mardi, septembre 06, 2011

Neuromarketing & contrôle mental





Est-il normal que des connaissances issues de la recherche publique en neuroscience cognitive soient appliquées par les sociétés privées du marketing et de la communication pour manipuler les populations ?

Appareils lecteurs de pensées

A l'université de Pittsburgh, les ordinateurs du professeur Marcel Just décodent les pensées en établissant un lien entre un schéma d'activité mentale et un certain type de pensées. 


Marcel Just :

« D'ici 10 ou 20 ans on n'aura plus besoin de l'IRM. L'activité électromagnétique du cerveau sera détectée par de simples capteurs. On aura peut-être un petit matériel portatif, avec lequel on pourra voir ce qui se passe dans le cerveau d'un autre. Ce sera un peu comme un camp de nudisme mental. Je ne sais pas comment éviter que ce soit mal utilisé. C'est un nouveau savoir formidable. Ça peut sûrement être utilisé à de mauvaises fins. On s'inquiète à propos d'interrogatoires de police, du neuromarketing... Bien sûr, on pourra l'utiliser pour de mauvaises raisons. Aujourd'hui la coopération des gens est nécessaire. On doit faire exprès de penser à une pomme pour que ça marche. Mais au fil du temps, il faudra moins de coopération. Est-ce mauvais si chacun sait à quoi vous pensez ? Ce serait la fin de la vie privée. Au fur et à mesure que la science se développe, les possibilités de manipuler, en bien ou en mal, l'être humain sont absolument énormes. Je crois que nous pourrons modifier la race humaine. Voulons-nous créer une nouvelle espèce ? Je crois que nous en aurons les moyens. C'est au-delà de tout ce que je peux imaginer. Le voulons-nous vraiment ? C'est une des plus formidables questions auxquelles nous aurons à répondre. Et c'est pour bientôt. »

(L'interview du professeur Marcel Just est dans la quatrième vidéo, à partir de la 7ème minute.)



Neuromarketing, des citoyens sous influence 1/4



Neuromarketing, des citoyens sous influence 2/4



Neuromarketing, des citoyens sous influence 3/4



Neuromarketing, des citoyens sous influence 4/4



Illustration :

lundi, septembre 05, 2011

L'Atlantide




C’est dans le Critias, deuxième partie d’une œuvre composée au alentours de 355 av. J. C. par Platon, qu’il est fait pour la première fois référence à l’Atlantide, une cité fabuleuse qui aurait été engloutie par la mer 9 000 ans auparavant.

Ce mythe a, chez Platon, une dimension avant tout politique. A l'époque où il écrit ce texte, Athènes s’ouvre sur la mer et le commerce. Or le philosophe est un farouche défenseur d'une société terrestre, défensive et sans extension vers l’extérieur. En racontant la chute d’un empire maritime et conquérant, Platon prend parti.

Mais au-delà de la dimension idéologique, Critias constitue bien le premier roman historique : il décrit une affabulation dont le fondement est peut-être réel.

Quelle civilisation a pu inspirer Platon ?

Les historiens, archéologues et philosophes qui se sont penchés sur le problème ont proposé, pour situer l’Atlantide, plusieurs lieux hypothétiques. Ainsi, la civilisation atlante, dont parle Platon, serait en fait inspirée par la civilisation minoenne, originaire de Crète. En effet, à l’est d’Athènes, une île volcanique appelée Santorin, dans l'archipel des Cyclades, fut dévastée par une éruption gigantesque au XVe siècle av. J.C. La population prit alors la fuite vers la Crète dès les premiers soubresauts du volcan, mais les raz-de-marée qui suivirent mirent toute la flotte crétoise en déroute et provoquèrent la disparition de cette civilisation. La comparaison avec l’Atlantide est bien tentante, surtout depuis la découverte en 1970 des vestiges d’Akrotirir, une cité minoenne située sur le versant nord de l’ancien cratère. 

Mais deux objections essentielles viennent contredire cette hypothèse : selon Platon, la disparition de l’Atlantide se serait produite 7 500 ans avant la catastrophe de Santorin, De plus, elle se situait « au-delà des colonnes d’Hercule » (le détroit de Gibraltar), bien plus à l’ouest d’Athènes. Son nom est tiré de l’Atlas, la chaîne de montagnes du nord-ouest de l’Afrique, dans une région où la mythologie situe également le jardin des Hespérides, le domaine des morts.

Des recherches ont donc été menées aux Açores et tout le long de la dorsale médio-atlantique. En vain. Car le socle continental qui existe dans cette partie du globe n’a subi aucune modification au cours du dernier million d’années.

En 1982, une nouvelle piste a été ouverte plus au sud, en Tunisie. Les traces d’un astéroïde, dont la chute est datée précisément du 5 juin 8489 av. J.C., ont été mises au jour. Cette découverte s'accompagnerait, selon Barbara Pischel, un chercheur allemand, des vestiges d'une civilisation exceptionnelle, subitement disparue. Est-ce l'histoire de ce peuple, les Ifes, dont l'influence se serait fait sentir en Afrique de l’Ouest et jusqu’aux îles Canaries, que Platon raconte dans le Critias ? Personne ne peut l’affirmer.

Plus qu'un rappel historique, l'annonce d'une catastrophe

La clé de l'énigme réside peut-être dans l'aspect prophétique du texte de Platon. Il ne faut pas oublier qu’à l'époque du philosophe, beaucoup d’Athéniens étaient persuadés qu’une catastrophe, comme celle qui a provoqué la disparition du peuple atlante, suivait un cycle de 10 000 ans. Les dates coïncident.

L’Atlantide et Athènes seraient alors les deux faces d’une même pièce de monnaie.

Luc Brisson, philosophe, traducteur de Platon et directeur de recherche au CNRS, Villejuif.


L’Atlantide retrouvée ? 
Enquête scientifique autour d’un mythe 

" Mais c'est l'Atlantide ! ", s'exclame un brin provocateur Jacques Collina-Girard à la vue d'un relief sous-marin sur une carte marine du détroit de Gibraltar. Ainsi débute une enquête extraordinaire qui l'amènera à retracer l'histoire d'un monde disparu. Celle d'un archipel ayant sombré il y a 12000 ans sous la montée des eaux provoquée par la fonte des glaces. Un séisme et un tsunami d'une ampleur exceptionnelle auraient parachevé sa submersion. Simple coïncidence ? Le récit de Platon sur l'Atlantide, pourtant réputé imaginaire, situe le scénario de cette disparition au même endroit et à la même date, constate l'auteur. Tradition orale venue d'Égypte, couchée par écrit pour la première fois par le philosophe grec, le mythe de l'île brutalement engloutie par l'océan recèlerait-il un fond de vérité ? Est-il alors possible que la mémoire d'événements catastrophiques survenus 12 000 ans avant nous ait pu se transmettre pendant des millénaires ? Un récit passionnant entre archéologie, géologie et ethnologie„ qui raconte comment, au-delà de la mythique Atlantide, la région méditerranéenne a subi les effets du dernier réchauffement climatique.


