mardi, février 08, 2011

Le travail, non merci !


Un ouvrage de Camille Dorival, journaliste à Alternatives Economiques, aux Editions « Les Petits Matins ».


Travailler plus pour gagner (peut-être) plus, travailler le dimanche, travailler plus longtemps… La « valeur travail » voit ses actions grimper plus que jamais ! Un drôle de paradoxe dans une société qui compte quatre millions de chômeurs et où la souffrance s’invite souvent au contrat. A rebours de ce discours, ils sont de plus en plus nombreux à refuser de mettre le travail au centre de leur vie. Ils assument de ne pas travailler, ou le moins possible. Cela ne les empêche pas d’être actifs : ils s’investissent dans des associations, ont une activité créatrice. Corollaire évident : ils consomment moins, ou différemment. Ni flemmards ni profiteurs, ils ont souvent un regard politique sur ce mode de vie. Certains prônent même la décroissance : une frugalité volontaire, un refus de la consommation à outrance, afin de préserver les ressources de la planète. Le livre propose de nombreux portraits de ces objecteurs de travail, et interroge : à quoi sert le travail pour chacun d’entre nous ? Peut-on vivre sans travailler ? Le temps libre est-il condamnable ? Le « revenu d’existence » est-il une utopie réaliste ? Economistes et sociologues (Dominique Méda, Denis Clerc, Alain Lipietz…) apportent leur pierre au débat.


Introduction


Comment peut-on ne pas travailler ?
Encourager « la France qui se lève tôt », soutenir ceux qui veulent « travailler plus pour gagner plus » : chacun se souvient de cet objectif affiché par Nicolas Sarkozy pendant sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007. Il avait alors en ligne de mire toute particulière les « 35 heures » mises en place par les lois Aubry de 1998 et de 2000, qui selon lui avaient une fâcheuse tendance à décourager le travail.


Quelques mesures furent prises par la suite, visant à faciliter le recours aux heures supplémentaires ou à assouplir les possibilités de travail le dimanche. Elles furent présentées comme réclamées par les travailleurs, alors qu’elles avantageaient surtout les patrons. Mais force est de constater que, en réalité, le démantèlement annoncé des 35 heures n’a jamais eu lieu, même si l'UMP est revenue sur le sujet en janvier 2011. Sans doute était-il absurde de remettre en cause une législation qui a permis de créer au moins 350 000 emplois nets, selon l’Insee. Sans doute était-il risqué, aussi, de revenir sur une mesure si populaire, notamment parmi les femmes – puisque ce sont encore essentiellement elles qui s’occupent des enfants – pour leur avoir permis de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. La réduction du temps de travail était également plébiscitée parmi les cadres (mais pas seulement), qui y ont souvent gagné un grand nombre de jours de congés. Autant d’électeurs potentiels que le chef de l’État ne voulait pas décevoir… Il n’empêche : la droite a rebattu les oreilles des Français de ses discours sur la « valeur travail ». La France semblait alors divisée en deux d’un côté, ceux qui travaillent et veulent toujours travailler plus ; de l’autre, les tire-au-flanc, les paresseux, ceux qui sont heureux d’être aux 35 heures… ou au chômage !


La crise économique qui a éclaté en 2008 a considérablement changé la donne, car elle a eu d’importantes répercussions sociales. Face à la baisse de leur activité, les entreprises ont d’abord diminué leur recours aux emplois temporaires. Le nombre de postes d’intérimaires a ainsi chuté de 236 000 entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009. La situation ne s’améliorant pas, les entreprises ont eu massivement recours au dispositif de chômage partiel, qui leur permet d’éviter les licenciements : les salariés arrêtent de travailler et touchent en compensation une indemnité cofinancée par l’État et les employeurs. Les licenciements de personnel permanent se sont néanmoins multipliés. Si bien que le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégories A, B ou C a augmenté de près de 900000 personnes entre juillet 2008 et juillet 2010. Parmi les premiers concernés : les jeunes, mais aussi les seniors et les travailleurs les moins qualifiés.


Ces évolutions auraient pu infléchir nettement la politique du gouvernement. Mais c’était compter sans l’inflexibilité et la détermination du Président. Quoi qu’il advienne, continuait-il d’asséner, il faut permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus ! Cette proposition aurait sans doute reçu l’assentiment d’un certain nombre de chômeurs si elle revenait à leur proposer des emplois. Mais, en réalité, elle visait surtout les individus déjà en emploi, accentuant ainsi le clivage entre insiders – les salariés en CDI à temps plein, à qui on propose en plus des heures sup’ – et les outsiders – les précaires, les chômeurs, qui pour la plupart aimeraient « travailler plus pour gagner plus » mais n’en ont, dans les faits, pas la possibilité.


Avec la réforme des retraites adoptée en octobre 2010, de même, le gouvernement exige que chacun d’entre nous travaille plus longtemps. Mais qu’adviendra-t-il des nombreux seniors écartés du marché du travail avant 60 ou 62 ans ? Dans les faits, ils resteront dans la précarité (le chômage, la préretraite, l’invalidité, etc.) plus longtemps, devant attendre deux années supplémentaires pour pouvoir enfin liquider leurs droits à une pension de retraite… Là encore, la dualisation du marché du travail progresse.


À bas la « civilisation des loisirs » !


Depuis 2007, quel que soit le niveau du chômage, l’heure est donc à la dénonciation d’une « civilisation des loisirs ». Même le revenu de solidarité active (RSA), imaginé par ses concepteurs comme un instrument de lutte contre la pauvreté laborieuse, fut présenté par Nicolas Sarkozy comme un outil visant à « inciter les chômeurs à reprendre un emploi ». La « valeur travail » a été érigée en religion officielle du gouvernement. Le temps libre est devenu honteux. Ce discours aux relents culpabilisateurs et punitifs n’est pas sans rappeler des considérations d’une autre époque. Il reprend la distinction qu’on opérait jusqu’au 19ème siècle entre le « bon pauvre » (celui qui ne pourrait pas travailler même s’il le souhaitait : l’invalide, la personne âgée, la mère isolée) et le «mauvais pauvre » (celui qui a les capacités de travailler et pourtant ne le fait pas : les vagabonds « irresponsables et fainéants »). La Bible ne dit-elle pas d’ailleurs : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » ? Vous ne travaillez pas ? Soit. Mais assumez votre différence, et ne faites pas porter le fardeau de vos « choix » à la société. 


Au début du 21ème siècle, le contexte n’est pourtant pas le même qu’au 19ème siècle. D’abord parce que, depuis quarante ans, le chômage n’est jamais passé sous la barre des 7 % en France. Les chômeurs sont donc nombreux et subissent leur situation bien plus souvent qu’ils ne la choisissent. 


Mais aussi parce que, depuis la fin du 19ème siècle, une protection sociale généralisée a été progressivement mise en place dans l’Hexagone comme dans la plupart des pays développés. Cette protection sociale couvre les individus contre les risques principaux qu’ils courent, et notamment contre le risque d’absence de travail et le risque de pauvreté. L’assurance chômage est née en 1958 pour permettre aux travailleurs subissant le chômage de toucher une allocation de manière transitoire. Le revenu minimum d’insertion (RMI) a été créé en 1988 parce que l’on considérait que la société était devenue incapable de fournir un emploi stable à tous et de permettre à chacun de vivre dignement de son travail. Il fallait donc éviter aux Français de tomber dans l’extrême 
pauvreté s’ils perdaient leur emploi.


À vrai dire, le discours sur la valeur travail peut interpeller les esprits. Que signifie-t-il dans un contexte de crise profonde, de pénurie d’emplois, qui dure depuis les années 1970 ? Beaucoup de gens aimeraient travailler plus, ou travailler tout court, mais ne parviennent pas à accéder à l’emploi de qualité. Que signifie ce discours dans un contexte où les conditions de travail et d’emploi se sont continûment dégradées depuis quarante ans, où le travail est souvent vécu comme une peine, une souffrance, soulignant le sens étymologique du mot (« travail » provenant du latin tripalium, un instrument de torture) ? Que signifie-t-il enfin dans un contexte où, peut-être justement parce que les conditions d’emploi et de travail se dégradent, les Français aspirent de plus en plus à avoir une vie à côté du travail, à bénéficier de temps supplémentaire à consacrer à leur famille, leurs amis, leur vie associative, leurs loisirs ?


