mercredi, juin 26, 2024

UNE FABLE



HUMAIN « AU-DELA » DU MONSTRE HUMAIN


Par Dharma


Au fait …, pour gagner du temps …, « Il n’y a jamais eu de pandémie ! » … Seulement comme disent certains : une « plandémie » satanique.

Il est dit qu’ils sont rares ceux qui sont instruits des cinq corps du Yoga traditionnel Hindou et qui les appliquent à leur vie quotidienne par connaissances psychologiques et métaphysiques libératrices. Depuis des millénaires, mais autrement plus subtilement, ces Connaissances transcendent, dépassent ce qui suit :

L’homme « neuronal » est une invention pseudo-scientifique, une aberration, une erreur épistémologique.

Ceux qui connaissent et comprennent, mais pas en surface, les points-clés de la physiologie humaine dont cérébrale, neuronale et synaptique, devraient pouvoir constater que le néocortex n’est qu’une sorte d’étrange tumeur maligne qui fonctionne de façon chaotique par l’impact en interdépendance sur le « cœur psychologique » (pas la pompe cardiaque !) des cerveaux reptilien, mammifère, limbique, qui déterminent la quasi-totalité des comportements humains. La notion de liberté telle qu’elle est injectée depuis l’enfance aux masses ignorantes pour les tenir en laisse est ici totalement remise en question. Ce que l’on nomme le « librearbitre » est la capacité à le comprendre pour réfréner et calmer l’aspect animal et ses comportements générés et augmentés par les désirs toxiques et destructeurs. En effet, l’humain reste avant tout un animal et souvent, d’ailleurs, ne le dépasse pas. Par ses conduites de fuite et d’attaque, il peut même, pour sa survie, être capable de tuer père et mère ! Le rôle réfléchi de l’intelligence du cœur éclairé est normalement de contrôler les pulsions. En ce sens, la démarche scientifique authentique se doit de faire toujours abstraction des opinions, des croyances, des préjugés, des superstitions, de l’irrationnel. Hélas, la plupart des gens et la plupart des scientifiques dont certains deviennent « des tueurs en série » sous influence de leur subconscient et de leur conscient aveuglé, en sont incapables, influence qui sert leurs intérêts morbides conditionnés par l’avidité. Ceux qui sont capables de le comprendre profondément s’orientent et s’appliquent vers le détachement de toute recherche d’affirmation de soi. Cela se nomme la Sagesse atemporelle. Seule la claire compréhension libératrice des pulsions les guide au-delà de toute recherche inutile de tout profit mondain, quel qu’il soit. La joie apaisante du partage rare de la Connaissance, « quand elle est possible », leur suffit. Certains d’entre eux sont des Bodhisattvas dans le Dharma du Bouddha qui était Bodhisattva, ou des Yogis comme le Christ, car en Inde des Pandits considèrent le Christ comme un grand Yogi ! Il faut bien comprendre que les concepts « Buddha » et « Christ » se rapportent uniquement à « l’impersonnel », jamais au personnel ! La Connaissance métaphysique n’a rien à voir avec les connaissances mondaines car elle n'appartient pas au « moi ». Si elle appartenait au « moi » elle serait mensongère. Nous sommes donc très loin des monothéismes égarés dans la dualité, de leurs églises et de leurs croyances enfantines. Les véritables chercheurs et/ou scientifiques se détachent du matériel dérisoire. Comme le dit Maître Eckhart, « il n’est pas d’humilité sans détachement… mais deux vertus valent mieux qu’une ».

2020-2024 restera la démonstration parfaite de cette avidité accompagnée de la haine par sa violence pour satisfaire cette avidité dans l’illusion des intéressés majoritaires face aux désintéressés minoritaires. Curieusement, très peu de « psy » et/ou neurologues connaissent et considèrent l’impact du limbique et des cerveaux archaïques sur les comportements de l’humain et, s’ils en tirent et partagent parfois des enseignements utiles et bénéfiques, ils sont immédiatement attaqués. Nous l’avons vu récemment. Mais il y a pire. Parmi les scientifiques certains connaissent cet impact sur l’humain mais « comme ils ont vendu leur âme au diable » ils deviennent « démoniaques » en usurpant et en détournant ces savoirs pour asservir les masses et pour assouvir leurs idéologies sataniques. Ce sont des démons.

C’est exactement ce que les années 2020-2024 révèlent. Rien n’est égal à la compréhension lorsque cette compréhension est libérée du Diable, de Satan, de Lucifer, ces trois comparses psychologiques « qui font en un, partie issue de cette tumeur incontrôlée nommée néocortex ! ».

L’origine de la souffrance est l’avidité des six sens pour les objets des sens, en Orient le mental est un sens, par ignorance de la fonction tripartite de l’homme.

Quelle-est cette fonction tripartite de l’humain ?

Dans les trois Traditions antiques nous trouvons :

Tradition latine :

Corpus - anima/animus - Spiritus.

Tradition grecque :

Soma - psycké - Noûs.

Tradition hindou :

Rûpa - nâma - Prajñâ.

En Occident, « Spiritus et Noûs » ont quasi disparu et ne sont plus que des mots vidés de leur pouvoir opératoire sur le psychosomatique ou psychophysiologique. Ne dit-on pas d’un clown qu’il a de l’esprit ? Ne dit-on pas « avoir vendu son âme au diable ? ». Le sens du mot âme se rapporte au corps d’énergie, le prâna, « pra-ana » et il se rapproche du mot sanskrit « citta » qui ne signifie pas « pensée » mais « Cœur » au sens psychologique quand il est éclairé par la métaphysique. Hélas, même dans « certains bouddhismes amuïs » la confusion règne.

En Orient, « Prajñâ », la Connaissance transcendante ou Intuition métaphysique est encore connue par des éveillés sur leur voie de libération. Mais la notion de liberté est une notion si vague qu’elle est, par dégénérescence, devenue synonyme d’asservissement, d’abrutissement des masses dominées par des dominants eux aussi abrutis et égarés.

Les mots esprit et âme sont donc ainsi devenus dégénérés car submergés par les désirs aliénés du fait de la disparition de la fonction métaphysique. Car la métaphysique occidentale n’est pas la métaphysique orientale. De même pour la psychologie occidentale limitée face à la psychologie profonde de l’Inde antique, toujours connue, Abhidharma.

Les conséquences de cette perte, de cette chute abyssale est visible à ceux qui ont des yeux pour voir davantage les désastres depuis début 2020. La chute risque de se continuer jusqu’à la fin d’un processus d’auto destruction possible tant la fureur humaine est à son comble.

Le dominant au pouvoir, ignorant, est sans aucun pouvoir sur sa médiocratie. Accroché aux fausses branches de sa funeste destinée, il ne veut rien lâcher car, encore une fois, il reste déterminé, conditionné par l’avidité, la haine, la stupidité, ces trois invariants nommés en sanskrit les « trimûla », les trois racines-poisons. Il ne sait pas qu’il est empoisonné et qu’il est empoisonneur.


*******



Fable dualiste qui n’amusera pas grand monde (?!) ou fera rire jaune certains

Buse zinzin de la maladie



Nous ne pouvons que suggérer en fin de texte le « sans-duel », Advaïta, et le « sans-moi », Anâtman, réservés à ceux qui sont capables, après éveil de l’Intuition Métaphysique, la Connaissance Transcendante, d’opérer une investigation soutenue au cours d’une ascèse (s’exercer) réfléchie et tranquille, au-delà de l’intellect limité, nous l’avons dit, qui ne peut résoudre seul l’équation Y = 0. Quand le spectateur s’éveille au fait que le spectacle est absurde et ridicule, alors, absorbé par le RIEN il disparaît de la scène de théâtre sur l’écran blanc. Les plaisanteries mondaines et profanes dans ces jeux du cirque de l’existence cessent enfin.

Une catastrophe programmée depuis des décennies, d’une forte intensité sur l’échelle de riches terres en tremblements « anti-sanitaires », arriva brusquement début 2020.

Satan, empereur des menteurs, s’était déguisé à Paris en une démone sinistre, curieuse buze zinzin de la maladie, bru d’une fiel Simone, pour annoncer un fallacieux non-événement qui « cachait » totalement aux gens son but final maintenant dévoilé, celui de fomenter une dépopulation au moyen d’une arme injectable doublement physique et psychologique.

Les humains terrorisés se ruèrent sur leurs TV et leurs radios qui, matin et soir, soir et matin, diffusaient en boucle leurs propagandes éhontées par des serpillères souillées, achetées car fort bien payées depuis leur « pacs » avec le diable.

Des toubibs-tirelires d’avidité jouissaient. Sans aucun état d’âme, puisque sans âme, ils offraient aux masses apeurées, du bout de fléchettes affûtées, un nouveau poison non-certifié, vers les pompes funèbres agréées. Des apothicaires poudrés par la blanche, mais pas colombe, fournissaient leurs camelotes emmaillotées, mystérieusement encapsulées, vaticanisées et bénies par une camorra mondialisée et alliée à un Romain nommé « El Papé ».

La fléchette dégoupillée, fourguée d’un drone canonisé, genre foutaise-en-ski, faisait la joie du patient qui se mettait à chanter :

« Merci Necron, merci Necron, nous sommes heureux de travailler pour vous, on est heureux comme des fous, ce que vous faites ici-bas, un jour, Dieu vous le rendra … » …

… puis il clamait :

« On ira tous au paradis, c’est promis, nous faire p(n)iquer et rep(n)iquer, toute la famille au grand complet, cousins, cousines, neveux et nièces, Papy, Mamie, Papa, Maman, petitsenfants, la Bonne et moi (au moins trois fois, car on aime ça), Tonton, Tatie, aussi le chien, aussi le chat … » … « Puis, on ira au cinéma et au restaurant de Gégé pour son cassoulet renommé ». « On rentrera par le cimetière voir s’il reste de la lumière ».

Des sceptiques qui doutaient, pauvres imprudents qu’ils étaient, osaient poser des questions. Alors, la censure « Yawohl herr major » surgissait au pas de l’oie leur casser le reste des dents.

Deux moribonds post-injectés se disputaient un cercueil d’un bois rare, très cher aussi. L’un d’entre eux voulait qu’on y place ses dernières économies à dépenser au paradis pour une divine comédie, une ultime surprise partie avec St Truc ou St Machin, St Boutentrain. Les funérailles s’accumulaient. Les pompes funèbres du son d’un gong très excité, en un seul orchestre trompétaient, puis orgasmaient à l’unisson de tout ce pognon qui pleuvait.

