mercredi, décembre 11, 2019

L’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem

(Durée 3:01)
La fête médiévale du Grand Fauconnier.


L’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem

"Ces néo-templiers sortirent de « l’ombre » en 1808, au cours d’une messe célébrée en l’église Saint-Paul Saint-Antoine de Paris, le jour anniversaire de la mort de Jacques de Molay." [...]


Fabre-Palaprat, le fondateur et grand maître de l'ordre, était "responsable d’un schisme à l’intérieur des Rose-Croix, il fut épaulé par Napoléon qui voulait en créer un au sein de l’Église catholique afin de contrôler les pouvoirs temporel et spirituel en France

Pour justifier son titre, Bernard-Raymond Fabre-Palaprat s’appuyait sur une charte de transmission remontant à 1324, dont il n’était accordé qu’à de rares privilégiés la faveur de voir l’original. Bien sûr, les  paléographes auraient aussitôt compris. Que disait cette charte de transmission, conservée à Londres actuellement, et qui date, selon les experts du XVIIe siècle ?

D’où Palaprat sortait-il son ordre ? La supercherie est frappante. Nous avons pris la peine de tout regarder. Au fur et à mesure, les faux apparaissent suivant des critères bien établis.

Le premier établissement des futurs néo-templiers fut la Loge de la Croix qui reçut ses constitutions le 23 décembre 1805, du Grand Orient de France. Les recrues furent puisées dans la loge Sainte-Catherine et représentées par l’aristocratie : de Choiseul, de Chabrillan, de Vergennes, de Dillon, de Narbonne, de Béthune, de Montmorency, etc. À l’intérieur du système dont les grades étaient calqués sur ceux de la Rose-Croix, se trouvait une classe se réclamant de l’Ordre du Temple.

Cet Ordre Intérieur eut pour imprésarios trois maçons : Ledru, docteur en médecine, de Courchamp, clerc de notaire, et un inconnu prénommé Saintot. Ce trio prétendait avoir reçu les pouvoirs de la maîtrise suprême du Temple, le 10 juin 1804, par Radix de Chavillon qui les avait hérités lui-même, en 1792, du dernier Maître secret de l’Ordre du Temple, Louis, Hercule, Timoléon de Cossé, duc de Brissac. Les troubles révolutionnaires ne permirent pas à Chevillon de rencontrer les subordonnés, il nomma Ledru lieutenant-général d’Afrique, de Saintot lieutenant-général d’Asie, de Courchamp Grand Précepteur. Il leur remit alors les documents prouvant « l’authenticité » de l’Ordre du Temple :

— le registre des procès-verbaux des réunions secrètes,
— l’archétype des statuts révisés en 1707,
— la pièce primordiale : charta transmissionis, émanant du successeur immédiat de Jacques de Molay, portant le nom et les signatures des grands Maîtres qui se sont succédé depuis 1324 jusqu’à 1792.

Déjà à cette époque, Morisson de Greenfield, médecin militaire anglais, avait communiqué un mémoire dans lequel il mettait en évidence la supercherie de Ledru, à un autre membre de l’association nommé Clavel. Or, Ledru avait été médecin ordinaire du duc de Brissac et aurait acheté, au moment de la mise en vente des biens du duc, tous les documents qu’il produisit, en 1804, comme provenant de Radix de Chevillon.

Ces documents font état du véritable rénovateur de l’Ordre du Temple, qui aurait été Philippe d’Orléans V Se souvenant de la résurrection des Templiers à Versailles en 1692, il avait formé, en 1705, une association secrète « qui avait renoncé à son but primitif – mœurs très poussés à la Socrate – pour s’occuper de matières politiques ». Le Régent se nomma Grand Maître, et les statuts primitifs furent mis au goût du jour.

Cela paraît déjà plus que douteux. Or, il y a ce passage : « l’association entreprit dans l’origine de se faire reconnaître en la qualité qu’elle prenait par l’Ordre du Christ au Portugal. » La mèche est vendue par les fondateurs eux-mêmes qui ne croyaient en rien à une prétendue succession de Jacques de Molay.

