jeudi, septembre 18, 2014

Se tenir dans l'ici et maintenant


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Se tenir dans l'ici et maintenant est une praxis qui s'acquiert et qui grandit par une mise en application continue et déterminée de l'instant présent, permettant à l'être, ce lieu le plus intime de soi-même, que les anciens Chinois nommèrent la fleur d'or, de se manifester.
Seule une conscience verticale, une conscience totale de l'ici et maintenant nous permettrait de nous affranchir de ces deux grandes illusions que sont le passé et le futur.

Charles Antoni



Crise... Mutation. Fin d'un cycle. Fin d'une époque.

C'est sans doute d'une grande mutation qu'il s'agit, d'une fin d'époque comme cela a pu déjà se produire dans l'histoire de notre planète Terre. Incontestablement nous sommes arrivés à saturation.

Un autre monde est-il possible ? Ou bien sommes-nous proches d'une catastrophe sans précédent ? D'une explosion qui nous conduirait au néant, à notre extermination pure et simple comme ce fut le cas pour les dinosaures ?

Nous sommes à présent voués à la survie. Chacun pour soi. Affrontement sans restriction des ego qui ne pourra que déboucher sur une guerre de tous contre tous telle qu'annoncée dans l'Apocalypse de Jean. Déjà en son temps, dans La Doctrine du But de la Vie, Nietzsche nous parlait des humains en ces termes : « Que je considère les hommes avec bonté ou malveillance, je les trouve toujours, tous tant qu'ils sont et chacun en particulier occupés d'une même tâche : se rendre utile à la conservation de l'espèce. Et ce, non point par amour de cette espèce, mais simplement parce qu'il n'est rien en eux de plus ancien, de plus puissant, de plus impitoyable et de plus invincible que cet instinct..., parce que cet instinct est proprement l'essence de notre espèce, de notre troupeau. »

Les humains, en général, ne sont qu'agrégats artificiels mus par la survie matérielle et la volonté de perpétuation au travers de la procréation, projetant sans aucune culpabilité les futurs enfants dans un monde où ne règne que souffrance. Il n'en demeure pas moins que le moyen fondamental pour la survie d'un organisme vivant en est la conscience, comme pour l'homme : la raison.

Les humains offrent le plus souvent l'apparence d'êtres vivants, alors qu'en réalité ils ne sont que des morts-vivants, poursuivant leur vie dans une totale absence d'eux-mêmes.

C'est ici que le combat devra être engagé pour la quête de l'instant présent. Il nous faudra faire preuve d'une grande vigilance pour tenter d'échapper à la tyrannie de nos pensées et de nos émotions.

Le véritable traqueur devra se tenir sans vaciller dans l'instant présent. Pour ceux que cette perspective n'enchante guère il y a de fortes chances pour que, dans la vie courante, se maintenir hors des eaux soit des plus difficiles.

Dans son traité De la Guerre le grand théoricien Clausevitz écrit : « Lorsqu'on a vu la guerre tout devient clair. Et pourtant, il est extrêmement difficile de décrire ce qui suscite ce changement, de nommer ce facteur invisible qui agit partout. Tout est très simple dans la guerre mais les choses les plus simples sont difficiles. Ces difficultés s'accumulent et produisent une friction dont celui qui n'a pas vu la guerre ne peut se faire une idée juste. »

Se tenir dans l'ici et maintenant est une praxis qui s'acquiert et qui grandit par une mise en application continue et déterminée de l'instant présent, permettant à l'être, ce lieu le plus intime de soi-même, que les anciens Chinois nommèrent la fleur d'or, de se manifester.

Seule une conscience verticale, une conscience totale de l'ici et maintenant nous permettrait de nous affranchir de ces deux grandes illusions que sont le passé et le futur.

Sachant qu'il ne peut y avoir séparation dans le continuum espace-temps, il semble tout à fait opportun d'écouter ce que nous dit au sujet de l'espace Sri Nisargadatta Maharaj : « L'espace est à l'extérieur et il est également ici. Il n'y a aucune différence entre l'espace extérieur et l'espace intérieur, il n'y a qu'un seul espace. »

Charles Antoni, Ici et maintenant.





mercredi, septembre 17, 2014

L'élitisme éthique de Julius Evola






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Ce qu’il faut favoriser, c’est [...] une révolution silencieuse, procédant en profondeur, afin que soient créées d’abord à l’intérieur et dans l’individu les prémisses de l’ordre qui devra ensuite s’affirmer aussi à l’extérieur, supplantant en un éclair, au bon moment, les formes et les forces d’un monde de subversion.
Evola


On sait que pour Evola, toute l’histoire humaine depuis deux millénaires et demi peut se lire comme un processus d’involution, assez lent d’abord, puis de plus en plus accéléré, et qui culmine dans la modernité. Ce processus de décadence obéit à la loi de « régression des castes », qui a fini par consacrer les valeurs marchandes, économiques — qui pour Evola sont aussi celles de la femme et du peuple — et par donner le pouvoir à leurs représentants. Il se caractérise par une progressive déperdition de l’élément spirituel, viril et héroïque, caractéristique de la « Lumière du Nord », et par une montée corrélative des valeurs dissolvantes des cultures « gynécocratiques » du Sud. Son résultat est l’effacement des « visions du monde » (Weltanschauungen) impersonnelles, ordonnées à des principes métaphysiques supérieurs, au profit du seul savoir livresque et de l’intellectualisme abstrait, mais aussi le primat de l’« âme », domaine des pulsions instinctives et des passions indifférenciées, sur l’« esprit », domaine de la clarté « apollinienne » et de la rationalité. Pour Evola, ce processus constitue un fait premier, qui justifie le regard péjoratif qu’il porte sur l’histoire : celle-ci n’est qu’histoire d’un déclin toujours plus accentué et, inversement, le déclin commence dès que l’homme veut s’inscrire dans l’histoire.
 

Cette vision s’inscrit elle-même dans une structure de type à la fois dualiste et hiérarchique. Tout le système d’Evola se fonde sur une double opposition : d’une part entre ce qui est « en haut » et ce qui est « en bas », d’autre part entre la plus lointaine origine (ce qu’il appelle la « Tradition primordiale ») et la fin de cycle actuelle. Les termes de cette opposition se recouvrent : l’origine renvoie aux principes fondateurs supérieurs, l’état des choses présent à l’abaissement final. La décadence se résume dès lors au mouvement ascendant de la base et au mouvement descendant du sommet.

