lundi, janvier 10, 2011

Le millénarisme politique





La fin des temps – pour moi – ce n’est pas très évocateur. J’ai été trop mobilisé par l’autre alternative de la fin des temps qui est la fin d’un monde. Le millénarisme est cette croyance en l’avènement généralement imminent de la fin d’un monde terrestre, religieux ou global, et son remplacement par un autre monde, mais sur cette terre. Il tire son nom de la période de mille ans qui s’écoule entre la première et la seconde résurrection dans le chapitre 20 de «l’Apocalypse selon saint Jean », chapitre qui a fait l’objet de milliers et de milliers de spéculations, de commentaires et de chronosophies…


Le millénarisme ne désigne pas, comme on le croit généralement, la terreur millénariste, la terreur de l’an mil. Bien sûr, il y a quelques mouvements millénaristes aux alentours de l’an mil, mais ce sont des anecdotes par rapport à tout ce qui s’est passé au Moyen Age. Tous les mouvements joachimites sont très postérieurs à l’an mil ; ils ont une autre stature que la terreur de l’an mil : tous les flagellants, une partie des croisades, la guerre des Paysans, la guerre hussite, le soulèvement travailliste de 1341, etc. Et puis c’est un phénomène récurrent, il recommence tout le temps.


Il y a eu de mouvements millénaristes jumelés à des jacqueries paysannes et menés par des bodhisattva


Mais non, le millénarisme n’est pas particulier aux religions judéo-chrétiennes ! Le mahdisme, en islam, est quelque chose de fantastique ! Dans le bouddhisme, on en trouve sous d’autres noms : en Chine, aux 5ème et 6ème siècles, il y a eu, en cent ans, cinq ou six grands mouvements millénaristes jumelés à des jacqueries paysannes et menés par des bodhisattva… Quant aux Indes, on pourrait écrire un livre « gros comme ça » sur les prophétismes sociaux qui y sont nés !


En effet, le millénarisme n’est qu’une péripétie de l’eschatologie, mais c’en est une péripétie majeure. J’ai plus spécialement étudié les millénarismes à configuration messianique, c’est-à-dire des mouvements qui escomptent la fin d’un monde et le début d’un autre, sur terre, dans un contexte religieux et rédempteur, et dans lesquels on trouve un personnage équipé d’une conscience particulière, d’une parenté spéciale avec Dieu. Il est plus qu’un prophète, c’est un organe de Dieu. Comme Kimbangu au Congo en 1920. J’ai un livre en préparation sur lui qui s’appellera : « le Sacré et l’Administration ».


Evénements millénaristes et cultes de possession


Mais, désormais, j’oriente mes recherches davantage vers les parentés entre ces événements millénaristes et les cultes de possession. Je suis très intéressé par l’homologie qui existe entre le personnage messianique et un haut personnage de l’Histoire, et qui se traduit dans le culte de possession par la descente des dieux et l’identification avec le dieu. Il y a une « transe messianique » qui ressemble à la transe du culte de possession. D’ailleurs, admirez comme la dialectique du cheval et de la monture, qu’Alfred Métraux déterminait dans le vaudou, est exactement la même que la dialectique de saint Augustin ou celle de Luther sur les rapports de l’âme et de Dieu dans la possession par l’Esprit !


Des réseaux qui peuvent donner naissance à une autre civilisation 


Il y a deux grandes catégories de messies millénaristes, les pacifiques et les violents, mais dont les caractéristiques se recoupent parfois dans le temps. Le premier type pratique la grève, la grève autogestionnaire, en rupture avec la société dominante. Il fonde des microsociétés équipées pour se passer de la société. Ces micro-ermitages forment des réseaux qui peuvent donner naissance à une autre civilisation : les premières communautés chrétiennes étaient de ce type ; ou, avec une autre configuration, le culte du cargo dans le Pacifique, où on retourne à la contre-société d’avant la civilisation. Non, ce n’est pas un phénomène de régression, mais une recherche d’identité, une lutte contre l’aliénation oppressive.


L’appel à la guerre Sainte 


L’autre catégorie est la société violente, l’appel à la guerre Sainte, au Jihad… comme Thomas Münzer et la guerre des Paysans, en Allemagne, ou tous les millénarismes violents du Moyen Age.


A notre époque


Oui, nous sommes dans une période de millénarisme. Je dirai d’ailleurs que la politique est infestée de millénarisme latent, sécularisé. Sommes-nous entrés dans une période qui peut justifier les espoirs millénaristes, ou en sommes-nous sortis ? A mon avis, c’est un commencement. Mais ce sera un cycle, vous savez, de millénarismes, c’est une composante anthropologique, une dimension de l’homme, une dimension de l’espérance poussée à bout, acculée, désespérée. C’est une dimension archétypique de la conscience humaine, de la personne et des groupes humains !


Henri Desroche, initiateur du Groupe de sociologie des religions fondé en octobre 1954 et de sa revue Archives de Sociologie des Religions est élu, en 1958, directeur d'études à l’École Pratique des Hautes Études. Sa thèse d’État, soutenue en 1970, s'intitule Messianismes, utopies et sociologie des religions. Il a publié 17 livres.
(Ces propos ont été recueillis par Tchalaï Dermitzel au cours d’un entretien pour « Question de ».)


  
Dieux d’hommes  
Dictionnaire des messianismes et des millénarismes, du 1er siècle à nos jours


Un dictionnaire exhaustif concernant les trois traditions abrahamiques.
Après une Introduction éclairant le phénomène millénariste et celui de l'Attente, Henri Desroche, en historien ne tenant pas compte des mythes religieux mais des faits avérés dont témoignent les textes rédigés à la même époque, nous propose un dictionnaire des millénaristes et des Messies du 1er siècle à nos jours, dans les traditions juives, chrétienne et musulmane. Près de 1000 notices, complétées à sa demande, font de cet ouvrage un livre essentiel pour tous ceux que passionne l'histoire de religions, indissociable de celle des mentalités.
Préface d'Emile Poulat.




Illustration : 
Le Kibanguisme http://www.ejcsk-munich.com/messagespirit.html

dimanche, janvier 09, 2011

Cassandre est-elle idiote ?



Lucain, tout comme son oncle Sénèque (1er siècle après J.-C.), a joué, lui aussi, les prophètes « apocalyptiques » : « Le feu détruira le monde » (la Pharsale) ; et : « Les étoiles se heurteront contre les étoiles, et la matière s’embrassera de tous côtés » (Sénèque).


