dimanche, septembre 27, 2020

Les Accords d’Abraham, un arrière fond maçonnique

 

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President Trump participates in Abraham Accords agreement between UAE, Bahrain and Israel.

Trump, en campagne électorale, veut forcer les alliés arabo-musulmans des États-Unis à reconnaître l’entité sioniste

DONALD TRUMP a réalisé aux Etats-Unis une grande cérémonie sur le thème de l’Alliance d’Abraham : chrétiens, représentés par les Etats-Unis, juifs, représentés par l’Entité Sioniste, et musulmans, représentés par les Emirats Arabes Unis et Bahreïn, témoigneraient de la restauration de relations harmonieuses originelles entre descendants spirituels du patriarche biblique. Il a mis en place une cérémonie, appelée « Accords d’Abraham », le 15 septembre, à Washington. Cet accord politique, la reconnaissance de l’Entité Sioniste par deux pays arabes, a été obtenue sous la supervision de leur commun allié états-unien ; il a été placé dans le cadre symbolique d’une déclaration pour le dialogue interreligieux, spécialement entre confessions se réclamant toutes d’Abraham, le premier ancêtre monothéiste commun.

Il faut relever, dans cette cérémonie, outre le sionisme évident, un arrière-fond maçonnique très net, celui de la franc-maçonnerie britannique du début du dix-huitième siècle, aspirant à unifier tous les hommes monothéistes de bonne volonté au-delà des différences “superficielles” (telle est leur point de vue) des confessions officielles. Cela se mélange fort bien depuis trois siècles avec le protestantisme états-unien. Donald Trump s’inscrit parfaitement dans l’Histoire longue de son pays, contrairement à ce qu’affirment régulièrement les media gauchistes hystériques. Sur ce point précis, on ne l’en félicitera pas forcément pour autant.

Pourquoi ce type de cérémonies maintenant ? Pourquoi ces pressions très fortes de l’Etat états-unien, qui ne sont pas à prendre à la légère, en particulier pour les pays pauvres ou fragiles, en faveur de la reconnaissance de l’Entité Sioniste, ou, étape supplémentaire, de Jérusalem comme sa capitale ? Donald Trump est à l’évidence entrée dans la dernière phase de sa campagne électorale pour sa réélection. Et il joue au maximum la carte sioniste.

Il y a aussi un piège électoral évident pour Joe Biden : soit il suit Trump sur sa politique très sioniste, et il vexera une large partie de l’aile gauche du parti démocrate, qui cultive la grosse provocation politique aux Etats-Unis, soutenir les Palestiniens, soit il s’oppose à lui, même de manière nuancée, et ce serait un suicide politique aux Etats-Unis, en apparaissant pour un soutien bien terne de l’Entité Sioniste, cause sacrée pour des motifs très divers pour les ¾ des électeurs, soit quasiment tous les républicains et la majorité des démocrates.

En effet, Donald Trump sait qu’il conserve des chances très sérieuses de l’emporter s’il réussit à mobiliser à nouveau l’électorat chrétien-sioniste, plusieurs dizaines de millions de personnes, de l’ordre de 30 à 40 millions d’adultes, en sa faveur. Ces protestants sont persuadés que l’Entité Sioniste serait une résurrection de l’Israël biblique, et correspondrait encore et toujours à la volonté divine. Ce point de vue est opposé à celui de la théologie catholique traditionnelle. Ces chrétiens-sionistes sont le véritable enjeu électoral pour Trump, et pas les 6 millions de Juifs états-uniens, peu religieux pour la plupart, et qui votent à 75 ou 80 % pour le parti démocrate. Les chrétiens-sionistes sont blancs et noirs : les premiers voteraient pour Trump, les seconds s’abstiendraient, tiraillés entre principes religieux et solidarité raciale, ce qui pourrait aussi s’avérer stratégique dans les Etats disputés du Sud — comme la Caroline du Nord ou la Virginie —.