La pensée évolienne se veut bien entendu fondamentalement orientée vers le haut, c’est-à-dire rigoureusement élitiste et « hiérarchiste ». Evola rappelle qu’étymologiquement, « hiérarchie » signifie « souveraineté du sacré ». La perspective hiérarchique doit donc s’entendre à la fois dans un sens synchronique (« plus la base est vaste, plus le sommet doit être haut »), et dans un sens diachronique, le passé étant par définition toujours meilleur que le présent — et même d’autant meilleur qu’il est plus éloigné. L’idée-clé est ici que l’inférieur ne peut jamais précéder le supérieur, car le plus ne saurait sortir du moins. (C’est la raison pour laquelle Evola rejette la théorie darwinienne de l’évolution). Adversaire résolu de l’idée d’égalité, Julius Evola condamne donc avec force toute forme de pensée démocratique et républicaine — les républiques de l’Antiquité n’étant selon lui que des aristocraties ou des oligarchies —, tant parce que de telles formes de pensée proviennent du « bas » que parce qu’elles sont des produits de la modernité, les deux raisons n’en formant d’ailleurs qu’une à ses yeux. L’histoire étant conçue comme chute accélérée, il n’y a dès lors, du libéralisme au bolchevisme, qu’une différence de degré : « Libéralisme, puis démocratie, puis socialisme, radicalisme, enfin communisme et bolchevisme ne sont apparus dans l’histoire que comme des degrés d’un même mal, des stades dont chacun prépare le suivant dans l’ensemble d’un processus de chute »

Face à cette évolution négative, Evola place en politique tous ses espoirs dans l’Etat. Mais puisque pour lui c’est toujours le « bas » qui doit dériver du « haut », et non l’inverse, il importe que cet Etat ne procède d’aucun élément « inférieur ». Rejetant toutes les doctrines classiques qui font de l’Etat la forme organisée de la nation, le produit de la société ou la création du peuple, il affirme donc — et réaffirme sans cesse — que c’est au contraire l’Etat qui doit fonder la nation, mettre le peuple en forme et créer la société. « Le peuple, la nation, écrit-il, n’existent qu’en tant qu’Etat, dans l’Etat et, dans une certaine mesure, grâce à l’Etat ». Cet Etat doit se fonder exclusivement sur des principes supérieurs, spirituels et métaphysiques. C’est seulement ainsi qu’il sera un « Etat vrai », un « Etat organique », non pas transcendant par lui-même, mais fondé sur la transcendance de son principe.

Cet « étatisme » est certainement ce qu’il y a de plus frappant dans la pensée politique d’Evola. Sans doute est-il assorti d’un certain nombre de précisions destinées à dissiper tout malentendu. Evola prend ainsi le soin de dire que la « statolâtrie des modernes », telle qu’on la trouve par exemple chez Hegel, n’a rien à voir avec l’« Etat vrai » tel qu’il l’entend. Il souligne aussi que bien des Etats forts ayant existé dans l’histoire ne furent que des caricatures de celui qu’il appelle de ses voeux. Il critique d’ailleurs avec vigueur le bonapartisme, qu’il qualifie de « despotisme démocratique », comme le totalitarisme, dans lequel il voit une « école de servilité » et une « extension aggravante du collectivisme ». Le primat qu’il attribue à l’Etat n’en est pas moins significatif, surtout lorsqu’on le rapporte à ce qu’il dit du peuple et de la nation. Tandis que la notion d’« Etat » a presque toujours chez lui une connotation positive, celles de « peuple » ou de « nation » ont presque toujours une valeur négative. L’Etat représente l’élément « supérieur », tandis que le peuple et la nation ne sont que des éléments « inférieurs ». Qu’il soit demos ou ethnos, plebs ou populus, le peuple n’est aux yeux d’Evola que « simple matière » à conformer par l’Etat et les termes comme « peuple », « nation », « société », apparaissent même dans ses écrits comme pratiquement interchangeables : tous correspondent à la dimension purement physique, « naturaliste », indifférenciée, fondamentalement passive, de la collectivité, à la dimension de la « masse matérialisée » qui, par opposition à la forme que seule peut conférer l’Etat, reste de l’ordre de la matière brute. Evola se situe de ce point de vue à l’exact opposé des théoriciens du Volksgeist, comme Herder : le peuple ne saurait représenter pour lui une valeur en soi, il ne saurait être le dépositaire privilégié de l’« esprit » créateur d’une collectivité donnée. Evola est tout aussi indifférent à la question du lien social, voire au social lui-même, qu’il englobe volontiers dans l’« économico-social », autre désignation chez lui du monde de l’horizontal ou du règne de la quantité. « Tout ce qui est social, écrit-il, se limite, dans la meilleure des hypothèses, à l’ordre des moyens ». C’est pourquoi l’on ne trouve pas chez lui de pensée sociologique, ni d’ailleurs de véritable pensée économique.

Ce regard posé sur le peuple n’explique pas seulement l’hostilité d’Evola envers toute forme de démocratie ou de socialisme, fût-il « national ». Il est également sous-jacent à sa critique du nationalisme. Celle-ci repose en fait sur deux éléments distincts : d’une part une adhésion au modèle de l’Empire, contre lequel se sont bâtis les royaumes nationaux et les nationalismes modernes — Evola souligne ici avec bonheur que l’idée d’Empire n’a rien à voir avec les impérialismes modernes, qui ne sont en général que des nationalismes aggravés —, et d’autre part, l’idée que la nation, comme la patrie, est d’essence fondamentalement « naturaliste » en tant qu’elle ressortit à la fois au domaine de la « quantité » et au pur « sentiment ». Evola admet certes que le nationalisme vaut mieux que le cosmopolitisme politique, dans la mesure où il représente un niveau d’existence plus différencié, et qu’il peut ainsi constituer le « prélude d’une renaissance », mais il n’en décrit pas moins le nationalisme comme une doctrine sentimentale et naturaliste, qui trouve son principe dans le primat du collectif et, de ce fait, s’accorde mal avec sa conception de l’Etat. Se « dissoudre » dans la nation vaut à peine mieux que se « dissoudre » dans l’humanité

Se refusant à faire de l’Etat l’expression de la société et réagissant contre ceux qui voient dans l’Etat une sorte de famille agrandie (où le souverain jouerait le rôle du pater familias), Evola en explique l’origine à partir de la « société d’hommes ». Il rejoint ici Hans Blüher, qui plaçait lui aussi les anciennes « Männerbünde » à la source de toute véritable autorité politique. Cette société d’hommes est à concevoir d’abord comme une association exclusivement masculine, ensuite comme lieu de regroupement d’une élite. La forme d’association « virile » par excellence est pour Evola celle de l’Ordre. Les exemples qu’il donne sont principalement l’Ordre des Templiers et celui des Chevaliers teutoniques.

La notion d’Ordre permet de comprendre tout ce qui sépare l’élitisme prôné par Evola, élitisme essentiellement éthique, de l’élitisme libéral ou méritocratique. Appartient à l’élite, non le « meilleur » au sens darwinien du terme ou le plus performant au sens de Pareto, mais celui chez qui l’ethos domine sur le pathos, celui qui a « le sens d’une supériorité vis-à-vis de tout ce qui n’est que simple appétit de “vivre” », celui qui a fait siens « le principe d’être soi-même, un style activement impersonnel, l’amour de la discipline, une disposition héroïque fondamentale ». L’élite est donc d’abord chez lui une aristocratie. Elle incarne une « race de l’esprit », un type humain particulier qu’Evola définit comme « homme différencié », et dont il pose l’avènement (ou la renaissance) comme un préalable indispensable à toute action sur le monde : « Ce qu’il faut favoriser, c’est [...] une révolution silencieuse, procédant en profondeur, afin que soient créées d’abord à l’intérieur et dans l’individu les prémisses de l’ordre qui devra ensuite s’affirmer aussi à l’extérieur, supplantant en un éclair, au bon moment, les formes et les forces d’un monde de subversion ».