Prophétie de saint Malachie. Cet évêque irlandais vivait au début du 7ème siècle, mais sa prétendue prophétie ne fut mise en circulation qu’en 1595 ! Extrayons-en le texte qui concerne le dernier pape, Pierre le Romain :
« Au cours de la dernière persécution de la sainte Eglise romaine, siégera Pierre le Romain, qui paîtra ses brebis au milieu de nombreuses tribulations ; celles-ci terminées, la ville aux sept collines sera détruite et le Juge, qui fait trembler, jugera le peuple. »
C’est donc la fin du monde pour les environs de l’an 2000.


Sainte Hildegarde, abbesse bénédictine en Allemagne, au 12ème siècle, publie en 1138 ses visions d’avenir :
« Tout ce qui vit sur terre tend à périr, le monde sent ses forces faiblir » ; et ailleurs : « Le monde est entré dans le septième âge : c’est celui qui précède le dernier jour. »


Joachim de Flore, célèbre moine cistercien du 12ème siècle, passait en son temps, pour un très grand prophète. Il divise l’histoire de l’humanité non pas en sept jours, mais en trois périodes correspondant aux trois personnes de la Trinité.
Il annonce la venue de l’Antéchrist vers « la fin de l’histoire du monde ». Mais quand aura lieu cette « fin » ? Si c’est à l’issue de la troisième période, ce serait à la fin de l’ère du Verseau, soit vers l’an 4000.


Mother Shipton, une prophétesse anglaise, qui vivait dans la première moitié du 16ème siècle, a prédit – si la complainte qui résume ses vaticinations est authentique – beaucoup d’événements qui sont arrivés :
« Et le monde finira enfin, en 1992 ; telle est la conclusion de ladite complainte.


Nostradamus ne devrait pas nous effrayer, car il a écrit à son fils cette phrase très rassurante pour ceux qui redoutent la fin du mode pour le début du 21ème siècle :
« … de perpétuelles vaticinations pour d’ici (1555) à l’année 3797 » (ce qui nous laisse un répit de presque 18 siècles).
Faut-il rappeler sa prédiction, si souvent répétée, sur le « Grand Roy d’effrayeur » qui viendra du ciel « l’an mil neuf cent nonante neuf, sept mois », c’est-à-dire en juillet 1999 (L’attaque aérienne tant redoutée se produira deux ans plus tard – le 11septembre 2001 – , mais l’inénarrable Jean-Charles de Fontbrune, le spécialiste de Nostradamus, considère qu’en juillet 1999 la guerre contre l’Occident a été déclarée par Ben Laden, couronné « Grand Roy d’effrayeur » par l’exégète nostradamien*.)  

Holzhauser, prêtre allemand (1613-1658), divise l’histoire du monde en sept âges (comme sainte Hildegarde). Il annonce que son temps appartient au cinquième âge. Le notre semble y appartenir encore. Le sixième pourrait être l’ère du Verseau ; et le septième, la prochaine ère, c’est-à-dire celle, sombre et calamiteuse du Capricorne, qui doit se situer en gros entre 4000 et 6000. Mais selon Holzhauser, le sixième âge serait très bref ; il ne durerait sans doute pas les 2160 ans habituels des ères platoniciennes.
Le cinquième âge se terminera par l’apparition du saint Pontife et du Grand Monarque (thème cher aux prophètes dès le Moyen Age). Puis il y aura un sixième âge, très bref, qui mènera jusqu’à l’apparition de l’Antéchrist à la fin des temps. Il est très difficile de dater ces prédictions.


Jeanne Le Royer, religieuse française et voyante célèbre (1732-1798), a prédit, naturellement, l’Antéchrist et la fin du monde. Le Jugement dernier serait pour les alentours de l’an 2000 : « Je jugeai qu’il ne restait plus qu’environ deux heures au soleil. » (Ces heures représentent pense-t-on, des siècles : 1795 + 200 = 1995.) Elle prophétisait après la Révolution.


Anne-Marie Taïgi, célèbre voyante italienne, a fait à peu près les mêmes prédictions que Jeanne Le Royer.
« Deux cents ans ne seront pas suffisants pour que tout cela arrive » (elle « voyait » aux environs de 1800).


Johanna Southcott, fille d’un gentleman campagnard du Devonshire, fit, en 1792, des prophéties, dont voici l’une :
« Quand apparaîtra la guerre orientale, sachez que la fin est fatale. »
Mais quelle sera cette guerre « orientale » ? Serait-ce le conflit entre Israël et le monde arabe ?


La Salette (19 septembre 1846). C’est une prophétie mariale, c’est-à-dire dictée par la Sainte Vierge à deux enfants.
Annonce de l’Antéchrist et de ses « armées assistées par les légions de l’Enfer ».


Le « Roi du monde », personnage plus ou moins mythique et soi-disant tout-puissant (qui vivrait dans le royaume souterrain de l’Agartha), aurait fait une prédiction en 1890 (rapportée par Fernand Ossendowsky, dans son livre célèbre « Bêtes, hommes et dieux », publié en 1924) devant les lamas d’un monastère de Mongolie ; en voici quelques lignes :
« Il y aura une guerre terrible entre tous les peuples […]. Des peuples entiers mourront […]. Alors viendront les ennemis de Dieu et de l’Esprit divin, qui se trouve dans l’homme […]. Il y aura des brouillards et des tempêtes […], la terre tremblera […]. La faim, la maladie et la mort […]. De dix mille hommes, un seul survivra […]. Toute la terre se videra », etc.
Bien qu’il y ait des chiffres : 100 ans + 71 + 18, il est impossible de dater la prédiction, parce que manque la date du début de ces calamités.


Edgar Cayce, « un Américain tranquille » (1877-1945), qui fit d’extraordinaires guérisons et de sensationnelles prédictions dans un style simple, ce qui les rend assez convaincantes. On y trouve annoncés des catastrophes et des cataclysmes, mais non ce qu’on appelle une « fin du monde ».
Dans ses « visions » concernant le 22ème siècle, il a signalé des événements importants et …peu agréables, devant se passer entre notre temps et 2100 : submersion de Paris, de Londres, de New York par raz de marée gigantesques, à la suite de tremblements de terre, entre autres « joyeusetés » ! Mais l’humanité n’en poursuivra pas moins sa marche cahotante.


L’astrologue Hadès, dans son livre « Que sera demain ? » (publié en 1966), a prédit, pour l’avènement de l’ère du Verseau (qui est commencée, mais personne ne donne la même année pour ce début), des transformations importantes dans la vie de l’humanité :
Fins du capitalisme et du christianisme. ( A la religion du fils succédera celle du Saint-Esprit, si l’on admet la division de Joachim de Flore en trois périodes, selon les trois personnes de la Trinité.) Et le communisme s’évanouira en même temps que le capitalisme.