Les familles n’oubliaient jamais de se rendre chez le banquier, vérifier si rien n’y manquait. Puis venait l’instant du notaire, parfois joyeux, parfois amère. Curieusement, telles des mouches assommées, tombées sur le carreau, de vie à trépas elles passaient après les pics-pics des margoulins qui veulent à autrui tant de bien.

« Enterrements et oraisons » était la nouvelle chanson en vogue dans les institutions qui riaient avec Satan, aux pas cadencés et rythmés, d’un geste singulier, le bras droit tendu relevé.

Salauski, Necronus, leurs Maquerelles, s’égosillaient au rythme de l’hymne des fous.

Les arnaques financées par les maffieux du clan Satan au sein des églises infiltrées, se succédaient allègrement : pics-pics, supercherie climatique, épandages connus dans le ciel d’aérosols de métaux lourds mal connus, perturbateurs endocriniens dans les environnements, empoisonnements de sols fertiles, escroquerie du CO2 si nécessaire aux végétaux, adultes infantiles désaxés, genrés manipulés, « attentats à la vie », enfants maltraités et bloqués dans leur puberté, extorsions des consentements, dérèglements des ciboulots surtout de nos gigolos, démentiels-timbrés pas rigolos, sectaires formatés, monstres cinglés par magie noire et crétineries digitales, propagandistes dégénérés dont la mort est déjà programmée !

Tandis que le tartuffe inverti, psychotique pervers narcissique, très kriffé à la meute maffia, triste sire d’une enfance perturbée, « l’bobo de Paris », nouveau Barabbas maudit, lui, dansait la Salsa du Démon avec sa sorcière Draculée, sinistrée de la cage aux folles, sans humour, rides cachées, toute grimée « genre ch’tit-j.mi flétri ».

Les citoyens qui doutaient ou mieux ceux qui comprenaient, attendaient la sortie du film primé au festival des horreurs, des « cannes » et des « canards » meurtris, sans têtes, décérébrés : « six pieds sous terre au cimetière ».

Pendant ce temps, Dieu jouait pile et Satan de face préparait la seconde partie de cette monstrueuse tragédie d’une série qui faisait « FURHER » auprès des téléspectateurs.

Au camp de vacances « les barbelés joyeux » d’un bord de mer très convoité pour son gaz et pour son pétrole, résidaient des survivants dont des enfants sans leurs parents, pendant que des phoques otanesques et des otaries ahuries ratissaient large dans les crémeries du reste des chancelleries.

Déterminé à inclure ses coups bas aux joujoux de Paris 24 pour les infantiles abrutis, du sein des probabilités Satan s’apprêtait à créer de nouveaux mythes alambiqués, pour occuper l’humanité, les anciens étant périmés.

D’autres poisons bien emballés, par millions de doses réservées à des cheptels hypnotisés, arrivaient à peine à Roissy que déjà le champagne à flot coulait à la place Beauvau où Satan par son dard malin avait infiltré ses monstres vendus à des sinistres reconnus.

Question : Que faire ?

Réponse : RIEN.

WU WEI en Chinois signifie : « Rien faire ». « Faire rien » est une erreur. RIEN FAIRE est serein. Les destins suivent leur chemin : Fata viam inveniunt.

Question : Mais si tout le monde fait comme vous, le monde va s’arrêter ?

Réponse : En ce qui me concerne, je n’y vois aucun inconvénient.

Rassurez-vous, ce n’est pas la veille !

Autre chose : savez-vous que le mot « folie » signifie « enfler, être enflé » et que le mot « fou » du latin « follis » signifie « sac rempli d’air » ? Comme dit le langage populaire : « Quelles bandes d’enflures ! », drôlement « gonflés » ces types-là !


dimanche, juin 23, 2024

Parlez-moi de l’âme




"La constitution de notre être est "ternaire" corps esprit et âme. [...]

J’écris le mot « âme », je le prononce en moi-même, et je respire une bouffée d’air frais. Par association phonique, j’entends Aum, mot par lequel la pensée indienne désigne le souffle primordial. Instantanément, je me sens relié à ce désir initial par lequel l’univers est advenu, je retrouve au plus profond de mon être quelque chose qui s’était révélé à moi, et que j’avais depuis longtemps égaré, cet intime sentiment d’une authentique unicité et d’une possible unité."  François Cheng, "De l'âme".

Le matérialisme

L’Occident, ce lieu où le soleil se couche, est aussi - géographiquement - ce petit cap de l'Asie qui a vu une prépondérance matérielle unique, sans exemple dans l'histoire des derniers siècles, et où la technique a rêvé et rêve toujours d'asservir de façon complète ce qui s'ouvrait, avec une complaisance toujours plus grande à ses efforts : non le ciel et l'esprit, mais la nature et la matière.

Cet effort est devenu l'essentiel de la pseudo-élite intellectuelle occidentale. Il convient d'user à ce propos d'un mot qui appartient au vocabulaire diabolique : celui de possession. L’Occidental est un homme estimant souhaitable et possible l'entière possession de la nature, la « maîtrise de la matière », ignorant que cette possession dénature l'objet de ses vœux. Cette maîtrise de la matière, pour être plus aisée, plus rapide et plus complète, a été codifiée. Ses principes, inversement et analogiquement identiques à ceux de la maîtrise, de l'esprit, dont l'Occident s’est toujours détourné, à part certains esprits qui se désintéressaient de la science, sont ceux de l'expérimentation et d’une foi absolue en celle-ci. Alors que la croyance en l'esprit vise à l’Unité et à la fusion, la croyance aveugle à son encontre cherche à aboutir à la division et à la multiplication matérielles.

Le langage moderne parle d’une « mise en valeur », d’ une « exploitation » de la nature : « exploitation » avait autrefois en latin le sens d’une action menée à son terme, d’une saisie; en jurisprudence, un « exploit » menait à une saisie. Une « saisie » est aussi une possession. L’homme moderne est celui qui veut « saisir » la nature, la posséder entièrement. Autre « hasard » : nous retrouvons ici le langage juridique appartenant au signe de la justice qu’est la Balance.

En « possédant » la nature, l'homme moderne ne peut bien entendu que l’appréhender sur le plan le plus grossier, le plan matériel. Il ne demande rien d'autre puisqu'il se dit matérialiste, étant le premier à fonder une civilisation dont les principes, au lieu de se référer aux astres, nient l’action de ceux-ci. Fondant une civilisation sur la matière, il se lie à celle-ci, s’y subordonnant avant d’en suivre le destin.

Rarement civilisation aura été plus « exploratrice » - le mot vient du latin « explorare » : parcourir en étudiant. Cette étude, l’Occidental l'a faite en imposant la guerre en lieu et place de la paix, asservissant des peuples entiers au nom de son avidité.

La civilisation constitue l’ensemble des caractères d’une société. Pour dépeindre cette société occidentale (qui a toujours cherché à asservir les groupes sociaux qu’elle « étudiait ») : le monde hispanique opprimant l’Amérique du Sud ; Français et Anglais envahissant l’Égypte, le Moyen-Orient, etc., Nord-Américains massacrant les Indiens, etc., il suffit d’inverser la Balance, obtenant ainsi au lieu d’une prépondérance spirituelle, une prépondérance matérielle ; au lieu de la justice, l'injustice ; au lieu de la paix, une série ininterrompue de conflits.

Cette exploration du monde qui consacrait le triomphe de la force brutale ne pouvait être durable; l'Occidental est l’homme ayant imprudemment réveillé des forces brutales, celles des masses. C’est l'homme qui aura sorti l’Orient de sa paix - ce qu’il appelait « son sommeil » - remplaçant sa religion et son idéal de conciliation par les forces matérielles de vindicte et de brutalité, par les armes avec lesquelles il entendait le juguler et le faire travaillera son profit. En définitive, il lui aura apporté sa science, son industrie et sa révolution. Dans ces trois termes ainsi définis nous retrouvons comme dénominateur commun la matière.

Au terme de cette exploration, ayant étudié et parfait sa prépondérance matérielle, l’Occident, fidèle à lui-même, devait délaisser les terres lointaines qui commençaient à lui être disputées par ceux qu’il venait d’éveiller à son « idéal», pour un autre domaine, où l’entraînait logiquement ses appétits : celui de la matière. Cette exploration de la matière devait être celle de la chute solaire et de son inversion : au lieu d’un soleil donnant la vie, un anti-soleil à la même température, mais donnant la mort : une bombe (1). L’Occident réalisait alchimiquement la « chute » du Soleil. Il ne s’agissait pas non plus d'un « hasard », cette « chute » ayant lieu pour la première fois dans le signe complémentaire de la Balance, celui du Bélier, qui gouverne le Japon. Quelques années plus tard, dans le cycle toujours avançant, un pays Balance - la Chine - devenait, par la maîtrise de ce secret de la chute du Soleil, le premier pays asiatique à édifier une industrie atomique. C’est là que s’est arrêté, pour un temps, le fléau de la balance, qui est aussi celui de la justice.

Hadès, « Les mystères du zodiaque ».


(1) La réalisation d'une bombe atomique suppose une « chute » de celle-ci. Dans toutes les réalisations scientifiques occidentales, nous retrouvons cette notion de « chute ».


vendredi, juin 21, 2024

L'affaire de la rue du Bac révèle l'existence d'un réseau pédocriminel au sein de nos élites



Pour Karl Zéro, l’enquête sur les hommes de la rue du Bac, révélée par Libération, montre encore une fois le fonctionnement d’un réseau pédocriminel au cœur de nos élites.

Journaliste indépendant, ancien présentateur TV, fondateur du journal d’investigation “L’Envers des affaires”, Karl Zéro a interrogé Marc Dutroux. Dans Tocsin avec Clémence Houdiakova, il revient sur les
scandales pédos au cœur des élites, l’interview de la victime Anneke Lucas et l'affaire de la rue du Bac.

Chasse aux enfants, torture, satanisme, scandales pédos au cœur des élites :


Extrait :

Des enfants chassés et mis à mort 


"Le réseau Dutroux pratique la chasse aux enfants. Ils lâchent des enfants nus dans la forêt et les poursuivent comme si c’était du gibier !"

Clémence Houdiakova :

- "Et que font-ils après ?"

Karl Zéro :

- "Ils les violent puis ils les tuent !"


Il y a quelques années, l'ancienne star du porno Jenna Jameson avait fait des révélations su
r le trafic sexuel des enfants.

Dans une série de tweets, Jenna Jameson avait déclaré qu'elle avait entendu des choses terribles à propos de "The Hunt", un divertissement sadique des membres de l'élite qui consiste à "chasser" des enfants très jeunes (4 ans) lors de "fêtes".