Sa proposition finale, toujours la même, est donc d’en revenir à l’Idée et de susciter la naissance d’un Ordre, au sein duquel se retrouveraient des hommes supérieurs restés fidèles à cette Idée : « Ne pas comprendre ce réalisme de l’Idée signifie rester sur un plan qui est, au fond, infrapolitique : le plan du naturalisme et du sentimentalisme, pour ne pas dire carrément de la rhétorique patriotarde [...] Idée, Ordre, élite, Etat, hommes de l’Ordre — qu’en ces termes soit maintenue la ligne, tant que cela sera possible » ! Cette consigne a chez Evola valeur de solution. Qu’un certain type éthique surgisse ou resurgisse, et les problèmes politiques et sociaux seront, sinon résolus, du moins « simplifiés » : « Lorsque cet esprit s’affirmera, de nombreux problèmes, y compris d’ordre économique et social, se simplifieront ». La position adoptée par Evola face aux problèmes politiques est donc en définitive celle d’un élitisme éthique à fort contenu « viril », déduit d’une conception métaphysique de l’histoire.
 

Alain de Benoist


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lundi, septembre 15, 2014

Le temps des Marouts et des Pachous




Des individus, nommés « marouts » dans la tradition ésotérique, ont pris le contrôle des Etats, des multinationales et des institutions internationales comme l’OMS, l’ONU, l’OTAN...

Marout » est un terme sanskrit ou dravidien de même racine que « Morigu » (en gallo-celtique) et mort.

« Le marout, dit Jean Louis Bernard, est un être à l’âme morte, au psychisme mort quant à son essence, quoique susceptible de donner des apparences de vie à ce faux vivant ou mort-vivant. Notion mystérieuse, troublante ! Dans la légende hindoue, les marouts seraient les instruments (les marionnettes) du dieu védique Roudra qui se servirait d’eux et de leur poison morbide pour répandre les épidémies. C’était l’opinion du sage Apollonius de Tyane, selon son historiographe. Une épidémie grave ravageant Ephèse, le thaumaturge y mit fin en faisant lapider à mort un marout ayant l’apparence d’un mendiant. Le dieu hindou Roudra, très ambigu car régentant à la fois la maladie et la médecine et déchaînant ouragans et tempêtes cosmiques, s’est peu à peu fondu dans Shiva, le destructeur divin des religions, nations ou grandes familles, mortes en essence, et des civilisations épuisées. Or la notion de marout est l’un des tragiques arcanes de l’ésotérisme politique, celui-ci se comprenant mieux sous l’optique shivaïte que chrétienne. Les brahmanes disent que lorsque Shiva (= la Providence, le Destin) veut rabaisser une nation, caste ou famille régnante, il place à la tête de cette nation, caste ou famille, un marout qui en deviendra le chef ou l’épouse du chef. Ne possédant par nature qu’une âme pourrie, cet être hybride contaminera les hautes sphères de la société par exemple, ou les arts ou la religion, et le déclin deviendra inéluctable si des hommes n’extirpent à temps le marout. »

Les Tibétains nomment ces marouts « cadavres vivants ». Notre temps a donné la vedette aux marouts, directement ou indirectement politiques, barrant en tout cas la route aux hommes forts et l’ouvrant aux écroulements.

Le type dominant des « élites » est le marout. D'un autre côté, dans le peuple, le type humain dominant est le pachou.

« Le pashu (pachou), explique Bernard Dubant, l'être « lié », hylique (sthûla, grossier, « matériel ») n'adore que son pasha, son lien, dont il fait son « dieu ». Il est soumis à Mâyâ, le principe de séparation du sujet et de l'objet. Dans le topique de la corde et du serpent, où le serpent est pris pour la corde. Mâyâ est le « serpent », et Brahman, la corde. Dans cet exemple, il n'y a que la « corde », que l'on ne « perçoit » pas, car seul le serpent est perçu. La corde a-t-elle créé le serpent ? Nullement. Le serpent a-t-il une « certaine existence » ? Aucunement. Le serpent, c'est « l'univers », « connu », c'est-à-dire créé, par « identification » et « division ». L'univers, qui n'a pas la moindre existence, est pris pour Brahman, qui n'est pas la cause de l'univers — la causalité, qui est une perception erronée, surimposée, ne commence qu'avec Mâyâ — cause ne précédant pas son effet, ne lui étant pas concomitante, ni, bien sûr, postérieure. Cause qui ne devient cause que lorsque l'effet est produit — causée donc en tant que cause par son effet. Les religions et les philosophies ne sont que « sous le soleil de Mâyâ ».

C'est ainsi que le pashu ne s'intéresse nullement à la « vérité » (satya, Brahman) — il ne s'intéresse qu'à la surimposition, l'imposture, et la foule attend incessamment le grand imposteur, celui qui feindra d'avoir assez d'autorité pour imposer l'illusion comme vérité définitive — la foule, gobeuse d'illusion (moha), est cependant toujours sceptique — ce n'est pas assez — et déçue par son propre scepticisme — d'où les mesures antipyrrhonniennes qui sont prises jusque dans les prétoires...

Le « monde » ainsi, n'est qu'un « discours », qu'un « faire ». Le « monde » s'édifie par le faire, qui est le discours de la perception erronée. C'est le Ne-Pas-Faire qui « détruit » le « monde », qui le « dissipe » — faisant entendre le « rugissement de la vacuité » (shûnyatâ simhanâda), la « non-naissance » (ajatâ) dont les « dualistes » ont peur. L'être n'est que surimposition, et les perceptions de l'état de veille (jagrat), de l'état de rêve (svapna, taijasa), les perceptions « extérieures » et « intérieures », ne sont que « surimpositions » — c'est ainsi que Lin Tsi dit qu'il n'y a rien à chercher à l'extérieur ni à l'intérieur.

Le pashu est le bhogin — bhoga signifie « jouissance » et aussi « effort » ; il est celui qui ne « sacrifie pas », qui n'abolit pas le combustible dans le feu du yajña de la gnose. Ne-pas-faire peut se traduire aussi par abhoga, non-effort, non-attachement. Le pashu « construit » son monde par l'effort et l'identification à autre que lui-même — que ce soit son individualité ou sa non-individualité — par la « jouissance », la « manducation » — bhuj signifie « manger », « jouir de », « expérimenter » — le pashu, le bhogin, est l'« expérimentateur », le « faiseur », le tueur de Brahman, pour la grande gloire de l'illusoire Mâyâ. Le pashu est le karmin, l'idiot qui tisse son karma, qui est son «univers», qui est son linceul.


dimanche, septembre 14, 2014

René Guénon et la Tradition



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Dimanche 14 septembre 2014, David Bisson est l'invité de Racines du Ciel, l'émission de France culture animée par Frédéric Lenoir et Leili Anvar. Le thème d'aujourd'hui est René Guénon et la Tradition.

A écouter :

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4911580

David Bisson, Docteur en sciences politiques et historien des idées, est spécialiste de l'histoire des courants ésotériques contemporains. Ses recherches portent sur les relations qui se nouent entre le politique et le religieux à travers, notamment, la notion de "métapolitique".



samedi, septembre 13, 2014

Jean de Dieu sauvera-t-il Marie ?



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 Les opérations miraculeuses de Jean de Dieu se font avec l'aide d'esprits parmi lesquels figure le célèbre fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola lui-même...

A soixante ans Marie est invalide. Celle qui fut naguère professeur de gymnastique dans un collège catholique de Montpellier ne peut plus se déplacer sans béquilles à cause de l'arthrose qui a détruit le cartilage de ses os. Toutefois, comme Marie ne veut pas subir l'opération qui consiste à scier les os pour y fixer des prothèses métalliques (les 2 hanches ainsi que les genoux sont atteints par la maladie), elle partira dans quelques jours au Brésil pour que le célèbre guérisseur spirite
João de Deus (João Teixeira de Faria) lui redonne l'usage de ses jambes.

