mercredi, novembre 21, 2018

Paupérisation et servitude en démocratie



La démocratie est largement considérée comme étant le meilleur système politique possible. Et il n'est pas exagéré de dire que la démocratie est devenue une religion laïque : la croyance politique la plus répandue dans le monde. Ainsi, critiquer l'idéal démocratique, c'est risquer d’apparaître comme un ennemi de la société civilisée.

Dans leur livre Dépasser la démocratie, Karel Beckman et Frank Karsten montrent que la démocratie, contrairement à la croyance populaire, ne conduit pas à la liberté, à la civilisation, à la prospérité, à la paix et à la primauté du droit. Au contraire, elle conduit à la servitude, aux conflits sociaux, aux dépenses incontrôlables de l’état, à la baisse du niveau de vie et à la violation des droits individuels.


Mythe 1. Chaque vote compte

C’est ce que nous entendons systématiquement lors des élections. Cette idée que chaque vote compte véritablement.

Ce qui est vrai — chaque vote compte pour un sur cent millions (si nous considérons le cas des élections présidentielles américaines). Mais si vous influez sur une élection à mesure d’un sur 100 millions, ou 0.000001%, en réalité vous n’avez aucune influence. La probabilité pour que votre vote décide du vainqueur de l’élection est astronomiquement faible. 


Et les choses sont encore pires parce que vous n’accordez pas votre vote à une mesure ou à une décision particulière. Vous votez pour un candidat ou un parti politique qui prendra des décisions en votre nom et place. Mais vous n’avez absolument aucune influence sur les décisions prises par cette personne ou ce parti. Vous ne pouvez pas les contrôler. Durant quatre années ils peuvent décider ce qu’ils veulent, et il n’y a rien que vous puissiez faire contre cela. Vous pouvez les bombarder d’emails, tomber à genoux devant eux ou les maudire — mais ils décident.

Chaque année l’État prend des dizaines de milliers de décisions. Votre unique vote, dirigé vers quelqu’un qui peut faire comme bon lui semble sans vous consulter, n’a aucun impact mesurable sur ces décisions. 


Souvent, votre vote n’est même pas un véritable choix. Il constitue plus l’indication d’une vague préférence. Il existe rarement une personne ou un parti avec lesquels vous êtes d’accord sur tous les sujets. Mettons que vous ne vouliez pas que de l’argent soit dépensé dans les aides aux pays du Tiers Monde, ou dans la guerre en Afghanistan. Vous pouvez voter pour un parti qui s’oppose à cela. Mais peut-être ce parti est-il aussi en faveur d’une hausse de l’âge légal de départ à la retraite, un point sur lequel vous n’êtes pas d’accord.

Qui plus est, après qu’un parti ou une personne ayant reçu votre vote aient été élus, ils tiennent rarement leurs promesses. Et que faites-vous à ce moment-là ? Vous devriez être capable de les poursuivre en justice pour fraude, mais vous ne pouvez pas le faire. Au mieux, vous pouvez toujours voter pour un parti ou un candidat différent dans quatre ans — et ce avec tout aussi peu de résultats.


Le vote est l’illusion de l’influence donnée en échange d’une perte de liberté. Lorsque Thomas et Jeanne se présentent au bureau de vote, ils pensent qu’ils influencent la direction dans laquelle le pays avance. Cela n’est vrai que d’une façon minime. Dans le même temps, 99.9999% des électeurs décident de la direction dans laquelle les vies de Thomas et Jeanne iront. Ils perdent ainsi beaucoup plus de contrôle sur leurs propres vies qu’ils n’en gagnent sur les vies des autres. Ils auraient beaucoup plus d’« influence » s’ils pouvaient simplement prendre leurs décisions eux-mêmes. Par exemple, s’ils pouvaient décider eux-mêmes de leurs dépenses, au lieu d’avoir à payer la moitié de leur revenu en impôts de par les différents prélèvements obligatoires.