Marie-Louise Sondaz, une astrologue, est, quant à elle, l’une des rares optimistes (dans son livre : « Les Astres de la vie sentimentale », publié en 1968) :
Notre époque « violemment transformatrice » doit se clore en 1984 (qui est, pour cette astrologue, le temps de l’ouverture d’un nouveau cycle cosmique), date où « le monde retrouvera ses règles de vie, cependant que des caractères d’une envergure peu commune se prépareront à lui créer des excellences au cours des décennies suivantes ».


Après Einstein, le savant soviétique Sakharov a crié sa peur pour l’avenir des hommes.
Sakharov a prédit la « catastrophe » mondiale pour 1985.


Voici, à nouveau, un astrologue, Mantéia, qui, en 1966, annonçait :
La fin de la terre, pour le mois de mai de l’an 2000.


Et toujours les prophéties mariales, comme celles de l’Américaine Veronica, « favorisée », depuis 1970, de visions célestes, à Beyside (New York) :
« La grande catastrophe, la grande destruction qui sera envoyée sur l’humanité […]. Le temps diminue. Des années ou des mois […]. La fin approche ».


Sinon plus rassurant, du moins ne nous annonçant la fin du monde que pour beaucoup plus tard, entre 2500 et 3000, Michel de Roysin, disciple du mystérieux Ulrich de Mayence (qui vivait au 15ème siècle), est donc moins précis que son Maître qui, lui, prophétisait les temps d’Apocalypse aux alentours de l’an 2475, rejoignant à peu près la date ultime inscrite dans la Grande Pyramide (si l’on fait foi à Georges Barbarin) et qui est : l’an 2444.
Ajoutons, d’ailleurs, que cet an 2444 « ne saurait être assimilé à la fin du monde » : ce n’est que la fin de l’âge adamique.


Alex Roudène

samedi, janvier 08, 2011

Yang Zhu ou l’égoïsme libertaire





De Yang Zhu on ne sait rien sauf qu’il dut vivre à l’époque de Mengzi et de Zhuangzi, ou un peu avant, donc en plein 4ème av. notre ère. Il semble avoir joui d’une très grande réputation et sans doute avoir eu des disciples. De toute façon, ses œuvres – si œuvre il y eut – sont perdues et sa doctrine ne nous est connue – et donc lacunairement – par le chapitre VII du Liezi, philosophe taoïste, et quelques traces de polémiques par-ci par là, notamment dans le Mengzi où les deux cibles privilégiées sont précisément Yang Zhu et Mozi. Il se pourrait bien que Yang Zhu soit à la fois un hédoniste, partisan du plaisir et de la liberté individuelle, et un individualiste rebelle à tout service altruiste ou étatique. Les deux positions étant d’ailleurs beaucoup plus complémentaires qu’incompatibles.

On lui a surtout reproché de se gausser de l’activité des rois légendaires exemplaires en qui il voit des activistes surmenés qui, non seulement, ne tirent aucun plaisir de la vie, mais encore, la mettent en danger.


En effet, quand on est utile aux autres on est en très grand danger d’être inutile à soi, car ce n’est qu’en étant inutile aux autres qu’on a chance et assurance d’être utile à soi. La vie, l’inestimable importance d’être en vie, prime tout et suffit à tout.


« Notre vie est notre propriété et son utilité pour nous est très grande. Pour ce qui est de sa dignité, même l’honneur d’être empereur ne peut lui être comparé. Pour ce qui est de son importance, même la richesse que donne la possession du monde n’est pas à échanger contre elle. Pour ce qui est de sa sécurité, si nous la perdions une matinée, la perte serait sans retour, A ces trois points prennent garde ceux qui ont compris. »


Dans le Hanfeizi, texte légiste, il est rapporté à son sujet :


« C’est un homme dont la politique est de ne pas entrer dans une ville qui est en danger, ni de rester dans l’armée. Même en échange du monde entier, il ne donnerait pas un seul poil de sa jambe… C’est un homme qui méprise les choses et attache du prix à la vie. »


L’image du personnage est donc très simple, poussée même jusqu’à la caricature : alors que Yu le Grand a perdu tous les poils de ses jambes à force de travailler dans l’eau à maîtriser l’inondation, Yang Zhu, lui, n’aurait même pas sacrifié un poil de ses jambes à quelque travail altruiste que ce soit. 


« Si chacun refusait d’arracher même un seul poil et si chacun refusait de faire du monde l’objet d’un gain, le monde serait dans un ordre parfait. » (Liezi)


Autrement dit, il ne faut rien sacrifier, perdre ou « donner », mais il ne faut pas non plus risquer pour gagner. Ni sacrifice ni risque, voilà la voie. N’allons tout de même pas croire que Yang Zhu s’interdise tout mouvement ou acte de pitié envers autrui dans le besoin. Mais une chose est de nourrir spontanément l’affamé qui nous requiert, autre chose d’intervenir ou de se sacrifier pour « corriger » la nature, l’homme ou la société. Yang Zhu est resté dans la pensée chinoise le modèle même de l’égoïsme absolu. Une sorte de « fou » qui se retire du monde des hommes, considérant que tout sacrifice, tout humanisme, tout autant que l’appât du gain ou l’ambition, ne peuvent que mettre en péril la vie qui y succombe.


Pour cultiver la vie, leitmotiv qui soutient toute sa pensée, il suffit de commencer à soi… et de s’arrêter à soi.


Il y a déjà dans Yang Zhu comme un pré-taoïsme de par son rejet de l’interventionnisme illusoire, moralisant et périlleux, mais il y a surtout un ton libertaire qui n’appartient qu’à lui.


Au fond la leçon que nous donne Yang Zhu n’est ni une leçon d’égoïsme, ni une leçon d’anarchie, mais probablement bien plus une leçon de modestie prudente : qui es-tu pour te croire appelé à te mêler de ce qui ne te regarde pas en t’arrogeant le droit de dire le bien et le mal, le convenable et l’inconvenable. Comme aussi une leçon de liberté, laquelle ne tient souvent qu’à un fil – ce qui n’est pas beaucoup plus qu’un « poil » : à sacrifier « poil » après « poil » d’une vie tellement déjà réduite et médiocre, que te restera-t-il ? Ton sacrifice la réduirait encore sans aucune utilité pour personne et certainement pas pour toi.


On peut certes préférer une pensée plus engagée et plus humaniste, il n’empêche qu’on ne saurait réduire celle-ci à un pur et simple égoïsme anarchiste – si tant est qu’il existât jamais – et qu’il y a là des accents assez proche parfois de l’Ecclésiaste, comme aussi du Stirner de « L’Unique et sa propriété ».