Le « choix » du non-travail


Tenant compte de tous ces éléments, nos compatriotes sont un certain nombre à ne pas travailler et à présenter leur situation comme un choix. En fait, dans bien des cas, leur non-travail est une manière de composer avec la réalité plutôt qu’un choix réel : rejetés par le marché du travail, ces individus préfèrent penser – pour ne pas trop souffrir de leur situation — que ce sont eux qui ont fait le choix de rejeter le monde du travail.


C’est le cas d’un certain nombre de femmes au foyer, par exemple. Celles-ci mettent leur vie professionnelle entre parenthèses plus ou moins longuement, parfois définitivement, pour pouvoir élever leurs enfants. Leur situation, souvent présentée comme choisie, est en fait liée à un enchevêtrement complexe de circonstances souvent subies (difficulté de conciliation vie professionnelle-vie privée, manque de services de garde pour les jeunes enfants, précarité des emplois accessibles sur le marché du travail, etc.), qui les amènent au « choix » de l’inactivité. De la même manière, un certain nombre de préretraités ou de chômeurs âgés renoncent définitivement à chercher du travail. Mais c’est souvent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement (1).


Le non-travail concerne tout un tas d’autres personnes aux profils extrêmement variables : chômeurs de longue durée découragés, travailleurs usés, mais aussi « militants du temps libre » ou partisans de la décroissance. Rebutés par le monde du travail, ou lui préférant le loisir, ils s’en retirent parce qu’ils n’ont plus la force de se battre pour retrouver un emploi digne, arguant parfois qu’ils ne veulent pas « perdre leur vie à la gagner ». Quitte à devoir se contenter d’un revenu restreint ou de la « débrouille » pour vivre. Ne soyons pas naïfs cependant : il est extrêmement difficile de vivre avec 467 euros par mois (le montant maximal du RSA socle pour une personne seule). Aussi, ceux qui font le choix d’arrêter de travailler sont le plus souvent des personnes qui ont d’autres revenus que ceux du travail ou des minima sociaux – même modestes –, ou qui ont un réseau social ou familial qui leur permet par exemple d’être logés gratuitement.


Combien font le « choix » du non-travail au total ? Les seules statistiques pouvant nous donner des 
pistes sur leur nombre sont celles sur les inactifs en âge de travailler – hors étudiants et retraités – données par l’Insee. Ces inactifs représentent 4,6 millions de personnes en 2002, soit 12 % de la population en âge de travailler (contre 20 % en 1975) (2). Ils sont en moyenne plus âgés et moins diplômés que les actifs. Un quart d’entre eux n’a jamais travaillé. 79 % sont des femmes : on peut donc supposer que ce sont en très grande majorité des mères au foyer. 


13 % seulement de l’ensemble de ces inactifs dit vouloir travailler. Les 87 % restants sont-ils satisfaits de leur sort ou font-ils « avec » leur situation ? Les statistiques ne le disent pas. Un certain nombre de ces inactifs sont invalides, malades ou préretraités. Parmi les autres, on peut imaginer que beaucoup sont des chômeurs découragés ayant perdu tout espoir de retrouver un jour du travail.


D’autres personnes, elles, sont comptabilisées comme chômeuses (donc considérées comme actives) mais, de fait, ne recherchent pas d’emploi. Là aussi, les chiffres sont difficiles à évaluer : en général, ces personnes n’indiquent pas qu’elles ne cherchent pas d’emploi, afin de pouvoir toucher (temporairement) l’allocation chômage, ou simplement pour ne pas avoir d’ennuis avec une administration tatillonne. Mais, contrairement à ce que soutient l’analyse économique libérale, les études qui ont été menées sur ce sujet montrent que ces « chômeurs volontaires » représentent une très infime partie de l’ensemble des demandeurs d’emploi.


Une société où le travail est la norme


Malgré leurs profils variables, ces personnes ont toutes un point commun : elles se démarquent dans une société où le travail est devenu la norme, où il est difficile de vivre sans, parce que l’emploi est le principal pourvoyeur de revenus, mais aussi parce qu’il est un important facteur d’identité et de reconnaissance par les autres. Ils se démarquent dans une société où le chômeur est culpabilisé, où le non-travail apparaît comme un choix illégitime, moralement condamnable. « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », affirme le préambule de la Constitution française de 1946 (3). Aujourd’hui, on semble pourtant oublier l’idée de « droit au travail » – de moins en moins effective pour un certain nombre de nos concitoyens – pour se concentrer essentiellement sur la dimension de « devoir ». Puisque tu vis parmi nous, tu dois accepter de donner ta part ; mais pas n’importe comment : le travail bénévole, le temps passé avec les autres ne comptent pas ; seule l’activité rémunérée est valable. Et si tu ne parviens pas à accéder à l’emploi, c’est certainement que tu y es un peu pour quelque chose !


L’attitude des Français vis-à-vis de ce « choix » du non-travail est ambivalente. D’un côté, ils stigmatisent ceux qui ne veulent pas travailler tout en les enviant au moins un peu ; de l’autre côté, ils n’imaginent pas qu’on puisse être un « chômeur heureux » : tout chômeur normalement constitué est forcément un être torturé, contrit, dont le seul salut serait l’accès à l’emploi.


Le but de ce livre n’est pas de juger les choix faits par les uns et les autres. À travers une série de portraits d’hommes et de femmes qui, volontairement (c’est du moins ce qu’ils soutiennent), ne travaillent pas – ou très peu –, il s’agit plutôt de comprendre ce qui les a amenés à faire ces choix et par là même de s’interroger sur la finalité du travail, le sens et la place qu’on doit lui accorder dans notre société actuelle.


Au fond, le travail constitue-t-il une fin en soi, une valeur à défendre car elle serait en danger ? Ou le travail n’est-il qu’un moyen d’arriver à certains objectifs : avoir des revenus, un statut social, etc.? Dans ce cas, étant donné l’enrichissement progressif de notre société et les gains de productivité réalisés d’année en année, n’est-il pas légitime que la place du travail soit amenée à se réduire pour permettre à chacun d’avoir plus de temps à consacrer à d’autres sphères de la vie.




1) Cette considération n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de supprimer le dispositif de « dispense de recherche d’emploi » qui permettait aux chômeurs âgés de plus de 57 ans de ne pas avoir à chercher d’emploi sans encourir de sanction.
2) Voir Olivier Chardon, « De moins en moins d’inactifs entre la fin des études 
et l’âge de la retraite », Insee Première, n° 872, décembre 2002.
3) Le droit au travail est également affirmé dans la Constitution de 1958.


Le travail, non merci ! 








Camille Dorival est responsable de la rubrique sociale au magazine Alternatives Économiques. Elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Les portraits de ce livre ont été réalisés en collaboration avec Alexandre Lévy, journaliste à Courrier international. 
Bernard Gazier, auteur de la préface, est économiste, professeur à l’université de Paris-1 et auteur de L’Introuvable sécurité de l’emploi (Flammarion, 2006).


Source de l'extrait :
http://www.lespetitsmatins.fr/noscollections/fichecollection.php?id_livre=82&cat=4

lundi, février 07, 2011

Raspoutine et les Centuries noires






Au début du 20ème siècle, deux dignitaires de l’Eglise orthodoxe, membres des Centuries noires, introduisent à la cour impériale un mystérieux prêtre à la réputation sulfureuse surnommé Raspoutine (« le débauché »). L’homme, à l’allure inquiétante, a été durant sa jeunesse membre des « khlystis », une secte religieuse secrète dont les adeptes pratiquaient des rites orgiaques. Il émane de lui un charisme exceptionnel qui fascine tous ceux qui l’approchent. C’est ce don que comptent exploiter les Centuries noires afin d’imposer leurs idées au plus haut niveau. Effectivement, Raspoutine sait vite se montrer indispensable auprès du tsar Nicolas II : conseiller, voyant, il pratique en outre l’hypnose par lequel il soigne à divers reprises le tsarévitch Aléxis atteint d’hémophilie. Toutefois ses mœurs qui défraient la chronique – on lui prêtre une relation avec la tsarine -, son influence grandissante dans la vie politique, sa cupidité et son égoïsme le rendent finalement indésirable aux yeux de ses protecteurs. En 1916, les Centuries organisent son assassinat. Empoisonné, criblé de balles, il est jeté dans la Neva. Celui que l’on prenait parfois pour le diable était mort d’avoir trop bien joué son rôle. 
« Les sociétés secrètes ».




