dimanche, décembre 19, 2010

Alain Daniélou, Shiva Sharan, le protégé de Shiva




La jeunesse


D’une part on peut considérer que la découverte de l’Inde par Alain Daniélou fut totalement fortuite et d’autre part estimer, au vu de ce qu’il indique de sa jeunesse, qu’il y était particulièrement destiné.


Alain Daniélou, dès son jeune âge, se sent très mal dans ce milieu catholique occidental. Il se lance dans des activités artistiques, peinture, chant, piano, danse, marque un profond mépris pour les « intellectuels » et un détachement complet du catholicisme.


Dans les années 20, Alain Daniélou n’a strictement aucune préoccupation ni métaphysique, ni religieuse, ni mystique, ni philosophique (1) : il chante, il danse, il se soumet à un travail physique intensif avec les filles du ballet du Moulin Rouge au gymnase de Saulnier à Montmartre, il donne des récitals et vit dans un milieu artistique amusant une vie de bohème auprès d’Henri Sauguet, de Maurice Sachs qui vient de sortir su séminaire, de Max Jacob pour qui il a une grande sympathie, tout en se désintéressant des préoccupations religieuses du poète.


Par ailleurs l’influence familiale de sa jeunesse, le catholicisme exacerbé de sa mère, ne sont pas sans avoir une influence décisive sur le jeune rebelle. Si son père doit être baptisé pour pouvoir se marier, sa mère tout au contraire est très liée au pape Pie X. Elle luttera avec fermeté contre la République anticléricale qui vient d’interdire les congrégations religieuses et créera en substitution un ordre laïque, « Saint François Xavier », puis une école, « Sainte Marie », où les valeurs de la morale catholique tiennent la meilleure place. Le frère de Madeleine Clamorgan (mère d’Alain Daniélou) est chanoine, curé de l’église de Chaillot. Son fils aîné, Jean, devient Jésuite et sera fait cardinal par Paul VI avant d’entrer à l’Académie Française.


Le jeune Alain fut-il influencé ? Il manifeste un intérêt pour des domaines mystérieux cependant éloignés de la religion officielle.


Au tout début de ses mémoires un chapitre s’intitule « La découverte du divin ». Il y écrit, à propos d’une cachette qu’il s’est tout enfant créée dans une pépinière abandonnée : « C’était là, dans la solitude, que l’on pressentait le mystère du monde, si différent de la société des humains ». Et aussi à propos du prieuré de Resson : «  La chapelle avait sur moi une étrange fascination. Je détestais que quelqu’un d’autre y entrât. J’y restais de longues heures sans penser à rien. La lampe à huile dans son verre rouge faisait danser des ombres. Je n’avais pas peur et pourtant je n’avais pas l’impression d’être seul. Une volonté mystérieuse me poussait à accomplir des rites bizarres et semblait guider mes gestes. J’inventais – ou l’ai-je inventé ? – tout un rituel et quand je m’allongeais à plat ventre les bras étendus dans l’allée devant l’autel, je promettais quelque chose. Je ne savais pas quoi car les esprits vous insufflent leurs volontés sans s’extérioriser par des paroles. J’avais le sentiment obscur d’avoir été choisi pour un destin particulier et je devais promettre de l’accomplir sans poser de questions. Ce fut peut-être ma première initiation, j’avais alors dix ans. »


Installation à Bénarès


La découverte de l’Inde se fait accidentellement au cours d’un voyage mémorable, en y passant pour aller en Afghanistan sur invitation du jeune prince héritier, ami de jeunesse qui deviendra le roi Mohamed Zaher Shah. C’est au cours de ce voyage qu’il s’arrête pour la première fois à Santiniketan, l’école que le poète Rabindranath Tagore a ouvert au Bengale. Daniélou, qui restera très lié au poète jusqu’à sa mort, est tout de suite fasciné par le monde qu’il découvre. Il continue à s’intéresser principalement aux arts, à la danse et surtout à la musique. Mais il se rendra compte très rapidement que le cercle qui entoure Tagore est déjà fortement occidentalisé. C’est peu à peu qu’il s’intéresse au système hindou, à la philosophie et à la religion. Son installation à Bénarès en 1938 sera à cet égard décisive.


La déclaration de guerre de guerre de 1939 le bloque dans la vieille cité de Bénarès. C’est à ce moment qu’il décide d’entreprendre des études auprès des pandits dans le milieu orthodoxe hindou. Il étudie le hindi, le sanskrit et la musique.


Swami Karpâtri


L’influence d’un grand sannyasî, Swami Karpâtri (2), – toujours extrêmement vénéré, particulièrement à Bénarès où son nom s’étale sur le fronton d’un matha près du temple de Kedargath au bord du Gange – sera décisive.


C’est Karpâtri qui décide de son intégration à l’hindouisme qui se fera, peu d’années après son arrivée dans la ville sainte, au cours d’une cérémonie « toute simple, comme un baptême », indique-t-il sans vouloir en dire beaucoup plus.


Shiva Sharan


A partir de ce moment tout change : Alain Danièlou devenu Shiva Sharan (Le protégé de Shiva) entre totalement dans le système traditionnel hindou jusqu’à penser impossible un retour dans le monde occidental. Il découvre une religion totalement opposées aux religions monothéistes qu’il lui a été donné de côtoyer. « Je me trouvais plongé dans une société où tous les concepts de la nature de l’homme et du divin, de la morale, de l’amour, de la sagesse, étaient profondément différents de ceux du monde où j’étais né qu’il fallait faire table rase de tout ce que l’on croyait savoir. »


Il adopte alors toutes les règles des Hindous. Il devient rapidement un ardent défenseur de cette civilisation et entre en guerre contre les religions tardives monothéistes qu’il considère comme néfastes et dangereuses pour le sort de l’humanité. Leur caractère prosélyte, totalitaire, dogmatique, qui n’existe pas dans l’hindouisme, lui paraît une source permanente de conflits comme le montre si clairement l’histoire récente.


Malgré plus de 30 ans passés à ses côtés il m’est toujours difficile d’analyser son cheminement philosophique pour ne pas employer le mot spirituel qui ne lui aurait pas plu. Ce qui semble évident c’est que plus il apprend auprès de Karpâtri et plus ses conceptions de l’hindouisme évoluent. S’il agit en bon Hindou, s’il se baigne chaque matin dans le Gange, si un Brahmane vient chaque jour au palais pour une puja rituelle, Daniélou reste extrêmement pudique et caché sur tout ce qui touche SA pratique de la religion.


N’y a-t-il pas aussi un refus instinctif de tous les prophètes, des rituels-spectacles, messes, pèlerinages et autres rassemblements de foule sous prétexte de religion ? Ne se refuse-t-il pas complètement à être un guide, un gourou pour les Occidentaux déboussolés en quête de spiritualité orientale ? Ne considère-t-il pas le temple comme un lieu où les prêtres qualifiés cherchent un contact avec des puissances mystérieuses et où le public n’a rien à faire ? N’accepte-t-il pas uniquement les rites comme un rapport privé entre soi et les dieux, sans témoins ?


L’œuvre 


C’est à travers les textes qu’il écrit, en particulier ses mémoires et les « Contes gangétiques » que l’on note une orientation décisive vers le shivaïsme et sans doute vers le tantrisme. Le tantrisme est par principe totalement secret. Nous n’en saurons donc rien. Par contre, Daniélou se plonge avec délice dans tous les textes shivaïtes et nous fait découvrir dans plusieurs ouvrages des conceptions assez divergentes du védisme qui, lui, se réfère principalement aux quatre Védas, dont Daniélou parle très peu.


Ce sont les Upanishad, les Tantra, le Sâmkhya qui l’intéressent et seront la base de ses réflexions. Alain Daniélou s’attache d’abord et surtout à présenter les spéculations théologiques et philosophiques du shivaïsme. Il se sent désigné pour le faire, mais ne se considère pas comme habilité à instruire des pratiques secrètes qui ne pourraient être que des approches exotiques pour les Occidentaux en manque de spiritualité.


Le shivaïsme


Le shivaïsme est à la fois la religion du petit peuple et celle des courants les plus ésotériques et secrets de l’hindouisme. Daniélou sera l’un des premiers à présenter cette pensée religieuse peu connue en Occident.