D'ores et déjà, les disciples de Jean de Dieu ont demandé à Marie de se préparer en lisant les livres d'Allan Kardec.

Kardec, alias Hippolyte Léon Denizard Rivail (1804-1869), est le fondateur de la philosophie spirite ou spiritisme. Il a écrit entre autres "Le Livre des Esprits", "Le Livre des médiums", "L’Évangile selon le spiritisme"...

« Sur le conseil des « esprits », explique René Guénon, Rivail prit le nom celtique d’Allan Kardec, qui était censé avoir été le sien dans une existence antérieure ; c’est sous ce nom qu’il publia les divers ouvrages qui furent, pour les spirites français, le fondement même de leur doctrine, et qui le sont toujours restés pour la plupart d’entre eux. Nous disons que Rivail publia ces ouvrages, mais non qu’il les écrivit à lui seul ; en effet, leur rédaction, et par suite la fondation du spiritisme français, furent en réalité l’œuvre de tout un groupe, dont il n’était en somme que le porte-parole. Les livres d’Allan Kardec sont une sorte d’œuvre collective, le produit d’une collaboration ; et, par là, nous entendons autre chose que la collaboration des « esprits », proclamée par Allan Kardec lui-même, qui déclare les avoir composés à l’aide des « communications » que lui et d’autres avaient reçues, et qu’il avait d’ailleurs fait contrôler, revoir et corriger par des « esprits supérieurs ». En effet, pour les spirites, puisque l’homme est fort peu changé par la mort, on ne peut se fier à ce que disent tous les « esprits » : il en est qui peuvent nous tromper, soit par malice, soit par simple ignorance, et c’est ainsi qu’on prétend expliquer les « communications » contradictoires ; seulement, il est permis de se demander comment les « esprits supérieurs » peuvent être distingués des autres. Quoi qu’il en soit, il est une opinion qui est assez répandue, même parmi les spirites, et qui est entièrement erronée : c’est celle d’après laquelle Allan Kardec aurait écrit ses livres sous une sorte d’inspiration ; la vérité est qu’il ne fut jamais médium, que c’était au contraire un magnétiseur (nous disons au contraire parce que ces deux qualités semblent incompatibles), et que c’est au moyen de ses « sujets » qu’il obtenait des « communications ». Quant aux « esprits supérieurs » par qui celles-ci furent corrigées et coordonnées, ils n’étaient pas tous « désincarnés » ; Rivail lui-même ne fut pas étranger à ce travail, mais il ne semble pas y avoir eu la plus grande part ; nous croyons que l’arrangement des « documents d’outre-tombe », comme on disait, doit être attribué surtout à divers membres du groupe qui s’était formé autour de lui. Seulement, il est probable que la plupart d’entre eux, pour des raisons diverses, préféraient que cette collaboration demeurât ignorée du public ; et d’ailleurs, si on avait su qu’il y avait là des écrivains de profession, cela eût peut-être fait douter un peu de l’authenticité des « communications », ou tout au moins de l’exactitude avec laquelle elles étaient reproduites, bien que leur style, du reste, fût loin d’être remarquable.

Nous pensons qu’il est bon de rapporter ici, sur Allan Kardec et sur la façon dont fut composée sa doctrine, ce qui a été écrit par le fameux médium anglais Dunglas Home, qui se montra souvent plus sensé que bien d’autres spirites : « Je classe la doctrine d’Allan Kardec parmi les illusions de ce monde, et j’ai de bonnes raisons pour cela… Je ne mets nullement en doute sa parfaite bonne foi… Sa sincérité se projeta, nuage magnétique, sur l’esprit sensitif de ceux qu’il appelait ses médiums. Leurs doigts confiaient au papier les idées qui s’imposaient ainsi forcément à eux, et Allan Kardec recevait ses propres doctrines comme des messages envoyés du monde des esprits. Si les enseignements fournis de cette manière émanaient réellement des grandes intelligences qui, selon lui, en étaient les auteurs, auraient-ils pris la forme que nous leur voyons ? Où donc Jamblique apprit-il si bien le français d’aujourd’hui ? Et comment Pythagore a-t-il pu si complètement oublier le grec, sa langue natale ?… Je n’ai jamais rencontré un seul cas de clairvoyance magnétique où le sujet ne reflétât directement ou indirectement les idées du magnétiseur. Ceci est démontré d’une manière frappante par Allan Kardec lui-même. Sous l’empire de sa volonté énergique, ses médiums étaient autant de machines à écrire, qui reproduisaient servilement ses propres pensées. Si parfois les doctrines publiées n’étaient pas conformes à ses désirs, il les corrigeait à souhait. On sait qu’Allan Kardec n’était pas médium. Il ne faisait que magnétiser ou « psychologiser » (qu’on nous pardonne ce néologisme) des personnes plus impressionnables que lui ». Cela est tout à fait exact, sauf que la correction des « enseignements » ne doit pas être attribuée au seul Allan Kardec, mais à son groupe tout entier ; et, de plus, la teneur même des « communications » pouvait déjà être influencée par les autres personnes qui assistaient aux séances, ainsi que nous l’expliquerons plus loin.

Parmi les collaborateurs d’Allan Kardec qui n’étaient pas de simples « sujets », quelques-uns étaient doués de facultés médiumniques diverses ; il en est un, en particulier, qui possédait un curieux talent de « médium dessinateur ». Nous avons trouvé à ce sujet, dans un article qui parut en 1859, deux ans après la publication du Livre des Esprits, un passage que nous croyons intéressant de reproduire, étant donnée la personnalité dont il s’agit :
 

« Il y a quelques mois, une quinzaine de personnes appartenant à la société polie et instruite, dont quelques-unes ont même un nom dans la littérature, étaient réunies dans un salon du faubourg Saint-Germain pour contempler des dessins à la plume exécutés manuellement par un médium présent à la séance, mais inspirés et dictés par… Bernard Palissy. Je dis bien : M. S…, une plume à la main, une feuille de papier blanche devant lui, mais sans l’idée d’aucun sujet d’art, avait évoqué le célèbre potier. Celui-ci était venu et avait imprimé à ses doigts la suite de mouvements nécessaires pour exécuter sur le papier des dessins d’un goût exquis, d’une grande richesse d’ornementation, d’une exécution très délicate et très fine, dont un représente, si l’on veut bien le permettre, la maison habitée par Mozart dans la planète Jupiter ! Il faut ajouter, pour prévenir toute stupéfaction, que Palissy se trouve être le voisin de Mozart dans ce lieu retiré, ainsi qu’il l’a très positivement indiqué au médium. Il n’est pas douteux, d’ailleurs, que cette maison ne soit celle d’un grand musicien, car elle est toute décorée de croches et de clefs… Les autres dessins représentent également des constructions élevées dans diverses planètes ; l’une d’elles est celle du grand-père de M. S… Celui-ci parle de les réunir toutes dans un album ; ce sera littéralement un album de l’autre monde ». 

