dimanche, mai 24, 2009

Les reptiliens

David Icke, célèbre théoricien du complot mondial des illuminati reptiliens et des cruels dragons, cherche-t-il toujours à se libérer du maternel primitif symbolisé par le dragon ? En effet, la psychologie des profondeurs voit dans le dragon une représentation de la mère archaïque dévoratrice que l’on doit affronter pour s’en affranchir…

Plus sérieusement, la thèse reptilienne, qui accuse de méchantes élites et victimise les populations, présente un inconvénient majeur. La véritable origine des souffrances de l’humanité est en quelque sorte dissimulée par l’écran fumeux de cette théorie et sa façon de présenter la source du mal. Prétendre que les reptiliens sont à l’origine de presque tous nos maux est une attitude passablement apathique, elle fait oublier la conduite plus héroïque des mystiques. Les mystiques étaient rarement dupés par les «puissances des ténèbres», et ils les repoussaient fermement. Encore fallait-il connaître l’existence de tels adversaires. Ces puissances, qui agissent dans la sphère psychique collective et individuelle, sont décelables à condition de ne pas être trop touché par la narcose de séduisantes théories. Actuellement, le libre arbitre de chaque citoyen est de plus en plus anesthésié par la propagande de «l’empire de la honte», l’expression est de Jean Ziegler. Les forces à l’origine de cet empire utilisent les faiblesses et les angoisses des citoyens déchus, les consommateurs névrosés, pour manipuler, contrôler, dominer… Ce sont probablement les mêmes forces qui égarent aussi les personnes attentives aux réalités plus subtiles. La voie de la mystique naturelle est perdue, elle est ensevelie sous une avalanche d’inepties.

Le mystique de naguère avait la nostalgie de son origine (l’expérience de la véritable contemplation évoque d’ailleurs l’idée de «rentrer chez soi», du «retour à la maison»), il savait s’écarter des obstacles qui se trouvent sur le chemin spirituel. Les difficultés sont nombreuses car des entités possessives, que le lama tibétain Kelsang Gyatso (1) nomme «Dévapoutra», ne permettent pas qu’on leur fausse compagnie. Ces obstacles sont souvent décrits par les mystiques comme des obstructions ou des tentations. La contemplation n’exige ni technique ni efforts, elle requiert néanmoins une détermination sans faille. De grands dzogchenpa considéraient que le dzogchen (2) ne s’adresse qu’aux personnes effectivement déterminées à mettre fin à l’égarement Samsarique. Toutefois, il ne faut pas que les pistes qui conduisent au monde originel soient toutes brouillées.

Zachariah Sitchin, David Icke et les autres spécialistes des reptiliens font-ils le jeu d’une manipulation dirigée contre les dernières survivances de la Tradition primordiale et de la mystique naturelle ?

- La théorie des reptiliens ne nous aide pas à comprendre la cause métaphysique du mal.
- Elle réduit notre vigilance à l’égard les forces obscures qui agissent dans le psychisme humain.
- En outre, les développements de cette théorie sur la création artificielle de l’homme par des extraterrestres sont matérialistes. Le matérialisme sera la marque du règne d’Ahriman avait prévenu Rudolf Steiner, le prophète de l’anthroposophie.

(1) Ce lama tibétain et son école (les adeptes du culte de Shougden) sont persécutés par le Dalaï-lama. Kelsang Gyatso désigne Ishvara courroucée, une puissante entité du règne du désir, comme l’ennemi de ceux qui cherchent la libération.
(2) Le dzogchen est l’enseignement ultime des écoles tibétaines Bön et Nyingma. Son origine est en partie chinoise (Tch’an).

Photo : London dragon, Moorgate


« LES SERPENTS ET LES DRAGONS VOLANTS » de R.A. Boulay

Extrait :

La littérature et la mythologie des anciennes cultures sont remplies avec des contes de dragons, de serpents volants et autres lézards ailés. Qui furent ces créatures volantes crachant le feu qui paraissent avoir coexisté avec l'homme, quelquefois comme son bienfaiteur mais plus souvent comme son bourreau ?
Elles ne furent peut-être seulement que des créatures fabuleuses, le produit de l'imagination fertile de l'homme. D'un autre côté, il est possible qu'elles fussent la manifestation de quelque chose d'autre - d 'événements si traumatisants et profondément enracinés dans son passé, que la connaissance de leur vraie nature fut inconsciemment supprimée et il n'en reste seulement qu'un souvenir allégorique.
Plusieurs civilisations de ce monde tracent leurs racines ancestrales à de tels dragons, lézards ou serpents volants. Dans la plupart des cas, ils sont crédités d'avoir apporté les avantages de la civilisation à l'espèce humaine. De plus, ils sont souvent décrits comme son créateur réel.
L'homme ancien décrit ces créatures comme des êtres supérieurs ou des dieux qui pouvaient facilement se déplacer dans les cieux dans leurs « chariots de feu » ou « bateaux du ciel ». Ils vivaient habituellement dans une « demeure céleste » et descendirent souvent pour perturber les affaires de l'homme.
La culture la plus ancienne et importante, celle de la Mésopotamie, fut probablement fondée par ces dieux serpents. La colonisation de cette planète par ces créatures est décrite dans un des anciens documents le plus dramatique et significatif--la « Liste des rois sumériens ».
Daté du troisième millénaire avant J.-C., ce document fournit la succession des rois de Sumer et leurs successeurs, la longueur de leurs règnes depuis, ce qui fut pour les Sumériens, le commencement du temps quand leurs ancêtres vinrent ici et « descendirent » pour établir plusieurs villes sur la plaine alluviale de la Mésopotamie. S'appelant « Anounnaki », ces proto-sumériens sont crédités avec l'établissement de la civilisation occidentale sinon, celle du Monde.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe beaucoup d' informations sur ces civilisations--les Sumériens, qui furent plus tard remplacés par les Akkadiens et les cultures babyloniennes. Des nombreux monuments, objets fabriqués et tablettes cunéiformes déterrés récemment, il est possible de reconstruire les événements qui se sont déroulés au début de l'espèce humaine.
Il existe aussi plusieurs preuves qui furent originairement dérivées de la même source mais auxquelles on donna une interprétation religieuse car elles furent transmises à travers des canaux sacerdotaux ou religieux. Les histoires de l'Ancien Testament furent dérivées de ce réservoir de sources anciennes.
D'une combinaison de ces anciennes sources séculières et religieuses, il est donc possible de rapiécer ensemble l'histoire de notre descendance qui se trouve dans la venue des dieux serpents étrangers ou des astronautes qui colonisèrent la Terre il y a de cela plusieurs millénaires.
On y découvre que nos ancêtres commencèrent une colonie sur la Terre pour obtenir des métaux pour leur planète. Pour transformer et de transporter ces métaux par vaisseau cargo au vaisseau mère orbitant, ils construisirent cinq villes opérationnelles en Mésopotamie. Une de celle-ci servie comme plate-forme de lancement spatial.
Les Sumériens appelaient ces « dieux » les Anounnaki, littéralement les fils d'Anou, leur dieu principal et leur chef. Les Anounnaki furent une race extra-terrestre. En réalité, ils furent une race de reptiles. Ils nécessitèrent une main-d'ouvre peu coûteuse et, pour cette raison, ils créèrent un homme primitif.
En combinant les caractéristiques du singe-homme indigène avec leur propre nature saurienne, ils produisirent « l'Adam » de l'Ancien Testament. Cet Adam fut demi-humain et demi-reptile. Cependant, puisqu'il fut un clone, il ne pouvait se reproduire.
Comme les conditions commencèrent à changer sur la Terre et le climat s'assécha, il devint nécessaire de modifier l'Adam pour mieux l' adapter au climat variable. L'Homo saurien fut modifié et ils lui donnèrent plus de traits de mammifères. Ce fut la « chute de l'homme » biblique où Adam acquit la « connaissance» ou la capacité de se reproduire sexuellement.
Comme résultat de cette modification génétique, l'homme perdit la plupart de son apparence et de sa nature saurienne, sa peau brillante et écailleuse. Il acquit des caractéristiques des mammifères--une peau flexible et douce, des poils, le besoin de transpirer et la capacité de se reproduire. Il ne fut plus nu. Il devait maintenant porter des vêtements pour son confort et sa protection. À toute fin pratique, l'homme fut maintenant un Homo-sapiens. L'homme moderne ou l'homme de Cro-Magnon arrivait en scène.
L'homme peupla bientôt la Terre comme esclave pour ces maîtres sauriens. Il fut testé par les astronautes qui descendirent pour s'accoupler avec les filles de l'homme. Connus dans les Saintes Écritures comme les Néfilim, ils produisirent non seulement que des progénitures mélangées, mais ils firent des expériences génétiques qui tournèrent mal et produisirent un grand nombre de formes monstrueuses.
Ce fut une période pénible pour l'espèce humaine, puisque durant cette époque, il fut littéralement de la nourriture pour les dieux. C'est le temps des patriarches bibliques et ses rois dieux sumériens.
L'agitation sur la Terre fut soudainement terminée par le début d'une catastrophe naturelle mondiale, connu comme le Déluge ou la Grande Inondation. À ce moment, les dieux se retirèrent à leurs vaisseaux spatiaux, laissant derrière leurs progénitures semi-divines pour périr avec l'espèce humaine.
Après le Déluge, ils descendirent de nouveau pour établir de nouvelles villes sur les plaines de la Mésopotamie. S'accouplant encore avec l' espèce humaine, ils produisirent une race d'êtres semi-divins pour gouverner leur empire sur la Terre. De plus, une race de dieux guerriers fut établie dans les terres du Levant. Descendant des Néfilim, mais connue par le nom de Rephaim, cette race barbare persécuta l'humanité pendant des milliers d'années et ne fut pas éliminée comme menace jusqu'au premier millénaire avant J.-C.
Dans l'ancienne Mésopotamie, les dieux résidèrent dans un temple sur le dessus d'une ziggourat, une pyramide à étages élevée au-dessus des plaines. Ils y furent protégés du public et seulement quelques prêtres de confiance y avaient accès. En cet endroit, ils mangèrent en secret étant entourés de rideaux, pour que même les assistants prêtres ne puissent les voir. On se demande si leurs manières de table furent si atroces qu'ils devaient se cacher même de leurs serviteurs. Où fut-ce encore beaucoup plus sinistre ?
Dans l'Ancien Testament, le besoin évident du secret est aussi vrai. Pendant l'événement connu comme l'Exode, la divinité vivait dans une tente et n'a jamais été vue ; de plus, elle ne mangea jamais en public. Des directives spécifiques furent données à Moïse pour la préparation de la nourriture qui fut laissée sur un gril près des quartiers de la divinité pour qu'il puisse manger en secret.
Il fut défendu aux êtres humains de le voir. Le Dieu dit à Moïse : « Vous ne pouvez pas voir mon visage, parce que l'homme ne peut pas me voir et vivre ». Et cette prohibition contre être vu par les êtres humains est portée à l'extrême partout dans les Saintes Écritures. C' est même devenu un ordre de ne pas faire « une image » ou une ressemblance de la divinité.
Donc l'homme est non seulement interdit de voir à quoi son dieu ressemble mais même de faire une image de ce qu'il pensait à quoi il ressemblait. Pourquoi le tabou ? Serait-ce que son apparence serait si étrangère et répulsive qu'il devait être retenu de l'homme ? On supposerait logiquement que si les divinités furent si supérieures et grandes telles qu'indiquées dans les Saintes Écritures, qu'ils seraient flattés et permettraient à l'homme de voir et de copier leur magnificence !
Seules quelques individus privilégiés pouvaient même s'approcher des divinités. En Mésopotamie, ils furent les demi-dieux, la progéniture de l'accouplement d'un dieu ou d'une déesse et d'un être humain. Ceux-ci formaient l'aristocratie, et devaient voir aux besoins des dieux et former une barrière avec l'espèce humaine. Même ces demi-dieux furent quelque peu étranges en apparence et eurent probablement certaines caractéristiques reptiliennes. Le célèbre Gilgamesh avait par exemple, quelque chose de bizarre dans son apparence qui faisait qu'il fut différent des hommes normaux. Les patriarches bibliques avaient aussi quelque chose d'exceptionnel au sujet de leurs apparences tel que démontré par le comportement absurde de Noé lorsque son fils le vit nu pour la première fois.
Selon la tradition de l'ancienne Babylonie, telle que rapportée par Bérossus, le prêtre babylonien qui écrit à Athènes durant le troisième siècle avant J.-C., la descendance de l'homme peut être tracée à Oannes, une créature amphibie qui sortit du Golfe Persique pour enseigner l'art de la civilisation à l'homme.
Bérossus les a appelés « annedoti » signifiant « les répulsifs » en Grec. Il leur fait aussi référence comme des « musarus » signifiant « une abomination ». La tradition babylonienne croit que la fondation de la civilisation est due à une créature qu'ils considérèrent être une abomination répulsive.
Si la tradition fut inventée, une attitude plus normale aurait été de glorifier ces créatures comme des dieux splendides ou des héros. Mais le fait qu'ils choisirent de décrire leurs ancêtres de cette manière plaide pour l'authenticité du conte.
L'apparence reptilienne des dieux bibliques fut un secret bien gardé et seulement parfois est-elle perceptible dans l'Ancien Testament, comme par exemple, l'adoration évidente du « séraphin » ou du « serpent effronté » dans l'incident pendant l'Exode. Il existe un plus grand nombre de références, plusieurs d'entre eux explicites, dans la masse de littérature religieuse qui forme la base des livres de l' Ancien Testament.
Il est maintenant accepté que l'Ancien Testament subit plusieurs annotations et de sélections par les transcripteurs sacerdotaux. Mais, ailleurs dans la littérature religieuse, non sujet à leur influence, on trouve un portrait différent.
Dans le Haggadah, la source de légendes et de traditions orales juives, il est révélé qu'Adam et Ève perdirent leur « peau brillante et écailleuse » en mangeant le fruit défendu.
Les Gnostiques, rivaux des premiers chrétiens, racontent que comme résultat d'avoir mangé le fruit, Adam et Ève acquirent la connaissance, en parti le fait de reconnaître que leurs créateurs furent des « formes bestiales ».
Le triste fait est que nous avons créé Dieu à notre image et non l'opposé. De cette façon, nous avons caché l'identité réelle de nos créateurs.
La plupart des mythologies et des religions du monde font référence à leurs ancêtres comme des serpents volants ou des dragons qui apportèrent les arts et les métiers de la civilisation à l'espèce humaine. Le plus vieux des livres chinois, le mystérieux « Yi king », déclare que les premiers êtres humains furent formés par l'ancienne déesse Nu Kua [note de l'éditeur : comparez la linguistique à Ninhoursag !] qui fut un dragon. Les empereurs chinois réclamaient leur descendance de cette déesse dragon.
Les plus vieux et célèbres des classiques hindous, le « Ramayana » et le « Mahabharata », concernent les rapports de l'homme avec les dieux serpents qui furent aussi leurs ancêtres.
Les mythologies méso-américaine et africaine racontent que des serpents volants et des êtres ressemblant à des dragons descendirent des cieux pour leur enseigner les éléments essentiels de la civilisation.
Les dragons et serpents volants qui se trouvent dans la mythologie ancienne furent des lézards à grandes jambes qui avaient aussi la capacité de voyager dans leurs vaisseaux spatiaux. Comment autrement les anciens pouvaient-ils illustrer ce fait sauf qu'en leur fournissant des ailes ?
Même l'Ancien Testament décrit que le serpent du jardin d'Éden fut un lézard ou reptile, puisque, s'il avait perdu ses mains et ses pieds comme résultat de la chute de l'homme, alors logiquement il avait été précédemment un serpent ou un reptile avec ses extrémités.

