dimanche, octobre 31, 2010

La société idéale


Erik Sablé

C’est d’abord une société parfaitement égalitaire. Celle des souverains de l’Age d’or, où tous les hommes sans exceptions tissaient les étoffes dont ils faisaient leurs vêtements et labouraient la terre pour se procurer leur nourriture.

« Ils vivaient fraternellement avec les animaux, et ne faisaient qu’une famille avec les dix mille êtres. » Ils ne se distinguaient en rien les uns des autres par leur richesse, leur plus ou moins grand pouvoir. Car ce sont finalement les différences de conditions, les hiérarchies, qui sont la source de tous les désordres d’une société.

La seule véritable élite est constituée par le Sage, qui s’impose sans jamais s’imposer par sa simple présence.

Mais bien souvent, ce Sage est à l’image de ce Keng Sang, dont parle Tchouang Tseu, qui préféra se retirer loin de toute société humaine, et déclina l’offre que lui faisaient les paysans de devenir leur souverain.

L’être réellement supérieure est suffisamment humble pour choisir de demeurer caché, ou du moins pour se contenter d’une condition ordinaire, comme ces grands maîtres soufis qui sont de simples artisans du bazar. D’ailleurs, pour Lie Tseu, le fait qu’il y ait un dirigeant est déjà un signe de décadence. Il parle d’un temps primitif où « les animaux et les hommes voyageaient ensemble ». Il précise que c’est « lorsque les hommes se furent donné » des empereurs et des rois « que la défiance surgit et causa la séparation » entre le règne humain et le règne animal. Depuis, seuls les sages comprennent encore le langage des animaux car ils « pénètrent les sentiments de tous les êtres ».

Cette idée qu’il existe un monde primitif, parfaitement égalitaire ou du moins dénué d’autorités extérieures, se retrouve dans la croyance des Indiens en une caste unique, antérieure à la fragmentation de la société en plusieurs groupes humains hiérarchisés. Cette caste, qui était plutôt un état de la société, se nommait Hamsa comme le cygne qui surgit du Brahma indifférencié.

Les humains ont donc toujours vécu dans la nostalgie, ou le souvenir, d’une société égalitaire qui était en fait celle de l’Age d’or, le Satya yuga du Vishnou Puranas.

Quelle était cette vie paysanne primitive qui représente l’idéal taoïste ?

Une très ancienne chronique, le Che King nous en donne quelques aperçus.
Les habitants étaient réunis dans de petits villages. Les maisons, bâties en pisé, étaient regroupées autour du puits. Elles étaient orientées vers le sud. La porte se trouvait à l’est et la fenêtre à l’ouest. Il n’y avait pas de cheminée et la fumée du foyer s’échappait par une ouverture dans le toit. On dormait dans le coin sud-ouest sur des nattes. C’était aussi l’endroit où se gardaient les semences et où se trouvait le dieu principal de la maison qui se nommait Ao.

La demeure était le domaine de la femme. L’homme s’occupait de la vie extérieure. L’hiver, la femme tissait, au printemps, elle élevait le ver à soie. Il faut dire que l’élevage du ver à soie date de 2000 ans avant J.-C. alors qu’il commença en France au 16ème siècle sous François 1er.

Les hommes travaillaient surtout l’été dans les champs. Ils étaient vêtus de chanvre et portaient de larges chapeaux de paille.

A la sortie du village se trouvait le bois sacré qui était le séjour du dieu de la terre et des semences, ainsi que la rivière où les villageois allaient se baigner. Ce bois était le lieu où se célébraient les fêtes, les fiançailles (au printemps) et, durant ces périodes, la communauté villageoise s’abandonnait sans contraintes à la joie d’une communion avec la nature. La fêtes d’automne était la dernière fête de l’année. Après, les hommes allaient se reposer jusqu’à la bonne saison.

Il faut préciser que les paysans étaient le plus souvent propriétaires de leurs champs et la communauté villageoise à peu près indépendante du pouvoir central.

Le taoïsme a toujours pris en exemple l’eau, le principe féminin et, dans ces sociétés primitives, ce sont les femmes qui assuraient la transmission héréditaire du nom. Par ailleurs, il est certain que la société chinoise fut à l’origine matriarcale.

Jusqu’au 3ème siècle de notre ère, des femmes occupaient des emplois administratifs importants. Elles exerçaient l’autorité et même le pouvoir suprême comme l’impératrice Lu (195-180 avant J.-C). Certaines femmes de ces époques lointaines étaient d’une grande culture et écrivaient des poèmes remarquables ou des traités d’histoires comme Pan Chao (environ 100 avant J.-C).

Puis la Chine devint une société patriarcale rigide où le père avait le droit de vendre sa femme et ses enfants et où l’épouse n’était plus honorée que pour sa docilité et sa capacité à donner naissance à des fils…

De tout temps, nous retrouvons l’existence de ces petites communautés paysannes. En Russie, par exemple, à l’époque des Tsars, nous avons les communautés des Doukoborsky à l’organisation semi-communiste. Dans les colonies agricoles de l’Amour, ils géraient une collectivité rurale sans maîtres, sans autorité autre que celle qu’ils désignaient eux-mêmes.
Ils réussirent alors que les colonies d’état échouèrent.

En nouvelle Grenade, les sociétés de Sainte-Marthe s’administraient seules, sans armée, sans police, sans fonctionnaires, etc.

Au début du 20ème siècle, il existait encore de telles communautés agricoles dans des régions reculées des Pyrénées, notamment autour de Massat.

Certains témoins privilégiés, certains bergers, qui étaient encore vivants il y a quelques années, nous ont laissé des témoignages précieux sur la vie dans ces montagnes où l’isolement a permis à ce type de société de se maintenir.

Il y avait une égalité de condition entre tous les membres du même village. Tous menaient une vie difficile, mais qui se passait dans la joie. Lorsqu’un membre de la communauté était malade, il retrouvé son champ fauché, du pain et du fromage devant sa porte et il ne savait jamais qui l’avait aidé.

Puis certains habitants s’expatrièrent et devinrent fonctionnaires. Lorsqu’ils revirent au pays pour la retraite, ils touchaient une pension. Et, d’après ces témoins, « à partir de ce moment, vinrent les inégalités, l’envie, la haine et tous les problèmes ».

L’idéal social que vécurent ces communautés paysannes est celui du géographe et penseur libertaire Elisée Reclus qui écrivait : « Notre destinée, c’est d’arriver à cet état de perfection idéale où les peuples n’auront plus besoin d’être sous la tutelle ou d’un gouvernement ou d’une autre nation ; c’est l’absence de gouvernement, l’anarchie, la plus haute expression de l’ordre. »

Une telle société égalitaire peut sembler utopique, mais ce sont plutôt les sociétés hiérarchisées qui le sont. En effet, seule une parfaite égalité des conditions de vie peut contrer l’envie et la volonté de puissance qui se trouvent en germe chez la plupart des humains.

Les premiers franciscains le savaient bien qui désignaient leur père abbé pour une période limitée. Après, il redevenaient un simple moine comme les autres. De même le Vénérable dans les loges maçonniques ou les patrons dans les coopératives ouvrières autogérées sont nommés seulement pour quelques années.

Dans le Sangha original, le Bouddha avait lui aussi rejeté toute hiérarchie de fonction et il n’y avait aucune autorité suprême. Peu avant sa disparition, Ananda lui demanda de désigner un successeur. Il refusa et se contenta de répondre : « Soyez à vous-même votre propre île, votre propre refuge »… Le seigneur Gautama était donc un parfait libertaire.

Cependant, il manquait sans doute à ces communautés paysannes la pierre philosophale qui transforme le plomb des passions humaines en or, c’est-à-dire la présence de sages habités par le Tao, même, et surtout, si cette présence est secrète.

Exactement comme le Tao est mystérieusement présent au sein de la nature, la société des hommes doit être « bénie » par ces sages pour qu’elle demeure harmonieuse. Ils sont en fait les piliers qui permettent à l’univers de se maintenir, de se perpétuer.

