vendredi, novembre 05, 2021

Une boussole dans le chaos



(...) la crise générale qui se produit au tournant du XXIe siècle et concerne la société planétaire, est visible à l’œil nu. Que cette crise coïncide ou non avec le début du troisième millénaire, a peu d'importance au fond : l'important est de se rendre compte de son existence et des effets négatifs qu'elle produit dans nos pays.

Le problème qui se pose alors à tout individu conscient de lui-même et du monde qui l'entoure, consiste à savoir comment il peut affronter cette crise, étant donné le peu d'influence qu'il a, face à la mondialisation, sur les événements politiques, sociaux, économiques, lesquels sont souvent dirigés de l'extérieur par les pouvoirs forts, qu'on dit parfois occultes mais qui agissent aujourd'hui en pleine lumière, et ceci bien que les individus aient exprimé dans les limites consenties par les démocraties modernes (élections, référendum, médias) des opinions toutes différentes, et dont il n'est pas le moins du monde tenu compte.

L'existence d'une crise est reconnue unanimement par les sociologues et les psychologues, les philosophes, les économistes et les scientifiques, moins par les hommes politiques qui ont tout intérêt à cacher ce qu'ils devraient être en mesure de contrôler. Mais les recettes pour surmonter cette crise, elles, ne sont pas unanimes. On a trop souvent recours à une pensée molle qui admet la crise, reconnaît ne pouvoir pas l'empêcher et se laisse transporter par le courant sans tenter en aucune façon de la contrarier : elle cherche seulement à comprendre et à s'adapter. Son expression commune est la "political correctness", visage moderne d'une hypocrisie nourrie de la plus extrême démagogie. Fermer les yeux face aux laideurs de la société en cherchant à les gommer du discours ; maquiller les faits, les événements et les hommes en leur trouvant de nouvelles définitions, souvent ridicules et grotesques ; éliminer de la langue parlée et même des dictionnaires les termes considérés inconvenants par différents lobbies (intellectuels, religieux, politiques, ethniques). Voilà comment elle procède.

La pensée traditionnelle reste une boussole possible dans le chaos contemporain, elle qui avait annoncé en son temps ce qu'il allait advenir et qui avait proposé alternatives et remèdes. Comme on le sait, René Guénon et Julius Évola ont incarné deux voies, celle de la contemplation et celle de l'action, brahaman et kshatryia. Selon Évola, la voie de l'action (désintéressée et spirituelle) doit être conseillée pour deux raisons : d'abord parce qu'elle s'accorde mieux à la manière d'être occidentale ; ensuite, parce qu'ayant à vivre dans le kaliyuga, l'âge ultime de beaucoup de traditions non seulement orientales mais aussi occidentales, l'unique philosophie qu'on peut prescrire est celle des Tantra, celle qu'on appelle aussi la Voie de la main gauche.

Julius Évola (1898-1974) est un penseur complexe et multiforme, au sens où, au cours d'un demi-siècle d'une activité intellectuelle intense, il s'est intéressé, au niveau théorique et pratique, à de multiples questions, orientations de l'esprit, activités : il a été peintre et philosophe, poète et hermétiste, morphologue de l'histoire et politologue, critique des coutumes et sexologue, orientaliste et mythologue, spécialiste des religions et de la Tradition. Mais il a été aussi un alpiniste de valeur et un conférencier universitaire. [...]

Julius Évola s'est toujours battu pour une révolution intérieure, une révolution spirituelle, cherchant à concilier le concept métaphysique de tradition avec le concept idéologique de la droite, et même d'une droite spirituelle comme il l'a souvent décrite. Évola resta paralysé à la suite d'un bombardement à Vienne en 1945. Il fut ensuite accusé, lors d'un procès à Rome en 1951, d'avoir été le mentor d'un groupe de jeunes arrêtés pour « reconstitution du parti fasciste » et actes violents. Lors de sa défense, il revendiqua son appartenance à la Tradition, son adhésion au fascisme dans la mesure où celui-ci pouvait coïncider avec la Tradition, et son combat pour une révolution spirituelle plutôt qu'une révolution faite d'actes violents ou d'actions armées.