S’il est possible de démystifier, peut-on démythifier ? C’est à cet exercice très difficile que s’est prêté Jacques Collina-Girard et il nous livre en un ouvrage très intéressant le fruit de ses investigations et de ses réflexions de plusieurs années. Aussi faut-il déjà le complimenter d’avoir osé aborder un sujet inhabituel pour les Quaternaristes, en alliant avec bonheur les commentaires de textes anciens, l’histoire, la philosophie, la psychologie, l’ethnologie, et en les confrontant aux dures réalités de la géologie et des paléo-environnements tardiglaciaires et holocènes.

Partant d’une intuition inspirée de sa grande expérience de terrain et de la plongée sous-marine, Jacques Collina-Girard démontre qu’un archipel situé à l’entrée occidentale du détroit de Gibraltar a été submergé vers 12 000 ans BP et qu’il s’agit bien là des faits qui ont donné naissance au mythe de l’Atlantide.

A la lumière des connaissances actuelles, le premier point n’est pas discutable : la submersion est le résultat de la conjonction d’une part de la remontée marine post-glaciaire accélérée par deux débâcles glaciaires vers 14 000 et 11 500 BP, et d’autre part d’un séisme ayant engendré un gigantesque tsunami dont les turbidites sont datées à 12050 BP (pages 79-102). La démonstration s’appuie sur la cartographie détaillée des fonds marins du détroit, empruntée essentiellement aux travaux de l’Institut espagnol d’Océanographie, en particulier du Mémoire 43 de 1983 sur le détroit de Gibraltar. Les hauts fonds situés aujourd’hui à – 55 m ont été submergés vers 11 500 BP. À propos de cette cartographie et de l’illustration en général, si l’on peut en louer la précision, il est dommage que l’auteur ait dû se résoudre à un lettrage manuscrit : les figures en conservent un caractère d’amateurisme, ou un style de bande dessinée, qui sied certes à la vulgarisation et plaira peut-être au grand public, mais qui nuit à leur crédibilité scientifique. Or ceci est d’autant plus important que l’on aborde un sujet mythique, où les arguments scientifiques doivent être absolument irréprochables face « aux délires de l’archéologie fantastique et aux parasciences…, enracinées dans le catastrophisme et la négation de l’évolutionnisme » (p. 22).

Car le second point est de prouver que cet archipel disparu est bien à l’origine du mythe de l’Atlantide. Jacques Collina-Girard s’appuie pour cela sur trois concordances principales entre les faits géologiques et le discours de Timée dans l’œuvre de Platon : la concordance géographique puisque Platon parle d’une île devant les colonnes d’Héraclès, la concordance dans les faits d’une disparition cataclysmique, la concordance chronologique, puisque Platon situe cette disparition 9000 ans avant lui. Les principaux désaccords portent sur l’importance de l’Atlantide, de la taille d’un continent selon Platon, et surtout sur sa supposée brillante civilisation maritime, en contradiction complète avec ce que l’on sait de la vie des occupants de la région du détroit vers 12000 ans BP. À cet égard, l’explosion de Santorin et le tsunami qui s’ensuivit, jugés par certains responsables de la disparition de la civilisation minoenne au nord de la Crète vers 3 500 BP, seraient plus en accord avec la parabole platonicienne, et plus proches de son temps. Le mythe ne pourrait-il pas être le résultat de la symbiose de plusieurs faits marquants ? Jacques Collina-Girard ne l’exclut probablement pas, mais reste très attaché à sa localisation de l’Atlantide. Pour lui, l’ancienneté des faits par rapport au Timée de Platon – environ 9 000 ans – n’est pas un handicap, parce que les traditions orales peuvent en effet perdurer aussi longtemps : dans un chapitre ethno-géographique et sociologique fort documenté (pages 103-125), Jacques Collina-Girard dresse un inventaire spectaculaire de cataclysmes avérés et de leur impact dans les traditions orales qui dépasse très largement le cas du détroit de Gibraltar.

Ce livre présente au total bien des mérites : celui de montrer que la science est une et qu’il ne faut pas cloisonner les savoirs à l’excès, tout en atteignant pour chaque discipline le niveau le plus élevé. À cet égard, on louera l’érudition de l’auteur, appuyée sur une bibliographie très abondante et son grand souci de pédagogie, puisque les 78 premières pages pourraient constituer une excellente « remise à niveau » sur la géologie et la préhistoire actuelles. Ceci doublé d’un style agréable et direct, qui oblige à la réflexion sans jamais devenir pédant ou ennuyeux, puisque l’auteur ne se départit jamais d’une certaine humilité.

André Weisrock, fiche de lecture.



L'auteur :

Jacques Collina-Girard, géologue et préhistorien, est maître de conférences à l'Université de Provence (Aix-Marseille 1). Spécialiste de géologie sous-marine, il a reçu la médaille de bronze du CNRS pour ses travaux sur la grotte Cosquer au large de Marseille.


Illustration :

Près de 700 lectures d'Edgar Cayce évoquent l'Atlantide. En mars 1927, il explique que "les terres qui jouxtent le sud et l'ouest des îles Bimini sont une partie de l'Atlantide qui va réapparaître en 1968-1969." En 1968,  rien n'émerge, mais on trouve quelque chose par 6 m de fond au large de Bimini.  

dimanche, septembre 04, 2011

Concept opérationnel de l'expérience mystique




Implants de cornes en titane, des crocs de vampire, de multiples piercings, des scarifications..., renoncer à son apparence humaine exige des mortifications et une forme de discipline ascétique. Autrefois, la discipline ascétique était pratiquée par les mystique désireux de pénétrer dans la beauté de la lumière spirituelle.

Dans les années 1930, Alexis Carrel écrit :

Chez les hommes modernes, nous n'observons presque jamais les manifestations de l'activité mystique, du sens religieux. Même dans sa forme la plus rudimentaire, le sens mystique est exceptionnel, beaucoup plus exceptionnel encore que le sens moral. Néanmoins, il fait partie de nos activités essentielles. L'humanité a reçu une empreinte plus profonde de l'inspiration religieuse que de la pensée philosophique. Dans la cité antique ; la religion était la base de la vie familiale et sociale. Le sol de l'Europe est encore couvert des cathédrales et des ruines des temples que nos ancêtres y ont élevés. Aujourd'hui, il est vrai, nous comprenons à peine leur signification. Pour la plupart des civilisés, les églises ne sont que des musées où reposent les religions mortes. L'attitude des touristes qui profanent les cathédrales d'Europe montre à quel point la vie moderne a oblitéré le sens religieux. L'activité mystique a été bannie de la plupart des religions. Sa signification même a été oubliée. A cet oubli est liée probablement la décadence des Églises. Car la vie d'une religion dépend des foyers d'activité mystique qu'elle est capable de créer. Cependant, le sens religieux est resté dans la vie moderne une fonction nécessaire de la conscience de quelques individus. A présent, il recommence à se manifester parmi les hommes de haute culture. Et, phénomène étrange, les grands ordres religieux n'ont pas assez de place dans leurs monastères pour recevoir les jeunes gens qui veulent, par la voie de l'ascèse et de la mystique, pénétrer dans le monde spirituel.

