vendredi, janvier 13, 2023

LA TRADITION PRIMORDIALE



Qu’est la Tradition Primordiale ?

Par Nirodha


« Tradition » a pour racine indo-européenne DÔ : transmettre la possession de … Cette racine a donné en latin : « traditio : action de transmettre », « tradere : transmettre, livrer ».

Le mot Tradition a deux sens

1. L’un, caractérisant les transmissions des éléments des Voies authentiques.

2. L’autre, « profane », caractérisant la transmission d’éléments SANS articulation métaphysique. C’est à l’honneur de René Guénon d’avoir rétabli le sens premier, effacé par le modernisme, le sens profane ayant prévalu dans l’oubli du « troisième composant de l’homme » : l’articulation métaphysique dans le Dharma du Bouddha.

Qu’est donc cette articulation métaphysique ?

La Tradition Primordiale transmet l’hypothèse forte à vérifier que l’existence humaine est fondée sur trois modes constitutifs : 

1. Le mode physiologique. 

2. Le mode psychologique. 

3. Le mode d’articulation métaphysique.

Malheureusement en ces temps sombres que la Tradition hindou nomme Kali-yuga, « le mode d’articulation métaphysique » n’est plus connu en Occident qui se fourvoie dans un scientisme délirant ; et l’on y voit des forces infra–humaines par des pouvoirs politiques et pseudo-religieux se déchainer et tirer l’humain vers le bas dans une sorte d’auto destruction.

Les Traditions primordiales seront et sont encore plus occultées par des systèmes religieux déterminés en dogmatismes qui se grefferont sur elles au cours des temps. Toute Tradition Primordiale est toujours extra-religieuse non-dogmatique et réservée à ceux qui ont le courage de réfléchir pour sortir de l’instinct de troupeau.

Prenons l’exemple de cela qui est nommé « bouddhismes » devenus traditionalismes systémiques qui occultent la Tradition primordiale. Il faudrait dire « Dharma du Bouddha », Dharma retrouvé par le Bouddha, racine « Budh : éveil », aussi BODHI. L’impersonnel vient alors remplacer tout ce qui est personnel.
 

A l’origine, ce Dharma est vigoureux, « Porte-greffe », mais les « greffons » qui deviendront « les bouddhismes » sont de plus en plus éloignés de la nature du Porte-greffe par dégradation métaphysique, par occultation des résultats subtils, par difficulté d’atteindre des états de Connaissance transcendante élevés.

D’emblée, il faut comprendre que la Tradition Primordiale a pour seule instruction de faire sortir le chercheur des mondes du kâma-loka, les mondes des désirs des sens, et ceci sans tarder selon ses capacités. Au départ, ces enseignements étaient réservés aux moines, aux Yogis. Il faut aussi comprendre le terme « moine » au sens étymologique : « monos : solitaire », celui qui est en dehors des complications mondaines vaines et sources de l’errance, car il n’est pas possible d’éteindre un feu en passant son temps à y ajouter du combustible. La Tradition Primordiale est uniquement supra-mondaine, réservée aux ascètes (ceux qui s’exercent) qualifiés, habiles, capables de s’appliquer à un mode d’existence le plus simple qui soit, guidés par une éthique fonctionnelle qui les détache du monde, leur offre un pouvoir suprême de synthèse libératrice et permet ainsi à l’Intuition métaphysique impersonnelle et universelle de se développer. Il n’y a aucune autre alternative sur ce Chemin libérateur dont l’axe est vertical et non pas horizontal comme chez l’ignorant désaxé et sans chemin. Il n’y est jamais question de compensation intellectuelle mais d’abandon des compensations vers le « zéro absolu ». La joie et le bonheur supra-mondains ne sont qu’une étape nécessaire vers la félicité ou béatitude qui résulte de détachements successifs. Ils n’ont rien à voir avec la joie et le bonheur mondains, fugaces, enfantins, impermanents, toujours attachés aux objets des sens qui ne peuvent que, dans la complaisance, le déni et le mensonge, prolonger la souffrance qui se révèle parfois être un guide inattendu qui tire vers le haut en alertant constamment la conscience …

Un Yogi authentique ne cherche pas à vouloir changer le monde, mais il guide, informe, participe souvent et justement à l’éducation des ignorants, uniquement par amour impersonnel, ce que le profane ne peut pas comprendre. La seule chose qui importe donc est l’abandon des conditions vers l’Inconditionné.