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lundi, mai 18, 2009

René Guénon, le penseur rebelle

Dans les années 1930, René Guénon entretenait l’espoir de la reconstitution d’une élite intellectuelle occidentale détentrice du véritable savoir spirituel.

De nos jours, cette élite se maintient discrètement en Orient. Ces sages n’appartiennent pas à une loge secrète chère aux théosophes, ils ne dirigent ni des ashrams hindous ni des centres d’enseignement du bouddhisme. Mais, comme l’avait constaté Alain Daniélou, un spécialiste de la spiritualité orientale qui vivait en Inde (durant presque 30 ans), ils se dissimulent parmi les classes sociales les plus humbles.

Dans «La crise du monde moderne», Guénon écrit :

« L’élite existe encore dans les civilisations orientales, et, en admettant qu’elle s’y réduise de plus en plus devant l’envahissement moderne, elle subsistera quand même jusqu’au bout, parce qu’il est nécessaire qu’il en soit ainsi pour garder le dépôt de la tradition qui ne saurait périr, et pour assurer la transmission de tout ce qui doit être conservé. En Occident, par contre, l’élite n’existe plus actuellement ; on peut donc se demander si elle s’y reformera avant la fin de notre époque, c’est-à-dire si le monde occidental, malgré sa déviation, aura une part dans cette conservation et cette transmission ; s’il n’en est pas ainsi, la conséquence en sera que sa civilisation devra périr tout entière, parce qu’il n’y aura plus en elle aucun élément utilisable pour l’avenir, parce que toute trace de l’esprit traditionnel en aura disparu. »

« On reprochera beaucoup à Guénon cette notion d’élite intellectuelle à reconstituer pour sauver l’Occident, qui peut être la porte ouverte à des mouvements aux bras étroits, et de type janséniste ou fascistes, mais il ne faut jamais oublier, pour éviter un formidable contre-sens dans la lecture de l’œuvre de Guénon, que celui-ci se place toujours en tant que l’intercesseur et le défenseur de la Vérité unique et universelle, en tant que métaphysicien, et non pas en tant qu’idéologue politique.

Certes, Guénon est persuadé que l’«égalitarisme» est un leurre, et que la victoire de l’Esprit n’aura point lieu dans ce présent cycle que nous achevons. Mais il pense aussi que le versant maléfique de l’histoire actuelle de notre planète n’est qu’une partie de l’iceberg des apparences, et que l’autre versant, caractérisant le bien, en lui-même, « possède un caractère permanent et définitif ». D’ailleurs, Guénon n’écrit-il pas en toutes lettres : « Qu’on se rapporte d’ailleurs à l’Apocalypse, et l’on verra que c’est à l’extrême limite du désordre, allant jusqu’à l’apparent anéantissement du monde extérieur, que doit se produire l’avènement de la Jérusalem céleste, qui sera, pour une nouvelle période de l’humanité, l’analogue de ce que fut le paradis terrestre pour celle qui se terminera à ce moment même » (1) ?

Mais attention, qu’on ne se méprenne pas : Guénon n’est pas un défaitiste, ou un fataliste, ou un Cassandre incorrigible. Il croit toujours qu’après le cycle sombre, un autre va lui succéder. Changer le cap d’une civilisation est toujours possible. Restaurer «l’ordre normal» est envisageable. Il s’agit alors de repérer aujourd’hui les vérités fondamentales et méconnues par le plus grand nombre. Ce qui doit être recherché, c’est la réalité spirituelle. Toutefois, et Paul Sérant a raison de le souligner : « C’est donc, en définitive, la constitution d’une élite «véritable» que Guénon appelle de ses vœux. Et il n’est pas question pour cette élite d’entreprendre une action extérieure quelconque. » Guénon confirme : « L’élite n’a pas à se mêler à des luttes qui, quelle qu’en soit l’importance, sont forcément étrangères à son domaine ; son rôle social ne peut-être qu’indirect, mais il n’en est que plus efficace, car, pour diriger vraiment ce qui se meut, il ne faut pas être entraîné soi-même dans le mouvement » (2). On le voit, Guénon, n’œuvre pas dans l’ordre temporel, en quelque sorte. Il souhaite sans doute une restructuration des valeurs spirituelles de la vie humaines, mais ne rêve pas de créer des groupes de pression politique, ou des armées de militants, dirait-on aujourd’hui. Ce n’est pas un meneur d’hommes, un guide pour les masses ou je ne sais quel dictateur univoque. Il se méfie de la religiosité, diffuse et multiforme. Il fait plutôt appel à l’intériorité de l’homme, à ses facultés intellectuelles, à ses potentialités de base pour se connaître, à sa source.

Guénon nomme avec pertinence les signes de désordre, de déliquescence, de notre époque. Certes, il appelle de ses vœux un Occident différent, plus soucieux d’être que d’avoir, et il demeure comme un sage debout parmi les ruines. Il fait rempart. En somme, il pose l’acte d’une présence. Il devient le témoin contre une certaine aliénation métaphysique. Il porte la nostalgie d’un royaume perdu, il ne désespère pas comme on l’a trop dit de lui. Il porte son regard au-delà du présent, au-delà de l’aspect matériel manifesté, il va de l’extérieur vers l’intérieur, de l’évident vers le secret. L’expérience libératrice dont il trace, avec intuition, au fil de ses ouvrages, les pistes qu’il nous entraîne à considérer à sa suite les principes fondamentaux de toute chose. Guénon vise ce qu’il nomme la «réalisation métaphysique». Il nous incite à nous intégrer à notre juste place dans le cosmos. Sans équivoque, son attitude est d’inspiration gnostique, à la conquête de la croissance intérieure. Les ancêtres, Empédocle, Pythagore, Platon même, ne sont pas loin. Mais sa vision de la gnose s’appuie sur l’universalité de nombreux symboles et autres mythes. Et sa question insistante de l’origine commune des différents ésotérismes de par le monde n’en est que plus passionnante à formuler. Son argumentation incite à la réflexion profonde à ce sujet.

Guénon propose le salut par la connaissance. Par là même, c’est un philosophe de la droiture qui marche dans les labyrinthes de la lumière. Il peut faire songer alors à la grande mystique Simone Weil, gnostique contemporaine, qui écrivit dans «Lettre à un religieux» : « Les diverses traditions religieuses authentiques sont des reflets différents de la même vérité. » Quoi qu’il en soit, refusant l’artificiel, la mode, l’éphémère et toutes les mentalités modernes acquises, René Guénon interroge la mémoire de l’humanité, il défend avec ardeur ce que le journaliste Patrice de Plunkett appelle « la spécificité de la démarche spirituelle, mêlée intimement à notre histoire et qui pourtant la transcende, la surplombe, la fait raisonner dans l’éternel » (in "Quelle spiritualité pour le 21e siècle ?" Editions 1). Oui, comme Chesterton qui, dès 1909, dénonçait une société qui mutile la nature humaine en l’amputant de sa dimension spirituelle, comme Bernanos prônant une « résistance spirituelle » autant que politique dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, comme Maurice Clavel qui en appelait à une sorte de grande rébellion spirituelle dans la rue quelques semaines avant les bouleversements de Mai 1968 en France, René Guénon a aussi en lui-même une part de prophète en révolte contre l’emprise du matérialisme. Quand il écrit : « On dit que l’Occident moderne est chrétien, mais c’est là une erreur ; l’esprit moderne est antichrétien, parce qu’il est essentiellement antireligieux ; et il est antireligieux parce que, plus généralement encore, il est antitraditionnel ; c’est là ce qui constitue son caractère propre, ce qui le fait être ce qu’il est » (3), Guénon dénonce l’âge de l’imposture, de la subversion et de la parodie. Sa voix, alors, atteint l’Universel. Et la voie qu’il propose nous est toute proche.