L'activité religieuse, comme l'activité morale, prend des aspects variés. Dans son état le plus rudimentaire, elle est une inspiration vague vers un pouvoir dépassant les formes matérielles et mentales de notre monde, une sorte de prière non formulée, la recherche d'une beauté plus absolue que celle de l'art et de la science. Elle est voisine de l'activité esthétique. Le sens de la beauté conduit à l'activité mystique. D'autre part, les rites religieux s'associent aux différentes formes de l'art. C'est ainsi que le chant se transforme facilement en prière. La beauté que cherche le mystique est plus riche encore et plus indéfinissable que celle de l'artiste. Elle ne revêt aucune forme. Elle n'est exprimable dans aucun langage. Elle se cache dans les choses du monde visible. Elle se manifeste à peu d'hommes. Elle demande l'élévation de l'esprit vers un être qui est la source de tout, vers un pouvoir, un centre de forces, que les mystiques chrétiens nomment Dieu. A toutes les époques, dans toutes les races, il y a eu des individus possédant à un haut degré ce sens particulier. La mystique chrétienne exprime la forme la plus élevée de l'activité religieuse. Elle est mieux liée aux autres activités de la conscience que les mystiques hindoue et tibétaine. Elle a eu, sur les mystiques asiatiques, l'avantage de recevoir dès sa petite enfance les leçons de la Grèce et de Rome. Elle a appris de l'une l'intelligence, et de l'autre, l'ordre et la mesure.

Dans son état le plus élevé, elle comporte une technique très élaborée, une discipline stricte. Elle demande d'abord la pratique de l'ascétisme. Il est aussi impossible de l'aborder sans un apprentissage ascétique que de devenir un athlète sans se soumettre à un entraînement physique. L'initiation à l'ascétisme est dure. Aussi, peu d'hommes ont-ils le courage de s'engager dans la voie mystique. Celui qui veut entreprendre ce rude voyage doit renoncer à lui-même et aux choses de ce monde. Il demeure ensuite dans les ténèbres de la nuit obscure. Il éprouve les souffrances de la vie purgative pendant qu'il pleure sa faiblesse et son indignité, et demande la grâce de Dieu. Peu à peu, il se détache de lui-même. Sa prière devient une contemplation. Il entre dans la vie illuminative. Il ne peut décrire ce qu'il voit. Quand il veut exprimer ce qu'il sent, il emprunte, comme saint Jean de la Croix, le langage de l'amour charnel. Son esprit s'échappe de l'espace et du temps. Il prend contact avec une chose ineffable. Il atteint la vie unitive. Il contemple Dieu et il agit avec lui.

Dans la vie de tous les grands mystiques, les mêmes étapes se succèdent. Nous devons accepter leur expérience telle qu'elle nous est donnée. Seuls ceux qui ont vécu eux-mêmes la vie de prière peuvent la juger. La recherche de Dieu est, en effet, une entreprise toute personnelle. Grâce à une certaine réalité de sa conscience, l'homme tend vers une réalité invisible qui réside dans le monde matériel et s'étend au-delà de lui. Il se lance dans la plus audacieuse aventure qu'il soit possible d'oser. On peut le considérer comme un héros, ou comme un fou. Mais il ne faut pas se demander si l'expérience mystique est vraie ou fausse, si. elle est une autosuggestion, une hallucination, ou bien si elle représente un voyage de l'âme en dehors des dimensions de notre monde et son contact avec une réalité supérieure. Nous devons nous contenter d'avoir d'elle un concept opérationnel. Elle est efficace en elle-même. Elle donne ce qu'il demande à celui qui la pratique. Elle lui apporte le renoncement, la paix, la richesse intérieure, la force, l'amour, Dieu. Elle est aussi réelle que l'inspiration esthétique. Pour le mystique comme pour l'artiste, la beauté qu'il contemple est la seule vérité.

Alexis Carrel, « L'homme cet inconnu ».



L'homme cet inconnu 






Commentaire d'un lecteur :

A rebours des « commentaires » précédents (1), je vais tenter de faire un commentaire plus objectif de ce livre majeur (diffusé dans le monde entier), qui a été l'objet d'une campagne politicienne particulièrement malhonnête.

L'objet central du livre est d'établir un lien entre les caractère « psychologiques » et « physiologiques » de l'être humain : en clair, la dualité corps/esprit ; complémentarité que Carrel met en relation avec les structures sociales. S'inscrivant dans son époque, il conclut que la société de consommation qui s'affirmait alors ne pouvait aboutir qu'à la dégénérescence de l'homme, à la fois physiquement, et intellectuellement. On le voit, ce livre est tout à fait actuel.

Quant aux passages sur l'eugénisme, sur lesquels on a énormément glosé (en se fiant d'ailleurs plus à des vulgates militantes qu'à l'ouvrage lui-même...), soyons honnête en disant que cette question n'occupe que quelques pages (à peu près une dizaine, selon les éditions) sur près de 400. Pour résumer sa position, il propose la stérilisation des individus dangereux, en ce qu'il croit à l'hérédité des humains (thèse faisant certes débat), mais accepte bien les limites de cette politique.


De plus, il plaide pour un eugénisme 'positif' (et non 'négatif'), c'est à dire sur la favorisation des personnes les plus saines, et ce sur la base du volontariat. Ce qui n'a rien à voir avec une quelconque élimination fanatique, que l'on peut voir fantasmée dans certaines publications militantes et mal informées, qui imaginaient Carrel proposant une tyrannie de doux dingues en blouse blanche...

Pour conclure en revenant à l'objet central du livre (totalement occulté par la polémique sur une petite dizaine de pages...), cet ouvrage, qui met en lumière l'importance de l'hygiène des populations dans le destin des civilisations, est tout à fait actuel, en ce qu'il permet une relecture de l'amécicanisation de notre société: la malbouffe MacDonalds et l'abrutissement général des masses, Carrel l'avait analysé bien avant les altermondialistes d'aujourd'hui...

1) A lire sur le site Amazon.


Photo :
Des adeptes d'un art satanique de la laideur ?


samedi, septembre 03, 2011

Incendium amoris




Le « feu » intérieur des yogis tibétains, décrit par Alexandra David-Néel dans son livre « Mystiques et magiciens du Tibet », est observé chez les mystiques occidentaux. On nomme hyperthermie (ou incendium amoris) les phénomènes produisant de la chaleur et de la lumière à la suite d'un état mystique.

