jeudi, décembre 15, 2016

L'expérience de mort imminente (EMI) de Rajâa Benamour


(17:30)



« Première femme de tradition musulmane à avoir raconté dans un livre en français une expérience de mort imminente et les douleurs, les visions, l’exaltation mystique que cela peut induire, Rajâa Benamour a la conviction d’être revenue des frontières de la mort avec une mémoire de ce qui s’est passé en elle. Elle est devenue une autre personne, ou plus exactement, selon ses propres mots, elle est enfin devenue elle-même. De tout cela, elle témoigne dans "Sayf al-Nûr, l’épée de lumière" paru aux éditions Albouraq. »

(France Culture) 



L'interview de Rajâa Benamour dans Le Monde des religions

Le 20 novembre 2009, victime d’une erreur médicale, Rajâa Benamour fait une expérience de mort imminente qui débouche sur un vécu mystique intense. Elle est la première musulmane à en témoigner dans Sayf al-Nûr.

Cette expérience de mort imminente (EMI) a été le catalyseur d’une expérience spirituelle que vous nommez « L’épée de la Lumière ». Pourriez-vous préciser ce dont il s’agit ?

Cette EMI a fait tomber toutes mes barrières psychologiques et libéré mon être. Elle m’a transformée. Elle est à l’origine d’une expérience spirituelle, qui fut incontestablement une expérience de Ta’wil, d’herméneutique [interprétation des textes, ndlr]. Le Ta’wil est l’aboutissement d’effusions spéculatives par lequel le sens caché des textes religieux ou philosophiques se révèle à la connaissance, en dévoilant son contenu essentiel. Rapporté à l’âme, il est son cheminement qui remonte à son sens originel pour faire surgir l’essence la plus insondable de l’être. L’épée de la Lumière n’est pas un titre pour faire joli. J’ai vraiment été transpercée au centre de mon crâne par une épée faite de Sa Lumière, en référence à l’un des 99 Noms Divins, al-Nûr. Elle est arrivée des confins des cieux pour pulvériser mes repères et mes certitudes vainement acquises pendant des années. J’ai alors fait l’expérience de la « gustation », car ce n’est pas tant mon palais qui a été modifié, mais le nectar. J’ai goûté et j’ai cessé d’être une étrangère à moi-même.

Lors de cette expérience, vous dites avoir été « façonnée, transformée, initiée » à la science des lettres arabes.

Pour être exacte, j’ai « revêtu » et je suis devenue chaque lettre : wâw, nûn, kâf, jusqu’à la lettre finale, celle qui contient toutes les autres, alif. Annihilée en moi-même, j’ai perdu ma propre singularité et j’ai été initiée. L’axe central de ce récit est donc la science sacrée des lettres arabes, Ilm al-Hoûroûf. Dans le soufisme, elle est liée à la science des chiffres, Ilm al-Arkâm, et aux 99 Noms Divins, Asma’ al-husna, issus directement du Coran. À travers elle, l’esprit devient lettre, élément divin. Lors de cette expérience, j’ai compris qui nous étions vraiment. Or, savoir qui nous sommes, c’est savoir qui Il est. Comme le dit Socrate : « Celui qui se connaît lui-même connaît son Dieu ». Au bout du compte, nous sommes des attributs divins comme la Beauté, la Miséricorde…

Pourquoi votre livre est-il le premier témoignage, explicite et publié, d’une EMI émanant d’un croyant musulman ?

Je n’en ai pas la moindre idée. Avant d’écrire ce livre, j’étais sceptique. Jusqu’au moment où l’inconcevable est venu me faucher de ce à quoi je tenais : mon « je », qui fut l’objet de ma plus grande bataille. Telle une guerrière, j’ai lutté contre la mort, sans me douter que ce « je », d’où émane mon individualité, devait abdiquer et se rendre. Aussi cette expérience a-t-elle levé les voiles de mon ignorance, de mes illusions prises pour des vérités, qui m’ont longtemps maintenue dans une cécité égotique. J’étais éprise du mensonge inavoué de mon petit « je » humain, inapte à percevoir le « jeu » du fourvoiement de sa suffisance. Sceptique, je ne le suis plus depuis que j’ai été foudroyée par la fulgurance de la « Vérité » du « Je » divin. Cela vaut bien un livre !

Quel éclairage l’islam apporte-t-il sur ces expériences ?

L’islam est assez vague sur ce sujet. L’islamologue Éric Geoffroy cite ce verset du Coran dans la préface de mon livre : « Dieu reçoit les âmes au moment de leur mort, ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient celles dont Il a décrété la mort, tandis qu’Il renvoie les autres jusqu’à un terme déterminé. Il y a en cela des signes pour qui réfléchit . » La seconde option - « celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil » - laisse en effet un champ assez libre pour accueillir l’expérience de mort imminente.

Cette expérience a-t-elle changé votre vision de la mort ?

Assurément ! Aujourd’hui, je fais la distinction entre « exister » et « vivre ». Leur point commun, c’est « être ». Nous ne cessons jamais d’être à l’image du Nom Divin al-Hayy, le Vivant, qui ne meurt jamais. L’âme est éternelle.




Rajâa Benamour sur France Culture






Rajâa Benamour

Voici un récit saisissant dont la lecture ne laisse pas indifférent. D'une écriture poignante et délicate, l'auteure nous livre un témoignage inédit dont « l'expérience de mort imminente » a été le prélude. Lors d'un choc anesthésique en bloc opératoire, Rajâa reçoit une initiation fulgurante par la science ésotérique des lettres, au cours de laquelle ses repères et ses certitudes sont pulvérisés. Effroi, quiétude. Eclatement, ravissement. Solitude, miséricorde. Brûlure, contemplation. Avec une pudeur touchante, l'auteure nous fait vivre ces allers-retours qui la mènent vers le Beau (al-Jamîl). 

Succombant à la Splendeur, elle devient une amoureuse éperdue et tend ainsi à découvrir son être essentiel. À l'image d'Ibn Arabî, qui, il y a quelques siècles, écrivait : « L'Amour est ma religion et ma foi », l'auteure peut aujourd'hui humblement déclarer : « L'Amour est mon Maître ».


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Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...