Toujours d'après Jenna Jameson, la raison pour laquelle des stars d'Hollywood sont si incroyablement silencieuses sur le trafic sexuel d'enfants, ce n'est pas seulement qu'elles y participent, elles couvrent des personnalités qui sont dans l'ombre et sous la protection d'une couronne.

Elle avait évoqué Jeffrey Epstein en tweetant ce qui suit :

"Si vous pensez qu'Epstein est en quelque sorte unique, vous vous trompez tristement… il y a BEAUCOUP d'Epstein qui le font ressembler à un amateur : jeux de chasse d'enfants, sacrifices, tortures dès l'âge de 2 ans.




mercredi, juin 19, 2024

Le Roi du Monde, "une grand-guignolesque imposture ésotérique"





Dans un livre paru en 1924, "Ossendowski, le menteur sans honneur" (PDF gratuit ICI), le Dr George Montandon accuse Ferdinand Ossendowski :

- D'être un menteur et un imposteur ;

- D'avoir, de connivence avec son manager, le chasseur de dollars Lewis Stanton Palen, fabriqué un voyage à sensation dans un but de lucre ;

- D'avoir exagéré sciemment quantité de données réelles et d'épisodes vécus ;

- D'en avoir inventé en nombre égal ;

- D'avoir forgé de toutes pièces plusieurs itinéraires qu'il n'a pas parcourus et en particulier de n'être jamais allé au Tibet.

George Montandon ajoute, "le livre d'Ossendowski ("Bêtes, Hommes et Dieux") rentre dans cette catégorie de romans grossiers à quatre sous auxquels les Allemands appliquent le terme intraduisible de Schundliteratur - qui mérite la même considération que les productions pornographiques".

Le Roi du Monde

Selon Ferdinand Ossendowski, qui se disait informé par les plus hauts prélats du lamaïsme mongol, le siège du gouvernement mondial secret est localisé sous terre, idée qui se retrouve dans les écrits de William Cooper qui situe le gouvernement de l'ombre des USA dans la ville souterraine de Mount Weather, près de Bluemont en Virginie.

Le Roi du Monde, le monarque universel, régnerait depuis les entrailles de la terre. Ce royaume ténébreux se nomme Agartha, affirmait Ferdinand Ossendowski dont les révélations firent grand bruit à l'époque, au début du 20ème siècle. 

Dès la publication du livre de Ferdinand Ossendowski, "Bêtes, Hommes et Dieux", une table ronde, sur le thème de l’Agartha, fut organisée à Paris, par les Nouvelles Littéraires, réunissant Guénon, Maritain, Grousset, etc. 

René Guénon rencontra Ferdinand Ossendowski à plusieurs reprises avant de faire publier en 1927 son livre intitulé "Le Roi du Monde". 

Pour René Guénon « le Roi du Monde doit avoir une fonction essentiellement ordonnatrice et régulatrice, (...) fonction pouvant se résumer dans un mot comme celui d'équilibre" ou d'harmonie", ce que rend précisément en sanskrit le terme Dharma ».

Jean-Louis Bernard, un érudit dans les domaines de l’égyptologie, du tantrisme, du soufisme..., propose un autre regard sur le monde souterrain et son obscur monarque évoqués par Saint-Yves d’Alveydre, Ferdinand Ossendowski, René Guénon...

« La notion demeure floue, explique Jean-Louis Bernard, elle donna lieu à mythomanie, certains ésotéristes occidentaux s’étant prétendus missionnés par les « grands initiés » de la cité souterraine et reliés télépathiquement à eux. Ces missionnés (par eux-mêmes) finirent généralement leur existence dans la médiocrité ou le scandale. [...]

Le Roi du Monde, ce personnage serait caché au fond d’une cité souterraine que des radiations rendraient inaccessible aux humains. Ossendowski le décrit, lui et son assesseur, comme des momies animées ou comme des morts vivants, au visage voilé pour cacher leur crâne dénudé. Sans identifier vraiment le Roi du Monde à ce personnage, René Guénon crut en un représentant de Dieu sur la terre ; il voyait là un parallèle avec Melchisédech ("melk" = roi) qui, dans la Bible confirma la mission d’Abraham. 

Toutefois, si le personnage évoqué par Ossendowski correspond à quelque vérité fantastique, l’immortel troglodyte, au lieu d’être une figure de haute spiritualité, peut résulter tout aussi bien d’une formidable opération de magie noire. 

Mme Alexandra David-Néel qui connut le Tibet secret, fait état de pseudo-lamas (moines) – des morts vivants justement qui, en des lamaseries écartées, pratiqueraient un vampirisme de grand style : des vieillards plus que centenaires, morts, mais non biologiquement ; ils attireraient par magie des voyageurs égarés et les convaincraient de se laisser mourir rituellement afin d’acquérir du mérite ou un "bon karma", valable en une autre vie ! En réalité, les "moines" viseraient à leur prendre leur vitalité par osmose, au cours d’une agonie savamment allongée… Il se peut encore que les momies d’une civilisation inconnue d’Asie centrale aient engendré des "marouts" = âmes mortes incarnées, et que ce "roi du monde souterrain" ne soit pas autre chose. [...]

Si le cadavérique "roi du monde" incarne effectivement une grand-guignolesque imposture ésotérique, il sera bien sûr le roi de tous les marouts, zombis et ombres mortes. Il freinerait la décomposition des ombres les plus redoutables et exploiterait ces fantasmes morbides pour égarer les mystiques et les intoxiquer. Il serait alors l’arcane du spiritisme mondial (ou channeling) dont les médiums lui serviraient de prêtres et de prêtresses... 
»

Vers la fin de sa vie René Guénon était devenu plus alarmiste à propos du grand monarque. Il tire la sonnette d'alarme dans l'un de ses derniers écrits : "Le règne de la quantité et les signes des temps". Il y dénonce l'avènement d'un Chakravartî ou monarque universel à rebours et du "Saint-Empire" qui instaurera le règne de la contre-tradition :

« Ce règne de la « contre-tradition » est en effet, très exactement, ce qui est désigné comme le « règne de l'Antéchrist » : celui-ci, quelque idée qu'on s'en fasse d'ailleurs, est en tout cas ce qui concentrera et synthétisera en soi, pour cette œuvre finale, toutes les puissances de la « contre-initiation », qu'on le conçoive comme un individu ou comme une collectivité ; ce peut même, en un certain sens, être à la fois l'un et l'autre, car il devra y avoir une collectivité qui sera comme l'« extériorisation » de l'organisation « contre-initiatique » elle-même apparaissant enfin au jour, et aussi un personnage qui, placé la tête de cette collectivité, sera l'expression la plus complète et comme l'« incarnation » même de ce qu'elle représentera, ne serait-ce qu'à titre de « support » de toutes les influences maléfiques que, après les avoir concentrées en lui-même, il devra projeter sur le monde. Ce sera évidemment un « imposteur » (c'est le sens du mot dajjâl par lequel on le désigne habituellement en arabe), puisque son règne ne sera pas autre chose que la « grande parodie » par excellence, l'imitation caricaturale et « satanique » de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel ; mais pourtant il sera fait de telle sorte, si l'on peut dire, qu'il lui serait véritablement impossible de ne pas jouer ce rôle. Ce ne sera certes plus le « règne de la quantité », qui n'était en somme que l'aboutissement de l'« anti-tradition » ; ce sera au contraire, sous le prétexte d'une fausse « restauration spirituelle », une sorte de réintroduction de la qualité en toutes choses, mais d'une qualité prise au rebours de sa valeur légitime et normale ; après l' « égalitarisme » de nos jours, il y aura de nouveau une hiérarchie affirmée visiblement, mais une hiérarchie inversée, c'est-à-dire proprement une « contre-hiérarchie », dont le sommet sera occupé par l'être qui, en réalité, touchera de plus près que tout autre au fond même des « abîmes infernaux ».

Cet être, même s'il apparaît sous la forme d'un personnage déterminé, sera réellement moins un individu qu'un symbole, et comme la synthèse même de tout le symbolisme inversé à l'usage de la « contre-initiation », qu'il manifestera d'autant plus complètement en lui-même qu'il n'aura dans ce rôle ni prédécesseur ni successeur ; pour exprimer ainsi le faux à son plus extrême degré, il devra, pourrait-on dire, être entièrement « faussé » à tous les points de vue, et être comme une incarnation de la fausseté même. »



lundi, juin 17, 2024

Ce que Libé ne vous dira pas sur l’affaire du 97, rue du Bac


Libération a sorti le jeudi 13 juin 2024 le premier volet d’une enquête glaçante sur un réseau pédocriminel agissant en plein Paris.

"Dans son enquête, Libération évoque les pratiques sadiques d’hommes masqués vêtus de capes ou de grands manteaux. "Plusieurs enfants étaient rassemblés, et devaient endurer des pénétrations réalisées tour à tour avec des objets métalliques", écrivent les journalistes à l’origine de la révélation. En grandissant, les enfants auraient subi des viols par ces hommes."


 Ce que Libé ne vous dira pas sur l’affaire du 97, rue du Bac


Francesca Gee


L’enquête sur les cinq hommes accusés de viols et tortures en réunion sur de tout petits enfants au 97, rue du Bac, est fascinante à plusieurs titres : elle part dans les directions les plus inattendues.

Il est question de vices privés mais surtout de machinations politiques dès la fin de la 2e guerre mondiale, qui ont façonné en coulisses la France d’aujourd’hui.

Il est question (désolée @CheckNews) de la Commission Trilatérale et du Club Bilderberg, de réseaux de pouvoir encore bien en place, de sodomie, d’adoptions illégales et de GPA, d’art et de littérature, de l’Antiquité et de la Renaissance mais il est question, surtout, d’ésotérisme et de religion.

Et ce volet là, je doute fort que Libé l’aborde. Dans le premier volet de son enquête est évoquée « une communauté de pensée, fondée sur de pseudo-références gréco-romaines, et prônant l’émancipation sexuelle des enfants par l’adulte».

En fait il s’agit d’une secte en bonne et due forme, en plein Saint-Germain-des-Prés, mais comment Libé pourrait-il évoquer les liens profonds entre la politique et l’ésotérisme le plus malsain ?

L’une des choses que le journal de Dov Alfon ne vous dira jamais, ayant décidé une fois pour toutes que je dois rester invisible, c’est que du 15 décembre 2022 à la mi-septembre 2023 j’ai enquêté main dans la main avec Inès Chatin, qui était l’un de ces enfants et qui a porté l’affaire devant la justice. On reviendra peut-être plus tard sur le comment et le pourquoi.