Alain Daniélou a refusé le catholicisme, ses séjours en Algérie et dans les pays musulmans l’intéressent sur le plan musical, jamais sur le plan religieux, si ce n’est une approche du soufisme durant son séjour en Iran et ses contacts avec René Guénon et Henri Corbin. Mais sa découverte du monde hindou se présente comme une véritable révélation. Cette religion qui est tout autant une philosophie qu’une science s’harmonise totalement avec sa propre vision du divin.


Elle surprend beaucoup, même certains Indiens, car elle ne correspond aucunement ni aux courants les plus apparents de l’hindouisme, ni aux conceptions que les Occidentaux s’en sont fait sur la base de textes généralement rédigés en anglais. Par exemple la théorie de la réincarnation y tient peu de place ; la signification des rites impliquant des sacrifices animaux et parfois humains y est expliquée sans jugement moral.


La réincarnation est discutable


Ce qui est typique de l’hindouisme et qui est tout à fait évident dans le parcours d’Alain Daniélou, c’est la tolérance, l’absence totale de dogme et la faculté pour chacun de choisir le mode de vie, la pratique religieuse qui lui semble les plus adaptés à sa personnalité. C’est ce que fera toujours Daniélou et m’empêchera de pouvoir le classer, l’étiqueter dans un courant précis et défini. Une recherche attentive dans ses écrits nous montrerait souvent des contradictions apparentes que le troublaient fort peu. Ainsi, contrairement à la plupart des Hindous il trouvait tout aussi discutables les théories de la réincarnation que celles des paradis proposés par les monothéismes. Il insistait sur son désir d’être incinéré, ce qui n’est pas une pratique absolue chez les dévots de Shiva.


Réaliste, il considérait que nous ne sommes que les maillons d’une chaîne mais que, si nous n’assumons pas ce rôle, la chaîne se casse, la lignée s’éteint. Il disait : « Nous ne nous continuerons que de deux façons : par notre code génétique, c’est-à-dire par la procréation, et par la transmission du savoir, du bagage de connaissances que nous pouvons enseigner aux générations qui nous succèdent ». Il disait aussi : « Nous continuons d’exister seulement tant que quelqu’un continue à penser à nous ».


Un Voyant et ses paradoxes


Reste une conviction personnelle, qui me semble de plus en plus évidente, c’est qu’Alain Daniélou ou par « don » naturel ou au contact d’un milieu ésotérique extrêmement fort avait lui-même acquis des pouvoirs, des presciences, des fulgurances, des capacités qui en faisaient en quelque sorte un Voyant mais que, suivant l’éducation orthodoxe qu’il avait reçue, l’important était de ne jamais le montrer et de ne s’en servir que pour des motifs tout à fait exceptionnels et graves.


Y eut-il une autre initiation en dehors du rite de son intégration au shivaïsme ? Impossible de le savoir.  


Ce qui est évident c’est d’une part sa certitude des pouvoirs extraordinaires que possèdent les représentants des courants ésotériques qu’il avait pu connaître, et qui entraînait une admiration mais aussi une méfiance sinon une peur des sadhus qui enchaînent si facilement les Occidentaux ignares, et d’autre part son opposition aux religions de la cité, religions monothéistes, tout comme aussi à certaines formes du vishnuïsme qu’il trouvait mièvre, bondieusardes, saint-sulpiciennes, tout à fait à l’opposé du shivaïsme violent, dur mais aussi joyeux et paillard. Le dieu Shiva qu’il associe en Occident à Dionysos est à la fois le dieu de la mort et le dieu de la vie, le dieu des bacchanales et de l’ivresse mais aussi de grandes austérités. Plusieurs de ses livres : « La Fantaisie des dieux et l’Aventure humaine », « Shiva et Dionysos », entre autres, reprennent les anciens textes pour nous éclairer sur les origines de cette très ancienne religion.


« Les religions, dans leur ensemble, représentent les spéculations les plus arbitraires et les plus stupides que l’homme ait jamais inventées », me disait Alain Daniélou, argument qu’il reprendra lors d’un interview.


Qui connaît son œuvre, dont une grande part concerne les religions et où les dieux figurent dans plusieurs titres, ne manquera pas d’être étonné. Qui connaissait l’homme et son goût du paradoxe l’y retrouvera tout entier.      


J.E.C.




(1) Il faut noter toutefois qu’Alain Daniélou était abonné dès les années 20 à la revue animée par René Guénon, « Le Voile d’Isis », devenue plus tard « Etudes Traditionnelles ».


(2) A notre connaissance, Alain Daniélou reste le seul à avoir présenté positivement Swami Karpâtri hors de l’Inde et à avoir traduit quelques-uns de ses textes. Mais il a commis une erreur dans son « Histoire de l’Inde » (Editions Fayard, 1985, p. 367 et 385) en lui attribuant la création du Bharatya Jana Sangh, contre lequel Swami Karpâtri a toujours lutté. Daniélou avait d’ailleurs noté à juste titre : « Karpâtri était très hostile aux idées du Rashtrya Svayamsevak Sangh (association pour la défense des valeurs nationales) [RSS] qui préconisait des méthodes inspirées du fascisme dans la lutte contre le Congrès et les idées modernistes » (« Le Chemin du Labyrinthe », p. 379). Or le Jana Sangh fut fondé en 1951 par S.P. Mookerjee en association avec deux cadres du RSS : Atal Bihari Vajpayee et Deen Dayal Upadhyay. Le parti traditionnel (et non nationaliste) fondé en 1948 par Swami Karpâtri s’appelait le Ram Rajya Parishad (Association pour le Royaume de Rama). Ce parti cessa pratiquement d’exister dès les années 60. 




Le Chemin du labyrinthe





Aux antipodes de l’orientalisme mièvre des sectes et des ashrams, une quête spirituelle originale, esthétique et passionnée. 
A de L., Figaro Magazine, 7 Novembre 1981


Ce livre montre surtout la haute valeur morale du bonheur. Il chante la joie d’une plénitude où l’homme s’accomplit, esprit, cœur, et corps, sans rien mutiler de sa nature, sans remords, sans peur, et ce témoignage est un hymne à la vie. 
Josane Duranteau, Le Monde, 25 Octobre 1981


Retenons avant tout que ce chemin du labyrinthe, outre qu’il nous offre une savoureuse leçon de liberté, nous renvoie une image de nos mentalités décadentes et desséchantes qui est, pour l’heure, un des meilleurs sujets de méditation qui se puissent trouver. 
Olivier Germain-Thomas, Latitude 150, Mai 1982.


Alain Daniélou :
http://www.alaindanielou.org/index.php?lg=fr

***


Roland Dumas : « Le 11 Septembre, je n’y crois pas »
Jeudi, Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel, a révélé, dans l'émission Ce soir ou jamais, « ne pas croire » en la « théorie officielle » du 11 Septembre. 
http://bouddhanar-9.blogspot.com/2010/12/roland-dumas-le-11-septembre-je-ny.html

vendredi, décembre 17, 2010

Nouvelle société & contre-utopie






La dissolution totale de l’individu


Trois romans du 20ème siècle sont souvent caractérisés comme « anti-utopies ». Le plus ancien, « Nous autres », est d’un écrivain russe, Ievgueni Ivanovitch Zamiatine (1884-1937) ; écrit en 1920, interdit en Russie, il est publié en anglais en 1924. Des deux autres, « Le Meilleur des mondes » (publié en 1932) et « 1984 » (écrit en 1948, publié en 1949), les auteurs sont anglais : respectivement, Aldous Huxley (1894-1963) et George Orwell (1903-1950). Ces trois livres ont en commun de construire une société imaginaire, et d’y expérimenter, par la fiction, la dissolution totale de l’individu dans la société en même temps que la réalisation d’un Etat aux pouvoirs et aux moyens jusqu’à lors inconnus. […]


Elimination du jugement


Dans le « Meilleur des Mondes », conformément aux normes imposées, les personnages, dans leur immense majorité, s’en tiennent à des satisfactions directes, sexuelles en particulier, et n’ont que dégoût pour le retrait et surtout pour le désaccord potentiel que constitue la pensée. Dans « Nous autres », la luminosité (que fait vibrer, de ses impérieux éclats, la prose de Zamiatine) rayonne entre et en tous : ciel « magnifiquement bleu », plaques d’uniformes captant de « minuscules soleils ». Qui, dans ce monde, ne rejetterait l’« obscurcissement » ou la « démence des pensées » (1) ? Le lecteur lui-même y acquiescerait presque. La transparence, ici, rappelle, sinon Rousseau, du moins, depuis plus de deux siècles, les plus pures espérances révolutionnaires. « 1984 » n’use pas de séduction atmosphérique. Mais l’aigreur qui règne – celle d’une société en guerre et en proie aux restrictions – se cristallise soudain en détestation de l’ennemi, de celui dont l’image est présentée dans les séances rituelles des « minutes de la Haine ». Rien de plus sûr que cette haine pour que l’adhésion ne fasse pas défaut au pouvoir. Et l’« amour » pour le Grand Dirigeant trouve là l’une de ses sources.