Lire le post L’Okhrana et les Centuries noires « inventent » le complot mondial :
http://bouddhanar.blogspot.com/2011/02/le-complot-mondial.html






Histoire des droites en Russie. 
Des Centuries noires aux nouveaux extrémistes.
Walter Laqueur.





Le complot mondial



Le conspirationnisme, très en vogue sur Internet, véhicule souvent des idées réactionnaires, nationalistes, xénophobes… Tout ce qui divise les populations et favorise la domination des possédants est exploité par des officines spécialisées.  


Les services secrets sont les experts de la manipulation. Les « révélations » d’agents de la CIA ou de prétendus initiés de sociétés secrètes, qui ne cessent de se multiplier sur le web, doivent nous inciter à la méfiance. La dictature de l’argent, à l’instar de l’ancienne autocratie russe, tente de freiner sa chute par tous les moyens ; et le web est l’outil de désinformation par excellence… 


L’Okhrana et les Centuries noires « inventent » le complot mondial


« Pour lutter contre les groupes terroristes clandestins qui menacent la Russie, le pouvoir tsariste va employer les mêmes armes que ses ennemis en se dotant d’une police secrète redoutable et particulièrement efficace.


Le 13 mars 1881, le tsar Alexandre II traverse les rues de Saint-Pétersbourg dans son fiacre quand une bombe explose, blessant les cocher et l’attelage. Miraculeusement indemne, le souverain parvient à s’extraire du carrosse. A cet instant, un homme sort de la foule et lance à son tour une bombe aux pieds du tsar. La violence de l’explosion est telle que ses jambes sont soufflées sous le choc ; il meurt alors qu’on tente de le ramener au palais d’Hiver… Après une enquête menée tambour battant, les assassins sont démasqués : il s’agit des membres d’une association terroriste secrète : la « Volonté du peuple ». Aussitôt jugés et reconnus coupables, ils sont pendus dans les mois qui suivent l’attentat. C’est dans ce contexte dramatique que le nouveau tsar, Alexandre III, décide de réorganiser l’ensemble des services de renseignement russes qui, jusque là, dépendaient de la troisième section du ministère de l’Intérieur. Il leur substitue une police spéciale, secrète, l’Okhrana.


Des techniques nouvelles


Cette police innove en adoptant un parti pris de scientificité. Ses membres sont recrutés avec le plus grand soin, et il leur faut maîtriser tant les disciplines de combat que le ski, mais aussi l’art du déminage. On fiche méticuleusement leurs aptitudes physiques et intellectuelles afin de pouvoir les employer de la manière la plus efficace en fonction des missions qu’il leur faudra accomplir. En outre, tous les membres de l’Okhrana sont astreints à un enseignement rigoureux au cours duquel ils se familiarisent avec les « sciences » politiques. Pas un groupe, pas un réseau, pas un courant d’idées qui ne leur soient bientôt familiers. Le risque terroriste nécessitant de nouvelles méthodes de lutte, ils travaillent à partir des photos de membres présumés de ces groupes, constituent un fichier méthodique, analysent chacun des attentats… L’Okhrana va surtout se distinguer par le recours redoutablement efficace aux agents doubles, seul moyen pour cette police secrète de déjouer les intrigues des groupes clandestins. L’un des meilleurs agents de l’Okhrana s’appelle Roman Malinovski. Il parvient à se glisser dans les rangs du syndicalisme et à se faire élire député à l’Assemblée, la Douma, en 1912. Il côtoie Lénine, défend publiquement les idées bolcheviques alors qu’en sous-main, il alimente les services de renseignements d’une foule de rapports concernant les agissements des groupes révolutionnaires qu’il a infiltrés. Des appointements importants permettent de s’assurer la fidélité de ces agents. Au fil des années toutefois, l’organisation tend à devenir un Etat dans l’Etat qui use des moyens de ses ennemis. Ainsi, indisposée par les réformes jugées trop libérales du Premier ministre Stolypine, elle commandite son assassinat en 1911…


L’invention du « complot mondial »


C’est également au sein de l’Okhrana qu’est sorti le faux le plus tristement célèbre du 20ème siècle : « Les Protocoles des Sages de Sion ». Le document est édité en Russie en 1903 mais il provient de l’antenne française de l’organisation, dirigée par Pierre Ivanovitch Ratchkovsky. Ce dernier est, par ailleurs, membre d’une autre organisation secrète, réactionnaire, xénophobe et antisémite : les Centuries noires. Celle-ci s’est donné pour but de défendre l’Empire russe contre toute évolution libérale. Depuis l’assassinat d’Alexandre II, des vague de pogroms ont déferlé dans l’Empire ; les Juifs sont des boucs émissaires commodes car ils n’ont aucun moyen de se défendre. L’Okhrana et les Centuries noires cherchent à justifier cet antisémitisme en diffusant le texte des Protocoles. Ce document, censé avoir appartenu à un haut dignitaire maçonnique, affirme qu’un complot fomenté par un groupe secret composé de Juifs s’apprête à dominer le monde en infiltrant tous les organes de pouvoir. Il se serait mêlé à la franc-maçonnerie pour mieux passer inaperçu. Bien que le livre ne soit qu’un tissu de mensonges et d’élucubrations, il connaît vite un énorme succès. La thèse du complot judéo-maçonnique s’installe pour longtemps dans les esprits européens. Et bien que ni l’Okhrana ni les Centuries noires ne survivent à la tourmente de 1917, elles auront légué le fantasme criminel d’une société secrète imaginaire. »
Les sociétés secrètes





dimanche, février 06, 2011

Les sept livres de philosophie les plus commandés







L'Art d'avoir toujours raison


Simple technique de controverse ou méthode rigoureuse de recherche de la vérité ? Au moment où Hegel achève de construire l'un des plus beaux systèmes philosophiques, tout entier dédié à l'étude de la dialectique en tant que structure de la pensée et de la réalité, Schopenhauer, dans ses cours (non publiés) de l'université de Berlin, ramène cette dernière à peu de choses : trente-huit stratagèmes pour terrasser tout contradicteur, que l'on ait raison ou tort. Pure "escrime intellectuelle", "organe" de la perversité naturelle de l'homme, outil de la déloyauté dans la dispute… On a pu reprocher à Schopenhauer ses lectures par trop réductrices d'Aristote, ou de Kant. Le très intelligent essai de Franco Volpi, qui suit le texte du philosophe allemand (pour ne pas lui donner tort ?), nous décrit avec une efficacité rare les raisons de ces reproches. Mais par-delà le débat philosophique sur le statut de la logique dans la recherche de la vérité, par-delà les querelles des différentes écoles (Aristote/Platon, Kant/Hegel…), qui nous sont résumées ici avec précision, Volpi nous invite à d'autres conclusions. Aux trente-huit stratagèmes succède un Supplément aux premières pages, immédiatement suivi d'un Second supplément, que pressent des Notes sur les premières pages, puis des Notes sur les pages 11 et 12, un nouveau Supplément à la page 11, et enfin une Note sur la page 70… Où chercher la raison de cette impossibilité à conclure ? L'art d'avoir toujours raison manquerait-il donc d'assurance ? Par-delà l'inscription de la raison dans ses formes savantes, de quoi Schopenhauer veut-il tant nous rendre les témoins ? De la condition de l'homme moderne, tout simplement. La possibilité qui nous est offerte d'avoir toujours raison est tout de même moins celle de pouvoir parler pour ne rien dire, que celle d'entraîner la parole à masquer la pensée. Non pas la philosophie, mais le versant de l'aveu. Localiser le site de l'existence humaine. Qu'il y ait toujours à dire et si peu, et que ce dire soit toujours en excédent ou en reste de ce qu'il vise, "…ça qu'est bien avec les mots", comme l'écrira bien plus tard Beckett.