Jean-Luc Maxence, « René Guénon, le philosophe invisible », Presse de la Renaissance.

Présentation du livre de François Angelier :

« À l'instar de Krishnamurti, de Lanza Del Vasto ou de Teilhard de Chardin, René Guénon est une des figures les plus originales (et dérangeantes) de la spiritualité contemporaine. Né en 1886 (l'année de la conversion de Claudel), mort en 1951 au Caire, René Guénon est élevé dans la tradition catholique. La rencontre de l'occultiste Papus et de la franc-maçonnerie, l'étude des traditions soufi et hindouiste vont le faire évoluer vers une recherche de la tradition spirituelle fondamentale. Par ailleurs, sa conscience aiguë de la crise de l'âme contemporaine l'amène à instruire le procès de l'univers technologique et des dérives matérialistes qui mènent le monde à sa ruine. À cette course à l'abîme, Guénon oppose une reconsidération épurée des grands mythes et des traditions spirituelles les plus diverses. De cette vie confondue avec une terrible quête du sens, Jean-Luc Maxence donne une analyse claire et profonde, allant à l'essentiel. Le lecteur y croisera Maurras et Bachelard, Maritain et Daumal, Henry Corbin et Rudolpf Steiner, sera initié au mythe de l'Agarttha et accompagnera Guénon en Égypte où, devenu le cheik Abd-el-Wahed-Yahia, il n'est plus qu'un être de prière et de contemplation. »





(1) "Autorité spirituelle et pouvoir temporel", éditions Traditionnelles, p. 114.
(2) "Orient et Occident", éditions Traditionnelles, p. 176.
(3) "La crise du monde moderne" Gallimard, p. 111
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samedi, mai 16, 2009

Bardo et existence posthume

Dans la tradition tibétaine, le "chönyid bardo " est l'état intermédiaire entre l'instant de la mort et celui de la renaissance.

Les bouddhistes parlent de réincarnation parce qu’ils considèrent qu’après la mort les éléments qui constituaient un être humain renaîtront. Dans le milieu du spiritualisme moderne, la doctrine de la réincarnation, récupérée et transformée par le Nouvel Age, véhicule l’idée d’évolution de la personnalité durant de longues périodes cosmiques (kalpa) jusqu’à l’accomplissement d’une sorte de surhomme mis au rang des dieux. Il s’agit d’une altération doctrinale qui préconise l’inverse de la réalisation spirituelle authentique qui est, selon le témoignage de grands mystiques, une sorte de dépouillement et de retour à la Simplicité originelle. Le spiritualisme du surhomme, la voie du développement personnel, la science secrète de prétendus initiés dotés de pouvoirs surnaturels bénéficient de l'intérêt d’un large public.

Quitte à chagriner les adeptes de ce spiritualisme syncrétiste en vogue, les bouddhistes ne croient pas à l’existence d’un ego permanent. Selon eux, les différents éléments physiques et psychiques qui constituent un être humain se désagrègent durant le processus de la mort. La doctrine bouddhiste considère que la personne est constituée de cinq agrégats (skandhas) : corps, perception, conscience, conceptions mentales, connaissance. A sa mort, les agrégats sont en quelque sorte recyclés et renaissent dans de nouveaux corps. «Toutes les créatures sont ce qu’elles sont, par l’effet des samskâras (formations mentales, activités) et lorsqu’elles meurent, leur vie forme de nouveaux êtres. Ce que nous appelons une personne n’est que l’incarnation vivante d’activités passées d’ordre physique et psychique. C’est la forme actuelle de l’activité passée qui s’imprime dans les êtres et se manifeste par eux. Telle est la loi du karman, comme elle est entendue par le bouddhisme. Aucune autre interprétation de cette doctrine ne peut s’accorder avec l’enseignement du Bouddha touchant la momentanéité et la non-réalité de toutes choses (non-réalité parce qu’elles n’existent qu’en dépendance d’autres choses). Prof Narasu, «L’essence du Bouddhisme».

Le développement personnel de «l’initié» selon le Nouvel Age (cette mouvance est la partie émergée de l’iceberg contre-initiatique) et la désagrégation de la personnalité enseigné par le bouddhisme sont des croyances antagonistes. Entre ces deux doctrines, le public est submergé d’élucubrations d’une ribambelle de gourous de pacotille, souvent des agents inconscients de la contre-initiation. Le Nouvel Age et une partie des doctrines bouddhistes sont très éloignés de la tradition vedântine.

La pensée métaphysique du Vedânta, notamment du Brahma-sûtra, propose une conception de l’évolution posthume, conception qui n’est ni religieuse ni philosophique. Devant l’envahissement des impostures spiritualistes, les considérations de ce système sont des repères souvent appréciés des contemplatifs.

Selon le Vedânta, l’être humain est constitué d’une individualité, le «moi», et d’une personnalité transcendante, le «Soi».

Lorsqu’un homme est près de mourir, les facultés individuelles sont résorbées dans les énergies vitales qui à leur tour se retirent dans le centre de l’individualité humaine, le jîvâtma, reflet du «Soi». Quand le décès survient, le jîvâtma passe dans une essence individuelle lumineuse et abandonne la forme corporelle. Cette essence lumineuse n’est pas une sorte de double du corps, c’est un état subtil. Contrairement aux affirmations des tenants de la réincarnation, l’être peut demeurer dans cet état subtil, qui ne se situe pas quelque part dans l’espace, durant une période indéfinie.

Il est peut-être utile d’ouvrir une parenthèse et de faire remarquer que le texte tibétain de la «Libération par l’audition», le fameux «Bardo thödol», indique que la réincarnation se produit inévitablement dans un laps de temps assez court (généralement 49 jours). Les doctrines lamaïstes au sujet de la réincarnation doivent être examinées avec beaucoup de prudence. En effet, «le Bardo thödol, écrit Alexandra David-Néel, et tous les ouvrages de cette classe, sont tenus, par les Tibétains instruits, pour être l’expression exotérique de théories ésotériques concernant la mort, les phénomènes qui l’accompagnent et ceux qui lui succèdent, entre le moment où l’homme expire et celui où il renaît.» La vulgarisation du «Bardo thödol» et des pratiques du «Karling Shitro», le «Cycle des déités paisibles et courroucées», pourraient avoir des conséquences particulièrement néfastes pour le psychisme des disciples de ce lamaïsme mercantile qui prend part au spiritualisme mondial ambigu.

Revenons au Vedânta et à ses considérations sur la réalisation spirituelle :

«Mais celui qui a obtenu (avant la mort, toujours entendue comme la séparation d’avec le corps) la vraie Connaissance de Brahma (impliquant, par la réalisation métaphysique sans laquelle il n’y aurait qu’une connaissance imparfaite et toute symbolique, la possession effective de tous les états de son être) ne passe pas (en mode successif) par tous les mêmes degrés de retraite (ou de résorption de son individualité, de l’état de manifestation grossière à l’état de manifestation subtile, avec les diverses modalités qu’il comporte, puis à l’état non-manifesté, où les conditions individuelles sont enfin entièrement supprimées). Il procède directement (dans ce dernier état, et même au-delà de celui-ci si on le considère seulement comme principe de la manifestation) à l’Union (déjà réalisée au moins virtuellement pendant sa vie corporelle) (1) avec le Suprême Brahma, auquel il est identifié (d’une façon immédiate), comme un fleuve (représentant ici le courant de l’existence à travers tous les états et toutes les manifestations), à son embouchure (qui est l’aboutissement ou le terme final de ce courant), s’identifie (par pénétration intime) avec les flots de la mer («samudra», le rassemblement des eaux, symbolisant la totalisation des possibilités dans le Principe Suprême). Ses facultés vitales et les éléments dont était constitué son corps (tous considérés en principe et dans leur essence suprasensible) (2), les seize parties, «shodasha-kalâh», composantes de la forme humaine (c’est-à-dire les cinq «tanmâtras», le «manas» et les dix facultés de sensation et d’action), passent complètement à l’état non-manifesté («avyakta», où, par transposition, ils se retrouvent tous en mode permanent, en tant que possibilités immuables), ce passage n’impliquant d’ailleurs pour l’être même aucun changement (tel qu’en impliquent les stades intermédiaires, qui, appartenant encore au «devenir», comportent nécessairement une multiplicité de modifications). Le nom et la forme («nâma-rûpa», c’est-à-dire la détermination de la manifestation individuelle quant à son essence et quant à sa substance, comme nous l’avons expliqué précédemment) cessent également (en tant que conditions limitatives de l’être) ; et, étant «non-divisé», donc sans les parties ou membres qui composaient sa forme terrestre (à l’état manifesté, et en tant que cette forme était soumise à la quantité sous ses divers modes), (3) il est affranchi des conditions de l’existence individuelle (ainsi que de toutes autres conditions afférentes à un état spécial et déterminé d’existence quel qu’il soit, même supra-individuel, puisque l’être est désormais dans l’état principiel, absolument inconditionné.» (4)

Notes de Guénon :

(1) Si l’«Union» ou l’«Identité Suprême» n’a été réalisée que virtuellement, la «Délivrance» a lieu immédiatement au moment même de la mort ; mais cette «Délivrance» peut avoir lieu pendant la vie même, si l’«Union» est dès lors réalisée pleinement et effectivement.


(2) Il peut même se faire, dans certains cas exceptionnels, que la transposition de ces éléments s’effectue de telle façon que la forme corporelle elle-même disparaisse sans laisser aucune trace sensible, et que, au lieu d’être abandonnée par l’être comme il arrive d’ordinaire, elle passe ainsi toute entière, soit à l’état subtil, soit à l’état non-manifesté, de sorte qu’il n’y a pas mort à proprement parler ; nous avons rappelé ailleurs, à ce propos, les exemples bibliques d’Hénoch, de Moïse et d’Elie.

(3) Les modes principaux de la quantité sont désignés expressément dans cette formule biblique ; «Tu as disposé toutes choses en poids, nombre et mesure» (Sagesse, XI, 21), à laquelle répond terme pour terme (sauf l’interversion des deux premiers) le «Mane», «Thekel», «Phares» (compté, pesé, divisé) de la vision de Balthasar (Daniel, V, 25 à 28).

(4) «Prashna Upanishad», 6e Prashna, shruti 5 ; «Mundaka Upanishad», 3e Mundaka, 2e Khanda, shruti 8. – «Brahma-Sûtra, 4e Adhyâya, 2e Pâda, sûtras 8 à 16.

Ce passage du livre de René Guénon, «L’homme et son devenir selon le Vedânta», représente l’essence de la réalisation spirituelle. Réalisation qui n’est pas tributaire d’une pratique répétitive et machinale.

