées par le biologiste Kurt Eicher. 



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