Introduction à la pensée complexe


Commentaire d’un lecteur : « Edgar Morin possède cette capacité de nous permettre de poser le problème de la confusion dans laquelle nous naviguons. A partir des problématiques scientifiques, il nous permet de poser des points de repère dans la complexité. Ses définitions sont précises et claires. 
Son humilité est grande aussi; puisqu'il l'écrit: la complexité est un mot problème et non un mot solution. 
Cet ouvrage permet de sortir des pensées simplifiantes et simplificatrices, voire lénifiantes. 
Un ouvrage d'hygiène intellectuelle et de profondes réflexions. 
A lire, à méditer.. »






Le philosophe nu


Comment vivre plus librement la joie quand les passions nous tiennent ? Comment oser un peu de détachement sans éteindre un coeur ? Eprouvé dans sa chair, Alexandre Jollien tente ici de dessiner un art de vivre qui assume ce qui résiste à la volonté et à la raison. Le philosophe se met à nu pour ausculter la joie, l'insatisfaction, la jalousie, la fascination, l'amour ou la tristesse, bref ce qui est plus fort que nous, ce qui nous résiste... Convoquant Sénèque, Montaigne, Spinoza ou Nietzsche, il explore la difficulté de pratiquer la philosophie au coeur de l'affectivité. Loin des recettes et des certitudes, avec Houei-neng, patriarche du bouddhisme chinois, il découvre la fragile audace de se dénuder, de se dévêtir de soi. Dans l'épreuve comme dans la joie, il nous convie à renaître à chaque instant à l'écart des regrets et de nos attentes illusoires. Cette méditation inaugure un chemin pour puiser la joie au fond du fond, au plus intime de notre être.






Surveiller et punir


Depuis le Siècle des lumières, les progrès de la raison et de la science auraient contribué à l'émancipation de l'humanité. Michel Foucault récuse ce lieu commun : il conçoit la modernité comme l'âge des sociétés disciplinaires, l'âge des prisons où, à l'instar de l'école et de l'armée, on enferme pour redresser.
Les sciences de l'Homme (sociologie, psychologie, psychiatrie) elles-mêmes constituent l'instrument privilégié de ce nouveau pouvoir disciplinaire. L'homme devient objet de science pour être mieux assujetti. Derrière le désir désintéressé de savoir, Foucault décèle une volonté de pouvoir. Si le projet d'un Descartes à l'âge classique était de "nous rendre comme maître et possesseur de la nature" grâce aux progrès de la physique, l'ambition implicite des sciences humaines serait de nous rendre maître de l'homme.
L'analyse des techniques modernes d'assujettissement - notamment en prison, institution type où se révèle cette articulation savoir/pouvoir - est ici étayée par de nombreux documents d'archives qui confèrent à cet ouvrage un intérêt historique aussi bien que philosophique. Paul Klein






Sartre et la violence des pauvres


Dans un texte aujourd'hui tenu à l'écart de ses oeuvres complètes, Sartre prend position en faveur du terrorisme suite à l'attentat, en septembre 1972, aux Jeux Olympiques de Munich, d'un commando palestinien contre des athlètes israéliens : " C'est une arme terrible, mais les opprimés pauvres n'en ont pas d'autres ", écrit-il. Le travail mené pendant ses huit dernières années de vie avec le jeune et brillant intellectuel juif, Benny Lévy, lui permettra de dépasser cette position, insoutenable, au nom d'une " unité des consciences ", résolvant alors le dilemme de toute une vie : trouver une fin morale à l'Histoire. Tout cela était soigneusement caché, souvent pour des raisons d'intérêt idéologique. Au-delà des vaines oppositions entre un Camus idéal et un Sartre diabolisé, il nous a paru plus fécond de rappeler, dans sa vérité parfois périlleuse, le parcours jusqu'au bout de celui qui fut l'inspirateur de toute une génération d'hommes et de femmes engagés.






Le Prince


Dédié à Laurent de Médicis, Le Prince est une œuvre nourrie par l'expérience d'ambassadeur de son auteur. Machiavel y définit les fins du gouvernement : sur le plan extérieur, maintenir à tout prix son emprise sur les territoires conquis ; sur le plan intérieur, se donner les moyens de rester au pouvoir. Parce que les hommes sont égoïstes, le prince n'est pas tenu d'être moral. Il doit être craint en évitant de se faire haïr par le peuple.
La réduction de Machiavel au machiavélisme est cependant trop simpliste. On peut même lire Le Prince comme une des premières œuvres de science politique, l'auteur ne cherchant qu'à décrire les mécanismes du pouvoir, à la manière du physicien qui détermine les lois de la gravitation. Rousseau ou encore Spinoza ont même pensé que Le Prince s'adressait en vérité au peuple pour l'avertir des stratégies utilisées par les tyrans.
Œuvre géniale dans son ambiguïté, Le Prince peut donc être lu soit comme un traité de gouvernement à l'usage du despote, soit comme un ouvrage de science, voire comme une critique déguisée du despotisme. Paul Klein







Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes


Qu'y a-t-il de naturel en l'homme ? Jean-Jacques Rousseau, dans son « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes », publié en 1755, imagine l'humanité dans sa condition primitive, à une époque où elle ne vivait encore que d'après sa constitution première. Le tableau qu'il dresse de cet état de nature originel fait ressortir l'existence de différences physiques mais d'aucune distribution inégale de droits entre les hommes. C'est l'institution sociale et l'invention du droit qui fera naître les inégalités. Rousseau nous raconte l'enchaînement des circonstances qui dut conduire le genre humain à s'éloigner de son heureuse condition originelle et à devoir recourir à l'autorité d'un État pour sauvegarder la vie et la liberté de chacun.
Au cours de l'histoire, l'homme se socialise, apprend à parler, à aimer ; il s'humanise en s'éloignant de sa première condition, simple, heureuse mais quasi animale. Une manière pour Rousseau de formuler la contradiction de la condition humaine : historique, insatisfaite, mais aussi hantée par le rêve de la nature et du bonheur.
Un texte d'une grande éloquence qui ne peut que toucher son lecteur. Emilio Balturi






Les 5 barbus (dessin d’Ibara)
http://www.espace-ibara.com/les-monstres-dibara/les-5-barbus-dessin-dibara


Soirée spéciale « Apocalypse »






Le 5 février 2011, la soirée spéciale « Apocalypse » sur France 4 a débuté par un téléfilm inédit : « Stonehenge Apocalypse » et s’est poursuivie avec le téléfilm de Fred Olen Ray « Périls sur la terre ».


Périls sur la terre 


La Terre perd le nord, son champ magnétique est perturbé surtout depuis les dernières explosions nucléaires en Iran (Tiens, tiens…). Mais David Terran, un scientifique marginalisé par ses confrères à cause des ses théories apocalyptiques, empêchera-t-il qu’une ultime explosion nucléaire, représailles étasuniennes contre l’Iran, chamboule définitivement le champ magnétique terrestre et provoque l’apocalypse ?


L’inversion des pôles


« La géologie confirme que des inversions des pôles se sont produites à maintes reprises au cours de l'histoire de la Terre. Ces renversements de la polarité sont visibles dans l'orientation des minéraux magnétiques des roches lorsqu'ils se cristallisent.


En moyenne (une moyenne faite sur des milliards d'années), il y a une inversion des pôles terrestres tous les 250 000 ans (c'est-à-dire environ quatre inversions par million d'années). Cette moyenne ne signifie cependant pas que ces inversions se produisent régulièrement, comme s'il y avait une horloge interne au coeur de la Terre. Bien au contraire, ces changements de polarité des pôles se produisent de façon très irrégulière.


Pour preuve, la dernière inversion des pôles en date s'est produite il y a environ 780 000 ans (inversion Brunhes-Matuyama), ce qui est largement supérieur à l'intervalle de temps moyen entre deux inversions. En revanche, il s'est déjà écoulé plusieurs dizaines de millions d'années entre deux inversions du champ magnétique terrestre.