La métaphysique indienne est ardue et peu soucieuse de pragmatisme. En revanche, le Ch’an chinois, «qui, écrit le Dr H. Benoit, naquit en Chine, au 6ème siècle de l’ère chrétienne, de l’interprétation du Vedânta» (et aussi de l’influence taoïste), envisage la réalisation spirituelle sous son aspect pratique. Manifestement, les sectes ch’an actuelles n’ont plus rien de commun avec les premières écoles chinoises. Le prolongement japonais du ch'an, le zen, est même assez caricatural avec son idée fixe de la transmission, ses rigidités ritualistes et posturales…

dimanche, mai 10, 2009

Le bardo de la mort et le nouveau spiritisme



Le père Brune est un spécialiste des prodiges mystiques et des phénomènes paranormaux attribués hâtivement aux défunts. Cet expert des apparitions mariales et du spiritisme moderne participe volontiers aux émissions de télévision ayant trait à la survie.

François Brune dit au sujet des phénomènes spirites :
"Je pense que peu à peu ça va se répandre et que ça va peut-être changer le monde". Cette phrase indique-t-elle la nature du nouveau spiritualisme que le père Brune entrevoit après, selon ses propres termes, "la disparition rapide de l’Eglise catholique" ?

En bon théologien, le père François Brune n'ignore pas l’existence d’intelligences malignes. Le danger est clairement désigné dans l’ouvrage de référence du prêtre, la sacro-sainte Bible : "Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes." (Éphésiens 6 : 12)

La fascination du père Brune pour les phénomènes de communication avec l’au-delà est étonnante. Cet ecclésiastique connaît pourtant la biographie d’un confrère, Jean-Marie Vianney (1786-1859), plus connu sous le nom de Curé d’Ars. Le curé d’Ars, qui possédait d’extraordinaires facultés psychiques notamment le don de clairvoyance, avait horreur du spiritisme. Le Chanoine Francis Trochu rapporte le récit suivant :

Le comte Jules de Maubou, qui avait des propriétés en Beaujolais, près de Villefranche, mais qui habitait Paris une partie de l'année, aimait à visiter M. Vianney. Il était son pénitent et son ami.

C'était vers 1850. Or, en ce temps-là - l'histoire est un perpétuel recommencement - la vogue était aux spirites, aux médiums et aux tables tournantes. Dans la haute société parisienne, même en des familles croyantes et pratiquantes, on s'adonnait à ce passe-temps réputé de bon ton. M.de Maubou, invité à une soirée chez une de ses parentes, ne crut pas pouvoir refuser son concours et participa à diverses expériences: sous ses yeux se déroulèrent les phénomènes habituels: la table se souleva et donna ses réponses en frappant le parquet.


Le surlendemain, notre gentilhomme, ayant repris le chemin du Beaujolais, se dirigeait vers Ars, heureux d'avance de revoir son vénérable et saint directeur. Justement, à son arrivée, M. Vianney se présentait sur le seuil de l'Église. Souriant, la main tendue, M de Maubou courut à lui. Sans même lui rendre son salut, le Curé d'Ars, le clouant sur place d'un geste, lui jeta d'une voix triste et sévère :
"Jules, arrêtez-vous! Avant-hier, vous avez eu commerce avec le diable. Venez vous confesser !"

Le jeune comte se laissa faire docilement et promis de ne plus s 'adonner à un passe temps ainsi jugé et condamné.

A quelque temps de là, de retour à Paris, il se trouvait dans un autre salon. On le pria, cette fois encore, d'aider à faire tourner une table. Du coup, il tint parole et se montra irréductible. Les invités décidèrent de passer outre, et le scrupuleux gentilhomme demeura seul dans un coin. Mais dans le même moment, M. de Maubou protestait, en l'intime de son âme, qu'il s'opposait à ce jeu de toute sa volonté. La résistance de la table fut telle et si imprévue, que le médium ne put s'empêcher de dire: "Je n 'y comprends rien. il doit y avoir ici une force supérieure qui paralyse notre action!"

(Ce récit repose entièrement sur des notes écrites, le 16 mai 1922, au presbytère d'Ars, par M. de Fréminville de Bourg, petit neveu de M. de Maubou).

De nos jours, le nouveau spiritisme utilise la technologie pour échanger avec les entités du monde astral. L’obsolète «oui-ja» est remplacé par des appareils technologiques (télévision, ordinateur, radio, téléphone portable, etc.). Cette nouvelle forme de spiritisme est appelée la «transcommunication instrumentale», la TCI.

Le spiritisme moderne avec son attirail technologique n’est guère éloigné du channeling. Les channels – les «canaux» en français – sont des médiums qui transmettent des messages de supposés maîtres spirituels. De nombreuses personnes sont d’abord intriguées par les manifestations des défunts et la transcommunication instrumentale. Ensuite, elles se retrouvent à frétiller de bonheur en écoutant les messages nébuleux des maîtres ascensionnés et de la hiérarchie cosmique qui annoncent l’âge d’or.

De plus en plus de chercheurs s’intéressent aux Expériences de Mort Eminente (EMI). Des expérimentateurs de EMI témoignent. Des médecins et des chirurgiens écrivent des livres. On veut croire que les messages communiqués par un appareil électronique ou un médium proviennent de décédés et parfois de maîtres spirituels. Tout cela donne raison au le père Brune sur un point, ces phénomènes se répandent et vont changer le monde. Nous assistons à de grands bouleversements à la fin desquels une nouvelle religiosité planétaire s’imposera. La religion issue du spiritualisme phénoménal et expérimental, qui passionne tant le père François Brune, nous rendra tous médiums ou channels. Mais la condition d’un médium est bien misérable, il est contrôlé par des entités…

Vidéo : Adolf Homes et la transcommunication instrumentale
http://www.dailymotion.com/video/x2k0bh_74-mysteres-la-transcommunication-i_tech





Note :
Des témoins dignes de foi signalent que des messages spirites incitent au suicide.

mercredi, mai 06, 2009

Les végétaux sacrés et le Concombre masqué


Notre père l’Oignon

Il y a plusieurs décennies, les adorateurs de l’oignon avaient de bonnes raisons de pleurer. En plus des effluves de l’oignon qui piquent les yeux, leurs glandes lacrymales répondaient à un sentiment de profonde tristesse. Leur religion avait fait chou blanc.
En 1929, François Thomas a la révélation de la métaphysique de l’oignon. Il est persuadé que, comme le bulbe de la famille des liliacées, la castration permet à l’homme de rajeunir et de parvenir à la vie éternelle. Malgré ses efforts, l’infatigable apôtre ne parvient pas à donner à son église un véritable essor. François Thomas est un prophète peu enclin au doute et aux hésitations, il sait toujours trancher dans le vif . Mais son messianisme ne rencontre pas le succès escompté. Les candidats à l’émasculation volontaire ne se bousculent pas aux portes du temple de l’oignon.

La chair des dieux

L’amanite tue-mouches, le champignon des dieux, est discrètement présente lors de la fête la plus importante de la chrétienté. En effet, elle figure sur les bûches de Noël. Son rôle mystique immémorial resurgit ainsi de l’inconscient collectif.
Pierre Chavot a consacré une étude à l’amanite tue-mouches qui est associée aux plus anciens cultes de l’humanité. L’auteur la retrouve dans les rites chamaniques sibériens, dans les traditions indiennes (soma) et perses (haoma). Elle est au cœur du culte de Dionysos et des prophètes de la Bible. Jésus lui-même aurait été un adepte de la «chair des dieux ou de Dieu». Sa consommation permet d’entrer au Ciel. Jésus dit : «En vérité, en vérité je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes.» (Jésus à la synagogue de Capharnaüm). L’amanite était aussi consommé en décoction dans de l’eau, du lait, du jus d’airelle. Comment expliquer la découverte d’une représentation de l’amanite tue-mouches dans la basilique patriarcale d'Aquilée, haut lieu du christianisme ? Le champignon est bien visible sur une fresque de l'abbaye de Plaincourault dans l'Indre ? John Allegro voit dans la représentation de Plaincourault l’arbre de la connaissance du paradis terrestre. Cet auteur considère que le judaïsme et le christianisme étaient fondés sur le culte secret de l’amanite tue-mouches. Il développe son hypothèse dans son livre «The Mushroom and the Cross», traduit en français.

http://www.botany.hawaii.edu/faculty/wong/BOT135/Lect20a.htm

Ce site en anglais contient une photo de la fresque de l’abbaye de Pliancourault.

Le cri de la mandragore

La mandragore fait partie de la famille des solanées comme la jusquiame et la belladone. Son nom signifie «main de gloire». La mandragore était un attribut de la magicienne Circé. Les sorciers apprécient cette plante, qui ne pousse que la nuit, pour ses effets hallucinatoires et aphrodisiaques.
«D’après la légende, la mandragore ne poussait qu’au pied des gibets, car elle était issue du sperme des pendus. On ne pouvait l’arracher du sol qu’avec beaucoup de précaution, et on rapporte qu’elle poussait à ce moment un cri particulièrement déchirant et meurtrier : pour cette raison on laissait aux chiens le soin de la déterrer, ce qui se soldait invariablement par leur mort.» («Encyclopédie des symboles», La Pochothèque.)

Rave au cannabis

Il ne s’agit pas du navet. Dans notre univers productiviste et utilitariste, une rave party répond au lointain appel de Dyonisos. Des jeunes tentent de reproduire des phénomènes archaïques de l’orgie et de l’extase.

La viande remplace les végétaux

En devenant plus dogmatique, la religion proscrit la communion extatique et les substances végétales sacrées. La «folie» mystique n’est plus orgiaque, elle devient sanguinaire et sadique. Le clergé immole des animaux et souvent des êtres humains lors de terribles persécutions. Des hiérarques chrétiens se délectaient de grillades d’hérétiques. Des fanatiques orientaux avaient une prédilection pour les brochettes crues d’ascètes Jaïns. «Le septième jour des fêtes dédiées à Shivä (Shivä Mahotsavä), on célèbre encore aujourd’hui à Madura l’empalement des Jaïna ordonné par le roi Tirujanar Sambandhar (7ème siècle). Cet événement est décrit dans le Kâranâgamä dans la partie concernant ce saint shivaïte.» (Gopinatha Rao, «Element of Hindu Iconography, vol. I, Introduction.)

A ses débuts, une religions racole, enjôle et ensuite elle soumet, torture, assassine… Cette règle était aussi appliquée par les bouddhistes. Les lamas tibétains qui détenaient le pouvoir n’étaient pas tous de sympathiques non-violents. Dans l’ancien Tibet, la liquidation des personnes qui représentaient un danger aux yeux des maîtres du pays n’était pas rare. De nos jours, le schisme religieux qui oppose les partisans du culte de Dordjé Shougdèn au Dalaï-lama se solde par plusieurs assassinats.

Le Concombre masqué

La religion est le moyen le plus efficace pour contrôler les esprits. Les puissants concoctent-ils une nouvelle religion mondiale ?