Ce ne sont pas des compagnons indignes que ceux qui tiennent plus à vivre au plus près d’eux-mêmes qu’à se payer de mots ou d’actes dignes d’éloges.


Le nihilisme de Yang Zhu


Si on lit attentivement le chapitre VII du Liezi consacré à Yang Zhu on doit bien admettre que Yang Zhu – s’il le fallait pousser rigoureusement, mais le doit-on, dans ses derniers retranchements – ne sort pas d’une vision nihiliste des choses et du moi.


En effet, le destin de tout homme, qu’il soit sage et altruiste ou méchant et égoïste, est le même : morts, « ils ne sont guère différents d’un tronc d’arbre ou d’une motte de terre ».


Qu’importe après tout que la renommée des uns soit glorieuse et celle des autres, infamante. Ils n’en savent rien : morts, louanges et blâmes ne les atteignent plus.


Quant au « bonheur », au plaisir, Yang Zhu affirme que les sages « n’en connurent pendant toute leur vie aucun jour », tandis que les tyrans, les méchants « accomplirent jusqu’au bout tout ce qu’ils désiraient ». on peut sans doute infirmer son jugement en rappelant, d’une part, « l’imperdable bonheur » de qui se conduit bien, à ce point en paix avec sa conscience qu’il peut, malgré parfois déréliction passagère, affronter la mort injuste avec sérénité, et, d’autre part aussi, l’inquiétude de tout tyran qui, suscitant jalousie et vengeance, n’ignore pas, même si sa conscience reste silencieuse, le danger qui le menace. Il n’empêche que d’une certaine façon l’« imperdable bonheur » n’est pas le bonheur tout court, et que la crainte d’un danger n’exténue pas tout plaisir, quand perversement il ne l’accroît. A typer comme il le fait, le bonheur du tyran, malmené seulement par la renommée, face au malheur du sage, glorifié seulement par celle-ci, Yang Zhu caricature une réalité humaine moins unanimement « injuste ».


C’est pourtant le même effarement qui saisit le psalmiste comme l’homme de la rue quand ils constatent l’insolence du bonheur des méchants face au malheur des justes et des innocents.


Faut-il en conclure par là qu’à moins d’une hypothétique rétribution future – qu’il n’envisage à aucun moment – ou d’hypothétiques lendemains qui chantent – pas plus –, mieux vaut être injuste et heureux que juste et malheureux, ou comme on dit aussi, en sous-entendant le prix à payer, riche et heureux que pauvre et malheureux, c’est ce que ne dit pas Yang Zhu pour qui poursuite de richesses et de plaisirs tous azimuts sont aussi choses risquées.


Son dernier mot serait probablement : comme ceci ou comme cela, mais non sans plaisir, sans bonheur, sans liberté.


Mais, comme il n’est pas possible d’avoir « tout à fait en main » ni soi-même ni les êtres, cette quête de bonheur, quoique nihiliste en son fondement, requiert doigté, insouciance et capacité de jouir de soi, des êtres et des choses dans l’instant présent de leur rencontre. La vie ne vaut pas la peine d’être vécue, mais rien ne vaut la vie surtout si on parvient à lui retirer, en ne poursuivant ni gloire, ni rites, ni vertus, la moitié de sa peine.


Vladimir Grigorieff, « Les philosophies orientales ». 




Les philosophies orientales


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Photo : http://travelinghost.blogspot.com/2008/08/zhu-yiyong.html

jeudi, janvier 06, 2011

Le besoin de croire







La foi, névrose et psychothérapie


C’est pourtant en prenant appui sur la foi et les fois que l’humanité a fait ses premiers pas. Qui sont sans doute encore les nôtres.


Les historiens de l’histoire lisent le texte de ce que l’humanité fut. Les historiens des religions traduisent le texte de ce qu’elle rêve d’être. Freud a mis l’accent sur la religion considérée comme « la névrose universelle » de l’humanité. Il faudrait aussi, pour établir un bilan exact, sans doute impossible, de ses bienfaits et de ses méfaits, pouvoir mesurer la vertu thérapeutique qu’elle a assumée : la religion est à la fois la maladie et la cure de cette maladie, une névrose et sa psychothérapie. Elle est tout ensemble la plaie et le baume, la blessure et son pansement. L’espace mental où s’accomplit la grande dé-formation mythologique des projections religieuses assuma aussi une incontestable fonction de formation : comme la terre a été formée par les eaux qui se sont retirées d’elle une fois leur travail accompli, l’humanité a été formée par les religions. Elles ont été, pour appliquer à l’espèce dans son ensemble ce que Winnicott applique au tout petit enfant, les « objets transitionnels » de l’espèce humaine. Ce n’est pas de l’incertitude et du doute que l’enfant à l’orée de la vie et l’espèce à l’orée de l’histoire peuvent partir. C’est seulement d’une base première que Winnicott appelle « la croyance en quelque chose » (belief in), indispensable à l’évolution future et à la maturation de l’enfant. Il y a ainsi plus de rationalité dans la tendance primitive à personnaliser les forces « naturelles » que dans les formes modernes de « cultes » des chefs politiques. Il n’apparaît pas que les formes d’adoration sociale, les religions séculières d’Etat, qui tentent d’organiser en rituels et cérémonies le culte de la personnalité d’un « dieu vivant », constituent un progrès intellectuel et moral par rapport aux religions de la préhistoire ou de la protohistoire.


Le Dieu ou les dieux : quelqu’un à qui parler


La « création » de dieux ou d’un Dieu offre, devant le chaos et le tohu-bohu qui frappent les hommes à leur apparition, un modèle, une hypothèse de travail, un appui qui permet d’assurer leurs pas et d’amorcer leurs actions. Si le monothéisme n’est pas la religion du monde la mieux partagée, la croyance la plus ancienne et la plus fonctionnelle est le recours à des êtres sur-humains. Sur-humains parce qu’ils règnent sur les humains, régisseurs invisibles au-dessus des vivants, mais foncièrement humains néanmoins. Devant ce qui le déjoue et le joue, le frustre et le floue, l’accable et le frappe, l’homme originel n’a pu rien imaginer de plus réconfortant ni de plus commode qu’une sorte d’être humain « agrandi » : un semblable un peu supérieur, insaisissable mais secourable. Quelqu’un avec qui on peut en tout cas discuter. Un autrui plus chanceux et mieux armé, dont on peut pressentir les réactions analogues à celles qu’on aurait à sa place. Le « Maître des animaux » ou le « Seigneur des fauves » des peuples des chasseurs archaïques est un dieu qui a des faiblesses réconfortantes et des vertus rassurantes : il est sensible à la flatterie, accessible aux requêtes, séduit par les offrandes. C’est une personne somme toute assez raisonnable. Le « Maître des animaux » est quelqu’un avec qui on peut établir des relations réciproques et cohérentes. Ce n’est pas un despote capricieux, dont les décrets sont inexplicables. Il refuse le gibier à ceux qui massacrent inutilement, saccagent les réserves vivantes, violent certaines règles utiles de vie sociale. C’est un maître somme toute beaucoup plus « humain », logique et bénéfique que les grandes idoles tribales d’aujourd’hui, que Hitler ou Mobutu, « Papa Doc » Duvalier de Haïti ou Staline, que le Kedhafi du « Petit Livre vert » ou le Mao du Petit Livre rouge. Les dieux égyptiens étaient plus modestes que les dieux en vareuse de l’Orient actuel. Amon Râ n’était après tout que le « Dispensateur du souffle à celui qui l’aime », tandis que le « toujours victorieux et brillant dirigeant » Kim Il Sung est le « Penseur révolutionnaire sans précédent ni à l’Est ni à l’Ouest et dans tous les âges, Soleil de l’Humanité ».