J’y ai consacré beaucoup de temps et d’efforts. Parce que j’étais touchée par l’histoire d’Inès, mais aussi parce que le dossier m’a passionnée. Ayant moi-même eu mon existence dévastée par Matzneff et sa « bande », j’avais enfin l’impression qu'une réponse était à ma portée.

Tout cela, j'ai l'intention de le détailler peu à peu, car le dossier est très compliqué, ici même puis dans un livre en préparation mais dont j'ai trouvé depuis longtemps le titre : "Janus et Saturne".

En attendant, je vous propose quelques images, sur ce post et à sa suite, dans le désordre, en guise d'introduction.




Dans "L’arme la plus meurtrière - Affaire Matzneff : le silence imposé", Francesca Gee dresse le portrait implacable d’un prédateur et du système qui l’a protégé.

*******

Qui sont ces "hommes de la rue du Bac" ?

Leur nom vient du lieu où ces pratiques auraient été perpétrées, au numéro 97 de la rue du Bac, en plein cœur du 7e arrondissement parisien. Autour de Jean-François Lemaire, le père adoptif d’Inès Chatin, plusieurs hommes du monde de la culture, de la presse et de la justice. L’enquête nomme le fondateur et directeur historique du Point, Claude Imbert, l’écrivain et membre de l’Académie française Jean-François Revel (le père du moine bouddhiste et interprète du Dalaï-lama Matthieu Ricard), l’avocat François Gibault et l’écrivain Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viols suite à la publication du livre "Le Consentement", de Vanessa Springora. Décrits comme "très proches", ces hommes semblaient partager une "communauté de pensée" selon les termes de la plaignante, qui évoque une croyance héritée des Grecs et des Romains prônant l’émancipation sexuelle des enfants par les adultes. (Extrait de l'article "Réseau pédocriminel, personnalités de la presse et de la littérature, société secrète,… ce que l’on sait sur "les hommes de la rue du Bac" à Paris" La Dépêche)

L’Académicien Jean-François Revel (1924-2006) et son fils le moine bouddhiste Matthieu Ricard. Ils ont écrit "Le moine et le philosophe - Un père et son fils débattent du sens de la vie".

samedi, juin 15, 2024

Fuir seul vers le Seul


Notre temps est celui de l’occultation, de la nuit de la véritable spiritualité. Et de nombreux périls menacent à la faveur de cette nuit.

Il est dangereux d’attendre le retour d’un prophète dispensateur de chimères, c’est une attitude irresponsable. Il est plus prudent et plus efficace de concevoir la spiritualité comme une véritable intériorisation. Sans être soumis à un gourou, il est possible de percevoir la réalité (Chhos-Nyid en tibétain) par soi-même.

"La réalité, disait Orgyen Jigme Chökyi Wangpo, 1808-1887 (1), est comme le ciel, une "spaciosité" au-delà de la pensée. La réaliser, c’est l’état inexprimable de la cognition primordiale, l’équanimité naturelle sans activité ni calcul. C’est la compréhension de tous les bouddhas des trois temps.

"La réalité absolue est comme l’enfant d’une femme stérile, il n’y a rien de concret, rien à quoi penser dans cet état originel ordinaire. Sujet et objet relatifs sont fusionnés en tant qu’illusion et peuvent être utilisés sans acceptation, rejet ou désir. C’est la pratique de la compréhension de Bouddha.

"Jusqu’à ce que votre esprit acquière le pouvoir de cette compréhension, vous devez éviter l’attachement à toutes les formes de richesses ou de possessions. Demeurez dans les montagnes comme des cerfs sauvages et restez sur la voie sans dévier ni rechuter.

"Vis-à-vis de toutes les situations extérieures ou intérieures, qu’elles soient agréables ou désagréables, soyez sans joie ni tristesse, désir ni aversion. Le meilleur ami sur la voie, c’est d’avoir le soutien de la nature innée.

"La sagesse est la réalisation que l’esprit est comme le ciel et que la compassion n’abandonne pas les êtres sensibles illusoires. En agissant conformément à la vue qui incorpore leur union, on obtiendra rapidement la cognition primordiale qui ne demeure nulle part."

A quelque chose malheur est bon. Durant cette fin de cycle, une conjoncture cosmique permet de sortir plus facilement de la narcose collective dans laquelle se trouve l’humanité durant l’âge noir (Kalî Yuga). Cette période facilite une prise de conscience émancipatrice. Une partie de l’humanité s’éveille tandis qu’une autre sombre dans un sommeil encore plus profond.

Autrefois, les enseignants bouddhistes classaient leurs élèves en deux catégories (très doués et moins doués). Les paroles d’Orgyen Jigme Chökyi Wangpo (ci-dessus) s’adressent aux plus doués. De nos jours, les lamas reconnaissent toujours deux catégorie d’élèves, ceux qui payent le tarif normal pour participer aux enseignement et les riches donateurs qui ne regardent pas à la dépense.

En fait, les personnes ayant des capacités pour la pratique directe (Chig-Chhar) ne fréquentent pas les centres du soi-disant dharma. Leur intuition les aide à percevoir la réalité et à comprendre le sens de certains textes. Il est amusant de constater qu’une invraisemblable confusion a inversé la valeur des textes spirituels. Des sornettes prétentieuses sont révérées comme de profondes vérités ; en revanche, la vérité dans sa déconcertante simplicité est souvent méprisée.

Des événements nous contraindront peut-être à plus de mobilité, un choix de textes à l’usage des intuitifs itinérants peut se limiter à trois petits livres :

"Soi l’expérience de l’absolu selon l’Asthavakra-gîtâ", traduction de Jacques Vigne.

Le docteur Jacques Vigne a traduit en français un traité de l’Advaita. Ce petit texte, «Ashtâvakra-gîtâ», avait été remarqué par Alexandra David-Néel. Elle l’avait traduit en français avec l’Avadhuta-gîtâ. 

"Le Secret de la Fleur d’or" a été malmené par la mauvaise traduction de Wilhelm et les élucubrations de Jung. Heureusement, Thomas Cleary a restitué la véritable dimension de ce manuel de clarification de l’esprit. Ce petit texte offre un moyen non négligeable de l’obtention de l’éveil par soi-même.

Plotin, "Traité 9". L’Occident a perdu depuis longtemps son identité spirituelle, pourtant au cours des siècles des mystiques occidentaux renouèrent avec la métaphysique de Plotin. Pierre Hadot a traduit et commenté les traités de Plotin. Le «Traité 9» (édition de poche) captive aussi bien des chrétiens, des musulmans et des philosophes de la non-dualité.

Présentation du "Traité 9" :

"Pour atteindre la réalité de l'Un, on n 'a plus besoin de guide, on n'a plus besoin de science et d'instruction ; mais il faut marcher seul, cheminer seul ; par un cheminement dont le terme sera l'union.

Plotin reprend ici l'image platonicienne du cheminement vers le Bien à travers la dialectique. Mais tandis que le cheminement platonicien est dialectique et s'opère dans le discours et le dialogue, le cheminement plotinien est mystique et s'opère dans l'au-delà du langage, dans l'expérience, le silence et l'intériorité. On songe à Wittgenstein disant à la fin du Tractatus qu'il faut rejeter l'échelle grâce à laquelle on est monté c'est-à-dire toutes les propositions du Tractatus, comme des non-sens : alors on aura la juste vision du monde.

Plotin (205-270 ap. J.C.), l'initiateur du courant néoplatonicien à la fin de l'Antiquité, est l'auteur de 54 traités ici désignés selon leur ordre chronologique de composition (de préférence au classement par Ennéades proposé par Porphyre, le disciple de Plotin, et son éditeur). Ces écrits fixent, avec le souci de démontrer et de persuader à la fois, des moments de la réflexion philosophique de leur auteur, en dialogue avec ses élèves et lui-même. Composés d'un seul jet, dans un style souvent inspiré, ils sont les témoins d'une méditation intérieure exceptionnelle et les dépositaires d'une doctrine métaphysique inédite.

Le Traité 9 est l'un des plus beaux et des plus fameux écrits par Plotin. La réflexion sur l'unité de toutes choses fait remonter par la pensée à l'Un, Principe Premier, et oriente l'âme vers ce qu'elle peut rechercher de meilleur, l'union mystique à l'Un, moment extatique de sortie de soi - fuir seul vers le Seul ", écrit Plotin à la toute fin du traité."

Ainsi muni, avec un peu de persévérance et beaucoup de solitude, "on obtiendra rapidement, dit Patrul Rinpoché, la cognition primordiale qui ne demeure nulle part".

La cognition primordiale annihile la perception discriminante et immunise contre les peurs. Qu’importe alors la criminalité des oligarques, la dictature mondiale, l’Antéchrist…


(1) Alias Patrul Rinpoché, "Instructions sur la vue du Mahayana qui éclaire sur les deux vérités".


mercredi, juin 12, 2024

Le mensonge a toujours été la marque d’infamie du politique et du religieux







Amour métaphysique

des Démons et des Hommes

Par Dharma


Lors d’une visite à Paris, un journaliste demanda au Dalaï-lama la signification du mot Nirvâna. Le Dalaï-lama lui répondit : « Il n’y a pas le feu ! ». 

Non, il y a le feu. Que dit le Sutta du feu ? Une maison est en feu. Des enfants jouent à l’intérieur, ne savent pas que la maison brûle et que leur vie est donc en danger. Leur père arrive à temps pour voir que la maison est en feu. Aussitôt, il use d’un stratagème pour faire sortir ses enfants et les sauvent.

(Le Père représente l’homme éveillé par l’Intuition métaphysique, le Sage qui instruit les hommes aveuglés et qui les sort de la maison en feu, le monde des désirs.)


Dès la Tradition primordiale, du vivant du Bouddha, 40 techniques classiques de méditation étaient pratiquées par les moines sur le cheminement à la fois progressif et abrupte, vers le Nirvâna. Ces Techniques toujours connues et peuvent être pratiquées si elles sont justement enseignées, ce qui devient de plus en plus rare. Certaines sont réservées aux moines. Il en est une qui concerne chacun. C’est les 4 aspects de l’amour dharmique illimité, inconditionné. Ces 4 aspects sont :

1. Maitri : Amour pur, bienveillant, illimité. 

2. Karunâ : Amour agissant, la compassion, illimités Tous les moyens habiles sont mis en œuvre par le guide pour provoquer la compréhension. 