Qui est le maître du monde ? Sa vie quotidienne :
http://www.leconcombre.com/echoduweb/monde/maitre00.html


le site de la Connaissance Ultime et de la Sérénité Intérieure :
http://www.leconcombre.com/



"Le champignon des dieux - L’amanite tue-mouches", Pierre Chavot, éditions Dervy.
"Les plantes psychotropes et la conscience : L'enseignement de l'Ayahuasca", Romuald Leterrier, éditions Alphée.
"Le champignon sacré et la croix", John Marco Allegro, éditions Albin Michel.
"Encyclopédie des symboles", La Pochothèque.

mercredi, avril 29, 2009

Tradition alchimique et mercantilisme

L’animisme des paysans et l’hindouisme des érudits (pandits) survivent dans les monastères bouddhistes de Thaïlande. Dans chaque Wat (monastère) un bestiaire fantastique, d’innombrables créatures inquiétantes et les divinités du panthéon hindou sont réunis autour du Bouddha. En Thaïlande les entités sont partout. Elles résident dans les arbres, la terre, les rivières… Des grouillements de spectres terrifient les populations.

La peur des entités est une source de revenus pour les moines qui fabriquent des amulettes défensives et reproduisent des symboles magiques sur les murs, les tissus et la peau. Le tatouage de signes protecteurs est très répandu dans les monastères thaïlandais. Les moines confectionnent aussi des talismans aux vertus extraordinaires pour les affaires, la santé et les conquêtes amoureuses.

Parmi les innombrables gris-gris confectionnés par les moines, les amulettes en mercure solidifié attestent de la survivance d’une authentique tradition alchimique, probablement d’origine shivaïste. L’art de transformer le mercure en un métal dur, après l’avoir purifié de sa toxicité, était connu de Patanjali qui recommandait ce métal alchimique à ses disciples.

Un français, Petri Murien, est un spécialiste du mercure solidifié. Après avoir écrit plusieurs textes sur ce sujet, il commercialise un élixir. Ce mercantilisme est étonnant de la part d’un véritable adepte de l’Art royal.
http://www.tonicgold.com/the_alchemist.htm

L’affairisme des prétendus spiritualistes et aussi scandaleux que la trahison des hommes politiques qui servent les plans de l’oligarchie financière internationale. Les faux brahmanes (religieux) et les faux kshatriya (politiciens) pervertissent les sociétés. Nous devons les dénoncer.

François Bayrou ne supporte pas la ploutocratie triomphante qui s’est installée à l’Elysée. Il a dit au journaliste Jean-Michel Aphatie :

Je trouve qu'en effet, la manière où les choix qui sont les choix de valeur qui sont ceux de Nicolas Sarkozy ne collent pas avec ce que la fonction devrait exiger. Lorsque Nicolas Sarkozy exalte la réussite financière, la réussite matérielle des très grands banquiers, par exemple ; selon moi, il n'est pas dans le rôle d'un Président de la République. Un Président de la République français, c'est quelqu'un qui voit la réussite ailleurs que dans l'argent. Et c'est très important parce qu'il y a des millions de Français, il y a des millions de médecins, il y a des millions d'infirmières, il y a des millions de chercheurs, oh combien... Il y a des millions d'universitaires, il y a des millions de gens qui triment de PME, d'artisans qui n'auront jamais accès à ce monde des grandes fortunes ; et le Président de la République devrait être leur défenseur. Il devrait être de leur côté en face de la puissance matérielle.


Voir la vidéo "François Bayrou dévoile en exclusivité son brûlot anti-Sarkozy sur RTL" :

http://www.rtl.fr/fiche/4648667/Francois-Bayrou-devoile-en-exclusivite-son-brulot-anti-Sarkozy-sur-RTL-video.html



Le texte de Kunzang Namdjial "Les objets Alchimiques en mercure Philosophal" :
http://magiedubouddha.com/p_thai-mercure2.php

La photographie représente Petri Murien, auteur de "Cinnabaris ou le mercure alchimique", "Les innombrables pouvoirs de l’Océan de mercure", éditions Trédaniel, avec Eric Saint-Clair, "L’aura bleue du mercure alchimique", éditions Ramuel.
Petri Murien poursuit les travaux de Paracelse. Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse (1493 ou 1494-1541), soignait les pauvres gratuitement.

mardi, avril 28, 2009

Claudie répond au courriel de B.


Claudie, ex-disciple du lamaïsme, complète le précédent post :

La pratique du bouddhisme (méditation) peut être très bénéfique surtout quand cela nous permet de nous sortir d'une situation délicate (déprime, séparation, ...) dans votre cas, si j'ai bien compris, de l'alcoolisme puisque vous dites que vous vous êtes arrêté de "picoler".

MAIS attention aux dérives, allez voir les témoignages dans "bouddhanar". Certaines traditions bouddhistes possèdent des restaurants, des hôtels, des châteaux. Le paiement des enseignements, les recherches de dons, les vente d'objets, les ventes de livres, les heures de bénévolat de leurs élèves leurs permettent de se développer et de s'enrichir de plus en plus. Regarder les témoignages de Clara, l'abolition du servage au Tibet, ...

Aider les autres, il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte que nul besoin d'avoir des châteaux ou des centres bouddhistes pour cela. Si on a des voisins âgés ou malades leur proposer notre aide, leur faire leur course, aider un collègue, ... les restaurants du cœur .

Suivre la voie de "Bouddha" sans tomber dans l'extrême n'est pas chose facile. Les enseignements devraient être gratuits, les appels de dons devraient servir uniquement aux frais quotidiens. Posséder des hôtels des restaurants des châteaux (avec tous les frais que cela entraînent) dans des pays riches est-ce nécessaire.


UN ENDROIT CALME est suffisant pour méditer, et un bon professeur doit nous inviter après quelques séances à méditer chez soi, et nous amener à NE PAS ETRE DEPENDANT.

***



Une nonne thaïlandaise de Kanchanaburi pratique une nouvelle forme de méditation : l’aquavipassâna.


dimanche, avril 26, 2009

La magie du Bouddha

Courriel de B. :
Je vous envoie ce message pour vous demander quelques pistes à suivre, parce que voyez-vous, je suis tout frais émoulu d'une session Vipassana il y a environ 2 mois, et depuis je pratique la méditation (anapana puis vipassana) quasiment quotidiennement: ça me fait un bien fou je dois avouer, mon esprit est bien plus clair qu'avant (sans doute du fait aussi que j'ai arrêté de picoler...) et une détermination certaine naît en moi, alors que jusqu'ici j'étais d'un caractère plutôt hésitant... Bon je ne suis pas là pour vous vendre la soupe «vipassanesque», mais je voulais simplement savoir comment se protéger des malfaisants invisibles (vous en parlez dans certains posts), et savoir ce que vous pensez de la technique de méditation vipassana enseignée par Goenka.

Le Théravada, le bouddhisme des Ancien, se targue de préserver le véritable enseignement du Bouddha. D’après cette école, la libération de l’esprit nécessite l’application de trente-sept éléments faisant partie de l’Eveil, à savoir les sept facteurs suivants :

- les 4 bases de la présence d’esprit (Satipatthâna) ;
- les 4 efforts parfaits (Padhâna) ;
- les 4 voies pour parvenir au pouvoir supranormal (Iddhi-pâda) ;
- les 5 facultés spirituelles (Indriya) ;
- les 5 pouvoirs (Bala) ;
- les 7 facteurs de l’Eveil (Bojjhanga) ;
- la voie octuple (Magga).

La première catégorie, Satipatthâna, est bien connue des personnes qui pratiquent la méditation et s’efforcent de maîtriser la présence d’esprit. L’observation du corps, des sensations, de l’esprit, des phénomènes mentaux constituent les quatre bases de la présence d’esprit (Satipatthâna). Elles sont combinées avec des exercices respiratoires. La méditation préconisée par le Théravada est plus exactement un développement mental (Bhâvanâ) qui doit augmenter la connaissance transcendante. Le Bhâvanâ développe la tranquillité de l’esprit (samathabhâvana) et la vision supérieure (vipassânabhâvanâ). Samatha, la tranquillité d’esprit, peut culminer avec les absorptions méditatives (samadhi). La concentration (samadhi) est la condition fondamentale de la vision intérieure profonde de la nature réelle de tous les phénomènes physiques et mentaux (vipassâna).

Vipassâna, qui est au cœur de la formation monastique du Théravada, n’est rien de moins que la sagesse qui permet d’atteindre les fruits du nibbhana (nirvana) et l’extinction des «feux» des Trois Poisons, la cessation de la souffrance par la cessation de la haine, de la convoitise et de l’illusion.

Dans la réalité, les figures les plus illustres du monachisme du Sud-est asiatique, où s’est développé le Théravada, n’incarnent pas toujours le détachement enseigné par le Bouddha Gautama. Certains religieux, en totale contradiction avec l’enseignement du Bouddha, sont des experts en magie et se livrent sans la moindre vergogne au commerce des talismans, onguents et philtres. Tous les monastères thaïlandais vendent des gris-gris.

Kunzang Namdjial, collectionneur d’amulettes et adepte du lamaïsme, a réuni une intéressante documentation sur les pratiques occultes du bouddhisme. Il écrit :

Un aspect surprenant et fascinant du bouddhisme thaïlandais tient à la croyance de la population thaïlandaise dans les pouvoirs magiques de certains de leurs maîtres et dans le fait que certains de ces maîtres se livrent parfois à toutes sortes de démonstrations de ces pouvoirs !
De nombreux maîtres fabriquent des amulettes ayant des pouvoirs variés (et parfois surprenants !), et les distribuent à leurs disciples ou les proposent dans la boutique de leur temple pour financer l'entretient du temple, ses agrandissements ou divers projets charitables. Egalement il existe des maîtres en magie "laïcs" qui se livrent à la même occupation. Il ne se passe pas en Thaïlande de semaine sans que plusieurs anecdotes en rapport avec les amulettes et les fantômes ne fassent la «une» des journaux nationaux. Il existe d'ailleurs une vingtaine de magazines spécialisés qui informent les collectionneurs sur les événements à venir (bénédiction d'un Temple, cérémonie, venue d'un grand maître...).
Ce monde est en grande partie caché et voire même interdit aux "farang" (les étrangers), il convient en effet d'avoir certaines connaissances pour comprendre et apprécier cet univers si spécial, où les miracles sont quotidiens et où l'extraordinaire est normal...

Le bouddhisme du Sud-est asiatique est imprégné d’occultisme. Ce constat remet en question l’efficacité de la pratique du développement mental (Bhâvanâ), qui comprend samatha et vipassâna. Le clergé théravadin, habile dans la commercialisation de la magie, fait douter de l’efficacité de la méditation. Malgré les efforts de certains enseignants comme Goenka, évoqué dans le courriel de B., il est difficile de croire que vipassâna ouvre obligatoirement les «portes» du nirvana aux maîtres bouddhistes et aux grands méditants.

Rappelons que Samatha, «chiné» en tibétain, peut introduire l’esprit à un état de clarté, de repos et de paix, et la pratique de vipassâna, «lhagtong» en tibétain, permet de reconnaître la nature même de l’esprit. Mais rien n’est acquis aussi longtemps que l’on n’a pas stabilisé la faculté de se «poser» quotidiennement dans la nature de l’esprit. La «connaissance» de l’esprit originel (la nature de l’esprit) est une expérience totalement non conceptuelle, libre de toute référence et de toute fabrication mentale. Elle se situe à un niveau différent des forces psychiques et des influences occultes. En accédant à cette dimension de l’esprit, le contemplatif se prémunit des aléas du spiritualisme décadent et des entités parasitaires. Mais les niveaux élémentaires de vipassâna ne protègent pas les méditants des dangers de l’occultisme.