Ce M. S…, qui, en dehors de ses singulières productions artistiques, fut un des collaborateurs les plus constants d’Allan Kardec, n’est autre que le célèbre dramaturge Victorien Sardou. Au même groupe appartenait un autre auteur dramatique, beaucoup moins connu aujourd’hui, Eugène Nus ; mais celui-ci, par la suite, se sépara du spiritisme dans une certaine mesure, et il fut un des premiers adhérents français de la Société Théosophique. Nous mentionnerons encore, d’autant plus qu’il est probablement un des derniers survivants de la première organisation intitulée « Société parisienne d’études spirites », M. Camille Flammarion ; il est vrai qu’il n’y vint qu’un peu plus tard, et qu’il était fort jeune alors ; mais il est difficile de contester que les spirites l’aient regardé comme un des leurs, car, en 1869, il prononça un discours aux obsèques d’Allan Kardec. Pourtant, M. Flammarion a parfois protesté qu’il n’était point spirite, mais d’une façon quelque peu embarrassée ; ses ouvrages n’en montrent pas moins assez clairement ses tendances et ses sympathies ; et nous voulons parler ici de ses ouvrages en général, et non pas seulement de ceux qu’il a consacrés spécialement à l’étude des phénomènes dits « psychiques » ; ces derniers sont surtout des recueils d’observations, où l’auteur, malgré ses prétentions « scientifiques », a d’ailleurs fait entrer bien des faits qui n’ont point été sérieusement contrôlés. Ajoutons que son spiritisme, avoué ou non, n’empêcha pas M. Flammarion d’être nommé membre honoraire de la Société Théosophique lorsque celle-ci fut introduite en France.
 

S’il y a dans les milieux spirites un certain élément « intellectuel », ne fut-il qu’une petite minorité, on peut se demander comment il se fait que tous les livres spirites, à commencer par ceux d’Allan Kardec, soient manifestement d’un niveau si bas. Il est bon de rappeler, à cet égard, que toute œuvre collective reflète surtout la mentalité des éléments les plus inférieurs du groupe qui l’a produite ; si étrange que cela paraisse, c’est pourtant une remarque qui est familière à tous ceux qui ont quelque peu étudié la « psychologie des foules » ; et c’est sans doute là une des raisons pour lesquelles les prétendues « révélations d’outre-tombe » ne sont généralement qu’un tissu de banalités, car elles sont effectivement, dans bien des cas, une œuvre collective, et, comme elles sont la base de tout le reste, ce caractère doit naturellement se retrouver dans toutes les productions spirites. De plus, les « intellectuels » du spiritisme sont surtout des littérateurs ; nous pouvons noter ici l’exemple de Victor Hugo, qui, pendant son séjour à Jersey, fut converti au spiritisme par Mme de Girardin ; chez les littérateurs, le sentiment prédomine le plus souvent sur l’intelligence, et le spiritisme est surtout chose sentimentale. 

Quant aux savants qui, ayant abordé l’étude des phénomènes sans idée préconçue, ont été amenés, d’une façon plus ou moins détournée et dissimulée, à entrer dans les vues des spirites (et nous ne parlons pas de M. Flammarion, qui est plutôt un vulgarisateur, mais de savants jouissant d’une réputation plus sérieuse et mieux établie), nous aurons l’occasion de revenir sur leur cas ; mais nous pouvons dire tout de suite que, en raison de leur spécialisation, la compétence de ces savants se trouve limitée à un domaine restreint, et que, hors de ce domaine, leur opinion n’a pas plus de valeur que celle du premier venu ; et d’ailleurs l’intellectualité proprement dite a fort peu de rapports avec les qualités requises pour réussir dans les sciences expérimentales telles que les modernes les conçoivent et les pratiquent.

Mais revenons aux origines du spiritisme français : on peut y vérifier ce que nous avons affirmé précédemment, que les « communications » sont en harmonie avec les opinions du milieu. En effet, le milieu où se recrutèrent surtout les premiers adhérents de la nouvelle croyance, ce fut celui des socialistes de 1848 ; on sait que ceux-ci étaient, pour la plupart, des « mystiques » dans le plus mauvais sens du mot, ou, si l’on veut, des « pseudo-mystiques » ; il était donc tout naturel qu’ils vinssent au spiritisme, avant même que la doctrine n’en eût été élaborée, et, comme ils influèrent sur cette élaboration, ils y retrouvèrent ensuite non moins naturellement leurs propres idées, réfléchies par ces véritables « miroirs psychiques » que sont les médiums. Rivail, qui appartenait à la Maçonnerie, avait pu y fréquenter beaucoup des chefs d’écoles socialistes, et il avait probablement lu les ouvrages de ceux qu’il ne connaissait pas personnellement ; c’est de là que proviennent la plupart des idées qui furent exprimées par lui et par son groupe, et notamment, comme nous avons eu déjà l’occasion de le dire ailleurs, l’idée de réincarnation ; nous avons signalé, sous ce rapport, l’influence certaine de Fourier et de Pierre Leroux

(Pierre Leroux était franc-maçon et voulait fonder la « religion de l'avenir »). Certains contemporains n’avaient pas manqué de faire le rapprochement, et parmi eux le Dr Dechambre, dans l’article dont nous avons déjà cité un extrait un peu plus haut ; à propos de la façon dont les spirites envisagent la hiérarchie des êtres supérieurs, et après avoir rappelé les idées des néo-platoniciens (qui en étaient d’ailleurs beaucoup plus éloignées qu’il ne semble le croire), il ajoute ceci : « Les instructeurs invisibles de M. Allan Kardec n’auraient pas eu besoin de converser dans les airs avec l’esprit de Porphyre pour en savoir si long ; ils n’avaient qu’à causer quelques instants avec M. Pierre Leroux, plus facile probablement à rencontrer, ou encore avec Fourier. L’inventeur du Phalanstère aurait été flatté de leur apprendre que notre âme revêtira un corps de plus en plus éthéré à mesure qu’elle traversera les huit cents existences (en chiffre rond) auxquelles elle est destinée. » Ensuite, parlant de la conception « progressiste », ou, comme on dirait plutôt aujourd’hui, « évolutionniste », à laquelle l’idée de la réincarnation est étroitement liée, le même auteur dit encore : « Ce dogme ressemble fort à celui de M. Pierre Leroux, pour qui les manifestations de la vie universelle, auxquelles il ramène la vie de l’individu, ne sont à chaque nouvelle existence qu’une étape de plus vers le progrès ». Cette conception avait une telle importance pour Allan Kardec, qu’il l’avait exprimée dans une formule dont il avait fait en quelque sorte sa devise : « Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la loi. » Il serait facile de trouver bien d’autres similitudes portant sur des points secondaires ; mais il ne s’agit pas, pour le moment, de poursuivre un examen détaillé des théories spirites, et ce que nous venons de dire suffit pour montrer que, si le mouvement « spiritualiste » américain fut en réalité provoqué par des hommes vivants, c’est à des esprits également « incarnés » qu’on doit la constitution de la doctrine spirite française, directement pour ce qui est d’Allan Kardec et de ses collaborateurs, et indirectement quant aux influences plus ou moins « philosophiques » qui s’exercèrent sur eux ; mais, cette fois, ceux qui intervinrent ainsi n’étaient plus du tout des initiés, même d’un ordre inférieur. » 




René Guénon, "L'erreur spirite".




vendredi, septembre 12, 2014

Nature & spiritualité selon Pierre Rabhi



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Le confinement des humains dans les mégalopoles est contre nature, il est hors sol. Il a généré un mode de pensées séparé de la puissance de la vie. L’obstacle le plus généralisé est notre vision fragmentée.