Le jésuite Bonnani confectionna la Charte de Transmission et y apposa les fausses signatures des divers Grands Maîtres. Bien que l’on ait dit que cette Charte était originale, nous savons maintenant, par des examens scientifiques, que la Charte de Transmission, avec les signatures, est un faux du début du XVIIIe siècle : encre, calligraphie, paléographie, épaisseur du parchemin en témoignent. [...]

Les prétentions du Maître du Temple le poussèrent à fonder une nouvelle religion. Il admit, en 1810, Mgr Guillaume Mauviel. Ce dernier, après avoir été évêque de Saint-Domingue en 1800, rentra en France en 1805, accepta l’Église concordataire et demanda la cure de Mantes, en Seine-et-Oise. Mort en 1814, il avait consacré évêque le Maître Fabre-Palaprat, le 29 juillet 1810. En moins de trois mois, Mauviel avait été nommé Primat de l’Ordre. Le Grand Maître l’invita à exercer publiquement les fonctions de son ministère. Mauviel, ou pour le Temple Guillaume des Antilles, noblesse oblige, confessa par écrit qu’il ne pouvait faire cela n’ayant pas reçu d’acte légal de sa communion avec Rome. Palaprat le destitua le 10 mars 1810, suivant l’article 18 des statuts, qui disait que tout ministre ecclésiastique de l’ordre doit faire profession de l’Église catholique, apostolique et romaine. Mais cela ne dura pas. Fabre-Palaprat, en février 1812, faisait savoir qu’en « sa qualité de souverain pontife et patriarche de l’Ordre il avait le pouvoir de conférer l’onction de la chevalerie ». En toute humilité !

En 1814, il acheta sur les quais, un manuscrit grec intitulé « Evangelicon ». C’était une version de l’évangile de saint Jean, précédée d’une introduction appelée « Léviticon ». Cette découverte fit connaître à Fabre-Palaprat la religion secrète johannite, qui avait un aspect différent de celui que connurent les Maçons des frères de l’Ecole du Nord. Cette trouvaille devait devenir le credo d’une nouvelle Église dont le maître du Temple serait le pape, le primat, le docteur, etc.

II composa aussitôt une légende templière, combinant la tradition maçonnique sur l’origine égyptienne de la société secrète avec la thèse socinienne, l’anti-cléricalisme des Encyclopédistes. À en croire le Léviticon, l’Ordre d’Orient, né en Égypte, avait été fondé par des chefs pour assurer le pouvoir de la caste sacerdotale et du gouvernement théocratique. On est loin du système synarchique des véritables Templiers.

Dans le Léviticon, le Christ est un philosophe et un initié. Il est appelé « Fils de Dieu » uniquement parce qu’il « était doué d’un génie tout divin. » La vie du Christ, inventée de toutes pièces, nous indique qu’il a été élevé à l’école égyptienne et initié très jeune. Jésus conféra l’initiation à saint Jean l’Evangéliste et aux autres apôtres, qu’il avait divisé en plusieurs ordres. Le Christ disparu, l’ordre fut animé d’un autre esprit sous l’inspiration de saint Jean.
On retrouve ici l’origine de la théorie templière que certains devaient exploiter. Par l’intermédiaire des primats de l’Église johannite, la tradition primitive de l’Ordre fut altérée. Son premier chef, Hugues de Payens, fut « instruit dans la doctrine ésotérique et dans des formules initiatoires des chrétiens d’Orient, par le patriarche Théoclès, 66e successeur de saint Jean ». Les Templiers retombèrent dans les erreurs en s’alliant avec les sectes musulmanes dont les chefs les initièrent dans une caverne du Liban. Guillaume de Montbard aurait été le premier initié. Il transmit le message à quelques frères qui initièrent tous les Templiers au culte maçonnique. Les idées de Palaprat furent, non pas reprises, mais travaillées, par certaines sectes et surtout des hurluberlus qui, ne pouvant être admis dans la Franc-Maçonnerie, se séparèrent de cette dernière et gardèrent des cercles d’études « initiatiques » qui aboutirent à toutes les théories que nous connaissons aujourd’hui.

Plusieurs membres du « Cercle d’Etudes initiatiques », épris d’un certain nationalisme, se séparèrent et redonnèrent une autre conception, en faisant des Templiers les héritiers directs des druides, principalement des Carnutes."


Laurent Dailliez, Les Templiers, ces inconnus.


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