Marquès-Rivière
« avait abjuré le Bouddhisme pour être réconcilié avec
l'Eglise, Rivière avait également renié la Maçonnerie à laquelle
il avait appartenu de même qu'à divers groupements plus ou moins
occultistes. Fut-ce spontané de sa part ou lui en fit-on une
obligation, je l'ignore, toujours est-il que fin 1930 ou courant
1931, il publiait un ouvrage violemment antimaçonnique "La
trahison spirituelle de la Franc-Maçonnerie". Là aussi il
y avait des critiques parfaitement justifiées de la mentalité des
Maçons français modernes, de leur action sociale et politique,
de leur attitude antireligieuse.
Mais l'auteur ne distinguait pas entre Maçonnerie ancienne et
Maçonnerie moderne, de sorte que le lecteur pensait forcément que
la Maçonnerie était essentiellement antireligieuse et socialement
subversive ; d'autre part, il attribuait à la Maçonnerie des
théories et pratiques de groupes occultistes et théosophiques dont
certains membres étaient Maçons. Il publia encore, avant la guerre,
un ouvrage antimaçonnique en collaboration, je crois, avec un
certain William Henry... qui n'était autre que M. Alec Mellor. En
tout cas, que ce soit seul ou en collaboration avec Rivière, Mellor
a publié des écrits anti-maçonniques sous le pseudonyme de William
Henry.
Deux
ou trois ans avant la guerre de 1939, paraissaient successivement
trois livres de Marquès-Rivière : "L'Inde secrète et sa
magie", "Le Yoga tantrique hindou et tibétain",
"Rituel de magie tantrique". Rivière qui, cette fois,
avait passé plusieurs mois dans l'Inde, avait de nouveau quitté le
Christianisme et avait, paraît-il, enfin découvert aux Indes le
gourou qu'il lui fallait et avait senti se réveiller tout son amour
de l'Asie, mais pas celui de la Maçonnerie, de sorte que, quand
survint l'occupation allemande en 1940, sa place était tout indiquée
dans les services antimaçonniques. Ce qui fit beaucoup de bien à
son portefeuille.
Marquès-rivière
collabora aux "Documents maçonniques", dirigés par
Bernard Faÿ, fut l'un des organisateurs de l'exposition
anti-maçonnique, enfin le scénariste du film : "Forces
Occultes". Rivière quitta Paris en direction de l'Est en même
temps que les troupes allemandes et je n'ai jamais su ce qu'il était
devenu. De plusieurs côtés, on m'a affirmé qu'il était vivant
bien après la fin de la guerre, mais comme
on le disait tantôt réfugié en Espagne ou en Amérique du Sud,
tantôt enfermé dans un monastère japonais ou tibétain, je reste
incertain quant à son sort. Rivière fut condamné à mort par
contumace, ce qui a été généralement considéré comme excessif,
personne ne l'ayant jamais accusé d'avoir dénoncé qui que ce soit.
Son activité fut purement littéraire et documentaire. »
Source :
Souvenirs (confidentiels) autour des "Etudes Traditionnelles"