Les maîtres théravadins, comme leurs homologues lamaïstes, jouissent d’un incontestable prestige auprès des populations, notamment dans les zones rurales. La pratique mécanique et routinière de la méditation ne les rend pas insensibles aux honneurs, à l’argent, à la séduction… Certains bonzes se comportent de la même manière que les sorciers. Ils se livrent à des actes dignes des sabbats du Moyen Age. Par exemple, des moines bouddhistes fabriquent une répugnante «huile» magique. Un reportage thaïlandais montre le rituel de récupération de cette «huile», en réalité la graisse d’un nourrisson mort, qui permet de faire croître en puissance une sorte de spectre, un khuman thong. La pratique des khuman thong remonte à khunpen qui tua une femme enceinte. Il retira le fœtus de son ventre et décida, à l’aide de la magie, d’en faire une entité soumise qui doit combler son propriétaire en lui assurant le bonheur matériel et affectif.

Voir la vidéo (déconseillée aux âmes sensibles) :
http://www.youtube.com/watch?v=dh-h7lx_j7E

Le site de Kunzang Namdjial est particulièrement informatif en matière de bouddhisme ésotérique. Les surprenantes pratiques magiques des moines théravadins y sont largement exposées :
http://magiedubouddha.com/

Voir aussi les biographies des maîtres théravadins :
http://magiedubouddha.com/p_thai-venerables.php

Dans son courriel B. exprime son désir de connaître des pistes à suivre pour ne pas trop se fourvoyer dans la mouvance spiritualiste.
La traduction de Tchouang-tseu par Jean Lévi, intitulée «Les Œuvres de Maître Tchouang», éditions de l’Encyclopédie des Nuissances, ne le décevra pas. Deux autres livres écrits par Jean-François Billeter apportent une intéressante approche de la pensée du philosophe chinois : «Etudes sur Tchouang-tseu» et «Leçons sur Tchouang-tseu». Les deux livres de Billeter sont édités par Allia.
« Tchouang-tseu conteste, dénonce, bouscule, provoque et détruit. Mais d’une destruction qui prépare à une reconstruction dont il donne aussi le secret.
De tous les penseurs chinois Tchouang-tseu est celui dont on peut dire qu’il a le plus réfléchi et mené une recherche philosophique en tant que celle-ci concerne la possibilité ou non d’établir une vérité et éventuellement de persévérer dans cette recherche. Il met en question les codes de base du langage et du savoir en montrant qu’ils sont inconscients, et entachés d’arbitraire. Il remet en cause les structures mentales nécessairement communes à un ensemble social pour qu’il y ait communication, non pas en les balayant, car il s’en sert pour s’exprimer, mais en revendiquant pour l’esprit la liberté de s’en dégager dans une activité de production dynamique inépuisable et quasi informelle. »
Isabelle Robinet, «Comprendre le Tao», éditions Albin Michel.





La photo montre un khuman thong

mercredi, avril 22, 2009

Hiérarchie occulte


Il est agréable de lire l’Avadhûta Gîtâ. En effet, la strophe 31, par exemple, dit :

"L’Avadhût n’est pas concerné par les choses de ce monde, car sa béatitude naturelle de réalisation du Soi rend toute chose insignifiante. Mort et naissance n’ont pas de sens ; il ne médite pas, il n’adore rien."

Cette forme d’autisme transcendant ne manque pas d’attraits et convient aux sages indolents, une espèce d’hommes assez peu répandue, hélas.

Le commun des mortels entretient des relations avec le monde extérieur. Mais de nos jours la connaissance de ce monde est tronquée. Des dogmes modernes ont balayé d’antiques conceptions de la vie et des diverses intelligences qui peuplent le monde avec des corps plus ou moins visibles. Autrefois, la croyance en l’existence d’entités sans corps aussi dense que le notre était universelle. Il nous reste du savoir ancestral de nombreux contes et légendes. Le fond de vérité de ces vieux récits n’échappe pas aux investigateurs perspicaces.

La prudence était de rigueur avec les entités. Les Tibétains, experts en démonologie, n’omettaient jamais de créer une enceinte psychique protectrice avant la pratique rituelle et méditative. Une précaution inconnue des spiritualistes contemporains.

Une nouvelle religiosité a émergé après les excès du matérialisme et la quasi disparition du savoir traditionnel. Les médiums du spiritualisme moderne, notamment du channeling, autre nom pour désigner le spiritisme, se livrent avec beaucoup d’enthousiasme et peu de discernement au commerce avec de prétendus "guides de lumière".

L’écrivain et géobiologue Roger de Lafforest relate une anecdote au sujet d’un ami adepte du nouveau spiritualisme :

"Cet homme éminent, célibataire, d’une très haute spiritualité et d’une moralité parfaite, occupait un petit trois pièces dans une H.L.M. de la banlieue sud de Paris. C’était un érudit timide qui menait une vie effacée et discrète. Spécialiste en hydrologie, il s’était intéressé aux recherches que je faisais sur les nocivités crées à la surface du sol par le passage de cours d’eau souterrains. Nous avions vite sympathisé, et il m’avait bientôt fait des confidences sur sa vie spirituelle la plus intime. Il m’avait avoué, comme s’il se fût agi d’un péché, qu’il pratiquait une méditation mantrique tibétaine, qu’il se connaissait deux "guides", deux lamas du Potala, qui le dirigeaient dans les moindres actes de sa vie.

Quiconque fréquente un peu les ésotéristes de tout poil sait qu’il est courant de rencontrer chez eux des gens raisonnables qui donnent volontiers tous les détails (qu’on ne leur demande pas) sur le "guide" auquel ils obéissent perinde ac cadaver. Il s’agit presque toujours, d’ailleurs, d’un moine tibétain, ou d’un brahmane, ou d’un prêtre zen ou d’un gourou de haute secte ; jamais ce maître secret, qui se manifeste avec autorité dans le silence de la méditation, n’est un ancien gendarme de la Queue-lès-Yvelines ni un champion de catch prématurément décédé.

Donc, le "guide" de mon ami hydrologue était un lama tibétain qui le dirigeait dans les moindres actes de sa vie. C’était un protecteur dont les judicieux conseils lui avaient plusieurs fois sauvé la vie. Son visage ascétique et assez terrible apparaissait régulièrement soit la nuit, dans l'obscurité de la chambre, soit comme un parasite lumineux sur l’écran opaque de la méditation.

Où l’affaire devient incroyable et saugrenue, c’est que le sage guide persuada un jour le naïf professeur que, dorénavant, chaque matin en se levant, il devrait faire sa salutation au soleil à l’envers, c’est-à-dire le coccyx vers l’est, le front touchant le sol vers l’ouest. Pourquoi cette inversion ? pour "déboucher son chakra racine dont le blocage contrariait la progression ascensionnelle de la kundalini" !

Mon ami m’avait fait part de cette innovation imposée dans sa gymnastique ésotérique, mais il avait omis de me donner certaine précision sur la mise en scène exigée pour la nouvelle posture : il devait se mettre complètement nu, sortir sur son balcon, s’accroupir sur un tapis de prière, et présenter ses fesses au soleil levant pendant un quart d’heure, en répétant son mantra secret.

Or, dans ce genre d’immeuble, le balcon est commun pour tout l’étage et fait ceinture à tous les appartements, sans autre séparation qu’une plaque de verre translucide s’élevant à peine à hauteur d’homme.

Bien que la salutation au soleil se fasse à l’aube, il y a beaucoup de lève-tôt dans ces étables à travailleurs que sont les H.L.M. Le bruit se répandit rapidement dans le voisinage qu’un vieux fou, chaque matin, montrait ses fesses sur le balcon du troisième étage, et les voyeurs amusés devinrent de plus en plus nombreux. Malheureusement, parmi les spectateurs les plus proches se trouvait une vieille fille, fonctionnaire à la Sécurité sociale, qui faillit s’étrangler d’indignation. A ses protestations, qu’elle présenta aigrement, le professeur répondit, sur le conseil de son guide, par un geste obscène.

Ce qui devait arriver arriva : la vieille fille fit faire des constats par huissier, recueillit des témoignages et déposa plainte devant le procureur de la République en se constituant partie civile. L’enquête fut brève, il y avait flagrant délit chaque matin, et mon ami se retrouva bientôt devant le tribunal correctionnel qui le condamna pour attentat à la pudeur, en application de l’article 430 immortalisé par Courteline.»
(Roger de Lafforest, "Présence des invisibles".)

Des entités, en réalité des anges noirs, se tiennent silencieusement derrière la scène du monde. Ce sont eux qui sont à l’origine du nouveau spiritualisme et des actions malfaisantes des loges politico-occultes. Ces entités énigmatiques, incrustées dans les profondeurs de l’inconscient collectif, influencent les humains à leur insu et les vampirisent.

Des gourous du Nouvel Age invitent leurs disciples à honorer des entités, de soi-disant maîtres de sagesse de la fameuse "Grande Fraternité Banche". Maître Morya, Maître Koot-Hoo-Mi, Maître Djawhal Khool (le guide tibétain d’Alice Bailey) et de nombreuses autres entités caricaturent les figures de la spiritualité traditionnelle. Manu Vaïvashvata (le grand législateur de l’hindouisme) et Jésus sont aussi à l’affiche de cette immense parodie dont le premier rôle est attribué à Sanat Kumara, Sanat (éternel) et Kumâra (l’adolescent). Sanat Kumâra est une incarnation (avatara) de Vishnu mentionnée dans le Bhâgavata Purâna. Les prophètes du spiritualisme moderne affirment : "Sanat Kumara est le seigneur du monde". Cette déclaration fait frémir les derniers chrétiens. L’un d’eux a dit : «Il ne peut faire aucun doute que Sanat, le dirigeant suprême du Nouvel Age, qu'ils appellent « le Seigneur du Monde», n’est nul autre que Satan lui-même que Jésus appelle « le Prince du Monde ». Sanat est simplement et seulement une translocation du mot Satan.»

Le Nouvel âge, mouvance hétéroclite en constante mutation, concerne l’ensemble du spiritualisme moderne. Son influence parvient jusqu’au cœur des plus anciennes institutions religieuses au nom d’un l’œcuménisme ambigu. Selon toute vraisemblance, son objectif se rapporte à l’instauration d’une religion planétaire dont le culte sera l’ultime imposture de cette fin de cycle.

samedi, avril 18, 2009

Le Nénuphar blanc contre les loges noires

Le comte Albert de Pouvourville (1862-1939) avait une bonne connaissance de la politique et des traditions spirituelles de l’Empire du Milieu.

Initié au taoïsme au Tonkin, le comte était appelé Matgioi, "Œil du jour". De retour en France, la librairie du "Merveilleux de Chamuel" publia plusieurs de ses livres : "Le taoïsme et les sociétés secrètes chinoises" ; "L’esprit des races jaunes" ; "L’opium, sa pratique" ; "L’affaire de Siam".