Les Bouddhismes ?

Les « bouddhismes » sont des systèmes (-isme : suffixe indiquant un système) qui occultent plus ou moins le Dharma qui n’est pas un « système ». Chaque système se présente comme seul authentique, d’où la critique des autres. Et comme en tout système, on peut constater : entropie-néguentropie-homéostasie- rétroaction. C’est ainsi que le Theravâda avec le Canon Pâli (prakrit : c’est-à-dire langue commune, vulgaire), amuïssant le Sanskrit, le Parfait, se prétend être le plus proche de l’enseignement du Bouddha. On peut déplorer des éléments mythologiques qui abondent parmi les suttas et les sûtras, par exemple : la conception sans le père (évidemment !), la naissance du bodhisattva par le flanc droit de la mère, les « miracles » ! Le Mahâyâna, le « grand véhicule » qui appelle avec arrogance le Theravâda, « Hînayâna » : « véhicule inférieur », abonde en éléments fantastiques et se prétend aussi le plus proche de l’enseignement primitif. Toutefois, étant en sanskrit, les mots peuvent être éclairés par l’étymologie. Nous n’irons pas plus avant dans cette analyse, mais que ce soit le Ch’an ou le Zen, que ce soit les bouddhismes Tibétains, on y trouve beaucoup d’histoires, de faits invraisemblables.

A l’origine il y a cette hypothèse, proposition essentielle du Dharma : « il est un sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-conditions ». L’attitude que prescrit la Tradition Primordiale est simple et impersonnelle : refuser d’entrer dans quelque système ou quelque modalité que ce soit mais rechercher à vérifier deux hypothèses : « l’illusion du moi et l’accès à l’Inconditionné » en s’entraînant par les techniques qui développent la Connaissance transcendante. Notre intention n’est pas de critiquer ou de dénigrer mais de mettre en garde contre les déviations si fréquentes qui déforment l’essentiel du Dharma.

Comment a-t-on pu arriver à ces autels surchargés, à cette quincaillerie au-milieu de laquelle trône un enfant Bouddha auréolé d’un tube circulaire de néon fluorescent ?! Les rites et les cérémonies ont remplacé et submergent en quantité et d’une façon parfois délirante les techniques libératrices validées par la Tradition primordiale.

Le Dharma est profond et son expression dialectique, la gnose, est difficile à comprendre car ce Dharma a été « occulté » par les « bouddhismes », nous l’avons dit. Les mots sont des traîtres. Le Bouddha n’aurait-il pas dit : « Le Bhagavat se sert des mots mais n’est pas pris au piège des mots » ? Distorsion-confusion-désinformation-incompréhension. Ce Dharma ne peut être compris qu’en Intuition Métaphysique d’abord noétique, certes, mais à l’acmé, anoétique, donc, sans explications, sans « mots », mode complètement étranger à l’Occident pour lequel seul le cerveau compte.

Et voici cet Occident obnubilé par son homme neuronal-animal-humain, parfois de plus en plus animal qu’humain, conditionné par un physiologique et un psychologique dont il ne connaît pas grand-chose sinon rien y compris les « psy », contrairement à la psychologie orientale, aussi par le Yoga, beaucoup plus profonde et éclairée justement par l’Intuition métaphysique … qui a donc quasi disparue d’Occident.