Dans les sociétés chinoises ou japonaises des 18ème et 19ème siècles qui étaient pourtant loin de correspondre à l’idéal taoïste, il suffisait qu’un saint homme comme le moine zen Ryokan intervienne pour que le seigneur local cesse immédiatement d’abîmer les récoltes en chassant sur les terres des paysans ou pour qu’une injustice soit réparée.

De même en Chine, Tsu Yun, le dernier des grands maîtres Tchan, était respecté, écouté, même par les brigands ou les fonctionnaires les plus corrompus.

Ces sages ermites représentaient une voix extérieure à l’ordre social, supérieure à lui, et qui pouvait intervenir pour rectifier une disharmonie, un déséquilibre. Sans parler de l’action de leur simple présence qui bénéficiait à l’ensemble de la société.

Erik Sablé, « Sagesse libertaire taoïste ».


Illustration : Pierre Puvis de Chavannes

vendredi, octobre 29, 2010

Les contes

Les contes sont des récits populaires, sans auteurs, mêlant le réel et le surréel, qui existent chez tous les peuples. Ils s’adressent moins aux enfants, qu’ils fascinent pourtant (parce que leur inconscient y puisent une sève), qu’aux personnes intuitives, ayant le sens inné du symbolisme, langue de l’inconscient. Ces contes, en somme chiffrés, sont le testament des anciennes religions ethniques. Ils s’harmonisent par conséquent avec notre hérédité profonde. Ils ouvrent des perspectives sur des périodes durant lesquelles coexistèrent des humanités différentes et la nôtre : géants, nains, chèvre-pieds, et durant lesquelles nos ancêtres percevaient encore les fées. Les contes étaient narrés aux veillées, récemment encore, par de vieilles femmes, porte-parole de la mémoire collective, ensevelie mais latente dans l’inconscient. Le 18ème siècle les rédigea, puis le 19ème, les sauvant de l’oubli pur et simple. Ainsi survécurent les contes gallo-français (par Perrault), germaniques (par les frères Grimm) et le superbe Kalevala finnois.

Jean-Louis Bernard

Voir :

La Belle au bois dormant

Cendrillon

Le Petit Chaperon rouge

La Belle au bois dormant


Ce conte relate, en langage symbolique, en rébus, l’incarnation d’une femme prédestinée. Des fées, certes invisibles, se penchent sur son berceau pour lui transmettre des dons. Mais l’une, plutôt hostile, ne paraît pas : la sorcière (1) du conte. A la vérité, quoique jouant ce rôle, l’entité en question n’est pas une sorcière : elle n’a pas de « prise de terre » (l’accès au tellurisme, énergie qu’exploite la sorcellerie), car elle vit ou végète entre ciel et terre, dans une tour. C’est donc une ombre morte, non décomposée, en état de vie larvaire – celle même de la princesse, c’est-à-dire le reflet négatif de son existence précédente. Son rôle ? Retarder les métamorphoses de la princesse en mutation ou les contrarier.

Le drame de l’initié réside justement dans sa lutte passive contre un « autre lui-même », négatif, qui tient les clés de son destin passé ; c’est par réaction qu’il retrouvera la pleine possession de sa puissance antérieure.

Adolescente, la princesse se perce la main en touchant au fuseau de l’ombre. Tous les poisons de la mort viennent alors l’intoxiquer ; elle sombre dans l’état cataleptique – comme Blanche-Neige. Et son entourage, contaminé, sombre dans le même état de fausse mort. Comme pour Blanche-Neige encore, c’est le prince charmant (doté d’un charme dans la voix) qui mettra fin au sortilège.

Jean-Louis Bernard


(1) Carabosse, la fée méchante du conte, vieille et laide, qui distribue les mauvais sorts. Terme d’argot médiéval : « kara » = noir ; et bosse, allusion à la bosse dont le conteur gratifie volontiers la sorcière. Vouée à Satan et donc au tellurisme, celle-ci archétype villageois, est l’autre pôle de la femme fée. Elle sait absorber le tellurisme par les chakras des pieds, le noir étant le symbole de cette énergie. En montant au long du nerf sciatique, puis en s’épandant dans le dos, le tellurisme peut provoquer des déformations osseuses.

Cendrillon

L’héroïne du conte recueilli par Perrault est une femme-fée (1). Sa marraine (la fée), c’est elle-même, sur un autre plan, c’est son double, qu’elle rejoint dans un état de sommeil profond.

Pris littéralement, le conte serait absurde. Cendrillon possède-t-elle une nature de fée ou de salamandre ? Son sobriquet, elle le tient en effet des cendres du foyer, son coin de refuge, et les salamandres sont les fées du feu ! A l’état de veille, Cendrillon n’a pas conscience de sa nature secrète, ni de sa puissance inconsciente. Son entourage en profite pour la persécuter. C’est évidemment aussi dans le sommeil cataleptique, donc dédoublée, que Cendrillon rejoindra le prince. Le bal de cour, auquel elle participe, est ici une forme de sabbat, c’est-à-dire de réunion, sur plan parallèle, de personnes dédoublées. Changer une citrouille en carrosse et une souris en laquais ne sont pas possibles sur le plan de la vie quotidienne…

Cendrillon devra transmettre au prince un pouvoir, lié au tellurisme et aux chakras des pieds, par lesquels l’initié absorbera le fluide tellurique. D’où les pantoufles de verre (et non de vair) : des chaussures d’intérieur (au sens psychique) dont la transparence (le verre) confirme le caractère spectral, en rapport avec le double éthérique, non le corps ! Tout se passe, en effet, pour chacune des parties (Cendrillon et le prince) à domicile, le corps endormi et l’être s’en évadant. Quand le prince aura reçu la fameuse pantoufle (c’est-à-dire le pouvoir d’absorber par les pieds le tellurisme), il sera jumelé avec la femme-fée ; à ce moment-là, il la recherchera physiquement pour l’épouser, car le pouvoir magique en question concerne le couple. La maîtrise de ce fluide passionnel lui conférera la toute-puissance sur les masses. Ce conte reflète une sociologie et une magie antérieures au druidisme, puisque l’arcane en est la sorcellerie (2) – religion sans essence cosmique. La légitimité royale n’y est pas divine ; elle ne s’appuie que sur des pouvoirs secrets, tirés de la seule nature. Il existe une version égyptienne de ce conte.

Jean-Louis Bernard, "Les archives de l'insolite".


(1) La femme-fée est une fée incarnée dand le règne humain ou une femme possédée par une fée. Des druidesses gauloises passaient pour femmes-fées – Viviane de Brocéliande ayant été la plus célèbre.

(2) La sorcellerie est une science ritualisée qui vise à exploiter le fluide du sous-sol, c’est-à-dire le tellurisme. Pervertie, elle donne lieu au diabolisme. Littéralement, elle n’est nullement péjorative. Son ambiguïté tient à la nature même du tellurisme. L’homme, dans son conditionnement actuel, ne le supporte qu’à faible fréquence. Si le taux des vibrations vient à augmenter, son psychisme sera gravement perturbé et, par voie de conséquence, le système nerveux s’affolera. Les croquis et peintures d’autrefois montrant le sabbat des sorciers (leur réunion) grouillent de névropathes aux corps souvent déformés (par la montée trop brusque du tellurisme). Y grouillent aussi les animaux rampants (reptiles et batraciens) qui ont le don de s’imbiber du fluide tellurique et de l’accumuler dans leurs nerfs. L’homme vit certes au sein des émanations subtiles du sous-sol, tout comme il vit au sein du magnétisme, de l’air et de la vapeur d’eau. Mais son organisme filtre ces influences et les digère dans la mesure du possible. Le sorcier, lui, s’imposera une ascèse, en vue de reconditionner son organisme bio-psychique, cela afin de supporter un taux supplémentaire de vibrations. On le verra errer dans les landes, non par misanthropie, mais par souci de découvrir des points d’émergence ou d’accumulation du tellurisme. Il les reconnaîtra au terrain granitique, à la présence des vipères, couleuvres et salamandres, au paysage qui sera comme brûlé par un feu apparemment inexistant. Souvent, il y aura un menhir à proximité, ou un dolmen. Le menhir, il le touchera longuement, amoureusement, tournera autour… Il sait que les menhirs servirent d’accumulateurs au tellurisme. Par certaines danses, certains rythmes, les Anciens agissaient sur la plante de leurs pieds et, par répercussion, forçaient les chakras du pied, du cou-de-pied, du genou et de la hanche à s’ouvrir successivement comme des fleurs ! […] En cas d’échec, par montée trop brusque d’un tellurisme à haute fréquence, le sorcier risque l’ankylose définitive du nerf sciatique, des déviations osseuses du pied ou de la hanche (par répercussion), et même l’hémiplégie. Les sorciers de village sont parfois boiteux : des sorciers manqués, donc des diaboliques !