Pour prendre un autre exemple, dans notre système démocratique les gens ont un contrôle très faible sur l’enseignement dispensé à leurs enfants. S’ils souhaitent changer les méthodes d’enseignement et veulent avoir plus d’influence que celle qu’ils ont avec leur bulletin de vote, ils doivent rejoindre ou bâtir un groupe de pression, ou présenter des pétitions à des hommes politiques, ou organiser des manifestations devant des bâtiments publics. Il existe des associations de parents qui essaient d’influencer les politiques éducatives de cette façon. Cela exige beaucoup de temps et d’énergie et n’a à peu près aucun effet. Il serait tellement plus simple et plus efficace de faire que l’État n’intervienne pas dans l’éducation et laisse les professeurs, les parents et les étudiants faire leurs propres choix, tant individuellement que collectivement.

Bien entendu, la classe au pouvoir presse les gens à voter. Ils mettent systématiquement l’accent sur le fait qu’en votant les gens ont véritablement une influence sur les décisions de l’État. Mais l’important pour eux est d’abord et avant tout que le taux de participation soit élevé, ce qui leur fournit une marque d’approbation, ainsi qu’un droit moral de gouverner le peuple.

Beaucoup de gens croient que le fait de participer aux élections est un devoir moral. On entend souvent dire que si vous ne votez pas, vous n’avez ni le droit d’avoir votre mot à dire dans les débats publics, ni de vous plaindre des décisions politiques. Après tout, vous n’avez pas utilisé votre bulletin de vote, alors votre avis ne compte plus. Les gens qui tiennent ce discours ne parviennent pas à imaginer qu’il existe des personnes qui refusent de souscrire à l’illusion de l’influence vendue par la démocratie. Ils sont atteints par le syndrome de Stockholm. Ils se mettent à aimer leurs ravisseurs et ne réalisent pas qu’ils échangent leur autonomie contre le pouvoir que des hommes politiques et des bureaucrates ont sur eux.


Mythe 2. Dans une démocratie, le peuple gouverne

C’est l’idée de base dans la démocratie : la démocratie signifie véritablement le gouvernement du peuple par le peuple. Mais est-ce que le peuple gouverne vraiment dans une démocratie ?

La première difficulté est que « le peuple » n’existe pas. La seule réalité ce sont les millions d’individus, avec autant d’opinions et d’intérêts différents. Comment pourraient-ils gouverner ensemble ? C’est impossible. Comme un comédien néerlandais l’a dit un jour : « La démocratie représente la volonté du peuple. Chaque matin, en lisant le journal, je suis surpris en découvrant ce que je veux. »

Soyons honnête, personne ne dira jamais quelque chose comme « le consommateur aime Microsoft » ou « les gens aiment Pepsi ». C’est le cas pour certains, et ce n’est pas le cas pour d’autres. Et il en est ainsi pour les préférences politiques également.

Au surplus, ce n’est pas réellement « le peuple » qui décide dans une démocratie, mais la majorité du peuple, ou, plus précisément, la majorité des électeurs. La minorité ne fait apparemment pas partie du peuple. Cela a l’air un peu étrange. Le peuple n’est-il pas censé rassembler tout le monde ? En tant que consommateur de Wal-Mart, vous ne souhaitez pas que des aliments venant d’un autre supermarché soient insérés de force dans votre estomac, et c’est pourtant ainsi que les choses fonctionnent dans une démocratie. S’il advient que vous vous retrouviez dans la frange perdante aux élections, il vous faudra danser en accord avec la musique des vainqueurs.

Mais soit, supposons que la majorité soit identique au peuple entier. Est-ce vrai, alors, que le peuple décide véritablement ? Voyons. Il existe deux types de démocratie : directe et indirecte (ou représentative). Dans une démocratie directe, chacun vote sur chaque décision prise, comme dans un référendum. Dans une démocratie indirecte, les gens votent pour d’autres personnes, qui prendront ensuite les décisions pour eux. Dans le second cas, clairement, les gens ont moins leur mot à dire que dans le premier. Pourtant, la quasi totalité des démocraties modernes sont indirectes, malgré leur recourt occasionnel à des référendums.