Contrôle technique et politique


Des « dedans » sociaux (matérialisés dans les édifices) sont, dans ces trois romans, tout infusés d’un double contrôle, technique en même temps que politique. (C’est dans « Le Meilleur des mondes » que la science et ses applications donnent lieu à un luxe de détails : manipulations d’embryons, usage de substances diverses, « nouvelles méthodes chimiques », « hypnopédie », etc.) Certes, ces univers sont différenciés intérieurement. Mais leurs divisions ne créent ni tensions ni mobilité. Elles sont faites pour assurer la stabilité. Dans « Nous autres », chaque individu a une place clairement déterminée et se sent constamment visible. Mais c’est dans les deux autres romans que la hiérarchie est essentielle. « Notre société est très stratifiée », est-il dit dans « 1984 ». C’est d’ailleurs dans « 1984 » (où l’anticipation temporelle par rapport au moment de l’écriture est bien plus courte que dans les deux autres romans) qu’on est au plus près de situations historiques réelles – et en particulier des sociétés totalitaires, avec un « Parti » et sa hiérarchie propre. Dans la société imaginée par Huxley, les positions sociales sont rendues irréversibles. Manipulation des embryons, conditionnement des bébés : en fonction d’impératifs économiques, on produit des lots d’humains (est-ce encore le mot ?) répartis en castes : des « Alpha », des « Bêta », des « Epsilon », etc. Les castes s’incarnent dans les corps, leurs formes et leurs couleurs fabriquées.


Disparition de la liberté


Est-ce au profit de l’égalité que, dans ces sociétés fictives, la liberté disparaît ? Que l’égalité ne s’obtienne qu’au prix de la liberté, c’est la menace agitée, depuis deux cents ans, par les discours conservateurs. Mais ici, si la liberté disparaît, c’est au profit de l’homogénéité – et celle-ci s’accommode fort bien de la plus dure hiérarchie. Dans « Le Meilleur des mondes », la stratification sociale est intégralement « naturalisée ». Et dans « 1984 », elle est si impitoyable que les « prolétaires » sont non pas seulement en bas de la société, mais quasiment hors de l’humanité. C’est seulement, d’ailleurs, avec cette exclusion que la liberté est compatible : « Les prolétaires et les animaux sont libres. » Constante, dans des pareilles sociétés, est la surveillance ; et la répression est toujours prête. C’est dans « Le Meilleur des mondes » que les moyens sont le moins cruels – grâce à l’efficacité, en amont, des manipulations biologiques. En revanche, les deux autres romans font place, entre autres formes de violence, à l’élimination des individus gênants : la « vaporisation » chez Orwell, et, dans « Nous autres », la machine pneumatique. Dans ces deux cas, l’atmosphère elle-même – l’air ou le vide – est l’instrument de l’anéantissement.


Le dehors 


Ces « dedans » sociaux ont-ils une frontière, et, au-delà, un dehors ? Dans « Nous autres », la limite apparaît aussi infranchissable que transparente : un « Mur vert » au-delà duquel se perdent « des plaines sauvages et inconnues ». C’est pourtant ce mur qui pourra se trouver franchi, mais au prix des plus grands risques, vers une vie sauvage. La « réserve de sauvages » dans « Le Meilleur des mondes » est une région livrée à la misère et au tourisme. Seul le personnage du « Sauvage », avec son statut hybride, pourrait menacer l’ordre de la société et son hédonisme obligatoire. Mais n’est-il pas réduit à l’état de figure exotique, voire grotesque, puis au suicide ? Dans « 1984 », c’est par la guerre – de manière cohérente avec le mal-être général et la haine – que la société est confrontée à son dehors. Guerre insaisissable entre des unités énormes. L’« Océania » a pour ennemi (avec de brusques renversements d’alliance) tantôt l’« Eurasia », tantôt l’« Estasia ». Il se peut d’ailleurs qu’il n’y ait pas de guerre du tout, et que les bombes qui tombent sur Londres (capitale de l’Océania) soient « lancées par le gouvernement de l’Océania lui-même ». La société n’aurait-elle d’autre dehors qu’une fantasmagorie produite au-dedans ? Si, dans les romans d’Orwell et d’Huxley, le dehors ne semble pas devoir disparaître, « Nous autres », en revanche, révèle la visée d’une extension universelle de la transparence. L’ordre déjà réalisé (« toute la sphère terrestre au pouvoir de l’Etat Unique… ») est à exporter au-delà de la terre. Le vaisseau « l’Intégral » (nom à valeur mathématique et politique) devrait permettre de réaliser une transparence universelle – à condition de « soumettre au joug bienfaisant de la raison tous les êtres inconnus, habitants d’autres planètes, qui se trouvent peut-être encore à l’état sauvage de liberté ».


La rébellion


Certains personnages, dans les trois livres, font sécession : n’est-ce pas le plus surprenant ? On les voit entrer en résistance – et donner par là matière à roman. Ces contre-utopies sont des histoires de rébellion – avec cette puissance « explosive » qu’un Mannheim attribuait à l’utopie. Dans « Le Meilleur des mondes », la sécession se manifeste d’abord dans le malaise de quelques-uns, ou dans la révolte d’un « Sauvage » qui, sorti de la « réserve », dénonce la misère de l’hédonisme obligatoire. Voici donc qu’aux dissidents, la visibilité sociale où baignent sans y songer les membres de la société se fait insupportable. D’où, dans « Nous autres », ces instants ou l’air, de bleu et transparent, devient « de fonte ». Les regards fiévreux des rebelles analysent alors, en secret, ce dont hier ils ont pu être la proie. […]


Ce que le rebelle n’accepte plus, c’est encore la « restriction » de la pensée. Celle-ci, en dehors même de contenus subversifs, menace le pouvoir. N’est-elle pas chose secrète en chacun et fluidité incontrôlable entre les uns et les autres ? Il faut, pour l’ordre social et le pouvoir, obtenir qu’elle se veuille elle-même distordue. « Connaître et ne pas connaître… Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes les deux. » Cette « double-pensée », ainsi décrite dans « 1984 », ne concrétise-t-elle pas la brutale incohérence des idéologies modernes ?


Ce que le pouvoir vise ultimement


Ce que, chez Orwell encore, le pouvoir vise ultimement gît pourtant en deçà de la pensée, au plus secret de chacun. Et c’est ce qui finira par être exposé dans une lumière totale : « là où il n’y a pas de ténèbres ». Alors viendra la terreur absolue. Ils ne peuvent pas entrer en nous », se répétaient les deux amants de « 1984 ». Et pourtant, à la fin de « 1984 », « ils » y parviennent. O’Brien, le faux dissident devenu tortionnaire, sait ce dont la seule représentation détruit en chacun toute résistance : pour Winston, des rats qui lui dévoreraient le visage. Ici, plus de traitement de masse. A chacun sa torture. La cage qu’on appliquerait exactement au visage de Winston, ne concrétiserait-elle pas, pour la plus grande singularité psychique du personnage, la plus délicate attention ?


