lundi, novembre 18, 2019

J'accuse (de) Polanski

Paris, mercredi 13 novembre, des groupuscules féministes ont empêché la diffusion du film "J'accuse". Une nouvelle fois, Roman Polanski est accusé d'agression sexuelle. 

Le réalisateur juif s'est toujours victimisé en se comparant à Dreyfus. Or d'un point de vue historique, la question de l'innocence de Dreyfus n'est pas résolue.

(Durée 20:57)
Faut-il boycotter "J'accuse", le film de Polanski ?


Alfred Dreyfus reste suspect

D'un point de vue historique la question de l'innocence de Dreyfus n'est pas résolue

"En ce qui concerne Dreyfus lui-même, écrit Monique Delcroix, l'affaire d'origine, Dreyfus et le bordereau de 1894, on peut tenir pour acquis que Dreyfus a été condamné à la légère et que, en l'état du dossier tel que nous le connaissons, il serait aujourd'hui vraisemblablement acquitté au bénéfice du doute.

Faut-il y voir nécessairement une machination de l'état-major ou des services secrets ? Nous ne Je pensons pas. Répétons qu'en 1894, période où l'humiliation de la défaite de 1870 est présente dans tous les cœurs, où la France rêve de revanche sur l'Allemagne, le crime de trahison est le pire qui soit. Il révulse comme le crime de pédophilie révulse aujourd'hui et cet aspect passionnel explique une justice rapide, même s'il ne l'excuse pas. N'oublions pas non plus que Dreyfus a été condamné par un tribunal militaire, justice d'exception, justice d'Etat, dont le caractère sommaire a fait bien d'autres victimes que le célèbre capitaine.

Mais, si d'un point de vue judiciaire, l'absence de preuve de culpabilité de Dreyfus peut conduire à l'acquittement, d'un point de vue historique la question de son innocence n'est pas résolue pour autant.

La réalité d'une trahison provenant du sein même de l'état-major peut difficilement être contestée (mémento de Schwattzkoppen notamment).

Alfred Dreyfus reste suspect. Incontestablement, son écriture ressemble à celle du bordereau. Incontestablement, il cherchait à connaître des secrets militaires à la limite de son service. Incontestablement, il a été en relation avec une espionne autrichienne. Tout cela est peut-être fortuit, mais peut-être pas.

Pour être sûr de l'innocence de Dreyfus, il faudrait être sûr de la culpabilité d'Esterhazy. Et là, rien ne va plus."



Monique Delcroix

Certes, l'affaire Dreyfus a fait couler énormément d'encre depuis un siècle. Mais la quasi-totalité des ouvrages sont soumis à ce que Monique Delcroix nomme la « vulgate », c'est-à-dire une manière obligée de raconter l'histoire. Non seulement l'innocence d'Alfred Dreyfus est érigée en dogme, mais de plus un historien « correct » se doit de tenir pour établi que c'est Esterhazy qui a écrit le fameux bordereau ; que le colonel Picquart a découvert fortuitement la culpabilité d'Esterhazy ; que l'état-major a guidé et protégé Esterhazy jusqu'à son procès ; que les dreyfusards n'ont eu aucune relation avec Picquart, ni indirecte avant juillet 1897 ni directe avant janvier 1898, et strictement aucun contact avec Esterhazy. Or, rien de tout cela n'est acquis. Cette trame correspond à une simple hypothèse, à une explication de l'affaire Dreyfus qui s'avère être très contestable.

Une étude extrêmement serrée prouve que l'historiographie officielle a accumulé les silences, multiplié les dissimulations et gommé les incohérences.

Des affirmations répétées durant un siècle ne deviennent pas pour autant des vérités et dès que l'on s'affranchit du prêt-à-penser, dès que l'on sort du cadre rassurant de l'histoire toute faite, les questions affluent... C'est ainsi qu'en filigrane apparaît une autre possibilité que l'on s'est efforcé de dénigrer et de soustraire à l'étude : Esterhazy pourrait bien avoir été stipendié par les défenseurs de Dreyfus pour endosser la paternité du bordereau. Pour la première fois, cette hypothèse, qui oblige à reconsidérer le rôle de Picquart et des chefs dreyfusards, est traitée avec le sérieux qu'elle mérite.

Le présent ouvrage ne saurait pourtant être qualifié d' "antidreyfusard", car il porte également un jugement sévère sur certaines légendes véhiculées par les tenants de la culpabilité de Dreyfus.


Lire l'article de Monique Delcroix sur le livre d'Adrien Abauzit L’Affaire Dreyfus, Entre farce et grosses ficelles, un ouvrage résolument antidreyfusard :

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