Matgioi, grâce à sa connaissance des sociétés secrètes, avait ses entrées dans les ministères comme conseiller politique occulte. Dans "La revue de Paris", il écrit :

"Depuis une dizaine d’années, la Chine, pays de toutes les traditions et de toutes les immobilités, est devenue le pays de toutes les surprises. L’éveil d’une nationalité et d’un sentiment patriotique, inexistants jusqu’ici ; le consentement à la création de forces maritimes et militaires ; la résignation, presque joyeuse, à l’impôt du sang, toujours refusé depuis des siècles ; la guerre à l’opium ; la centralisation de certains services de l’Etat ; la recherche de la personnalité internationale et la prétention à une politique extérieure ; l’accession, enthousiaste et presque trop rapide, aux progrès et aux idées modernes – tout cela est bien fait pour étonner l’homme de race blanche, qui a étudié de près le tempérament chinois. Mais, de toutes les choses stupéfiantes qu’il enregistre, la plus inouïe est certes la rapidité et l’inconcevable unanimité, avec lesquelles tout le peuple chinois se précipite vers le réformisme, et, du réformisme, vers la révolution antidynastique et républicaine… La Chine est la terre des sociétés secrètes ; et le Jaune est un conspirateur-né, qui ne saurait prendre une tasse de thé hors de chez lui, sans raser les murailles et sans échanger des mots de passe. Il applique le système de la société secrète à tous ses besoins ethniques, politiques et sociaux, et même à ses plaisirs. Parmi les associations qui pullulent en Chine, il en est deux dont l’importance est incontestable. Et c’est l’une des deux qui, depuis tantôt soixante années, dirige de façon occulte, mais souveraine, les mouvements populaires et même, parfois, la politique de l’Empire. C’est le "Bachlien-hohei", ou "Nénuphar blanc", dont les menées secrètes remontent jusqu’à la conquête manchoue, jusqu’à l’intronisation, sur le Trône Céleste, d’une dynastie étrangère, et qui seulement aujourd’hui triomphent."
"La Revue de Paris", 1er mars 1912 : "La révolution et les sociétés secrètes en Chine".

Des dirigeants communistes chinois étaient adhérents de puissantes sociétés secrètes. La fin du discours de Mao du 12 juillet 1936 est très net : "Faisons renaître l’ancien esprit révolutionnaire des Aînés et des Anciens. Nous désirons accueillir avec enthousiasme les chefs de toutes les "Loges de la Montagne" (les sociétés secrètes). Que les frères des quatre points cardinaux nous envoient des représentants pour réaliser avec nous notre projet de sauver le pays. Que les Aînés et les Anciens et tout le peuple chinois s’unissent pour abattre le Japon et sauver le Chine. Longue vie à la libération nationale chinoise !". Zhu De (1886-1976), fondateur de l’armée rouge chinoise ; Wu Yuchang (1878-1966), recteur de l’université de Pékin ; He Long (1896-1969), chef militaire, étaient affiliés à la Société des Aînés et des Anciens.

Des sociétés secrètes orientales pourraient contrecarrer les desseins des loges noires majoritairement anglo-saxonnes. Lointaines héritières des sociétés secrètes, les Triades, sbires de mystérieux consistoires, seraient mobilisées contre les loges noires qui réunissent une grande partie de l’oligarchie financière internationale. L’embrigadement des mafias orientales contre les loges noires a été annoncée en 2007 par le journaliste Benjamin Fulford. Cette surprenante déclaration s’accorde toutefois avec un événement majeur : Une fraternité spirituelle fait désormais la guerre aux groupes politico-magiques qui empoisonnent la planète depuis des siècles. Cette fraternité doit être distinguée de l’ubuesque grande loge "blanche" et des turlupinades des maîtres ascensionnés.

Ce combat subtil précipite les événements internationaux. Les nuisances des hiérarchies politiques et religieuses s’aggravent (crises économiques, paupérisation des masses, manipulations médiatiques, parodies spirituelles...). Les puissants, relayés par des journalistes soumis, préconisent une réorganisation politique internationale. Le nouvel ordre mondial, cette gigantesque uniformisation, ce magma planétaire de consciences aliénées, angoissées par le marasme économique ou exaltées par un spiritualisme dénaturé, constituera en réalité le bunker des loges noires. L’actuel changement cosmique doit mettre fin au règne des entités parasitaires et des hiérarchies néfastes. Des initiés pervers verrouillent notre monde pour résister aux forces spirituelles en œuvre dans le cosmos. Ils amplifient l'anxiété des humains. Le travail, fondement de notre organisation sociale, et la peur du chômage obnubilent les populations et consolident le pouvoir des maîtres du monde. Henri Bartoli écrit : "Toute économie qui emploie le travail comme un pur outil et le détourne de ses fins pour le mettre au service d’un fétiche, l’argent ou le capital, toute économie "avare" est une économie esclavagiste. […] Dès que le travail perd sa fonction d’hominisation et de spiritualisation et devient pure fabrication, l’aliénation de l’homme s’instaure, l’organisation se vide de son contenu "explosif" : elle devient une technique au service d’un ordre des choses."
(H. Bartoli, "Science économique et travail".)

Cet "ordre des choses", critiqué par Bartoli, deviendra infernal quand, prétextant une "refonte du capitalisme", les loges noires contrôleront la plus grande partie des nations et instaureront un nouvel esclavagisme mondial.

Actuellement, l’OTAN consolide ses positions en Asie centrale. De plus, l’encerclent de la Chine est bel et bien une réalité.

Des sociétés secrètes comme le Nénuphar blanc pourront-elles protéger des populations de l’hégémonie de l’empire anglo-américain et des plans diaboliques de ses loges ?

Sources :
- "Matgioi, un aventurier taoïste", J.P. Laurant, Dervy-livres ;
- "Le travail une valeur en voie de disparition", Dominique Méda, Flammarion ;
- "Fabrato le magicien", Franz Bardon, Dieter Rüggeberg ;
- La Chine et l’Asie centrale :
http://perspectiveschinoises.revues.org/document995.html
- Les sociétés secrètes chinoises :
http://www.tao-yin.com/wai-jia/societe_secrete.html
- L’encerclement de la Chine par les USA dans "Histoire du bouddhisme tibétain", Elisabeth Martens, l’Harmattan.
- Les Triades et les yakuzas selon Benjamin Fulford

http://www.dailymotion.com/video/x4j974_david-rockefeller-face-a-benjamin-f_politics


***

La Chine selon Thierry Meyssan :

"Je m’interroge sur leur stratégie*. Pourquoi ces achats massifs de bons du Trésor US ? Pékin a pris l’initiative d’un rapprochement avec Moscou à travers l’Organisation de coopération de Shanghai. Beaucoup de contentieux ont été soldés. En retour, les Russes ont accepté de vendre de l’énergie à un tarif préférentiel aux Chinois et demandé un contrôle plus strict de l’émigration chinoise en Sibérie. La logique aurait voulu que les deux grands se renforcent mutuellement en refusant le dollar comme monnaie d’échange international. Mais Pékin répugne à choisir son camp et ne veut pas froisser Washington. Les Chinois mènent une stratégie douce de renforcement de leurs alliances tous azimuts. Cela me paraît un peu étrange, car cela pourrait leur coûter cher. Les USA pourraient les emporter dans leur effondrement prévisible.
Au passage, permettez-moi de dire mon agacement face à la stupide dénonciation des violations des Droits de l’homme en Chine. Ils sont sans aucun doute possible beaucoup mieux respectés par Pékin que par Washington - ce qui n’est pas une excuse pour ne pas s’améliorer, mais relativise ces accusations - . Et qu’on arête de dire que le Tibet a été annexé par la Chine en 56, alors qu’il a été repris par les communistes chinois aux Chinois de Tchang Kaï-Chek."

Thierry Meyssan et la politique d’asservissement des USA :
http://www.dailymotion.com/video/x90h8g_thierry-meyssan-obamaune-politique_news


(*) Meyssan ne doute pas de l’effondrement des USA. Malheureusement, la conséquence de la crise sera de nouvelles guerres. Les guerres sont causées par des situations politico-économiques. Cette menace explique probablement l’attitude des Chinois à l’égard des USA.

samedi, avril 11, 2009

Emerson et Lin-chi


Dans son livre "L’âge d’or du Zen", John Wu écrit :

Il existe une curieuse coïncidence entre l’idée de l’"homme véritable" de Lin-chi et celle du "Soi primitif" d’Emerson. Comme Lin-chi, Emerson préconisait l’appui sur soi ou la confiance en soi, et il insistait sur le fait que le soi en lequel il faut placer sa confiance n’est pas l’ego individuel, mais un soi fondamental. Que l’on me permette de citer ici un passage de "La Confiance en soi" d’Emerson, peut-être trop familier pour être compris dans sa véritable lumière, mais qui révélera, je l’espère, son éternelle fraîcheur si on le lit dans le contexte étranger du tch’an :

Le magnétisme qu’exerce toute action originale s’explique quand on recherche la raison de la foi en soi. Qu’est-ce que le Soi primitif sur lequel peut se fonder une confiance universelle ? Quelles sont la nature et la puissance de cette étoile qui, dépourvue de parallaxe et d’éléments calculables, déroute la science, et qui émet une radiation de beauté jusque dans les actions banales et impures dès qu’apparaît le moindre signe d’indépendance ? La recherche nous mène à cette source, essence en même temps du génie, de la vertu et de la vie, que nous appelons Spontanéité ou Instinct. Nous voyons dans cette sagesse primordiale l’Intuition, tandis que toutes les actions ultérieurs sont des enseignements. C’est dans cette force profonde, dernier fait au-delà duquel l’analyse ne peut pénétrer, que toutes choses trouvent leur origine commune. Car le sentiment d’être qui s’élève, on ne sait comment, dans l’âme aux heures calmes, n’est pas étranger aux choses, à l’espace, à la lumière, au temps, à l’homme, mais ne fait qu’un avec eux et procède finalement de la même source que la vie et l’être.

Ce "Soi primitif", cette "étoile qui, dépourvue de parallaxe et d’éléments calculables déroute la science", correspond exactement, selon moi, à l’"Homme Véritable sans aucun titre" de Lin-chi, qu’il appelle aussi parfois "l’homme indépendant du tao" (wu-i tao-jen) ou simplement "cet homme-ci". Partout, dans ce qui a été consigné de ses écrits et de ses actes, il indiquait cette "étoile dépourvue de parallaxe", parfois directement, à d’autres moments de façon plus détournée. Il était toujours aux aguets, à tout propos et sans propos, du "moindre signe d’indépendance" chez ses moines, bien que la plupart du temps il fût déçu. Il voyait en chacun et en tous le "Soi primitif" attendant avec une ardente patience toute occasion de briser la coquille du petit ego de façon à avoir, libéré lui-même, les mains libres pour libérer l’ego de ses liens d’ignorance et de désirs auto-imposés. Mais quelle vision pathétique ce devait être pour Lin-chi que celle de la plupart de ses élèves résistant à leur état originel d’êtres nés libres pour rester confortablement dans l’esclavage. Tournant le dos à l’Intuition, ils préféraient recevoir de l’enseignement pour des "enseignements" sans valeur. Portant en eux la "mère même de Bouddha", ils tournaient leurs regards en dehors à la recherche d’un Bouddha extérieur. Pourquoi ces chercheurs avaient-ils quitté leur maison pour n’appartenir qu’à une autre maisonnée, se demandait souvent Lin-chi. Derrière toute sa rudesse se cachait une ardente compassion, d’autant plus inévitable qu’elle n’était pas aveugle mais résultait d’une illumination. Sous ce jour, on voit aisément que tous ses cris et ses coups jaillissaient en réalité d’un cœur plein de compassion.
John Wu "L'âge d'or du Zen", traduit de l'anglais par F. Ledoux, éditons Marchal.

samedi, avril 04, 2009

Salades prâniques


La crise économique actuelle se produit durant la dernière phase d’un long cycle de décadence. En Occident, la tradition orphico-pythagoricienne et le platonisme parlaient de la chute des âmes qui étaient tombées du lieu où elles contemplaient la vérité pour devenir les esclaves du corps. L’homme moderne s’enferme dans l’idolâtrie de son ego et de son corps. Le matérialisme a sapé toutes les traditions spirituelles authentiques. Les religions répandent des croyances fondées sur la recherche des plaisirs célestes plus ou moins calqués sur les plaisirs terrestres. De leur côté, les partisans de la réincarnation capitalisent des actes méritoires pour renaître riches et en bonne santé.