Religions sans dieux et dieux sans religions


Parmi les éléments constitutifs des innombrables religions et sectes de l’histoire, le plus irremplaçable n’est pas celui qu’on pourrait croire. Une religion est la combinaison de mythes et de symboles, de rites et de cérémonies, d’un crédit accordé à des paroles consacrées ou des textes sacrés, d’autorité reconnue à un sacerdoce, de référence à des expériences ou des états psychiques, de promesses et de prophéties, d’acquiescement à des codes de conduite et enfin de la croyance à l’existence d’êtres sur-humains, demi-dieux, dieux ou Dieu.


Chacun de ces éléments peut se rencontrer indépendamment de la constitution d’une religion proprement dite. Il y a des mythes qui ne fondent pas une Eglise. Il existe des clergés séculiers, des prophéties et des messianismes laïques, des mystiques sans religion. Et la reconnaissance d’une loi morale ou l’obéissance à des préceptes éthiques ne sont pas l’apanage des « croyants ».


Il est rare que tous ces éléments se présentent simultanément dans une religion. Mais l’élément le moins indispensable à l’établissement et au succès d’une grande religion, c’est probablement « Dieu ». Et le Dieu tout-puissant, omniscient et infiniment bon des traditions chrétiennes n’est certes pas celui qu’on rencontre le plus fréquemment. Les dieux précolombiens sont en général totalement dépourvus de bienveillance. Le Dieu « premier » de Marcion et le Ialdabaoth des gnostiques sont aussi méchants et cruels que l’est souvent Yahvé des premiers sémites. Le dieu des nestoriens de l’Antiquité comme le Dieu des nouveaux théologiens protestants, de Dietrich Bonhoeffer à Paul Tillich, sont des dieux très peu puissants, mal assurés de leurs pouvoirs, incertains de leur existence même, et donc on ne sait pas s’il n’ont pas d’avantage besoin des hommes que les hommes ont besoin d’eux.


Mais une religion n’a pas forcément besoin de dieux –ou d’un Dieu. André Bareau peut écrire à juste titre que le bouddhisme refuse de croire à l’existence d’un « Dieu créateur et souverain de l’univers, éternel et omnipotent », et qu’on a pu donc le définir « comme une religion athée ». A.M. Esnoul constate que les « dieux » de l’hindouisme, multiples, impermanents, se dissolvant à peine ont-ils apparu, « nous entraînent loin de l’atmosphère théiste ». Les religions-foi ont moins besoin d’un Dieu que les religions séculières n’ont besoin d’un homme divinisé.
Claude Roy, « Les chercheurs de dieux ».


Les chercheurs de dieux 
Délivrez-nous des dieux vivants, des pères du peuple et du besoin de croire


« Notre prolétariat qui es sur terre, que ton nom soit sacré, que ta volonté soit faite, que ton pouvoir arrive. » Ainsi commençait la prière révolutionnaire des « Constructeurs de Dieu », un mouvement fondé après 1905 par Gorki et Lounatcharski. Quelques années auparavant, le philosophe Soloviev avait fondé les « Chercheurs de Dieu », qui voulaient s’acheminer vers l’Humanité-Dieu. Mais la confusion du politique et du religieux remonte plus loin encore : aux mouvements millénaristes, au culte de l’Etre Suprême instauré par Robespierre, à l’annexion du « sans-culotte Jésus » par les hommes de 1793, à la « religion de l’avenir » socialiste que veulent fonder en 1848 Georges Sand et Pierre Leroux. On voit de même s’opérer de nos jours des connivences et des aller et retour étranges entre religion et révolution, foi et politique, croyance et activisme.


Combien changent de croyance sans changer de foi, et passent d’un Dieu divin à un dieu vivant, ou réciproquement, sans jamais se guérir du « besoin de croire » ? Les « cultes de personnalités » sont peut-être le vrai mal du siècle, de Lénine et Hitler à Staline et Mao. Les « pères du peuple » sont légion. C’est ce phénomène qu’analyse et illustre Claude Roy dans un essai centré sur l’analyse des communismes contemporains, mais nourri d’une solide connaissance de l’histoire et de la psychologie des religions. « Les chercheurs de dieux » étudie le mécanisme profond des systèmes à produire de la certitude, des institutions à donner de la sécurité et des croyances à sécréter du dogme.


« Il faut bien croire à quelque chose », entend-on dire tous les jours. Claude Roy répondrait sans doute volontiers : « Je n’en vois pas la nécessité. » Voir, savoir, pouvoir, oui. Espérer, peut-être. Mais croire, pourquoi ?
      






Illustration : Fête de l’Etre Suprême. 

mercredi, janvier 05, 2011

La liberté et le destin selon la gnose







Propos de René Nelli


Claudine Brelet-Rueff : Les cathares croyaient-ils que le monde « allait finir ? »


René Nelli : Ils ne croyaient pas que le monde allait finir tout de suite, mais qu’il était destiné à finir. Pour les gnostiques, le monde est toujours sur le point de finir, même s’il doit durer encore mille ans ou beaucoup plus. Personnellement, je crois qu’il va finir. 


Claudine Brelet-Rueff : Mais les cathares croyaient en un salut ?


René Nelli : Pour les gnostiques, il suffit de connaître le destin, le secret des choses, pour être déjà sauvé. La gnose est d’abord une connaissance. Cela suppose donc que l’être est connaissable et peut-être même qu’il y a une adéquation entre l’être et la pensée…


L’originalité de la gnose réside en ce qu’elle ne dit pas seulement que l’être est connaissable, mais aussi que l’on se sauve par la connaissance. Ce point est peut-être celui qui heurte le plus les tenants des religions d’amour et certains philosophes rationalistes pour qui la connaissance n’entraîne pas nécessairement le salut.