jeudi, octobre 28, 2010

Le Chaperon rouge

Le Petit Chaperon rouge est un conte populaire recueilli par Charles Perrault. « Il reflète un drame spirituel de la préhistoire. L’enfant au chaperon rouge représente la druidesse, membre d’une confrérie pervertie qui verse le sang. Elle veut transcender cette fausse « religion du loup » et, à travers la forêt qui symbolise l’inconscient ethnique ou la mémoire inconsciente de la race, tente de progresser spirituellement vers l’ancêtre, la grand-mère du conte, symbole de la religion ancestrale primitive qui vit au sein de la « forêt ». La druidesse voudra la réveiller en elle-même (elle porte à manger à la grand-mère). Mais il y a échec : le totem du loup s’est interposé ; il a barré la route de l’hérédité et pris la place de l’ancêtre. Il dévore l’enfant, c’est-à-dire la mène au néant.

Les fausses religions déviées, même les religions mondialistes, sont un obstacle à l’initiation. elles s’interposent et coupent l’être de ses racines. » (Jean-Louis Bernard)

Qui est aliéné ?

J’ai demandé à un ami de la rigueur intellectuelle et de la réalité quotidienne, excellent philosophe certes, mais excellent journaliste aussi, de me donner une définition, ou à tout le moins un exemple significatif de l’aliénation humaine dans la société de consommation d’aujourd’hui, comme si je n’en savais rien – mieux, comme si je doutais qu’elle existât – et le priais de m’en convaincre en quelques secondes. Je fis demande à brûle-pourpoint et exigeai qu’il me répondît sans réfléchir.

« C’est tout de même assez simple, me dit-il. L’aliéné, c’est celui qui se croit libre dans ses désirs, ses besoins, ses achats, ses opinions, ses pensées intimes, sa culture ; et qui ne l’est pas, car les conditionnement psychiques – techniquement produits, consciemment ou inconsciemment sécrétés par le capital pour le maintien de sa puissance et l'expansion de ses débouchés – le déterminent tout entier, à son insu. On se croit libre entre telle ou telle opinion morale, et on ne l’est pas plus – ou ni plus ni moins – qu’entre telles ou telles marques concurrentes de lessive que le même trust fabrique, vous suggérant ainsi, par le pire des conditionnements, le sentiment de la liberté lui-même. »

Maurice Clavel

mercredi, octobre 27, 2010

Capitalisme & esclavage


Le smicard est-il l’esclave moderne ?

C'est vraisemblablement le cas si l'on définit l'esclave comme l'individu qui ne se possède pas mais appartient à un tiers à qui il est obligé de louer sa force de travail pour survivre. Bien sûr, on peut encore trouver pire que le smicard : le chômeur en fin de droit, le sans-domicile fixe, les prostitués de tous âges et de tous sexes ou, hors d'Europe, les enfants au travail ou les adultes qui passent plus de douze heures par jour à une activité payée de quelques francs, de quoi acheter du pain et des légumes. Dans tous les cas, ces individus croupissent en victimes du capitalisme qui, dans sa version libérale, se caractérise par un usage de la technique exclusivement indexé sur l'argent, le profit et la rentabilité. Est esclave quiconque subit ce processus et joue dans la société un rôle dégradant qu'il n'a pas le luxe de refuser.

Certes l'esclavage a toujours existé, et pas seulement à partir du moment où le capitalisme libéral a pris en main les destinées de l'Occident, puis de la planète. Construire des pyramides, édifier des villes, creuser des canaux, tracer des routes, bâtir des cathédrales, produire des richesses a toujours supposé, au travers des âges, une classe exploitée, la plus nombreuse, et une classe exploiteuse. Passé le temps de la découverte, la technique permet aux plus forts de dominer les plus faibles. De l'âge des cavernes à celui d'Internet, la technique agit toujours en instrument de domination d'un groupe sur un autre.

La guerre continuée par d'autres moyens

Aujourd'hui, la technique se met au service de la classe qui possède les moyens de production. L'organisation du travail s'effectue dans le sens libéral et la technique sert ce projet aux antipodes de l'homme : dégager des bénéfices qui seront redistribués aux actionnaires, augmenter le capital des investisseurs, rentabiliser l'entreprise. On produit moins des biens de consommation pour satisfaire la population qu'on ne fabrique des objets de mode, périssables, afin d'obtenir du consommateur qu'il achète, fasse circuler. son argent et l'injecte dans la machine libérale. La technique sert souvent à augmenter ce vice dans un circuit de production dissocié des finalités eudémonistes (qui tendent au bien-être du plus grand nombre) pour viser une création maximale d'argent dont la circulation virtuelle est soumise aux spéculations des détenteurs d'actions.

Or il existe une alternative à l'usage aliénant de la technique. Elle suppose son utilisation à des fins libertaires. Dans les années qui suivent la folie de consommation associée à l'après-guerre, Herbert Marcuse (1898-1979) critique l'usage exclusivement capitaliste de la production des richesses et de la soumission de la technique aux fins du marché libéral. Contre un usage aliénant des machines, il propose d'inverser les valeurs et de mettre la machine au service des hommes : réduire le temps passé au poste de travail, diminuer la pénibilité des tâches, supprimer leur dangerosité, voire leur nocivité mortelle, humaniser le labeur en abolissant les tâches répétitives, penser la machine pour l'homme et non l'inverse.

En utilisant la technologie à des fins humanistes et libertaires, et non inhumaines et libérales, on augmente le temps de loisir et on diminue les heures passées auprès d'un poste de travail dans une journée et dans une vie. Là où les hommes dépensent l'essentiel de leur force et de leur énergie, une révolution dans l'usage des machines permet d'imaginer une robotisation maximale qui réduise le temps de travail à deux ou trois heures par jour consacrées à produire les richesses nécessaires à la seule consommation essentielle. Plus besoin de stocks en excès, la production sert alors au bien-être des individus et non à asseoir la tyrannie intégrale du libéralisme.

Inspirés en partie par ces analyses, des sociologues contemporains prophétisent la fin du travail, sa disparition après sa raréfaction organisée par le triomphe machiniste. Contre la réduction du monde à de purs et simples échanges marchands, ils célèbrent les relations humaines, sociales, les relations de quartier, de couple, de famille et d'amitié à même de fabriquer un tissu social essentiel pour lutter contre la fragilité de la société. L'esclave d'aujourd'hui, c'est aussi l'individu privé de relations humaines, coupé du monde ou relié à lui par des réseaux de providence (l'ANPE, l'aide sociale, les associations humanitaires, restaurants du cœur, ATD Quart Monde, etc.).

L'usage des technologies nouvelles autoriserait un progrès teinté d'humanisme, notamment via la révolution informatique. Car les liaisons planétaires décloisonnent les séparations administratives (le village, la ville, le département, la région, la nation) pour ouvrir l'énergie à des flux libres et généralisés tout autour de la planète. La révolution des techniques virtuelles permet de réactualiser l'ancienne critique de la société de consommation, du mode de production capitaliste des richesses et de son mode libéral de distribution, elle laisse entrevoir l'usage libertaire de la machine, la fin du travail, la nécessité d'un nouveau lien social, l'urgence d'un élargissement de la politique à la citoyenneté militante et radicale des associations libres ou de la cyber-résistance.