Lorsque l’écologie est bien abordée, elle nous apprend à nous remettre à proximité des sources qui assurent la pérennité de la vie et non dans l’anecdote d’une urbanisation qui ne pourra pas tenir. Actuellement, nous pourrions dire que c’est une pensée urbaine qui essaie de penser la Nature sans pour autant en avoir l’expérience tangible et sensible. Je dis à des amis qui sont dans la politique écologique : «Vous ne parlez jamais de la beauté et du sacré de la vie, vous ne parlez que des éléments factuels alors qu’en réalité l’écologie ce n’est pas cela.»



La terre est un organisme vivant à part entière avec des bactéries, des vers de terre, des insectes multiples, des cellules où l’air, l’humidité, tous les éléments vivants dont ceux de notre être se combinent à elle, étant donné son besoin d’eau, d’air et de chaleur. Puisque ces éléments sont vibratoires, selon l’influx que nous y mettons, même par la pensée, combinés, ils vont agir d’une manière ou d’une autre. Si cette terre est morte, les aliments qu’elle nous donnera ne seront plus porteurs de l’énergie que la terre devrait donner. En plus de l’énergie cosmique, il y a l’énergie tellurique. Lorsque la plante jaillit du sol c’est le soleil qui intervient, pour nous c’est l’ensemble du système vibratoire. C’est pourquoi la biodynamie intègre les planètes parce que chacune d’elles émet des fréquences variables qui constituent un élément symphonique : lorsque la plante reçoit l’ensemble de ces énergies, elle trouve son équilibre. 

Actuellement, on lui met des engrais solubles chimiques qu’elle absorbe par effet osmotique, elle s’appauvrit et se déséquilibre. Que va-t-il se passer ? La maladie cryptogamique arrive avec les microchampignons qui interviennent en premier sur les feuilles, en détruisant les cellules de la plante pour l’empêcher de se multiplier, ensuite les ravageurs savent laquelle doit disparaître pour ne pas créer la dégénérescence de l’espèce, ils éliminent les plantes fanées et sont très efficaces. Si nous mangeons cette plante carencée et forcée par des engrais chimiques, au lieu de la laisser pousser avec le vecteur des énergies terrestres et célestes, elle transmet à notre propre organisme – qui, lui, va être satisfait par la chaîne des oligo-éléments nécessaires à un certain équilibre – toutes les substances. Quand nous les ingérons, cette part altérable modifie notre santé. Si nous ajoutons l’eau et l’air pollués, l’atmosphère stressante, je trouve que nous sommes assez solides !



Crise humaine et spirituelle



Pour moi l’écologie intègre l’univers entier et si notre soleil s’arrêtait de briller, nous disparaîtrions. Au lieu que la conscience humaine voit dans cette planète un véritable miracle, elle ne fait qu’exploiter les gisements et épuise les ressources jusqu’au dernier poisson, et dernier arbre, en polluant… Je dis parfois à des amis religieux : «Vous devriez être les premiers à dénoncer la pollution puisque l’œuvre de Dieu est profanée.



La Création ne nous appartient pas, elle nous accueille». Beaucoup de discours sont devenus creux et ne reflètent plus la réalité tangible ! Dit-on assez aux enfants : «La vie est sacrée, tout ce que tu as, tout ce que la vie te donne, ce n’est pas un dû, c’est un don ?» En règle générale éduque-t-on à la gratitude ? Non, donc toute la phase qui nous amènerait vers l’éducation du respect et du sacré est occultée.



Je reste très attaché au Message christique. Pour moi, c’est un immense événement, une conscience qui proclame de façon forte que la plus grande puissance qui soit c’est l’amour, et que nous sommes là pour aimer, pour prendre soin, et non pour détruire. Nous ne pourrons construire un monde apaisé qu’en remettant de la beauté et de l’amour dans nos relations, en misant sur la richesse de nos valeurs les plus nobles : l’unité, la solidarité, la convivialité.



Les institutions installent des situations complexes dans la gestion et de plus, les pays aux religions monothéistes n’arrêtent pas de se faire la guerre. Nous sommes finalement dans une vision matérialiste et profane de la vie qui n’a rien à voir avec le Message du Christ. On s’arrange à notre façon avec des préceptes, pourtant si nous sommes conscients que nous dépendons de l’énergie divine, reliée à l’Innommable, l’Indicible, Celui dont nous ne pouvons rien dire, l’ambiguïté fait notre quotidien car derrière tout cela il y a la peur et nous cherchons seulement à justifier l’état des lieux. Nous vivons dans l’anxiété de quelque chose qui nous amène à vouloir absolument tout expliquer, alors que nous savons très bien que nous avons des limites. Je m’en tiens donc à cette phrase de Socrate, qui dit : «Je sais que je ne sais pas». 

Penser au Divin est un besoin que nous éprouvons, c’est une nourriture, et le silence pour moi est une très grande nourriture ; ce n’est pas facile mais lorsque nous arrivons à le vivre profondément cela régénère. C’est un long souffle tranquille. Néanmoins, parce qu’il a fait des découvertes technologiques importantes et instauré un paradigme nouveau en exhumant la matière morte (pétrole, charbon...) qui résulte de la longue alchimie de la terre, l’homme a instauré un système où il se prend pour un dieu, il veut modifier le cycle naturel qui gêne sa prétention à vouloir mieux savoir ! De ce fait, notre société est basée sur la frénésie, la vanité de vouloir toujours dominer. Sous cette influence, notre mental produit des chimères, des peurs, des angoisses. Comment l’apaiser ? C’est un foyer où se déclarent les haines et où l’amour domine rarement. Mais nous avons le libre arbitre pour rester libres.



La majorité des scientifiques sont dans la rationalité froide, par contre une frange de la science ne s’y est pas enlisée. À l’appui d’un vécu ressenti, elle a évolué en utilisant raisonnement et intuition. Exemple, je me soigne en homéopathie qui pour la science pure et dure correspond à un placebo. Il est très difficile d’obtenir le composé du produit, car la substance du support a été diluée de très nombreuses fois, alors qu’est-ce qui agit ? Seule l’information ! Ce qui amène à dire que le «subtil» est au-delà, tout vient du subtil, et c’est le rôle de l’humain de le révéler dans la matière. Le matérialisme très limité ne le prend pas en compte. Nous sommes donc dans une situation inintelligible.



Cultiver son jardin



Depuis quarante-cinq ans, j’ai orienté ma vie autour de comment me mettre au service de la vie, de cette planète dont la beauté ne cesse de me couper le souffle. Vue du ciel, la planète bleue n’est pas la mappemonde découpée que nous décrivons dans nos discours et enseignements.



L’autonomie de la planète se fonde sur le non gaspillage. La nature n’a pas de poubelle parce qu’elle ne crée pas de déchets. Dans la conscience écologique, l’impact du film de Coline Serreau «Solutions locales pour un désordre global» a contribué à l’évolution d’un changement. Dans ce cas, nous sommes placés dans la situation de propager notre message, mais nous ne faisons pas que montrer et analyser, nous agissons.