De façon à défendre le système représentatif, on explique souvent que a) il serait impossible dans la pratique d’organiser un référendum sur chacune des nombreuses décisions qu’un gouvernement doit prendre chaque jour, et que b) les gens ne possèdent pas le niveau d’expertise suffisant pour décider sur toutes les différentes questions complexes.

L’argument a) a pu être valable par le passé, car il était difficile de fournir à chacun l’information nécessaire et de leur donner leur mot à dire, sauf dans les très petites communautés. De nos jours, cet argument ne tient plus. Grâce à internet et aux autres technologies modernes de communication, il est facile de laisser de larges groupes participer à la prise de décision et de tenir des référendums. Et pourtant cela ne se fait jamais.

Pourquoi ne pas organiser un référendum sur la question de savoir si les États-Unis doivent oui ou non intervenir militairement en Afghanistan, en Libye, ou ailleurs ? Après tout, le pouvoir est au peuple, n’est-ce-pas ? Pourquoi les gens ne peuvent-ils donc pas prendre des décisions si majeures pour leur existence ? En réalité, bien entendu, tout le monde sait bien qu’il existe de nombreuses décisions qui sont prises et que la majorité ne défendrait pas si ces questions devaient être l’objet d’un vote. L’idée que « le pouvoir est au peuple » n’est rien d’autre qu’un mythe.

Mais qu’en est-il de l’argument b) ? N’est-il pas vrai que la plupart des questions politiques sont trop complexes pour faire l’objet d’un vote ? En aucune façon. Une mosquée doit-elle être bâtie quelque part, quel doit être l’âge légal pour boire de l’alcool, à quel niveau doivent-être fixées les peines plancher pour certains crimes, faut-il construire moins d’autoroutes ou davantage, quel doit être le niveau de la dette publique, doit-on envahir certains pays étrangers, etc. — toutes ces questions sont très claires. Si nos gouvernements considèrent que la démocratie est importante, ne devraient-ils pas au moins laisser le peuple se prononcer directement sur quelques-unes d’entre elles ?

Peut-être l’argument b) signifie-t-il que les gens ne sont pas suffisamment intelligents pour être capables de former des opinions raisonnables sur toute sorte de questions économiques et sociales ? Si c’est le cas, comment peuvent-ils être assez brillants pour comprendre les différents programmes politiques et voter en fonction de ceux-ci ? Quiconque défend la démocratie doit au moins présumer que les gens connaissent deux trois choses et sont capables de comprendre le français. Par ailleurs, pourquoi les hommes politiques au pouvoir seraient-ils nécessairement plus brillants que les électeurs qui les y placent ? Les hommes politiques peuvent-ils mystérieusement puiser dans la fontaine de la connaissance, tandis que les électeurs n’y ont pas accès ? Ou alors ont-ils des valeurs morales supérieures au citoyen moyen ? Il n’existe aucune preuve de tout cela.

Les défenseurs de la démocratie expliqueront peut-être que même si les gens ne sont pas stupides, personne n’a le savoir suffisant ni les capacités intellectuelles pour se prononcer sur des questions complexes qui impactent fortement les vies de millions de personnes. Cela est manifestement vrai, mais la même chose s’applique également aux hommes politiques et aux fonctionnaires qui prennent ces décisions dans une démocratie. Par exemple, quel type d’enseignement veulent les parents, les professeurs, et les étudiants ? Ou quel est le meilleur enseignement ? Chaque personne a ses propres désirs et sa propre vision de ce qu’est un bon enseignement. Et la plupart des gens sont suffisamment intelligents pour décider de ce qui est bon pour eux et pour leurs enfants. Mais cela est en complète contradiction avec l’approche centralisée d’une « taille unique pour tous » de la démocratie.