Là où la technique permet un progrès matériel, elle annonce souvent une régression morale. Là où nous en sommes — changement de millénaire oblige — les conséquences des technologies nouvelles ne peuvent se penser : qui pouvait imaginer la fission nucléaire et la bombe atomique pendant la Première Guerre mondiale ? De même, on ne peut prévoir ce que donneront ces énergies nouvellement libérées par la mise en réseau planétaire des initiatives publiques et privées.

Nous sommes condamnés à penser la technique passée. À peine pouvons-nous saisir les modalités de la technique présente. Celle du futur relève actuellement de la fiction, à la manière dont on imaginait le xxe siècle à l'époque de Rousseau (1712-1778) et de Voltaire (1694-1778). Les révolutions induites produisent leurs effets avec le temps : quand il imprime son premier livre sur presse, Gutenberg n'imagine pas le bouleversement qu'il prépare ni la modernité qu'il rend possible. Le livre a servi de support aux hommes qui, après lui, ont accéléré la sortie du Moyen Âge pour entrer dans la Renaissance, puis la période moderne et le monde contemporain. Le livre accuse aujourd'hui des signes de dépression, peut-être amorce-t-il une courbe descendante. On ne lit plus, ou de moins en moins, ou de plus en plus mal. En même temps, on écrit de plus en plus, on publie de plus en plus, tout et n'importe quoi : la quantité tue la qualité. Les temps à venir vont développer une technologie qui risque de déclasser le livre dont on connaîtrait alors les dates de naissance et de décès.

Le papier disparaît au profit des informations virtuelles. Vraisemblablement, la technique de demain les décuplera. Fin des machines classiques, des relations millénaires entre les hommes, du travail envisagé selon les modalités ancestrales, des productions traditionnelles. Fin également d'une forme d'esclavage avant l'apparition d'une autre, peut-être plus perfide, plus rouée, plus dangereuse parce que plané-taire. Loin du smicard en passe de disparaître lui aussi, l'esclave définit désormais l'homme dénaturé, ignorant l'antique poids de la nature dont les potentialités sont mises sous perfusion techniciste. Avec le triomphe de la technique, l'homo artifex (l'homme artifice) va détrôner définitivement l'homosapiens (l'homme penseur). L'esclavage touchait jadis le corps, il s'apprête aujourd'hui à emporter les âmes.

Michel Onfray

Ebook gratuit : « Antimanuel de philosophie », Michel Onfray


L'Homme unidimensionnel
Herbert Marcuse



Commentaire d’un lecteur :

Dans l'Homme unidimensionel Marcuse Herbert s'attaque a la société aliénante. Les méthodes répressives de notre civilisation sont simples : conditionnement et manipulation des consciences.
En faisant naître en l'homme des aspirations et des satisfactions superficielles, elle maintient son empire sur lui.
Chacun croit réaliser ses volontés en obéissant aux incitations dont il est victime. Marcuse ne demande pas à l'homme de retourner au primitivisme, mais de prendre autant de dimensions qu'il éprouve le besoin, de changer ses rapports avec les autres (respect de la personne humaine) et avec le monde (rejet des valeurs truquées).

mardi, octobre 26, 2010

La fin du Vatican et l'annonce d'une nouvelle terre


Le dernier pape.

La question du dernier pape historique est spéculative, car hormis les troublantes prédictions de St Malachie, nous en sommes réduits aux spéculations.

Les prophéties de Saint Malachie :

En 1595, paraissait à Venise un ouvrage écrit par un moine bénédictin, Arnold Wion, et consacré aux évêques de son ordre. Arrivé à Saint Malachie (1094-1148), celui-ci donne une petite liste de prophéties qu'il attribue à cet ancien évêque et dont encore aujourd'hui, on ne peut garantir l'authenticité. Cette liste est censée définir 112 papes (jusqu'à la chute de l'église) à l'aide d'une petite maxime latine, décrivant chacun d'entre eux. Supercherie ou pas, on est bien obligé d'admettre que ces prophéties, jusqu'à aujourd'hui, sont tombées juste pour la grande majorité des papes. […]

Le dernier pape, appelé Pierre le Romain à qui aucune devise n'est assignée, mais dont le nom est inséré dans un petit texte : « Au moment de l'extrême persécution de la sainte église romaine, siégera Pierre le Romain, qui paîtra ses brebis au milieu de nombreuses tribulations. Celles-ci passées, la ville aux sept collines sera détruite et le juge redoutable jugera le peuple. » Celui-ci bouclera donc le règne des papes au Vatican...

La parole biblique « l’abomination au cœur du sanctuaire » (Daniel) n’est pas en rapport avec le Vatican ou une quelconque institution. Le prophète Daniel ne parle pas de Rome ni d’une désolation en relation avec des événements historiques remarquables. Cela a toujours confondu les spéculateurs qui décortiquent les Ecritures selon leur compréhension limitée, d’après une vision extérieure du monde. Or, les prophéties dissimulent allégoriquement des événements intérieurs et invisibles, sans relation avec les images symboliques qui servent à les évoquer.

Ainsi, « l’abomination dans le sanctuaire » est à mettre en relation avec un événement d’ordre spirituel, sinon l’histoire ne serait qu’une longue suite d’abominations. Lorsqu’on parle « d’effondrement apocalyptique », celui-ci a déjà eu lieu, et il se perpétue sur les niveaux spirituels, comme par exemple, la chaotisation de la conscience qui est survenue au tournant de l’année 1998. (666 x 3). Les catastrophes dramatiques sont spirituelles, et leur onde de choc dans la matière est secondaire, anecdotique, n’en déplaise aux ignorants qui s’acharnent à trouver des preuves dans les événements matériels superficiels.

Donc, « l’abomination de la désolation » est à mettre en relation avec un fait d’ordre intérieur qui n’est dramatique que parce qu’il concerne le sanctuaire de l’âme.

En ce qui concerne l’avenir du Vatican, la coupe de ses fautes et trahisons est pleine depuis déjà longtemps sans que sa liquidation organisée par ses chefs eux-mêmes, ne puisse en modifier le destin.

On peut relire les paroles que Jésus adresse à Pierre : « arrière de moi Satan car tes paroles sont celles des hommes ». Ceci indique que la logique humaine ignore la Raison divine. Or, Jésus n’a appelé « Satan » que le fondateur mythique de l’église de Rome !

Les jésuites feront durer l’institution romaine le temps nécessaire à sa liquidation totale, laquelle a été programmée à l’horloge cosmique, puisque déjà au 18° siècle, l’église décadente ressemblait à un champ de ruines dans l’au-delà (selon le voyant Swedenborg). On parle d’un dernier pape jésuite mais c’est un pléonasme, puisque l’église est la chose de la Compagnie de Jésus depuis plusieurs siècles. (Jean-Paul 1er l’a appris à ses dépens)

Pour ceux qui ont du mal à comprendre ce que l’on entend par « jésuitisme », il faut rappeler que cette société occulte - la plus puissante entre toutes - se dissimule derrière l’ordre ecclésiastique du même nom - la Compagnie de Jésus. Son but est d’instaurer sur la terre un gouvernement théocratique ayant à sa tête une puissante entité de la hiérarchie démoniaque, usurpant le nom du Christ, mais dont le but est opposé à l’émancipation humaine. (le Prince de ce monde). Au plan politique, les jésuites se sont emparés de l’église catholique au 16° siècle. Grâce à ce puissant levier de contrôle international, ils ont façonné la civilisation moderne, jusqu’à liquider cette église au final pour instaurer à la place une nouvelle religion mondiale (voir Vatican II).

Donc, qu’importe le dernier pape des jésuites !

Une nouvelle terre.

« Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car l’ancienne terre avait disparu. » (Apocalypse de Jean)

Lorsque la Bible parle du « ciel et de la terre », il faut en comprendre le sens analogique : la terre est le corps physique, et le ciel est la conscience. Ce qui est vrai au plan cosmique l’est également au niveau de l’être incarné.

