jeudi, janvier 26, 2023

Le Bardo Thödol, un traité de la mort reposant sur un fond d'animisme extrême-oriental



Le livre tibétain des morts 


La provenance de ce livre n'est pas connue. Adaptation tibétaine d'un original indien ou, beaucoup plus vraisemblablement, adaptation bouddhique d'une tradition tibétaine antérieure au VIIème siècle, le Bardo Thödol est un traité de la mort reposant sur un fond d'animisme extrême-oriental.

La description, non extérieure, mais interne et vécue de l'agonie est si précise, qu'on pourrait croire cette science eschatologique acquise par des hommes revenus du seuil même de la mort.

Le traducteur anglais, Dr W. Y. Evans-Wentz, la croit plutôt dictée par de grands maîtres, agonisants attentifs, qui eurent la force d'enseigner à mesure, à leurs disciples, le processus de leur propre fin. Mais les enseignements de ce Guide vont plus loin. Après s'être adressés au mourant, ils dirigent l'esprit du mort à travers les visions infernales qui l'épouvantent et l'égarent. Dans l'état intermédiaire – le Bardo – entre la mort et la renaissance, se développent selon un déterminisme rigoureux, les effets nécessaires dont les causes furent les œuvres de la vie. Car enfers, dieux infernaux, tourments sont créés par l'esprit lui-même, ils n'existent pas en dehors de lui. Ils ne sont que phantasmes ni plus réels, ni plus médiats que les mauvais rêves des mauvaises consciences.

Enfin, ce Livre des Morts aborde avec assurance le problème difficile, la pierre d'achoppement du Bouddhisme, le point où se ferme, sans se souder, l'anneau de la connexion causale, où finit un cycle et commence le suivant : le mécanisme de la transmigration. Alors que des textes plus canoniques font intervenir, assez maladroitement, les Gandharvas, véritables dei ex machina, le Bardo Thödol poursuit son développement discursif plus satisfaisant, et il détermine par le jeu des attractions et répulsions non seulement les parents mais aussi le sexe de l'être qui s'incarne.

Mme M. La Fuente a traduit de l'anglais tout l'ouvrage du Dr Evans-Wentz, introduction, texte, notes et opinions personnelles, sans rien ajouter ni retrancher. Cet effacement du traducteur et sa persévérance devant une tâche si ardue font honneur à son goût désintéressé de la recherche objective. Le document que nous révèle Mme La Fuente ne s'adresse pas seulement aux "Amis", mais à tous les curieux du Bouddhisme. Son intérêt déborde même les frontières du Bouddhisme par la gravité et l'universalité du sujet. J. BACOT. Paris, mai 1933.


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NOTE :

Sogyal Rinpoché n'est pas l’auteur du best-seller "Le Livre tibétain de la vie et de la mort", publié en 1992. "Ce livre, écrit Marion Dapsance, qui lui a valu sa fortune et sa notoriété, est en fait une reformulation d’un ouvrage de 1927 intitulé "Le Livre tibétain des morts", écrit par un Américain adepte de la Société théosophique (l’une des plus importantes écoles ésotériques occidentales du XIXe siècle). Ce dernier livre est donc déjà une création occidentale destinée à un public d’Occidentaux, réalisée à partir d’une sélection hasardeuse et mal comprise de prières tibétaines. Les proches de Sogyal Rinpoché (notamment Patrick Gaffney, disciple de longue date, qui est l’auteur véritable du livre avec Andrew Harvey, auteur d’ouvrages de "spiritualité") ont eu l’idée de reprendre « Le Livre tibétain des morts », pour le remettre au goût du jour. Il s’agit par conséquent, pour bonne part, d’un commentaire occidental d’un texte essentiellement occidental".


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