3. Mûdita : Amour joyeux illimité pour le bonheur des autres. 

4. Upeksha : Amour serein, transcendant en non-différence illimitée par la Vue des choses telles qu’elles sont.

Revenons au Dalaï-lama. Il ne peut pas ne pas connaître ces quatre aspects de l’amour métaphysique. Dans le cas contraire ce serait ennuyeux. Un moine qui se prétend être le guide d’une modalité bouddhique ne doit pas consacrer son temps à la politique, mais il peut témoigner de cet Amour métaphysique pour informer, aider et conduire le politique à stopper ses horreurs perpétrées, comme, par exemple, actuellement, au Moyen-Orient

Pourquoi ne l’entendons-nous pas témoigner de cet amour pour apaiser le politique ? 

Pourquoi a-t-il fait la promotion des injections comme l’autre chef religieux du Vatican qui insistera sur le fait de se faire injecter « par amour » ?!! 

Pourquoi ce moine, ami du Dalaï-lama, généticien de formation, affilié au Forum économique Mondial, ne se manifeste-t-il plus sur les plateaux TV ?!

Si le silence du Sage est un silence vertueux cela ne l’empêche pas si nécessaire de dire des paroles justes quand il le faut. Mais le silence peut résulter de la peur, de la lâcheté, du manque de courage, du manque d’amour agissant, Karunâ. Tout est assez clair.


Le mot « MENSONGE » vient de la racine Sanscrite « men » qui a donné en Sanscrit le mot « manas : mental », le mot Sanskrit « Manusya : humain » qui deviendra en Occident le mot « Manouche » puis Romanichel, enfin en anglais « man : homme ». « Man et mensonge font ainsi lien constant », sauf pour ceux qui en douteraient.

C’est ainsi que le mensonge a toujours été la marque d’infamie du politique et du religieux.


Ce mot « mensonge » détermine l’existence humaine au sein du « monde des désirs » (lat. desiderare : cesser de voir, être aveuglé), en Sanskrit le « kâma-loka ». Dans cette fin du Kali Yuga, l’âge sombre, l’âge de fer, dont la fin se rapproche à grands pas et dans lequel nous sommes sans aucun doute en ces moments sataniques. On retrouve en grec ancien, Satan, en hébreu ancien, Shâtân, qui est, psychologiquement nommé « l’adversaire », ce qui complique les besoins naturels au profit du désir égaré et entretenu par ses propagandistes dominants qui dirigent par la haine, l’avidité, la division, le diable signifiant « ce qui se met en travers », vecteurs de l’entropie galopante, de la destruction généralisée. SANSCRIT signifie PARFAIT pour qui peut être capable de connaître et comprendre les mots-clés de cette langue intemporelle dont, d’ailleurs, nul ne connait l’origine.

Il est « essentiel » (véritable traduction du mot Sanscrit « Satya ») de comprendre et de « pouvoir re–connaître ce monde tel qu’il est ». Pour cela il faut être informé correctement sans être désinformé, connaître « les causa : les choses, les phénomènes » pour s’en Libérer, tout au-delà du fait de se croire libre, ce qui est une illusion, sauf quand la seule solution libératrice est d’aller au-delà des phénomènes (latin « phaenomenon », grec « phainomenon : APPARENCES »).

Ainsi, « Voir profondément » que « tout n’est qu’apparences trompeuses » et que, dans ces apparences, l’humain croyant, manipulé, hypnotisé, vampirisé, est plongé dans le bourbier jusqu’au bord supérieur de la lèvre inférieure !

Depuis des temps inconcevables, du moins depuis 4000 ans, Dieu « joue-il aux dés ? ». Ce très ancien jeu des possibles parmi les possibles nourrit les mythologies déformées, au profit des manipulations et hypnoses collectives, croyances, superstitions, préjugés, opinions dans et par le rationalisme et l’irrationnel, orchestrés par des dominants fanatiques quels qu’ils soient.

Dans la guerre de l’information le mot « Dieu » reste neutre. Le mot vient du Sanscrit DEVA qui a donné en Occident les mots latins DEUS, et DIES, le jour. Ce mot représente tout simplement « cela qui éclaire, cela qui brille ». Il s’adresse aux humains hélas rarement capables de « pouvoir ne pas croire » pour pouvoir comprendre ce qui leur est dit.

Satan incarne la désinformation. Il veut tous les pouvoirs car sa soif psychotique-pathologique est insatiable. Esclave de ses pulsions incohérences, obsédé, grand falsificateur de l’histoire, tueur des messagers, il cherche constamment à rallier à ses armées de diablotins et de lucifériens les hommes errants aveuglés dans le grand cirque de sa folie. 2020-2024 en est l’illustration parfaite. Et ce n’est pas terminé.

En termes dualistes, Dieu, le brillant, est grand et son pardon est sans trahison.

« Entropie-néguentropie-homéostasie-rétroaction ».

« Distorsion-confusion-désinformation-incompréhension ».

Question : 

- Certains disent que le monde est programmé en auto–destruction, est-ce possible ?

Réponse : 

- OUI. Ceux qui comprennent l’atemporel et l’intemporel ne s’inquiètent plus de rien. Mais il faut pour CELA et tout d’abord voir que le temporel est une curieuse distraction constante pour les infantiles qui ne peuvent ni ne veulent voir.

Question : 

- Mais alors, pour ceux qui ne le comprendraient pas ?! 

Réponse : 

- La notion de mort sert toujours à apprendre à vivre métaphysiquement vers le « sans-naissance » ! Ceux qui ne le comprennent pas sont comme s’ils étaient déjà morts.

Dieu le brillant restait calme et serein, le regard amusé et aimant, attendant son heure patiemment, devant Satan, nerveux, crispé, très agité comme un « gamin-état-miaou » (1) disciple de Satan. 

Dieu brillait. Impersonnel spectateur il contemplait le spectacle de la folie. Il croisa de Gaulle qui, témoin, se leva et s’exclama : « Je vous ai compris ! »



1) « Gamin-état-miaou » : 
L'auteur du post fait allusion au Premier ministre surnommé "Satanyaou" sur les réseaux sociaux.


Benjamin Netanyahou, né Mileikowsky, petit-fils de Nathan Mileikowsky, est un  mythomane. 

Sur i24News, l’ancien ambassadeur d’Israël à Paris Avi Pazner raconte le jour où Jacques Chirac a traité de menteur Benyamin Netanyahou, lui disant en face : “Je ne crois pas un mot qui sort de votre bouche. Toute votre politique consiste à provoquer les Palestiniens.” Quand Chirac a traité Netanyahu de menteur.

Sarkozy : "Netanyahou, je ne peux plus le voir, c'est un menteur" (Le Point)


*******

BONUS

Quand Benyamin Netanyahou disait en 1980 : 

"Nous contrôlons le Sénat, le Congrès (USA). Nous avons un lobby juif extrêmement puissant de notre côté. L’Amérique ne nous forcera à rien."

Il ne mentait pas :


Images du Congrès des Etats-Unis de nos jours



mardi, juin 11, 2024

Regard sur l'utopie








Toute réflexion sur l'utopie butte inévitablement sur un problème préliminaire et incontournable, celui de sa définition. Comme cela arrive souvent dans les sciences humaines, l'ennui consiste non pas dans le manque de définition mais dans leur trop-plein. En proposer une nouvelle, n'annule guère celles qui existent d'ores et déjà ; en quelque sorte, nous sommes condamnés d'accepter le terme utopie avec sa polysémie notoire. Car le phénomène n'est pas uniquement sémantique ; l'utopie est un phénomène culturel protéiforme. La polysémie, voire la confusion terminologique, traduit, à sa manière, les multiples aspects de l'utopie ainsi que de multiples fonctions que les utopies ont assumées au long de l'histoire. Quel rôle revient aux utopies dans la vie collective, dans l'histoire sociale, politique et culturelle ? Quel est leur impact sur les mentalités, l'imaginaire social en particulier, sur les projets politiques ? Exercent-elles un rôle déterminant, représentent-elles le «moteur de l'histoire » (pour reprendre le titre pompeux d'un colloque sur les utopies) ? Seraient-elles assez puissantes pour accéder au pouvoir (pour paraphraser le titre d'un ouvrage sur l'histoire de la ci-devant Union Soviétique) ? Ou représentent-elles uniquement des textes littéraires, parmi tant d'autres, qui se distinguent par leurs structures et paradigmes narratifs spécifiques ? L'histoire des utopies est-elle essentiellement culturelle et sociale (comme le proposait Mannheim, dans le sillage de Marx et de Lukacs), ou bien serait-elle surtout une histoire littéraire ? Ou peut-être ces deux approches ne s'excluent pas mais se complètent ? Certaines époques, autant de «moments historiques », offrent-elles aux utopies un vaste champ d'action, tandis que dans d'autres conjonctures leur rôle est beaucoup plus restreint et leur champ d'action beaucoup plus réduit ? Pour contourner ces incontournables questions de définition et de méthodologie, j'ai choisi de prendre comme point de départ un livre de Roy Lewis, The Extraordinary Reign of King Ludd, traduit en français sous le titre La véritable histoire du dernier roi socialiste. C'est un récit autobiographique, à la première personne, sorte de mémoires, du roi George Akbar Ier, dernier roi d'Angleterre et roi des Indes, né le 4 août 1914 (aucun coup de canon n'a pourtant marqué cette date, une journée comme les autres !), et qui régna de 1929 à 1949. Progressivement, nous découvrons l'histoire de l'Europe et du monde pendant un siècle, de 1848 à 1948, ouvert par une révolution socialiste et achevé par une contre-révolution libérale.