L'hyperthermie ou « incendie d'amour »

L'hyperthermie est un phénomène assez fréquent chez les mystiques. Elle se manifeste par une élévation extraordinaire de la température interne du corps, qui passe de trente-sept degrés centigrades à quarante et jusqu'à cinquante degrés, peut-être plus.

Chez le commun des mortels, une intense émotion provoque souvent une forte élévation de la température. On ne peut donc s'étonner que les ardeurs émotionnelles déclenchées par les transports d'amour divin soient liées à l'incendium amoris, phénomène absolu d'hyperthermie, bien des fois rapporté dans la vie des grands mystiques, consumés, au sens propre du mot, par cet amour. Signe extérieur, à juste titre, de leur ferveur, du latin fervor = chaleur.

« Ce fut comme un feu dévorant allumé dans mes os », dit le prophète Jérémie (XX, 15). Et saint Paul : « Notre Dieu est un feu dévorant. » (Hébreux XII, 29.)

C'est bien d'un effet physique qu'il s'agit. La grande extatique sainte Angèle de Foligno (1250-1309) brûlait littéralement d'amour pour Dieu: « Il me fut donné un tel feu que, debout près de la croix, je me dépouillai de tous mes vêtements », ose-t-elle écrire dans le Livre des visions.

Sainte Catherine de Gênes (1447-1510) qui, après une vie mondaine, s'était vouée à « souffrir comme le Christ », fut elle aussi consumée par l'Amour dévorant. On possède comme référence sa Vita publiée en 1551 et la biographie de Salvatori, fondée sur les témoignages du procès en béatification, dont il faut rappeler qu'ils sont faits sous serment par des personnes considérées comme fiables et soumises à la critique du promotor fidei.

Pendant trois carêmes et autant d'avents, sainte Catherine s’abstint de tout aliment a solide, ne buvant qu'un étrange breuvage composé d'eau, de vinaigre et de sel !

« Quand elle buvait cette mixture, lit-on dans sa Vita, il semblait que le liquide tombait sur une dalle chauffée au rouge et qu'il était tout de suite séché par le grand feu qui brûlait en elle. Aucun estomac, si robuste fût-il, n'aurait pu supporter une boisson de ce genre, à jeun, mais elle déclarait que la brûlure interne qu'elle ressentait était si grande, que même cette boisson au goût atroce rafraîchissait son corps. »

De janvier à septembre 1510, « elle fut souvent frappée d'une flèche encore plus aiguë de l'amour divin, comme si elle sentait des tenailles rougies au feu attaquer son cœur et d'autres parties internes. Une fois, elle se sentit brûler avec intensité. Elle semblait placée dans une grande flamme. Cette angoisse dura un jour et une nuit et il était impossible d'effleurer sa peau à cause de la douleur aiguë qu'elle ressentait à n'importe quel attouchement ».

Elle ne brûlait pas seulement du cœur. Les paumes de ses mains aussi. Ayant voulu les rafraîchir, dit la Vita, on lui apporta une coupe d’eau glacée où elle les plongea. L'eau devint alors si brûlante que même la coupe brûlait l'assistante, sœur Argentina, lorsqu'elle l'emporta.

Le 28 août 1510, elle parut s'embraser. Les témoins disent qu'« elle criait que toute l'eau qui existe au monde ne pourrait lui procurer le plus petit rafraîchissement ». A la fin, sa langue et ses lèvres étaient si parcheminées qu'elle ne pouvait plus parler ni déglutir, à l'exception de l'Eucharistie.

Le plus étrange fut sa dernière heure. Même le père Thurston, qui ne se trouble pas facilement, évoque « l'embrasement intime qui dévora les derniers vestiges de sa vitalité ».

Entre le 13 et le 15 septembre, jour de sa mort, elle perdit de grandes quantités d'un sang brûlant. Non seulement il chauffait les vases qui le recueillaient, laissant dans l'argent une marque indélébile, mais encore il brûlait la chair au passage.

Le sang qui bout, est-ce possible ? Lisez les témoignages sur mère Seraphina di Dio, carmélite de Capri, morte en odeur de sainteté en 1699, et dont la biographie fut publiée à Rome en 1748, sous la plume des Oratoriens Sguillante et Pagani, entièrement fondée sur les témoignages du procès en béatification.

« Les religieuses disent l'avoir souvent vue en prière, la figure rayonnante comme une flamme et les yeux étincelants. Si elles la touchaient, elles se brûlaient. Elle se disait consumée par un feu vivant ; son sang bouillait. »

Après sa mort, le procès-verbal précise :

« Pendant vingt heures, son corps garda une telle chaleur, surtout dans la région du cœur, qu’on pouvait s’y chauffer la main. La chaleur demeura perceptible trente-trois heures après la mort. Le corps ne perdit sa chaleur qu'après qu'on en eut retiré le cœur. »

C’est donc le cœur qui est la source de la chaleur. En matière de centrale nucléaire, on parle aussi du « cœur ».

Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), la visionnaire du cœur de Jésus, raconte dans son Autobiographie :

« Cette plaie (du cœur), dont la douleur m’est si précieuse, me consume et me fait brûler toute vive.»

Ces phénomènes ne sont pas rares. Dans son Traité de l'amour de Dieu, saint François de Sales écrit à propos de saint Stanislas Kostka (1030-1079), patron de la Pologne :

« Stanislas était assailli avec une telle violence par l'amour de Notre Sauveur, que souvent il s'évanouissait et souffrait de spasmes. Il était obligé d'appliquer sur sa poitrine des linges trempés d'eau froide pour tempérer l'ardeur, de l'amour qu’il ressentait. » Une inscription latine en porte encore le témoignage sur la fontaine du jardin. Une nuit glaciale où le vent soufflait, son supérieur le rencontra errant à travers le jardin du noviciat où se trouve cette fontaine.

- Que fais-tu là, Stanislas ?
- Je brûle ! Je brûle !

C'était bien le cœur qui brûlait, comme en témoigna le père Sanguigni, qui devait lui baigner la poitrine pour en atténuer la chaleur.

Saint Philippe Néri, prêtre fondateur de l’Oratoire (1515-1595), nous est bien connu par la biographie du père Bacci et par les témoignages de son ami et disciple le père Gallonio, au procès en béatification. Là encore, la chaleur vient du cœur et s'étend à tout le corps. L'homme est pourtant âgé, d'une extrême maigreur, le corps usé par l'ascèse et le jeûne. L’énergie en excès ne peut donc pas venir d'un processus chimique ordinaire produisant des calories. Souvent l'incendium le surprend la nuit et il faut ouvrir les fenêtres même en plein hiver, l'éventer, le rafraîchir. Le cardinal Crescenzi a témoigné que parfois, lorsqu'il lui prenait la main, « elle brûlait comme si le saint souffrait d'une fièvre dévorante ».