Ceux qui mènent le jeu


Dans les trois romans, les rebelles sont vaincus, en dépit de la lucidité que leur donne l’esprit de résistance. Le lecteur se demande si, dans tous leurs actes, ils n’ont pas été manœuvrés. C’est au point que certains se dédoublent, jusqu’au délire : tantôt ils voient le système du dehors, tantôt il leur semblera ne jamais avoir cessé d’y collaborer. Mais, à l’opposé de ces résistants, il est une autre position à deux faces : celle des personnages qui mènent le jeu. Ceux qui l’occupent peuvent bien se dédoubler : loin d’en souffrir, ils en tirent une jouissance à eux seuls réservée. Exercer le pouvoir sur les autres implique-t-il de se maintenir au bord ? Faut-il être l’un des rares, sinon le seul, à pouvoir se tenir dedans et dehors à la fois ? Les hommes du pouvoir n’ignorent pas (à la différence de tous les autres, sauf les dissidents) les alternatives. « Comme c’est moi qui fais les lois ici, déclare Mustapha Menier dans « Le Meilleur des mondes », je puis également les enfreindre. » Ce puissant a lu « La Tempête » de Shakespeare (d’où est tiré le titre anglais du roman : « Brave New World »), cette histoire d’île – une utopie ? – chère au Sauvage. Ou bien, lisant une « Nouvelle Théorie de la Biologie » qu’il va interdire, Menier s’évade hors de ce cadre dont il assure le contrôle : «  Comme ce serait amusant, musa-t-il, si l’on n’était pas obligé de songé au bonheur ! »                


Les gens ont besoin de quelqu’un qui définisse le bonheur et les y enchaîne


Au bord de la société encore se trouve, dans « Nous autres », ce « Lui » qui déclare doucement à D-503 : « Parlons comme des hommes quand les enfants sont allés se coucher. De quoi les gens se soucient-ils depuis leurs langes ? De trouver quelqu’un qui définisse le bonheur et les y enchaîne. » Le luxe du pouvoir est, avec complaisance, de prétendre s’élever au-dessus du pouvoir. Autrement pervers, le jeu d’O’Brien à la limite du système, dans « 1984 ». Le lecteur lui-même a pu croire à l’existence de Goldtsein, l’ennemi sur lequel l’Etat concentre la haine collective. Cette existence n’était-elle pas attestée par son livre sous les yeux de Winston – et sous ceux du lecteur du roman ? Mais la révélation sera que ce livre n’a pas d’autre auteur qu’O’Brien. Or on y trouve une froide analyse du système social établi. Le pouvoir anticiperait-il toute sécession au point d’habiter la lucidité même pour laquelle il est nu ? 


Créer l’amour de la servitude


Il faut, dans tous les cas, que le pouvoir soit senti comme une présence autre, tournée vers les membres de la société. Dans « 1984 », la fonction de « Big Brother » est d’« agir comme un point de concentration pour l’amour, la crainte et le respect ». Mais ce chacun de ces romans suggère de plus inquiétant, c’est que la société même (des « masses », dit « Le Meilleur des mondes »), émane un consentement, voire un désir, à l’égard du pouvoir. Certes, l’adhésion peut être le fruit du conditionnement. Huxley parle de « méthodes » pour « créer l’amour de la servitude ». Et l’amour de Winston pour Big Brother, à la fin de « 1984 », est scientifiquement obtenu. Mais la différence entre spontanéité et fabrication ne s’amenuise-t-elle pas ici ? Difficile de dire si le pouvoir est désiré ou imposé, et si le consentement est spontané ou machiné. A moins que le désir de tous ne soit d’être également en proie à la fabrication.


Rechercher le pouvoir pour le pouvoir


Les membres de ces sociétés aspirent à se savoir constamment sus. Il faut qu’un regard fixé sur eux les assurent dans leur position et leur existence. Cette présence-absence peut se réduire, en temps ordinaire, à l’image fruste d’un visage, à un simple nom. Chacun n’a-t-il pas de toujours pressenti le secret du pouvoir dévoilé par O’Brien à Winston ? « Le Parti recherche le pouvoir pour le pouvoir, exclusivement pour le pouvoir. » Tous, ou presque, continuent pourtant de désirer que soit tourné vers eux ce regard vide. En dépit de son indifférence cynique. Ou à cause d’elle ? […]


Nous rencontrons, au sein de ces romans, des personnages qui eux-mêmes écrivent et qui en appellent à un lecteur possible, nécessairement situé hors du monde où ils sont censés être enfermés. Ces appels de personnages – tous dissidents – se mêlent à ceux des livres mêmes, et contribuent à leur donner leur tonalité unique de « contre-utopie ». Lire ensemble, aujourd’hui, ces trois romans, c’est découvrir entre eux des rapports et des enjeux qu’aucun peut-être n’épuise, et c’est nouer avec chacun d’eux des liens toujours nouveaux au fil du temps : ainsi assurons-nous que nous ne sommes pas dans l’une des sociétés qu’ils construisent et d’où la lecture est bannie.


Claude Mouchard








(1) Note de Bouddhanar :
 Le bouddhisme, qui fustige aussi la « démence des pensées », n’est pas ignoré par l’économie dont l’entreprise de décérébration des consommateurs est conduite par la publicité. La « zen attitude » des publicitaires maquille en pseudo-sérénité orientale la crétinisation de masse. 




La société orwellienne des Américains


jeudi, décembre 16, 2010

Le nouveau spiritualisme




La deuxième religiosité 


Selon Spengler, la « deuxième religiosité » est un des phénomènes qui accompagnent toujours les phases terminales d’une civilisation. En marge de structures d’une grandeur barbare, en marge du rationalisme, de l’athéisme pratique et du matérialisme, se manifestent des formes de spiritualité et de mysticisme, voire des irruptions du suprasensible, qui ne sont pas les signes d’une remontée, mais les symptômes d’une désagrégation. Il ne s’agit plus de la religion des origines, des formes sévères qui, héritage d’élites dominatrices, étaient au centre d’une civilisation organique et qualitative (c’est proprement ce que nous appelons le monde de la Tradition) et en marquaient toutes les expressions. Dans la phase dont il s’agit, même les vraies religions perdent toute dimension supérieure, se sécularisent, s’aplatissent, cessent de remplir leur fonction originelle. La « deuxième religiosité » se développe en dehors de celles-ci, souvent même contre celles-ci, mais se développe aussi en dehors des courants prédominants de l’existence et correspond généralement à un phénomène d’évasion, d’aliénation, de compensation confuse, n’ayant aucune répercussion sérieuse sur la réalité, qui est désormais celle d’une civilisation éteinte, mécanisée et purement terrestre. Telle est la place et le sens de la « deuxième religiosité ». On peut compléter le tableau en se reportant à R. Guénon, dont la doctrine est bien plus profonde que celle de Spengler. Cet auteur a constaté qu’après que le matérialisme et le « positivisme » du 19ème siècle furent parvenus à isoler l’homme de ce qui est réellement au-dessus de lui – du vrai surnaturel, de la transcendance – de nombreux courants du 20ème siècle, ayant justement un semblant de « spiritualisme » ou se présentant comme une « nouvelle psychologie », tendent à l’ouvrir à ce qui est au-dessous de lui, au-dessous du niveau existentiel correspondant généralement à la personne humaine accomplie. On peut aussi se servir d’une expression de A. Huxley et parler d’une « auto-transcendance descendante » opposée à l’« auto-transcendance » ascendante ».


L’intérêt morbide pour le sensationnel et l’occulte


De même qu’il est certain que l’Occident se trouve actuellement dans la phase sans âme, collectivisée et matérialisée, qui est le propre de la fin d’un cycle de civilisation, de même il n’y a pas de doute que la plupart des faits que l’on considère comme le prélude d’une nouvelle spiritualité relèvent simplement d’une « deuxième religiosité ». Ils représentent quelque chose d’hybride, de déliquescent et de sub-intellectuel. Ce sont comme les fluorescences qui se manifestent lors de la décomposition d’un cadavre ; c’est pourquoi il faut voir dans ces tendances, non pas l’opposée de la civilisation crépusculaire d’aujourd’hui, mais, comme nous le disions, une de ses contreparties qui pourrait même, si ces tendances se confirmaient, être le prélude d’une phase régressive et dissolutive plus poussée. En particulier, là où il ne s’agit pas de simples états d’âme et de théories, là où l’intérêt morbide pour le sensationnel et l’occulte s’accompagne de pratiques évocatoires et d’une ouverture des couches souterraines de la psyché humaine – comme c’est souvent le cas dans le spiritisme et la psychanalyse – on peut toujours, avec R. Guénon, parler de « fissures de la grande muraille », de dangereuses lézardes dans cette ceinture de protection qui préserve, malgré tout, dans la vie ordinaire, tout individu normal et d’esprit lucide contre l’action des forces obscures réelles, cachées derrière la façade du monde des sens et sous le seuil des pensées humaines formées et conscientes. De ce point de vue, le néo-spiritualisme apparaît donc plus dangereux encore que le matérialisme, ou positivisme, car celui-ci, du moins, par son primitivisme et sa myopie intellectuelle, renforçait cette ceinture, qui limitait, certes, mais aussi protégeait.