Les « cieux » sont l’univers multidimensionnels. Le renouvellement du corps et de l’esprit implique donc un changement total, intérieur et extérieur.

La conscience est le « ciel » d’un individu, puisque c’est par sa conscience qu’il embrasse l’espace. L’espace extérieur, objectif en apparence, est un phénomène de conscience. En outre, la « terre corporelle » d’un individu c’est d’abord son corps physique, sa terre individuelle sans laquelle il n’aurait pas de contact avec le plan physique. Il faut bien comprendre cette symbolique pour capter le sens que les anciens donnaient à ces notions de « terre et ciel ». C’est pourquoi les interprétations littérales des écrits bibliques, et particulièrement de l’Apocalypse de Jean, s’égarent dans toutes sortes d’absurdités et de spéculations enfantines.

Une « nouvelle terre » au sens spirituel implique un renouvellement de la conscience qui est le véritable ciel intérieur d’une personne. Le zodiaque d’un être est un phénomène de supra conscience individuelle. Le ciel d’un individu est son monde intime. On ne peut « aller au ciel » qu’à travers l’esprit.

La conscience est connectée à d’autres dimensions – 12 exactement – par les douze paires de nerfs crâniens qui sont symbolisés par les « 12 disciples ». Notre conscience s’enracine dans notre terre corporelle : corps vital, astral, système nerveux, sang, fluide cérébro-spinal…

La renouvellement cellulaire (une nouvelle terre) implique donc un changement de conscience (un nouveau ciel).
Lorsque le livre de l’Apocalypse parle « d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre », il faut comprendre que cela découle d’un changement complet et dramatique de nos paramètres intérieurs. Un changement de conscience nécessite de se mettre en mesure de capter les rayonnements cosmiques nouveaux (l’Esprit Saint), et de les assimiler de manière à élaborer un nouveau processus cellulaire – une nouvelle terre !

Il faut donc se représenter les temps à venir du point de vue de la vie intérieure, si l’on veut « renaître » en conscience et en vérité. Aller vers une « nouvelle conscience » c’est entrer dans une nouvelle dimension, ce que l’on peut nommer une « nouvelle terre et un nouveau ciel ».

Alors, il n’y a rien à regretter du monde ancien qui s’évanouit, comme l’enfant ne pleure pas son vieux jouet cassé lorsque Noël lui apporte de nouveaux présents. Se lamenter sur une « fin du vieux monde » c’est s’empêcher de se réjouir du renouvellement qui en découle.

Ce renouvellement est difficile à effectuer du fait que divers courants politico-occultes tentent de le dévier à leur profit (nouvel-âge).

Ouvrir sa conscience, mais pas à n’importe quoi.

Lorsque l’on parvient, grâce à une aspiration équilibrée et continue, à inhaler de nouvelles forces spirituelles par notre système cérébral, un changement s’opère, y compris jusqu’au plan physique. L’état d’être change et l’organisme va se transformer également. Nombre de personnes sont actuellement engagées dans ce processus sans se référer à un quelconque système. Il s’agit d’influences renouvelantes qui sont actuellement dans l’air et qui ne nécessitent pas des exercices ou un développement particulier pour être assimilées. Comme son nom l’indique, l’aspiration fait descendre des forces nouvelles dans l’être.

Puisque la qualité de la conscience détermine la vie d’un individu, il est logique qu’à partir d’un comportement tout à fait nouveau, le système sensoriel se modifie et que l’organisme cellulaire se transforme également, jusqu’à faire apparaître un nouveau corps spirituel à l’intérieur de cette nouvelle conscience. « Un nouveau ciel et une nouvelle terre ».

La différence de méthode est d’une grande importance si l’on veut réaliser un changement intérieur en harmonie avec les influences spirituelles cosmiques de cet âge nouveau qu’on appelle « ère du Verseau ». Il ne s’agit pas d’un travail volontaire ou intellectuel, ni même de s’appuyer sur une conscience corporelle qui serait « instinctive », donc supérieure à la pensée ou au sentiment.

C’est toujours une affaire d’ouverture du cœur, c’est à dire de désir profond et d’aspiration sincère.
Le cœur demeure la seule voie légitime pour « retourner à Dieu », si l’on comprend cela, non de manière mystique, mais comme un réel voyage de retour vers l’univers intérieur – le monde originel.

Tout dépend du désir de chacun : maintenir en place l’ordre ancien - extérieur - par toutes sortes d’améliorations idéalistes, sociales, scientifiques, politiques, religieuses… ou au contraire, se tourner vers un monde entièrement nouveau qui ne soit pas la continuation améliorée de l’ancien ordre des choses. Souvent, par manque de clarté, et aussi à cause de la désinformation étouffante qui nous intoxique et nous rend confus, nous sommes déchirés entre les deux démarches. D’un côté, nous voudrions devenir des êtres neufs et régénérés, mais de l’autre, nous gardons l’espoir en un « monde meilleur » rafistolé avec les moyens du bord, ce qui est l’idéologie sentimentale du new age. Ce rêve sera balayé par le vent du changement qui va souffler comme une tempête. Cette tempête du renouvellement ne nuira qu’à ceux qui s’accrochent aux images du passé religieux, aux rêves idéalistes ou bien à la matière qui commence elle-même à se dématérialiser.

L’être humain actuel est un produit du passé, et il lui est pénible de s’arracher à sa lourde condensation fondée sur son identification avec le plan formel. A l’avenir, ceux qui y parviendront formeront « le peuple des élus » dont parle le livre de l’Apocalypse. Ils seront séparés des « terrestres » qui demeurent obstinément attachés à leur « vieux ciel et leur vieille terre », et qui seront progressivement entraînés dans le circuit d’évolution réservé aux êtres retardataires - à l’exemple des entités rétrogrades qui peuplèrent la lune lors d’une différenciation précédente.

La « nouvelle terre » n’est ni au dessus ni au dessous de la terre physique. C’est une dimension de conscience. Lorsqu’un certain nombre d’êtres se retrouvent unis fraternellement sur la même fréquence, la même aspiration au Bien absolu, le même rejet du mal et de l’illusion, alors il se forme une atmosphère psychique particulière qu’on peut appeler un nouveau ciel – un « vaisseau » céleste.

Source Undercover n°13

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Email de Baptiste :

Quelques bouquins qui me paraissent être dans le "ton" de votre blogue, que j'ai lus et appréciés :
1) Tosha, la vie et les enseignements d'un mystique russe. Par Ilia Beliaev, préface de Daniel Roumanoff. Editions Accarias L'originel.
La vie d'un mystique qui ne se rattache à aucune tradition précise, racontée par un de ses disciples dont on suit le cheminement intérieur. Déjanté par moments, rempli d'anecdotes sur des hommes refusant de se soumettre au système (soviétique en l'occurrence), se lit comme un roman, bref je recommande chaudement!
2) "la science noire": les techniques de manipulation mentale utilisées par les ninjas dans le Japon médiéval. Ou comment on se rend compte que les mêmes techniques sont largement utilisées par les manipulateurs d'aujourd'hui... En anglais uniquement à ma connaissance et c'est dommage.

Tosha : La vie et les enseignements d'un mystique russe contemporain


Présentation de l'éditeur
TOSHA est la description véridique de la courte vie mais de l'enseignement profond d'un mystique et guérisseur russe pendant les années 80, racontée par un de ses disciples russes, Ilia Beliaev. Ce livre, rempli de suspense et d'intrigue, est la description d'une recherche spirituelle complètement coupée de toute tradition, en opposition totale au conformisme ambiant et qui cherche à survivre, à s'exprimer, à trouver ou encore à retrouver les traditions les plus anciennes. Ilia Beliaev nous fait voyager à travers la Russie et pénétrer dans ce monde étrange en nous présentant des personnages pittoresques, hors du commun, qui refusent de se plier à l'ordre social existant, qui mènent des existences de marginaux acceptant de vivre près de la Nature, souvent dans un grand dénuement. Tosha est un visionnaire qui semble avoir puisé ses connaissances dans une source d'inspiration directe qui reste mystérieuse. Ses enseignements fascinants et originaux rap pellent par bien des côtés aussi bien les enseignements de Gurdjieff que ceux de Castaneda lorsqu'il raconte les histoires de son maître Don Juan. Tosha est un voyant, un spécialiste de l'énergie psychique ; son enseignement comporte des instructions spécifiques aussi bien de magie que de méditation. "Grâce au flux l'homme grandit dans la lumière, qui devient une partie inséparable de son existence. Vivre dans le courant c'est la fin de la solitude. Sois celui que tu es. Un secret vit en toi. Découvrir ce secret c'est ce qu'il y a de plus difficile sur terre. En cherchant à être quelqu'un d'autre, tu passes à côté de ta chance. Pour découvrir ce secret, il faut s'arrêter d'essayer sur soi tous les masques possibles et voir son être tel qu'il est, pénétrant tout et infini."