Pour les gnoses comme le catharisme ou l’ancien manichéisme (qui est peut-être plus gnostique que le premier), il n’y avait pas de liberté. Par conséquent, l’homme ne pourrait être sauvé s’il n’était pas déterminé à être libre, c’est-à-dire s’il ne recevait pas, dès son entrée en ce monde, une espèce d’illumination. J’insiste beaucoup là-dessus parce que cela se trouve dans l’évangile de Jean. Cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, nous n’y sommes pour rien et nous ne sommes pas libres de la refuser.


En général, et même chez les catholiques, on comprend mal cela. Pourtant, si l’homme n’était pas de quelque façon déterminé à être sauvé, il ne pourrait pas l’être. Les existentialistes ont dit comme les gnostiques que nous étions déterminés à être libres. Sartre éclaire le point de vue de certains gnostiques lorsqu’il dit que nous sommes condamnés à la liberté, à une certaine liberté. Précisément, l’être et le néant, c’est le fondement même de toutes les gnoses.


La gnose est une connaissance de l’être et du non-être.


 Claudine Brelet-Rueff : Les gnostiques sont-ils pessimistes ?


 René Nelli : Non, car ils savent qu’il est nécessaire que la création divine passe par un stade d’inachèvement parce qu’il faut que l’être fasse l’expérience du néant et s’en libère. Tant que l’être n’a pas évacué son néant, tant qu’il n’a pas transcendé ce néant, il lui reste soumis.


Selon les cathares et les manichéens, nous sommes des êtres divisés, écartelés, faussement libres et dans le mal. Le but à atteindre est donc de retrouver cette unité, cette libération qui est l’impossibilité de faire le mal et non plus le libre arbitre qui est une erreur. Comment les hommes ne comprennent-ils pas que le libre arbitre est sottise et que la seule chose qui importe, c’est d’être libéré, c’est-à-dire de ne pas pouvoir faire le mal ? D’après les cathares, nous n’atteignons cette impossibilité qu’après de nombreuses incarnations.


Claudine Brelet-Rueff : Comment définiriez-vous le gnostique moderne ?


René Nelli : Je verrais précisément un homme qui croirait que l’être est connaissable, parce que cet être est la pensée. Ce serait l’homme qui essaierait d’interpréter la pensée universelle inconsciente par sa conscience. Ce serait l’homme qui croit aux degrés de l’être (Guénon par exemple !), car ces degrés me semblent le fondement essentiel de la pensée gnostique. S’il n’y a pas degrés de l’être, il n’y a pas de dieu. S’il n’y a pas de tels degrés, on ne comprend pas ce que vient faire le néant. Créer les degrés dans l’être, c’est un mélange de noir et de blanc. Le gnostique moderne, c’est d’abord ça. Ce n’est donc pas un optimiste comme le sont à peu près tous les religieux. Ce serait un homme qui prônerait sa vie par la connaissance et, là, ce gnostique moderne serait peut-être un scientifique… Il ne peut être qu’un homme de science, mais en même temps un philosophe. Pour qu’il ne sombre pas dans le rationalisme discriminatoire. Sans décréter a priori qu’il existe des choses connaissables, parce qu’elles sont rationnelles, et des choses inconnaissables, parce que irrationnelles, ce qui est une attitude antignostique et antiscientifique. Le gnostique moderne est un homme (ce qui peut aussi vouloir dire une femme, bien entendu !) qui se penche sur le monde extérieur, sous toutes ses formes, y compris les phénomènes supra-normaux… qui, peut-être aussi, s’intéresse à lui-même. Je trouve qu’on oublie vraiment trop le principe de Socrate : «  Connais-toi toi-même. »




La Philosophie du catharisme

  

Photo : le château de Montségur, haut lieu de la résistance cathare.

mardi, janvier 04, 2011

Super pouvoirs


Les bénéficiaires de pouvoirs paranormaux vivent leurs dons soit comme une malédiction soit comme une bénédiction. Dans un cas comme dans l'autre, ils ont toujours été montrés du doigt, et ce depuis l'aube de l'humanité.


Super Héros


« Super Héros » est un documentaire réalisé par Dimitri Grimblat, dévoilant la vie de personnes ordinaires aux pouvoirs extraordinaires.


Dans le documentaire, Jean-Pierre Girard, célèbre télékinésiste, ne cache pas qu’il a participé à un programme financé par la CIA visant à maîtriser l’influence à distance. 


Les super pouvoirs


« En vérité, ces dons sont strictement liés à un fonctionnement également paranormal de l’une ou l’autre des glandes endoctrines (glandes pinéale, thymus), qui , chez le commun, stoppent leur croissance pendant ou après la puberté. La croyance populaire précise que certains dons se transmettent par l’hérédité, ce qui devient plausible si l’on admet leur lien avec le système glandulaire. […]


La fonction psychosomatique des glandes endocrines, c’est-à-dire à sécrétion interne, n’est plus guère discutée. De leur côté, les experts du yoga recherchent les rapports précis qui les relient aux chakram. A leur yeux, ces glandes sont à la fois le premier et le dernier relais entre la réalité biologique et la surréalité psycho-spirituelle. C’est à travers elles qu’un psychisme malade s’épurera par le physique, y « alchimisant » ses poisons en intoxication matérielle – et, peut-être, vice versa ! Les Anciens (notamment les Etrusques) voyaient dans le foie une « porte des enfers » au point de se servir de foies d’animaux dans la divination : le foie et des rites appropriés attireraient des ombres mortes dont il serait possible de tirer un oracle utilitaire. L’abus de la médiumnité du niveau du spiritisme sclérose le foie. Les ombres de cimetières, en état latent de décomposition psychique, contaminent évidemment le médium, et les fluides pourris se condenseront en humeurs nocives, au niveau du foie. Le pancréas jouerait un rôle analogue, mais par rapport à un autre secteur de la surréalité, moins ambigu – celui du double. Les fonctions de cette glande, endocrine et exocrine, ne sont pas toutes connues, justement parce que son fonctionnement touche autant, sinon davantage, le double éthérique que le corps biologique. Les personnes dotées de télépathie de double à double, une télépathie magnétique, centreraient cette faculté sur le pancréas et le chakra de l’émotivité. Mais la perception médiumnique de double à double et de personne à personne, faculté propre aux « voyantes » n’usant pas de « supports » (cartes, Tarot), serait aussi tributaire du complexe glande thyroïde et thymus. La croissance de la première de ces glandes se ralentit après la puberté, celle de la seconde s’éteint. Or, des écoles britanniques de parapsychologie démontrent qu’une reprise de croissance de ces glandes endocrines à rôle transitoire se répercutera en un élargissement du champ de la perception et en une éventuelle éclosion de pouvoirs paranormaux. Le cas aussi de l’épiphyse ou glande pinéale, sorte de « troisième œil » en puissance. Stimulée, cette glande illumine l’intérieur du front, lampe et œil en même temps, et autorise une vision qui englobe même les « annales akashiques ». Certaines glandes endoctrines jouent un rôle déterminant dans la captation plus intensive du prâna. »   


Jean Louis Bernard


MK-ULTRA de la CIA (manipulation mentale par l'injection de substances psychotropes) ou étrange cas de folie.