La mystification et la superstition


D’autres part, rien n’indique mieux le niveau où se situe le néo-spiritualisme que la qualité humaine de bon nombre de ceux qui le cultivent. Alors que les anciennes sciences sacrées étaient la prérogative d’une humanité supérieure, de castes royales et sacerdotales, aujourd’hui ce sont en majorité des médiums, des « mages » de quartier, des radiesthésistes, des spirites, des anthroposophes, des astrologues et voyants, annonces publicitaires, des théosophes, des « guérisseurs », des vulgarisateurs d’un yoga américanisé, etc., qui proclament le nouveau verbe antimatérialiste, s’accompagnant de quelque mystique exalté et visionnaire et de quelque prophète improvisé. La mystification et la superstition se mêlent presque constamment dans le néo-spiritualisme dont un autre trait significatif est la proportion importante des femmes (ratées, dévoyées ou « hors d’usage ») qui s’y adonnent, particulièrement dans les pays anglo-saxons. […]


La contrefaçon des doctrines traditionnelles


Dans le cadre du problème qui nous intéresse particulièrement ici, il importe seulement de dénoncer la regrettable confusion qui peut naître des fréquentes références que fait le néo-spiritualisme, à partir du théosophisme anglo-indien, à certaines doctrines appartenant à ce que nous appelons le monde de la Tradition, particulièrement dans ses formes orientales.


Or, il importe de faire ici une nette séparation. Il faut bien savoir qu’il ne s’agit presque toujours, dans les courants en question, que de contrefaçons de ces doctrines, de résidus ou de fragments de celles-ci auxquels se mêlent les pires préjugés occidentaux et de pures divagations personnelles. Le néo-spiritualisme n’a en général aucune idée du plan auquel appartenaient les idées ainsi reprises, non plus que du but véritable que poursuivent ses sectateurs. Ces idées, en effet, finissent souvent par servir de simples succédanés destinés à satisfaire des exigences identiques à celles qui poussent d’autres vers la foi ou la simple religion : grave équivoque, car il s’agit au contraire de métaphysique, et souvent ces enseignements appartenaient exclusivement, dans le monde traditionnel, aux « doctrines internes », non divulguées. Il n’est pas certain, en outre, que la décadence et le tarissement de la religion occidentale soient les seules raisons qui poussent les néo-spiritualistes à s’intéresser à ces enseignements, à les diffuser et à les étaler en public ; une autre raison, c’est que beaucoup d’entre eux croient que ces doctrines sont plus « ouvertes » et consolantes, qu’elles exemptent des obligations et des liens propres aux confessions historiques, alors qu’ici c’est précisément le contraire qui est vrai, même s’il s’agit d’une toute autre sorte de liens. Nous en avons un exemple typique dans le genre de valorisation tout à fait moralisante, humanitaire et pacifiste que l’on a fait récemment de la doctrine bouddhiste (d’après le pandit Nehru « on devrait choisir entre la bombe H et le bouddhisme »). Sur un autre plan, nous voyons Jung « valoriser » en termes de psychanalyse toutes sortes d’enseignements et de symboles des Mystères, en les adaptant au traitement d’individus névropathes et dissociés.


Julius Evola, « Chevaucher le tigre »




Dernier écrit important d'un iconoclaste sans passion, « Chevaucher le tigre » dresse une critique implacable des idoles, des structures, des théories et des illusions de notre époque de dissolution. Le marxisme et la démocratie bourgeoise, l'existentialisme et la connaissance scientifique, le retour à la nature et le phénomène de la drogue, le roman et le mythe de la patrie, le jazz et la pop music, le mariage, la famille et l'émancipation de la femme sont tour à tour examinés à la lumière des enseignements internes, purement doctrinaux et indestructibles, de la Tradition. Il en va de même pour la philosophie de Nietzsche, soumise elle aussi à une longue analyse. 

Sans faire de concessions au spiritualisme humanitaire et à son ascétisme frileux, l'auteur trace la figure d'un type humain aristocratique capable de chevaucher le tigre, c'est-à-dire de transformer en remède, en vue d'une libération intérieure, des processus extrêmes presque toujours destructeurs pour la majorité de nos contemporains. Aussi éloigné des crispations d'un traditionalisme viscéralement passéiste que de tout projet révolutionnaire naïvement utopique et optimiste, l'homme différencié ne compte que sur lui-même et n'a qu'un but : donner un sens absolu à sa vie dans un monde où il n'y a plus rien à aimer et à défendre


Evola et la politique


Vers la fin de « Chevaucher le tigre », livre écrit en pleine guerre froide, J. Evola précise sa position en matière de politique :


« Nous nous occupons particulièrement, dans ce livre, d’un type d’homme qui, bien que spirituellement apparenté aux éléments dont nous venons de parler, disposé à se battre même sur des positions perdues, a une orientation différente. La seule norme valable que cet homme puisse tirer d’un bilan objectif de la situation, c’est l’absence d’intérêt et le détachement à l’égard de tout ce qui est aujourd’hui « politique ». Son principe sera donc celui que l’antiquité a appelé l’« apoliteia ». […]

Un point particulier mérite d’être précisé : cette attitude de détachement doit être maintenue même à l’égard de la confrontation des deux blocs qui se disputent aujourd’hui l’empire du monde, l’« Occident » démocratique et capitaliste et l’« Orient » communiste. Sur le plan spirituel, en effet, cette lutte est dépourvue de toute signification. L’« Occident » ne représente aucune idée supérieure. Sa civilisation même, basée sur une négation essentielle des valeurs traditionnelles, comporte les mêmes destructions, le même fond nihiliste qui apparaît avec évidence dans l’univers marxiste et communiste, bien que sous des formes et à des degrés différents. Nous nous attarderons pas sur ce point, ayant développé dans un autre ouvrage, « Révolte contre le monde moderne », une conception d’ensemble du cours de l’histoire, de nature à écarter toute illusion quant au sens dernier de l’issue de cette lutte pour le contrôle du monde. » 

mercredi, décembre 15, 2010

L’avènement de la « contre-tradition »




Pour comprendre ce que représente la « contre-tradition », nous devons nous reporter au rôle de la « contre-initiation ». « En effet, c’est évidemment celle-ci qui, après avoir travaillé constamment dans l’ombre pour inspirer et diriger invisiblement tous les « mouvements » modernes, en arrivera en dernier lieu à « extérioriser », si l’on peut s’exprimer ainsi, quelque chose qui sera comme la contrepartie d’une véritable tradition, du moins aussi complètement et aussi exactement que le permettent les limites qui s’imposent nécessairement à toute contrefaçon possible. Comme l’initiation est ce qui représente effectivement l’esprit d’une tradition, la « contre-initiation » jouera elle-même un rôle semblable à l’égard de la « contre-tradition » ; mais, bien entendu, il serait tout à fait impropre et erroné de parler ici d’esprit, puisqu’il s’agit précisément de ce dont l’esprit est le plus totalement absent, de ce qui en serait même l’opposé si l’esprit n’était essentiellement au-delà de toute opposition, et qui, en tout cas, a bien la prétention de s’y opposer, tout en l’imitant à la façon de cette ombre inversée dont nous avons parlé déjà à diverses reprises ; c’est pourquoi, si loin que soit poussée cette imitation, la « contre-tradition » ne pourra jamais être autre chose qu’une parodie, et elle sera seulement la plus extrême et la plus immense de toutes les parodies, dont nous n’avons encore vu jusqu’ici, avec toute la falsification du monde moderne, que des « essais » bien partiels et des « préfigurations » bien pâles en comparaison de ce qui se prépare pour un avenir que certains estiment prochain, en quoi la rapidité croissante des événements actuels tendrait assez à leur donner raison. Il va de soi, d’ailleurs, que nous n’avons nullement l’intention de chercher à fixer ici des dates plus ou moins précises, à la façon des amateurs de prétendues « prophéties » ; même si la chose était rendue possible par une connaissance de la durée exacte des périodes cycliques (bien que la principale difficulté réside toujours, en pareil cas, dans la détermination du point de départ réel qu’il faut prendre pour en effectuer le calcul), il n’en conviendrait pas moins de garder la plus grande réserve à cet égard, et cela pour des raisons précisément contraires à celles qui meuvent les propagateurs conscients ou inconscients de prédictions dénaturées, c’est-à-dire pour ne pas risquer de contribuer à augmenter encore l’inquiétude et le désordre qui règnent présentement dans notre monde.