Il semble donc que dans une démocratie le peuple ne gouverne pas du tout. Ce n’est pas vraiment une surprise. Tout le monde sait que l’État prend régulièrement des décisions auxquelles la majorité du peuple est opposée. Ce qui règne en démocratie n’est pas « la volonté du peuple » mais la volonté des hommes politiques, elle-même guidée par les groupes de lobbyistes professionnels, les groupes d’intérêts et les activistes. Les groupes pharmaceutiques, les groupes de l’énergie, de l’agriculture, le complexe militaro-industriel, Wall Street — ils savent tous comment faire fonctionner le système à leur avantage. Une petite élite prend les décisions — souvent dans les coulisses. Sans se préoccuper de ce que « le peuple » souhaite, ils dilapident notre épargne dans des guerres et des programmes d’aide, permettent l’afflux massif d’une immigration dont peu de citoyens veulent, votent des déficits considérables, espionnent les citoyens, se lancent dans des guerres qui reçoivent l’approbation de peu d’électeurs, dépensent notre argent dans des subventions pour des groupes d’intérêts, signent des accords — comme l’union monétaire dans l’UE ou l’OTAN — qui bénéficient aux improductifs aux dépens des personnes productives. Etait-ce ce que nous voulions démocratiquement ou était-ce ce que les dirigeants voulaient ?

Combien de gens seraient prêts à transférer volontairement des milliers de dollars vers le compte en banque de l’État pour que des soldats puissent combattre en Afghanistan en leur nom ? Pourquoi ne demandons-nous pas l’avis du peuple ne serait-ce qu’une seule fois ? N’est-il pas celui qui dirige ?

On dit souvent que la démocratie est une bonne manière de limiter le pouvoir des dirigeants, mais comme nous le voyons c’est là un autre mythe. Les dirigeants peuvent faire à peu près tout ce qu’ils veulent.

Au surplus, le pouvoir des hommes politiques s’étend bien plus loin que leur actions au parlement et au sein du gouvernement. Lorsque les électeurs leur retirent leur pouvoir, ils réussissent souvent à occuper des postes grassement payés au sein des innombrables organisations qui existent en symbiose avec l’État — les chaines de télévision, les syndicats, les associations du bâtiment, les universités, les ONG, les groupes de lobbying, les think tanks, et les milliers d’entreprises de conseils qui vivent de l’État comme de la mousse sur un tronc d’arbre pourri. En d’autres termes, un changement de gouvernement ne signifie pas forcément un changement de qui possède le pouvoir dans la société. Dans une démocratie, les responsabilités sont beaucoup plus diffuses qu’on croit.

Il est aussi à noter que participer aux élections aux États-Unis est loin d’être simple. Pour être autorisé à participer à des élections au niveau fédéral, il vous faut respecter une réglementation qui couvre 500 pages. Les règles sont si complexes qu’elles ne peuvent pas être comprises par les profanes.

Pourtant, malgré tout cela, les avocats de la démocratie insistent toujours sur le fait que « nous avons voté pour » dès qu’un gouvernement met en place une nouvelle loi. Cela implique que « nous » n’avons plus le droit de nous opposer à une telle mesure. Mais cet argument est rarement utilisé uniformément. Les homosexuels l’utiliseront pour défendre leurs droits, mais ne l’acceptent pas quand un pays démocratique interdit l’homosexualité. Les activistes pro-environnement exigent que des mesures environnementales décidées démocratiquement soient mises en place, mais ne se gênent pas pour organiser des manifestations illégales lorsqu’ils sont en désaccord avec les autres décisions prises démocratiquement. Dans ces derniers cas, il semble que « nous » n’avions pas voté pour.
Frank Karsten




Dans Dépasser la démocratie, Karel Beckman et Frank Karsten réfutent 13 grands mythes sur lesquels la démocratie est habituellement fondée. Qui plus est, ils offrent une alternative attrayante : une société volontaire, fondée sur les libertés individuelles.


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