Cette campagne électorale a déjà eu des conséquences majeures pour le Moyen-Orient : l’Entité Sioniste, jusqu’à l’été 2020, ne pouvait espérer être reconnue des pays arabes, du moins tant qu’elle ne rendrait pas une part jugée décente des terres de Palestine aux Palestiniens. Hors de l’Egypte et de la Jordanie, soit des pays arabo-musulmans immédiatement voisins, aucun autre Etat arabo-musulman, par principe, acceptait jusque-là de reconnaître l’Entité Sioniste. Les dirigeants palestiniens de l’OLP ont été, eux, de leur propre aveu, piégés dans un prétendu « processus de paix » qui devait ne jamais aboutir dans les années 1990. Depuis quelques mois, avec le forcing de l’administration Trump, l’Entité sioniste est reconnue par un nombre croissant de pays arabes, ce qui est une véritable trahison de leur part.

Donald Trump a multiplié les plus petites cérémonies sur ces thèmes chéris de son électorat : ainsi, le Kossovo, micro-Etat balkanique musulman, pauvre et mafieux — et tout sauf une réussite de la prétendue communauté internationale —, a reconnu l’Entité Sioniste. La Serbie voisine a, quant à elle, reconnu Jérusalem comme sa capitale. L’humiliation a été manifeste pour le président serbe (depuis 2017) Vucic, un ex-nationaliste complètement apostat, Trump tenant, pour des raisons pratiques, les deux pays étant voisins, à les mêler dans ses félicitations publiques télévisées. Or, les Serbes et les Albanais — qui peuplent le Kossovo désormais exclusivement ou presque — se détestant cordialement ; l’impair diplomatique est manifeste. L’effet politique a été calamiteux en Serbie pour Vucic, manifestement un valet de Washington. La Serbie est un pays encore traumatisé par la guerre d’agression de l’OTAN en 1999, qui a provoqué la sécession du Kossovo, cœur historique ancien de la Serbie. C’est d’ailleurs bien fait pour lui.

Les pays musulmans pauvres, en crise économique grave, ou dépendants de Washington, subissent des pressions intenses. Le Qatar, petit pays qui abrite une des plus grandes bases américaines de la région, a cependant refusé énergiquement, soutenu par Erdogan, son grand allié régional, et champion récent de la cause palestinienne. Le Qatar est aussi un pays très riche, qui peut se le permettre. Mais pourraient succomber Oman, les Comores, Djibouti, le Soudan. Le Bahreïn, pressenti depuis longtemps, qui avait fait mine de résister durant quelques semaines après la reconnaissance de l’Entité par les Emirats Arabes Unis cet été, a fini par céder aux pressions écrasantes de Trump ; le régime politique en place, une dictature oligarchique de la minorité sunnite sur la majorité chiite, ne tient en effet que grâce au soutien, y compris militaire, de l’étranger, Washington, et très concrètement, de Riyad. Il est probable que les pays mentionnés, d’ailleurs explicitement cités par le ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis Mike Pompeo, cèdent dans les semaines ou les jours qui viennent. Trump tient probablement à ce que les reconnaissances de l’Entité Sioniste se suivent jusqu’à l’élection présidentielle du 3 novembre 2020. Elles permettraient aussi au parti républicain, euphorique sur ce sujet, d’améliorer ses scores en nombre de sièges à la chambre des députés, à majorité démocrate — qui devrait se maintenir —, au sénat, qui devrait rester aux républicains.

Toutefois, les grands pays arabes ou musulmans, comme l’Arabie Séoudite, le Pakistan, l’Indonésie, ont refusé de suivre cette voie, au nom de la défense légitime des droits des Palestiniens. L’Iran reste opposé bien sûr à ces manœuvres, directement dirigées contre la République Islamique et son grand allié local sur le front palestinien, le Hezbollah libanais, qu’il s’agit ainsi d’isoler politiquement et économiquement. Quant à la Turquie, elle se fait la championne des refus de reconnaissance de l’Entité Sioniste, alors qu’elle la reconnaît depuis 1948 ! Erdogan, qui s’est distingué à l’été 2020 en manifestant toute sa sympathie au Hamas palestinien, à la philosophie politico-religieuse proche de la sienne, en recevant publiquement ses dirigeants en exil, s’est bien gardé pour autant de rompre avec Tel-Aviv. C’est une attitude plus qu’ambiguë. A l’exclusion de l’Iran, pays assez isolé, au-delà des manœuvres états-uniennes et des tensions avec ses voisins arabes dans le Golfe Persique, du fait de sa nature chiite— et 90 % des musulmans sont sunnites dans le monde —, les Palestiniens ne disposent plus de vrais grands champions de leur cause dans le monde arabo-musulman.

S. de S.

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