Vers l’« infra-humain 


Quoi qu’il en soit, ce qui permet que les choses puissent aller jusqu’à un tel point, c’est que la « contre-initiation », il faut bien le dire, ne peut pas être assimilée à une invention purement humaine, qui ne se distinguerait en rien, par sa nature, de la « pseudo-initiation » pure et simple ; à la vérité, elle est bien plus que cela, et, pour l’être effectivement, il faut nécessairement que, d’une certaine façon, et quant à son origine même, elle procède de la source unique à laquelle se rattache toute initiation, et aussi, plus généralement, tout ce qui manifeste dans notre monde un élément « non-humain » ; mais elle en procède par une dégénérescence allant jusqu’à son degré le plus extrême, c’est-à-dire jusqu’à ce « renversement » qui constitue le « satanisme » proprement dit. Une telle dégénérescence est évidemment beaucoup plus profonde que celle d’une tradition simplement déviée dans une certaine mesure, ou même tronquée et réduite à sa partie inférieure ; il y a même là quelque chose de plus que dans le cas de ces traditions véritablement mortes et entièrement abandonnées par l’esprit, dont la « contre-initiation » elle-même peut utiliser les « résidus » à ses fins ainsi que nous l’avons expliqué. Cela conduit logiquement à penser que cette dégénérescence doit remonter beaucoup plus loin dans la passé ; et , si obscure que soit cette question des origines, on peut admettre comme vraisemblable qu’elle se rattache à la perversion de quelqu’une des anciennes civilisations ayant appartenu à l’un ou à l’autre des continents disparus dans les cataclysme qui se sont produits au cours du présent Manvantara (1). En tout cas, il est à peine besoin de dire que, dès que l’esprit s’est retiré, on ne peut plus aucunement parler d’initiation ; en fait, les représentants de la « contre-initiation » sont, aussi totalement et plus irrémédiablement que de simples profanes, ignorants de l’essentiel, c’est-à-dire de toute vérité d’ordre spirituel et métaphysique, qui, jusque dans ses principes les plus élémentaires, leur est devenue absolument étrangère depuis que « le ciel a été fermé » pour eux (2). Ne pouvant conduire les êtres aux états « supra-humains » comme l’initiation, ni d’ailleurs se limiter au seul domaine humain, la « contre-initiation » les mène inévitablement vers l’« infra-humain », et c’est justement en cela que réside ce qui lui demeure de pouvoir effectif ; il n’est que trop facile de comprendre que c’est là tout autre chose que la comédie de la « pseudo-initiation ». Dans l’ésotérisme islamique, il est dit que celui qui se présente à une certaine « porte », sans y être parvenu par une voie normale et légitime, voit cette porte se fermer devant lui et est obligé de retourner en arrière, non pas cependant comme un simple profane, ce qui est désormais impossible, mais comme sâher (sorcier ou magicien opérant dans le domaine des possibilités subtiles d’ordre inférieur) (3) ; nous ne saurions donner une expression plus nette de ce dont il s’agit : c’est là la voie « infernale » qui prétend s’opposer à la voie « céleste », et qui présente en effet les apparences extérieures d’une telle opposition, bien qu’en définitive celle-ci ne puisse être qu’illusoire ; et, comme nous l’avons déjà dit plus haut à propos de la fausse spiritualité où vont se perdre certains êtres engagés dans une sorte de « réalisation à rebours », cette voie ne peut aboutir finalement qu’à la « désintégration » totale de l’être conscient et à sa dissolution dans retour (4).


Des centres uniquement « psychiques »


Naturellement, pour que l’imitation par reflet inverse soit aussi complète que possible, il peut se constituer des centres auxquels se rattacheront les organisations qui relèvent de la « contre-initiation », centres uniquement « psychiques », bien entendu, comme les influences qu’ils utilisent et qu’ils transmettent, et non point spirituels comme dans le cas de l’initiation et de la tradition véritable, mais qui peuvent cependant, en raison de ce que nous venons de dire, en prendre jusqu'à un certain point les apparences extérieures, ce qui donne l’illusion de la « spiritualité à rebours ». Il n’y aura d’ailleurs pas lieu de s’étonner si ces centres eux-mêmes, et non pas seulement certaines des organisations qui leur sont subordonnées plus ou moins directement, peuvent se trouver, dans bien des cas, en lutte les uns avec les autres, car le domaine où ils se situent, étant celui qui est le plus proche de la dissolution « chaotique », est par là même celui où toutes les oppositions se donnent libre cours, lorsqu’elles ne sont pas harmonisées et conciliées par l’action directe d’un principe supérieur, qui ici fait nécessairement défaut. […]


Nier l’Unité suprême 


Il est facile de se rendre compte que la constitution de la « contre-tradition » et son triomphe apparent et momentané seront proprement le règne de ce que nous avons appelé la « spiritualité à rebours », qui naturellement, n’est qu’une parodie de la spiritualité, qu’elle imite pour ainsi dire en sens inverse, de sorte qu’elle paraît en être le contraire même ; nous disons seulement qu’elle le paraît, et non pas qu’elle l’est réellement, car, quelles que puissent être ses prétentions, il n’y a ici ni symétrie ni équivalence possible. Il importe d’insister sur ce point, car beaucoup, se laissant tromper par les apparences, s’imaginent qu’il y a dans le monde comme deux principes opposés se disputant la suprématie, conception erronée qui est, au fond, la même chose que celle qui, en langage théologique, met Satan au même niveau que Dieu, et que, à tort ou à raison, on attribue communément aux Manichéens ; il y a certes actuellement bien des gens qui sont, en ce sens, « manichéens » sans s’en douter, et c’est là encore l’effet d’une « suggestion » des plus pernicieuses. Cette conception, en effet, revient à affirmer une dualité principielle radicalement irréductible, ou, en d’autres termes, à nier l’Unité suprême qui est au-delà de toutes les oppositions et de tous les antagonismes ; qu’une telle négation soit le fait des adhérents de la « contre-initiation », il n’y a pas lieu de s’en étonner, et elle peut même être sincère de leur part, puisque le domaine métaphysique leur est complètement fermé ; qu’il soit nécessaire pour eux de répandre et d’imposer cette conception, c’est encore plus évident, car c’est seulement par là qu’ils peuvent réussir à se faire prendre pour ce qu’ils ne sont pas et ne peuvent pas être réellement, c’est-à-dire pour les représentants de quelque chose qui pourrait être mis en parallèle avec la spiritualité et même l’emporter finalement sur elle.


L’ère nouvelle


Cette « spiritualité à rebours » n’est donc , à vrai dire, qu’une fausse spiritualité, fausse même au degré le plus extrême qui se puisse concevoir ; mais on peut aussi parler de fausse spiritualité dans tous les cas où, par exemple, le psychique est pris pour le spirituel, sans aller forcément jusqu’à cette subversion totale ; c’est pourquoi pour désigner celle-ci, l’expression de « spiritualité à rebours » est en définitive celle qui convient le mieux, à la condition d’expliquer exactement comment il convient de l’entendre. C’est là, en réalité, le « renouveau spirituel » dont certains, parfois fort inconscients, annoncent avec insistance le prochain avènement, ou encore l’« ère nouvelle » dans laquelle on s’efforce par tous les moyens de faire entrer l’humanité actuelle, et que l’état d’« attente » générale créé par la diffusion des prédictions dont nos avons parlé peut lui-même contribuer à hâter effectivement. L’attrait du « phénomène », que nous avons déjà envisagé comme un des facteurs déterminants de la confusion du psychique et du spirituel, peut également jouer à cet égard un rôle fort important, car c'est par là que la plupart des hommes seront pris et trompés au temps de la « contre-tradition », puisqu’il est dit que les « faux prophètes » qui s’élèveront alors « feront de grands prodiges et des choses étonnantes, jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus eux-mêmes » (5).
      
René Guénon




(1) Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant à ces origines lointaines de la « contre-initiation ».


(2) On peut appliquer ici analogiquement le symbolisme de la « chute des anges », puisque ce dont il s’agit est ce qui correspond effectivement dans l’ordre humain ; et c’est d’ailleurs pourquoi on peut parler à cet égard de « satanisme » au sens le plus propre et le plus littéral du mot.


(3) Le dernier degré de la hiérarchie « contre-initiatique » est occupé par ce qu’on appelle les « saints de Satan » (awliyâ esh-Shaytân), qui sont en quelque sorte l’inverse des véritables saints (awliyâ er-Rahman), et qui manifestent ainsi l’expression la plus complète possible de la « spiritualité à rebours ».