Mais ce n'est pas la fièvre. Le père Bacci rapporte encore qu'il était parfois pris d'extase en disant son office. Alors, « des étincelles dardaient de ses yeux, son visage resplendissait. Ce feu interne était tel qu’il défaillait, une syncope le jetait sur son lit où il restait étendu une journée entière sans autre maladie que celle de l'Amour divin. Une fois, sa gorge en fut si brûlée qu'il en fut malade plusieurs jours ».

C'est donc bien d’un phénomène physique qu'il s'agit. On en a d'autres preuves avec le rapport d'autopsie publié à Rome en 1613. Les chirurgiens découvrirent une grosseur sous le sein gauche, pouvant résulter de deux côtes cassées et écartées vers l'extérieur, lésion qui semblait très ancienne. L'incendium amoris était en effet accompagné parfois de palpitations considérables, que de nombreux témoins constatèrent lorsque le saint les serrait sur son cœur.

Le déplacement des côtes (sans fracture), comme soulevées par une extraordinaire dilatation du cœur, a été observé aussi chez saint Paul de la Croix (1694-1775) et chez la mystique de Lucques (décédée en 1903).

Eux aussi brûlaient : « Je sens mes entrailles desséchées, disait Paul de la Croix. J'ai soif et je voudrais boire ; mais pour étancher cette soif, je voudrais boire des torrents de feu. »

Et sainte Gemma :

Ce feu s’est tellement accru que je ne puis presque plus le supporter. Il me faudrait de la glace pour l'éteindre. Il m'empêche de dormir, de manger. Bien qu'il me délecte plus qu'il me torture, il m'épuise et me consume. »

Et elle conclut : « Ô Dieu ! Vous êtes flamme ! »

Même témoignage chez sainte Marie-Madeleine de Pazzi (1565-1607), la grande patronne de Florence. "

Née en cette ville d’une famille de l'aristocratie, Catherine de Pazzi est élevée dans une atmosphère de ferveur, mais aussi dans le luxe de cette cité au moment le plus brillant de son histoire. Remarquablement douée et d’un caractère indomptable, dès l'âge de dix ans elle est fascinée par la spiritualité. De tempérament à la fois mystique et sensuel, à onze ans elle fait vœu de virginité et de chasteté perpétuelle. Désormais, son corps et son esprit deviennent un champ de bataille où s'affrontent les aspirations mystiques et les pulsions charnelles. En vain elle tente de les mater par des macérations insensées, qui augmentent avec l'âge : privations,j jeûnes, enfin flagellations. À quinze ans elle repousse le mariage et à dix-sept ans réalise son rêve en entrant chez les Carmélites de Florence, sous le nom de Marie-Madeleine, en référence à la pécheresse convertie par le Christ. Elle donne un sens à ses sacrifices en se vouant à la conversion des pécheurs. Elle se singularise aussitôt par ses mortifications excessives, ses extases, ses visions entrecoupées de nuits de l’esprit et d'assauts démoniaques. La plus sévère règle monastique et son amour mystique n'ont nullement apaisé ses désirs charnels et c'est dans ce contexte explosif que se situent les phénomènes.

Ceux-ci sont bien observés et ne peuvent être suspectés, car ils ne concourent en rien à établir sa sainteté, qui sera reconnue malgré eux.

Ses extases ont diverses particularités. Elles sont fréquentes, souvent journalières, remarquablement longues. Un simple mot les déclenche : Jésus, amour. L'extase s'accompagne parfois de phénomènes inexplicables : perte de poids avec lévitation, ou au contraire extrême rigidité, pétrification. [...] Enfin, certaines extases ont cette particularité de provoquer en elle un incendie d'amour. Une hyperthermie embrase son corps et particulièrement son cœur, au point de dégager une chaleur qui rayonne d'elle et que ses compagnes ressentent avec effroi. Le père Cepari, son biographe, raconte :

« À cause de la grande flamme brûlante de cet amour divin, elle courait au jardin. Au plus fort de l'hiver, ne pouvant supporter ses vêtements de laine à cause du brasier d'amour qui dévorait sa poitrine, elle les déchirait et les rejetait. Elle allait à la source où elle buvait d'énorme quantité d'eau froide, trempait sa figure et ses bras, versait de l’eau sur sa poitrine. Et si grande était «la flamme qui consumait son sein que, de l'extérieur même, elle semblait se consumer. »

L’eau s'évaporait, en ébullition, dit-on, au contact de sa peau.

Ce n’est pas une fièvre banale, elle n'est pas malade. Le père Cepari dit encore, ce que confirment les témoins au procès en béatification, que « son visage perdait en un instant la pâleur causée par ses pénitences et devenait rayonnant, radieux. Ses yeux brillaient comme des étoiles elle criait : Amour ! Dieu d'amour ! ».

La vie de Maria Villani, dominicaine de Naples (décédée en 1670) a été écrite quatre ans après sa mort par le dominicain Francis Marchese. Il la qualifie de « fournaise ardente d'amour », ce qui correspond au désir sans cesse exprimé par cette religieuse d'être consumée d'amour divin. Pour calmer ses brûlures bien réelles, elle buvait quinze à vingt litres d’eau par jour. La déglutition, dit-on, était suivie d'un grésillement, comme si l’eau se vaporisait sur une plaque chauffée au rouge.

Sœur Maria connaissait l'origine de ce phénomène. Comme Thérèse d'Avila et beaucoup d'autres mystiques, elle avait été blessée au côté et au cœur par « une flamboyante lance d'amour ». Cette blessure existait réellement. Trois de ses confesseurs la touchèrent et même la sondèrent. Après sa mort, l'autopsie des chirurgiens Trifone et Pinto le confirma, le père Marchese la vit :

« Les lèvres en étaient dures et cicatrisées comme après l'emploi d'un cautère, évoquant une lance de feu. »

On dispose ici d'un document scientifique, l'autopsie réalisée par les deux chirurgiens. Le corps, qui de son vivant était desséché, de couleur sombre, avait pris un teint frais, il était devenu souple. L'ouverture du corps neuf heures après la mort révéla d'autres surprises. Un sang clair et fluide s'écoula du cœur. « Une fumée (fumo) et de la chaleur s'en exhalèrent, véritable brasier d’amour divin. »

Le chirurgien recula. Un moment plus tard, « il mit la main dans le cadavre pour retirer le cœur, mais il le trouva si chaud que, se brûlant, il fut contraint de retirer plusieurs fois la main avant d'y parvenir ». Ce cœur a été conservé et demeura incorrompu, au moins jusqu'en 1673, date de la rédaction de la Vita.

Maria Villani était en outre coutumière de lévitation et émettait des parfums mystérieux.