Depuis environ 150 ans, les scientifiques ont mesuré une diminution de l'intensité du champ magnétique. Cet affaiblissement s'est intensifié au cours des dernières années mais il est trop tôt pour affirmer qu'il y a là une tendance durable et qu'une inversion des pôles est imminente.


En outre, l'inversion des pôles est un phénomène qui se produit sur des centaines d'années, selon les modèles actuels. Il est donc insensé de donner une date aussi précise que l'an 2012. D'après Wikipedia, les théories actuelles situent la prochaine inversion des pôles vers l'an 3000 ou 4000, ce qui nous laisse amplement de temps pour étudier les conséquences potentielles de ce phénomène.


Dire qu'une inversion des pôles se produira en 2012 est donc un canular qui relève de l'alarmisme et du pur charlatanisme. »
Source : http://www.an2012.com/2010/05/inversion-poles-2012.html




Bouddhisme tibétain et engagement social






Le Bouddhisme a aussi un aspect social, nous réplique-t-on du côté du Bouddhisme tibétain light. Bien sûr, au Japon, par exemple, il n’est pas rare que les nouveaux employés d’une entreprise soient accueillis avec un sermon sur la manière bouddhiste de diriger l’entreprise. Les valeurs les plus prisées par les patrons pour choisir leurs employés sont la Vacuité (de toute volonté individuelle, gain ou promotion), le détachement de l’ego (qui vise le dépassement de soi au profit de l’entreprise), et le culte de l’action pure (qui honore le flexibilité et les heures supplémentaires). Dans ces entreprises du postmodernisme, le Bouddhisme est enseigné aux employés afin qu’ils s’en servent comme règle de vie pour orienter les décisions professionnelles. En France, il existe un discours similaire amenant les fidèles bouddhistes à exceller dans leurs entreprises respectives, à se rendre de plus en plus disponibles et tolérants. Ils feront ainsi grimper le chiffre d’affaires de l’entreprise, ce qui aura un impact positif sur le lieu de travail, l’environnement et la société. Le fidèle bouddhiste y trouve également son compte puisqu’il positive son propre karma !


Le terrorisme organisé qui émane du système dans lequel nous vivons, et auquel le Bouddhisme tibétain s’adapte parfaitement et soutient même concrètement, rend les travailleurs, à tous les échelons, malades, traumatisés, incapables de réagir, ou même de réfléchir à ce qui leur arrive, inaptes à se faire une opinion et à développer un sens critiques. Cela commence par les distributeurs de coca-cola dans les écoles, cela continue avec la maison dont il faut rembourser le prêt à tout prix et cela se termine par une maniaco-dépression à la pré-pension. Il n’est pas difficile de prédire catastrophe sur catastrophe face à une telle sinistrose du monde du travail. Il faut dire, hélas, que la planète se prête aux discours apocalyptiques. Par contre, qui dit, assez haut et fort, que nous avons entre nos mains tous les moyens technologiques et scientifiques pour redresser efficacement de multiples situations qui pourraient devenir des catastrophes humaines et écologiques ? qui dit assez haut et fort que ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent, mais les volontés politiques ? Est-ce le Bouddhisme tibétain ? A-t-on jamais entendu le Dalaï-lama prononcer un discours dans ce sens ? Or, l’Apôtre de la paix, comme on nomme volontiers Sa Sainteté, ne mériterait aujourd’hui ce titre que dans la résistance à l’horreur économique.
Elisabeth Martens  


Elisabeth Martens est licenciée en biologie de l'université de Bruxelles en Belgique.


Lors de son séjour à l'université de Nankin, en République populaire de Chine de 1988 à 1991, elle se spécialise en médecine traditionnelle chinoise. Amenée à visiter le Tibet, elle y découvre la culture tibétaine et le bouddhisme tibétain au monastère de Labrang dans le Gansu. Depuis, elle retourne régulièrement au Tibet et dans les régions qui comptent des communautés tibétaines (Gansu, Sichuan, Qinghai et Yunnan).
Elle est l'épouse de Jean-Paul Desimpelaere, ancien coadministrateur de l'association Belgique-Chine et spécialiste du Tibet, avec qui elle donne parfois des conférences sur le Tibet.


Élisabeth Martens donne aussi des cours sur la pensée chinoise. Elle est chargée de cours des religions et des philosophies d’Extrême Orient (bouddhisme, taoïsme, confucianisme) à l’Université libre de Bruxelles.


En 2008, elle publie, aux éditions L'Harmattan, « Histoire du Bouddhisme tibétain, la Compassion des Puissants », livre rédigé à partir d'un travail de documentation auquel a participé son mari.
Elle déclare avoir été saisie, à son retour en Europe, du décalage entre le discours de la bienséance politique sur le Tibet et ce qu'elle a constaté sur place. En 2009, elle publie, en collaboration avec Jean-Paul Desimpelaere, « Tibet : au-delà de l'illusion », aux éditions ADEN. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Elisabeth_Martens




vendredi, février 04, 2011

Le dhyâna démoniaque






La méditation pour tous et partout : c'est le rêve de Matthieu Ricard traducteur et ami du dalaï-lama. Matthieu Ricard est l'auteur de « L'art de la méditation : Pourquoi méditer ? Sur quoi ? Comment ? ». 


Mais ce rêve peut se transformer en cauchemar. En effet, Annick Drogou dit à propos de la méditation (sk : dhyâna) : « Voilà enfin, semble-t-il, la panacée, le remède à tous les maux ! Présentée avec un arsenal de techniques qui la rendent de plus en plus performante, elle serait la réponse infaillible à tous les stress de la vie trépidante du monde moderne et même la possibilité jubilatoire et divine de léviter.
Pratiquée à haute dose, surtout devant une chandelle et la photo du gourou, elle provoque des hallucinations visuelles et mentales et devient très vite, de surcroît, une drogue dangereuse.
Dans une secte autrichienne (Centre de méditation de Gauting), on fait même méditer les bébés, jusqu’à 8 heures par jour !, en leur bandant les yeux et leur bouchant les oreilles à la cire, pour en faire, Dieu à l’intérieur, ange vu de l’extérieur, des phares, des sauveurs de l’humanité» Annick Drogou, « Le dico des sectes ».


C’est à Uruvelâ, dans le Magadha, sous le figuier qui sera appelé « l’arbre de l’Eveil », que Gotama devait atteindre son but et devenir le bouddha, c’est-à-dire l’éveillé. Selon le Majjhima-Nikâya, l’un des nombreux récits de l’expérience de cette nuit là, le Bouddha est parvenu à la sagesse ultime au terme de quatre absorptions méditatives, les fameux quatre dhyana dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles. Or depuis plus de quinze siècles, des bouddhistes chinois dénigrent l’égarement causé par la méditation artificielle, qualifiée de « dhyâna démoniaque » :


Le dhyâna démoniaque


Question : « Qu’entendez-vous par « esprit démoniaques » ? »
Réponse : « Fermer les yeux pour entrer en concentration. »


« Question : « Et si je recueille mon esprit dans la concentration du dhyâna, de sorte qu’il soit immobile ? »
Réponse : « C’est se lier par la concentration, et cela ne sert à rien. Les quatre dhyâna eux-mêmes ne sont qu’une quiétude provisoire, qui sera de nouveau perturbée. On ne doit pas y attacher une trop grande valeur. Ce sont des dharmas créés, qui finissent par être eux-mêmes détruits. Ce n’est pas le Dharma ultime. Si vous pouvez comprendre que votre nature est exempte de toute quiétude ou confusion, vous deviendrez maîtres de vous-mêmes. Celui que n’attirent ni la quiétude ni la confusion, celui-là dispose de ses esprits vitaux. »
« Le traité de Bodhidharma », traduction et commentaires de Bernard Faure.


Livres cités


La médiocrité de la classe politique




Dans une émission radiodiffusée, le philosophe Karl Jaspers a dit :


« Ce qui est terrible, c’est qu’il y ait dans la liberté même un facteur de perdition.


