Les Protocoles des Sages de Sion 1/4
Des juifs et des francs-maçons exécutent-ils, consciemment ou inconsciemment, un plan qui na été ni conçu, ni voulu par eux ?
Les Protocoles des Sages de Sion
L'avènement du Regnum supra-national
René Guénon
Une organisation vraiment secrète ne laisse jamais derrière elle de documents écrits
L'authenticité n'est guère soutenable, pour de multiples raisons que nous n'examinerons pas ici ; à cet égard, nous appellerons seulement l'attention sur un point qu'on paraît ne pas prendre suffisamment en considération, et qui pourtant est peut-être le plus décisif : c'est qu'une organisation vraiment et sérieusement secrète, quelle qu'en soit d'ailleurs la nature, ne laisse jamais derrière elle de documents écrits. D'autre part, on a indiqué les «sources» auxquelles de nombreux passages des Protocoles ont été empruntés à peu près textuellement : le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, de Maurice Joly, pamphlet dirigé contre Napoléon III et publié à Bruxelles, en 1865, et le discours attribué à un rabbin de Prague dans le roman Biarritz, publié en 1868, par l'écrivain allemand Hermann Goedsche sous le pseudonyme de sir john Retcliffe. Il y a encore une autre «source» qui, à notre connaissance, na jamais été signalée : c'est un roman intitulé : Le Baron Jéhova, par Sidney Vigneaux, publié à Paris en 1886, et dédié, ce qui est assez curieux, "au très gentilhomme A. de Gobineau, auteur de l'Essai sur l'inégalité des races humaines, entré au Walhalla le 13 octobre 1882". Il est à noter aussi que, d'après une indication donnée dans les Mémoires d'une aliénée, de Mlle Hersilie Rouy, publiés par E. Le Normant des Varannes (Paris, 1886, pp. 308-309), Sidney Vigneaux était, ainsi que ce dernier, un ami du Dr Henri Favre, dont nous avons parlé plus haut ; il s'agit là d'une étrange histoire où apparaît également le nom de Jules Favre, qu'on retrouve d'ailleurs mêlé à tant de choses du même genre qu'il est difficile de n'y voir qu'une simple coïncidence... Il se trouve, dans "Le Baron Jéhova" (pp. 59 à 87) un soi-disant "Testament d'Ybarzabal" qui présente des similitudes tout à fait frappantes avec les Protocole, mais avec cette particularité remarquable que les juifs y apparaissent seulement comme l'instrument d'exécution d'un plan qui na été ni conçu, ni voulu par eux. On a noté encore des traits de ressemblance avec l'introduction du Joseph Balsamo, d'Alexandre Dumas, bien qu'ici il ne soit aucunement question des Juifs, mais d'une assemblée maçonnique imaginaire ; nous ajouterons que cette assemblée n'est pas sans rapport avec le «Parlement» pseudo-rosicrucien décrit, à peu près exactement à la même date, par l'écrivain américain George Lippard dans Paul Ardenheim, the monk of the Wissahikon, dont cette partie a été reproduite par le Dr. Swinburne Clymer dans The Rosicrucian Fraternity in America.
Toute l'orientation du monde moderne répond à un "plan" établi et imposé par la contre-initiation et de ses agents conscients ou inconscients
Établissement du Regnum supra-national
Il est encore à remarquer que, d'après l'«affabulation» des Protocoles eux-mêmes, l'organisation qui invente et propage les idées modernes, pour en arriver à ses fins de domination mondiale, est parfaitement consciente de la fausseté de ces idées ; il est bien évident qu'en effet, il doit en être réellement ainsi, car elle ne sait que trop bien à quoi s'en tenir là-dessus; mais alors il semble qu'une telle entreprise de mensonge ne puisse pas être, en elle-même, le véritable et unique but qu'elle se propose, et ceci nous amène à considérer un autre point qui, indiqué par M. Evola dans son introduction, a été repris et développé, dans le numéro de novembre de la Vita Italiana, dans un article signé «Arthos» et intitulé transformazioni del «Regnum». En effet, il n'y a pas seulement, dans les Protocoles, l'exposé d'une «tactique» destinée à la destruction du monde traditionnel, ce qui en est l'aspect purement négatif et correspondant à la phase actuelle des événements ; il y a aussi l'idée du caractère simplement transitoire de cette phase, et celle de l'établissement ultérieur d'un Regnum supra-national, idée qui peut être regardée comme une déformation de celle du «Saint Empire» et des autres conceptions traditionnelles analogues qui, comme le rappelle l'auteur de l'article, ont été exposées par nous dans Le Roi du Monde. Pour expliquer ce fait, "Arthos" fait appel aux déviations, allant même jusqu'à une véritable "subversion", que peuvent subir certains éléments, authentiquement traditionnels à l'origine, qui se survivent en quelque sorte à eux-mêmes, lorsque l'«esprit» s'en est retiré ; et il cite, à l'appui de cette thèse, ce que nous avons dit récemment ici au sujet des «résidus psychiques» ; les considérations qu'on trouvera d'autre part, sur les phases successives de la déviation moderne et sur la constitution possible, comme dernier terme de celle-ci, d'une véritable «contre-tradition», dont le Regnum dénaturé serait précisément l'expression dans l'ordre social, pourront peut-être contribuer encore à élucider plus complètement ce côté de la question qui, même tout à fait en dehors du cas spécial des Protocoles, n'est certes pas dépourvu d'un certain intérêt.
René Guénon écrit : "... il ne faut pas oublier que le « satanisme inconscient » de certains, plus nombreux que jamais à notre époque de désordre étendu à tous les domaines, n’est véritablement, au fond, qu’un instrument au service du « satanisme conscient » des représentants de la contre-initiation.