Quel que soit le pays, nous créons des structures qui incarnent nos valeurs. J’aimerais bâtir le modèle «un hectare, une famille, un habitat». Il est vital de soutenir l’agriculture qui soigne ses sols, de favoriser les AMAP, de réapprendre à vivre avec un potager, une ruche, un poulailler…


Cultiver son jardin de même que nos choix de consommation sont de la politique en actes. L’écologie nous conduit à repenser notre médecine, notre industrie pour plus de sobriété…



En Afrique, au Burkina Faso, Maroc, Mali... beaucoup d’agriculteurs sont pris dans le traquenard de la mondialisation, et celui qui cultivait son lopin familial s’est retrouvé propulsé par la loi du marché dans la même arène que les gros producteurs américains, donc endetté puis insolvable. Cette misère de masse va bien au-delà de la pauvreté, elle confisque aux hommes ce que la nature leur a donné, la vie, l’eau, la terre, les semences… Donc, nous les aidons à s’affranchir et leur transmettons des savoir-faire écologiques en réhabilitant les pratiques traditionnelles. En partant de la terre nourricière qui est le fondement de la vie, nous leur apprenons à incarner des valeurs importantes. Pour être plus efficaces, nous avons créé une Fondation qui est le résultat d’années de travail et de souffrances comme dans toute aventure humaine.



Je suis à l’origine de l’option écologique du Monastère de Solan dans le Gard. J’ai proposé aux sœurs de valoriser leurs terres dans le respect de l’environnement, d’en faire un écosite expérimental d’intérêt général. L’impact est désormais visible, et des monastères orthodoxes roumains me demandent conseil pour suivre la même démarche. 

Solan est un exemple d’agro-écologie. Je ne suis d’aucune religion, mais c’est dans le monde orthodoxe que l’engagement écologique est le plus affirmé. Le respect de la Création, comme devoir de l’homme envers Dieu, est proclamé par le patriarche lui-même. L’écologie ne peut pas être un paramètre parmi d’autres. C’est le fondement même de la vie et la vie transcende tout. Bien comprise, l’écologie fondée sur l’interdépendance des règnes et des espèces est, par excellence, une grande leçon d’autonomie et de sobriété.



Moi-même, issu des deux cultures Nord et Sud, j’ai appris à me définir sans choix confessionnel, ni idéologie… Avec notre capacité de penser limitée, nous avons la prétention d’appréhender le réel de nature infinie, or nous pouvons juste comprendre un fragment de réalité souvent différent de celui de nos semblables.



Nous produisons de l’indigence et de la souffrance



En 2012, nous avons lancé un mouvement que nous appelons «Tous candidats». J’ai écrit un opuscule qui s’intitule «Éloge du génie créateur de la société civile» car dans ma vision propre, j’ai l’impression que les politiques font de l’acharnement thérapeutique sur un modèle qui est déjà moribond. Aujourd’hui, tous les diagnostics que nous avons sur les banques, les faillites, etc., montrent que nous produisons de l’indigence à grand rendement et de la souffrance avec un modèle qui était censé nous libérer. Avec l’idée de solutionner, nous créons de plus en plus de problèmes. La pulsion du toujours plus, censée permettre à tout le monde d’avoir à manger et ce qu’il faut pour vivre, crée de l’indigence. Il y a bien là une inversion de la compréhension qui n’est pas résolue.



La société ne peut changer si l’homme ne change pas. C’est impossible ! C’est lui qui détermine les choses et si lui-même ne fait pas son propre changement par rapport à la société, à la nature et à l’ensemble de sa vie intérieure, je ne vois pas comment cela pourra changer. Dans ma réflexion, je m’étais dit naïvement qu’avec l’agriculture bio il y aurait une attitude élevée, une morale à l’égard de la vie : avoir de la gratitude, prendre soin de la terre en la cultivant pour obtenir les substances nobles et la vitalité de la nourriture pour que les énergies cosmiques nous mettent dans le circuit réel de la vie. Souvent j’interpelle les gens : «Manger bio et vous chauffer au solaire, c’est bien, mais la vraie transformation c’est de ne plus exploiter votre prochain !» Le problème est là, chacun de nous doit changer et ainsi nous contribuerons à changer le monde. Tout peut être détourné, inventé mais si l’être ne change pas fondamentalement, nous serons dans l’avidité permanente, sans jamais nous satisfaire. Il ne faut pas confondre aptitudes et intelligence. Nos aptitudes rendent le monde chaotique, elles ne parviennent pas à donner un ordre intelligent à nos prouesses. Il y a un ordre d’intelligence qui nous précède et qui est symphonique.



L’écologie est une symphonie dans laquelle chacun joue sa partition. L’homme d’aujourd’hui est manipulé à être insatiable, à être insatisfait de ne pas avoir ceci ou cela. En agissant ainsi on ne nourrit pas son être profond. On laisse croire que le bonheur se trouve dans l’accumulation et on comprend qu’elle ne mène à rien. Je peux tout acheter avec de l’argent ou presque, sauf la joie. La joie ne s’achète pas et c’est pourtant elle qui nous nourrit vraiment ! La vraie joie, état fondamental de bien-être, n’a rien à voir avec le plaisir qui est éphémère.



Créer une société apaisée



La réforme de la société ne peut se faire sans une réforme de l’éducation. Lorsque nous voyons un enfant venir au monde, il est dans une disponibilité totale, il appréhende le monde avec ses cinq sens, prend connaissance de son corps, écoute, se nourrit, regarde, exprime ses émotions et ses désirs. C’est souvent l’éducation qui l’abîme en lui donnant en exemple la rivalité ou la domination. Nous ensemençons l’enfant d’angoisses parce que nous ne l’invitons pas à être libre et bienvenu dans la vie pour réaliser ce qu’il a à faire sans préjudices. Souvent, nous lui portons atteinte en lui demandant de se mettre en concurrence pour être le premier. Notre rôle serait de dire : «trouve ta place», sans le pousser dans le sens où nous voudrions qu’il aille.


La charge de l’éducateur est d’expliquer que chacun apporte quelque chose et qu’il y a une mutualisation des valeurs nous permettant d’être solidaires. Les défaillances de l’un peuvent être corrigées par l’autre et dans cette mutualisation nous créons une société apaisée. Je crois à une pédagogie qui révèle l’enfant à lui-même et lui transmet l’enthousiasme d’apprendre. Il est navrant que l’intellect prime à ce point sur le travail manuel. Nos mains sont des outils magnifiques capables de construire une maison, de jouer une sonate, de donner de la tendresse.


Offrons aux nouvelles générations l’épreuve de la nature, du travail de la terre, des saisons. La pensée humaine n’a pas de meilleure école que l’intelligence universelle qui la précède et qui se manifeste dans la moindre petite plante, dans la diversité, la complexité, la continuité du vivant. À l’évidence, le pôle sud n’est pas contre le pôle nord, rien n’est contre rien, c’est une unité absolument magnifique d’ordre harmonique.



L’écologie est donc l’union où les éléments constitutifs d’un système donnent et reçoivent. Les gens manifestent dans la rue en levant le poing contre l’injustice réelle ou non, mais il faut être logique : la première chose à appliquer c’est ce qui est juste là où je vis. Est-ce que j’aime mon compagnon ou ma compagne comme il ou elle doit être aimé ? Est-ce que j’aime mes enfants, mes voisins ? Est-ce que je suis vraiment dans la démarche que je prétends vouloir pour le monde ? Si je n’y suis pas, ma revendication ne sert à rien.