Les religions de notre époque sont matérialistes (matérialisme spirituel). Les fidèles les plus idéalistes aspirent aux délices du paradis de Jéhovah ou de la terre pure du bouddha Amitabha… Les autres, plus pragmatiques, sont persuadés que les rites, les mantras, les bénédictions les protégeront et les rendront heureux dans cette vie. Les pratiquants ne négligent jamais l’augmentation de leur pouvoir d’achat, leitmotiv de l’existence humaine. Dans ce contexte, la crise suscite des réactions surprenantes.

Le temps où les spiritualistes confiaient leur destin à la sainte providence est révolu. De nos jours, les stratégies de survie se multiplient face à une crise qui est perçue comme les prémices du règne de l’Antéchrist. Des prédicateurs religieux organisent la résistance et s’en remettent aux réserves alimentaires et aux armes plutôt qu’à l’Eveil.

Certaines personnes pensent qu’une technique spirituelle peut tout régler. Le prânâyâma, littéralement "maîtrise du prâna", consiste dans l’exécution d’exercices respiratoires. Cette technique se répand dans le monde sous le nom de "respirianisme", en anglais "breatharianism". Les adeptes du respirianisme croient qu’il est possible de vivre de prâna-lumière et de s’abstenir totalement de nourriture. Les respirianistes sont persuadés qu’un jour ils deviendront des virtuoses du prâna et n’auront plus besoin de s’alimenter. Ils réaliseront alors des économies considérables.

Le Prânâyâma n’est pas dénué de dangers.

"Si quelqu’un fait des expériences de respiration, écrit Gurdjieff, il est préférable qu’il s’arrête pendant qu’il est encore temps.
En Europe, les gens ont complètement perdu la tête à ce sujet. Pendant quatre ou cinq ans, j’ai gagné ma vie à soigner des malheureux qui avaient détérioré leur santé avec de telles méthodes. On écrit beaucoup de livres là-dessus. Chacun voudrait enseigner l’autre :
"Plus vous respirez, disent-ils, plus fort est l’apport d’oxygène", etc. Et le résultat final est qu’ils viennent me voir. Je suis très reconnaissant aux auteurs de ces ouvrages, fondateurs d’écoles et autres."

Rudolf Steiner est plus inquiétant quand il écrit :

"Lucifer est lié à tout ce qui n’a pas encore atteint la pleine clarté des différents sens, à ce qui assaille l’homme d’une manière vague et indistincte. En d’autres termes, Lucifer est lié à la respiration, à l’expérience de l’inspiration et de l’expiration. La respiration de l’homme est quelque chose qui doit être réglé d’une façon très précise par rapport à l’ensemble de son organisme. Dès l’instant que le processus respiratoire est tant soit peu troublé, la respiration qui normalement est un phénomène inconscient auquel nous n’avons pas besoin de faire attention, se mue en un processus conscient, un processus de rêve plus ou moins conscient. Et quand – nous pouvons exprimer cela d’une façon tout à fait terre à terre - le processus respiratoire devient trop énergique, quand il exige de l’organisme un effort trop important, alors la possibilité de pénétrer avec le souffle dans l’organisme humain est donné à Lucifer – sinon à lui, du moins à ses légions, à ceux qui sont des siens." (L’homme entre Lucifer et Ahriman, éditions Triade.)

Les chroniques religieuses mentionnent des cas de jeûne prodigieux. De grands mystiques étaient capables de vivre sans manger durant des années. Toutefois, la véritable inédie, le jeûne des saints, n’est pas le résultat d’un procédé précis. Ce phénomène apparaît parfois chez des contemplatifs de grande envergure. Leur réalisation spirituelle n’est pas le fruit d’un enseignement religieux ou philosophique. Le savoir ne peut conduire à la "vision" de l’Ultime.

Les techniques d’éveil de l’énergie prânique sont dangereuses sans l’unification intérieure, l’expérience unitive. Or cette unification libère des angoisses existentielles et n’entretient plus de projets fumeux : éveiller la kundalini, se sustenter de prâna, devenir un jîvanmukti, un libéré… L’Ashtâkra-gîtâ dit : "Si l’ignorant n’atteint pas Brahman, c’est justement parce qu’il veut le devenir. Sans le vouloir aucunement, celui qui a l’esprit stable jouit de l’essence du Brahman Suprême".

mardi, mars 31, 2009

Le bouddhisme en Chine


Contrairement aux affirmations des agitateurs au service de Washington et de la City, la Chine a préservé un bouddhisme plus vertueux et plus authentique que le lamaïsme mercantile en vogue en Occident. L’Association Bouddhiste de Chine, fondée en 1953, était parrainée par des maîtres bouddhistes réputés : Xu Yun, Shérab Gyamtso, Yuan Ying, Zhao Puchu…

Le maître tibétain Shérab Gyamtso (1883-1968) était un grand érudit. Après la fondation de la République Populaire de Chine, il contribua à la préservation du bouddhisme au sein de l’Association Bouddhiste de Chine. Il occupait le poste de Vice-gouverneur de la province du Qinghai.

Le Dalaï-lama et son entourage d’exploiteurs seigneuriaux n’acceptent pas la perte de leurs privilèges. Depuis Dharamsala, avec l’aide de la CIA et ensuite de l’oligarchie financière internationale, ils orchestrent une gigantesque parodie spirituelle. Des lamas autocrates, vénaux et lubriques, jouent le rôle de prétendus grands initiés et mystifient l’Occident décadent. Les médias fabriquent le personnage du gentil souverain pontife du bouddhisme incarné par le Dalaï-lama. C’est une supercherie. Le vajrayana tibétain est une branche hétérodoxe, un ésotérisme tantrique réservé à une minorité d’initiés ambigus. La majorité du sangha se contente de réciter des mantras et de faire des offrandes aux dharmapalas (protecteurs), dakinis, yidams, bouddhas et lamas. Le ritualisme magique est omniprésent en dépit du rejet de l’attachement aux cérémonies que manifeste le bouddhisme originel. "Certains chercheurs, écrit le professeur Michel Strickmann, ont avancé que la religion tibétaine, pour une large part, n’est pas bouddhiste du tout, mais bien un type de chamanisme issu de l’imagination débordante de ces habitants hallucinés des hauts plateaux."

Les lamas exilés prétendent que 1,2 million de Tibétains sont morts à cause des communistes chinois. Le mensonge est énorme. Il ne prend pas. Les lamaïstes récidivent et dénoncent cette fois un génocide culturel. C’est grotesque ! Les voyageurs qui parcourent le Tibet constatent que les populations tibétaines pratiquent librement leurs croyances. Le commerce religieux, si cher aux Tibétains, est florissant autour des temples. Le Barkhor, le grand marché de Lhassa proche du temple du Jokhang, regorge d’objets cultuels divers, encens, statuettes, reliquaires, bannières de prières…

"Une fois que les chiffres eurent démontré qu’un génocide ethnique au Tibet était statistiquement impossible, l’Occident bifurqua tout de go vers le "génocide culturel". […]
"Comment parler d’un "génocide culturel", alors que quiconque voyage au Tibet peut constater de ses propres yeux – à moins d’être aveugle – que la culture et la religion sont loin d’être lettre morte sur le Toit du Monde ? Les temples brillent de peinture fraîche, les moines sont grassouillets, les moinillons abondent, les nonnes sourient de tout l’or de leurs dents, les statues des Bouddhas et autres divinités s’étouffent dans les billets de banque, les fidèles se pressent aux offices en tournant allègrement leur moulin à prières. Et comment parler d’une "invasion du Tibet par la Chine", si l’on sait que 94% de la population rurale du Tibet, et 63% des citadins de Lhassa, sont tibétains ?[…] De même, peut-on parler d’un "exode du peuple tibétain", si l’on sait que sur les six millions de Tibétains, 125 000 personnes constituent la diaspora, soit environ 2% de la totalité de la population tibétaine ?" ("Histoire du Bouddhisme tibétain, la compassion des puissants", Elisabeth Martens, éditions L’Harmattan.)

Les lamaïstes, sponsorisés par l’oligarchie financière internationale, prétendent que la re-bouddhéisation de la Chine passera par eux. Quelle galéjade ! Elisabeth Martens ne se trompe pas sur le Dalaï-lama : "Il est, aux yeux des puissances occidentales, un outil parmi d’autres pour importer en Chine notre horreur économique, et les extrémismes de la pensée unique que cette horreur génère."

Les Chinois n’ont pas de leçons de bouddhisme à recevoir des lamas tantriques. Les plus prestigieuses écoles du bouddhisme se sont épanouies dans l’Empire du Milieu.

Fondée par le patriarche Zhi Yi (538-597) durant la dynastie des Sui, l’école Tiantai repose sur le Sûtra du Lotus ou le Sûtra de la Bonne Loi (Saddharmapundarika Sûtra).

L’école Sanlun, l’école des Trois Traités, est la forme chinoise du Mâdhyamika, la Voie du Milieu, fondée par Nâgârjuna et Aryadeva.

L’école Fa Xiang ou l’école Dharmalaksana doit tout au moine Xuan Zhuang (600-664), infatigable voyageur et traducteur de textes importants du Yogâchâra.

L’école Huayan, l’école de la guirlande de fleurs, est une importante école du bouddhisme chinois qui tire son nom de la traduction chinoise du Buddhâvatamsaka-Sûtra.

L’école Lu, l’école du Vinaya, cette branche du bouddhisme chinois insiste particulièrement sur une stricte observation des règles du Vinaya-Pitaka.

L’école Mi de la dynastie des Tang, c’est le vajrayana chinois. Cette école est fondée sur le Mahavairocana-sûtra et le Vajrasekhara-sûtra. Elle est à l’origine du Shingon-shu japonais. Pendant son séjour au Japon dans les temples shingon, le professeur Strickmann constate : "Quant au tantrisme, il est considéré comme un phénomène diabolique, propre à des Indiens et à des Tibétains obsédés de sexualité."

L’école Jingtu, l’école de la Terre pure, se distingue par l’importance qu’elle accorde à la puissance et à l’aide du bouddha Amitâbha.

L’école Chan. Le Chan authentique n’est ni une religion ni une philosophie. Son essence est indéfinissable et incommunicable. On ne peut l'expérimenter que par soi-même. Le Chan est d’inspiration taoïste.

Le bouddhisme et le confucianisme ne seraient que des traditions extérieures. Le véritable taoïsme se veut plus subtil. Il est détenteur d’une tradition immémorable. Cette tradition donne à la Chine un "charisme" qui lui permettra peut-être de résister aux forces dévastatrices de l’Occident.

Selon Alexandra David-Néel : "Les Chinois tenaient les bönpo pour des taoïstes". Les bönpo étaient persécutés par l’église tantrique du Tibet. L’enseignement ultime du Yungdrung Bön, le Dzogchen, est plus proche du Chan chinois que de l’enseignement de Tsongkhapa.

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...