Le monde politiquement libre est perdu si de grands hommes d’Etat n’apparaissent pas à chaque génération, car les hommes ont été initiés à la liberté. Dans tout ce qu’ils font, ils mettent à profit toutes les chances de leur liberté. Ils en connaissent les dangers. L’audace leur est profitable, car l’enjeu est le plus précieux de tous les biens de l’Homme. Ils ont du courage, de la clairvoyance et de la patience. On peut leur appliquer ce que l’on disait de Périclès : à partir du moment où il gouverna Athènes, on ne le vit plus jamais rire.


Il en va autrement des politiciens. Ce sont des réalistes opportunistes, factieux, roublards, maîtres chanteurs. Dépourvus de scrupules, ils agissent, au nom de la liberté, contre les conditions de la liberté. Compromis, ils retirent leur épingle du jeu par des mensonges ou des mots d’esprit. Par leur comportement, ils insultent le Parlement ; celui-ci, bien qu’ayant le même caractère qu’eux, s’en aperçoit à peine et n’a pas l’idée de mettre à la porte les personnages qui blasphèment à ce point l’esprit de la politique. Avec des phrases sentimentales, ils jouent la comédie du sérieux. Ce sont les fossoyeurs de la liberté.


Ces politiciens sans vocation tiennent leurs fonctions pour un métier (1) avantageux à toutes sortes d’égards, comportant de gros revenus et le droit à la retraite. Ils estiment qu’ils ne risquent rien. Ils ne pensent pas en termes de responsabilité. C’est pourquoi, comme en 1933, ils se soumettent à n’importe quel pouvoir qui, croient-ils, les mettra à l’abri ou du moins leur permettra de s’en tirer, car, dans le danger, ils n’ont aucune solution de rechange. Rien n’était plus honteux pour eux et pour leur Etat, rien n’était plus justifié aussi, que le mépris que déversèrent sur eux, en 1933, Hitler et Goebbels, dans des discours qui leur firent mordre la poussière.


L’esprit du monde libre est ambigu. Nous autres, peuples libres, sommes encore bien loin d’être politiquement libres. La prospérité, le conservatisme, l’agitation pour l’amour de l’agitation ne suffisent pas à faire la liberté. L’aristocratie des citoyens clairvoyants va en diminuant. La répartition des responsabilités engendre l’absence du sens des responsabilités. La démocratie dégénère en oligarchie de partis. Dans une large mesure, ce qui était autrefois civilisation n’est plus que littérature surfaite. L’esprit y perd son sérieux.


C’est pourquoi les peuples ne sont pas écrasés par les menaces gigantesques suspendues au-dessus d’eux. Tout au plus éprouvent-ils de temps à autre une angoisse vite oubliée après quelques jours de dégel. Peu d’hommes soupçonnent les menaces qui pèsent sur leur liberté, dans leur propre pays et à l’échelle du globe. »     
Karl Jaspers, « Initiation à la méthode philosophique ».




(1) Jeu de mots sur Berufung (vocation) et Beruf (métier).   






Initiation à la méthode philosophique


Professeur de philosophie à l'université de Heidelberg, puis, après la Seconde Guerre mondiale, à l'université de Bâle, Karl Jaspers (1883-1969) fut l'un des principaux, philosophes existentialistes allemands. Pour lui, l'homme devait sans cesse engager sa liberté et avoir l'exigence d'une transcendance. Il prit de nombreuses positions morales et politiques : son opposition au national/socialisme, son analyse de la culpabilité allemande, etc. De lui, les Éditions Payot ont également publié en 1995 sa Correspondance (1926-1969) avec Hannah Arendt, qui fut son élève et son amie.


Cette Initiation à la méthode philosophique a pour origine une série d'émissions radiodiffusées, d'où son caractère très vivant et accessible. C'est une initiation à la philosophie en général, mais aussi à la pensée originale d'un des penseurs les plus marquants de notre temps.






« Peu d’hommes soupçonnent les menaces qui pèsent sur leur liberté, dans leur propre pays et à l’échelle du globe. » 


***
Sondage du 28 au 31 janvier 2011 : seulement 24% des Français font confiance à Sarkozy, en baisse de 3 points. Qu’à cela ne tienne, la lobbycratie s’offrira un président socialiste en 2012. 

jeudi, février 03, 2011

Santo Daime




Les nouvelles sectes hallucinogènes


Dans ce dossier, Undercover restitue les points de vue opposés sur le mouvement brésilien Santo Daime qui s’implante en Europe et qui utilise une drogue comme base de son rite « religieux ». Les drogues favorisent un contact avec le monde inférieur, et les états et les visions qu’on en retire sont de l’ordre de l’illusion des « spiritualités astrales ». 


1 – La propagande 


Originaire de l’Amazonie occidentale, ce culte est un syncrétisme associant christianisme et chamanisme. Lors des rituels, les participants ingèrent un breuvage connu sous les noms d'Ayahuasca, Santo Daime ou Yagé. Il s'agit d'une décoction de deux végétaux, Banestiriopsis Caapi et Psychotria Viridis, utilisées à des fins magico-spirituelles dans le bassin amazonien depuis au moins trois mille ans. Cette religion du Santo Daime est officiellement reconnue au Brésil depuis 1992, après une étude diligentée par le Bureau Fédéral des Narcotiques et le Ministère de la Santé Publique. Le rapport de ces deux organismes, a conclu à l’innocuité des principes psycho-actifs contenus dans le breuvage et à l’impact positif de ce culte sur l’intégration sociale de ses membres. ( ? ? ?)


Au cours de la dernière décennie ce culte a connu une forte expansion et a quitté la forêt amazonienne pour gagner les États-Unis, le Japon et l’Europe, dont la France.


En Europe une dizaine de personnes font l’objet de poursuites judiciaires pour avoir consommé de l’ayahuasca à l’occasion de cérémonies célébrées dans le cadre du culte du Santo Daime CEFLURIS.


Aujourd’hui en France, six personnes sont inculpées de trafic de drogue, d’association de malfaiteurs et d’escroquerie pour avoir organisé des cérémonies où la boisson sacrée est consommée dans un contexte religieux. Elles encourent de lourdes peines pouvant aller jusqu’à plusieurs années d’incarcération.


Note officielle de l'Eglise du Santo Daime


Face au récents événements survenus dans certains pays d'Europe et aux État-Unis, entraînant des mesures de restriction à l'usage rituel de notre boisson sacramentelle appelée SANTO DAIME et/ou AYAHUASCA, notre "Igreja do Culto Ecléctico da Fluente Luz Universal (CEFLURIS)" - Église du Culte Eclectique du Flux de Lumière Universelle exprime publiquement par cette note officielle sa certitude qu'une solution équitable sera trouvée pour le cas en question, et profite également de l'occasion pour rappeler certains points qui sont à la base de notre position.


L'usage rituel de notre boisson sacramentelle appelée AYAHUASCA est une pratique légale dans notre pays. L'usage de cette boisson psychoactive, élaborée à partir de deux plantes originaires de l'Amazonie à des fins rituelles, trouve son origine dans les traditions ancestrales des peuples d'Amériques du Sud. Elle est utilisée lors de cérémonies religieuses, de pratiques chamaniques et thérapeutiques depuis des milliers d'années. Cela démontre que l'utilisation religieuse des entéogènes a été une pratique naturelle très répandue depuis l'aube de l'humanité, et qu'elle a contribué à générer des sociétés hautement développées et stables. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut comprendre les temples mégalithiques dédiés aux champignons sacrés en Anatolie, la célébration ininterrompue des mystères d'Eleusis pendant 1400 ans, ou le culte du Soma, boisson sacrée des anciens voyants rishis, dont les visions extatiques ont été à l'origine des trésors de sagesse védiques.