(4) Cet aboutissement extrême, bien entendu, ne constitue en fait qu’un cas exceptionnel, qui est précisément celui des awliyâ esh-Shaytân ; pour ceux qui sont allés moins loin dans ce sens, il s’agit seulement d’une voie sans issue, où ils peuvent demeurer enfermés pour une indéfinité « éonienne » ou cyclique.


(5) Saint Matthieu, XXIV, 24.


***


Un Gouverneur US dévoile les complots des Bilderberg contre l'humanité
http://bouddhanar-9.blogspot.com/2010/12/un-gouverneur-us-devoile-les-complots.html

mardi, décembre 14, 2010

Le Toumo de Maurice Daubard




Professeur à l’Union Européenne de Yoga (U.E.Y.) depuis 1971, conférencier international de Yoga, spécialiste de la thermo physio régulation, Yogi Maurice Daubard s’est fait une réputation dans l’enseignement du Toumo d’inspiration tibétaine et dans l’enseignement du « Sankalpa et dépassement de Soi ».


A 80 ans, Maurice se promène presque nu dans la neige et se baigne dans l’eau glacée des montagnes. Il enseigne le yoga de la chaleur intérieure, en tibétain « gTum-mo ». Le « Toumo » est l’un des « Six yogas de Naropa » (Nâro Chödrug). Le pratiquant de ce yoga parvient à augmenter la chaleur de son corps par le contrôle du rythme respiratoire, la concentration sur la région du nombril et la visualisation de certaines syllabes comme Ram ou Ham.


  


Une semaine de formation à la pratique du Toumo sous la direction de Maurice Daubard coûte 600 euros par personne (300 € pour l’hébergement et 300 € pour l’enseignement). 


Le Toumo enseigné par Maurice Daubard est sorti de son contexte traditionnel et spirituel pour être commercialisé comme un moyen efficace « d’adaptation au froid et à la neige pour la reconstitution des défenses naturelles de l’homme… Cette discipline permet à chacun de repousser les limites de résistance au froid en lui donnant la tonicité et la jeunesse », affirme la publicité du yogi auvergnat. « Cependant, note René Guénon, il faut ajouter que ces mêmes « pratiques » peuvent avoir aussi, à l’insu de l’ignorant qui s’y livre comme à une « gymnastique » quelconque, des répercussions dans les modalités subtiles de l’individu, ce qui, en fait, en augmente considérablement le danger : on peut ainsi, sans s’en douter aucunement, ouvrir la porte à des influences de toute sorte (et, bien entendu, ce sont toujours celles de la qualité la plus basse qui en profitent en premier lieu), contre lesquelles on est d’autant moins prémuni que parfois on ne soupçonne même pas leur existence, et qu’à plus forte raison on est incapable de discerner leur véritable nature… » 



Site de Maurice Daubard
http://www.mauricedaubard.com/



dimanche, décembre 12, 2010

La possession par les spectres




Des gourous sont responsables de l’inversion du processus d’éveil de la prâna kundalinî. Swami Lakshman Ji, un maître réputé du shivaïsme du Cachemire, écrit : 


« Dans ce processus inversé, quand le souffle est aspiré vers le bas à travers le canal central et parvient au mûlâdhâra chakra, ce dernier ne se met pas à tourner. C’est au contraire le bhrûmadhya qui entre en mouvement. C’est qu’en fait le souffle a traversé tous les chakra, à partir du mûlâdhâra. Quand il pénètre dans le bhrûmadhya, celui-ci commence à se mouvoir. Alors l’énergie du souffle pénètre dans le kantha chakra, qui se met en mouvement. Puis elle descend dans le cœur, le nombril et enfin dans le mûladhâra, tous ces chakra sont alors mis en mouvement. A ce moment vous ressortez. Le processus de la montée inversée de la kundalini est achevé. Il est néfaste ; on l’appelle pishâcâveshah, ce qui veut dire « possession par les spectres ». il est stérile et sans valeur. Il se produit quand votre Maître ne s’entend pas bien avec vous ou qu’il est mécontent de vous. Il éveille alors ce processus, qui ne vous apporte rien de bon. »



Livre en ligne : Shivaïsme du Cachemire 
Par Swami Lakshman Ji



Lakshman Jî est l'un des derniers maîtres de la tradition orale du Shivaïsme tantrique du Cachemire. Cet exposé de la philosophie non-dualiste et de ses applications pratiques est la traduction de son premier ouvrage en langue anglaise. Les enseignements tantriques se dissimulent sous l'allusion et le symbole. Lakshman Jî donne ici la principale clef de cette tradition et permet ainsi d'accéder à ses secrets. Le livre porte essentiellement sur la réalisation pratique de la Vérité au moyen du Kundalini Yoga. L'auteur souligne les différences entre cette réalisation et le concept de réalisation enseigné dans d'autres écoles de philosophie indienne, en particulier de l'Advaïta Vedanta. Pour le Shivaïsme du Cachemire, le monde est une réalité ; il est aussi réel que Dieu. La libération consiste à prendre conscience que cet univers n'est autre que notre propre Conscience transcendante.

samedi, décembre 11, 2010

Le Dalaï-lama : « semi-bouddhiste, semi-marxiste »



« De toutes les théories économiques modernes, dit le 14ème Dalaï-lama, le système économique marxiste est fondé sur des principes moraux, tandis que le capitalisme n’est fondé que sur le gain et la rentabilité. Le marxisme est basé sur la distribution de la richesse à une base égale et sur l’utilisation équitable des moyens de production. Il est concerné par le destin des travailleurs, qui sont la majorité, aussi bien que par le destin de ceux qui sont défavorisés et dans le besoin. De plus, le marxisme se soucie des victimes exploitées par une minorité. Pour ces raisons, le système m’interpelle et il me semble juste… Je me considère moi-même comme semi-bouddhiste, semi-marxiste. »
« The Dalaï-lama, Beyond Dogma : Dialogues and Discourses », North Atlantic Books, 1996. 
Source : Elisabeth Martens, "Histoire du Bouddhisme tibétain".


En 2009, une petite-nièce du 14ème Dalaï-lama a adhéré au Parti communiste chinois (PCC)


« Je suis fière d'adhérer au PCC », a déclaré Deying Drolma, 35 ans et dont la grand-mère est cousine du Dalaï-lama. Deying Drolma est actuellement femme soldat de l'Armée populaire de Libération (APL), et elle a pris serment le 26 juin pour devenir membre du PCC.


Elle avait rédigé deux premières demandes d'adhésion au PCC en 1995 et 1998, mais ne les avait pas soumises par crainte que sa relation spéciale avec le Dalaï-lama ne la pénalise. « L'année dernière et cette année, j'ai soumis deux autres demandes au PCC, car je sens maintenant que je suis une bonne candidate à l'adhésion ». Et elle a été acceptée.


Source : http://news.xinhuanet.com/english/2009-11/03/content_12380602.htm

Histoire du Bouddhisme tibétain






Non loin de Dharamsala, où réside le Dalaï-lama, des victimes du totalitarisme économique ont rejoint la rébellion naxalite.


Naxalites : le salut rouge


Dans les jungles de l’Inde, c’est une guerre qui ne dit pas son nom. Elle oppose les rebelles maoïstes aux forces de l’ordre.


Le conflit perdure depuis plus de quarante ans et il a fait des milliers de victimes. Le message des insurgés n’a jamais changé : la défense des plus démunis, des aborigènes et des paysans sans terre. 


Sous l’impact de la mondialisation et de la libéralisation économique, l’insurrection maoïste se propage et s’étend aux campagnes oubliées de l’Inde. Elle est aujourd'hui active dans 20 des 28 états du pays. 


Pour contrer cette vague rouge, New-Delhi a lancé, l’an dernier, une vaste offensive paramilitaire. 
De part et d’autre, les représailles s’intensifient. Villages incendiées, civils exécutés, populations déplacées, maoïstes et policiers tués.


Vanessa Dougnac et David Muntaner ont obtenu l’autorisation exceptionnelle de vivre aux côtés des rebelles, ces mystérieux combattants de Mao, dépeints en «terroristes» par New-Delhi, accusés par la presse indienne d’être des «machines à tuer».