La gentillesse, la bienveillance, la bonté, tout ce qui est évident n’est pas toujours facile, pourtant c’est là que tout doit commencer puisque là est le royaume de chacun : ce champ d’action est à la disposition de tous et tout un chacun peut décider et gouverner avec des valeurs importantes dans son microcosme. Ces exemples qui devraient se retrouver dans la famille, à l’école et dans la société, demandent de l’abnégation et du discernement aux adultes. L’enfant doit trouver l’accueil, la sécurité, les soins, l’écoute et l’amour indispensables à tout être. Lui-même le fera alors dans son petit royaume.


Tout cela fait partie du changement de paradigme qui inclut forcément la reconnaissance de la beauté dans les rapports humains.



Dans bien des cas, notre relation au monde animal est devenue tragique également ; les animaux sont un peuple fantôme à nos yeux. Nous les regardons derrière un voile anonyme, pour éviter le difficile spectacle de la souffrance que nous leur infligeons. Cet état de fait d’une inertie complice dans bien des cas nous rend sans crédibilité aux yeux des enfants qui en souffrent.


Beauté et énergie sont liées



Pourquoi avons-nous si peu d’émerveillement ? La plupart des écologistes ne parlent pratiquement jamais de la beauté, de la vie, ils parlent de carbone, bien sûr. Pourtant si nous nous sommes installés ici, c’est pour la beauté du paysage.



En 1963 sur notre sol rocailleux, le chemin était à peine praticable, il n’y avait pas d’électricité, pas de téléphone, très peu d’eau. Les gens ne comprenaient pas notre démarche et disaient qu’ils ne voulaient pas nous aider à nous suicider. Nous leur avons donc expliqué que le lieu était beau et que c’était là que nous voulions vivre. Nous étions totalement persuadés que l’énergie pour y vivre nous serait donnée et cela n’a pas manqué. Lorsque nous sommes nourris intérieurement de beauté et de satisfaction, tout cela génère en nous l’énergie pour ensuite répondre aux difficultés de la vie.



Du point de vue agronomique, nous aurions pu facilement partir et avoir des terres plus fertiles, mais nous voulions rester dans cette beauté, ce silence, l’air pur, les lieux habités par tout ce qui est vivant, avec les étoiles ! C’est cela le contexte humain, l’homme n’est pas né pour toujours arracher à la terre des choses à transformer en dollars, c’est absurde.



L’homme est fait pour admirer, donc pour aimer ; c’est la raison pour laquelle nous avons orienté notre vie en prenant toujours en compte que la beauté d’essence divine n’est affiliée à aucune religion. Par contre, je sais que la nature m’a ouvert la porte à des trésors de mystères de vie, à la spiritualité profonde, à la beauté infinie.


Comme l’homme moderne n’est pas nourri intérieurement, il achète sans cesse en pensant qu’avec toutes ces choses il va combler ou compenser, mais non, cela ne peut pas contrebalancer ce manque de lien avec la Nature.



De plus, la présence et la beauté animale nous manquent. «En considérant parfois les fresques des pyramides égyptiennes où elles figurent, je songe particulièrement à ces vaches zébus, porteuses de lyres en guise de cornes. Elles parcourent la brousse sahélienne généreuse, patiente, tranquille comme un hymne vivant à la majesté d’une création qui nous est devenue étrangère.» («La tragique

condition animale», 9/05/2007)



Silence, jardinage et poésie



Le jardin est un lieu où je sème et récolte avec reconnaissance, un lieu qui m’oblige à m’orienter avec humilité. Si nous voulons du rendement, nous aurons du rendement mais si nous sommes attentifs au miracle de la vie, il nous ouvre des perspectives absolument extraordinaires : quoi que nous fassions nous sommes ramenés au fait que l’intelligence est là et je sais que je ne sais pas. Le réel se révèle particulièrement dans le silence qui favorise plus la modestie que la spéculation, il permet de comprendre dans le sens profond du terme. Les grands intuitifs comme Goethe, Galilée, Einstein avaient certainement de la modestie et leur âme vibrait.


Nous portons en nous quelque chose de l’intérêt commun qu’il faut rendre efficace dans le monde de l’organisation. Ma nature me porte vers la poésie et heureusement je me suis découvert très stratège. Enfant, je n’en avais pas conscience. C’est après avoir suivi mon chemin que j’ai atteint un certain seuil. La valeur du parcours, c’est l’utilité de l’expérience.


Un ami m’a fait l’honneur d’une biographie : «Pierre Rabhi le fertile». Lorsque j’ai écrit ma première biographie : «Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe», ce que j’entendais par songe, c’est le fait qu’aujourd’hui nous n’avons plus d’espace pour nous retrouver tranquille avec nous-même, ce temps que donne la Nature quand nous cheminons avec elle. Le songe, ce n’est pas le rêve creux, ce ne sont pas les chimères, c’est aimer notre chemin de vie avec les saisons. Entrer dans l’automne, vivre l’hiver, découvrir la jubilation et le renouveau du printemps, l’apothéose de l’été. Nous avançons dans ce cycle qui nous enseigne à la fois la patience et le mystère : si nous observons une graine dans la terre, nous comprenons qu’il y a déjà un programme à l’intérieur alors qu’elle est minuscule. Comment cela fonctionne-t-il ? Nous ne sommes plus assez attentifs à tout cela.


Le féminin est au cœur du changement



La femme représente le principe féminin qui est une sensibilité particulière. Nous naissons tous à partir de l’union d’un homme et d’une femme, alors pourquoi dans la vie sociale le féminin est-il subordonné ? J’ai toujours beaucoup souffert de la subordination universelle de la femme.



La non reconnaissance du féminin est un des éléments importants et constitutifs du tout. En Afrique ou en Amérique latine, pays dits en développement, sans les femmes tout s’effondrerait. En Occident, le système est masculinisé au point que la femme s’adapte même en sortant de sa propre nature. Le masculin a forgé le paradigme actuel de la vitesse, de la puissance, de la technologie avancée, etc. La femme, souvent malmenée, a du mal à trouver sa place dans les pulsions dominantes d’ordre masculin.


Ce déséquilibre existant est rarement abordé, alors que la réalité devrait reposer sur le féminin et le masculin dans leurs genres respectifs. Ces deux genres complémentaires par nature sont devenus antagonistes. Chez ceux que nous appelons les peuples premiers, nous trouvons cet équilibre où les deux éléments sont rassemblés et perçus comme une unité et non simplement comme deux éléments. La vie n’est faite que de complémentarité. Dans mon engagement j’inclus vraiment le fait de restaurer cette complémentarité féminin/masculin.



En 2002, lorsque je me suis présenté aux élections, c’était bien «le féminin au cœur du changement» qui en était la base. Le masculin qui avait fabriqué ce monde ne pouvait le changer dans sa globalité, par contre l’élément féminin qui avait été occulté avait la charge du changement.



La femme dans sa façon d’éduquer l’enfant prépare la société nouvelle, et est vraiment très soucieuse de la continuité de la vie. Elle nourrit l’enfant en elle et hors d’elle et tout cela pour le mettre sur le chemin de la vie. Dans le don de soi, homme et femme peuvent retrouver leur potentiel, alors l’humanité retrouverait la qualité de confiance qui lui manque.




Extrait des propos recueillis par Jacqueline Thibeaudeau pour Le Monde du Graal.





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Les amis de Solan 30330 La Bastide
d’Engras 04 66 82 94 25

Chacun est un éveillé qui s’ignore

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