Dans le nouveau monde, un grand nombre de ces cultures entéogènes sont tombées, il n'y a pas très longtemps, sous le joug de la conquête coloniale européenne et de la christianisation forcée des populations autochtones, ce qui a constitué un véritable ethnocide. Mais certaines traditions ont su se préserver et se renouveler. L'une d'elles est la Doctrine du Santo Daime, dont le fondateur est Raimundo Irineu Serra, un humble "seringueiro" qui au début de ce siècle vivait en contact avec des indiens au cœur de la forêt amazonienne, où il reçut une révélation de la Vierge Marie, sous la forme de la Rainha da Floresta (Reine de la forêt). Elle lui révéla le si beau rituel de chants et de danses au moyen desquels nous continuons à louer encore de nos jours Dieu, les êtres divins, le soleil, la lune, les étoiles et les forces de la Nature dans nos travaux.


Mestre Irineu à réuni autour de lui des personnes de croyances et de conditions sociales extrêmement différentes pour réussir, sans la moindre trace de revanchisme, une prouesse significative qui permettait de préserver le sacrement des peuples asservis tout en le réconciliant avec la foi chrétienne, au nom de laquelle furent commis les excès et les crimes de la colonisation. Cela montre le contenu d'amour et de paix de notre message spirituel. C'est pour cette raison qu'il s'agit d'un message universel, valable pour tous les peuples de la terre. Il faut analyser, sans préjugés et en se servant d'une approche multidisciplinaire, si le sacrement eucharistique de notre messe est une boisson psychoactive. D'après notre expérience, l'emploi de notre boisson sacramentelle dans le contexte spirituel approprié qui est le sien, loin d'être une expérience dissociative pour le mental et nocive pour la santé de l'individu ou de la société, représente au contraire une expansion de conscience bénéfique, de même nature que l'expérience mystique la plus authentique. Depuis plus de trois générations, des milliers de personnes peuvent témoigner de ce fait dans notre pays. 


C'est en tenant compte de ces faits qu'après de nombreuses études, les autorités brésiliennes ont autorisé l'emploi rituel de notre boisson. C'est une grave injustice de le confondre avec l'usage et le trafic de drogues. Nul doute, l'industrie du Vice et de la Drogue constitue l'une des grandes plaies de notre civilisation contemporaine. Il s'agit là d'un mal qui provient des profondeurs de notre civilisation et qui révèle que quelque chose à mal tourné. Cela fait partie de la crise spirituelle que traverse l'humanité à l'aube du  Troisième Millénaire. L'emploi rituel des plantes entéogènes n'est nullement responsable de cela :  au contraire, il peut encore de nos jours nous aider à retrouver le sens cosmique et transcendantal de notre existence. (note : les fumeurs de haschisch disent la même chose)


Notre sacrement, le SANTO DAIME ou AYAHUASCA, n'est pas une drogue et les raisons pour lesquelles nous le prenons ne constituent pas une forme de dépendance. Ce qui nous amène à communier rituellement par son intermédiaire est une aspiration noble et juste d'élévation spirituelle. Il s'agit donc d'un droit de liberté de culte, d'un droit inaliénable pour tout être humain : choisir une pratique religieuse lui permettant d'avoir une compréhension spirituelle de la saga humaine sur cette planète. Nous ne saurions nullement avoir honte de notre Chemin, que nous considérons être un trésor spirituel et culturel pour l'humanité, digne d'être préservé pour le bénéfice des générations à venir.


Par l'intermédiaire de nos avocats, nous laissons à la justice la lourde responsabilité de décider dans quels cas un état de conscience - même lorsqu'il est induit par certaines "techniques archaïques d'extase" - peut être considéré  comme une expérience spirituelle légitime et dans quels cas il sera considéré comme un stigmate social ou même un crime. La meilleure manière d'en décider ne réside pas uniquement dans une interprétation bureaucratique de la Loi, mais également dans la sensibilité et la chaleur humaine capable d'élargir l’Esprit des lois, chaque fois que la froideur des mots figés ne permet pas de tenir compte de la multiplicité des aspirations humaines et des phénomènes sociaux.


 Cela étant dit, nous serons toujours disposés à dialoguer avec les autorités, confiants dans le fait que lorsque notre droit de croyance, et donc celui de communier avec notre sacrement, seront assurés, nous saurons être à la hauteur du défi pour réglementer son usage, avec les réserves et les principes éthiques requis pour le bon fonctionnement de notre Église.


2 – LA CONTROVERSE


Le SANTO DAIME est un phénomène typiquement brésilien qui, comme d'autres produits de même origine - samba, bossa nova, cachaza - s'exporte vers d'autres pays et, à la différence de ces derniers, constitue un danger pour l'intégrité physique, psychologique et sociale des personnes qui, dans la plupart des cas, sont sérieusement éprouvées en raison de leur manque de connaissance du sujet et se trouvent séduites par le puissant appel que ces groupes exercent. 


Informations préliminaires


Il s'agit de sectes qui, outre tous les mécanismes habituels dans ces cas (réinterprétation de textes sacrés, comme la Bible, la doctrine spirite, théosophie, etc.), utilisent une boisson originaire de la flore amazonienne, l'ayahuasca, au puissant effet altérateur de la conscience. Sous cette forme, l'emprise est double: les personnes s'aveuglent avec la possibilité, d'une part, d'avoir trouvé une vieille pratique chamanique qui les protégerait de la souffrance et de la maladie en faisant usage d'une substance hallucinogène à la pratique légale, et, d'autre part, de faire partie d'une fraternité où le mal serait éradiqué. 


Origines


L'existence des guérisseurs, sorciers ou chamans parmi les peuples amazoniens est une tradition qui se perd dans le temps. Pour ces peuples, il y aurait des plantes de pouvoir et des plantes de savoir, qui utilisées de façon sacrée par les chamans, permettent de comprendre la cause des maux et ainsi de les mettre en déroute. 


Parmi les plantes de  pouvoir, l’une des plus puissantes est l'ayahuasca, mélange de décoction d'une liane, (banisteropis caapi) et d'une feuille (psycotria viridis). Les alcaloïdes produits par cette union sont connus comme DMT (N-dimétiltriptamine). Ainsi, il y a pour le moins trois mille ans, les peuples de l'Amazonie développèrent des rituels avec l'objectif de résoudre leurs problèmes et de maintenir leurs traditions actives. 


Dans la décennie des années quarante, un mouvement commandé par le Maréchal Rondon, au Brésil, demanda des volontaires de tous les états pour prendre position dans les régions amazoniennes inexplorées.


Parmi tant d'autres, arrivèrent à ce qui aujourd'hui se dénomme " Etat d'Acre ", à la frontière de l'Amazonie péruvienne, provenant de Saint Louis de Maranhao, Irénée Serra, fils d'une " mae de santo ", et Gabriel da Siva, originaire de Bahia.


Sans se connaître, tous deux firent connaissance avec la tradition " végétaliste " auprès des guérisseurs locaux et, sous les effets de la plante, reçurent la mission divine de transmettre la doctrine chrétienne, intégrée aux croyances locales, avec l'aide de l’Ayahuasca.


Irénée Serra reçoit l'instruction de dénommer la boisson Santo Daime qui est l'impératif du verbe "dar " (donner) : « donne moi la lumière, donne-moi l'amour, donne-moi la justice, donne-moi le pardon ».
Il fonde un groupe religieux qu'il appelle CEFLU - Culte Eclectique du Flux de Lumière Universelle - où il développe des rites avec des éléments du candombe, du spiritisme, de l'umbanda et du catholicisme. Dans certains de ces rituels les personnes dansent et chantent au son d'hymnes religieux durant toute la nuit. 


Dans des conditions semblables, Gabriel Da Silva fonde l'Union Végétale, où se mêlent aux éléments catholiques, des gestes et symboles de la franc-maçonnerie. 


Dans les années soixante-dix, de nombreux hippies, désenchantés - " le rêve est fini " - sac au dos et emplis du rêve de trouver un monde meilleur, se dirigent vers Acre et Rondonie à la recherche de la mystérieuse boisson qui fournirait un trip légal. Naît ainsi l'inévitable choc des cultures. Ce qui était déjà une acculturation de la tradition végétaliste tend à devenir une course effrénée pour s'approprier la substance et la disséminer dans les  villes. 