Dans les dernières semaines de sa vie, la bienheureuse Élisabeth de la Trinité (1880-1906) était elle aussi devenue un feu dévorant. Certes, la jeune carmélite de Dijon se mourrait de la tuberculose, mais n’y avait-il que cela ? Elle brûlait d'amour pour Celui qui, irrésistiblement, l'attirait vers lui. Son palais, sa langue étaient en feu, et elle brûlait dans tout son corps. Elle dit alors :

« Dieu est un feu dévorant ; c'est son action que je subis. »

Elle s'éteignit le 9 novembre 1906. Ses derniers mots avaient été : « Je vais à la Lumière, à l'Amour, à la Vie. »

À une époque plus récente encore, signalons le cas bien connu du padre Pio. Le 17 mars 1918, le jeune moine capucin, lui aussi brûlant de l'amour de Dieu, était réformé de l’armée pour broncho-alvéolite double. Il subit des examens médicaux à l'hôpital de Naples et sa température stupéfia infirmiers et médecins. Les thermomètres éclataient à leur graduation maximum : quarante-huit degrés centigrades ! Or, ce n’était pas une fièvre ordinaire, puisqu'il rentra tranquillement chez lui par ses propres moyens.

Jean Guitton et Jean-Jacques Antier, « Les pouvoirs mystérieux de la foi ».



Ce monde n’est pas déterminé par des lois physiques intangibles. Des exemples célèbres le prouvent, Thérèse d'Avila, Bernadette Soubirous, le curé d'Ars, ou, plus proche de nous, Marthe Robin. De tout temps, à travers le monde, les grands mystiques ont éprouvé ces extraordinaires moments de grâce où la matière semble dépassée, ont vécu ces signes inexplicables de la transcendance dans leur chair.

La spiritualité, l'ascèse, l'expérience du sacré, mais aussi l'évolution actuelle de la science : de ces dialogues denses et foisonnants sur les pouvoirs de la foi, les sceptiques sortiront ébranlés, et les croyants affermis dans leur conviction.



Le toumo tibétain

Illustration

vendredi, septembre 02, 2011

L'ésotérisme nazi





Dans son livre Souvenirs et réflexions d'une aryenne, Savitri Devi, la prêtresse d'Hitler, affirme que les nazis étaient dépositaires de la véritable tradition ésotérique de l'humanité :

« Ce dépôt, écrit-elle, plus précieux que tout, provenait de la mystérieuse Hyperborée, patrie originelle des “hommes transparents”, fils des “Intelligences du Dehors” ; de l’Hyperborée dont le centre, — la “capitale” — était Thulé.

Il est sans doute inutile de faire remarquer que la “transparence” dont il est question ici n’a rien de matériel, et par conséquent, de visible. Elle figure un état d’être plus subtil que celui que nous connaissons ; plus ouvert au contact direct avec l’intangible et même l’informel. En d’autres termes, les Hyperboréens, détenteurs de la Tradition primordiale, auraient été capables d’intuition intellectuelle à un degré que nous ne concevons pas.

Qui étaient-ils ? Et, — s’il a vraiment existé — où s’étendait leur territoire ? Les allusions plus ou moins évocatrices qui y sont faites par les Anciens, — par Sénèque, dans sa “Médée” ; par Pline l’Ancien, Virgile, Diodore de Sicile, Hérodote, Homère (dans l’Odyssée) et l’auteur ou les auteurs de la Genèse, et surtout de l’énigmatique Livre d’Enoch — sont assez vagues, quoique se rapportant toutes au “grand Nord”. Et l’évocation de la “blancheur” extrême des Hyperboréens, de l’indicible beauté de leurs femmes et des “extraordinaires dons de clairvoyance”, de certaines d’entre elles, ferait penser à une race aryenne immensément supérieure à la moyenne des Nordiques actuels, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il s’agit d’un passé qui se perd dans la nuit des temps. Mais il y a plus : le savant Bal Gangadhar Tilak, plus connu sous le nom de Lokomanya Tilak, érudit et sage Hindou, a, dans son ouvrage The Arctic Home in the Vedas (“La patrie arctique dans les Védas”), très clairement rattaché la plus ancienne tradition des Indes à une région située sous les hautes latitudes ; une région connaissant et la longue nuit polaire et le soleil de minuit, et... les aurores boréales ; une région où les astres ne se lèvent ni ne se couchent, mais se déplacent, ou semblent se déplacer, circulairement le long de l’horizon.

Le Rig-Véda, qu’il a étudié tout spécialement, et dont il tire la plupart des citations à l’appui de sa thèse, aurait été, ainsi que l’ensemble du “Véda” — ou connaissance “vue”, c’est-à-dire directe, — révélé à ces “Aryas”, c’est-à-dire “Seigneurs” de l’extrême Septentrion, et conservé précieusement par eux lors des migrations qui les ont, au cours des siècles, peu à peu amenés jusque dans l’Inde.

Tilak place l’abandon de la patrie arctique au moment où celle-ci perdit son climat tempéré et sa verdoyante végétation, pour devenir “glaciale”, c’est-à-dire au moment où l’axe de la Terre bascula de plus de vingt-trois degrés, il y a quelque huit mille ans. Il ne précise pas si l’ile ou la portion de continent ainsi frappée de soudaine stérilité a été engloutie, comme le veut la Légende de Thulé, ou continue d’exister quelque part dans le voisinage ou à l’intérieur du Cercle polaire. Il ne mentionne, pas, non plus, les étapes que les dépositaires du Véda éternel — Sagesse cachée sous les textes sacrés de ce nom, — durent parcourir entre leur patrie arctique et les premières colonies qu’ils fondèrent dans le nord-ouest de l’Inde. Et, son ouvrage ne s’adressant pas à des initiés — qui n’en auraient d’ailleurs nul besoin — mais seulement à des savants orientalistes de bonne foi, qu’il sait insensibles à tout argument non étayé de preuves, il ne dit évidemment rien des centres initiatiques “souterrains”, Agartha et Shamballa, dont il est si souvent question, dans l’enseignement secret que la “Société de Thulé” donnait à ses membres — enseignement qu’ont donc reçu, entre autres, Alfred Rosenberg, Rudolf Hess, Dietrich Eckart et, vraisemblablement par l’intermédiaire de ce dernier, Adolf Hitler lui-même. (Agartha, ou Agarthi, serait le centre placé “sous la roue du Soleil d’Or, c’est-à-dire celui auquel se rattachent les contemplatifs qui refusent d’avance de participer aux affaires de ce monde : celui des sages que j’ai appelés “hommes au-dessus du Temps”. Shamballa serait, par contre, le centre spirituel des hommes “contre le Temps” : des initiés qui, tout en vivant dans l’éternel, acceptent d’agir dans ce monde “dans l’intérêt de l’Univers”, selon les valeurs immuables, ou, pour employer les paroles mêmes du Führer, selon le “sens originel des choses”. C’est, naturellement, à ce second centre des Maîtres de l’Action qu’Adolf Hitler se rattacherait). Il est remarquable que les noms d’Agartha et de Shamballa “apparaissent plusieurs fois sur les lèvres de plus d’un chef S.S. au cours des procès de Nuremberg, et, plus particulièrement, des S.S. qui furent parmi les responsables de l’Ahnenerbe”. Cette organisation a, entre autres, on le sait, envoyé au Tibet “une expédition dirigée par l’ethnologue Standartenführer S.S. Docteur Schäfer”. Les fragments, les comptes-rendus de celle-ci, qui existent, microfilmés, “aux Archives nationales, à Washington”, ont paru extraordinaires” à André Brissaud, qui les a lus. Pourquoi une telle expédition ? Certes pas pour tenter de retrouver, en Asie Centrale, “les origines de la race nordique”, comme semble le laisser croire Brissaud. Sous le Troisième Reich, même les enfants des écoles savaient, pour l’avoir lu dans leurs manuels, — dont quelques-uns, tel celui de Klagges/Blume, “So ward das Reich”, étaient remarquables, — que cette race s’était étendue du nord vers le sud et vers l’est, et non inversement. Non. Ce que voulaient, sans doute, le Docteur Schäfer et ses collaborateurs, c’était, plutôt, essayer de pénétrer le mystère d’Agartha et de Shamballa ; peut-être essayer, avec l’aide du ou des chefs d’un centre spirituel où il se manifeste, d’entrer en contact avec le principe (car c’est un principe, non un personnage) que René Guénon appelle le “Roi du Monde”. Cela semble d’autant plus plausible que, parmi ces sections de l’Ahnenerbe dont le travail était classé “affaire secrète du Reich” et “dont on ignore tout”, “l’une comprenait, outre l’étude des langues anciennes, de la cosmologie et de l’archéologie, celle “du Yoga et du Zen”, et une autre s’intéressait “aux doctrines ésotériques, et aux influences magiques sur le comportement humain.”