En effet, tout se joue en 1848-1849, période charnière marquée par la conjonction des idées nouvelles et des bouleversements politiques. À cette époque, la réunion de quatre grands courants de pensée a rendu possible, voire inévitable, l'instauration de nouvelles institutions sociales. D'abord, le luddisme, du nom de Ned Ludd, ouvrier qui, à la fin du XVIIIe siècle, lança des mouvements des artisans, en particulier des drapiers et des tisserands, contre les machines et leur conséquences : la paupérisation, le chômage, etc. Deuxième facteur : le socialisme, réaction contre le capitalisme et le système industriel, imaginé par Owen, Fourier et John Stuart Mill, comme réforme sociale juste, mettant fin à l'exploitation de l'homme par l'homme, il trouva sa forme militante dans le Manifeste communiste de Marx et Engels, tandis que d'autres formules d'idée socialiste furent avancées par les mouvements chartistes et coopératifs. Troisième composante : le romantisme, ses craintes prémonitoires à l'encontre de la science et de la technologie qui vont séparer l'homme de Dieu et de la nature, craintes qui s'expriment notamment à travers le renouveau religieux, en réaction à la Révolution française. De ces mêmes craintes est également révélateur le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne de Marie Shelley (1817). Finalement, le quatrième facteur : la théorie de l'évolution. Formulée dans les années 1840 par Darwin, elle a connu une large diffusion, après la mort prématurée de son auteur, suite à la publication posthume de ses manuscrits. Les espèces, affirme Darwin, naissent et évoluent en fonction de leur aptitude à survivre dans des écosystèmes où les populations croissent toujours plus rapidement que les réserves alimentaires. Presque aussitôt cette théorie fut jugée applicable à l'évolution des machines à vapeur et des techniques nouvelles d'automatisme (Herbert Spencer,Thomas Henry Huxley). Quelques éminents mathématiciens ont démontré la possible accession des machines à la faculté de penser, ce qui entraînerait, inévitablement, l'asservissement des hommes aux machines et à leurs capacités croissantes. Les hommes, disaient-ils, ont inventé une espèce nouvelle qui risque de les supplanter. Alors, suite à ces découvertes capitales, un groupe d'hommes clairvoyants fonda le Mouvement pour le contrôle de l'évolution mécanique. C'était là une philosophie systématisée, une vision de l'avenir qu'attendaient les luddistes, les chartistes, les socialistes et les mouvements coopératifs confier à un trust universel, composé des meilleurs savants, mathématiciens, etc., la propriété exclusive, au nom de l'humanité, de toutes les découvertes scientifiques et innovations technologiques, à charge de ne les mettre en circulation que lorsqu'elles produisent des emplois et des améliorations des conditions d'existence, sans entraîner aucun désastre social : ni chômage ni destruction de l'environnement naturel. Ainsi est née l'idée de l' Inpatco, International Patent Convention, sur laquelle nous aurons à revenir.

Ces idées et visions de l'avenir n'auraient pas marqué le cours de l'histoire, si elles n'étaient pas inscrites dans un contexte révolutionnaire. Mais la révolution de 1848 n'aurait-elle pas sombré dans l'oubli, comme tant d'autres révoltes, si les révolutionnaires ne l'avaient parachevée par des institutions donnant corps aux nouvelles idées et représentations ? Rappelons rapidement les événements. L'année 1848 s'est ouverte sur une Europe affamée, déchirée par les contradictions sociales, marquée par un chômage galopant et par la misère urbaine. En février, éclatent les premiers troubles Paris s'embrase et l'insurrection populaire fait tomber la monarchie de Louis-Philippe. Le sort de la révolution restait pourtant fort incertain ; il se joua en Angleterre. Dirigée par les chartistes, à Londres, une énorme manifestation populaire pacifique est réprimée par l'armée ; des femmes et des enfants meurent écrasés. Mais les vaillants soldats (les Redcoats) refusent de tirer sur le peuple et retournent leurs armes contre les officiers. Londres est en flammes, le West End brûle ; les maisons des riches sont saccagées. L'insurrection se propage dans le pays entier ; les aristocrates résistent dans leurs châteaux mais, après d'âpres combats, ils sont vaincus. Victorieux, le peuple anglais vole au secours des révolutionnaires en France et, ensuite, partout en Europe. La bataille décisive a lieu en Hongrie, à Vilagos, entre l'armée russe, support de la contre-révolution, et les armées révolutionnaires coalisées. Une célèbre charge de la Brigade légère anglaise contre les cosaques de Paskievitch emporte la victoire. Le tsar abolit le servage et entame des réformes démocratiques : c'est l'ère de la perestroïka et de la glasnost. La Pologne retrouve son indépendance ; en Italie, après la prise de Naples par des volontaires, commandés par Garibaldi, les Autrichiens se retirent ; une république unifiée est proclamée sous la double souveraineté de Mazzini et de Pie IX qui s'est hâté de revêtir les idées libérales de sa jeunesse. Les révolutionnaires allemands, Marx et Engels en tête, libèrent l'Allemagne, elle aussi réunifiée (d'ailleurs, la monarchie et les Habsbourg sont conservés). Ainsi, comme l'avaient prévu Marx et Engels, la révolution prolétarienne et socialiste triomphe d'abord dans le pays le plus industrialisé et le plus urbanisé, en Angleterre. Partout, le capitalisme se retire et le nouvel ordre social s'installe : en Europe, d'abord, et, par la suite, aussi aux États-Unis (épisode historique assez complexe : conséquence de l'aide apportée par l'Europe socialiste aux États nordistes qui, sous la présidence de Lincoln, combattaient les esclavagistes sudistes).

Instaurées dans la deuxième moitié du XIXe siècle, quelles sont ces nouvelles institutions politiques et sociales ? Démocratie socialiste et coopérative, telle est leur caractéristique globale. Pour des raisons d'opportunité, en particulier afin de conserver des rapports privilégiés avec l'Inde, sur l'instigation de Disraeli, la monarchie anglaise est conservée, mais le roi.— pour être plus exact : le camarade roi — ne dispose plus d'aucune prérogative. Le gouvernement est représentatif, le suffrage est universel et, en particulier, les femmes ont le droit de vote et jouissent de tous les droits civiques. Le régime est laïc, mais la liberté de conscience est assurée et, en particulier, sont préservés les droits de chacune des trois grandes religions : le christianisme, l'islam et l'humanisme. Responsable devant le parlement, le gouvernement a pour chef un premier ministre (vers 1948 c'est un certain Lloyd-Georges). Malgré les pressions des marxistes, socialistes fondamentalistes, la propriété privée est conservée. Tout le monde travaille, et les travailleurs sont organisés et représentés par des guildes de métier ainsi que par des conseils de coopératives (il existe un Comité central des coopératives, avec lequel le gouvernement doit compter et cultive des rapports assez délicats et complexes). Le socle et le pivot de tout le système socio-économique exerce un contrôle rigoureux sur le progrès technologique : grâce à l'Inpatco, qui régente les brevets, la technique n'a guère dépassé le niveau atteint dans les années cinquante du XIXe siècle. Ainsi, le socialisme en vigueur est solidaire de la civilisation du charbon, de la fonte et de la machine à vapeur. Le pays reste essentiellement agricole ; la croissance urbaine est contrôlée ; l'industrie est artisanale ou coopérative. Roulant à une quarantaine de kilomètres à l'heure comme au milieu du XIXe siècle, les trains relient les grandes villes ; il existe aussi de rares voitures à vapeur, lourdes et peu maniables, roulant à la même vitesse sur des routes étroites et défoncées. Toutefois, dans les villes, on se déplace à bicyclette, ou en coche à cheval. Entre les producteurs, entre les pays, il n'existe aucune concurrence : l'autarcie maximale forme le principe de base de l'économie, à tous ses niveaux. La vie est heureuse et harmonieuse ; le système est communément accepté par la population ; à l'école primaire, le jeune roi, avec tous les enfants, chante joyeusement, souvent en dansant la ronde, l'hymne Nous allons co-co-coopérer, ainsi que la Marseillaise. Évidemment, l'existence et le bon fonctionnement de cette société heureuse tiennent à l'efficacité du contrôle du progrès technologique. Or, l'International Patent Convention, l'Inpatco, l'assure sans faille. Comme nous l'avons observé, cet organisme a la propriété exclusive de tous les brevets d'innovation technique et ne les délivre qu'a condition que leur mise en application n'entraîne pas de conséquences négatives sur l'environnement, l'emploi, l'égalité sociale, etc. L'Inpatco est une institution internationale qui forme un second gouvernement : ses membres se recrutent parmi les gens les plus talentueux en sciences et en techniques (on appelle ces élites des Incas). L'Inpatco dispose de réserves, villes et territoires, dont l'accès est interdit aux non-Incas, où il réalise et teste les brevets. Ainsi, en 1948, anniversaire centenaire du Pacte, grâce notamment aux travaux d'un certain Edison, on y trouve de l'électricité (hors réserves, on en est toujours à l'éclairage à gaz ou aux lampes à pétrole), des voitures rapides équipées d'un moteur à essence, même des avions. Or, en ce mi-vingtième siècle, s'élèvent des voix contestant l'Inpacto et son monopole. Parmi les contestataires se distinguent, en particulier, des femmes. Ce socialisme, protestent-elles, est un système qui profite aux hommes et exploite les femmes. Certes, elles jouissent des droits civiques. Mais elles sont toujours assujetties à cuisiner avec des casseroles, salissantes et crasseuses, à récurer sans cesse ; elles blanchissent le linge à la main, avec du mauvais savon qu'elles fabriquent elles-mêmes, elles décapent la graisse avec de la pierre ponce, bref, en plus de leur travail, elles assurent tous les travaux domestiques les plus pénibles. Or, des rumeurs circulent selon lesquelles, dans les réserves de l'Inpatco, il existe de meilleurs savons et de meilleures lessives, des fours électriques, des réfrigérateurs, des machines qui lavent automatiquement le linge, bref, des inventions qui soulageraient la vie des femmes, et que les Incas ne mettent pas en circulation. Cette contestation n'est pas exclusivement féminine : dans le pays se forme un mouvement clandestin et subversif, LNF, Laissez-nous faire, qui s'inspire des idées d'un certain docteur Popek, philosophe viennois. Dans des brûlots qui circulent sous le manteau, il demande la libération de toutes les nouveautés techniques, la suppression de l'Inpatco et la liberté pour les initiatives individuelles.

Arrêtons-nous là : suivre les péripéties de la révolution libérale pacifique qui a mis fin à un siècle socialiste, instaurant une société de consommation, de concurrence et de progrès technologique, nous éloignerait de nos interrogations initiales.

L'utopie, ou, si l’on veut, l'anti-utopie, de Roy Lewis abonde en allusion et en clins d’œil à ses antécédents classiques: Swift (les savants fous et dominateurs), Orwell (le «parti intérieur»). Elle va nous servir à dégager quelques particularités et fonctions de l’utopie. Ainsi, dans ce récit d’une histoire-fiction, l’utopie socialiste s’affirme d’abord comme critique radicale de la société existante, machiniste, urbaniste et individualiste, de ses contradictions et effets néfastes, injustices et malheurs. A partir de cette critique et dans ses prolongements, l’utopie élabore un projet positif, imagine de nouvelles institutions politiques et sociales qui remédieraient au mal et assureraient une vie en commun plus heureuse. L’utopie ne se contente pas de réformes partielles ; elle avance un projet global de transformation sociale, impliquant la transformation du système politique et socio-économique, voire un changement de culture et de civilisation. Remarquons que dans l'histoire-fiction de Lewis ces mènes caractéristiques sont communes à la fois à l’utopie socialiste et à l’utopie libérale, celle qui critique la société collectiviste et promet une société d’abondance, de consommation, de progrès technique et d’essor de l'initiative individuelle. Remarquons finalement que dans cette histoire fictive, les deux utopies, chacune à sa manière, ont tenu leurs promesses: l’une et l’autre ont réussi à installer un nouvel ordre social et culturel. Cependant, une fois leurs projets respectifs mis en pratique, toutes les deux ont des effets pervers, imprévus et déplorables. La société socialiste assure la paix, préserve l'environnement et supprime le paupérisme, au prix de son immobilisme et de son conservatisme. La société libérale apporte le progrès technique et libère les énergies individuelles, mais au prix de l'inégalité, de la pollution et d’une concurrence déchaînée. Émancipées de leurs pénibles labeurs domestiques, les femmes ne passent-elles pas leur temps libre dans les cabinets cosmétiques et autres salons de beauté ?