Au début des années quatre-vingt, commencent à apparaître à Rio de Janeiro, San Paolo, Brasilia, Bello Horizonte, entre autres, de petits noyaux, propageant la nouvelle pratique et séduisant des personnalités du monde du spectacle et de la politique, des thérapeutes, les professions libérales et la faune la plus variée de désaxés sociaux. 
La même vague crée un enthousiasme tout puissant, et une course entre les divers groupes commence pour exporter la boisson et la pratique par delà les frontières brésiliennes. 


Actuellement


Selon les chiffres fournis par les organisations elles-mêmes, il y aurait au Brésil sept mille adeptes de l'Union Végétale et cinq mille de Santo Daime. Ainsi, l'ayahuasca, sous le nom de Santo Daime ou Union végétale, est exportée vers les Etats-Unis, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, la Suède, l'Argentine, le Japon, l'Italie, etc.


Les conséquences ne tardent pas à apparaître : les effets de dissolution des structures de la conscience produits par la boisson en plus de la coercition psychologique, donnèrent lieu à des suicides, à des débuts psychotiques et/ou schizophréniques, des tragédies familiales, des disparitions, etc.
Une caractéristique de ce phénomène est que autour du Daime se rassemblent les plus libéraux, des personnes des mouvements alternatifs et du new age, tandis que vers le Végétal  convergent des membres du pouvoir : juges, politiciens, autorités et cadres, lesquels se réunissent une fois par semaine pour halluciner ensemble. Ce doit être un cas unique au monde ! Et, en même temps, se forme une sorte de peloton de choc, qui fait en sorte que toute plainte ou procès judiciaire contre les sectes de l'ayahuasca se perde dans les instances des tribunaux.




Alicia Diana Castilla, ex-adepte, a écrit :
 Santo Daime, fanatisme et lavage de cerveau. Editoria Imago


Undercover n° 10

mercredi, février 02, 2011

Bouddhisme, franc-maçonnerie et satanisme mêlés




De nouveaux mouvements de spiritualité diffusent les enseignements de mystérieux maîtres, les « supérieurs invisibles », tout en empruntant aux trois religions monothéistes qui « partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des désirs, des pulsions (1) ». 


Ainsi le racisme de l’Ancien Testament trouve une nouvelle vigueur dans les sectes qui ont un programme de purification individuelle, collective, politique, universelle pour l’avènement d’un nouvel ordre mondial. « Nous vous proposons de nous aider à accélérer la catastrophe finale qui ne fera que purifier l’univers en détruisant les êtres qui sont le fruit d’une expérience ratée. Aidez-moi à appliquer mon plan, qui repose sur une activation des différents racismes, afin d’obtenir l’éclatement d’une guerre mondiale. » Raël, « Les extra-terrestres m’ont amené sur leur planète », Editions raëliennes.  


La Société théosophique a inspiré une multitude de mouvements messianiques et ésotériques. Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice avec Henry Steel Olcott de la Société théosophique, prétendait avoir rencontré dans l’Himalaya les Grands Initiés, sages réincarnés qui revenaient sur terre pour guider les hommes.


« Bien que les fondateurs aient été au départ résolument décidés à se distancer de la franc-maçonnerie, ils décident finalement d’adopter en 1876 un système de grades et de rites initiatiques dont l’empreinte maçonnique ne fait aucun doute. D’ailleurs les premiers adhérents à la Société sont souvent des maçons anglo-saxons. La doctrine théosophique développée par Helena Petrovna Blavatsky est une synthèse d’éléments tirés du bouddhisme, de l’hindouisme et des trois religions monothéistes. Influencée par le spiritisme, elle défend en outre l’idée de réincarnations successives par lesquelles l’individu s’améliore progressivement, et prétend enseigner à ses adeptes les éléments d’une gnose permettant de se libérer des entraves de la matière. De fait, cette croyance est peu compatible avec le christianisme orthodoxe que Helena Petrovna Blavatsky tient en piètre estime. Elle fait d’ailleurs l’éloge de la figure de Lucifer présenté comme un « sauveur » qui apporte la connaissance. Ce savoir, Petrovna déclare le détenir d’entités secrètes qui le lui ont communiqué en lui donnant accès au « plus vieux manuscrit du monde », le « Livre de Dzyan ». En 1888, elle publie l’ensemble de ses thèses dans son ouvrage majeur, « la Doctrine secrète ».
« Les sociétés secrètes », ouvrage collectif.


Satan, le « porteur de lumière »


Helena Petrovna Blavatsky a soutenu que son principal livre lui avait été inspiré par des « maîtres de sagesse » habitant des plans invisibles. Elle présente la figure de Satan comme un libérateur, illustrant l’étymologie de Lucifer qui signifie « le porteur de lumière » :


« Il est naturel de voir Satan, le serpent de la Genèse, comme le véritable créateur et bienfaiteur, le Père de l’humanité spirituelle. Celui qui fut le « messager de la lumière », le brillant et radieux Lucifer, qui a ouvert les yeux de l’automate créé par Jéhovah, comme on prétend ; et celui qui fut le premier à murmurer : « Du jour où vous mangerez du fruit, vous serez comme Elohim, connaissant le bien et le mal » - peut être vu en toute lumière comme un Sauver. »
Helena Petrovna Blavatsky, « la Doctrine secrète ».




(1) Michel Onfray






Les sociétés secrètes


Une encyclopédie historique illustrée des sociétés secrètes de l'Antiquité à nos jours. Une approche d'abord thématique puis chronologique à l'intérieur de chaque thème.
4 grands thèmes :
les sociétés religieuses (le culte de Dionysos, les druides, la Kabbale, l'Opus Dei...)
Les sociétés initiatiques (chamanisme, Templiers, Franc-Maçonnerie)
Les sociétés politiques (les assassins, le ku klux klan, Al Quaida)
Les sociétés criminelles (les Thugs, la mafia Italienne, les Yakusa...).


Pour chaque société évoquée, l'ouvrage présente ses buts, son fonctionnement, ses rites, sont histoire, ses grandes figures...
Le seul ouvrage généraliste sur le sujet. Un ouvrage qui permet de faire la part des choses entre réalité et fantasmes. La grande vogue de l'ésotérisme en France qui s'accompagne d'un regain d'intérêt pour le spirituel (phénomène Da Vinci Code). Un format pratique et un prix qui séduiront le grand public.



lundi, janvier 31, 2011

La religion fait bon ménage avec le Capital






La religion fait bon ménage avec le Capital par Vincent Bouba. 


Vincent Bouba est enseignant auprès d’enfants déficients intellectuels. Il est peintre et surtout anarchiste convaincu.


L’anarchisme


L’anarchisme c’est, au sens étymologique, la suppression du gouvernement. « Les libéraux veulent limiter les interventions de l’Etat, afin de préserver les droits et la liberté des individus. L’anarchisme pousse plus loin cette logique, en estimant que le meilleur moyen de défendre droits individuels et liberté personnelle est de supprimer l’Etat.


La souveraineté du peuple est un leurre


Cette suppression est indispensable, maintenir l’Etat serait légitimer la tyrannie qu’il exerce, et l’encourager à devenir plus totalitaire encore. La fin de l’Etat passe par la dénonciation des subterfuges qu’il emploie pour se maintenir, souveraineté populaire et suffrage universel. La souveraineté du peuple est un leurre puisqu’il faut la déléguer, et cette délégation se fait par un suffrage qui aliène la liberté du votant pour plusieurs années, au profit de l’élu.


Une autre organisation sociale


Communément, l’anarchisme est hâtivement assimilé à une société sans ordre, sans aucune organisation. En réalité, si l’anarchisme refuse un Etat lointain et omnipuissant, c’est pour lui préférer un mode de contrat plus proche de l’homme, fondé sur l’association communale. Chaque commune se gouverne totalement à son gré, et son échelle réduite évite la délégation des pouvoirs. L’ensemble des communes est regroupé au sein d’une fédération très lâche. Le système économique d’ensemble repose sur la collectivité des biens, la propriété individuelle n’existe pas. »


Florence Braunstein-Silvestre & Jean-François Pépin. 




Le blog de Vincent Bouba : http://www.myspace.com/vincentexpo

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...