D’ailleurs, ce n’est pas seulement avec les initiés de la Cité interdite de Lhassa (et peut-être avec le Dalaï-lama lui-même) que l’élite spirituelle de l’Ordre S.S. — qui était celle d’une nouvelle civilisation traditionnelle en puissance, sinon actuellement en gestation, — cherchait à prendre contact. A mon humble connaissance, il y eut aussi de semblables rencontres aux Indes ; — rencontres que peu de gens soupçonnent en Occident — et cela, tout à fait en dehors des conversations politiques qui ont pu avoir lieu avec certains chefs hindous, tel Subhas Chandra Bose, aux Indes et en Allemagne, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. »

L'Ahnenerbe

Les travaux de l'Ahnenerbe, ou plus exactement Ahnenerbe Forschungs und Lehrgemeinschaft, c’est-à-dire Société pour la Recherche et Enseignement sur l'Héritage Ancestral, « allaient de l'activité scientifique proprement dite à l'étude des pratiques occultes, de la vivisection pratiquée sur les prisonniers à l'espionnage des sociétés secrètes »(1). Les préoccupations des chercheurs de l'Ahnenerbe étaient parfois un peu loufoques comme « la signification occulte des tourelles gothiques et des chapeaux hauts de forme d'Eton ».

L'Ahnenerbe et le Tibet

Les nazis de l'expédition allemande au Tibet de 1938-1939 qui, selon Savitri Devi, furent en contact avec « les initiés de la Cité interdite de Lhassa et peut-être avec le Dalaï-lama lui-même » ne pouvaient pas compter sur le Dieu-roi du Tibet pour pénétrer les mystères d'Argartha et de Shamballa. En effet, Savitri Devi semble ignorer que le XIIIème Dalaï-lama, Thubtan Gyatso, qui avait fait traduire « Mein Kampf » en tibétain, décéda en 1933. Son successeur Tenzin Gyatso (l'actuel XIVème Dalaï-lama) était un bambin de trois ans quand le SS Ernst Schäfer et ses collaborateurs arrivèrent au Tibet. Toutefois, avant de rejoindre la SS et de travailler pour l'Ahnenerbe, Ernst Schäfer participa à une expédition en Chine et au Tibet (1931-1932) financée par l'Académie d'histoire naturelle de Philadelphie en Pennsylvanie et conduite par Booke Dolan.

Julius Evola : la vérité sur le fond occulte du nazisme

« En ce qui concerne le prétendu fond «occulte» du Troisième Reich, je me contenterai de dire qu’en ma qualité d’homme ayant eu loisir de connaître de très près la situation dans le Troisième Reich, je peux déclarer qu’il s’agit là de pures fantaisies, et j’ai eu l'occasion de l’indiquer également à Louis Pauwels, qui, dans son livre : Le matin des magiciens, a contribué à propager de telles erreurs ; il était venu, une fois, pour faire ma connaissance et me parler, sans pouvoir lui-même se référer à quelque donnée sérieuse sur cette idée. On peut parler, non de caractère «initiatique», mais «démoniaque» au sens général, dans le cas de tout mouvement qui, sur la base d’une fanatisation des masses, crée quelque chose comme un tourbillon ayant pour centre le chef démagogique qui est parvenu à produire cette espèce, d’hypnose collective, se servant d’un mythe ou d’un autre. Un tel phénomène ne se relier à rien de «magique» ou d’«occulte» au sens propre, ayant cependant un fond obscur. C’est un phénomène qui se reproduit dans l'histoire, en partant de la Révolution française jusqu’au maoïsme (dans une certaine mesure). »

Julius Evola, interviewé par Enrico de Boccard.


1) Pauwels et Bergier


Télécharger gratuitement Souvenirs et réflexions d'une aryenne :

Savitri Devi, de son vrai nom Maximine Portas, née le 30 septembre 1905 à Lyon, morte le 22 octobre 1982 à Sible-Hedingham (Angleterre), était une admiratrice du dictateur Adolf Hitler. 



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jeudi, septembre 01, 2011

L'inquiétante influence de l'Opus Dei





Introduite en bonne place dans les arcanes du Vatican, l'« Œuvre » entretient des relations sulfureuse avec le monde politique et celui de l'argent, et elle n'aurait pas toujours démérité de son surnom de « sainte mafia ».

L'organisation, née à la fin des années 1920, a grandi dans l'ombre du franquisme, même si son fondateur, Josémaria Escrivá de Balaguer (1902-1975) n'a jamais été le confesseur de Franco comme on l'a parfois soutenu. Il n'en demeure pas moins que la victoire du Caudillo sur les forces de gauche, violemment anticléricales, a été accueillie avec soulagement par nombre de catholiques espagnols, dont Escrivá lui-même.

