jeudi, août 22, 2019

Le saint patron des enfants torturés et sacrifiés




Simon de Trente

par Frederik To Gaste


Le jeudi de la semaine pascale de l’an 1475, dans la ville de Trente, se déroula un drame épouvantable : un meurtre rituel dont la victime fut le petit Simon Gerber âgé de 2 ans et demi ; meurtre à propos duquel nous sommes renseignés jusque dans les moindres détails grâce aux documents du procès obtenus dans leur intégralité.

Da
ns la ville habitaient alors trois familles de "cabalistes" dont les chefs, Angelo, Tobias et Samuel se retrouvèrent à plusieurs reprises manifestant leur contrariété à l’idée de manquer de sang chrétien indispensable à la préparation des galettes azymes de Pâque.

Ce fait et la description ultérieure du crime seront donnés en toute clarté lors des séances d’audition des témoins.

Les trois "cabalistes" pressèrent un marchand "cabaliste" de passage, du nom de Lazzaro, de leur fournir un enfant chrétien. Après quelque hésitation, il se déclara d’accord pour le prix de 100 ducats et parvint à attirer, le petit Simon Gerber de 2 ans et demi, enfant particulièrement beau, dans le maison de Samuel. La nuit tombée, le crime fut accompli, auquel participèrent les 7 "cabalistes" suivants : Samuel et son fils Israël, Moïse (le vieux), son fils Mohar et son petit-fils Bonaventura, le serviteur Vitale, le cuisinier Bonaventura et le médecin Tobias. Angelo, qui avait vraiment été l’instigateur du rapt de l’enfant, n’était pas présent.

Il est intéressant de noter que la version du meurtre qui va suivre fut rapportée unanimement par les accusés, alors même qu’ils étaient gardés sous le régime d’isolement cellulaire et qu’aucun mauvais traitement corporel ne leur fut appliqué.

Nous commencerons par l’exposé du valet Vitale, particulièrement détaillé : le jour de la Pâque juive, jeudi, au crépuscule (il ne se souvenait plus exactement de l’heure), il (Vitale) était allé dans la maison de Samuel, puis dans la chambre qui faisait face à la synagogue.

Là se trouvaient aussi : Moïse, le vieux ; son fils Mohar ainsi que le fils de celui-ci, Bonaventura ; Samuel et son fils Israël ; Bonaventura, le cuisinier et Tobias, le médecin. Samuel entoura le cou de l’enfant, que le vieux Moïse, assis sur un banc, tenait sur ses genoux, d’un foulard. Moïse et Samuel tirèrent fortement sur le foulard afin d’étouffer tout cri que pût émettre l’enfant. Alors Moïse, muni d’une pince arracha un morceau de chair de la joue droite de la petite victime. Samuel et Tobias firent de même. Le sang qui s’écoulait de la joue était recueilli dans une écuelle ; Tobias et Mohar se relayaient pour récolter le sang.

Tous, y compris Vitale, avaient en main des aiguilles pour percer l’enfant, tout en articulant des paroles en hébreux qu’il ne comprit pas. Puis, avec la même pince, ils prélevèrent de la chair à l’extérieur de la cuisse droite du petit. Il ne se souvenait pas qui des deux avait été le premier à continuer ainsi l’infâme besogne, ni qui tenait ensuite l’écuelle dans laquelle s’écoulait le sang. Puis Moïse et Samuel, assis sur un banc, saisirent l’enfant et le placèrent debout entre eux, tout en le soutenant : Moïse, à la droite de l’enfant, saisit le pied de celui-ci et étendit en même temps son petit bras droit ; Samuel fit de même à gauche. Le témoin croit se souvenir que même Tobias maintenait les pieds de l’enfant ; ainsi le petit revêtait la position du crucifié. C’est alors que les autres juifs qui l’entouraient lui portèrent des estocades avec des aiguilles qu’ils avaient en main. Vitale, comme déjà dit, y participa aussi. Sous ce martyre, l’enfant expira.

L’interrogatoire aboutit à toute la clarté souhaitable, incluant les mobiles du meurtre : ainsi donc l’enfant fut tué en vue de récupérer son sang pour le mêler à la pâte dont on fait les galettes azymes qui sont consommées à Pâque. Ce sang, provenant d’un enfant chrétien serait nécessaire à chaque célébration pascale. Car il règne, dans les cercles de "cabalistes" initiés, la conviction selon laquelle le sang d’un enfant chrétien tué est de grande utilité pour le salut de leurs âmes ; mais que ce sang ne serait pas aussi efficace si on ne tuait pas la victime de la même manière que les juifs ont tué Jésus Christ ; que l’enfant peut vraiment être tué quel que soit le jour, son sang récolté, mais que le sacrifice est plus agréable à Dieu si l’expiation a lieu peu avant Pâque.

Les "cabalistes" ne seraient pas des "cabalistes" s’ils ne liaient pas leur désir de meurtre à un florissant trafic. Le procès du meurtre de Trente démontra clairement qu’il ne s’agissait nullement d’un cas isolé ; du reste les épouses de Tobias et de Mohar, auditionnées comme témoins, reconnurent encore bien d’autres meurtres auparavant. L’accusé Samuel rapporta, entre autres, que les sanguinaires marchands "cabalistes" étaient pourvus d’autorisations rabbiniques supérieures, afin que les « clients » soient sûrs de ne recevoir que du sang recueilli de manière irréprochable ; sang qui, selon les accusés, n’était pas utilisé que dans la cuisson de galettes pascales, mais aussi mélangé au vin de circonstance.

Il va de soi que, même pendant la durée du procès, s’installa une intense agitation juive afin d’obtenir la libération des accusés, occurrence coutumière que nous observons lors de tous les procès de meurtres rituels. Malgré toutes les démarches auxquelles participèrent ici exceptionnellement le pape et l’Eglise catholique, quatre des accusés furent condamnés à mort et exécutés. Le vieux Moïse, en tant que chef de la communauté, préféra se donner la mort en prison.

Pourtant l’agitation des "cabalistes" ne tarit pas, agitation qui, pour le moins, visait à disculper ultérieurement les "cabalistes" du fléau des meurtres rituels. Ils se réfugièrent avant toute chose derrière une protection papale, mais celui-ci avait été entre-temps dûment renseigné sur l’affaire ; ainsi confirma-t-il, dans une bulle extraordinaire, que la sentence des juges de Trente était équitable et inattaquable. C’est ainsi que le pape Grégoire XIII permit, cent ans plus tard, au petit Simon d’être accueilli au sein des martyrs de l’Église romaine et canonisé. 

Notes :

- Le culte de Simon de Trente, saint patron des enfants victimes d'enlèvement ou de tortures, fut aboli par Paul VI, le pape pédocriminel : LIRE Les révélations d'un ancien agent des services de renseignement du Vatican. 

- Frederik To Gaste utilise un autre mot à la place du mot "cabaliste".

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