La résistance surhumaine de deux suédoises, sœurs jumelles, est filmée lors d’un accident. Leur comportement soulève beaucoup d’interrogations.  


Cette vidéo contient des images qui peuvent choquer 


Les deux femmes se sont rétablies depuis




Isabelle commente la scène dans son blog :


« Deux sœurs jumelles sont captées par vidéo surveillance sur une autoroute en Angleterre.  Elles attirent le regard du contrôleur puisqu'elles se dirigent dans le trafic à pied et l'une d'elle se fait frapper par une voiture.  Des équipes d'urgence sont tout de suite dépêchées sur les lieux. À leur arrivée, des policiers interceptent les deux sœurs et tentent d'avoir une conversation avec elles lorsque soudain, l'une des deux blondes quitte l'accotement pour s'engager en courant sur l'autoroute où elle se fait frapper, à nouveau, par une voiture.  L'impact est très fort, la vitre avant de la voiture est très endommagée et la jumelle est inerte au sol.

Ce qui est encore plus étonnant et dramatique, c'est qu'au même moment où la jumelle s'élance sur l'autoroute pour se faire percuter par un véhicule, sa sœur se dirige elle aussi dans la même direction et elle roule sous les roues d'un camion de marchandises !

Et ce n'est pas fini...

Des policiers et passants sécurisent les lieux et sont au chevet des deux femmes en attendant les secours ambulanciers.  Les conducteurs des véhicules impliqués sont visiblement sous le choc.  La circulation a été évidemment arrêtée puisque les deux femmes gisent sur la route.

Des intervenants s'affairent à donner les premiers soins aux jumelles, elles semblent inconscientes l'une à proximité de l'autre.  Tout à coup, la première s'agite et veut se lever.  Les policiers tentent de la raisonnner et tentent de la garder au sol.  Au même moment, sa sœur s'agite elle aussi, sortant subitement de son état d'inertie, elle se lève et elle frappe très violemment la policière qui veut la retenir, au point qu'elle est projetée à terre.  Elle fuit les lieux et se lance dans l'autre voie rapide de l'autoroute!  Elle court avec une aisance incompréhensible... 

Les policiers réussissent à l'intercepter, à lui mettre les menottes, mais la force de son combat nécessite l'intervention de 6 hommes pour la maîtriser.  Un des policiers dira plus tard qu'elle avait une force phénoménale...

Les sœurs ont été finalement transportées à l'hôpital et des accusations ont été portées contre elles.  L'histoire ne nous dit pas ce qu'elles sont devenues ni ce qui explique de leurs étranges comportements. »


Source






lundi, janvier 03, 2011

L’occultisme est la métaphysique des imbéciles





L’occultisme est la métaphysique des imbéciles. La médiocrité des médiums est aussi peu le fruit du hasard que le caractère apocryphe, inepte de ce qu'ils révèlent. Depuis les premiers jours du spiritisme, l'au-delà n'a rien communiqué de plus significatif que les saluts de la grand-mère défunte ou l'annonce d'un voyage imminent. La justification que l'on donne en prétendant que le monde des esprits ne pouvait pas communiquer plus à la pauvre raison des hommes que celle-ci n'est capable d'en recevoir, est tout aussi absurde, une hypothèse auxiliaire du système paranoïaque : le lumen naturelle est tout de même allé plus loin qu'un voyage chez la grand-mère et si les esprits ne veulent pas en prendre note, ils ne sont que des lutins mal élevés qu'il vaut mieux cesser de fréquenter. Le contenu platement naturel du message surnaturel trahit sa fausseté. Tandis que, dans l'au-delà, ils cherchent ce qu'ils ont perdu, ils n'y rencontrent que leur propre nullité. Pour ne pas perdre le contact avec la grise quotidienneté où ils se trouvent parfaitement à leur aise comme réalistes impénitents, le sens auquel ils se délectent est assimilé par eux à tout ce qui n'a pas de sens et qu'ils fuient. La magie douteuse n'est pas différente de l'existence douteuse qu'elle illumine. C'est pourquoi elle rend les choses si faciles aux esprits prosaïques. Des faits qui ne se distinguent d'autres faits que parce qu'ils n'en sont pas, sont appelés à assumer leur rôle dans la quatrième dimension. Leur seule qualité occulte est leur non existence. Ils fournissent une vision du monde aux esprits faibles. Les astrologues et les spirites ont une réponse rapide et brutale pour chaque question, elle ne résout rien en fait, mais par une série d'affirmations crues, elle soustrait chacune à toute solution. Leur domaine ineffable présenté comme le modèle de l'espace a aussi peu besoin d'être pensé que des chaises ou des vases. Voilà qui renforce le conformisme. Rien ne plaît davantage à ce qui existe que le fait qu'exister doit avoir un sens. 


Theodore W. Adorno, « Minima Moralia ». 




Minima Moralia


Minima Moralia est, selon Habermas, un chef-d’œuvre. Entre les moralistes français, Marx et les romantiques allemands, Adorno entreprend, à travers de courts chapitres, vignettes, instantanés, une vaste critique de la société moderne, pourchassant, au plus intime de l’existence individuelle, les puissances objectives qui déterminent et oppriment celle-ci. 
Ce livre, qu’il convient d’étudier comme une somme, est à accueillir comme un art d’écrire, à méditer comme un art de penser et à pratiquer comme un art de vivre. Mieux : un art de résister.


Theodore W. Adorno (allemand, 1903-1969) Musicien de formation, sociologue et musicologue, philosophe juif chassé par le nazisme et réfugié aux États-Unis, membre de l'École de Francfort. Penseur antifasciste soucieux de réfléchir aux conditions d'une révolution sociale qui fasse l'économie de la violence.