Dans les années 1930, Franco et, partant, le fascisme, apparaissent comme les meilleurs remparts contre l'expansion du communisme, athée par définition. D'ailleurs, un ancien membre de l’Opus Dei, Vladimir Felzmann, rapporte avoir un jour évoqué cette question avec Balaguer qui lui avait confié : « Hitler contre les Juifs, Hitler contre les Slaves, c'était Hitler contre le communisme. » Au-delà de ces sympathies liées au contexte de la guerre, il apparaît que le régime franquiste a puisé largement dans le vivier de l'Opus Dei, bien que l'ordre se déclare apolitique et que certains de ses membres aient été des opposants farouches au régime. Dans les années 1950, trois ministres en sont membres et trois autres sont sympathisants ; ils sont rejoints bientôt par d'autres membres encore. Or, en 1969 éclate un scandale financier de grande ampleur, l'affaire Matesa, qui touche l'un des ministres affilié à l'Œuvre. Le retentissement de l'affaire est tel que la presse publie la composition du gouvernement : sur un total de dix-neuf ministres, sept sont membres notoires de l'Opus et dix autres en sont sympathisants. Mais ce n'est qu'en 1973, à la mort du Premier ministre, que Franco se séparera d'eux.

Charité bien ordonnée...

On reproche fréquemment à l'organisation la discrétion, sinon le secret, dont s'entourent ses membres et qui leur permettrait de contourner facilement les limites de la légalité pour le profit de l'ordre. Malheureusement, certaines affaires sont venues étayer cette thèse. Ainsi, en 1982, José Maria Ruiz Mateos, dirigeant d'un grand consortium international, est inculpé pour fraude fiscale. L'enquête révèle qu'il finançait l’Opus Dei avec une partie de cet argent ! C'est que les liens de l'organisation avec la finance sont fort complexes : elle dispose d'un solide réseau bancaire alimenté par ses membres qui sont souvent des donateurs généreux et fortunés. L'impératif de «la sanctification par le travail » a tendance en effet à attirer des personnes dont la réussite professionnelle est établie. Ainsi, et assez paradoxalement, l'Opus favorise-t-elle le capitalisme libéral et une certaine réussite matérielle.

Le scandale Matesa a d'ailleurs permis de révéler de bien curieuses connexions politico-financières : la filiale luxembourgeoise de la société Matesa, la Sodetex, était dirigée par le prince Jean de Broglie, trésorier des Républicains indépendants, le parti de Valéry Giscard d'Estaing. Et le père de ce dernier, Edmond, était à la tête d'une banque où l'Opus Dei, par le biais de la Banco Popular Español, venait de prendre 35 % de participation...

Une spiritualité originale

La spiritualité de l'Opus Dei est en effet tout à fait originale. Tout entière tournée vers la sanctification des laïcs, celle-ci est indéniablement une raison de son succès. De plus, elle offre trois types d'affiliation, en fonction de la situation et de l'engagement de ses membres. Les plus nombreux sont les surnuméraires : ce sont des fidèles, célibataires ou mariés, qui allient l'idéal de l'Œuvre à leur vie quotidienne. On trouve également les agrégés qui sont des laïcs, célibataires mais vivant avec leur famille. Quant aux numéraires, ce sont des hommes ou des femmes, laïcs et célibataires, qui se vouent entièrement à l'Opus Dei. Tous peuvent en outre être aidés ponctuellement par les coopérateurs qui, sans être membres de l'association, participent à certaines de ses activités, en particulier par le don. Pour entrer dans l'Opus, il faut être majeur. L'incorporation se fait par serment devant des témoins : tandis que le candidat promet fidélité, discrétion, et bien sûr la rigueur d'une vie apostolique, l’ordre s'engage à lui dispenser un enseignement, à le suivre et à le soutenir dans sa progression, avec l'aide notamment des prêtres de la Société sacerdotale de la Sainte-Croix. Ce dernier point n'est pas sans poser de problèmes : d'anciens membres ont témoigné que leur direction de conscience s'apparentait parfois à une certaine forme d'embrigadement, très réservé face à l'exercice de l'esprit critique, interdisant toute lecture jugée contraire aux préceptes de l'Église. Certains ont même rapporté qu'on leur avait conseillé de s'éloigner de leur famille.

Une société influente

Les conditions de recrutement posent la question du dessein de l'ordre. Dans cette optique, et bien qu'il s'en défende, l'Opus Dei mène une politique assez élitiste. Des noms de dirigeants politiques, économiques, membres ou sympathisants, circulent sans qu’il soit possible de vérifier leur appartenance. Toutefois, Mgr del Porlillo révéla à demi-mot le pouvoir de l'Opus lorsqu’il déclara, en 1979, que «les membres de l'Opus Dei travaillent dans 475 universités et écoles supérieures des cinq continents ; dans 604 journaux, revues et publications scientifiques ; sur 52 chaînes de radio et de télévision ». Si l'influence de l'ordre est indéniable - et sans doute a-t-elle joué un rôle dans
l'élection du pape Benoît XVI en avril 2005 -, peut-on pour autant parler d’une « internationale opusienne » comme n'hésitent pas à le faire certains ?

Les sociétés secrètes


La face cachée de l'Opus Dei
Documents secrets
les vérités qui dérangent

Partant des règlements internes réservés aux seuls responsables, d'écrits inédits du fondateur, de nombreux témoignages internationaux et de son propre parcours au sein de l'Opus Dei, Bruno Devos, membre pendant une quinzaine d'années, démontre combien les pratiques de cette organisation sont à l'opposé des idéaux qu'elle proclame. La spiritualité de l'Œuvre s'appuie sur " la sanctification de la vie ordinaire ", et c'est mû par cet idéal que l'on y entre. Pourtant, de nombreux membres la quittent en état de choc, psychologique, affectif et spirituel. Parmi ceux qui restent, beaucoup présentent des symptômes de dépression et d'épuisement chronique. Pourquoi ? L'auteur en décèle la source dans un phénomène d'absolutisation : l'organisation radicalise à l'extrême les principes traditionnels du christianisme jusqu'à les pervertir. Seule compte l'efficacité. Les jeunes sont embrigadés, l'exercice du pouvoir est dévoyé, l'annonce de l'Évangile se transforme en prosélytisme... Tout ce qui est étranger à l'Opus Dei est suspect, y compris dans l'Église. Une vision unique et authentique de la vie au sein de l'une des organisations religieuses les plus mystérieuses au monde.


L'auteur :
Bruno Devos est né en 1977 à Paris. Après avoir suivi des études de mathématiques, physique et chimie, il est devenu chef de projet informatique. Il a activement participé à l'expansion du mouvement en Pologne comme trésorier du centre de Varsovie et assistant du conseil régional.

Photo :
Le dictateur Franco, ici en compagnie de l'évêque de Madrid, a toujours été soutenu par l'épiscopat espagnol. En retour, il contribua au succès de l'Opus Dei.

Un choc des cultures au cœur de l'Amérique

En 1987, le professeur de journalisme Stephen Bloom, un libéral typique, a voulu explorer ses racines juives en rejoignant la communauté Hab...