Black Science : Ancient and Modern Techniques of Ninja Mind Manipulation


Pour feuilleter le livre :

Book Description
The fighting skills of the shadow warrior - the ninja - made them feared throughout Japan. But the wise man had greater fear for their bloodless methods of domination, which the ninja mind masters preferred to crude physical violence. Ninja broke through their enemies' mental defenses using direct attack or stealth, comparing such operations to invading an enemy fortress. In this guided tour through the mysterious realm of the ninja, martial arts experts Dr. Haha Lung and Christopher B. Prowant reveal the secrets that will allow you to tell when someone is lying to you, implant false memories, tailor your attack by using the specific keys to each individual's mind, use verbal patterns and body language to earn your foe's utter trust, interrogate using unbeatable psychological methods and much more.You will also learn the terrifying truth behind modern mind-control, propaganda and brainwashing techniques used by cults (and our own government), as well as take a look ahead to the future of mass mind control. The wars of tomorrow may well be won or lost in the battlefield of the mind. This book could mean the difference between winning your freedom and losing everything.

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La scandaleuse arnaque de la création monétaire captée par les banques privées dénoncée par Etienne Chouard

lundi, octobre 25, 2010

La Cité heureuse


Le roman d’Emile Zola, « Travail », apparaît comme l’accomplissement de l’utopisme du 19ème siècle : à la fois synthèse de ses courants et dépassement de ses contradictions.

Synthèse :

Luc, le héros du roman, se réclamant principalement de Fourier, fait fréquemment allusion aux thèses de celui-ci : les passions, « non plus combattues, étouffées », mais « cultivées, comme les forces mêmes de la vie », le travail rendu « facile et délicieux », « l’harmonie », enfin. Mais Emile Zola ne s’enferme pas pour autant dans l’orthodoxie fouriériste : il semble avoir été marqué aussi par la lecture du best-seller de Bellamy, « Looking Backward », par la « commune anarchiste » de son ami Kropotkine et même par la pensée saint-simonienne (« ce que veut Luc n’est pas un gouvernement, mais une administration contrôlée », cité par H. Desroches). Cette synthèse se manifeste en particulier par l’importance qu’il accorde, comme tous ses prédécesseurs, à ce qui fut par excellence le mythe du 19ème siècle, le progrès, qui, dans cette perspective utopique, acquiert une ampleur considérable. Le progrès technique, manifesté par l’essor du machinisme et par l’usage de l’énergie solaire, accepté sans restriction, permet le développement des loisirs, et par suite, le progrès intellectuel de toute la population : « Il naissait un artiste en chaque ouvrier industriel. » Tout s’améliore, de plus en plus vite, sans que l’on puisse assigner un terme à ce mouvement : « Le rêve restera toujours sans limites, il y aura toujours » à lutter pour « élargir sans cesse » le bonheur, « pour en faire un festin immense » aux dimensions de l’univers.

Par ces affirmations, ce texte se situe, enfin, à l’aboutissement de la perspective utopique, construction par l’homme d’un « rêve de paradis sur terre ». A la « Crêcherie », où est établie la communauté, se trouvent réunies les conditions d’une « société de satisfaction complète », d’une réalisation plénière de l’humanité. « Les prétendues utopies du bonheur universel devenaient possibles » : c’est-à-dire qu’elles se révèlent n’être pas chimériques, mais prophétiques. Les haines, les crimes s’y trouvent vidés de sens » par la disparition de la propriété et de ses conséquences ; les passions, organisées, deviennent des « vertus sociales » ; l’homme, libéré, est soumis à « l’unique loi du travail », qui lui apporte joie et accomplissement. Et c’est ainsi que « le bonheur de chacun, pratiquement fait le bonheur de tous », s’accroît au même rythme, sans limites assignables. « L’humanité équilibrée enfin comme les astres, par l’attraction, la loi de justice, de solidarité et d’amour, voyagerait désormais heureuse, au travers de l’éternel infini » : l’ultime caractéristique de l’Eden reconquis étant de n’avoir pas de fin…
Frédéric Rouvillois

Extrait :

un peuple sauvé des monstrueux mensonges religieux

Aussi, partie de l’expérience de Fourier, la Cité nouvelle devait-elle, à chaque étape, se transformer, avancer vers plus de liberté et plus d’équité, faire en chemin la conquête des socialistes de sectes ennemies, les collectivistes, les anarchistes eux-mêmes, pour finir par les grouper tous en un peuple fraternel, réconcilié dans le commun idéal, dans le royaume du ciel mis enfin sur terre.

Et c’était l’admirable, le victorieux spectacle que Luc avait sans cesse sous les yeux, la Cité du bonheur dont les toitures aux couleurs vives, parmi les arbres, se déroulaient devant sa fenêtre. La marche en avant que la première génération, imbue des antiques erreurs, gâtée par le milieu inique, avait si douloureusement commencée, au milieu de tant d’obstacles, de tant de haines encore, les générations nouvelles, instruites, refaites par les Ecoles, par les Ateliers, la poursuivaient d’un pas allègre, atteignant les horizons déclarés jadis chimériques. Grâce au continuel devenir, les enfants, les enfants des enfants semblaient avoir d’autres cœurs et d’autres cerveaux, et la fraternité leur devenait facile, dans une société où le bonheur de chacun était pratiquement fait du bonheur de tous. Avec le commerce, le vol avait disparu. Avec l’argent, toutes les cupidités criminelles s’en étaient allées. L’héritage n’existait plus, il ne naissait plus d’oisifs privilégiés, on ne s’égorgeait plus autour des testaments. A quoi bon se haïr, s’envier, chercher à s’emparer du bien d’autrui par la ruse ou la force, puisque la fortune publique appartenait à tous, chacun naissant, vivant et mourant aussi fortuné que le voisin ? Le crime devenait vide de sens, stupide, tout l’appareil sauvage de répression et de châtiment, institué pour protéger le vol des quelques riches contre la révolte de l’immense foule des misérables, avait croulé comme inutile, les gendarmeries, les tribunaux, les prisons. Il fallait vivre au milieu de ce peuple ignorant l’atrocité des guerres, obéissant à l’unique loi du travail, dans une solidarité faite simplement de raison et d’intérêt personnel bien entendu, pour comprendre à quel point les prétendues utopies du bonheur universel devenaient possibles, avec un peuple sauvé des monstrueux mensonges religieux, instruit enfin, sachant la Vérité, voulant la justice. Depuis que les passions, au lieu d’être combattues, étouffées, se trouvaient cultivées au contraire, comme les forces mêmes de la vie, elles perdaient leur âcreté de crimes, elles devenaient des vertus sociales, des floraisons continues d’énergies individuelles. Le bonheur légitime était dans le développement, dans l’éducation des cinq sens et du sens d’amour, car tout l’homme devait jouir, se satisfaire sans hypocrisie, au plein soleil. Le long effort de l’humanité en lutte aboutissait à la libre expansion de l’individu, à un société de satisfaction complète, l’homme étant tout l’homme et vivant toute la vie. Et la Cité heureuse s’était ainsi réalisée dans la religion de la vie, la religion de l’humanité enfin libérée des dogmes, trouvant en elle-même sa raison d’être, sa fin, sa joie et sa gloire.