Le pastiche de Lewis offre également un modèle des rapports entre utopie et histoire. Toute seule, l’utopie n’oriente pas le cours de l'histoire : en fonction de son contexte, elle répond aux attentes et espoirs collectifs, ou bien cesse d’y répondre. Toutefois, aucune utopie ne comporte en elle le scénario historique à la réalisation duquel elle a éventuellement contribué : aucune utopie ne prévoit son propre destin historique, son propre avenir. Évidemment, l’histoire contée par Roy Lewis est une histoire fictive, un jeu intellectuel. D'ailleurs, dans sa préface, Lewis annonce d'emblée qu'il va raconter une histoire possible, un scénario élaboré par un gigantesque ordinateur qui, à partir de données réelles, reconstruit toutes les histoires possibles, tous les scénarios que l'histoire n'a pas réalisés. Aujourd'hui, à titre d'hygiène intellectuelle, les historiens eux-mêmes font parfois appel à des « histoires hypothétiques », remède préventif contre un finalisme dissimulé sous un déterminisme trop rigide. Ainsi ont-ils imaginé, par exemple, des scénarios historiques hypothétiques à partir des événements contingents et pourtant lourds en conséquences : l'invention du chemin de fer retardée d'un quart de siècle ; le refus du gouvernement anglais d'entrer en guerre en août 1914 ; la mort de Staline retardée d'une dizaine d'années, etc. L'histoire comporte toujours sa part d'aléatoire et d'imprévisible. De toute façon, ce sont autant de jeux intellectuels ; mais la représentation utopique d'une société imaginaire comporte également un élément de jeu. À l'imagination sociale, l'utopie offre un espace ludique et, depuis Thomas More, la fiction utopique est inséparable de sa fonction ludique sur laquelle nous aurons à revenir. Toutefois, les rapports entre l'utopie et la politique se nouent également par le truchement de l'imaginaire : les utopies ont amplement contribué à la formation de l'imaginaire politique moderne et, à leur tour, elles s'en sont abondamment nourries. En effet, en politique, l'utopie « met au jour une relation particulière entre fiction et action : elle est d'une part projection imaginaire dans l'espace fictif institué par le texte du récit, d'autre part projet de réalisation qui tend à passer dans l'expérience historique, projet qui, en même temps, doit se nourrir de fiction ».

Entre histoire-fiction et récit utopique s'installe facilement un jeu de miroirs et de complicité dont Roy Lewis tire magnifiquement profit. Dans une histoire fictive, les rapports entre les multiples facettes de l'utopie et les événements imaginés sont indéfiniment modulables, en quoi consiste précisément l'un des plaisirs de ce jeu intellectuel. Dans l'histoire réelle, où nous sommes confrontés à des scénarios qui se sont effectivement réalisés, dégager la part de l'utopie et, en particulier, l'impact de celle-ci sur la politique, est une affaire autrement plus complexe et beaucoup moins amusante. Avec regret, j'abandonne donc le domaine ludique et je passe à une conjoncture historique réelle, à savoir celle dans laquelle se trouvait l'imaginaire utopique il y a deux cents ans, à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles. Choix qui s'explique, elle autres, par l'attraction, d'ailleurs assez mystérieuse, que les dates « rondes » exercent sur notre imagination. Après un temps de purgatoire, l'utopie ne revient-elle pas aujourd'hui à la mode en raison de ce nouveau siècle et ce nouveau millénaire dans lesquels nous entrons ?

En 1800, année qui clôt le XVIIIe siècle, l'utopie offre le paysage d'un champ de ruines.

En 1797, après un interminable procès, le plus long de toute la décennie révolutionnaire, Babeuf, condamné à mort, rate son suicide et il est guillotiné. La « conjuration pour l'égalité » qu'il dirigeait constituait une tentative désespérée de réunir une nostalgie politique à un rêve social : une petite minorité militante se proposait de renverser le régime directorial, de rétablir la dictature révolutionnaire, à l'instar de celle de l'an II, et d'instaurer une société égalitaire et collectiviste.

La conjuration, dont une cinquantaine de membres sont jugés avec Babeuf, est le produit de la décomposition de la mouvance sans-culotte et du personnel terroriste de l'an II. La revanche est la grande passion thermidorienne. Les conjurés se recrutent parmi les victimes de la revanche thermidorienne qui, après avoir croupi dans les prisons, brûlent de prendre, à leur tour, leur revanche sur les revanchards. La Révolution les a d'abord propulsés dans la carrière politique ; elle a éveillé leur enthousiasme et leur a fait connaître le goût grisant du pouvoir, pour, par la suite, les exclure et les enfermer dans une marginalité politique et sociale. Ainsi se sentent-ils trahis : si la Révolution n'a pas tenu ses promesses initiales, si elle a débouché sur un régime où une aristocratie des riches et des politiciens a remplacé les ci-devant nobles, c'est qu'elle a été détournée de ses buts ; c'est que, au détriment de l'action directe du peuple, l'exigence démocratique a été réduite au simple déroulement des épisodes électoraux. Il revient donc aux patriotes avancés de poursuivre la révolution et de l'amener à bon port. Pour une partie des conjurés, le recours à la terreur se combina avec un rêve social : la prise du pouvoir ouvrirait au peuple la voie de l'« égalité réelle » et du « bonheur commun ».

Déjà avant la Révolution, le jeune Babeuf a été séduit par les écrits sur la régénération du genre humain et le moyen d'assurer son bonheur. Lors de son procès, il se réfère constamment au Code de la nature de Morelly (à l'époque, ce texte était attribué à Diderot) ainsi qu'au Discours sur les origines de l'inégalité de Rousseau. Tout le mal vient de l'inégalité ainsi que de la division des biens en un «mien » et un «tien ». Une organisation collective de la société, la suppression de la propriété privée et la distribution égalitaire de richesses mettraient donc fin à la misère populaire et amèneraient nécessairement la justice et la félicité publique. L'expérience de l'année révolutionnaire prouve qu'une telle vie en commun est praticable puisque, à une échelle jusqu'alors inédite dans l'histoire, la République a réuni des centaines de milliers de citoyens-soldats, dont les moyens d'existence et le mode de vie sont assurés par l'État et qui, tous ensemble, dignes émules de la Nation, offrent le modèle d'une communauté vertueuse et héroïque.

Le coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799) sonne le glas de la démocratie et, partant, relègue aux oubliettes l'utopie citoyenne. Depuis quatre-vingt-neuf l'imaginaire révolutionnaire accorde une place de choix aux représentations d'une cité nouvelle à construire. Multiples et diverses, elles réservent une importance particulière à l'image idéale du « citoyen », figure emblématique à la fois de l'espace démocratique et du processus révolutionnaire. La Nation régénérée doit être une communauté de citoyens éclairés, connaissant leurs droits et leurs devoirs, aptes à faire des choix en matière publique et décidés à sacrifier leur vie à la patrie. À l'égard d'elle-même, de la génération présente et des générations futures, la Nation a également le devoir de former les citoyens, en particulier par l'intermédiaire de son système d'éducation publique.

Être citoyen, c'est d'abord être homme libre, jouir pleinement de ses droits inaliénables, notamment de la sécurité de sa personne et de ses biens ainsi que de la liberté d'opinion et de parole. Quelles que soient ses origines, aristocratiques ou démocratiques, tout pouvoir qui porte atteinte à ces droits est despotique et illégitime. Toutefois la liberté citoyenne ne se limite pas à la jouissance des droits individuels ; elle comporte encore d'autres dimensions. Être citoyen, c'est aussi, voire surtout, faire partie intégrante du peuple souverain et, par conséquent, participer pleinement à la formation et à l'exercice de sa volonté. Il est donc du devoir du citoyen de s'engager dans la vie publique et dans l'action politique ; on est citoyen ensemble, avec d'autres agissant solidairement afin de promouvoir l'égalité et la justice sociale. Être citoyen, c'est encore affirmer la Nation contre ses ennemis, déclarés et dissimulés, et contre leurs complots néfastes. Multiples et divers, les modèles révolutionnaires du citoyen ont en commun une valorisation du politique et du civique, de l'implication de l'individu dans la chose publique. Ils divergent cependant pour ce qui est des formes de ce civisme, qui connaît ainsi une version jacobine et une version libérale. L'une insiste sur la prééminence de l'intérêt public, sur l'identification de l'individu à la Nation, sur le rôle centralisateur et formateur de l'État, sur l'enthousiasme révolutionnaire et sur les pratiques militantes ; l'autre met l'accent sur l'autonomie et les droits fondamentaux de l'individu ainsi que sur la diversité des opinions, condition de la liberté, sur la formation de l'opinion publique et le bon fonctionnement des institutions représentatives, sur la liberté de la presse et sur les suffrages électoraux.

La forme la plus complète et la plus rationaliste de l'utopie citoyenne se trouve certainement dans les écrits politiques et pédagogiques de Condorcet, en particulier dans son ouvrage posthume publié en 1795, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain. La Cité nouvelle est celle de la raison citoyenne, héritière des progrès des Lumières ; le citoyen est une construction à la fois politique et culturelle : la démocratie comporte en elle des exigences culturelles tandis que l'instruction a une vocation pédagogique.

Déjà pendant les dernières années du Directoire, l'utopie citoyenne a été fort malmenée : les coups d'État et la fraude électorale non seulement délégitimaient le pouvoir en place, mais jetaient le discrédit sur les institutions républicaines elles-mêmes. Après le 18 brumaire, le régime consulaire demeure formellement une république et, pour un temps, dans les rapports officiels, le titre de citoyen est de rigueur. Néanmoins, de plus en plus autoritaire, le nouveau pouvoir n'a guère besoin de l'utopie citoyenne : c'est un fatras qui ne peut que le gêner. Du civisme républicain Bonaparte ne garde que le sens de l'État, le seul élément qu'il juge réutilisable. La Révolution terminée, le pays souffre d'un déficit d'ordre public et non pas d'activisme politique. Les acquis de la Révolution se résument au droit de propriété, aux garanties en matière de sécurité individuelle ainsi qu'a l'égalité devant la loi ; tout le reste n'est que galimatias et chimère.