Depuis le renouveau de l’insurrection, aucune télévision indépendante n’avait obtenu l’accord de filmer leur vie quotidienne. Des images rares qui nous font découvrir leur réalité et les enjeux cachés de la rébellion.


Source :
http://www.arte.tv/fr/semaine/244,broadcastingNum=1181237,day=1,week=50,year=2010.html


Le documentaire « Naxalites : le salut rouge » à revoir sur ARTE le 12 décembre 2010.


Un autre reportage, de Léo Mattei et Alex Gohari, sur l’insurrection naxalite : « Les veines ouvertes du géant indien » : http://vimeo.com/8398072

La résistance naxalite contrôle une grande partie de l’Inde. 


La carte date un peu. Depuis 2007, l’insurrection maoïste s’est propagée à quatre autres états et s’étend aux campagnes oubliées de l’Inde. Elle est aujourd'hui active dans 20 des 28 états du pays.




La conspiration

Qu’est-ce que le conspirationnisme 


Issu de la mouvance alternative des années 60, le conspirationnisme est un antidote aux fausses évidences du « nouvel âge ».
Si quelqu’un vous parle de la conspiration mondiale pour vous vendre une solution miracle, c’est que vous avez affaire à un charlatan. Car il n’y a qu’un remède. Si l’on veut connaître la paix de l’esprit, on doit changer de conscience !
S’il y a un salut pour le monde, il réside uniquement dans notre capacité de mutation. Mais nul ne le fera pour nous, ni messie, ni avatar, ni extraterrestres, ni maîtres ascensionnés, ni pape ou grand lama…
Face à l’angélisme et à l’idéalisme, le conspirationnisme oppose des constats implacables. C’est à prendre ou à laisser.
L’idée d’une conspiration mondiale n’est pourtant pas nouvelle. On en trouve le modèle dans le Protocole des Sages de Sion qui, à la fin du 19ème siècle, exposait le plan d’un groupe « d’initiés » en vue de faire main basse sur la planète.


La conspiration ?


La conspiration n’est-elle pas l’essence de la politique ? Si le plan de bataille n’est pas tenu secret, la guerre est perdue d’avance.
Toute entreprise de conquête – commerciale ou politique – nécessite une stratégie secrète, et une révolution a besoin de conspirateurs.
En politique, rien n’arrive au hasard, mais tout se prépare sur le long terme. Les habiles politiciens qui amusent la galerie en façade ne sont que des marionnettes. Cette assertion est l’une des plus importantes du conspirationnisme pour lequel les autorités sont les médiums des « forces noires ».
Etant donné l’état du monde et de la société, on constate que ces puissances n’ont pas en vue le bonheur de l’humanité, mais qu’elle l’exploitent depuis toujours. Cela nous est raconté par des mythes venus du fond des temps. Pour les anciens grecs, « l’homme est le bétail des dieux ». Dans le christianisme, Satan est le « prince de ce monde ». Pour les hindous, c’est l’illusion de Maya qui nous égare. Le « Prince » accorde des privilèges à ses régents et récompense ses serviteurs, les puissants de ce monde. Quoi de plus logique ? N’est-ce pas ainsi que les choses fonctionnent depuis toujours ? Comment est-il possible que nous ne l’ayons pas compris, et qu’à chaque élection truquée, nous faisions comme si c’était pour du vrai ? Nous avons la mémoire courte et une confiance naïve en l’autorité.
Nous avons besoin de déléguer notre pouvoir intérieur à une autorité, fut-elle corrompue et méprisable. Pourquoi ce culte de l’autorité ?
Pour notre défense, admettons que nous avons été conditionnés à nous soumettre par la violence et dans la terreur. Et les choses n’ont guère évolué. La terreur est aujourd’hui scientifique.
Comment ne pas voir que les maîtres du jeu décident de la paix et de la guerre, de la prospérité et de la famine ? Y a-t-il un seul d’entre nous qui aurait eu l’idée de greffer une cellule de scorpion sur un grain de riz ?
On n’a pas besoin d’être prophète pour deviner que le pouvoir terrestre est partagé par quelques groupes exclusifs. Celui qui a des yeux pour voir le comprend dès qu’il est en âge de réfléchir. Mais ce n’est pas facile à cause de la peur atavique qu’on nous a implanté dans une lointaine antiquité.


Les puissants qui s’agitent sous les projecteurs du monde, ont été choisis pour leur personnalité séductrice. On ne les prendrait pas pour des manipulateurs cyniques, adeptes de rites sataniques abjects. La corruption affairiste de façade nous cache le pire. Parfois, le masque des grands de ce monde tombe, mais les masses continuent à les protéger, car ce sont des divinités modernes. Les célébrités remplacent les dieux que le scientisme a évacués du ciel. Voyez l’adoration des stars, qu’on appelle des étoiles en raison de leur charisme luciférien.
Comme le temps bouleverse constamment la stabilité de leur empire, les maîtres du monde doivent s’organiser pour se maintenir durant les cycles de renouvellement des civilisations. Alors, ils inventent des stratégies pour assurer leurs arrières. Ils s’organisent, et vous en feriez autant. Ils négocient avec leurs rivaux.
Les hiérarchies qui contrôlent l’évolution terrestre ne sont concernées que par la survie des systèmes politiques, religieux et culturels. Elles les aménagent régulièrement afin d’en conserver le contrôle. Les maîtres du jeu maintiennent les choses en mouvement en alimentant un conflit perpétuel entre deux camps faussement opposés : les blancs et les noirs. La gauche et la droite. Diviser pour régner. Rien n’arrive au hasard. Tout est politique. L’histoire est scellée par l’exigence de survie des puissances parasitaires qui dominent le monde. Survivre ! C’est le cri qui résonne de haut en bas des plans visibles et invisibles.
C’est hiérarchies doivent se battre pour maintenir leur pouvoir. Or, cela ne leur coûte que notre sang et notre sueur. Et ils en disposent à volonté.


Aujourd’hui, c’est le nouvel ordre mondial qui les mobilise, et l’on entend le cri de ralliement des vautours de Babylone : « Paix et Sécurité ! Démocratie et Progrès ! » Ce sont les grenouilles de l’Apocalypse.


La situation sur notre terre est une anomalie. Des milliards de cœurs aspirent à un bonheur toujours inaccessible. Les maîtres du jeu l’ont compris. C’est pourquoi l’organisation de la civilisation est orientée pour stimuler cette soif de bonheur mais sans jamais y parvenir, bien évidemment. Car les conditions de la matière et de la dualité terrestre ne peuvent pas générer un ordre parfait. Depuis ces derniers siècles, les autorités ont lancé un programme de propagande fondé sur le mythe du « progrès » perpétuel. Avec le rêve du progrès, ils peuvent nous tenir longtemps en haleine. Toutefois, nous disposons encore de notre libre arbitre, bien qu’il soit prévu de nous transformer progressivement en robots. Dans ces conditions, on comprends qu’il n’est pas question d’imaginer un miracle ni un bouleversement qui modifierait radicalement les conditions terrestres.
Voilà pourquoi il est très important que chacun travaille à son émancipation individuelle car la mutation de la conscience est la seule manière de renverser l’oppression. Lorsque nous comprenons que nous devons changer de conscience, la force du changement est là.


Ce qu’il faut bien appeler l’incarcération terrestre nous est rendue acceptable par notre éducation qui nous cache le sens véritable de la vie. Or, dans l’univers éternel, la souffrance et la mort sont des anomalies.
Notre espérance réside dans la guérison de ces conditions morbides. Cela relève d’une révolution de la conscience et non d’une idéologie ou d’une utopie terrestre. Tous les maux et les problèmes trouvent une solution lorsqu’on se tourne vers la vie spirituelle.
On a vaincu le mal quand on a compris que la racine de la souffrance est en nous. Alors, on peut regarder le monde et ses dangers avec sérénité. Ce n’est certes pas joli à contempler lorsqu’on sait ce qu’ils font avec les OGM, mais cela devrait décupler notre désir d’élévation spirituelle. Si nous ne changeons pas intérieurement, rien ne changera, et si nous ne le faisons pas personnellement, personne ne le fera. Face aux conspirateurs du nouvel ordre mondial, devenons des conspirateurs célestes.  

Extrait de l’article « Joyeuse conspiration », Undercover n°5. 

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Un Gouverneur US dévoile les complots des Bilderberg contre l'humanité
http://bouddhanar-9.blogspot.com/2010/12/un-gouverneur-us-devoile-les-complots.html

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...