Voilà pourquoi la pensée de Julius Évola est importante : d'un côté, sa Révolte contre le monde moderne est totale et il nous donne les causes de la crise de l'Occident ; de l'autre, il fournit des contre-mesures individuelles : pour sortir indemnes, spirituellement indemnes, de la crise générale ; pour affronter et vaincre le mal dont succombe l'Europe, le nihilisme ; pour ne pas se laisser entraîner dans cette perversion du sacré opérée par le néo-spiritualisme qui, aujourd'hui, a pris le nom de New Age ; pour ne pas se laisser conditionner par les faits et les idées de la dictature américano-centrée, de l'unanimisme progressiste, de la globalisation des marchés, de la standardisation des goûts et de la mode, en résumé de cette Société de la pleurnicherie, comme l'a décrite le critique anglais Richard Hugues, et dont le vrai visage est une pensée monolithique qui élimine les contradicteurs et rétablit dans certains pays européens le délit d'opinion afin de faire taire à tout prix ceux qui refusent de se conformer. Une fois tombées les dictatures communistes à l'Est, il semble que l'Ouest libéral-démocratique ait trouvé nécessaire d'adopter certaines de leurs méthodes afin de consolider les régimes démocratiques en place.

Un tel panorama suffit à définir le bon combat, tel qu'il doit être pratiqué, c'est-à-dire indépendamment de ses résultats effectifs. De plus, il y a le côté positif et réaffirmatif : Évola ne s'adresse pas à celui qui se réfugie dans une tour d'ivoire, mais à celui qui, même à un niveau personnel, aime donner un témoignage, un témoignage de cohérence. Les attitudes extraverties ne sont pas nécessaires : il faut simplement, comme Évola l'a souvent écrit, faire ce qui doit être fait, selon l'ancienne maxime sanscrite ; le faire selon sa propre équation personnelle qui, évidemment, n'est pas la même pour tous. C'est en pensant justement à la diversité de ses lecteurs que le philosophe traditionaliste a écrit ses livres. Il l'a rappelé explicitement en différentes occasions : pour celui qui veut suivre la voie occidentale, il y a "La Tradition hermétique" et "Le Mystère du Graal" ; pour qui veut suivre la voie orientale, il y a "La Doctrine de l'Éveil" et "Le Yoga de la puissance" ; pour qui veut suivre une voie existentielle et intérieure, "Chevaucher le tigre" ; pour qui veut suivre une voie politique et extérieure, "Les Hommes au milieu des ruines".

Gianfranco De Turris, Président de la Fondation Julius Évola.


Julius Évola : comment aborder ses écrits


"Ce pont entre avant-garde et tradition que représente Julius Evola, et, pouvons-nous ajouter, à la fois entre la mystique chrétienne, le Tao Te King et les Samouraïs japonais nécessite, de part cette diversité, un prérequis méthodologique...

Extrait d'un entretien intitulé "De la polarisation de l'être à sa plénitude" par Jean-Marc Vivenza et Bruno Bérard."

Julius Évola

Pour comprendre aussi bien l'esprit traditionnel que la civilisation moderne, en tant que négation de cet esprit, il faut partir de cette base fondamentale qu'est l'enseignement relatif aux deux natures.

II y a un ordre physique et il y a un ordre métaphysique. Il y a la nature mortelle et il y a la nature des immortels. Il y a la région supérieure de l'"être" et il y a la région inférieure du "devenir". D'une manière plus générale, il y a un visible et un tangible, et, avant et au-delà de celui-ci, il y a un invisible et un intangible, qui constituent le supra monde, le principe et la véritable vie.

Partout, dans le monde de la Tradition, en Orient et en Occident, sous une forme ou sous une autre, cette connaissance a toujours été présente comme un axe inébranlable autour duquel tout le reste était hiérarchiquement organisé.

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Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...