Ainsi, tout se passe comme si, à l'issue de la Révolution, tout un paradigme utopique, réunissant dans un même discours l'éloge de la modernité, la volonté de rationalisation de la vie publique et la confiance dans la perfectibilité de l'homme, avait épuisé ses ressources. Le livre phare qui ouvre le nouveau siècle n'est pas une utopie niais le Génie du christianisme. Le Concordat et le retour de l'Église dans la vie publique contribuent, certainement, au succès retentissant de l’œuvre. Cependant, tout en exaltant les beautés du christianisme et en affirmant avec force le retour du religieux, Chateaubriand répond aussi à un autre besoin profond : il appelle au retour de la tradition. Au-delà de la déchirure révolutionnaire, il rétablit les continuités ; au temps éclaté de la tourmente, il oppose la durée ; contre le goût pernicieux de l'innovation, il exalte les valeurs consacrées par la succession des siècles ; contre une raison critique et tourmentée, il défend les certitudes de la foi et le sens intime de l'infini. Les anticipations du futur sont abstraites, chimériques et stériles ; privé de sa mémoire, aveugle, l'homme se perd dans sa vie ; fidèle à son passé, un peuple retrouve ses ressources vitales. Au-delà du XVIIIe siècle, celui de la modernité sceptique et de Voltaire, le siècle qui s'annonce va renouer avec le XVIIe, le siècle de Bossuet et de Racine, de la foi et de la grandeur nationale.

Brossé à traits trop rapides, ce tableau demanderait à être complété, nuancé et relativisé. La perception de tout paysage, en particulier d'un paysage historique et culturel, dépend beaucoup de la position de l'observateur, de la distance à laquelle il se campe, ainsi que de l'attention qu'il prête respectivement aux détails et à la vue d'ensemble. Le temps apporte du recul. Plus on s'éloigne du XVIIIe siècle, moins sa fin se présente comme une home et plus elle rappelle une passerelle qui réunit les rivages du temps. La conspiration babouviste marque la réunion de l'utopie et de l'action révolutionnaire, et, de ce fait, annonce l'avènement des révolutionnaires, ces acteurs politiques nouveaux qui allaient peupler le XIXe siècle. Avec le 18 brumaire, la Révolution n'est guère terminée ; au-delà de l'épisode napoléonien, elle s'impose comme modèle de changement social, global et radical, tandis que le républicanisme ne cesse de rechercher ses sources dans l'utopie citoyenne. L'ombre projetée par des utopies en mines occulte les utopies qui s'annoncent : en 1797, Saint-Simon publie La lettre d'un habitant de Genève, et, en 1808, Fourier fait paraître sa Théorie des quatre mouvements, livres à peine remarqués sur le moment.

En guise de conclusion enjambons deux siècles, et risquons quelques interrogations sur le statut de l'utopie aujourd'hui. Nous manquons, évidemment, du recul que seul le temps apporte. Comment savoir à quelle distance réussir la bonne prise de vue ? Comment être assuré que nous ne prenons pas un gros plan, centré sur un détail, pour une vue panoramique? La comparaison avec le début du XIXe siècle est certes séduisante, à condition toutefois d'éviter les anachronismes : entre les époques, au-delà des analogies apparentes ressortent des différences essentielles ; à travers les âges, l'identité même de notre objet n'est guère acquise : son évolution tourmentée ainsi que ses configurations capricieuses font problème.

Dans le paysage culturel et idéologique de ce début d'un nouveau siècle se retrouvent également des ruines des utopies ; toutefois, les débuts de siècles se succèdent mais ne se ressemblent pas. Dans leur chute, les régimes totalitaires entraînent également les utopies qui exaltaient leur avenir, pages les plus noires dans l'histoire séculaire des utopies... Les utopies fascistes et l'utopie nazie n'ont pas survécu à la fin de la deuxième guerre mondiale tandis que l'implosion de l'empire soviétique a sonné le glas de l'utopie communiste. Grand vainqueur de la guerre froide, le système libéral ne favorise guère l'imagination utopique. L'idéologie libérale se distingue en effet par sa méfiance à l'égard du volontarisme politique et de tout projet social global. Flexibles et pragmatiques, les sociétés libérales se refusent à planifier leur avenir, leur régime de temporalité valorise très fortement le présent. À condition de laisser les individus agir librement, selon leurs intérêts et dans le respect réciproque de leurs droits, donc dans le cadre de l'État de droit, l'interaction des agents sociaux, à l'instar de la «main invisible » de l'économie de marché, est censée assurer la répartition équitable, selon les performances individuelles, des richesses et des prestiges. Il revient au pouvoir public de faire respecter les règles du jeu économique, de préserver les conditions favorables à la reproduction du système et de tâcher de corriger, le cas échéant, les effets sociaux négatifs de ses déficiences. Comme la recherche du bonheur, droit individuel inaliénable, l'avenir est surtout une affaire personnelle. Derrière les constructions sociales appelées à aménager le futur se cacherait toujours l'État, l'accroissement de ses interventions et réglementations, toujours suspect de dérive totalitaire. Autrefois, au XIXe siècle, cette forte valorisation du présent se mariait à une certaine idéologie productiviste ainsi qu'à la foi dans le progrès civilisateur : le travail industriel et l'invention technologique seraient ainsi créateurs de sens et de valeurs morales positives. D'une époque à l'autre, les sociétés libres, de plus en plus performantes, feraient également progresser la civilisation, et, de ce fait, ne cesseraient de s'améliorer. Aujourd'hui, débarrassé de ce bagage idéologique, le libéralisme, le plus souvent, s'accommode des prévisions conjoncturelles à court ou à moyen terme. Au début du XXe siècle, en 1914, « le monde n'était certainement, ni plus juste ni plus humain, qu'a la fin de ce même siècle. Il l'était peut-être même moins mais il espérait dans un avenir meilleur, car il avait globalement confiance dans le Progrès. Aujourd'hui, en dépit des innombrables découvertes scientifiques et techniques, nous ne croyons plus en ce dernier. » Le temps où nous vivons souffre d'un singulier déficit d'avenir.

L'essor de la société de consommation accentue cette dévalorisation du futur. Le consommateur est incité à profiter le plus largement et le plus rapidement des biens et des services offerts par le marché : les campagnes publicitaires aiguisent ses désirs et curiosités, le poussant à les satisfaire immédiatement, à ne pas remettre à demain ce qu'on peut acheter aujourd'hui. L'abondance des produits et l'innovation permanente provoquent la reproduction élargie des besoins, l'effet de la mode rend rapidement obsolète les modèles anciens tandis que le progrès technologique crée des besoins inédits. Le consommateur est censé vivre dans un éternel présent immédiat. Par ailleurs, la révolution informatique a converti les représentations utopiques ainsi que les scénarios imaginaires de l'histoire, du passé et de l'avenir, en autant d'objets de consommation courante. De cette mutation, d'ores et déjà, l'imagination utopique subit les conséquences. Depuis toujours, avons-nous signalé, l'utopie a cultivé des liens secrets avec le ludique et le fantastique. En témoigne, en particulier, le texte paradigmatique de Thomas More, récit d'un voyage imaginaire et de la découverte d'une terre inconnue, jeu intellectuel et érudit. Nous avons beaucoup perdu de la dimension ludique de l'utopie. À ses amis humanistes, Thomas More offrait en effet un livre divertissant, voire franchement drôle. Il en est ainsi du déchiffrement de la toponymie utopique : Amaurote, la capitale des Utopiens, serait la Ville-mirage ? le fleuve Anydre, c'est le Fleuve-sans-eau ; le vocable clé du texte, Utopie, désigne à la fois une terre de nulle part et le pays du bonheur.

À leur tour, la littérature fantastique et la science-fiction cultivent leurs rapports avec l'utopie. Ainsi, la science-fiction réunit souvent l'extraordinaire à l'utopique. Les voyages dans le temps et dans l'espace font découvrir des mondes étranges, voire des civilisations extraterrestres. Ces sociétés imaginaires disposent de connaissances et de technologies extraordinaires, et de ce fait, elles affrontent des défis inédits, en particulier, les conséquences morales et sociales perverses de l'essor des sciences et des techniques. La révolution informatique, de son côté, fait basculer les représentations de l'altérité sociale et les scénarios du futur dans le domaine du jeu et du virtuel : lors d'un jeu interactif chacun est libre d'aménager, de construire et de démolir des civilisations et des empires virtuels, de refaire des batailles anciennes et de livrer des guerres nouvelles. Sur le marché et sur la Toile, on trouve le tout, le meilleur et le pire, des jeux qui stérilisent l'imagination sociale et d'autres qui la stimulent. Pourtant, résorbé dans le virtuel, l'imaginaire utopique se voit ainsi réduit à ses aspects purement ludiques.

Sur les rapports entre l'utopie et les conséquences culturelles de la révolution informatique, une dernière observation. Nous assistons, semble-t-il, à deux phénomènes simultanés : d'une part, la mondialisation de la communication et de l'économie et, d'autre part, l'éclatement de l'utopie en tant que représentation globale, voire totale, de l'altérité sociale. Le contrecoup de la mondialisation n'est pas une représentation d'une antimondialisation globale, sorte de réédition moderne de l'utopie conservatrice et romantique, mais plutôt, la prolifération des revendications et des utopies partielles : air propre, agriculture saine, égalité pour telle ou telle catégorie d'exclus ou de laissés pour compte de la grande mutation, etc. Il suffit, en effet, d'observer les manifestations contre les effets pervers de la mondialisation on n'y revendique pas l'Égalité mais des égalités, non pas la Justice mais des justices. Ces utopies partielles ne fusionnent pas en une représentation globale, mais se mettent en réseau, plus ou moins passagèrement, en configuration variable, sans hiérarchie ni ordonnance évidente. Tout se passe donc comme si l'imagination utopique recherchait pour elle de nouvelles formes de sa présence dans un monde en mutation. Quel sera donc l'avenir de l'utopie? À son seuil, aucun siècle ne livre les secrets de son devenir. Même pas aux utopistes.

Bronislaw BACZKO


UNE FABLE

HUMAIN « AU-DELA » DU MONSTRE HUMAIN Par Dharma Au fait …, pour gagner du temps …, « Il n’y a jamais eu de pandémie ! » … Seulement comme di...