Cliquer sur la vignette pour feuilleter le livre



Illustration : Moega, « La Cité du Soleil ».


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Raison d’état & états d’âme

De nos jours, sur le territoire français, une communauté est toujours dans le collimateur de l’Etat. Louis Pauwels écrivait en 1985 dans le Figaro magazine : « On nous prépare des scandales de sectes. Je le vois, je le sens. » Pour Louis Pauwels, la campagne antisecte était le prélude à des lois pour imposer la pensée conforme.

samedi, octobre 23, 2010

Manifeste des plébéiens


Il est plus que temps. Il est temps que le peuple, foulé, assassiné, manifeste d’une manière plus grande, plus solennelle, plus générale qu’il n’a jamais été fait, sa volonté, pour que non seulement les signes, les accessoires de la misère, mais la réalité, la misère elle-même soient anéanties. Que le peuple proclame son Manifeste. Qu’il y définisse la démocratie comme il entend l’avoir, et telle que, d’après les principes purs, elle doit exister. […]

Nous expliquerons clairement ce que c'est que le bonheur commun, but de la société,

Nous démontrerons que le sort de tout homme n'a pas dû empirer au passage de l'état naturel à l'état social.

Nous définirons la propriété.

Nous prouverons que le terroir n'est à personne, mais qu'il est à tous.

Nous prouverons que tout ce qu'un individu en accapare au-delà de ce qui peut le nourrir, est un vol social. […]

Nous prouverons que tout ce qu’un membre du corps social a au-dessus de la suffisance de ses besoins de toute espèce et de tous les jours est le résultat d’une spoliation de sa propriété naturelle individuelle, faites par les accapareurs des biens communs.

Que, par la même conséquence, tout ce qu’un membre du corps social a au-dessus de la suffisance de ses besoins de toute espèce et de tous les jours est le résultat d’un vol fait aux autres co-associés, qui en prive nécessairement un nombre plus ou moins grand de sa quote-part dans les biens communs.

Que tous les raisonnements les plus subtils ne peuvent prévaloir contre ces inaltérables vérités.

Que la supériorité de talents et d’industrie n’est qu’une chimère et un leurre spécieux, qui a toujours indûment servi aux complots des conspirateurs contre l’égalité. […]

Que toutes nos institutions civiles, nos transactions réciproques ne sont que les actes d’un perpétuel brigandage, autorisé par d’absurdes et barbares lois, à l’ombre desquelles nous ne sommes occupés qu’à nous entre-dépouiller.

Que notre société de fripons entraîne à la suite de ses atroces conventions primordiales toutes les espèces de vices, de crimes et de malheur contre lesquels quelques hommes de bien se liguent en vain pour leur faire la guerre qu’ils ne peuvent rendre triomphante, parce qu’ils n’attaquent point le mal dans sa racine, et qu’ils n’appliquent que des palliatifs puisés dans le réservoir des idées fausses de notre dépravation organique.

Qu’il est clair, par tout ce qui précède, que tout ce que possèdent ceux qui ont au-delà de leur quote-part individuelle dans les biens de la société est vol et usurpation.

Qu’il est donc juste de leur reprendre. […]

Qu’il ne doit point exister de privations de choses que la nature donne à tous, produit pour tous, si ce n’est celles qui sont la suite des accidents inévitables de la nature, et que, dans ce cas, les privations doivent être supportées et partagées par tous.

Que les productions de l’industrie et du génie deviennent aussi la propriété de tous, le domaine de l’association entière, du moment même que les inventeurs et les travailleurs les ont fait éclore ; parce qu’elles ne sont qu’une compensation des précédentes inventions du génie et de l’industrie, dont ces inventeurs et ces travailleurs nouveaux ont profité dans la vie sociale, et qui les ont aidés dans leurs découvertes.

Que puisque les connaissances acquises sont le domaine de tous, elles doivent donc être également réparties entre tous. […]

Qu’il n’est pas de vérité plus importante que celle que nous avons déjà citée, et qu’un philosophe a proclamée en ces termes : « Discourez tant qu’il vous plaira sur la meilleure forme de gouvernement, vous n’aurez rien fait tant que vous n’aurez point détruit les germes de la cupidité et de l’ambition. »

Qu’il faut donc que les institutions sociales changent à ce point qu’elles ôtent à tout individu l’espoir de devenir jamais plus riche, ni plus puissant, ni plus distingué par ses lumières, qu’aucun de ses égaux.

Qu’il faut, pour préciser d’avantage, parvenir à enchaîner le sort, à rendre celui de chaque co-associé indépendant des chances et des circonstances heureuses ou malheureuses ; à assurer à chacun et à sa postérité, telle nombreuse qu’elle soit, la suffisance, mais rien que la suffisance ; et à fermer à tous toutes les voies possibles, pour obtenir jamais au-delà de la quote-part individuelle dans les produits de la nature et du travail.

Que le seul moyen d’arriver là est d’établir l’administration commune : de supprimer la propriété particulière ; d’attacher chaque homme au talent, à l’industrie qu’il connaît ; de l’obliger à en déposer le fruit en nature au magasin commun, et d’établir une simple administration de distribution, une administration des subsistances qui, tenant registre de tous les individus et de toutes les choses, fera répartir ces dernières dans la plus scrupuleuse égalité, et les fera déposer dans le domicile de chaque citoyen.

Que ce gouvernement, démontré praticable par l’expérience, puisqu’il est celui appliqué aux douze cent mille hommes de nos douze armées (ce qui est possible en petit l’est en grand) : que ce gouvernement est le seul dont il peut résulter un bonheur universel inaltérable, sans mélange ; le bonheur commun but de la société.

Que ce gouvernement fera disparaître les bornes, les haies, les murs, les serrures aux portes, les disputes, les procès, les vols, les assassinats, tous les crimes ; les tribunaux, les prisons, les gibets, les peines, le désespoir qui cause toutes ces calamités, l’envie, la jalousie, l’insatiabilité, l’orgueil, la tromperie, la duplicité, enfin tous les vices ; plus (et ce point est sans doute l’essentiel) le ver rongeur de l’inquiétude générale, particulière, perpétuelle de chacun de nous, sur notre sort du lendemain, du mois, de l’année suivante, de notre vieillesse, de nos enfants et de leurs enfants.

Tel est le précis sommaire de ce terrible manifeste que nous offrirons à la masse opprimée du peuple français et dont nous lui donnons la première esquisse pour lui en faire saisir l’avant-goût.
Gacchus Babeuf

Gracchus Babeuf avec les Egaux

François-Noël Babeuf (1760 - 1797) choisit le prénom de Gracchus sous lequel il entrera dans la postérité comme le premier théoricien du communisme, le journaliste du " Tribun du peuple " et l'organisateur de la Conjuration de l'Egalité (1796). Jean-Marc Schiappa retrace l'ensemble de l'itinéraire personnel et idéologique de Babeuf, de sa jeunesse en Picardie à son exécution le 8 prairial an V (27 mai 1797) à Vendôme, en passant par ses activités et ses emprisonnements tout au long de la Révolution. Dans sa tentative ultime, Babeuf ne fut pas isolé. Car, la Conjuration ne fut pas le fait d'un esprit exalté, mais l'aboutissement du combat d'un groupe important de révolutionnaires contre les notables du Directoire, pour le rétablissement de la Constitution de 1793 et pour la mise en oeuvre d'une société pleinement égalitaire. De nombreuses données nouvelles sur les compagnons de Babeuf, les Egaux et leur implantation dans la France révolutionnaire, permettent d'avoir, enfin, une approche complète sur cette Conjuration à la fois pionnière et collective.


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vendredi, octobre 22, 2010

Les pouvoirs psychiques


Le syndrome de Sylar
Dans la série « Heroes », Sylar est animé par la soif des pouvoirs psychiques ; soif qui le transformera en monstre. La recherche des pouvoirs, souvent inavouée, se retrouve parmi les adeptes des sectes ésotériques occidentales et orientales. Rappelons que le lamaïsme est une voie ésotérique qui prétend détenir le secret de l’éveil des siddhis (pouvoirs).