Photo : "Les paroles des oracles en transe jouent depuis longtemps un rôle crucial dans la politique tibétaine et cela continue aujourd'hui encore à Dharamsala. De fait, ces oracles jouissent d'une telle vénération que Néchung, l'oracle d'état, occupe aujourd'hui le rang de ministre adjoint du gouvernement tibétain en exil."  
Une Grande Imposture, p. 103.

samedi, janvier 01, 2011

Les vœux de résistance de Stéphane Hessel





A 93 ans, Stéphane Hessel est le plus jeune d'entre nous par la vitalité de son engagement et sa force d'espérance. Né à Berlin en 1917, immigré en France en 1925, naturalisé en 1937, prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941. Résistant, agent de liaison au BCRA, il est arrêté en France en 1944, puis déporté, notamment au camp de Dora, où il échappera de justesse à la pendaison. Diplomate à partir de 1945, ambassadeur de France, il fera de la question des droits de l'homme son combat sans partage ni relâche, comme l'illustre son ferme engagement pour la cause palestinienne. En cette fin d'année 2010, Stéphane Hessel est unanimement célébré comme une sorte d'incarnation de l'exact contraire de cette basse époque que symbolise le sarkozysme. Reprise de son appel lancé lors de la cérémonie annuellement organisée par Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui au plateau des Glières, haut lieu de la résistance et de son martyr, l'exceptionnel succès de librairie d'« Indignez-vous ! » est à lui seul un chaleureux signe d'espoir en cette froidure hivernale.


Ami et soutien de la première heure de Mediapart, Stéphane Hessel a volontiers accepté de présenter ses vœux d'un citoyen résistant à tous «les citoyens et citoyennes qui savent résister». L'enregistrement a eu lieu en son domicile parisien, jeudi matin 30 décembre. Qu'il en soit chaleureusement remercié. Voici donc avec un peu d'avance des vœux de résistance, en quelque sorte nos contre-vœux avant ceux que prononcera, vendredi 31 décembre 2010 au soir, un président aussi discrédité qu'inaudible. Leur texte est en-dessous de la vidéo, et tous deux sont en accès libre. N'hésitez donc pas à les faire circuler, à les envoyer à vos proches et à vos amis, à les transformer en une grande vague d'espérance face à l'inquiétude.



Son discours

Mes chers compatriotes,

La première décennie de notre siècle s'achève aujourd'hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l'Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.

Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l'eau, l'air la terre et la lumière? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.

Les motifs d'indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s'adresse –, c'est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s'indignent aujourd'hui? Je dirais d'abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l'avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s'entendre pour maîtriser l'économie au bénéfice des peuples, même s'ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l'histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d'un commun accord l'autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.

Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s'ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m'écoutent. Qu'ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L'Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu'il est possible d'obtenir.

N'attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.

Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister !


Mediapart 


Indignez-vous !



« 93 ans. La fin n est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d'honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu’au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu’aux acquis bradés de la Résistance, retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu’il appelle à une « insurrection pacifique ».
Sylvie Crossman

mercredi, décembre 29, 2010

Wikileaks : le Dalaï-lama & « Establishment 22 »







Selon Wikileaks, « Establishment 22 », une unité paramilitaire secrète créée au sein de l’armée indienne, recrute des jeunes diplômés dans les écoles des Villages d'enfants tibétains (Tibetan Children's Villages). Les orphelins sont les principales cibles des recruteurs.


L’obligation de rejoindre l’unité paramilitaire « Establishment 22 » était imposée aux jeunes tibétains démunis


Jusqu'à la fin des années 1980, précise un télégramme révélé par Wikileaks, l'appartenance à Establishment 22 était obligatoire pour les jeunes diplômés des écoles des Tibetan Children's Villages (TCV). 
Ces écoles ont été mises en place pour les enfants démunis et les orphelins des communautés de réfugiés tibétains grâce aux dons de l'aide internationale.


L’armée secrète du Dalaï-lama ?


Des Tibétains, qui dénoncent par ailleurs l’intolérance religieuse du Dalaï-lama (proscription du culte de Dordjé Shougdèn), considèrent que le grand prêtre du lamaïsme est le véritable chef d’« Establishment 22 ». En effet, cette unité a incorporé des combattants du Chushi Gangdruk (la guérilla tibétaine). Or le Chushi Gangdruk reconnaissait l’autorité du Dalaï-lama. Quoiqu’il en soit, on peut supposer que le Dalaï-lama n’ignorait pas l’enrôlement obligatoire de milliers de jeunes tibétains dans une unité spéciale de l’armée indienne. Plusieurs centaines de ces jeunes ont donné leur vie dans des opérations frontalières. 


L’origine d’« Establishment 22 » 


Establishment 22 ou le Special Frontier Force (SFF) est une unité paramilitaire de l'Inde, créée dans la période de l'après-guerre sino-indienne comme une force de guérilla composée principalement de réfugiés tibétains dont le principal objectif est de mener des opérations clandestines. 


Le Special Frontier Force (Establishment 22) est basé à Chakrata près de Dehra Dun dans l’Uttar Pradesh. La force est placée sous la supervision directe du Bureau de Renseignement Indien et du Research and Analysis Wing, l'agence de renseignement extérieur de l'Inde.


Après la guerre sino-indienne et vers la fin de 1962, le gouvernement de Nehru ordonne la levée d'une élite de commandos de montagne composée principalement de Tibétains. Le Chushi Gangdruk (la guérilla tibétaine) s’intègre à cette nouvelle unité. (Durant les années 1950, pour lutter contre la présence chinoise au Tibet, la CIA et le Bureau du Renseignement Indien forment des Tibétains à la guérilla avec la bénédiction du 14e Dalaï-lama. Cette force ainsi que plusieurs milliers de nouvelles recrues, principalement des Khampas, rejoignent le Special Frontier Force, Establishment 22).  


Les opérations de l’unité spéciale étaient dirigées contre la Chine dans les années 1960. L’unité fut engagée lors de la guerre indo-pakistanaise de 1971. Elle mena des opérations au Bangladesh et en Birmanie.


Establishment 22 a été utilisé comme force de répression des populations indiennes, notamment durant les émeutes communales du milieu des années 70. Plus tard, l’unité participa à l'opération Blue Star (le massacre du Temple d'Or) de 1984.


Actuellement Establishment 22 est chargé de la lutte contre le terrorisme. Depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme est l’alibi des puissants pour contrôler les populations.   




Western Shugden Society
http://shugdensociety.wordpress.com/
Dalai Lama - wikileaks (part 1, 2 et 3)


Tibetan Children's Villages
http://www.tcv.org.in/home.shtml


The curious case of establishment 22
http://www.hindustantimes.com/The-curious-case-of-establishment-22/Article1-476533.aspx


Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...