Ce Dharma étant essentiellement pragmatique, sa psychologique l’est aussi. Elle a le caractère d’une phénoménologie sans ontologie. Le but du Dharma est « d’aller au-delà » des phénomènes, si subtils soient-ils, d’où la nécessité de données descriptives qui présentent les caractéristiques des phénomènes, leurs enchaînements, leurs relations, leurs origines interdépendantes. Car il est vain de chercher une cause ultime aux phénomènes, mais bien plutôt il faut connaître le faisceau des causes, le réseau des actions et réactions des « indéfinies compossibilités » afin d’en reconnaître le caractère propre.

Il serait donc maintenant possible d’avoir une compréhension plus claire de ce qu’est la Tradition Primordiale. L’enseignement métaphysique et les méthodes, les techniques libératrices, comme celles fondées sur la respiration, nous semblent plus importants que les fioritures et les imageries de conte appartenant à des mondes culturels loin de nous géographiquement et historiquement. Que nos propos ne soient pas du goût de certains, nous en convenons !

Le Dharma se transmet, nous l’avons dit. Sa Réception pour l’apprentissage comporte trois aspects : l’éthique dite fonctionnelle, les techniques de concentration-compositionsynthèse, la Connaissance transcendante ou Intuition métaphysique à développer. Ces trois aspects se déclinent sur le Chemin à Huit branches ou l’Excellent Sentier Octuple.

Par conséquent, il sera nécessaire de trouver un Instructeur qualifié qui, bien évidemment, incarnera normalement l’exemplarité par son comportement. Le disciple doit pouvoir le vérifier, sinon …

Le Dharma comporte un « noyau » d’informations essentielles qui représente le dénominateur commun à toutes les modalités bouddhiques et sans lequel elles ne seraient pas libératrices. Il faudra connaître ce « noyau » pour cheminer justement et paisiblement sur le Sentier du Dharma qui n’a que faire des complications culturelles et ethniques.

Ce qui importe est l’intention juste, l’intention droite et énergique, puis … la communication avec un éveillé. Comment savoir qu’un instructeur du Dharma est éveillé et pourra soutenir dans l’ascèse, éclairer les notions de base et enfin provoquer la cassure du mental ordinaire pour accéder à la Connaissance Transcendante, Prajñâ ?

Seul un éveillé peut reconnaître un autre éveillé. Mais le candidat à l’éveil peut connaître une « résonance » : tout se passe comme s’il y avait « Reconnaissance », alerte, intérêt, voire Amour, et aussi reconnaître des critères de Vue juste, de non-attachement, d’indifférence, d’équanimité, d’éthique, sans se laisser trop impressionner par des comportements destinés à jeter « hors de soi », à mettre son mental « a quia », à bouleverser sa structure « qui empêche » pour accéder à une structure favorable. ATTENTION à ces « Maîtres » si nombreux qui sont comme les anciennes auberges espagnoles : on y trouve ce que l’on y apporte !

Question : Pourquoi n’avez-vous pas donné les données essentielles de cette psychologie ?

Réponse : Nous avons proposé des données prioritaires à investiguer par vous-même. Si vous persévérez dans votre recherche, vous trouverez l’instructeur qui vous offrira dès lors ces données essentielles indispensables, psychologiques et métaphysiques pour développer la pratique. Ce sera une question de vie ou de mort ! La Tradition Primordiale est UNE, elle n’est pas multiple. Elle se nomme DHARMA. Ce qui n’est pas Dharma c’est la multiplicité des dialectiques traditionalistes toujours plus ou moins des vérités relatives, souvent confuses, voire irrationnelles. Toute certitude discursive est pathologique. L’intuition métaphysique est Connaissance transcendante au-delà du langage.

Question : Que pensez-vous du libre-arbitre ?

Réponse : Le monde phénoménal est déterminé. Le Dharma conduit au non-déterminé, audelà des conditions, l’Inconditionné, qui est la totale liberté ou Libération. C’est pourquoi la Vigilance est d’une importance cruciale dans l’existence.


Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...