La confusion du psychique et du spirituel

Beaucoup de personnes associent la spiritualité aux facultés psychiques surnaturelles. René Guénon a dénoncé en son temps la confusion du psychique et du spirituel.

René Guénon écrit :
« … Confusion qui se présente d’ailleurs sous deux formes inverses : dans la première, le spirituel est réduit au psychique […] ; dans la seconde, le psychique est au contraire pris pour le spirituel, et l’exemple le plus vulgaire en est le spiritisme (1), mais les autres formes plus complexes du « néo-spiritualisme » procèdent toutes également de cette même erreur. Dans les deux cas, c’est toujours, en définitive, le spirituel qui est méconnu ; mais le premier concerne ceux qui le nient purement et simplement, tout au moins en fait, sinon toujours d’une façon explicite, tandis que le second concerne ceux qui se donnent l’illusion d’une fausse spiritualité, et c’est ce dernier cas que nous avons plus particulièrement en vue présentement. »

« Prolongements » inférieurs de l’individualité humaine

« La raison, poursuit Guénon, pour laquelle tant de gens se laissent égarer par cette illusion est assez simple au fond : certains recherchent avant tout de prétendus « pouvoirs », c’est-à-dire, en somme, sous une forme ou une autre, la production de « phénomènes » plus ou moins extraordinaires ; d’autres s’efforcent de « centrer » leur conscience sur des « prolongement » inférieurs de l’individualité humaine, les prenant à tort pour des états supérieurs, simplement parce qu’ils sont en dehors du cadre où s’enferme généralement l’activité de l’homme « moyen », cadre qui, dans l’état qui correspond au point de vue profane de l’époque actuelle, est celui de ce qu’on est convenu d’appeler la « vie ordinaire », dans laquelle n’intervient aucune possibilité d’ordre extra-corporel. Pour ces derniers encore, du reste, c’est l’attrait du « phénomène », c’est-à-dire, au fond, la tendance « expérimentale » inhérente à l’esprit moderne, qui est le plus souvent à la racine de l’erreur : ce qu’ils veulent en effet obtenir, ce sont toujours des résultats qui soient en quelque sorte « sensibles », et c’est là ce qu’ils croient être une « réalisation » ; mais cela revient justement à dire que tout ce qui est vraiment d’ordre spirituel leur échappe entièrement, qu’ils ne le conçoivent même pas, si lointainement que ce soit, et que manquant totalement de « qualification » à cet égard, il vaudrait encore beaucoup mieux pour eux qu’ils se contente de rester enfermés dans la banale et médiocre sécurité de la « vie ordinaire ».

Développement à rebours

« … En général, l’être qui s’attache à ces choses devient ensuite incapable de s’en affranchir et d’aller au-delà, et il est ainsi irrémédiablement dévié ; on connaît bien, dans toutes les traditions orientales, le cas de ces individus qui, devenus de simples producteurs de « phénomènes », n’atteindront jamais à la moindre spiritualité. Mais il y a plus encore : il peut y avoir là une sorte de développement « à rebours », qui non seulement n’apporte aucune acquisition valable, mais éloigne toujours d’avantage de la « réalisation » spirituelle, jusqu’à ce que l’être soit définitivement égaré dans ces « prolongements » inférieurs de son individualité auxquels nous faisions allusion tout à l’heure, et par lesquels il ne peut entrer en contact qu’avec l’« infra-humain », sa situation est alors sans issue, ou du moins il n’y en a qu’une, qui est une « désintégration » totale de l’être conscient ; c’est là proprement, pour l’individu, l’équivalent de ce qu’est la dissolution finale pour l’ensemble du « cosmos » manifesté. »
(René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps »)

Le règne de la quantité et les signes des temps


Commentaire d’un lecteur :

Un des meilleurs livres de Guénon. Un livre qui explique la dérive de plus en plus dramatique de nos sociétés sans références spirituelles. Sociétés qui obéissent à une loi globale d'entropie qui touche tous les domaines.
Bref, si on est dans le pétrin actuellement, ce livre explique pourquoi et ce qui nous attend au bout. Sachant que tout ceci obéit à une loi globale d'harmonie qui nous emmène vers un destin paradisiaque.



(1) De nos jours, le spiritisme est devenu le channelling.

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La fin du monde n’est plus pour 2012

jeudi, octobre 21, 2010

Le « coup de gueule » de Nan Huai-chin


Nan Huai-chin (né en 1918) est un enseignant bouddhiste particulièrement respecté. Il n’hésite pas a qualifier d’égarements les conceptions philosophiques et religieuses de beaucoup de personnes, des fétichistes de la vacuité aux maniaques des codes religieux en passant par les « mystiques » adeptes de la drogue.

Egarements bouddhiques

Les égarements de la vue, dit Nan Huai-chin : ce sont les perturbations mentales relatives aux idées et aux conceptions. Ce sont aussi des perturbations qui affectent la vue de la terre de l’esprit. Dans l’Abhidharmakosa sâstra, les égarements de la vue sont classés en quatre-vingt-huit attachements. Ils vous enchaînent comme une corde que l’on ne peut délier. Les gens qui étudient le bouddhisme ont sur leurs lèvres le mot « vacuité », mais ils ne sont absolument pas capables de délier les attachements de leur esprit. […]

Voici quelques exemples d’égarements de la vue :

La vue du corps : c’est l’attachement à notre corps physique, auquel il faut ajouter toutes les souffrances que le corps subit. Laozi a écrit "« Si j’ai des malheurs, c’est à cause de mon corps. » Nous nous affairons toute notre vie auprès de ce corps, mais celui-ci finira par pourrir et deviendra une flaque de pus. Qui n’aime pas son corps ? La plupart des souffrances viennent de ce que nous ne sommes pas parvenus à nous libérer de la vue du corps.

Les vues partielles : toutes les idées philosophiques appartiennent à la catégorie des vues partielles.

Les vues dépravées : de nombreux courants de pensée, tels les hippies américains et plus récemment le mouvement de libération sexuelle, sont de la catégorie des vues dépravées. Les vues dépravées sont des vues déformées.

Les vues accrochées à la discipline : ce sont les déviation qui surviennent quand on s’accroche à quelque chose ou que l’on rejette autre chose sous prétexte de la discipline.

Les vues accrochées aux vues : les opinions subjectives auxquelles chacun est attaché diffèrent selon les individus.

Le scepticisme : c’est ne pas croire autrui. L’arrogance et scepticisme se rejoignent. Globalement, l’état d’esprit dans lequel on croit que l’on a soi-même raison et que les autres ont tort, c’est l’arrogance sceptique. Chacun est comme cela.

Je passe sur les vues telles que la convoitise, la haine et la stupidité. […]

La terre de l’esprit

Notre pratique consiste à examiner notre propre état d’esprit, c’est-à-dire à voir la terre de l’esprit. Si notre mental ne fonctionne pas bien, il est impossible de modifier la façon dont nous nous comportons envers les gens et dans nos activités ; de la sorte l’acquisition d’une certaine maîtrise n’est d’aucune utilité, tout au plus est-on une tortue aveugle dans un océan. […]

Egarement de pensée

Par égarement de la pensée, on entend tout développement de la pensée. Prenons l’exemple d’une personne ayant écrit sur le bouddhisme un ouvrage superbe et très fouillé : il n’en reste pas moins un produit des égarements de la pensée, ce qui revient à dire que sa pensée n’a pas été clarifié. De même, lorsque quelqu’un assis en méditation rencontre fortuitement le samâdhi et se dit : « Oui ! c’est sans doute cela, l’éveil ! », eh bien cette petite pensée est justement un égarement de pensée.

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Lady Di : « assassinée parce que convertie à l’islam » ?


La guerre contre l’Islam est-elle une phase de la guerre ultime : la Guerre contre le Christ ?

La doctrine de la « démocratie libérale et des droits de l’homme » est une crypto-religion, une forme extrême, hérétique de judaïsme christ...